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Full text of "Bulletin"

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https://archive.org/details/bulletin58soci 


A*  l>  IMIHHI'ÏANÏ 


nulMfhité*  Bout  iiiHlainmcut|^s;d>ovo3r_èr^:~ 


SOMMAIRE 

v  \\    -  l.t»  quatrième-  cenlenaire  d^alimis*an£ed< 

n.hin.    ,  Le*  Protestants  «lu  Mo*»  ctdésrB 
*  «»tt  t«t»iL  pendant  l'invasion  du  llauphiné.  ;  Isto^lém 
«icPhlUadc  Lu  iourilc  Latlhuree  ^^>'v( '  '^oy^ttj^gj 


t     v  roeslçB  iuédl t«a?"tlt>  t^éiki45<|t . Ma  rot . 

monstre  nouvellement  haptizé  ».  '  '  .        ;*..'■:  T":'wJfilpB0E5H 
K'  Unx  t«A( ;  1 1 k n .  ^  Décès de .pelify  iés  Ï!kMiiçais  à  Genève,  de* 
UlHlta  171 0  • 

p    uk  I  Quand  Bolsec  comuieiiçait-Ui  a  eaiomuier 

Calvlu?   '^^P^^/:V^ 

Madamb  ALKXA.iNj)R£  de  Ch ambiu&h Evaluation  de,.;^vï^ë^»; 

et  de»  arliicinale*!rotwiaHieH  eu  usage  dansiez  paj 
*duïtefuge,  468M7i5^.,  .  .  .  .^Wmm 
ÇâANCiw  du  0)Hitk       24  novejnbre  1908.  —      janvier  1  $01)  „ 

C  H  RON         UTÏ  É  U  AI  NES?*  ^ 

Th.  Schojîll.      La  politique  religieuse  de  la  Ré^t^.u^anïfiî^iir.., 
cal se  .   ■  '  .  -tl^lll 

•  K.    Un  mfi .    —  •  Uugues - Vagariîiy-. .  :l»e inariage honni  par 

Desportes,  iouangé  par  Blanchon ,  le Gay  nard,  Rouspeau. 
'}'ai  Schokll  —  Encore  le  'mariage ,de  Bosquet/ ^l^a  coî 
Tipagnle  du  Saiiit-Sacrçmeut,.       Henriette  de  Golign^ 

•  -  /Madame  de  lu  Suze). .  .  , 

.KSl'ONDANCE.       '  .  ./  '< 
>':  W.      Deux  commémorations,  à  Marseillevetu  Paris 
Jean  Bianqî;i3.  —  Les  huguenots  au  sud  de  l'Afrique 

tOLpGlE:  /  M  V- 

fm*  —  Émil  Egli  — E/Stapfer;  X- W.  M ,  ^  Beaufort 
R.  E.  Faber 

iX'STRATioNS/.'Vv;   -  \  [■    't't:^§Sg^i  '^^m 

Tue  diL^châleauida  la,  Chn'nfai  d$  la  s^lw^^^^S]?^^^^ 
,  l'invasion  du  J)auptiïn£  4692 ,   if^ ^ KfjfâZ   p..  9,  19  & 

:Tom  ce  qci  concerne  la  rédaction  '  du  Bulletin  '  -doit.' •'a^î^W'M.^%«lss,: secrétaire 
5o<Ttte,  54,  rue  des  Sa.nts-Pères,  Taris;  (VIIf>,.  qui  -rejulra  Cornpte^er ^oiît  oWtfé  iniéreaaant 
kuter*,*  dont  deux  exemplaires  seront:  déposé*, *  cet*  adressa  Un  s  ,  iaire  .doqnc  .-droit^ 

«flnoncc  suc  cette  couverture.  ;  . 

Le  iî«Wr/m  parolt,  tous  ,  les  deux-  mois,  '  en  entiers!  in-8"  de  06  pages  avec  illustrations.  Oa 
■L3désàec^S  é^en>P,'aB        P  3nnee*  TOUS  lci,abonr,eme^, «aient  du  i"  toier,  «t  doigta  * 
Prix  de  Abonnement':-'  16  fh'  pour,  la  FraVfcc;  I* Alsace  et  la  Lutraine/y-!^';-^^^^V'!'f';* 
rcrj  —   6  /r.;  pour  les  pasteurs,  jn^ti tuteurs, •  .èfe.',  de  France  et  de£rcofôhïé 
,;Jes  pasteurs  Hè  Vtt&hjp&:^£r;$if£.:  d-V«' jyîn^i.  y  tri*  rMWtfwwlKmÎH 
Ct  pour  les  antres 'années,  îklorr'Jfcur  rareté.  -  -  - '*ï^5tSP 

V  La  voie  la  pjus  'écononnque  et  la  plus  sîtnpîe  ponr  le  payement  des'  abattements  «~ 
/-andat^arte  au  nom  de.  M .  Tischbàçfiér^  .lib/aiie.  rue  de  siW'^i^s^to  M<:N. 
--sccx^atre-iresorief , . .54, Tue-d«sSaints-Péret>, faris-  Y^«.     '  ,v  • 

Vtus  •nt^aawiMsv^^gaeè^x^  lectéàrt  4  évite* iou^temédimtwêmï?#l  '  * 
;  nMdnwï9  çui         JPab  aoi*%*»jp»  abomnembnxau-  r  s  mars  «eowM#L 
Snîw  °  >VGMENTATTOM'  *°ua.«aw;db  REcouvRe>icjrt,-DE:  r  rn  ^ciar-  hrs  départemenu  f.i  /t.  joj 

^ iîîî^î^  ^ dC  ^°U^ir      f™* Vexi«« ia  présentation  des "quittancea .  fadmim&i 


RÉDACTION  ET  ABONNEMENTS  ; 


I 


SOCIÉTÉ  DE  L'HISTOIRE 

du 

Protestantisme  Français 

Reconnue  d'utilité  publique  par  Décret  du  13  juillet  1870 

Hullelin 

PARAISSANT  TOUS  LES  DEUX  MOIS 

JL  tudes,  Documents,   Chronique  littéraire 
LVIIIe  ANNÉE 

SEPTIÈME    IDE    LA.     5e  SÉRIE 

Janvier-Février  1909 


PARIS 

Au  Siège  de  la  Société,  54,  rue  des  Saints-Pcrcs 

LIBRAIRIE  FISCHBACHER  (Société  anonyme) 

33,  rue  de  Seine,  33 

1909 


SOCIÉTÉ  DE  J/HISTOIRE 
du 

PROTESTANTISME  FRANÇAIS 


Le  quatrième  Centenaire  de  la  naissance 
de  Calvin,  1509-1909 

L'année  1009  sera,  dans  l'histoire  du  Protestantisme,  marquée 
par  le  quatrième  centenaire  delà  naissance  de  Calvin.  Le  réforma- 
teur élan!  mort  à  cinquante-cinq  ans,  près  de  trois  siècles  et 
demi  nous  séparent  do  l'œuvre  qu'il  accomplit  dans  l'espace 
de  trente  ans  au  plus,  puisque  la  première  édition  de  Y  Institution 
date  de  I :;:;(!. 

A  première  vue  ce  recul  de  trois  siècles  et  demi  paraît  bien 
suffisant  pour  apprécier  en  toute  impartialité  et  l'homme  et  son 
œuvre.  Mais  celle  dernière  a  marqué  d'une  empreinte  trop  pro- 
fonde cl  trop  vivace  la  mentalité  religieuse  d'une  partie  considé- 
i  ablc  du  monde  moderne  pour  qu'on  puisse  compter  sur  un-juge- 
ment vraiment  indépendant  et  surtout  unanime,  même  parmi 
ceux  qui  se  réclament  d'elle. 

Laissons  de  côté  ceux  qui  continuent  à  honorer  Calvin  de  leurs 
outlaws:  ceux  qui  reconnaissent  les  services  incomparables  ren- 
dus par  la  Itét'orme  calvinienne,  mais  font  leurs  réserves  sur  la 
Ihéoloiric  du  réformateur,  ne  sont-ils  pas  suspects  à  ceux  qui  ne 
distinguent  pas  «Mitre  le  fond  et  la  forme  de  son  œuvré  cl  refusent 
d'appeler  «  tils  respectueux  »  quiconque  s'écarte  de  l'enseigne- 
ment de  leur  père  spirituel? 

Le  monument  international  (  I  )  dont  la  première  pierre  sera 
posée  à  Genève,  fera  comprendre  tout  d'abord  que  personne  n'a 
le  monopole  du  respect  dont  nous  entourons  ceux  qui,  après  (oui, 
nous  ont  donné  l'exemple  de  la  liberté  avec  laquelle  nous  les 
glorifions. 

En  outre,  les  manifestations  diverses  et  multiples  et  surtout 

l)  On  a  bien  voulu  nous  laisser  espérer,  pour  noire  prochain  fascicule, 
une  esquisse  du  projet  définitif. 
Janvier-Février  1 000. 


H     LC  QUATRIÈME  CENTENAIRE  DE  LA  NAISSANCE  DE  CALVIN 


les  publications  qu'a  déjà  provoquées  cet  événement  et  qu'il  pro- 
voquera encore,  vont  permettre  à  passablement  de  gens  pour 
qui  Calvin  est  plus  célèbre  que  j»onnu,  de  rectifier  leurs  opinions 
à  la  lumière  des  faits  et  des  textes.  Les  Français  auront  à  leur  dis- 
position la  réédition  —  partielle  pour  commencer  —  de  l'Institu- 
tion de  1511  (1),  celle  qu'on  prépare,  à  Genève,  de  quelques  opus- 
cules français  du  réformateur  (2),  et  la  traduction  d'une  biogra- 
phie condensée,  objective  et  rédigée  d'après  les  travaux  les  plus 
récents  (  3).  En  Allemagne  va  paraître  une  traduction  deb70  lettres 
annotées  et  choisies  de  manière  à  former  une  biographie  de  Cal- 
vin écrite  par  lui-même  (4),  etc. 

Taisons  donc  crédit  à  ceux  qui  voudront  s'instruire  —  les 
autres  ne  comptent  pas  -  et  soyons  persuadés  que  pour  plus 
d'un  adversaire  —  ou  admirateur  —  se  vérifiera  une  fois  de  plus 
la  sagesse  de  cette  parole,  Magna  est  veritas  et  prsevalebit. 

N.  W. 


(1)  Celle  réédition,  page  par  page,  «lu  texte  si  important  au  point  «le  vue 
littéraire,  de  ['Institution  de  1  " »  1 1 ,  entreprise  grâce  à  In  générosité  de  la  mar- 
quise d'Arconati-Yisconti,  se  composera  probablement  de  trois  volumes, 
deux  pour  le  texle  lui-même  et  un  troisième  pour  diverses  introductions. 
Un  espère  qu'une  partie  du  texte  pourra  paraître  en  1 1)09 . 

(2)  C'est  M.  le  pasteur  K.  Choisy  qui  prépare,  au  nom  de  la  Compaguie 
des  pasteurs,  ce  choix  d'oeuvres  françaises. 

(3)  Il  s'agit  de  la  biographie  de  Calvin  par  J\I.  Williston  Walker,  professeur 
à  l'université  de  ïale  aux  Étals-Unis. 

(4)  Cette  traduction  a  été  faite  par  M.  le  pasteur  Rudolf  Scliwarz  avec  le  • 
concours  de  M.  le  professeur  P.  Wernle  et  paraîtra  en  deux  volumes  chez 
.1.  C.  B.  Mohr  (P.  Siebeck)  à  Tùbingen. 

Puisque  nous  venons  de  donner  quelques  notes  bibliographiques,  complé- 
tons celles  que  nous  avons  placées  au  bas  de  notre  article  sur  Calvin,  Servet, 
G.  de  Trie,  etc.,  dans  le  Bulletin  de  1908,  p.  387-38S.  —  Ainsi  que  nous  l'avons 
marqué  dans  Y  Errata  à  la  suite  des  Tables  du  Bull,  de  1908,  le  dernier 
article  cité,  celui  de  M.  II.  D.  Fosler,  sur  le  programme  de  Calvin  pour  orga- 
niser à  Cenèvc  un  Etat  puritain,  a  paru  dans  The  Harvard  theological  lieview 
d'octobre  1908.  —  Ajoutons  trois  articles,  de  l'abbé  S.  Coubé,  sur  Michel 
Servet,  dans  les  Questions  actuelles  des  14,  21  et  28  novembre  190S,  et  une 
série  de  Notes  à  propos  de  Servet,  par  M.E.  Doumergue,  dans  le  Christianisme 
au  XX"  siècle,  n,,s  48,  49,  50,  51,  52,  53  de  1908,  et  1  et  2  de  1909.  —  Le  même 
auteur  avait  pris  la  peine  de  réfuter,  avec  preuves  à  l'appui,  dans  la  revue 
Foi.  et  Vie  des  1er  et  16  février  1908,  les  calomnies  rééditées  par  M.  Ch.Mcrki 
dans  son  article  du  Mercure  de  France  du  1"  oct.  1907  sur  Jean  Calvin  et  la 
Réforme  protestante  à  Genève  (voy.  Bull.  1907, note  de  la  page  138).  —  Enfin 
M.  l'abbé  J.  Rouquelle  a  rédigé  les  fascicules  391  et  392  des  Oiic$lions  histo- 
riques publiées  par  Rloud  et  Cio  en  1908,  sous  les  titres  suggestifs  de  Les 
victimes  de  Calvin  et  Les  Saint-Barthélemy  calvinistes,  l'Inquisition  protes- 
tante, 2  brochures  de  G4  p.  in-12,  chacune. 


Études  Historiques 


LES  PROTESTANTS  DÛ  DIOIS  ET  DES  BARONNIES  EN  1692 
PENDANT  L'INVASION  DU  DAUPHINÉ 

La  Légende  de  Philis  de  La  Tour  La  Charce. 
Sauvetage  d'une  statue  en  détresse. 

Pendant  la  Guerre  de  la  Ligue  tf  Angsbourg,  Louis  XIV 
avant  échoué  dans  son  projet  de  rélablir  les  S  lu  arts  sur 
le  trône  d'Angleterre,  avait  confié  le  commandement  de 
l'armée  d'Italie  au  maréchal  de  Câlinât.  Ce  général,  sans 
naissance,  ne  s'était  élevé  qu'à  force  de  mérite.  Comme 
Yauban  dont  il  élait  l'ami,  il  joignait  les  vertus  civiques 
aux  qualités  militaires  et  par  sa  tactique  sage  autant  que 
savante  rappelait  Tu  renne* 

Pour  amener  le  duc  de  Savoie  Victor-Amédée  11  à  une 
action  décisive  avant  l'arrivée  des  troupes  alliées,  il 
ravagea  les  campagnes  du  Piémont,  fit  couper  les  arbres, 
arracher  les  vignes,  incendier  les  villes  et  les  villages.  Le 
duc  ne  put  se  contenir  devant  ces  effroyables  dévastations 
qui  font  souvenir  de  celles  du  Palatinat  :  il  livra  la  bataille 
de  Staffarde  près  de  Saluées  (17  août  i(>90) ,  où  il  perdit 
4  000  hommes,  pendant  que  les  Français  eurent  à  peine 
500  morts.  La  Savoie,  Nice  et  une  partie  du  Piémont  se 
trouvèrent  en  notre  pouvoir.  Mais  les  Alliés,  après  beau- 
coup de  temps  perdu,  avaient  enfin  rassemblé  leurs  con- 
tingents. Un  parent  de  Victor-Amédée,  le  prince  Eugène, 
dont  Louis  XIV  avait  refusé  les  services  et  qui  était  allé  les 
offrir  à  l'Allemagne,  arriva  avec  de  puissants  renforts.  Les 
Français  durent  reculer  vers  le  Dauphiné. 

La  concentration  des  ennemis  se  fit  sous  les  murs  de 
Turin.  Leurs  forces  se  composaient,  d'abord,  des  troupes 
du  duc  de  Savoie  avec  leurs  auxiliaires  habituels,  les  com- 


8 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


]>aii,nios  de  partisansVaudois  et  les  réfugiés  français  four- 
nissant quelques  escadrons  de  cavalerie  el  plusieurs  régi- 
ments d'infanterie,  a  la  solde  de  l'Angleterre;  —  ensuite 
les  Espagnols  du  Milanais,  les  contingents  de  Bavière  et 
de  l'Empereur  qui  avaient  passé  l'hiver  dans  la  haute 
Italie,  ou  qui  étaient  venus  à  marches  forcées  du  fond  de 
l'Allemagne. 

Il  existe  trois  passages  principaux  que  l'on  suit  habi- 
tuellement pour  pénétrer  du  Piémont  en  Dauphinc  :  ceux 
du  mont  Cenis,  du  mont  Genèvre  et  du  col  de  Tende.  Les 
Alliés,  mettant  Catinat  en  défaut,  les  laissèrent  de  côlé  et 
suivirent  le  chemin  pris  en  1515  par  François  I"  dans  son 
expédition  en  Italie  et  qu'illustra  la  bataille  de  Marignan  ; 
c'est-à-dire  celui  qui  conduit  de  la  vallée  de  la  Durance 
dans  la  plaine  du  Pô,  montant  de  Guillestre  au  col  de 
Vars  sur  le  contrefort  qui  forme  la  berge  droite  de  la  vallée 
de  l'Ubaye,  coupant  cette  dernière  pour  franchir  la 
grande  chaîne  au  col  de  Larche,  descendant  le  long  de  la 
Stura  et  débouchant  à  Coni  dans  le  Piémont. 

Suze  et  Pignerol,  clefs  du  mont  Cenis  et  du  mont 
Genèvre  semblaient,  au  contraire,  à  Catinat  devoir  être 
pour  son  armée  des  points  stratégiques  de  première 
importance  ;  il  renforça  leurs  garnisons  et  se  tint  lui- 
même  avec  la  majeure  partie  de  ses  troupes  dans  la  va  liée % 
de  Pérouze  comme  dans  un  chemin  couvert,  prêt  à  mar- 
cher par  sa  gauche  vers  Suze,  en  passant  par  le  col  de  la 
Fenêtre,  et  par  sa  droite  vers  Pignerol. 

Avant  le  début  des  hostilités,  Briançon  fut  réduite  en 
cendres,  par  accident,  le  26  janvier  (1692).  Bouchu. 
intendant-général  du  Dauphiné,  écrivait  au  roi  le  22  mars  : 
«  Le  feu  prit  le  2(3  janvier  dans  le  haut  d'une  maison 
située  au  milieu  de  la  ville  où  était  logée  une  recrue  d'in- 
fanterie et  il  reste  quelques  soupçons  que  ces  soldats 
menés  par  force,  avaient  pu  y  mettre  le  feu  pour  avoir 
une  occasion  de  s'échapper.  La  ville  a  été  brûlée  en  trois 
heures,  moins  l'église  des  Cordeliers  (1). 

(I)  Afin  de  ne  citer  que  des  documents  d'une  authenticité  absolue  sur  cette 
invasion  et  montrer  la  fidélité  et  le  patriotisme  inlassables  des  protestants  du 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


Pendant  que  les  ennemis  faisaient  leur  concentration 
définitive,  plusieurs  compagnies  isolées,  détachées  en 
avant-garde,  se  mettaient  en  route,  pour  franchir  le  col 
de  Yars.  Les  routes  étaient  à  ce  moment  de  l'année 
presque  impraticables  :  des  montagnards  seuls  pouvaient 


tenter  une  pareille  entreprise.  Le  gros  de  l'armée,  qui 
devait  compter  à  la  fin  de  juin  45  000  hommes,  dont 
10  000  de  cavalerie,  attendait  un  temps  plus  propice. 
Sous  le  commandement  supérieur  du  duc  de  Savoie,  géné- 

Diois,  des  Baronnies  et  des  Alpes,  au  moment  où  le  grand  roi  s'acharnait  à 
leur  perte,  nous  reproduirons  textuellement  des  extraits  de  la  correspondance 
de  Câlinât  à  Louis  XIV,  des  lettres  de  l'intendant  Boucliu,  de  l'évèque  de 
Gap,  du  commandant  du  Diois,  Durfort  de  La  Boissière,  du  marquis  de  L  irray, 
et  les  articles  delà  Gazette  officielle  qui  donnent  exactement  les  rapports  de 
l'intendant  et  du  maréchal  au  ministre  Ppntchartrain  et  au  marquis  de  Bar- 


10 


ÉTUDKS  HISTORIQUES 


ralissime  de  vingt-sept  ans,  les  Allemands  avaient  pour 
chefs  le  général  Pallfy,  le  comte  de  Caprara  ancien  adver- 
saire de  Turenne,  et  le  prince  Eugène  de  Savoie-Carignan 
qui  fut  un  des  plus  grands  hommes  de  guerre  de  la 
maison  d'Autriche.  Les  généraux  des  Espagnols  étaient 
De  Leganez,  gouverneur  du  Milanais,  Commercy  et  de 
Louvigny.  Les  réfugiés  français  au  nombre  de  2  800  étaient 
commandés  au  nom  de  Guillaume  III,  roi  d'Angleterre,  par 
le  comte  de  Schomherg,  fils  de  l'illustre  maréchal,  exilé 
de  France  à  la  Uévocalion  et  qui  avait  été  tué  en  Irlande. 
Il  était  le  protecteur  des  Vaudois  :  ceux-ci  l'entrés  en 
grâce,  depuis  qu'on  avait  besoin  d'eux,  étaient  1500  et 
servaient  de  garnisons  à  leurs  vallées. 

Une  première  «  escarmouche  eut  lieu  contre  les  Barbets, 
le  20  février,  dans  laquelle  le  fameux  capitaine  Barnabar 
fut  tué  ».  D'ailleurs,  l'envahisseur  étail  plein  de  confiance; 
ses  espions  l'avaient  mis  au  courant  du  petit  nombre  de 
troupes  régulières  dont  disposait  Catinat.  Après  avoir 
confié  aux  milices  du  Dauphiné  le  soin  de  garder  Briançon, 
Seyne,  Embrun,  Gap  et  quelques  autres  petites  places,  il 
ne  pouvait  compter  que  sur  16  000  hommes.  Aussi, 
Bouebu  écrivait-il,  le  10  mars,  non  sans  inquiétude  : 
«  Notre  faiblesse  est  connue  des  ennemis;  ils  eu  profi- 
leront. Le  maréchal  n'a  pas  assez  de  troupes  pour  empê- 
cher d'entreprendre  sur  les  Etats  de  Sa  Majesté.  » 

Entre  temps  le  marquis  de  Tessé,  lé  persécuteur  des 
protestants  du  Diois  et  du  Yalentinois,  demandait  à  Bar- 
bezicux  s'il  verrait  quelque  inconvénient  à  laisser  assas- 
siner le  pasteur  Arnaud,  le  héros  de  la  Glorieuse  rentrée] 
faisant  remarquer  combien  cet  événement  jetterait  de 
désarroi  et  de  découragement  parmi  les  Vaudois.  Le 
Ministre  de  la  Guerre  répondit  le  17  mars  : 

«  Quant  à  ce  qui  (concerne)  les  gens  dont  vous  vous  servirez 
pour  essayer  de  se  défaire  du  ministre  Arnauld,  quoique  je  sois 

bczieux  :  Archives  nationales,  G  vu,  242,  —  Archives  historiques  du  Minis- 
tère de  la  Guerre,  4  vol.  in-f"  n°"  1105,  1 160,  1107  et  1170  :  Ordres  du  roi  cl 
Lettres  de  Câlinai,  etc..  —  Le  lecteur  jugera  ensuite  de  quel  côté  se  trouvent 
la  vérité,  la  bravoure  et  l'honneur. 


ÉTUDES  I11ST0IUQUKS 


persuadé  qu'il  n'y  a  point  d'iniquité  en  cela,  cependant  pour  peu 
que  vous  en  trouviez,  je  vous  crois  la  conscience  assez  forte  pour 
la  supporter,  sans  qu'il  soit  besoin  de  vous  en  décharger  sur  per- 
sonne cl  principalement  à  mon  égard,  qui  me  contente  de  ce  que 
j'ai  sur  lu  mienne.. .  » 

Ce  fils  dé  Louvois  avait  vingt-quatre  ans  quand  il  tenait 
ce  langage... 

Doux  autres  persécuteurs  des  huguenots,  Bouchu  et  le 
marquis  de  Larray  essayaient  d'indisposer  Câlinât  contre 
ceux  qui  habitaient  près  des  territoires  occupés  par 
l'ennemi  :  un  moment,  la  bonne  loi  du  maréchal  fut 
surprise,  cl  il  dit  au  roi  le  26  avril  :  «  M.  liouehu  cl  M.  de 
Larray  me  donnent  de  grandes  défiances  des  Nouveaux 
Convertis  du  Dyois  et  ils  les  trouvent  capables  de  se  sou- 
lever. J'envoie  100  dragons  à  Embrun.  » 

Les  réformés  de  la  province  étaient  si  peu  disposés  à 
prendre  les  armes  contre  le  roi,  malgré  les  affreuses- ini- 
quités dont  ils  étaient  victimes,  qu'à  ce  moment  même, 
ils  s'enrôlaient  pour  marcher  vers  la  frontière  des  Alpes. 
On  lit,  en  effet,  dans  les  Délibérations  consulaires  de  la 
ville  de  Crest,  des  3,  13  et  11  mai  (1692)  que  le  «  pre- 
mier président  du  parlement  de  Grenoble  ayant  ordonné 
la  levée  de  70  hommes  pour  le  service  de  Sa  Majesté,  la 
ville  leur  a  remis  des  chapeaux,  des  sareaux  de  toile,  des 
bas,  des  souliers,  des  ceinturons  et  des  épées,  ainsi  que 
des  fusils  avec  leurs  accessoires  ».  On  lit  ensuite  :  «  Depuis, 
il  s'est  présenté  un  si  grand  nombre  de  volontaires  qu'on 
a  été  obligé  d'emprunter  sur  la  taille  de  1093  pour  les 
armer  et  les  équiper  ».  Les  Diois  se  montrèrent  tout  aussi 
patriotes  que  leurs  coreligionnaires  du  bas  de  la  vallée, 
puisque  le  duc  de  La  Feuillade  les  félicita,  le  17  dé- 
cembre 1703,  ainsi  que  nous  le  verrons  bientôt,  de  la 
fidélité  et  du  courage  qu'ils  montrèrent,  pendant  cette 
formidable  invasion. 

Vers  la  fin  de  ce  mois  les  compagnies  d'avant-garde 
des  Alliés  entrèrent  dans  le  Queyras,  pillèrent  Château- 
Queyras,  Ristolas,  Abriès  et  rançonnèrent  les  campagnes 
voisines. 


12 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


Un  grave  événement  rendit,  à  la  fin  du  mois  de  juin, 
quelque  espoir  aux  généraux  français  :  l'arsenal  de  Turin 
s'embrasa  eomme  une  torchère  colossale;  «  tout  le  maté- 
riel de  guerre,  400  bombes  10  000  fusils  et  8000  mous- 
quets, des  affûts  et  des  chariots  furent  perdus  »  (1). 

Les  envahisseurs  s'avancèrent,  alors  du  côté  de 
Pignerol  :  aussitôt  Catinat  vint  camper  sur  le  plateau  du 
col  de  Roche-Côtel.  De  cette  position  l'armée  française, 
forte  de  16000  hommes,  dominait  le  camp  de  l'ennemi  et 
empêchait  le  complet  investissement  de  la  ville.  On  s'ob- 
serva pendant  un  mois.  Pendant  ce  temps,  Abriès, 
Molines,  Aiguilles,  Villvieille  devenaient  la  proie  des 
11  animes. 

Enfin,  vers  le  20  juillet,  le  gros  de  l'armée  ennemie  se 
mit  en  marche  :  la  colonne  principale  devait  remonter  la 
vallée  de  la  Stura,  puis  après  avoir  franchi  les  cols  de 
Larche  et  de  Yars,  déboucher  à  Guillestre  près  de  la 
Durance.  Un  corps  de  liane  venu  des  vallées  vaudoises 
devait  aussi  converger  sur  le  même  point.  De  cet  endroit, 
le  duc  de  Savoie  verrait  s'élargir  devant  lui,  par  les  vallées 
et  les  plateaux  d'Embrun  et  de  Gap,  une  route  naturelle, 
jusqu'au  cœur  du  Dauphiné.  On  espérait  toujours  que  les 
protestants  se  décideraient  enfin  a  se  révolter  contre  le 
grand  roi.  Le  plan  des  Alliés  apparaissait  clair,  simple  et 
précis. 

Le  général  en  chef,  instruit  des  projets  de  l'ennemi, 
quitta  son  camp  de  Roche-Côtel  et  accompagné  du  marquis 
de  Larray,  se  rendit  à  marches  forcées  dans  la  vallée  de 
la  Durance.  11  confia  un  bataillon  de  son  régiment  de 
milicesdauphinoisesetdeux  compagnies  du  régiment  irlan- 
dais de  Clan-Carthy,  à  de  Chalandière.  et  lui  ordonna  de 
défendre  Guillestre  jusqu'à  la  dernière  extrémité,  afin 
d'avoir  le  temps  de  renforcer  la  garnison  d'Embrun;  de 
plus,  il  envoya  des  troupes  sur  la  ligne  de  défense  de  la 
Provence,  notamment  à  Sisteron.  Il  fut  efficacement 
secondé  parle  comte  de  Grignan,  qui  était  ace  moment 


(1)  Gazelle  officielle,  28  juin  1692. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


13 


lieutenant-général  et  qui  mit  à  la  disposition  de  Câlinai 
les  compagnies  des  galères  de  la  Méditerranée.  Enfin,  il 
concentra  les  chevau-légers  et  les  dragons  de  son  armée 
dans  les  plaines  et  sur  les  plateaux  fertiles  en  fourrages, 
qui  s'étendent  à  la  droite  de  la  Durance  par  Savines, 
Chorges,  le  col  Bayard  et  Gap.  Cette  cavalerie  devait  barrer 
à  l'ennemi  la  route  de  Grenoble  et  le  rejeter  en  Provence, 
vers  le  col  de  Pontis.  Il  ordonna  au  marécbal  de  camp, 
Bachivilliers,  de  concentrer  à  Savines  les  contingents  les 
plus  rapprochés. 

Guillestre,  investie  par  5000  hommes,  capitula  le 
31  juillet,  ainsi  que  nous  l'apprend  la  dépêche  suivante  de 
la  Gazette  officielle  :  «  La  ville  a  été  prise  après  cinq  jours 
de  siège;  les  Alliés  y  ont  eu  400  hommes  tués.  Le  sieur 
de  Catinat  a  mis  Embrun  en  état  de  défense.  11  craint 
toujours  les  Nouveaux  Convertis  ». 

Pendant  le  siège,  Yictor-Amédée  avait  franchi  le  col 
de  Yars  et  avait  massé  une  partie  de  ses  troupes  en  avant 
de  la  place  :  il  y  laissa  8000  hommes  pour  protéger  sa  base 
d'opération  et  le  1er  août  marcha  sur  Embrun.  Au  pont 
Saint-Clément,  son  avant-garde  se  heurta  aux  G  compa- 
gnies irlandaises  de  Clan-Carlhy  et  les  refoula  vers  la 
ville  défendue  par  le  marquis  de  Larray.  A  l'approche  de 
l'armée  ennemie  Bachivilliers  recula  sur  Savinc,  en  cou- 
pant derrière  lui  le  pont  de  la  Clapière,  et  Catinat  occupa 
le  mont  Genèvre  avec  11  bataillons. 

Yictor-Amédée  campa  quelques  jours  sur  la  rive 
droite  de  la  Durance,  attendant  le  contingent  qui  marchait 
pour  le  rejoindre  et  la  colonne  des  réfugiés  de  Schom- 
berg.  Celui-ci  était  entré  dans  les  vallées  vaudoises 
avec  2000  hommes  auxquels  venaient  de  se  joindre 
1500  Yaudois.  Ces  forces  pénétrèrent  dans  le  Queyras 
par  les  cols  Saint-Martin  et  Lacroix  :  elles  formèrent  un 
effectif  de  4000  soldats  en  y  comptant  un  corps  de 
500  partisans  qui  étaient  venus  les  renforcer.  Aiguille  fut 
investie.  Le  3  août  l'ennemi  dressa  ses  lentes  à  Ville- 
vieille,  en  vue  de  Château-Queyras.  Le  lendemain,  Schom- 
berg  lit  sommer  de  Lesches,  le  gouverneur,  de  rendre  la 


1  i 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


place.  À  l'officier  chargé  de  cette  mission,  le  commandant 
répondit  :  «  Vous  devez  connaître  les  Français;  nous 
vous  recevrons  comme  il  convient.  » 

Le  même  jour,  Bouchu  informa  la  Cour  de  la  capitu- 
lation de  Guillestre  et  ajouta  dans  sa  dépêche  :  «  M.  de 
Grignan  a  pris  toutes  les  précautions  nécessaires  pour 
assurer  la  Provence  et  empêcher  les  Nouveaux  Convertis 
de  passer  en  Dauphiné.  »  11  la  termina  toutefois  par  ces 
mots  :  «  Les  Nouveaux  Convertis  de  cette  province  ne 
vont  pas  aux  prêches  des  ministres  de  M.  deSchomberg.  » 

Câlinai,  informé  de  l'investissement  de  Chàteau-Queyras 
prit  avec  lui  3000  hommes  et  partit  au  secours  de  la 
place.  Le  village  fut  incendié,  mais  l'ennemi,  apprenant 
l'approche  du  général  en  chef,  leva  le  siège  de  la  citadelle 
et  regagna  Guilleslre  par  le  col  Agnel,  Molines  et  la  vallée 
de  Ceilhac. 

Pendant  ce  temps  le  duc  de  Savoie  avait  été  rejoint 
par  les  renforts  attendus  et  entourait  Embrun  d'un  cercle 
de  fer  et  de  feu.  La  ville  était  défendue  par  3000  hommes  : 
Victor-Amédée  lit  sommer  le  marquis  de  Larray  de  se 
rendre.  —  «  Je  m'efforcerai  de  mériter  l'estime  de  Son 
Altesse  royale  »  répondit  le  commandant.  Les  Alliés 
étaient  au  nombre  de  20000.  Les  Savoisiens  avaient  à  leur 
tête  Parella;  les  Allemands,  le  prince  Eugène  et  le  comte 
deCaprara.  Des  deux  côtés  on  déploya  un  grand  courage. 

Le  5  août,  Bachivilliers,  toujours  retranché  à  Savines, 
écrivait  : 

«  11  y  a  eu  une  rude  escarmouche  entre  la  garnison  d'Embrun 
et  les  ennemis.  M.  de  Catinat  a  toujours  l'œil  sur  Pigncrol.  L'in- 
vestissement d'Embrun  est  complet;  des  détachemenls  ont  été 
envoyés  par  les  ennemis  du  côté  de  Queyras.  M.  de  Catinat  est 
parti  le  6  août  pour  aller  à  eux,  mais  ils  ne  l'ont  pas  attendu.  Le 
comte  de  Schomberg  ne  quitla  pas  cependant  Qneyras  sans  y 
avoir  perdu  du  monde.  » 

Nouvelle  dépêche  publiée  le  6  août  par  la  Gazette 
officielle  : 

«  Le  duc  de  Savoie  fil  passer  la  Durance  à  son  armée  pour  aller 
attaquer  Embrun,  dans  l'espoir  quecette  place  était  dépourvue  de 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


15 


canons  et  de  provisions.  Il  envoya  sommer  le  marquis  de  Larray 
qui  la  commandait.  —  Le  sieur  de  Câlinai  s'est  emparé  de  Saint- 
Crépin  près  de  Saint-Clément  :  Le  comte  de  Schomberg  assiégeait 
Queyras  avec  4000  hommes;  il  s'est  retiré.  » 

Le  général  en  chef  voyant  Victor  Améclée  occupé  au 
siège  d'Embrun,  vint  camper  avec  le  gros  de  son  infan- 
terie à  Prelles  au-dessous  de  Briançon.  De  là  il  était 
séparé  des  corps  ennemis  retenus  à  Guillestre  et  devant 
Embrun,  par  le  long  défilé  de  la  baule  Durance  avec  la 
barricade  de  Pertuis  Rostan  qui  marquait  la  limite  méri- 
nionale  du  Briançonnais.  Il  choisit  une  position  à  cheval 
sur  la  Durance,  à  l'entrée  de  la  plaine  de  Guillestre  :  sur  la 
rive  gauche,  3000  hommes  se  postèrent  sur  le  plateau  de 
Pallon;  de  l'autre  côté  de  la  rivière  2000  hommes  s'éta- 
blirent à  La  Roche-sous-Briançon.  Le  13  août,  le  quartier 
général  fut  transféré  de  Prelles  à  Pallon. 

Le  siège  d'Embrun  continuait  :  le  duc  de  Savoie  expé- 
diait partout  des  émissaires  pour  engager  les  protestants 
à  se  joindre  à  lui;  ces  derniers  restaient  inébranlablement 
attachés  à  leur  devoir. 

Enfin,  le  15  août,  la  place  se  rendit  :  la  garnison  avait 
résisté  héroïquement  pendant  dix  jours;  elle  obtenait  les 
honneurs  de  la  guerre  et  sortait  avec  armes  et  bagages, 
«  tambour  battant,  drapeaux  déployés,  mèche  allumée  ». 
Elle  devait  se  retirer  à  Grenoble  et  ne  plus  servir  pendant 
le  reste  de  la  campagne  contre  Victor-Amédée  et  ses 
Alliés;  exception  était  faite  en  faveur  du  marquis  de 
Larray  qui  était  libre  de  servir  de  sa  personne,  avec 
quatre  aides  de  camp.  Les  Français  avaient  eu  2  officiers 
tués,  3  autres  blessés,  52  soldats  tués  et  86  blessés.  Les 
ennemis  avaient  perdu  3  000  hommes  ou  tués  ou  bles- 
sés (1).  Depuis  le  jour  où  ils  avaient  franchi  le  col  de  Vars, 
les  armes,  les  maladies  et  la  désertion  avaient  réduit  de 
6000  combattants  leurs  effectifs.  Léganez  et  le  prince 
Eugène  étaient  blessés.  A  côté  de  la  perte  des  hommes,  il 
en  était  une  encore  bien  plus  dangereuse  pour  les  projets 

(1)  La  ville  dut  payer  au  vainqueur  15  000  écus  de  contribution  pour 
s'exempter  du  pillage. 


16 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


du  duc  de  Savoie  :  c'était  celle. du  temps,  c'était  le  retard 
causé  par  le  siège  d'Embrun,  après  ceux  de  Guillestre  et 
de  Château-Queyras,  à  la  marche  des  colonnes  envahis- 
santes. Le  précoce  hiver  des  Alpes  allait  rendre  leur 
retraite  bien  difficile;  la  fuite  des  jours  était  leur  plus 
terrible  adversaire,  et  le  meilleur  auxiliaire  de  Catinat. 
Celui-ci  le  savait,  et  malgré  les  critiques  et  les  impatiences 
du  roi,  il  resta,  comme  un  autre  Fabius  Cunctator,  fidèle 
à  sa  tactique  de  rester  sur  la  défensive,  de  fatiguer 
l'ennemi,  de  ne  lui  offrir  aucune  occasion  de  se  mesurer 
avec  lui. 

Bachivilliers  avait  perdu  ses  communications  directes 
avec  le  général  en  chef,  depuis  le  siège  d'Embrun  ;  toute- 
fois, il  avait  trouvé  un  moyen  de  correspondre  avec  lui, 
en  faisant  passer  les  courriers  qu'il  lui  envoyait,  par  la 
vallée  du  Champsaur,  le  col  de  Fressinières,  où,  au  delà, 
ils  retrouvaient  la  Durance,  au  pied  des  escarpements  de 
Pallon.  Sa  cavalerie  barrait  toujours  à  Savines  la  route 
de  Grenoble  et  il  découvrait  intentionnellement  le  chemin 
du  col  de  Pontis  et  de  la  Provence.  Quand  la  reddition 
d'Embrun  fut  imminente,  il  conduisit  ses  3000  hommes 
de  cavalerie  à  la  Bâtie-Neuve,  dans  la  haute  plaine  de 
Gap;  il  y  fut  rejoint  par  le  marquis  de  Vins,  maréchal  de 
camp,  qui  arrivait  du  Midi,  avec  un  régiment  de  dragons  : 
ce  dernier  par  droit  d'ancienneté  prit  le  commandement 
des  troupes. 

Le  27  août,  l'avant-garde  des  Alliés  forte  de  4000  dra- 
gons et  de  quelques  bataillons  d'infanterie  descendit  par 
les  deux  rives  de  la  Durance,  passant  à  droite,  au  pied 
du  mont  Saint-Guillaume,  à  gauche  par  le  pont  de  la 
Clapière  et  Pontis  dont  le  village  fut  incendié,  mais  où 
Parella  fut  mortellement  blessé.  De  là,  rejointe  par  le  resle 
de  l'armée  elle  marcha  sur  la  Bàtie-Neuve.  De  Vins  ne 
l'attendit  pas  et  divisant  ses  effectifs  en  3  colonnes,  il 
monta  sur  le  Plan  Saint-Guigues.  Parvenu  sur  le  plateau, 
il  rangea  ses  troupes  en  bataille,  face  à  l'ennemi, 

Gap  était  découvert.  Sur  l'ordre  de  Catinat  la  garnison 
avait  rejoint  la  cavalerie  française,  dont  les  escadrons 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


17 


interceptaient  la  route  qui  conduit  de  la  Bâtie-Neuve,  par 
le  village  de  La  Rochette  et  le  col  de  Manze,  à  Saint- 
Bonnet  sur  le  Drac.  Apprenant  que  les  envahisseurs  diri- 
geaient 3  bataillons  vers  le  Dévoluy,  de  Vins  alla  camper 
vers  Saint-Laurent-du-Cros.  De  son  côté,  Catinat  prit 
avec  lui  10  bataillons  et  les  conduisit  à  Bourg-d'Oisans, 
puis  se  rendit  auprès  du  marquis  de  Vins.  En  route,  il 
avait  rencontré  Bacbivilliers.  Accompagné  de  ces  deux 
officiers  généraux,  il  examina  la  situation  :  elle  lui  parut 
excellente,  aussi  bien  pour  résister  aux  attaques  de  ses 
adversaires  que  pour  couvrir  la  gorge  de  Corps. 

Ceux-ci  étaient  à  Gap  où  ils  demandèrent  d'abord 
40  000  écus  à  la  population  ;  puis  sur  les  observations  des 
consuls  réduisirent  cette  contribution  à  10000  (1).  Des 
détachements  sillonnaient  les  campagnes  voisines,  com- 
mettant mille  déprédations. 

Dangeau  rendant  hommage  à  l'inébranlable  fidélité 
des  protestants  à  la  mère  patrie,  écrivait  le  23  août  : 
a  M.  de  Savoie  espérait  que  les  Nouveaux-Convertis  mal 
intentionnés  le  reviendraient  joindre,  mais  pas  un  n'a 
bougé;  au  contraire,  ils  sont  tous  venus  donner  des  nou- 
velles assurances  d'attachement,  et  ceux  qui  sont  dans  les 
troupes  ennemies  désertent  fort  et  reviennent  chez  eux.  » 

Quelques  jours  plus  tard,  Louis  XIV  disait  à  Catinat, 
qui,  dans  un  rapport,  lui  avait  parlé  avec  éloge  de  leur 
courage  :  «  Je  suis  bien  aise  que  mes  sujets  Nouveaux 
Convertis  se  soient  bien  conduits  jusqu'à  présent,  je  leur 
donnerai  avec  plaisir,  dans  la  suite,  des  marques  de  la 
satisfaction  que  j'ai  de  leur  fidélité  et  de  leur  zèle.  Vous 
pouvez  les  en  faire  assurer.  11  ne  me  reste  qu'à  vous  louer 
de  votre  bonne  conduite.  »  —  On  sait  comment  il  tint 
parole. 

Pendant  que  le  général  en  chef  «  étendait  ses  batail- 
lons vers  Saint-Bonnet,  qu'il  envoyait  des  munitions  à 
Saint-Julien,  dans  Valgaudemar  et  que  le  comte  de  Gri- 
gnan  dirigeait  des  compagnies  sur  Sisteron  »,  les  paysans 


(1)  Gazette  officielle,  6  septembre  1G92. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 

i    ■    „t  -Kns  le  Trièves,  au  nord  du 
dauphinois  se  soulevèrent  dans  la 11        , uest  du;fossé 
Dévoluy,  dans  le  Dmis,  les  Baronmes  a  ^ 
du  Baech.  Ces  braves  gen m eut        ^  offic. 
gentilshommes  qui  ne  serva.      F  ^  seul  ^_ 

dans  les  armées  royales  .  300  d  ent  ^  ^ 

lRge  de  ChâtU  °rM^^ 

camp  retranche  de  Montbrand  l  )  ^      {es  rive. 

sions  de  Ennemi  et  les  pillenes  a  »    leg  bateaux 

rainsdu  Buechet  délabre  Durante  ^ 
et  coupèrent  les  cordes  d f  bacS*^Xgnes  les  habitants 
usité  sur  les  cours  d'eau  Dan ^SÏÎÏd'aWi.  d'arbres, 
interceptèrent,  au  moyen  de  ttjncùee 
les  chemins  descendan  des  co  f^St  trop  favorable 
La  levée  en  masse  g»^*^  Vappl„yer.  A  cet 
à  la  défense  pour  que  CaUn.at.ns^sg.les.Corps  le  régiment 
effet,  il  détacha  du  camp  d  A        le      ^        ^  ^ 
des  dragons  de  Bretagne  etceku  de  V  ^ 
ordres  du  marquis  du  O^^neat  du  Trièves  et 

tifs.  ,     ...  oc      la  région  du  Buech  suffisait 

Le  cordon  de  milices  de  la  reg o  ^ 
pour  arrêter  les  détachements  oifensive  de 

mais  que  pouvait-i   contre Jf"       uEmbrun!  Cepen- 

IWë^^^'SSSîaaUmDéB  à  Gap: 
dant,  cette  armée  restait  otalmemeu 

qui  donc  arrêtait  sa  envahisseurs,  s'ils 

et  prêt  à  couper  a  ligne  de  sans  mesure; 

f    aEK  9  et  10.  -  Saint-Férréol, 



par  500  hommes  ;  il  plaça  un  corps  ae 


so 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


Le  29  août,  à  la  Bâtie-Neuve,  Victor-Amédée  avait 
ressenti  les  premières  atteintes  de  la  petite  vérole.  Rentré 
à  Embrun  pour  s'y  faire  donner  les  soins  réclamés  par  son 
état,  la  duchesse,  sa  femme,  vint  l'y  rejoindre  quelques 
jours  plus  tard.  L'armée  d'invasion  resta  commandée  par 
le  général  Caprara. 

Les  pillages  et  les  incendies  autour  de  Gap  continuè- 
rent encore  pendant  deux  semaines.  Le  1er  septembre  le 
prince  Eugène  passa  le  col  Bayard  à  la  tête  d'un  fort  déta- 
chement, descendit  dans  la  vallée  du  Drac  et  livra  aux 
flammes  Saint-Bonnet  et  quelques  villages.  Son  but  était 
d'entraver  un  retour  offensif  des  troupes  françaises  du 
côté  d'Aspres-les-Corps,  en  détruisant  les  subsistances 
sur  leur  chemin.  La  nouvelle  de  ces  dévastations  parvint 
à  Grenoble  et  affola  toute  la  population.  Catinat  manda 
auprès  de  lui,  à  son  camp  d'Aspres-les-Corps,  les  princi- 
paux députés  du  parlement,  et  après  leur  avoir  montré 
les  dispositions  qu'il  avait  prises  pour  limiter  les  ravages 
de  l'ennemi,  il  les  chargea  de  rassurer  leurs  concitoyens. 
Le  moment  approchait,  d'ailleurs,  où  les  envahisseurs 
allaient  quitter  notre  territoire  :  tous  ces  étrangers  nés 
sur  les  plateaux  de  la  Gastille,  dans  les  plaines  de  la  haute 
Italie  ou  du  Danube,  éprouvaient  une  vague  frayeur  d'être 
emprisonnés  dans  l'enceinte  des  montagnes  dont  les 
crêtes  secondaires  elles-mêmes  commençaient  à  se  couvrir 
de  neige.  Mais  avant  de  s'éloigner,  Caprara  voulut  laisser 
un  souvenir  terrifiant  de  sa  présence  :  pendant  plusieurs 
jours  des  détachements  sillonnèrent  le  pays,  incendiant 
les  hameaux  et  les  bourgs,  massacrant  les  habitants, 
détruisant  les  récoltes.  Les  bestiaux  et  le  butin  transpor- 
table furent  expédiés  à  Barcelonnette  dans  la  vallée  de 
rUbaye(1  ).  Quand  les  troupes  françaises  rentrèrent  dans  ces 
régions,  elles  virent  avec  horreur  les  cadavres  d'un  grand 
nombre  de  paysans  restés  sans  sépulture  sur  les  chemins. 
A  Veynes,  sur  206  maisons,  123  devinrent  la  proie  du  feu; 
plusieurs  châteaux,  notamment  celui  de  Tallard,  furent 


(1)  40000  têtes  de  bétail  et  les  cloches  des  églises  de  Gap  el  d'Embrun. 


ETTDES  HISTORIQUES 


•21 


détruits,  le  prieuré  de  Véras  fut  saccagé  1  .  Quelques 
compagnies  eurent  même  l'audace  de  demander  une  con- 
tribution à  Sisteron  où  commandait  le  brave  de  Valavoire. 
sous  les  ordres  de  L'intendant  général  de  Langalerie  : 
celui-ci  répondit  :    Venez  la  prendre.  » 

Enfin,  apprenant  que  des  renforts  étaient  envoyés  à 
Catinat.  par  Barbezieux.  ministre  de  la  guerre.  Caprara 
lit  ses  adieux  à  Gap  en  la  livrant  aux  flammes:  la  cathé- 
drale et  798  maisons  sur  953  furent  anéanties  2  . 

Les  coalisés  suivirent  la  route  de  Savines,  gagnèrent 
Embrun  d'où  ils  ne  partirent  que  le  17 septembre,  emme- 
nant avec  eux  Victor- Amédée  encore  malade,  et  de  là  se 
dirigèrent  sur  Guillestre  et  le  col  de  Vars.  Harcelés  en 
queue  par  de  Vins  et  surveillés  de  près  par  Catinat.  leur 
retraite  cependant  s'effectua  dans  un  ordre  si  parfait  et 
avec  une  telle  habileté,  qu'aucun  de  ces  généraux  ne 
parvint  à  les  inquiéter  sérieusement. 

Pendant  que  l'ennemi  reprenait  ainsi  la  direction  de 
Coni.  tout  en  maudissant  les  huguenots  dauphinois,  qui 
sourds  aux  avances  des  traîtres  avaient  témoigné  d'un 
patriotisme  supérieur  à  tout  éloge.  Durfort  de  La  Bois- 
sière  adressait  ce  message  à  Pontchartrain.  le  jour  de 
l'incendie  de  Gap  : 

■  M.  de  Catinat  ayant  souhaité  que  je  donne  des  ordres  dans 
le  Diois  et  les  Baronnies  en  l'absence  de  M.  de  Larray,  je  crois 
qu'il  est  de  mon  devoir  de  vous  rendre  compte  de  la  sage  et  bonne 
conduite  des  Nouveaux  Convertis.  Je  n'entre  point  en  aucun  dé- 
tail. . .  Sa  Majesté  en  étant  informé  par  M.  de  Barbezieux.  à  qui  j'ai 
eu  l'honneur  d'en  écrire  :  mais  comme  M.  de  Savoie  a  fait  courir 
mille  billets  pour  les  soulever  et  que  ça  n'a  servi  qu'à  redoubler 
leur  fidélité,  je  prends  la  liberté  de  vous  supplier  humblement  de 

(1)  Abbé  Guillaume,  archiviste  des  Hautes-Alpes,  dans  les  Annales  des 
Alpes  de  janvier-février  19U2.  pp.  211-213. 

2  Parmi  les  lettres  adressées  par  l'évêque  de  Gap.  à  Pontchartrain.  ;i 
propos  de  la  campagne  de  1692.  celles  des  26  octobre  et  26  novembre  renfer- 
ment des  détails  bien  tristes.  Après  avoir  étudié  les  moyens  ■  de  rétablir  la 
ville  ruinée  parle  duc  de  Savoie  ».  le  prélat  constate  que  «  dans  son  diocèse 
il  y  a  10.94"  maisons  brûlées  et  qu'il  a  2.500  personnes  a  nourrir,  moyennant 
".875  livres  par  jour.  11  paie  un  tiers  de  cette  somme  et  le  roi  les  deux  tiers. 
11  faudrait,  dit-il  en  terminant,  décharger  l'Élection  du  dernier  quartier  de  la 
taille  et  totalement  de  cet  impôt,  pendant  10  années.  • 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


vouloir  bien  leur  accorder  l'honneur  de  votre  protection,  afin  qu'il 
pJaise  à  Sa  Majesté  de  vouloir  bien  leur  relaxer  la  taxe  (i  qu'on 
a  faicte  sur  les  Nouveaux  Convertis  du  royaume.  » 

Le  17  septembre.  Bouchu  revenant  quelque  peu  ^ur 
ses  préventions  injustifiées  devant  la  bravoure  des  réfor- 
més, disait  de  son  coté  :  «  Les  Nouveaux  Convertis  du 
Dauphiné  se  sont  comportés  dans  ces  conjonctures  d'une 
manière  qui  paraît  rassurer  sur  leur  conduite  à  l'avenir.  » 

On  lit.  encore,  cet  éloge  ému  accordé  par  Catinat  aux 
huguenots,  dans  une  dépèche  qu'il  adressait  le  19  sep- 
tembre, du  camp  de  la  Bessée  à  Barbezieux  2  : 

■  Le  roi  m'a  fait  l'honneur  de  me  témoigner  par  deux  différen- 
tes lettres  la  satisfaction  qu'il  ressentait  de  la  bonne  et  sage  con- 
duite de  ses  sujets  Nouveaux  Convertis,  et  il  a  vu  avec  joie  qu'ils 
lui  étaient  bons  et  véritables  sujets  et  même  disant  qu'il  leur  en 
donnera  des  témoignages.  Je  vous  assure  qu'avec  un  véritable 
esprit  de  charité  pout  ces  pauvres  gens-là.  j'ai  appréhendé  qu'ils 
ne  fissent  quelque  chose  mal  à  propos,  pour  les  châtiments  cruels 
que  cela  leur  aurait  attiré  et  qu'ils  auraient  mérités.  J'ai  toujours 
fait  valoir,  ayant  l'honneur  d'écrire  au  roi  tout  le  bien  que  vous 
me  mandiez  de  leur  conduite.  » 

Enfin,  le  20  septembre.  Catinat  écrivait,  de  nouveau  : 
s  Le  roi  a  témoigné  tant  de  satisfaction  de  la  conduite  des 
Nouveaux  Convertis  que  je  crois  qu'ils  en  recevront  des 
marques.  » 

Au  mois  d'octobre  les  deux  armées  se  dispersèrent 
dans  leurs  quartiers  d'hiver  et  la  campagne  s'acheva  aux 
lieux  mêmes  où  elle  avait  commencé.  Le  bassin  du  Guil. 
puis  en  aval  dir  confluent  de  ce  cours  d'eau  avec  la  Durance. 

(i)  Le  11  septembre  1692.  —  Cette  taxe  était  imposée  sur  les  protestants 
dans  des  «  Roolles  de  tailles,  faits  et  péréqués  sur  les  Nouveaux  Convertis  et 
autres  possédant  biens  taillables.  qui  ont  fait  profession  de  la  R.  P.  R.  jusques 
au  mois  de  septembre  16S3  ».  Nous  avons  retrouvé  quelques-uns  de  ces  rôles 
à  Saillans.  16  novembre  16S5.  12  mars  1691:—  à  Aouste.  U  juillet  1692:  — 
à  Aucelon.  6  septembre  1691:  —  à  Allex.  2S  août  1691.  5  juillet  1692:  —  à 
Espenel.  o  septembre  1692.  etc. 

Il  semble  que  Louis  XIV  ait  fait  droit  momentanément  à  la  requête  de 
Durfort  de  La  Boissière. 

2  Le  camp  de  La  Bessée.  sur  la  Durance.  au  confluent  de  la  Vallouisc, 
avait  été  formé  par  Catinat  avant  la  prise  de  Gap.  pour  garantir  contre  toute 
surprise  Briançon.  Chàteau-Queyras  et  Pignerol. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


23 


les  pays  d'Embrun  et  de  Gap,  jusqu'au  Buech;  la  vallée 
du  Drac  jusqu'à  Aspres-les-Corps,  telles  sont  les  parties 
du  territoire  français  foulées  par  l'invasion  de  1692.  Cette 
étendue  répond  à  peine  aux  deux  tiers  du  département 
des  Hautes-Alpes.  Sa  conquête  éphémère  coûta  au  duc  de 
Savoie  et  à  ses  Alliés  10000  soldats  tués  dans  les  sièges, 
enlevés  par  la  maladie,  ou  parla  désertion. 

Ainsi,  en  face  des  régiments  de  Catinat  s'était  ras- 
semblée une  armée  bien  supérieure  en  nombre,  com- 
mandée par  les  meilleurs  hommes  de  guerre  de  la  coali- 
tion. Surmontant  la  barrière  des  Alpes,  cette  armée  avait 
pénétré  dans  le  royaume,  au  cœur  d'une  province  que 
l'on  supposait  peuplée  de  mécontents,  où  sa  seule  appa- 
rition, suivant  le  calcul  de  ses  chefs,  devait  faire  éclater 
une  révolte  formidable  et  causer  à  la  France  d'incalcu- 
lables désastres.  Et  qu'était-il  advenu  de  ces  efforts,  de 
ces  menaces,  de  ces  ambitieuses  visées? —  Une  course,  ou 
plutôtune  pointe  dansle  Dauphiné  et  des  ravages  inutiles. 
Ce  résultat  était  dû  au  génie  de  Catinat,  à  l'habileté  de 
ses  lieutenants,  à  l'endurance  de  ses  troupes  et  surtout 
au  patriotisme  irréductible  de  nos  vaillantes  populations. 

Hélas!  par  le  traité  d'Utrecht,  Louis  XIV  céda  au  roi 
de  Savoie  les  trois  vallées  Briançonnaisesdu  bassin  du  Pô; 
en  revanche  ce  dernier  donnait  à  la  France,  celle  de  Bar- 
celonnette  ce  qui  était  une  bien  mince  compensation.  Le 
Briançonnais  méritait  mieux,  car  il  était  une  des  plus 
respectables  créations  du  moyen  âge  et  il  s'était  sponta- 
nément donné  à  la  mère  patrie  avec  le  reste  du  Dauphiné. 
Les  protestants  de  France  y  comptaient  plus  de  1 1 000  core  - 
ligionnaires. 

Un  fait  particulièrement  intéressant,  c'est  que  dix  ans 
après  la  campagne  dont  nous  venons  de  retracer  les 
phases  principales,  l'évêque  de  Die,  Gabriel  de  Cosnac, 
qui  avait  succédé  à  son  oncle  Daniel,  reconnut  lui-même 
la  belle  conduite  de  notre  peuple  huguenot  dans  ces  cir- 
constances si  graves  de  notre  histoire  nationale.  Le  duc 
de  la  Feuillade  ayant  été  nommé  gouverneur  du  Dauphiné 
et  de  la  Savoie,  et  la  municipalité  dioise  l'ayant  respec- 


24 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


tueusement  félicité  de  la  charge  de  confiance  dont  il  avait 
été  investi,  le  nouveau  titulaire  répondit  par  la  lettre 
suivante  (1). 

«  A  Chambéry,  ce  11  décembre  1103,  - 

«  Messieurs, 

«  Le  roy  ayant  destiné  Monsieur  le  Maréchal  de  Tessé  pour 
son  armée  de  Séchia,  m'a  fait  l'honneur  de  m'envoyer  en  sa  place 
commander  le  Dauphiné  et  dans  la  Savoye.  Je  scay  la  confiance 
que  vous  aviez  en  luy;  je  scay  qu'il  n'a  jamais  employé  que  l'es- 
timera douceur  et  l'amitié  pour  maintenir  vostre  fidélité, laquelle 
à  la  vérité  a  déjà  esté  si  éprouvée  que  l'attention  de  ceux  qui  sont 
chargés  des  ordres  de  Sa  Majesté  dans  ceste  province,  doit  estre 
bien  plus  tôt  de  vous  marquer  de  la  satisfaction  que  de  prendre 
des  mesures  convenables  contre  les  mouvements  séditieux  où  les 
ennemis  de  l'Etat,  et  ce  que  je  ne  scaurois  dire  que  pénétré  de 
douleur,  les  membres  mesmes  de  cet  État,  dont  vous  êtes  entou- 
rez, employent  touttes  sortes  de  moyens  pour  vous  engager. 

«  Pour  moy,  Messieurs,  je  vous  diray  que  l'attachement  invio- 
lable que  vous  marquâtes  à  Sa  Majesté  sans  qu'aucun  de  vous 
aud.  s'en  soit  démenty,  dans  l'année  fatalle  où  Monsieur  le  duc 
de  Savoye  pénétra  jusqu'à  Embrun,  m'est  demeuré  dans  le  cœur, 
quoy  qu'en  ce  temps  je  fusse  encore  bien  jeune  pour  recevoir 
aussi  vivement  de  pareilles  impressions. Vous  ne  devez  pas  douter 
que  l'intérêt  que  je  prends  à  ce  qui  vous  regarde  ne  soit  plus  sen- 
sible et  plus  véritable  que  ne  peut  estre  celluy  d'aucun  autre  qui 
tiendroit  ma  place,  puis  qu'outre  la  qualitté  de  sujet  zélé  et  celle 
de  commandant,  j'ai  l'honneur  d'estre  encore  Gouverneur  de 
province  et  tils  d'un  père  illustre  qui  a  jouy  avant  moy  du  mesme 
avantage. 

«  Je  vous  prie,  donc,  Messieurs,  d'estre  persuadez  que  vous 
avez  en  moi  un  protecteur  asseuré  etunamy  fidel.  Je  vous  répons 
de  la  part  de  Sa  Majesté  qu'il  vous  regarde  comme  ses  bons  et 

(1)  On  lit  dans  les  Délibérations  consulaires  de  la  ville  de  Die  (registre  de 
1101  à  1709,  f0"  141  et  142)  :  «  Et  à  l'instant  mondit  seigneur  Gabriel  de  Cos- 
nac  ayant  voullu  luy-mesme  faire  lecture  d'une  Lettre  du  il  du  présent, 
escrite  par  Monseigneur  le  duc  de  La  Feuliade,  gouverneur  de  cette  province 
et  commandant  en  icelle  et  dans  la  province  de  Savoye.  aux  Nouveaux  Con- 
vertis, afin  de  la  randre  publique,  suyvant  les  intentions  de  mondit  Seigneur 
le  duc,  il  a  esté  unanimement  conclu  que  ladite  Lettre  seraregistrée  dans  les 
présents  et  qu'elle  sera  publiée  à  son  de  trompe,  par  tous  les  carrefours 
accoustumés. 

«  Gabriel  de  Gosnac,  évêque,  comte  de  Die;  Daniel  Isoard.  lieutenant  du 
maire;  Daniel  Gueymar,  Louis  Chion,  consuls  modernes,  sieur  Anthoine  Bott- 
drat,  sieur  Scipion  du  Pilhon,  châtelain,  Pierre  Dailhe.  curé.  Anthoine  Pou- 
drel,  François  de  La  Morte,  etc.,  etc.  » 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


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véritables  sujetz  et  qu'il  ne  mettra  jamais  de  différence  entre  les 
Nouveaux  Convertis  et  les  Anciens  Catholiques,  qu'en  cas  qu'ils 
ne  fussent  assez  aveuglez,  pour  s'éloigner  de  la  soumission  et  de 
la  (idélité  où  les  engage  le  bonheur  d'estrenez  sous  sa  domination. 
«  Je  suis  avec  une  sincère  affection,  Messieurs, 
«  Y.oStre  très-humble  serviteur, 

a  Le  duc  de  La  Feuillade  ». 

#  # 

Bien  que  le  nom  de  Philis  de  La  Tour  La  Charce  ne  se 
rencontre  pas  une  seule  fois  dans  les  documents  officiels  que 
nous  venons  de  citer,  on  a  cependant  essayé  de  personnifier 
en  elle  le  patriotisme  et  la  fidélité,  dont  les  montagnards 
du  Dauphiné  donnèrent  des  preuves  si  éclatantes  en  1692. 
Une  légende  s'est  peu  à  peu  formée  autour  de  l'héroïne, 
si  bien  qu'aujourd'hui,  dans  un  certain  camp,  on  ne 
l'appelle  plus  que  la  Jeanne  d'Arc,  ou  la  Jeanne  Hachette 
ou  la  Libératrice  du  Dauphiné! 

Romanciers,  conférenciers,  journalistes,  historiens 
semblent  s'être  donnés  le  mot  pour  exalter  cette  femme 
devenue  célèbre  et  ajouter  des  détails  toujours  plus  mer- 
veilleux à  ses  premières  biographies.  Actuellement,  on  se 
sert  de  la  modeste  carte  postale  illustrée...  pour  popula- 
riser ses  traits  et  sauver  de  l'oubli  ses  exploits  glorieux. 
Nos  lecteurs  nous  sauront  gré  de  la  leur  présenter,  tout 
d'abord.  Son  père  était  Pierre  de  La  Tour  La  Charce,  qui 
passa  toute  sa  vie  à  guerroyer  et  devint,  en  1652,  maréchal 
des  camps  et  armées  du  roi.  Bien  que  protestant  il  avait 
pris  part,  en  1628,  contre  ses  coreligionnaires,  au  siège 
de  La  Rochelle,  ce  qui  ne  l'empêcha  pas,  dans  son 
testament  du  15  novembre  1654,  de  «  léguer  aux 
habitants  de  sa  terre  des  Plantiers  (en  Languedoc) 
l'emplacement  d'un  temple,  aux  réformés  nécessiteux  de 
La  Charce  (près  La  Motte-Chalancon)  100  livres,  et 
pareille  somme  à  ceux  de  Montmorin  (Hautes-Alpes)  ». 
Il  mourut  le  22  août  1675  «  et  fut  inhumé  le  lendemain, 
dans  le  cimetière  de  ceux  de  la  R.  P.  R.  »  Il  avait  épousé 


26  ÉTUDES  HISTORIQUES 

sa  cousine  germaine,  «  noble  clamoiselle  Catherine-Fran- 
çoise de  La  Tour  Gouvernet,  dame  de  Mirabel,  Mont- 
morin  et  Sigottier  ».  Elle  décéda  le  17  mars  1709,  à 
l'âge  de  90  ans,  ayant  abjuré  la  religion  protestante  le 
11  février  1686,  entre  les  mains  de  l'évêque  de  Gap. 

Philis  vint  au  monde  le  5  janvier  1645.  Voci  comment 
son  père  relate  sa  naissance  : 

«  Le  5  (janvier)  de  Tan  1645,  ma  femme  s'accoucha  d'une  ii lie 
à  Montmorin.  Elle  y  fut  baptisée  (nommée)  par  M.  Bonnet,  notaire 
à  La  Charce;  elle  a  nom  Philippe  et  on  la  nomme  Philis.  M.  le 
Conseiller  de  Saint-Germain,  l'oncle  de  ma  femme  à  la  mode  de 
Bretagne,  est  son  parrain,  et  Madame  la  Conseillère  de  Moret,  sa 
marraine,  laquelle  étoit  sœur  de  Madame  de  Mirabel,  mère  de 
ma  femme,  toutes  les  deux  de  la  maison  de  Peire,  près  de  Serre. 
M.  de  Jarjayes,  fils  d'une  autre  sœur  de  Madame  de  Mirabel,  la 
présenta  au  baptême  avec  malille  De  Curban  (1)  ». 

Parmi  les  autres  enfants  de  Pierre  de  La  Tour  La 
Charce (2)  et  de  sa  compagne  citons  :  Françoise  mariée  à 
François  de  Pontis,  seigneur  d'Urtis  et  de  Curban,  Achille, 
Marie,  Pierre,  Alexandrine,  Suzanne,  Marguerite,  Louis, 
seigneur  de  Mirabel,  René  Scipion.  —  En  1675,  il  ne 
restait  plus  que  Philis,  Marie  (Mlle  des  Plantiers),  Pierre, 
marquis  des  Plantiers,  Marguerite  (Mlle  d'Aleyrae)  et  Louis 
qui  continua  la  branche  de  La  Charce. 

«  Philis  fut  élevée  par  Antoinette  de  La  Garde,  femme 
de  Guillaume  de  Lafont-Pois-Guérin,  seigneur  des  Houil- 
lières,  aide  de  camp  des  armées  du  roi  et  son  lieutenant 
au  gouvernement  de  Doullens  (3).  »  11  était  protestant. 

En  1692,  l'héroïne  avait  donc  quarante-sept  ans. 
Depuis  six  à  sept  ans,  elle  se  proposait  d'abjurer  la  reli- 
gion de  ses  pères  et  faisait  une  active  propagande  parmi 
ses  tenanciers  en  faveur  du  catholicisme  qu'elle  embrassa 
définitivement  en  1693. 

(1)  M.  Lacroix,  archiviste  de  la  Drôme,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  d'ar- 
chéologie et  de  statistique  de  la  Drame,  année  1881,  Article  :  l.a  Charce- 
pp.  191  et  suivantes. 

(2)  En  1619,  Louis  XIII  avait  érigé  en  marquisat  la  seigneurie  de  La  Charce 
en  faveur  de  René  de  La  Tour  Gouvernet,  qui  mourut  peu  après. 

(3)  Bulletin...  op.  cit.,  p.  200. 


ÉTUDES  HISTORIQUES  27 

Après  la  prise  de  Gap,  comme  des  détachements  ennemis 
sillonnaient  les  campagnes,  incendiant  villages  et  châteaux  : 
«  MM.  de  Flotte,  de  Saint-Pierre,  de  Taillades,  Lagier  de  Vau- 


La  prétendue  libératrice  du  Dauphiné. 
(OEuvre  de  Daniel  Campagne.) 


gelas  et  de  La  Cardonnière,  à  la  tête  de  leurs  compatriotes,  vont 
attendre  l'ennemi  au  Col  de  Cabre,  où  Philis  de  La  Charce,  en 
habit  d'amazone,  vêtue  d'une  cuirasse,  l'épée  a  la  main  et  le  pis- 
tolet à  l'arçon  de  sa  selle,  vient  avec  la  troupe  de  défenseurs 
qu'elle  a  recrutés  dans  les  Baronnies*  D'abord,  elle  met  en  fuite 


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ÉTUDES  HISTORIQUES 


les  bandes  indisciplinées  qui  devançaient  l'armée  du  duc,  puis 
elle  croise  le  fer  avec  les  Barbets  et  les  réfugiés  français  et  les 
rejette  sur  la  pente  opposée  du  col.  Les  autres  passages  des 
Alpes  (sic)  dans  le  voisinage  avaient  été  fortifiés  par  ses  ordres, 
les  ponts  des  torrents  rompus,  les  routes  barricadées  et  les  défilés 
gardés.  Les  Savoisiens  reculent  devant  une  défense  si  vaillam- 
ment organisée  et  l'effet  moral  produit  par  l'éclatant  succès  de 
Philis  est  immense  et  décisif  (1).  » 

Ce  récita  évidemment  été  inspiré  par  un  roman  anté- 
rieur (2)  que  Ton  a  voulu  embellir  ou  dénaturer,  — 
comme  on  voudra,  —  et  qui  explique  différemment  la 
victoire  de  la  Dauphinoise  sur  les  coalisés.  Mais  quand 
on  se  livre  à  son  imagination,  celle-ci  montre,  comme  le 
dit  Malebranche,  «  qu'elle  est  toujours  la  folle  du  logis  ». 

L'auteur  de  ce  roman  raconte,  donc,  les  amours  de 
l'héroïne  et  du  comte  deCaprara,  général  de  l'Empereur, 
qui  avait  promis  d'épouser  la  future  «  Pallas  »,  mais  qui 
ne  put  tenir  sa  parole.  Voici  comment  elle  triompha  de 
son  admirateur  dans  le  fameux  combat  que  l'on  place  en 
1694  (sic)  : 

«  Au  moment  de  partir  pour  la  chasse  avec  quelques  servi- 
teurs, elle  apprit  que  Caprara  avec  tout  son  monde  se  dirigeait  vers 
le  col  (?);  elle  vola  à  sa  rencontre.  Armée  de  deux  pistolets  et 
d'un  sabre,  elle  se  fit  accompagner  de  tous  ceux  qui  se  trouvèrent 
dans  la  maison...  Elle  reconnut  son  infidèle  en  la  personne  du 
commandant  :  ce  dernier  tirait  son  sabre  pour  se  frayer  un  che- 
min, lorsque  Mademoiselle  de  La  Charce  se  montra,  en  criant  : 
Achève,  perfide!  pour  venir  à  bout  de  tes  héroïques  entreprises, 
perce  ce  malheureux  cœur... 

«  Le  comte  fut  frappé  comme  d'un  coup  de  foudre,  en  enten- 
dant cette  voix  si  chère;  son  sabre  tombe  de  sa  main,  lui  même 
chancelle,  il  est  obligé  de  mettre  pied  à  terre,  et  entraîné  par  son 

(1)  C'est  un  résumé  de  plusieurs  ouvrages.  Cf.  Hochas  :  Biographie  du 
Dauphiné,  Paris,  1856,  2  vol.  in-8°,  —  Le  curé  Albert  :  Histoire  du  diocèse 
d'Embrun,  1783,  —  Franck  Maurice  :  Philis  de  La  Charce  :  Conférences 
(1625-1101),  Orléans,  51  pp.  in-8°,  —  Du  lîoys  :  Philis  de  La  Charce.  héroïne  du 
Dauphbié  au  XVU»  siècle,  dans  le  Bulletin  de  l'Académie  dclphinale.  3'  série, 
t.  I,  pp.  5  et  suiv.,  —  Abbé  Lesbros  :  Mademoiselle  de  La  Charce,  Paris.  1 S  S  3 . 
300  pp.  in-8".  —  Mme  Louise  Urcvet  :  Légendes  dauphinoises  :  Mademoiselle 
Philis  de  La  Charce,  Grenoble,  Dauphiné.  vin,  (roman). 

(2)  Anonyme  :  Histoire  de  Mademoiselle  de  La  Charce,  de  la  Maison  de 
La  Tour-du-Pin  en  Dauphiné,  ou  Mémoires  de  ce  qui  s'esl  passé  sous  le  7-ègne 
de  Louis  XIV,  Paris,  A  la  belle  image,  Gandoin,  1731.  452  pp.  in-12. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


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inclination,  il  se  trouva  aux  genoux  de  Mademoiselle  de  La 
Charce  et  se  déclare  son  prisonnier.  —  Faites  retirer  vos  troupes 
de  ce  lieu,  dit-elle.  Caprara  répond  :  Vous  serez  obéie.  Ainsi,  vous 
aurez  la  gloire  d'avoir  fait  tourner  le  dos  à  notre  armée  et  d'avoir 
sauvé  le  Dauphiné  au  roi  de  France  !  » 

Nous  n'aurions  garde  d'insister  sur  l'année  où  l'auteur, 
fort  bien  renseigné,  comme  on  le  voit,  place  cette  scène 
qui  rappelle  de  si  loin  et  si  mal  celle  du  Dépit  amoureux, 
ni  sur  l'âge  de  l'héroïne.  Nous  ferons  simplement  remar- 
quer à  ceux  qui  ont  essayé  de  corriger  et  de  modifier  cette 
légende  que  l'armée  des  Alliés  resta  cantonnée  à  Gap,  que 
les  détachements  ennemis  ne  dépassèrent  pas  la  ligne  du 
Buech  et  ne  purent  dès  lors  faire  aucune  apparition  au 
col  de  Cabre  fort  au  delà,  que  la  plupart  des  réfugiés 
étaient  restés  à  Guillestre  avec  le  comte  de  Schomberg, 
et  que  les  passages  des  montagnes,  depuis  Aspres-les- 
Veynes  jusqu'à  Sisteron  étaient  gardés  par  le  comte  de 
Grignan,  le  marquis  du  Cambout  et  leurs  lieutenants 
aidés  de  nos  population  soulevées. 

On  cite  encore  un  extrait  du  Mercure  Galant  (14  sep- 
tembre i 692)  où  l'on  peut  lire  ces  mots  : 

«  Le  zèle  qu'a  fait  paraître  Mademoiselle  Philis  de  La  Charce, 
Nouvelle  Convertie,  pour  le  service  du  roi,  ne  doit  pas  être  oublié. 
Elle  a  empêché  la  désertion  des  peuples...  Elle  s'est  mise  à  leur 
tête,  a  gardé  les  passages,  fait  couper  les  ponts...  Madame  la 
marquise  de  La  Charce,  sa  mère,  exhortait  les  peuples  de  la 
plaine,  à  se  maintenir  dans  le  devoir,  pendant  que  sa  lille  résis- 
toit  aux  ennemis  de  la  montagne.  Madame  d'Urtis,  son  aînée,  fit 
d'un  autre  côté,  couper  toutes  les  cordes  des  bateaux  qui  traver- 
soient  la  Durance,  afin  que  les  ennemis  ne  s'en  pussent  emparer. . . 
Pendant  que  Madame  de  La  Cha.ce  et  ses  lilles  donnent  ainsi  des 
preuves  de  fidélité  dans  la  province,  oh  leur  maison  était  autrefois 
souveraine,  M.  le  marquis  et  M.  le  comte  de  La  Charce,  qui  sont 
actuellement  au  service,  font  connaître  leur  valeur  et  leur 
courage.  » 

Le  Mercure  Galant,  journal  de  salon  et  de  ruelles, 
s'occupait  surtout  des  menus  des  fins  dîners  offerts  par 
le  roi,  de  ses  pertes  de  jeu  et  des  racontars  de  la  Cour. 
Nous  récusons  absolument  l'authenticité  des  nouvelles 


30 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


tendancieuses  dont  il  se  fait  l'écho  et  qui  sont  contredites 
par  toutes  les  dépêches  officielles  que  nous  possédons  sur 
l'invasion  de  1692.  Nous  protestons  en  particulier,  avec 
énergie,  contre  la  prétendue  désertion  des  peuples,  au  nom 
des  enrôlements  de  volontaires  signalés  dans  les  Délibé- 
rations consulaires  des  villes  de  Crest,  Châtillon,  Nyons, 
Buis-les-Baronnies  et  Rosans,  et  au  nom  de  la  vérité  his- 
torique, ainsi  que  du  patriotisme  intelligent  et  généreux 
dont  nos  paysans  donnèrent  des  preuves  pendant  tout  le 
cours  de  la  campagne. 

En  ce  qui  concerne  la  parenté  de  la  famille  des  La 
Tour  La  Charce  avec  la  maison  souveraine  des  La  Tour  du 
Pin,  dauphins  de  Viennois,  voici  ce  que  nous  lisons  dans 
Y  Armoriai  du  Dauphiné  de  Rivoire  de  La  Bâtie  : 

«  De  graves  contestations  généalogiques  se  sont  élevées  au 
sujet  de  l'origine  de  cette  famille. Est-elle  un  rejeton  de  la  maison 
souveraine  de  La  Tour  du  Pin?  N'est-elle,  et  cela  serait  encore 
fort  beau,  qu'une  noble  et  ancienne  famille  sortie  du  Trièves  et 
de  la  Val-Chevaleureuse,  comme  l'ont  expressément  écrit  Ghorier 
et  Guy  Allard  dans  leurs  Nobiliaires  Dauphinois  et  originaire  de 
La  Cluse?  Nous  n'entreprendrons  point  de  trancher  ici  une  ques- 
tion aussi  délicate  et  nous  nous  bornerons  à  dire  que  MM.  de  La 
Tour  du  Pin,  à  tort  ou  à  droit,  sont  aujourd'hui  en  pleine  posses- 
sion de  ce  nom  illustre  qu'ils  n'ont  commencé  à  prendre  que 
vers  la  fin  du  xvn9  siècle  (1).  » 

D'autre  part,  dans  les  Notes,  puisées  aux  meilleures 
sources,  que  M.  Auzias,  avocat,  donne  sur  Philis  de  La 
Tour  La  Charce,  cet  auteur  fait  les  mêmes  réserves  et 
complète  comme  suit  le  témoignage  de  Rivoire  delà  Bàlie, 
dont  cependant  les  intentions  bienveillantes  envers  les 
familles  actuelles  nobles  du  Dauphiné  ne  sont  un  secret 
pour  personne  : 

«  L'héroïne  fut  inscrite  à  son  acte  de  naissance  sous  le  nom 
de  Philippe  (Philis)  de  La  Tour,  en  1615. — Le  26  août  de  la  même 
année,  une  fille  de  feu  César  de  La  Tour,  marquis  de  La  Charce  et 
de  Françoise  de  Saussans,  étant  âgée  d'environ  vingt  ans.  bap- 
tisée protestante,  fait  renouveler  son  baptême,  à  l'Église,  sous  le 

fl)  G.  Rivoire  de  La  Bâtie  :  Armoriai  du  Dauphiné,  Lyon,  1867.  819  pp. 
gr.  in-4°,  p.  738. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


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nom  de  Marie-Marguerite  de  La  Tour.  Sou  parrain  est  René  de  La 
Tour,  seigneur  et  baron  de  Montauban,  la  marraine  est  Lucrèce 
de  La  Tour,  marquise  de  La  Charce,  mère  de  Philis.  Celle-ci 
signe  Philis  de  La  Tour,  ou  Philis  de  La  Charce,  jusqu'en  1688. 
Le  1er  août  1688,  elle  signe  encore  Philis  de  La  Tour  La  Charce. 
C'est  seulement  à  partir  du  19  janvier  1689,  que,  dans  un  acte  de 
baptême  rédigé  par  un  notaire  qui  la  désigne  sous  le  nom  de 
Philis  de  La  Tourelle  signe  Philis  de  LaTour  du  PinLaCharce  (1).» 

Il  est  donc  vrai  que  jusqu'à  cette  date,  elle  ne  s'était 
reconnue  aucune  parenté  avec  l'illustre  et  ancienne 
maison  souveraine  des  seigneurs  de  La  Tour  du  Pin,  dau- 
phins de  Viennois  (2). 

On  assure  encore  que  le  22  septembre  1693,  le  mar- 
quis de  Larray  adressa  de  Fénestrelles  le  billet  suivant  à 
la  «  libératrice  du  Dauphiné  »  : 

«  Si  le  roi  avait  dans  ses  provinces  beaucoup  de  personnes 
comme  vous,  il  n'y  aurait  pas  besoin  d'y  avoir  des  troupes,  ni 
d'autres  forces  que  celles  de  voire  prudence  et  de  votre  zèle  pour 
son  service.  Vous  rassurâtes  si  fort  le  pays  l'année  dernière  que 
nous  vous  devons  la  tranquillité  qui  s'y  conserve.  Il  est  vrai, 
Mademoiselle,  que  j'en  ai  rendu  compte  à  la  Cour. Elle  appréciera 
certainement  tout  ce  qu'il  y  a  de  grand,  d'héroïque,  dans  votre 
conduite,  et  vous  en  serez  récompensée  par  la  reconnaissance  et 
l'estime  de  Sa  Majesté  (3).  » 

Si  le  marquis  de  Larray  a  vraiment  cru  pouvoir 
accorder  ces  éloges  à  Philis  de  La  Tour,  on  est  en  droit 
de  se  demander  ce  qu'il  entend  par  ces  mots  :  Elle  (la 
Cour)  appréciera  certainement  tout  ce  qu'il  y  a  de  grand, 
(/'héroïque,  dans  votre  conduite.  S'il  s'agit  de  l'action  qu'elle 
a  exercée  sur  ses  vaillants  coreligionnaires,  nous  savons 
ce  qu'il  en  faut  penser;  et  si  l'on  veut  faire  une  allusion  à 
des  exploits  militaires,   on  s'étonne  que  le  défenseur 

(1)  Auzias,  avocat  :  Noies  sur  Philis  de  La  Tour  La  Charce,  dans  le  Bulle- 
tin de  l'Académie  delphinale,  3e  série,  t.  Il,  Grenoble  1800-07. 

(2)  Les  lecteurs  que  la  question  de  Vorigine  princière  de  Philis  de  La  Charce 
pourrait  intéresser  trouveront  dans  les  Tableaux  généalogiques  de  la  Maison 
de  la  Tour  du  Pin  (1870)  et  dans  leurs  Annexes  (1881)  tous  les  détails  possibles 
pour  éclairer  leur  religion.  Ils  sont  conservés  aux  Archives  de  la  Drùnie 
et  dans  bon  nombre  d'autres  dépôts  publics. 

(3)  Bulletin  de  la  Société  de  statistique  de  l'Isère,  3e  série,  t.  V,  p.  28. 


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ÉTUDES  HISTORIQUES 


d'Embrun  n'en  ait  jamais  parlé  dans  ses  dépèches  à  Pont- 
cliartrain  et  à  Barbezieux. 

Ce  qu'il  y  a  d'étrange  est  que  dans  le  pays  même  qu'elle 
avait  si  brillamment  défendu  on  n'avait  pas  entendu 
parler  de  ses  victoires.  En  voici  la  preuve  péremptoire. 

Dans  une  missive  adressée  par  Mme  de  La  Bâtie  à 
Mme  de  Léberon.  sa  cousine,  en  date  du  8  février  1693. 
de  Lcltrel,  près  de  Tallard.  on  lit  ceci  : 

«  Je  ne  saurois  assez  vous  témoigner  ma  reconnaissance  de 
voire  offre  de  nous  donner  retraite  chez  vous,  si  notre  sort  nous 
eût  menés  dans  vos  quartiers.  C'est  une  chose  bien  pitoyable  que 
d'être  obligés  de  quitter  ses  maisons  et  de  trouver  partout  f.ù 
l'on  s'arrête  la  frayeur  et  l'éponvanle;  nul  lieu  de  repos  et  de 
quiétude:  partout  l'on  fuyoit  et  l'on  craignoit.  Pendant  deux  mois 
et  demi  nous  avons  été  en  campagne.  Nous  nous  arrêtâmes  à 
Nyons  dans  la  pensée,  si  l'ennemi  s'approchait,  de  passer  le  Rhône. 
Nous  apprîmes  là  le  malheureux  état  où  l'ennemi  avoit  mis  aotre 
pauvre  Gap  et  ses  environs.  Sachant  qu'il  s'en  étoit  retourné. 
M.  Toures  alla  voir  nos  chagrins  de  plus  près  et  d^s  que  je  me 
suis  pu  retirer,  tout  incommodée  que  j'étois.  à  fort  petites  jour- 
nées, je  suis  arrivée  à  un  petit  village  nommé  Lettret.  à  deux 
lieues  de  Gap  et  une  promenade  de  la  comté  de  Tallard.  Une 
petite  maison  que  j'ai  acquise  dans  Lettret  a  été  conservée,  grâces 
à  Dieu,  dans  les  flammes  de  trois  côtés:  la  Durance  étoit  de 
l'autre,  mais  il  n'y  avoit  personne  pour  éteindre  le  feu.  Il  est 
pitoyable  de  voir  toutes  les  maisons  brûlées,  ce  fort  beau  château 
de  Tallard  entièrement  brûlé  et  tout  le  bourg  qui  est  fort  consi- 
dérable... Tout  ce  pays  est  encore  dans  l'incertitude  de  ce  qui  se 
fera  dans  le  printemps  et  si  nos  troupes  seront  encore  les  plus 
faibles  (1).  » 

Voilà  donc  une  dame  appartenant  a  l'une  des  plus 
vieilles  familles  nobles  des  Baronnies.  qui  se  trouvant  dans 
un  pavs  ravagé  et  incendié  quatre  moi<  auparavant  par  les 
envahisseurs,  garde  un  silence  absolu  sur  la  •  Jeanne 
d'Arc  o  qui  en  a  débarrassé  la  contrée,  au  dire  de  ses 
admirateurs  ! 

Cela  est  bien  singulier. 

Ce  qui  l'est  encore  davantage  esl  l'extrême  réserve 
observée  par  la  marquise  douairière  de  La  Charce  dans 

(1)  Archives  de  la  Drôme.  E.n°  892. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


un  Placet  qu'elle  adressa,  le  8  juin  17(KJ,  au  contrôleur- 
général  des  finances,  sur  les  services  rendus  par  sa  fille, 
morte  le  4  juin  précédent  (1),  afin  d'obtenir  pour  elle- 
même  la  pension  de  2  000  livres  que  l'on  servait  à  la  pre- 
mière, depuis  le  mois  d'août  1691.  Elle  lui  dit  : 

«  Monseigneur, 

«  Ma  tille  aynée  que  vous  honoriers  de  l'honneur  de  vostre 
prolexlion  vient  de  mourir,  qui  est  pour  moy  à  l'aage  de  quatre 
vingt  trois  ans,  la  plus  grande  perle  que  je  pouvois  l'aire,  m'estant 
d'un  grand  secours  par  ses  soins  el  par  la  pansion  de  deux  mille 
livres  dont  Sa  Majesté  l'honoroit  annuellement  sur  son  trésor 
royal.  J'ose  vous  supplier  très  humblement,  Monseigneur,  par 
Vexlrême  besoin  que  je  en  ay  de  me  la  procurer  de  Sa  Majesté 
par  vostre  puissant  crédit  et  je  seray  toute  ma  vye  avec  une 
respectueuse  recognoissance, 

«  Monseigneur, 

«  Vostre  très-humble  et  très-obéyssante 
et  très-soubmise  servante. 

«  A  Nyons  en  Dauphiné  ce  8  juin  1703. 

«  Françoise  de  La  Tour  du  Pin,  doyrikrk  de  La  Charce  (2).  » 

On  cite,  aussi,  un  billet  qu'un  habitant  de  Gap, 
M.  Souchat  (?),  aurait  écrit  à  Mlle  de  La  Charce  : 

» 

«  A  Gap,  ce  Ki  octobre  1G92. 

«  Ce  n'est  pas  d'aujourd'hui,  Mademoiselle,  que  je  sais  que 
vous  faites  revivre  les  Amazones  Bien  que  nous  soyons  d'un 

(1)  On  lit  dans  les  registres  de  l'état  civil  de  Nyons  :  «  Du  i  juin  1703 
Philis  de  La  Tour  du  Pin  de  La  Charce,  a  été  ensevelie  daus  la  tombe  sépul- 
crale de  la  chapelle  joignant  celle  de  Saint-Crespin,  occupée  par  les  reli- 
gieuses de  Saint-Césaire.  » 

La  Gazelle  officielle  du  23  juin  1703  rapporte  comme  suit  ce  triste  événe- 
ment :  «  Demoiselle  Philis  de  La  Tour  du  Pin  de  La  Charce,  qui  depuis  sa 
conversion  à  la  religion  catholique  avait  donné  autant  de  preuves  de  sa  piété 
que  de  son  zèle  pour  le  service  du  roy,  en  plusieurs  occasions,  est  morte  à 
Nyons  en  Dauphiné,  âgée  de  58  ans.  » 

Ces  quelques  mots  renferment  le  secret  de  la  popularité  posthume  que  ses 
admirateurs  ont  voulu  lui  faire. 

(2)  Archives  Nationales  :  Papiers  du  Contrôleur  général,  Liasse  tî,  vu,  406. 
Dossier  de  M.  de  Grignan.  —  Le  comte  de  Grignan,  lieutenant-général  en 
Provence,  recommanda  vivement  cette  requête,  par  sa  lettre  du  7  juin  1703. 
La  pension  sollicitée  fut  accordée  à  la  marquise  douairière  de  La  Charce. 


3 


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ÉTUDES  HISTORIQUES 


pays  perdu,  nous  avons  ouï  parler  de  vos  exploits,  et  si  nous 
avions  élé  assez  heureux  pour  avoir  ici  quelqu'un  de  votre  valeur, 
nous  aurions  évité  très  assurément  les  maux  que  les  ennemis 
nous  ont  fails.  Si  j'en  étais  cru,  non-seulement  M.  l'Intendant, 
mais  M.  de  Câlinât  publieraient  si  fort  vos  louanges  à  la  Cour, 
que  voire  nom  y  seroit  éternisé,  puisque  c'est  à  vous  seule  qu'on 
doit  la  conservation  de  votre  pays  (1).  » 

Il  est  à  remarquer  que  M.  l'abbé  Lesbros,  le  pané- 
gyriste de  Philis  de  La  Charce,  malgré  toutes  ses 
recherches,  n'a  jamais  pu  découvrir  l'auteur  de  ce  prétendu 
billet...  Il  serait  cruel  d'insister. 

Une  lettre  de  Mme  de  Sévigné  renferme  un  passage 
des  plus  suggestifs  que  nous  voulons  rappeler  ici  :  «  J'ai 
vu,  dit  la  spirituelle  marquise,  —  (toujours  bien  informée 
et  encore  plus  impartiale...,  comme  chacun  sait),  — 
Madame  De  Vins;  M.  le  chevalier  y  présentent  Mademoi- 
selle de  La  Charce,  autrement  dit  la  guerrière  P allas  : 
elle  nous  a  conté  ses  campagnes  avec  beaucoup  d'es- 
prit »... 

On  assure  en  effet,  qu'en  1691,  sur  les  conseils  de 
l'intendant  Bouchu,  «  Philis  se  rendit  à  Paris.  Elle  fut 
reçue  par  Louis  XIV  qui  la  combla  des  marques  de  sa 
faveur,  lui  accorda  une  pension  de  2  000  livres,  comme 
à  un  colonel  —  (d'autres  disent,  avec  un  brevet  de 
colonel)  —  et  fit  déposer  au  trésor  de  Saint-Denis  son 
épée,  ses  pistolets  et  ses  armoiries  ». 

Observons  que  Hochas  qui  com plaisamment  avait  cru 
devoir  insérer  ce  dernier  détail  dans  sa  Biographie  du 
Dauplnné,  l'a  rétracté  dans  des  notes  manuscrites  ;  que 
jamais,  ni  blason,  ni  épée,  ni  pistolets  n'ont  élé  déposés 
à  celle  illustre  abbaye  et  que  le  brevet  de  colonel  est  du 
domaine  de  la  légende.  En  ce  qui  concerne  la  pension 
de  2000  livres,  elle  fut  allouée  à  Mlle  de  La  Charce, 
non  pour  ses  services  militaires...  mais  pour  son  prosé- 
lytisme religieux,  ainsi  que  nous  allons  le  voir. 


(1)  Albert  Du  Boys  :  Philis  de  La  Charce  héroïne  du  Dauphiné  au  XVIF  siècle 
dans  le  Bulletin  de  l'Académie  delphinalc,  3e  série,  t.  1.  pp.  8  H  BlliY, 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


35 


M.  de  Vertron,  l'éditeur  de  la  Nouvelle  Pandore 
(p.  405),  lui  dédia  de  son  eôté,  le  quatrain  suivant  : 

Par  la  prudence  et  la  valeur 
La  Cliarce  surpasse  Clélie; 
Par  l'esprit  et  par  la  douceur 
D'Aleyrac  surpasse  Télie. 

Mlle  d'Aleyrac,  sœur  de  Philis,  jouissait  de  la 
réputation  de  femme  lettrée. 

Ajoutons  que  Mme  Deshoulières  étant  venue  habiter 
Nyons  en  1672,  se  lia  avee  Mlle  de  La  Cliarce  et 
avec  sa  sœur  cadette  (1  ).  Bien  que  celle-ci  se  rapprochât 
davantage  d'elle  par  ses  tendances  poétiques,  ses  préfé- 
rences furent  pour  la  première  à  qui  elle  dédia  en  1673 
une  pièce  de  vers  sur  la  Fontaine  de  Vaucluse  et  adressa 
en  1685  une  Epître  chagrine. 

Enfin,  nous  ne  citerons  que  pour  mémoire  un  article 
paru  dans  le  Courrier  de  la  Drôme  et  de  l'Ardèche,  le 
30  novembre  1847,  sous  la  signature  de  Mme  Camille 
Lebrun,  oùl'onnous  dépeint  le  château  de  La  Charce,  ses 
tourelles,  ses  grandes  pièces  meublées  de  chaises  et  de 
fauteuils  «  recouverts  de  cuir  mordoré  »  —  (l'auteur  est-il 
bien  sûr  de  cet  important  détail?)  —  et  l'arrivée  inopinée 
«  d'un  lieutenant  de  dragons  envoyé  par  Catinat  à 
Mlle  de  La  Cliarce  et  à  douze  autres  gentilshommes  des 
environs  pour  les  supplier  d'armer  leurs  vassaux  et  de 
courir  au  secours  du  roi  ».  On  ne  mentionne  pas  le  fameux 
combat  du  col  de  Cabre,  mais  on  nous  entretient  d'es- 
carmouches où  Philis  repoussa  les  ennemis  :  on  ajoute  : 
«  Néanmoins  Catinat  déclara  hautement  que  c'était  elle 
qui  avait  sauvé  le  pays  en  cette  grave  circonstance  »  ! 

Qu'il  est  regrettable  que  l'illustre  maréchal  ne  men- 
tionne en  aucune  façon  dans  ses  Mémoires  cette  démarche 
de  sa  part,  pas  plus  que  les  coups  d'épée  et  de  pistolet 

(1)  La  sœur  cadette  de  Philis  de  La  Charce,  c'est-à-dire  Mlle  Marguerite 
d'Aleyrac,  nous  a  laissé  un  Madrigal  sur  la  prise  de  Gand  (1677)  et  quelques 
autres  pièces.  Qu'il  est  fâcheux  qu'elle  ne  parle  jamais  des  chevauchées  guer- 
rières de  sa  sœur  !  Les  aurait-elle  ignorées?... 


56  ÉTUDES  HISTORIQUES 

libéralement  distribués  aux  envahisseurs  par  celle  qui  csl 
devenue  la  Libératrice  du  Dauphinêï 

■5C- 

-"- 

Nos  lecteurs  trouvent,  sans  doute,  qu'il  est  temps  de 
revenir  à  la  vérité  historique  et  de  leur  indiquer  les- cau- 
ses qui  ont  valu  à  notre  héroïne,  auprès  de  certains 
auteurs,  une  popularité  que  d'autres  mettent  si  peu  d'em- 
pressement à  lui  accorder.  Nous  sommes  de  leur  avis,  et 
nous  allons  essayer  de  les  satisfaire. 

Toute  cette  légende  repose  sur  une  équivoque. 

Nous  avons  vu,  il  y  a  un  instant,  que  la  marquise 
douairière  de  La  Charce  avait  abjuré  le  protestantisme 
entre  les  mains  de  l'évêque  de  Gap,  le  11  février  1686. 
Il  est  à  croire  qu'elle  mûrissait  ce  projet  depuis  assez 
longtemps,  aussi  bien  que  ses  deux  filles,  qui  suivirent 
son  exemple,  puisque  nous  lisons  dans  le  Mercure  Galant 
(14  septembre  1092)  ces  quelques  mots  :  «  Il  y  a  peu 
d'années  que  Mlle  d'Aleyrac,  cadette  de  la  maison 
de  La  Charce  soutint  le  parti  catholique  contre  les 
mutins  qui  s'étoient  assemblés  en  Dauphiné,  près  de 
Bourdeaux  et  avaient  baptisé  leur  assemblée  du  nom  de 
Camp  de  V Eternel  (1).  ttlle  est  maintenant  à  Paris  ». 

Quant  à  Philis,  dès  le  commencement  de  1686,  nous 
la  trouvons  fiévreusement  occupée  à  catéchiser  les  réfor- 
més de  Nyons,  de  La  Motte  Chalacon,  de  La  Charce,  de 
Cornillon,  de  Montmorin,  pour  les  amènera  une  abjura- 
tion. De  cette  date  à  1702,  elle  est  marraine  de  la  plupart 
des  enfants  qui  naissent  dans  les  familles  huguenotes, 
ainsi  que  nous  l'apprennent  les  registres  de  l'état  civil 
de  La  Charce,  et  de  Montmorin.  Déjà,  le  15  janvier  (1680) 
elle  semble  avoir  contribué  à  faire  entrer  dans  le  giron 

(1)  Allusion  au  combat  de  la  Grange  Brâlëe  près  de  Bourdeaux,  le 
30  août  1683,  où  les  2  régiments  de  Barbezières  et  île  Tessé  massacrèrent  une 
soixantaine  de  protestants,  et  à  La  suite  duquel  plusieurs  prisonniers  furent 
envoyés  aux  galères  comme  Coulaud  de  Heauvallon,  et  d'autres  furent  mar- 
tyrisés comme  Coutaud  de  Hochebonne,  de  Saillans.  Cf.  BroussOD  :  Apologie 
du  projet  des  informez  de  France,  s.  1.  n.d.  1684,  in-12,  p.  187, 


ÉTUDES  HISTORIQUES  H7 

de  l'Église  romaine  «  noble  Henriette  d'AUéoud  de  Chey- 
lanne,  qui  renonça  à  toutes  ses  hérésies,  notamment  à 
celles  de  Calvin»;  quatre  jours  après,  à  son  instigation, 
l'une  de  ses  parentes  «noble  Eléonore  Arthaud  de  Mon- 
tauban  »  crut  devoir  suivre  le  même  exemple;  l'année 
suivante,  ce  fut  un  ancien  protestant,  Charles  de  Lavai, 
qui  Qt  baptiser  par  le  curé  sa  fille  Lucrèce,  dont  le  parrain 
tut  «  haut  et  puissant  seigneur  de  Montauban  ».  Celui-ci 
aurait  voulu  que  le  vicaire-général  de  l'évêque  de  Die 
présidât  en  personne  cette  cérémonie,  qui  «  eut  lieu  au 
château,  à  10  heures  du  soir,  aussitôt  après  la  naissance 
de  l'enfant  »  (20  juin  1687)  (1). 

La  mère  et  la  sœur  de  Philis  la  secondaient,  d'ail- 
leurs, de  leur  mieux  dans  son  ardeur  religieuse. 

Cela  dura  jusqu'en  1692,  au  milieu  de  la  tristesse 
indignée  de  ses  braves  coreligionnaires  et  de  l'approba- 
tion enthousiaste  de  ses  nouveaux  amis.  Mais  Fou 
apprend,  coup  sur  coup,  l'invasion  du  Dauphiné  par  les 
coalisés,  la  prise  de  Guillestre,  bientôt  suivies  par  celles 
d'Embrun-  el  de  Gap.  La  population  du  Diois  etdesBaron- 
nies  se  soulève  contre  les  étrangers. 

Quelle  fut  la  conduite  de  Philis  en  ces  dramatiques 
circonstances?  Les  uns  assurent  qu'elle  apporta  tous  ses 
soins  à  mettre  son  château  de  Montmorin  en  état  de 
défense;  -  d'autres  qu'elle  aida  le  marquis  du  Cambout  et 
les  gentilhommes  venus  pour  lui  prêter  main-forle,  à 
garder  les  défilés  du  Trièvcs,  du  Diois  et  des  Baronnies(2)  ; 
ceux-ci  affirment,  sans  preuves,  qu'elle  défitles  Barbets  (?) 
en  plusieurs  rencontres;  —  ceux-là,  soucieux  de  la  vérité 
historique  et  reconnaissant  qu'aucune  dépêche  officielle, 
aucune  délibération  consulaire  des  villes  et  des  villages 
du  Diois,  des  Baronnies  et  duGapençais,  aucun  document 
d'une  authenticité  indiscutable  ne  mentionne  ses  exploits 
guerriers,  croient  qu'elle  a  calmé  les  protestants  justement 

(1)  Cahier  des  abjurations  des  habitants  de  la  R.  I*.  1t.  de  la  Molle-Chu- 
lancon,  G  G  10,  Archives  municipales. 

(2)  Capilaine  Perreaud,  professeur  adjoint  d'art  et  d'histoire  militaires  à 
l'École  de  Saint-Cyr  :  Campagne  des  Alpes  169?,  Câlinât  cl  l'Invasion  du  Dau- 
phiné, Paris,  1802,  82  pp.  in-12. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


irrités  des  mesures  iniques  prises  contre  eux,  depuis  plu- 
sieurs années,  qu'elle  les  a  maintenus  ce  fidèles  au  roi,  à 
la  patrie,  à  l'honneur  »  et  par  ses  sages  recommandations 
les  a  détournés  de  se  joindre  aux  envahisseurs. 

Ce  sontlà desimpies  hypothèses.  Les  réformés  n'avaient 
pas  besoin  de  ses  conseils  pour  (aire  leur  devoir  :  son 
crédit  auprès  d'eux  devait  être  des  plus  restreints. 

Nous  sommes  persuadé  que  son  rôle  pendant  la 
campagne  de  1092  a  été  des  plus  effacés. 

Il  est  possible  qu'elle  se  soit  rendue  à  Paris  en  1694.  el 
que  Louis  XIV  lui  ait  accordé  une  pension  de  2000  liv.  (1). 
Mais  il  est  à  remarquer  que  celte  somme  était  prise  sur  la 
Régie  des  biens  des  religionnaires  fugitifs,  qu'elle  fut  d'abord 
allouée  au  père  de  Philis,  puis,  après  la  mort  du  marquis 
à  sa  lille  (2)  et  au  décès  de  celle  dernière,  à  sa  mère, 
alors  âgée  de  83  ans,  ainsi  que  nous  venons  de  le  voir. 
Qu'a  donc  voulu  récompenser  le  monarque?  —  «  La  piété 
autant  que  le  zèle  dont  Mlle  de  La  Charce  avait  donné 
des  preuves  depuis  sa  conversion  à  la  religion  catholique, 
pour  le  service  du  roi,  en  plusieurs  occasions  ».  (Gazette 
officielle,  23  juin  1703). 

À  ce  témoignage  décisif,  ajoutons  cet  autre  qui  n'est 
pas  moins  explicite  et  que  nous  renconlrons  dans  la 
ettre  de  recommandation  adressée  le  7  juin  1703,  par  h4 
comte  de  Grignan,  lieutenant-général  en  Provence,  au 
ministre  d'État,  Chamillard,  pour  faire  maintenirà  Mme  la 
marquise  de  La  Charce  la  pension  servie  à  sa  lille.  Il  devait 
être  fort  instruit  de  la  conduite  de  Philis  en  1092,  puisque 
Catinat  l'avait  chargé  de  garder,  avec  le  marquis  du 
Cambout,  les  passages,  depuis  les  Baronnies  jusqu'à  Sis- 
feron. 

(1)  ,  Dangeaudit  ces  seuls  mots,  à  la  date  du  9  août  :  «<  Le  roi  a  donne 
ces  jours  passés  une  pension  de  2  000  livres  à  Mlle  de  La  Charce.  •> 

(2)  Archives  du  Ministère  des  AITaires  étrangères  :  Etat  de  répartition  des 
fonds  de  la  Régie  des  biens  des  religionnaires  fugitifs,  volume  1853,  pièce  127. 
—  L'argent  qui  en  provenait  servait  aux  économats,  aux  hôpitaui  catho- 
liques, à  la  réparation  ou  à  la  construction  d'églises  catholiques,  à  rachat  de 
consciences  faibles  ou  timorées  parmi  les  protestants,  à  venir  à  l'aide  de 
ceux  qui  avaient  abjuré,  etc.  :  Archives  nationales,  Carions  des  religionnaires 
fugitifs:  TT,  314,  Mémoire  de  l'Intendant  Bouchu. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


39 


«  Monsieur, 

«  Je  ne  doute  pas  que  le  nom  et  la  famille  de  M.  le  marquis 
de  La  Charce  ne  vous  soient  connus  :  c'est  une  maison  aussi 
distinguée  par  son  zèle  pour  la  religion  dopais  leur  conversion 
qu'elle  l'est  par  sa  qualité.  Leur  exemple  jusques  ici  a  soubslenu 
dans  cetle  contrée  du  Bas-Dauphiné,  la  foy  des  bons  catholiques, 
comme  il  a  esta,  la  confusion  de  ceux  qui  nont.  fait  que  semblant  de 
l'estre.Mm*  la  marquise  de  La  Chai  ce,  la  mère,  âgée  de  quatre 
vingts  ans  est  une  personne  d'un  rare  mérite.  Monsieur  sou  (ils 
aîné  a  l'honneur  d'eslre  gentilhomme  de  la  Chambre  de  Monsei- 
gneur le  Prince(l).  Le  cadet  a  veu  brûler  dans  les  Cévenes  par  la 
fureur  des  phanatiques,  une  belle  terre  et  la  seule  maison  qui 
lui  restoit(2).  Celle  famille,  Monsieur,  vient  de  perdre  MUe  de  La 
Charce  que  l'on  pouvoit  regarder  comme  une  espèce  d'héroiue  et 
à  qui  tous  les  services  quelle  a  rendu*  à  la.  Religion  el  au  Roi,  dans 
les  pruniers  rnowernens  de  la  conversiond.es  huguenots  avoient  attiré 
des  bontés  de  Sa  Majesté,  une  pension  de  2000  francs. 

«  Pei  mettez-moi,  Monsieur,  de  joindre  mes  instantes  prières 
à  celles  de  cette  famille  qui  s'  st  aHressée  àmoy  et  dont  je  connois 
les  grands  besoins  comme  le  mérite,  pour  obtenir  du  Roy  la 
conlinuation  de  celle  pension  en  faveur  de  Mm°  la  M.  de  La 
Charce,  la  mère.  J'ose  avancer  qu'il  est  de  la  piété  et  de  la  charité 
de  S.  M.  de  soutenir  des  gens  que  l'on  peut  dire  scslrc  toujours 
signalés  pour  les  interest  de  nostre  Religion. 

«  Je  suis  avec  beaucoup  d'attachement  et  de  respect, 

«  Monsieur, 

«  Votre  très-humble  et  très-obéissant  serviteur 

«  Grkinan  (3).  » 

Le  1°  Juin,  à  Grignan,  1703. 

(1)  Henri-Jules  de  Bourbon,  prince  deCondé. 

(2)  11  s'agit  du  château  des  Plantiers,  en  Languedoc,  appartenant  à  Uené- 
Scipion  de  La  Tour,  comte  de  La  Charce,  baron  des  Plantiers  et  d'Aleyrac. 
Ces  terres  étaient  entrées  dans  sa  famille,  par  le  mariage,  en  160  i,  de  son 
aïeul  César  de  Gouverne!,  depuis  marquis  de  La  Charce,  avec  Claude  de 
Ginestoux,  fille  de  Pierre  de  Ginestoux,  baron  des  dits  lieux  et  de  Male- 
rargues,  et  de  Claude  do  Mandagot. 

(3)  Archives  Nationales.  —  Papiers  du  Contrôleur  général,  Liasse  G,  vu,  166. 
Dossier  de  M.  de  Grignan.  Cette  lettre  est  du  7  juin  el  l'on  remarquera  que  le 
Placet  qui  l'accompagne  et  que  nous  avons  cité,  est  du  8  :  —  Ce  plaeet  n'est 
pas  écrit  de  la  main  de  la  marquise  de  La  Charce,  mais  seulement  signé  d'elle. 
La  lettre  du  comté  de  Grignan  est  aussi  seulement  signée  de  lui.  Nous  l'avons 
reproduite  avec  son  orthographe  comme  le  Placet. 

Les  grands  besoins  delà  marquise  douairière  de  La  Tour  La  Charce  étaient 
arrivés  à  un  tel  point  que  sa  situation  était  voisine  de  la  misère,  comme 
nous  l'apprennent  les  Délibérations  consulaires  deNyons.  Comment,  dès  lors, 
sa  fille  aurait-elle  pu  équiper  même  un  nombre  restreint  de  tenanciers  et 
faire  l'achat  de  200  chevaux,  ainsi  que  le  raconte  gravement  la  légende? 


10 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


S'il  reste  encore  l'ombre  d'un  doute  dans  l'esprit  de 
nos  lecteurs,  nous  les  pr  ierons  de  vouloir  bien  considérer 
que  ces  historiens  consciencieux  qui  s'appellent  La  Plane  (1) 
et  Charronnet  (2),  dans  les  ouvrages  qu'ils  ont  consacrés, 
l'un  à  Sisteron  et  l'autre  au  département  des  Hautes- 
Alpes,  ne  prononcent  pas  une  seule  fois  le  nom  de 
l'héroïne  et  que  M.  l'archiviste  actuel  de  Gap  reconnaît 
que  «  les  exploits  de  Philis  ne  sont  établis  sur  aucun  texte 
authentique  »  ;  qu'enfin  M.  L'abbé Lèsbros (3),  l'aimable  et 
dévoué  panégyriste  de  «  cette  autre  Pallas  »  a  répondu 
exactement  ceci  au  savant  Champôllion-Figeac  démontrant 
dans  ses  Chroniques  Dauphinoises  (4),  que  ses  exploits 
militaires  sont  du  domaine  du  roman  : 

«  Qu'importe  un  détail  légèrement  emphatique?...  Où 
donc  est  le  mal  d'enfler  un  peu  les  belles  act  ions,  de  poétiser 
un  peu  les  caractères,  de  flatter  à  l'occasion  les  portraits 
des  grands  personnages  »? 

A  quoi  le  scrupuleux  érudit  a  répliqué  : 

«  fêvidemmont,  nous  ne  voyons  aucun  inconvénicnltrès  grave 
à  cette  manière  d'écrire  l'histoire,  et  c'est  même  la  méthode  la 
plus  agréable  pour  les  auteurs;  mais  il  faut  aussi  permettre  aux 
chroniqueurs  moins  épris  du  merveilleux  de  pouvoir  dire  :  Le 
livre  de  M.  Lesbros  contient  l'histoire  d'une  femme  remarquable 
du  xvne  siècle,  qui  a  rendu  des  services  au  roi  et  à  la  religion, 
par  son  influence  sur  les  Nouveaux  Convertis,  mais  dont  les 
exploits  guerriers  appartiennent  à  la  légende  (5).  » 

Il  nous  semble  que  la  cause  est  entendue  :  nous  savons 
maintenant  le  genre  de  services  que  l'héroïne  a  rendus 
au  roi,  à  la  religion  et  à  notre  Dauphiné. 

* 

Ajoutons  qu'à  notre  connaissance,  il  existe  cinq  por- 
traits de  Philis  de  La  Gharce  :  le  premier  peint  par 

(1)  Ed.  do  La  Plane  :  Histoire  de  Sisieron,  Urée  de  ses  archives.  Digne,  1 
2  vol.  in-8".  T.  Il,  p.  i:t0. 

(2)  Charronnet  :  Les  Guerres  de  religion  et  la  s<>ci<:/é  protestante  dans  les 
Hautes- Alpes  (1560-1789;,  Gap,  1861,  528  pp.  in-8",  livre  m.  p,  181. 

(3)  Abbé  Lesbros  :  Mademoiselle  de  LaCharee,  Paris,  (î.  Teqny,  1888,  1  vol. 
in-8-  p.  180. 

(4)  Champollion-Figeao :  Chroniques  Dauphinoises,  Vienne.  ISSi.  t.  II.  p.  298« 

(5)  Champollion-Figeac,  op.  cit.,  p,  2!);». 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


II 


l'illustre  Mignard  est  en  la  possession  de  M.  le  comte  de 
Chabrillan,  au  chûteau  de  Fontaine-Française;  —  le 
second  est  l'œuvre  de  Bonnard  :  à  cheval,  vêtue  en  ama- 
zone, sans  armure  et  tournée  à  G.;  dans  le  fond,  des 
troupes  en  marche  et  un  combat.  Légende  :  Phi  lis  de  La 
Tour  du  Pin  La  Char  ce,  fille  du  marquis  de  IAà  C /tarée, 
lieutenant  'général  des  armées  du  Vtoy,  laquelle  en  169$, 
dans  r irruption  du  dur  do  Savoy e  en  Daup/riné,  fit  arme/ 
sous  les  ordres  du  général  de  Câlinât  les  communes  de  son 
canton  et  sy  estant  mis  à  leur  tête...  1()95,  K.  B.  Del.;  — 
3°.  —  On  a  aussi  du  môme  artiste  une  gravure  de  l'hé- 
roïne :  en  pied,  debout,  la  main  sur  la  hanche,  la  droite 
posée  sur  un  cartouche  à  ses  armoiries;  dans  le  fond,  un 
combat.  (H.  Bonnard,  excud.)  et  au-dessous  cinq  vers 
latins  et  huit  vers  français  en  l'honneur  de  Phylis  : 

Cessez  de  nous  vanter  vostre  gloire  immortelle; 
Amazone,  cédez.  Phylis,  par  sa  valeur, 
Ranime  l'illustre  Pucelle 

Qui  vangea  nos  aieux  d'un  insolent  vainqueur. 

Dans  cette  amazone  nouvelle 

Pallas  recognoistroit  tout  son  air,  tous  ses  traits, 

Ou  du  bonheur  d'avoir  mesme  air,  mesmes  traits  qu'elle, 

Feroit  ses  plus  ardents  souhaits  (l). 

Un  quatrième  est  du  à  Legrip,  1856,  mesurant  2  m.  15 
sur  1  m.  40  :  «  cette  peinture  a  été  retirée  des  salles  pu- 
bliques du  Musée  de  Versailles,  comme  composition  sans 
autorité  historique,  au  moment  des  récents  remanie- 
ments, qui  ont  eu  pour  but  d'assurer  l'exposition  en  bonne 
place  des  documents  authentiques  de  notre  histoire  (2)  ». 
C'est  cependant  ce  portrait  que  que  l'on  a  choisi  pour 
reproduire  les  traits  de  l'héroïne  sur  des  milliers  de 
cartes  postales... 

Un  dernier  est  une  lithographie  sans  aucune  valeur 
iconographique  et  qui  se  trouve  à  la  bibliothèque  pu- 

(1)  Cette  gravure  fait  partie  de  la  collection  de  Hure,  à  la  Bibliothèque  na- 
tionale. On  en  a  fait  une  belle  photographie  qui  se  trouve  à  Valence,  à  la 
Société  de  statistique  et  d'archéologie  de  la  Drame. 

(2)  Note  du  distingué  M.  de  Nolhac,  conservateur  du  Musée  de  Ver- 
sailles (26  août  1906). 


42  ÉTUDES  HISTORIQUES 

blique  de  Grenoble.  Cette  ville  a  cru  devoir  donner  le 
le  nom  de  Philis  de  La  Charce  à  Tune  de  ses  rues. 

On  possède  aussi  une  statue  fort  belle  de  la  pseudo 
Libératrice.  Elle  est  due  au  ciseau  de  Daniel  Campagne, 
un  sculpteur  de  grand  talent. 

Dans  un  but  politique,  autant  que  patriotique, 
M.  Laurens,  sénateur,  maire  de  Nyons,  avait  formé  en 
1899  un  comité  et  ouvert  une  souscription  pour 
élever  une  statue  à  IMiilis.  La  somme  recueillie  et  com- 
plétée par  le  promoteur  du  projet,  s'éleva  à  5  000  fr.  et 
servit  à  payer  l'artiste  chargé  de  l'exécution  de  l'œuvre. 
La  statue  fut  exposée  au  Salon  de  1900  et  fut  très  re- 
marquée. Un  fondeur  ayant  été  choisi  pour  la  fonte 
moyennant  une  autre  somme  de  5000  fr.  ce  chiffre  ne  put 
être  atteint,  à  cause  du  refroidissement  de  l'enthousiasme 
de  la  population  mieux  éclairée  sur  les  prétendus  exploits 
militaires  de  l'héroïne. 

La  statue,  en  détresse,  paraissait  ne  devoir  jamais 
orner  le  Champ  de  Mars  de  cette  ville  de  province, 
quand,  sur  ces  entrefaites,  M.  Laurens  mourut.  Nouvelles 
complications.  Un  procès  était  déjà  engagé  en  1901  entre 
les  héritiers  de  ce  dernier,  Nyons  et  le  fondeur,  lorsque  le 
représentant  des  premiers  proposa  à  la  municipalité  de 
Grenoble  de  lui  céder  la  statue  au  prix  de  3  000  fr. ,  le  surplus 
devant  être  payé  par  la  famille  Laurens  et  la  ville  de  Nyons. 

Comme  M.  le  conservateur  du  Musée  de  Grenoble 
avait  examiné  à  Paris  le  beau  travail  de  Daniel  Campagne 
et  avait  trouvé  avec  beaucoup  de  raison  que  c'était  une 
œuvre  d'art  remarquable,  il  donna  avec  empressement 
un  avis  favorable  au  projet.  —  «  Cette  statue,  en  fonte  de 
fer  bronzé,  mesure,  dit-il,  3m.  25,  depuis  le  sol  jusqu'à  la 
main  qui  tient l'épée.  Le  mouvement  de  l'héroïne,  montée 
sur  un  cheval  qui  se  cabre,  est  d'une  superbe  allure; 
l'exécution  de  cet  ouvrage  est  parfaite  jusque  dans  les 
moindres  détails;  l'ensemble  est  très  décoratif  (i).  » 

Après  avoir  entendu   un  rapport  de  M.  Capitanl. 


I  Délibérations  municipales  de  la  ville  do  lirenoble,  9  octobre  1903 


ÉTUDES  HISTORIQUES  43 

professeur  à  la  Faculté  de  droit,  conseiller  municipal, 
concluant  à  l'acceptation  de  la  proposition  présentée, 
ainsi  quel'avaient  décidé  les  commissions  des  Finances  et 
de  l'Instruction  publique,  la  ville  de  Grenoble  fit  l'acqui- 
sition de  la  statue  équestre  de  FMiilis  de  la  Charce. 

On  assure  qu'on  la  placera  sur  un  des  côtés  du  square 
de  la  Place  dê  la  Constitution,  c'est-à-dire  près  du  Musée 
et  de  la  Préfecture. 

Et  c'est  ainsi  qu'un  jour  viendra  où  noire  brave 
peuple  saluera  de  ses  enthousiastes  acclamations  la  pseudo 
Libéral  rire  du  Dauphiné  au  préjudice  de  ceux  qui  versèrent 
leur  sang  pour  la  patrie  et  ajoutèrent  une  page  glorieuse 
à  notre  histoire  nationale  ! 


André  M  ai  lu  et. 


Documents 


POÉSIES  INÉDITES  DE  CLÉMENT  MAROT 

On  connaît  Y  «  Epistre  d'Emtorg  de  Beaulieu  à  Clé- 
ment Marot,  poète  du  Roy,  pour  lors  résidant  à  Genève  », 
publiée  au  tome  111,  p.7i6  de  l'édition  Gutffrey  et  tirée  de 
la  «  Chres  tienne  Réjouissance  »  (s.  I.  1546  in, -8°).  L'exilé, 
après  y  avoir  tant  bien  que  mal  lié  connaissance  avec  son 
nouveau  frère  d'infortune,  fui  vante  en  ces  termes  les 
cli armes  de  sa  retraite  champêtre  : 

Vien  en  vers  moy  ;  car  suis  en  un  village 
Tout  eircundé  d'arbres,  fueille  et  ramage, 
Là  où  je  n'oy  que  cors  de  pastoureaulx, 
Voix  de  brelDys,  vaches,  bœufs  et  taureaulx. 
Mais  plus  nie  plaict  encore  telle  brayrie 
Que  ne  feroit  toute  la  chantrerie 
Du  Papegay  de  Homme  ou  Antéchrist 
Dont  le  baptesme  as  doctement  escript. 

11  ne  semble  pas  qu'on  ait  accordé  à  ce  passage  toul 
son  intérêt.  Et  pourtant,  sans  forcer  le  sens  du  texte  le 
moins  du  monde,  il  paraît  bien  que  le  dernier  vers  d'Ëus- 
torg  de  Beaulieu  fasse  ici  allusion  à  une  œuvre  de  Clé- 
ment, où  le  poète  aurait  sans  doute  peint  les  cérémonies 
de  la  proclamation  d'un  pape  sous  l'image  de  celles  du 
baptême  d'un  nouveau-né.  Or  aucune  pièce  actuellement 
connue  de  Marot  ne  répond  à  une  telle  donnée. 

Toutefois,  le  hasard  a  mis  sous  nos  yeux  une  poésie 
intitulée  «  lï un  Monstre  nouvellement  baptisé  »,  recueillie 
dans  un  manuscrit  de  la  Bibliothèque  Nationale  el  qui 
pourrait  bien  être  le  baptême  du  Papegay  que  rappelle 
notre  auteur.  Il  s'agit  du  manuscril  22;>(>( >  (fi\),  premier 
tome  d'un  recueil  de  quatre  volumes  de  pièces  de  vers, 


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chansons,  sonnets,  triolets,  sur  les  guerres  de  religion, 
formé  pur  le  chirurgien  protestant  Russe  des  Nœux.  Ces 
pièces  concernent  François  llr,  Henri  11,  François  11, 
Charles  IX,  Henri  III,  Catherine  de  Médicis,  Marguerite 
de  Valois,  le  Cardinal  de  Lorraine,  Lizet,  Poyet,  Dolet, 
Calvin,  Marot.  Les  vers  qui  nous  intéressent  se  trouvent 
au  verso  du  folio  203,  seconde  colonne,  h  la  suite  d'une 
pièce  intitulée  «  Les  Papillons  »  ;  la  fin  est  au  recto,  pre- 
mière colonne  du  folio  205.  Voici  ce  morceau,  porté  sur 
le  munuscrit  sans  date  et  sans  nom  d'auteur  : 

Nouvellement  ainsi  qu'on  a  escrit 

A  Romme  esl  né  pour  tout  vray  l'Antechrisl 

Et  fut  porté  baplizer  bravement 

En  grand  triomfe  imperiallement. 

Premièrement  pour  sajie  femme  et  bonne 
Allait  devant  une  vieille  matrone 
Qui  faire  en  tout  à  sa  mode  présume 
Et  se  nommait,  dit-on,  dame  Coustume. 

Après  marchait  sapience  mondaine 
Qui  n'estoit  pas  en  son  aller  soudaine 
Ains  se  portoit  en  meure  gravité 
Avec  maintien  de  grand  sévérité 
Portant  le  sel  pour  l'enfant  baptizer. 

Puis  cheminoit  sans  ça  ne  là  vizer 
Tout  bellement  en  saftre  (1)  courtoisie 
Le  chef  enclin  Madame  Hippocrisie, 
Semblant  avoir  de  tout  l'enfant  le  soin 
Et  portait  l'eaue  pour  servir  au  besoin. 

Après  suivait  en  grand'devolion 
De  pas  à  pas  sotte  Imitation  : 
L'Aube  portoit  failte  de  broderie 
Et  enrichie  avecques  pierrerie, 
Tant  que  c'estoit  une  belle  besongne 
Or  tout  autour  «  le  feu  à  qui  en  grongne  » 
Estoit  escript  pour  la  devise  antique 
Bien  proprement  en  lettre  Hullatique. 

Après  mareboit  en  estât  triumphant 
Abuz  Parrain  lequel  portoit  l'enfant  ; 
Et  Hérésie  estant  jeune  pucelle 
Et  Tyrannie  ayant  trongne  cruelle 

(1)  Safre,  saffre,  orfroi  servant  d'ornement  (Godcfroy,  Dicl.  del'anc.  langue 
franc),  c'est-à-dire  la  courtoisie  couverte  d'orfroi. 


DOCUMENTS 


Au  près  de  luy  çà  et  là  se  tcnoient 
Et  par  les  bords  le  linge  soustenoyent 
Lequel  estoit  comme  j'ay  entendu 
Dessus  l'enfant  jelté  etestendu. 

Erreur,  après,  ce  bon  seigneur  goutteux," 
Tout  contrefait,  borgne,  bossu,  boytleux, 
L'autre  Parrain  pour  l'enfant  rapporter 
En  plein  chemin  ne  se  pouvoil  baster. 

Après  alloyent  les  deux  commères  gentes 
Qui  à  marcher  sont  assez  diligentes, 
Dame  Avarice  et  Dame  Simonie 
Tenants  propos  et  conférence  unie 
Bien  d'autre  cas  que  du  faist  du  Baptesme  : 
A\oir  de  quoy,  possible,  esloit  leur  thesme. 

Et  lors  suyvoient  les  bourgeoises  Romaines 
Que  l'on  nommoit  Traditions  humaines; 
Ydolalrie  et  Blasphème  y  estoyent 
Qui  d'un  accord  un  cantique  chantoyent 
Pour  célébrer  d'Antéchrist  la  naissance 
Et  pour  donner  au  peuple  esjouissance 
Qui  de  ce  cas  n'estoit  pas  irrité. 

En  signe  aussi  de  libéralité, 
Le  Jubilé  jadis  bien  cher  vendu 
A  tous  sans  pris  fust  partout  espandu 
Si  largement  que  bulles  et  pardons 
On  pi  isoit  moins  qu'orties  et  chardons 

Or  quand  on  vint  à  luy  bailler  le  nom 
Nom  qui  luy  fust  d'un  immortel  renom, 
Un  différent  y  eust  non  pas  pelit 
Car  un  chascun  selon  son  appétit 
Vouloit  nommer  l'enfant.  Là  bonne  Mère 
Estoit  d'avis  qu'on  l'apptdast  St  Père; 
Hippocrisie  aussi  la  belle  biffe, 
Eust  bien  voulu  qu'il  fusl  nommé  Ponlife. 
Mais  les  Parrains,  puissants  dominateurs, 
Luy  donnoienl  nom  le  Serf  des  Serviteurs  ; 
Idolâtrie  illec  sans  plus  enquerre 
Voulait  qu'il  fut  appelé  Dieu  en  terre. 

Le  Prestre  lors  qui  l'office  faisoit 
El  cest  enfant  Antéchrist  baptizoit 
Voyant  du  nom  la  grand  diversité 
Et  le  discord,  de  son  autorité 
Luy  qui  estoit  de  nation  golthique 
Luy  imposa  un  nom  fort  aulentique 
Et  quelque  nom  qu'on  luy  prononce  ou  jappe 
Il  le  nomma  et  meil  en  nom  LE  PAPE. 


DOCUMENTS 


Toile  est  la  pièce.  Elle  est  sans  nom  d'auteur,  mais 
presque  toutes  les  pièces  de  ce  manuscrit  sont  anonymes. 
Le  Balladin  lui-même,  que  renferme  le  même  recueil, 
est  dans  ce  cas,  à  côté  du  «  Grup  »  mis  sous  les  initiales 
((  Cl.  M.  »,  ce  qui  esl  nue  exception.  Enfin  les  vers  que 
nous  proposons  peignent  bien  le  baptême  du  Pape.  Avec 
Eustorg  de-Beaulieu  on  l'y  nomme  bien  Antéchrist;  le 
ton  est  parfaitement  celui  de  Marot,  et  les  nombreuses 
personnifications  de  ce  passage  nous  rappellent  la  manière 
du  Balladin  et  de  la  Complainte  de  Florimond.  11  n'est 
pas  jusqu'à  cette  devise  «  le  feu  à  qui  en  grongne  »  que 
nous  ne  retrouvions  brodée,  dans  cette  Déplora/ ion  de 
Roberlet,  sur  le  manteau  de  la  grand'dame  romaine. 
Airssi,  à  défaut  d'une  preuve  irréfutable,  nous  nous  con- 
tenterons de  ces  très  fortes  probabilités  pour  attribuer 
celte  pièce  au  poète  de  l'Adolescence. 

Ces  vers  constituent  alors  une  œuvre  capitale  dans 
l'histoire  des  idées  religieuses  de  Clément  Marot:  non 
seulement  leur  ton  de  polémique  y  est  d'une  hardiesse 
remarquable,  mais  encore  la  date  et  les  circonstances  où 
ils  ont  dû  être  écrits  paraissent  d'un  intérêt  réel. 

Si  nous  considérons  que  l'épit  re  de  Beau  lieu  est 
de  1543  et  que  la  première  œuvre  de  Marot  à  tendances 
réformées,  la  Complainte  de  Florimond  llobertet,  est 
de  1527,  nous  avons  les  deux  dates  extrêmes  entre  les- 
quelles nous  devons  situer  noire  pièce.  Or,  celle  ci  dul 
être  composée  à  l'avènement  d'un  pape:  entre  1527 
et  1543,  il  n'y  a  de  nouveau  pontife  qu'en  1534,  année  à 
laquelle  nous  lisons  dans  le  Journal  d'un  Bourgeois  de 
Paris  :  «  En  Septembre  audict  an  mourut  le  pape  Clément 
Septiesme,  de  poison,  et  fust  esleu  pape  en  son  lieu 
canoniquement  par  les  cardinaulx,  le  sixiesme  Octobre 
ensuyvant  audict  an,  Paul  troisiesme  de  ce  nom,  et  esl 
genevoys,  et  estoit  d'aage  environ  quatre  vingt  ans  ou 
plus.  —  Le  vingt  sixiesme  jour  d'iceluy  moys,  fust  faict 
asçavoirpar  les  dixeniers  de  la  ville  de  Paris,  à  la  requeste 
du  prevost  des  marchands  et  échevins,  par  les  maisons 
qu'on  feist  les  feux  de  joie  aux  careiburs  de  la  ville  de 


48  DOCUMENTS 

Paris,  à  cause  de  la  nouvelle  élection  dudictPape  Paul.  » 
Ainsi,  selon  toutes  vraisemblances,  notre  pièce  serait 
d'octobre  1534,  ce  qui  nous  révèle  dès  cette  époque  une 
netteté  et  une  hardiesse  de  pensée  qu'on  ne  se  plaisait  à 
reconnaître  en  Marot  qu'aux  dernières  années  de  sa 
vie,  aux  tristes  heures  du  Bal  lad  in  et  de  la  Complainte 
d un  pastoureau  chrétien. 

Ce  n'est  pas  tout.  De  tels  vers  de  Clément  à  une  telle 
date  éclairent  peut-être  bien  un  autre  problème. 

Tout  d'abord,  dans  l'ordre  du  vingt-six  octobre 
d'avoir  à  faire  les  feux  de  joie  aux  carrefours  de  la  ville 
de  Paris,  nous  ne  sommes  point  porté  à  voir  l'occasion 
de  la  pièce  de  Marot.  En  effet,  dans  son  Journal,  le 
Bourgeois  de  Paris  écrit  encore  à  l'année  1534  :  «  Environ 
le  vingt-quatriesme  jour  d'octobre,  furent  affichez  par 
hérétiques  des  placards  contre  le  St-Sacrement  de 
l'autel  et  honneur  des  saincls.  »  Or  le  vingt-quatre,  si 
nous  en  croyons  Marot  et  son  épître  à  Couillart,  le  poète 
n'était  pas  à  Paris.  Il  le  répète  d'ailleurs  dans  Fépître 
qu'il  envoya  de  Eerrare  au  roi.  Il  était  à  Vauluisant, 
passa  à  Lorri,  puis  vint  à  Blois  où  il  resta  trois  jours 
«  aux  dames  devisant».  Le  vingt-six,  Marot  était  donc 
à  Blois,  et  comme  le  lendemain  ou  surlendemain  il  était 
obligé  à  un  départ  soudain,  il  put  fort  bien  ignorer  sur 
le  moment  la  proclamation  du  prévost  des  marchands  de 
Paris  :  tout  au  moins  la  précipilation  de  sa  fuite  et  des 
soucis  singulièrement  graves  pouvaient-ils  lui  ôter  tout 
loisir  de  rimer.  Le  ton  même  de  lapièceeut .été différent, si 
elle  était  soitie  des  mains  du  poète  en  exil  ou  traqué  par 
la  maréchaussée  du  roi.  Si  nous  considérons  en  tin  les 
deux  premiers  vers  : 

Nouvellement  ainsi  qu'on  a  escript 

A  Rom  me  est  né  pour  tout  vray  l'Antéchrist. 

Il  semble  bien  qu'il  faille  placer  la  pièce  à  la  suite  de 
la  nouvelle  que  dut  recevoir  la  cour  de  la  proclamation 
de  Paul  III,  c'est-à-dire  peu  de  jours  après  la  première 
quinzaine  d'octobre  1534. 


DOCUMENTS  49 

Or  dans  la  seconde  quinzaine  sonl  affichés  les  fameux 
placards,  le  dix-huit  et  le  vingt-quatre,  si  nous  nous  en 
rapportons  aux  dires  du  Bourgeois  de  Paris.  Cn  connaît 
tous  les  sentiments  de  colère  que  l'événement  souleva 
dans  l'àme  du  roi.  Entre  autres  mesures  violentes,  on 
promulgua  une  liste  de  soixante-treize  luthériens  qu'on 
sommait  dtr  rentrer  à  Paris  sous  trois  jours,  sous  peine 
île  bannissement  cl  du  feu.  Des  soixante-rtreize  noms, 
nous  en  avons  quarante-huit.  Les  six  premiers  sont  des 
prédicateurs:  Pierre  Caroli,  maistre  Jehan  Le  Rentif, 
frère  François  Berlault.  Jehan  Cotiraul,  François  Quar- 
tier, Mare  Richard,  puis  Marot  :  il  est  le  septième,  tandis 
que  Fevret  n'est  que  le  vingt-sixième,  Lyon  Jamet  le  qua- 
rante et  unième.  On  perquisitionna  enfin  chez  le  poète  à 
Paris,  ses  livres  furent  saisis,  et  la  colère  de  François  Ier 
fut  telle  contre  son  valet  de  chambre  que  celui-ci  n'osa 
affronter  sa  présence  : 

A  ta  bouté  je  nTosay  tant  fier 

Que  hors  de  Bloys  party  pour  à  toi,  Sire. 

Me  présenter,  mais  quelqu'un  me  vint  dire  :  « 

Si  tu  y  vas  amy,  tu  n'es  pas  sa^e  ; 

Car  tu  pourrais  avoir  mauvais  visage 

De  ton  seigneur.  »  

Ainsi  pour  vray  m'écartai  de  la  court. 

La  place  toute  spéciale  accordée  à  (élément  Marot 
dans  les  poursuites  qui  suivirent  l'affaire  des  placards  a 
tou  jours  paru  quelque  peu  mystérieuse.  Ne  se  trouverait- 
elle  pas  a-sez  naturellement  expliquée  si.  quelques  jours 
auparavant,  le  poète  a  eu  la  hardiesse  et  la  malchance  de 
livrer  aux  seigneurs  cl  aux  belles  dames  de  la  cour  le 
manuscrit  d'une  pièce  aussi  compromettante  que  notre 
Baptême  du  Pape?  D'autant  plus  qu'un  esprit  déjàprévenii 
contre  Marot  pouvait  avec  quelque  vraisemblance  Irouvcr 
un  rapport  entre  ces  vers  et  les  placards,  soupçonner 
même  un  de  leurs  auteurs  possibles  dans  celui  d'une 
telle  satire.  N'oublions  pas  en  effet  que  les  placards 
de  1534  commençaient  ainsi:  m  J'invoque  le  ciel  et  la 


50 


DOCUMENTS 


terre  en  témoignage  de  vérité  contre  cette  pompeuse  et 
orgueilleuse  messe  papale,  par  laquelle  le  monde,  -i 
Dieu  bientôt  n'y  remédie,  est  et  sera  totalement  désolé, 
perdu,  ruyné,  abysmé.  »  Le  premier  article  portait  :  Le 
sacrifice  de  Christ  a  été  parfait  <d  ne  doit  jamais  être 
réitéré  par  aucun  sacrifice  visible.  Sont  donc  menteurs 
et  blasphémateurs  le  pape  et  toute  sa  vermine  de  cardr- 
naulx.  d'évesques  et  de  prebstres,  de  moynes  et  autres 
caphards.  diseurs  de  messes,  el  tout  ceux  qui  y  consen- 
tent. »  Ces  attaques  des  placards  contre  le  pape  pouvaient 
assez  facilement  rappeler  au  juge  la  pièce  qui  courait  à  la 
cour  sur  l'élection  du  nouveau  Pontife. 

En  résumé,  bien  des  raisons  nous  portent  i\  croiiv  que 
les  vers  du  recueil  de  liasse  des  Nœux  sont  de  Clément 
Marot.  Si  notre  attribution  e-t  juste,  il  faut  avouer  qu'en 
raison  de  la  date  que  nous  sommes  obligés  de  leur  assi- 
gner, ils  contribuent  singulièrement  à  éclairer  un  point 
resté  mystérieux  dans  la  vie  religieuse  de  Marot.  les  rai- 
sons des  poursuites  dont  il  fut  l'objet  en  1534. 

R.  Fromage. 


DÉCÈS  DE  RÉFUGIÉS  FRANÇAIS  A  GENÈVE  DE  1681  A  1710 

En  consultant  le  registre  mortuaire  de  Genève  pour 
un  autre  travail,  j'avais  été  frappé  du  grand  nombre  de 
décès  de  réfugiés  français  qui  y  sont  consignés  aux  der- 
nières années  du  xvne  siècle. 

Ce  n  Livre  des  morts  »  n'est  évidemment  pas  tenu 
selon  les  principes  de  la  science  démographique  d'au- 
jourd'hui. Il  est  en  particulier  impossible  d'en  tirer  aucun 
renseignement  utile  sur  les  maladies  ayant  causé  la  mort. 
Les  diagnostics  du  visiteur  des  morts  d'il  y  a  deux  cents 
ans  ne  peuvent  être  identifiés  avec  les  n<>m<  actuels  de  la 
pathologie.  La  seule  maladie  qui  puisse  être  étudiée 
grâce  n  celte  source  de  renseignements  est  la  petite  vérole. 


DOCUMENTS 


dont  j'ai  pu  suivi  e  la  marche  à  Genève  ou  rue  basant 
presque  uniquement  sur  le  dépouillement  du  rôle  mor- 
tuaire. 

Ce  registre  donne  des  renseignements  beaucoup  plus 
précis  sur  la  nationalité  des  morts  :  Quand  il  s'agit  d'étran- 
gers, leur  nom  est  presque  toujours  suivi  de  l'indication 
de  leur  lieu  ou  au  moins  de  leur  province  d'origine.  Les 
éléments  nationaux  ou  en  train  de  se  fixer,  de  la  popula- 
tion sont  classés  sous  les  rubriques  :  citoyens,  bourgeois, 
natifs  et  habitants. 

En  dépouillant  le  registre  mortuaire  pour  les  vingt- 
cinq  années  qui  ont  suivi  la  Révocation,  soit  du  1'  jan- 
vier 1686  au  31  décembre  1710,  j'ai  pu  relever  la  men- 
tion d'un  peu  plus  de  4  000  décès  de  réfugiés  français  sur 
un  total  de  19500  décès.  Les  réfugiés  forment  donc  pour 
cette  période  de  trente  ans  20,5  pour  100  de  la  mortalité 
totale. 

L'année  1688  est  celle  ou  la  proportion  des  décès  de 
réfugiés  fut  la  plus  forte  :  398  décès  sur  998,  soit 
40  pour  100. 

Ayant  l'intention  de  donner  plus  tard  des  détails  plus 
complets  sur  le  Refuge  à  Genève  après  la  Révocation,  je 
me  borne,  pour  aujourd'hui,  à  communiquer  la  liste  des 
noms  les  plus  notables  rencontrés  dans  cette  recherche. 
On  trouvera  donc  dans  les  pages  qui  vont  suivre  les  noms 
de  réfugiés  morts  à,  Genève  entre  1681  et  1710  et  apparte- 
nant à  des  familles  de  gentilshommes,  de  pasteurs,  de 
magistrats,  d'officiers,  de  médecins  et  d'hommes  de  loi. 
En  outre,  quelques  noms  notables  ou  honorablement 
portés  aujourd'hui  ont  été  relevés.  Il  va  sans  dire  que 
l'orthographe  des  noms  de  personnes  et  de  lieux  est  celle 
du  registre. 

Cette  mine  de  renseignements  n'a  pas  encore,  à  ma 
connaissance,  été  régulièrement  exploitée.  En  particu- 
lier, M.  H.  Bordier,  qui  a  dépouillé  dans  les  archives 
genevoises,  pour  la  seconde  édition  de  la  France  Protes- 
tante, le  registre  des  réceptions  a  l'habitation  et  une 
partie  des  documents  de  la  Bourse  française,  ne  paraît 


DOCUMENTS 


pas  avoir  utilisé  le  registre  mortuaire.  Il  a  probablement 
été  rebuté  par  les  lacunes  et  les  imperfections  que  pré- 
sente ce  registre  pour  l'époque  du  premier  Refuge. 

Avant  de  céder  la  parole  au  livre  des  morts,  il  ne  me 
reste  qu'à  signaler  la  forte  proportion  de  femmes  et  de 
vieillards  que  l'on  va  trouver  parmi  ces  noms.  Les  hom- 
mes valides  allaient  plus  loin  gagner  leur  vie  ou  offrir 
leur  épée  aux  ennemis  de  leur  persécuteur.  Ils  laissaient 
à  Genève,  premier  port  de  refuge,  leurs  vieillards  et  leurs 
femmes  délicates. 

Dr.  Léon  Gautier  . 


EXTRAITS  DU  REGISTRE  DES  MOUTS 
Réfugiés  français  notables  morts  à  Genève  de  1681  à  1710. 

1681.  — 20  janvier.  Maurice,  lils  de  Spectable  Jean  Arcbé,  mi- 
nistre du  St  Evangile  à  Main  en  Daufiné,  aagé  de  5  ans,  morl 
par  accident,  sa  demeure  à  la  Ci  lé. 

1er  juillet.  Damoyselle  Elizabetb Dupuis,  vefvede  feu  Monsieur 
Jean  Huguelan,  de  Lyon,  advocat,  aagée  de  56  ans. 

1682.  —  25  avril.  Sieur  Aymé  Alérieu,  de  Montpelier,  aagé  de 
16  ans.  mort  par  accident  d'un  coup  de  pointe  d'espéc  au  costé  dr 
l'œil  gauche,  ayant  esté  traitté  l'espace  d'un  mois. 

1683.  —  9  décembre.  Noble  Basile  de  Fonl'roide  [dej  Nismes,  aagé 
de  63  ans,  mort  de  lièvre  continue,  sa  demeure  en  la  rue  d'Enfer. 

1685.  —  31  janvier.  Sieur  Rbené  Mazal,  de  SI  Jean  de  Cembre  nu 
Vivaret,  notaire,  aagé  de  55  ans,  morl  étique,  sa  demeure  au 
liOgis  du  Mouton  à  Si  Gcrvais,  assisté  de  la  bourse  française. 
marge  :  levé  un  extrait  pour  le  Sr  Jean  Mazal,  son  lils,  le  17  juil- 
let 1723.) 

21  février.  Sieur  Etienne  Auger,  de  Besse  en  Daufiné,  aagé  de 
46  ans. 

19  septembre.  Sieur  Pierre  Trossière,  de  Monlauban,  Premier 
Régent  dans  l'Académie  de  Puy  Laurcns,  aagé  de  Î5  ans,  mort  de 
lièvre  continue  avec  inflammation  de  poulinons. 

1686.  —  24mars.  Samuel,  fi  1  s  de  Noble  Jean-François Tomassel 
et  de  Damoyselle  Louyse  de  Bretigny,  aagé  de  I"  ans.  morl  d'apo- 
plexie. 

16  mai.  Sieur  Eouys  Rambo,  Advoeal  au  parlement  de  (ire- 


DOC  1.1  M  UNIS 


noble,  aagô  de  huictante  ans,  mort  par  défaut  de  nature,  sa 
demeure  au  Chasteau  Royal,  assisté  de  la  bourse  Françoise. 

21  août.  Sarra,  fille  de  Monsieur  Charles  Mauris,  Ministre  d'Es- 
guière  en  Provence  et  de  Damoiselle  Bartheleinie  Naville,  aagée 
de  cinq  ans,  sa  demeure  rue  de  la  Poissonnerie. 

1er  octobre.  Sieur  Jean  de  Leuzière,  de  St  Jean  de  Gardonnenque 
en  Languedoc,  aagé  de  63  ans,  mort  de  fièvre,  continue. 

1687.  — 19  juillet.  Sieur  Balthazard  llibaut,  d'Orange,  chirur- 
gien, aagé  de  31  ans,  mort  étique. 

29  septembre.  Sieur  Charles  Aniel  de  liiés  en  Provence,  habi- 
tant, Ministre  du  Saint  Evangile,  aagé  de  65  ans,  mort  clique? 

10  octobre.  Damoiselle  Magdelaine  Pelouse,  de  Nismes,  aagée 
de  50  ans,  morte  étique,  sa  demeure  en  la  Grand'  Isle. 

1688.  —  10  janvier.  Dame  Claude  de  Comhellc,  femme  de  Mon- 
sieur de  Castillon  de  Beziers,  aagée  de  59  ans. 

2  février.  Damoiselle  Marie  de  Mouron,  lille  de  feu  Noble  Denis 
de  Mouron  et  de  Damoiselle  Sicile  d'Ësçoiiat.,  aagée  de  21  ans. 

18  février.  Damoiselle  Marie  Favin,  vefve  du  Sieur  Pierre 
Doublet  de  Paris,  aagée  de  61  ans,  morte  du  miserere. 

10  mars.  Sieur  Jaques  Vareille,  de  Lyon,  aagé  de  50  ans. 

13  mars.  Speetable  Chavanon,  de  Vibron  aux  Scvenes,  minis- 
tre du  St  Evangile,  aagé  d'environ  58  ans,  mort  de  lièvre  continue, 
sa  demeure  aux  Barrières,  assisté  de  la  bourse  françoise. 

28  mars.  Damoiselle  Magdelaine  D'Escarron,  de  Montélimar, 
aagée  de  60  ans,  morte  de  fièvre  continue, sa  demeure  rue  du  Boule. 

17  avril.  Justine,  lille  du  Sieur  Alexandre  llevrard  de  Grenoble 
et  de  Damoiselle  Catherine  Cherru,  aagée  de  huict  ans. 

25  avril.  Damoiselle  Jeanne  Guigner,  vefve  de  Sieur  Claude 
Turton  d'Anonais  en  Vivaret,  aagée  de  66  ans. 

30  avril.  Sieur  Toussaint  Adamcourt,  de  Paris,  marchand 
joaillier,  aagé  de  76  ans,  mort  par  défaut  de  nature. 

14  mai.  Speclable  François  Murât,  de  Grenoble,  Ministre  du 
St  Evangile,  aagé  de  58  ans,  mort  étique,  sa  demeure  au  Moulard, 
à  la  Roze . 

8  juin.  Damoiselle  Marie  Magdelaine  Chomell,  d'Anonay  en 
Vivaret,  vefve  de  feu  Paul  Tourton  de  Beaulieu  en  Vivaret  apoti- 
caire,  aagée  de  32  ans. 

15  juillet.  Sieur  Vincent  Barraquier,  maistre  chyrurgien,  de 
la  Coste  St  André  en  Daufiné.  aagé  de  46  ans. 

21  juillet.  Sieur  Pierre  de  Ferron,  de  Chateaunet  en  Dauliné, 
aagé  de  40  ans. 

10  août.  Noble  François  d'Ebrard  Seigneur  de  Mirreval  en 
Languedoch,  Capitaine,  aagé  de  33  ans,  mort  de  lièvre  continue, 
sa  demeure  au  Moulard  à  l'enseigne  de  la  Roze;  et  a  testé  parde- 
vant  Egrège  Grojean. 


54 


DOCUMENTS 


20  août.  Marie  Calandré,  femme  du  Sieur  Pierre  Villard  advo- 
cat,  de  Clermont  en  Languedoc,  aagée  de  87  ans. 

23  octobre.  Monsieur  Du  Ferron.  de  Chasleaunay  proche  Vienne 
en  Dauliné,  aagé  de  83  ans,  mort  par  défaut  de  nature,  sa  demeure 
à  St  Gervais,  au  Chosteau  Royal. 

1689.  —  6  janvier.  Damoiselle  Jeanne  de  llober,  femme  du  Sieur 
Jean  d'Aguabet,  de  Gabé  dans  le  comté  de  Foix,  aagée  de  55  ans, 
morte  bydropique,  sa  demeure  en  la  rue  des  Cbanoines,  assistée 
de  la  bourse  françoisc. 

7  février.  Damoiselle  Languiat  de  Bonjol,  Vel've  de  Noble 
Charles  de  Caubet  Seigneur  de  Falanot,  aagée  de  82  ans  morte 
par  défaut  de  nature. 

5  mars.  Damoyselle  Marguerite  fille  du  Sieur  Pierre  Margue- 
ritte,  bourgeois  d'Orléans,  aagée  de  27  ans. 

7  mars.  Sieur  Claude  Benguaron,  de  SI  Lorent  en  Languedoc 
maistre  Chyrurgien,  aagé  de  60 ans,  assisté  de  la  bourse  Irançoise. 

12  mars.  Anne  iille  du  Sieur  Jean  Knoch  pasteur  en  l'église  de 
Nismes  et  de  Damoyselle  Louyse  Baciict,  aagée  de  15  ans. 

13  mars.  Sieur  Michel  Langlois  cydevant  Capucin,  lils  d'un 
Conseiller  de  Dijon,  aagé  de  60  ans,  assisté  de  la  bourse  Irançoise. 

24  avril.  Sieur  Jean  Louys  Nadal,  de  Lyon,  marchand,  aagé 
de  42  ans. 

29  avril.  Noble  De  la  Pairière,  Sieur  de  Beauregard,  de  Tom- 
bebœuf  en  Agenois,aagé  de  41)  ans,  assisté  de  la  bourse  Françoise. 

11  juillet.  Damoiselle  Anne  Grimodet,  de  Blois,  aagée  de  23  ans. 

11  août.  Noble  Jacob  de  Magalon,  d'Ambrun  en  Dauliné,  aagé 
de  28  ans. 

11  septembre.  Damoyselle  Hélène  d'Angïlbaut,  Dame  de  Con- 
dorce  en  Daufiné,  aagée  de  V6  ans. 

29  septembre. Damoiselle  Marie  de  Roque  femme  du  SieurVigne- 
viel,  d'Angiies,  diocèse  de  St  Ponts  en  Languedoc,  aagée  de  42  ans. 

26  octobre.  Sieur  Louys  de  Guiraudet,  d'Alais  en  Languedoc, 
estudiant  en  philosophie,  aagé  de  23  ans. 

4  novembre.  Noble.  Cbarlemagne  de  Grimodet,  de  Blois,  aagé 
de  54  ans. 

30  décembre.  Damoiselle  Antoinette  Charnier,  vefve  du  Sieur 
Jean  de  Lion,  de  Montélimar,  aagée  de  70  ans. 

1690.  — 11  janvier.  Aymé  (ils  de  feu  Speclablc  Cîisar  lley,  Ministre 
du  SI  Evangile  à  Couche  en  Bourgougne  et  de  Damoiselle  Gabrielle 
de  Choudan,  aagé  de  12  ans. 

23  janvier.  Magdelaine  Clo,  vefve  de  feu  Sieur  Nicolas,  ministre 
du  St  Evangile  à  la  Grave  en  Daufiné,  aagée  de  60  ans. 

2  février.  Anne-Magdelaine,  fille  de  Sieur  Qédéon  Flour, 
minisire  du  St  Evangile  dans  le  Vivaret,  et  de  Marie  Rignol,  aagée 
de  16  ans. 


DOCUMENTS 


5  février.  Damoiselle  Magdelaine  d'André,  de  Varelte  en  Dau- 
liné, aagée  do  34  ans,  morte  clique,  sa  demeure  en  la  rue  des 
Allemans,  assistée  de  la  bourse  Françoise. 

14  février.  Suzanne  Scion,  femme  de  Jaques  Broutier,  de 
l'Aragne  en  Dauliné,  aagée  de  45  ans,  morte  do  fièvre  continue, 
sa  demeure  en  la  riie  Verdaine,  assistée  de  la  Bourse  Françoise. 
(En  marge:  levé  un  extrait  le  9  janvier'1708  pour  N.  Gaspard  de 
Permet  marquis  d'Arzillier). 

18  février.  Damoiselle  Lucresse  de  Martinet,  tomme  de  Mon- 
sieur de  Montauiban  de  Gergais,  de  St  Paul  Trois  Chasteau  on 
Dauliné,  aagée  de  25  ans. 

5  mars  à  8  heures  du  matin.  Sieur  Josué  Janavel,  du  Val 
Luzerne  et  Capitaine  auxdittes  Valées,  aagé  de  73  ans,  mort 
hydi  opique,  sa  demeure  à  la  Magdelaine. 

6  mars.  Sieur  Aymé  de  la  Grange,  de  Couche  en  Bourgougno, 
aagé  de  81  ans,  mort  par  défaut  dénature. 

21  mars.  Magdelaine,  tille  de  Monsieur  de  Hemolin  d'Àmbrun 
en  Dauliné  et  de  Damoiselle  Elizabelh  de  Bardonnanche,  aagée 
de  sept  ans. 

29  avril.  Damoiselle  Marie  Duras,  de  la  Gresière  on  Vivarot, 
femme  de  Noble  Anthoine  du  ïremolet,  aagée  de  40  ans. 

15  mai.  Anne-Marie,  lille  de  Noble  Anthoine  de  Belleau,  d'Usés 
en  Languedoc  et  do  Damoiselle  Catherine  Nicolas,  aagée  de  cinq 
jours,  morte  du  malet. 

24  mai.  Damoiselle  Catherine  Arnaud,  d'Ambrun  on  Dauliné, 
aagée  de  13  ans. 

5  juillet.  Sieur  de  la  Croisière,  de  la  Beaufrère  en  Dauliné, 
aagé  de  3(3  ans. 

21  novembre.  Noble  François-Didier  de  Pluviane  d'Ambel, 
Seigneur  de  Maille  on  Dauliné,  aagé  de  68  ans. 

27  novembre.  Damoiselle  Jeanne  de  Costebelle,  vcfve  de 
Alexandre  Gaignard,  de  Gap  en  Dauliné,  réfugiée,  aagée  de  50  ans. 

1691.  —  8  janvier.  Sieur  Salomon  Girod,  de  Grenoble,  aagé  de 
96  ans. 

6  février.  Sieur  Anthoine  Maurice,  d'Orange,  Capitaine,  aagé 
de  78  ans,  mort  d'apoplexie,  sa  demeure  à  St  Gcrvais.  (En  marge  : 
levé  un  extrait  pour  MM.  Maurice  d'Orange  le  14  juin  1724.) 

16  février.  Sieur  Claude  de  Monlallier  en  Languedoc,  aagé  de 
36  ans. 

25  mai.  Damoiselle  Marie,  lille  de  Noble  Abel  Piozet  Sieur  de 
laVallette  et  de  Damoiselle  Marie  Babault,  de  Priïillyen  Touraine, 
aagée  de  45  ans. 

16  juin.  Laurent,  lils  du  Sieur  Jerosme  Olivet  Receveur  du  Roy 
à  Nismes  en  Languedoc,  et  de  Damoiselle  Marguerite  Guiraud, 
aagé  de  18  ans. 


5ti  DOCUMENTS 

5  août.  Darnoiselle  Marin,  lille  de  Noble  Piozet  de  la  Hausset 
et  de  défunte  Darnoiselle  Marie  de  la  Vallette,  de  Pruilly  en  Tou- 
raine,  aagée  d'environ  c25  ans.  Et  a  testé  par  devant  Egrège  Joli. 

24  septembre.  Charlotte,  lille  de  Noble  Jaques  Souchet,  Sieur 
de  Moret  et  de  ])ainoiselle  Charlotte  Amiot,  aagée  d'un  an. 

3  novembre.  Judith  Savornin,  vefve  de  feu  Speclable  Pierre 
Maurice  Ministre  du  St  Evangile  en  l'église  de  Lourmarin  en  Pro- 
vence, aagée  de  70  ans. 

26  décembre.  Marie  de  Grégoire,  vefve  de  Speclable  Pierre  du 
Masse  ministre  de  l'Eglise  de  Venues  en  D'Aufiné,  angée  d'environ 
60  ans. 

27  décembre.  Jaqueline  Guenaud,  vefve  de  Speclable  Pierre 
Amiot,  Docteur  Médecin,  de  Gien-sur-Loire,  angée  de  69  ans. 

1692.  —  21  janvier.  Speclable  Estienne  Villardé-t,  de  St  Valieren 
Dauliné,  advocat  au  parlement  de  Grenoble,  aagé  de  43  ans.  \ 
testé  par  devant  Egrège  Comparet. 

6  février.  A  esté  apporté  mort  en  ville  le  corps  de  Noble  Sam- 
son  de  SI,  Laurent  de  Martinet,  natif  de  St  Paul  Trois  cliasleaux  en 
Dauliné,  de  Vevay  pour  eslre  cnsevely  en  ceste  ville  au  cemetière 
de  Plainpalais,  estant  aagé  de  dix  ans. 

7  février.  Sieur  Pierre  Yillion,  de  en  Vivaret, 
Lieutenant  Colonel  de  Cavalerie,  aagé  de  73  ans.  Et  a  lesté  par 
devant  Egrège  Fornet. 

9  mars. Darnoiselle  Estherde  St  Julien,  vefve  du  Sieur  Jean-Louis 
Masset,  gentilhomme,  de  Condorseten  Dauliné,  aagée  de  76  ans. 

15  avril.  Darnoiselle  Olympe  de  Kalstat  (?),  vefve  de  Noble 
Reynaud  de  Baron,  Sieur  de  la  Mauriace  (?),  gentilhomme  de  Nions 
en  Dauliné,  aagée  de  63  ans. 

25  avril.  Estienne,  lils  de  Speclable  Daniel  Guyraud,  de  Nismes 
en  Languedoc,  fidèle  M.  du  St  Evangile,  et  de  Louyse  Baciiet, 
aagé  de  douze  ans. 

4  mai.  Darnoiselle  Magdelaine,  fille  de  Noble  Jean  de  Bar, 
Baron  de  Moissac  en  Guienne,  et  de  Darnoiselle  lsabeau  de  Eaure. 
aagée  de  seize  ans. 

8  mai.  Pernetle  Dufour,  vefve  de  Speclable  Charles  Agniel  f. 
ministre  de  l'Evangile,  habitant,  aagée  de  60  ans. 

3  juillet.  Darnoiselle  Olympe  de  Boussel,  femme  de  Noble 
Seigneur  de  Boulayde  (?),  Sieur  de  Peyremeins  près  de  Castres  en 
Albigeois,  aagée  de  30  ans. 

18  juillet.  Darnoiselle  Isabelle  de  Bresmondc,  vefve  de  Noble 
Seigr  Charles  de  Bourgeois,  Sieur  de  Monlferrier,  Maislre  de  camp 
de  cavalerie,  aagée  de  50  ans. 

lpr  août.  Charles  lils  du  Sieur  Théophile  Morisse  en  marge 
Maurisse),  de  Lourmarin  en  Provence,  réfugié,  docteur  en  méde- 
cine, et  de  lsabeau  Matthieu,  aagé  de  deux  ans. 


DOCUM  lùNTS 


57 


3  août.  Noble  Jean  Veyres,  Seigneur  du  Buy,  de  Cïialançon  en 
haut  Vivaret,  aagé  d'environ  52  ans. 

12  novembre.  Noble  Antboine  de  Tresinoullel  Seigneur  de 
Chassère  au  bas  Vivaret,  aagé  de  H7  ans,  mort  hydropique,  sa 
demeure  en  la  Une  de  Goutance,  assislé  de  la  bourse  Françoise. 

1693.  —  13  janvier.  Sieur  Mari  in  de  la  Bcssère,  gentilhomme, 
d'Alais  en  Languedoc,  aagé  de  60  ans. 

9  février.  Speçtable  Jean  Pistord,  docteur  médecin,  de  Gex, 
aagé  de  70  ans. 

29  mars.  Damoiselle  Marie  de  Savournin.  vefve  de  Noble  Claude 
Deferron,  de  Cbasteaunay  en  Daufiné.  aagée  de  85  ans,  sa  demeure 
au  Cliasteau  Royal. 

31  mars.  Marie  Levral,  vefve  de  Marin  du  Cré,  de  Collonge 
soubs  La  Cluze,  laboureur,  aagée  de  J04  ans,  morte  par  defaul  de 
nature,  sa  demeure  au  Perron. 

29  juin.  Speclable  Paul  Borelli,  de  Nismes  en  Languedoc,  doc- 
teur médecin,  aagé  d'environ  (H)  ans,  mort  e tique  et  hydropique,  sa 
demeurecn  la  rue  de  la  Cité,  et  a  testé  par  devant  Egrège Fournet. 

14  juillet.  Paul,  tils  de  feu  Noble  Paul  de  Mainvilliers,  gentil- 
homme, de  Mets  en  Lorraine,  et  de  Damoiselle  Marie  de  Grosjeux, 
aagé  de  °J0  ans. 

15  juillet.  Noble  Jean  de  Paine,  Baron  de  Pouquarel  aux 
Sevencs.  aagé  de  53  ans. 

19  août.  Damoiselle  Elizabelh  de  Bresmond,  vefve  de  Noble 
[Pierre?!  D'Armand,  Conseiller  du  Roy  au  parlement  de  Grenoble, 
aagée  de  80  ans. 

18  septembre.  Olympe  Gaignaire,  vefve  de  Speclable  Jean 
Gelin,  de  Chaumont  en  Dautiné,  médecin,  aagée  de  (i()  ans,... 
assistée  de  la  bourse  françoise. 

20  septembre.  Gabriel,  (ils  de  feu  Speclable  Antboine  De  Maffé 
de  Vennes  en  Dautiné,  advocat,  et  de  Damoiselle  Lucresse  Citron, 
aagé  de  15  ans,  sa  demeure  à  l'enseigne  de  la  Sireine. 

2  novembre.  Jeanne  Rançon,  vefve  de  feu  Louis  Tourlon, 
notaire  royal,  d'Anonay  en  Vivaret,  aagée  de  85  ans. 

11  décembre.  Samson,  tils  de  Noble  Christophle  Hardy 
Seigneur  de  Beaulieu  et  de  défunte  Damoiselle  Guichard,  aagé  de 
19  ans. 

14  décembre.  Jean-Anthoinc,  tils  de  Nob.  Anthoine  Boeslaud 
d'Uzès  en  Languedoc  et  de  Damoiselle  Catherine  Pujolas,  aagé  de 
deux  mois,  mort  du  malet  (convulsions). 

1694.  —  12  février.  Sieur  Jaques  Lhommeau,  Sieur  du  Pont  de 
Syvray  en  Poictou,  Réfugié,  aagé  d'environ  H5  ans. 

21  février.  Damoiselle  Susane-Marie,  vefve  de  Noble  et  Spec- 
lable Jaques  Marschal  Sieur  de  la  Croix,  f.  m.  du  St  Evangile  de 
Dorpierre  en  Dautiné,  aagée  de  50  ans. 


58 


DOCUMENTS 


21  mars.  Damoiselle  Gabrielle  de  Choudens,  vefve  de  Spectable 
Ciisar  Uay,  de  Hives  en  Dauliné,  1".  m.  du  St  Evangile  de  Couche 
en  Bourgogne,  aagée  de  50  ans. 

30  mars.  Marc,  fils  de  l'eu  Spectable  Gassar  Rey,  f.  m.  du 
SI  Evangile  de  l'Eglise  de  Couches  en  Bourgougne  et  de  défunte 
damoiselle  Gabrielle  de  Ghoudens,  aagé  de  31  ans...  Et  a  testé  par 
devant  Egrège  Fornet. 

17  may.  Damoyselle  Louyse  Borel,  vefve  du  Sr  Cœsar  Revol 
de  Die  en  Dauliné,  Capitaine  de  Cavalerie,  aagée  de  68  ans. 

12  juillet.  Sieur  Michel  Dulac,  Juge  Principal  au  Seneschal 
d'Usèz,  nagé  de  69  ans. 

30  juillet.  Jaques,  lils  de  feu  Sieur  Jaques  de  Rochemond,  de 
Couches  en  la  duché  de  Bourgougne,  Capitaine  au  Régiment  de 
Montauban  en  Piedmont  et  de  Damoiselle  Marie  Bernard,  aagé  de 
onze  ans,  mort  de  la  petite  vérole. 

6  octobre.  Françoise  Mollery,  femme  de  Spectable  David 
Fressinel,  f.  m.  du  St  Evangile  d'Anduse  au  haut  Languedoc,  aagée 
de  50  ans. 

1695.  —  29  janvier.  Damoiselle  Jeanne  de  Germes,  vefve  de 
Spectable  Matthieu  de  la  Roque,  Ministre  du  SI  Evangile  en 
l'Eglise  de  llouen,  aagée  de  75  ans,  morte  élique,  sa  demeure  en 
la  rue  des  Chauderonniers.  Et  a  lesté  par  devant  Egrège  Gros- 
jean. 

8  mars.  Jean-Louys,  fils  de  Noble  Jean  de  Genaz  Sieur  de 
Bcaulieu,  d'Uséz  en  Languedoc,  et  de  Damoiselle  Toinetle  Gassaud, 
aagé  de  huict  jours. 

14  mai.  Vincent,  lils  de  Spectable  Benjamin  de  L'Amande,  doc- 
leur  médecin,  de  Crest  en  Dauliné  et  de  Damoiselle  Marie  d'Aleond, 
aagé  de  six  semaines. 

27  juillet.  Damoiselle  Jeanne  de  Bonne,  vefve  de  Noble 
Charles  d'Arbarestier  Seigneur  de  Montclar  en  Dauliné,  aagée 
d'environ  95  ans,  morte  par  défaut  de  nature. 

1696.  —5  janvier.  Salomon  Moellon,  Sieur  delà  Mouillière,  aagé 
de  78  ans. 

7  janvier.  Noble  Anthoine  Boesleau,  gentilhomme,  d'Uséz  en 
Languedoch,  aagé  d'environ  45  ans. 

22  janvier.  Alexandrine  Sabattier,  vefve  de  Noble  Anlhoine 
Maurice,  d'Esguière  en  Provence,  Capitaine,  aagée  d'environ 
67  ans. 

5  mars.  Gabrielle  lille  de  Spectable  David  Freschinet  d'Anduze 
en  haut  Languedoc,  f.  m.  du  St  Evangile,  et  de  défunte  Françoise 
Mollcri,  aagée  d'environ  \A  ans. 

15  mars.  Damoiselle  Marthe,  tille  de  Noble  Jean-François  de 
Bon,  de  Farges  au  pays  de  Gex,  et  de  Damoiselle  Louyse  de 
Poncet,  aagée  de  douze  ans. 


DOCUMENTS 


59 


23  avril.  Damoyselle  Olympe  Portai,  femme  de  Noble  Laurent 
de  Cephise,  de  Donserre  enDaufiné,  aagée  d'environ  44  ans, 

6  mai.  David,  lils  de  Noble  Jaques  Vial,  gentilhomme  de 
D'Ail  Ion  en  DauQné,  et  de  Damoiselle  Catherine  Boultier,  âgé 
d'environ  vingt  ans. 

22  mai.  Speclable  Jean  de  la  Porte,  de  Saint-Jean  de  Gardon- 
ningues  en  haut  Languedoc,  f.  m.  du  Sl-Evangilc  aagé  d'environ 
55  ans.  * 

16  juin.  Damoiselle  Magdelaine  femme  de  Noble  de  Ge- 
neyiargues,  d'Anduze  en  Languedoc,  aagée  d'environ  44  ans. 

26  juin.  Anthoine,  lils  de  feu  Noble  Uhené  de  Roehemond,  de 
Couchesen  Bourgogne,  capitaine  d'infanterie,  el  de  Mari»1  Bernard 
(âge  non  indiqué). 

27  juin.  Speclable  Pierre  Dodet,  advocat,  de  Nismes  en  Lan- 
guedoc, aagé  d'environ  81  ans. 

1e'  juillet,  Damoiselle  Justine  Matthieu,  femme  de  Noble  Marc 
de  Beau  Jiepaire  en  Daufiné,  aagée  d'environ  30  ans. 

16  juillet.  Catherine,  fille  de  Spectable  Jean  Tendon  de  Mont- 
pellier, f.  m.  du  St-Evangile,  et  de  Damoiselle  Marguerite  Loze, 
aagée  de  cinq  sepmaincs. 

5  octobre.  Claude,  fils  de  feu  Speclable  Gros,  docteur  en  mé- 
decine, de  Die  en  Dautiné,  advocat,  et  de  défunte  aagé  d'envi- 
ron 35  ans. 

5  octobre.  Damoiselle  Catherine  Morin,  femme  de  Speclable 
Jean  Payan,  de  St-Paul  Trois  chasleaux  en  Dautiné,  advocat 
aagée  de  36  ans.  A  testé  par  devant  Egrège  Morell. 

6  décembre.  Magdelaine  Guyraud,  vefve  de  Pierre  Viard,  de 
Sommières  en  Languedoc,  capitaine  de  cavalerie,  aagée  de  60  ans. 
Et  a  testé  par  devant  Egi  ège  Fornet. 

21  décembre.  Damoiselle  Marguerite  Buve,  vevfve  de  Noble 
Verderine,  Conseiller  au  siège  présidial  de  Montpellier,  aagée  d'en- 
viron 71  ans. 

1697  —  2  janvier.  Ësther,  lille  de  feu  Spectable  Samuel  Du  Clos, 
docteur  médecin,  de  la  ville  de  Mets  en  Lorraine,  et  de  défunte..., 
aagée  d'environ  60  ans.  Et  a  testé  par  testament  holografe. 

2  janvier.  Alix,  lille  de  feu  Spectable  Jaques  Canet,  advocat, 
de  St  Ciergue  en  Quercy,  et  de  défunte...,  aagée  d'environ 
50  ans. 

12  janvier.  Damoiselle  Anne  Falaisau,  vefve  de  Spectable 
Joseph  Falaiseau,  advocat  au  siège  présidial  de  Tours  en  Touraine, 
aagée  d'environ  80  ans,  morte  par  défaut  dénature. 

1er  mars.  Magdelaine,  fille  de  Noble  Louys  de  Yignoles  de 
Nismes  en  Languedoc,  et  de  Damoiselle  Louysc  d'Aubais,  aagée 
de  9  ans. 

25  avril.  Isabeau,  lille  de  feu  Spectable  Jean  Thier  f .  m.  du 


(il) 


DOCUMENTS 


St-Evangilc  d' Ambrun  en  Daufiné,  et  de  Marie  Toulouson,  aagée 
d'environ  22  ans. 

1er  juin.  Spectable  Jean  ftuffier,  f.  m.  du  St  Evangile  en  l'Eglise 
de  Molinc  en  Daufiné,  aagé  d'environ  70  ans. 

25  août.  A  esté  apportée  morte  en  ville  Damoiselle  Jusline  de 
Payan,  vefve  de  Noble  Laurent  de  Martinet,  Seigneur  de  ïtossard, 
aagée  d'environ  55  ans,  morte  d'apoplexie  à  Nyon. 

2  septembre.  Damoiselle  Françoise  Marie,  fille  de  Spectable 
.lacob  Jautbial,  advocat,  de  Cbâlons-sur-Saône,  et  do  Espérance 
Hermet,  aagée  d'environ  17  ans. 

28  novembre.  Damoiselle  Lucresse  de  Montbrun,  vevfve  de 
Noble  Alexandre  marquis  de  la  ("baux,  aagée  d'environ  50  ans, 
morte  de  la  petite  vérole. 

1er  décembre.  Sieur  François  Favier  d'Anduze  en  Languedoc, 
Ingénieur  et  entrepreneur  d'ouvrages  de  fortification  pour  le  Roy, 
aagé  d'environ  67  ans.  El  a  testé  par  devant  Egrège  Morell. 

3  décembre.  Damoiselle  Marie  de  Caumont,  femme  de  Noble 
et  Spectable  François  de  Jousseau,  advocat  en  la  ebambre  de 
l'édictde  Castres  en  Albigeois,  aagée  d'environ  42  ans. 

1698.  —  22  janvier.  Noble  et  Spectable  François  de  Jousseau, 
advucat  en  la  ebambre  de  l'édict  de  Castres  en  liant  Languedoc, 
aagé  d'environ  70  ans.  Et  a  lesté  verbalement. 

16  février.  Damoiselle  Anne  Vassol  vefve  de  Spectable  Lazare 
Bonneau,  advocat,  de  Châlons-sur-Saône,  aagée  d'environ  84  ans. 
Et  a  testé  pardevant  Egrège  Morell. 

23  février.  Damoiselle  Catherine  Folcbiér,  vefve  de  Spectable 
Noël  Dupuy,  de  Vans  en  Languedoc,  diocèse  d'Usés,  advocat  au 
Parlement  de  Thoulouze,  aagée  d'environ  49  ans.  Et  a  testé  par 
devant  Egrège  Coin pa tel. 

19  mars.  A  esté  apporté  mort  en  ville  Robert,  fils  de  Spectable 
David  Hugues,  Sieur  de  Benivins  '■(?),  advocat  de  Grenoble,  et  de 
Anne  Pelosse,  aagé  de  cinq  sepmaines. 

21  mai.  Alexandre,  fils  de  Spectable  Benjamin  de  la  Mande,  de 
Creslen  Daufiné,  docteur  médecin  el  de  Damoiselle  Mai  ieFredollet, 
aagé  d'environ  18  ans,  mort  par  accident  arrivé  par  un  coup  d'ar- 
quebuze  au  Plainpalais. 

27  mai.  Egrège  Antboine  Girod,  de  Roman  en  Daufiné,  cy 
devantprocureurau parlement  de  Grenoble,  aagé  d'environ  84  ans. 

30  juin.  Damoiselle  Marie  de  Sillot  (?),  femme  de  Noble 
Marc  de  Yesc,  gentilhomme,  de  LorioJ  en  Daufiné.  aagée  d'environ 
52  ans.  (En  marge  •  levé  un  extrait  le  17  octobre  1738  pour  Ma- 
dame Marsani  (?)  de  Fonjuliane.) 

2  août.  Damoiselle  Marie  de  Falaiseau,  vefve  du  Sieur  Jaques 
Gautier  de  Paizy,  de  Mois  sur  Loire,  aagée  d'environ  buielante 
quatre  ans. 


DOCUMENTS 


(il 


14décembre.  Damoisclle  Marguerite  Armenaud,  vefve  du  Sieur 
Pierre  Marguerite,  d'Orléans,  Partisan  dans  los  alîaires  du  lioy, 
aagée  d'environ  78  ans.  Ml  a  lesté  par  devant  Egrège  Grojean. 

1699.  —  22  janvier.  Spectable  Jaques  de  Mesianne,  Sieur  do 
Badone  (?),  f.  m.  du  St  Evangile  on  l'Eglise  en  bas  de  Langue- 
doc («à'),  du  dioceze  de  Nisines,  aagé  d'environ  75  ans.  A  lesté  par 
devant  Egrège  Bedevole. 

9  avril.  Danioiselle  Jeanne-Marguerite,  lî lie  de  Noble  Henry 
de  Martine,  Seigneur  de  Sargy  au  pays  de  Oex,  el  de  Danioiselle 
Juliane-Calherine  D'Amon,  aagée  d'environ  dix  ans. 

24  avril.  Danioiselle  Marguerite  Gautier,  vcfve  de  Noble... 
de  Bourneau  (?).  Présidant  à  Saurnur,  îiàgéo  d'environ  8(1  ans.  A 
testé  par  devant  Egrège  Martine. 

23  mai.  Danioiselle  Françoise,  tille  de  Noble  Antboine  de  la 
Maiia,  de  Condorsel  en  Dauphiné,  el  de  Damoiselle  Oliinpe  de 
Qualica  (?),  aagée  d'environ  35  ans. 

30  juin.  vYnne  tille  de  feu  Spectable  Pierre  De  Massé  t.  ni.  du 
SI  E.  en  l'Egl.  de  la  Vallée  de  Quairas  en  Dauphiné,  et  de  defluncle 
Demoiselle  Marie  de  Grégoire,  aagée  d'environ  28  ans,  assistée  de 
la  bourse  françoise. 

5  août.  Danioiselle  Judith  de  ttafelis,  vefve  de  Noble  Alexandre 
de  FilloI,  de  Monleliniar  en  Dauphiné,  aagée  d'environ  5°2  ans.  Et 
a  testé  par  devant  Egrège  Joly. 

30  août.  Pierre-Charles,  îils  de  Noble  Cacarde  Rigaud  Sieur 
de  Montioux  proche  de  Montlimar,  et  de  Danioiselle  Judith  de 
Pontcherra,  aagé  d'environ  3  ans. 

30  août.  Marie  de  Bossel  (ou  Bossel),  femme  du  Sieur  Cassai1 
de  la  Marre,  de  Meints  en  Daufiné,-  capitaine  d'infanterie  en  Ho- 
lande,  aagée  d'environ  56  (ou  (16)  ans.  Elle  a  testé  par  devant 
Egrège  Joly. 

1er  septembre.  Noble  François  Oudde,  gentilhomme  Bretlon, 
aagé  d'environ  74  ans. 

11  septembre.  Danioiselle  Jeanne,  fille  du  Sieur  Jean  Roch 
Lieutenant  du  Gouverneur  du  Chasteau  de  Gcx,  et  de  défunte 
Jeanne-Antoinette  Rouph. 

13  novembre.  Pierre-François,  fils  du  Sieur  Jean-François  de 
la  Picardière,  de  St  Marcelin  en  Dautiné,  Réfugié,  et  de  Danioiselle 
Lucrèce  de  Montauban  de  Villars,  aagé  de  8  jours. 

14  décembre.  Danioiselle  Magdeleine,  fille  de  feu  Noble  Jaques 
De  Durand,  Président  à  Orange,  Seigneur  de  Riconnières,  Pont 
aux  ails  (?)  et  autres  lieux,  et  de  Danioiselle  Jeanne  de  Jouberl, 
aagée  de  65  ans,  a  testé. 

1700.  —  4  janvier.  Danioiselle  Françoise  de  Vignole,  vefve  de 
Noble  Jaques  de  Bocslau,  de  Nimes  en  Languedoc,  Seigneur  de 
Castelneau  (âge  non  indiqué). 


62 


DOCUMENTS 


7  janvier.  Damoiselle  Anlhoinelte  Du  Verney,  femme  de  Noble 
de  Cannelle,  de  Mêmes  au  haut  Languedoc,  dépendance  de 
l'Evesché  d'Alèz,  Seigneur  de  Baletlier,  aagée  d'environ  55  ans, 
sa  demeure  au  Moulard  à  la  Rose. 

10  avril.  Noble  Jean  Caze  de  Montpellier,  gentilhomme,  aagé 
d'environ  92  ans,  mort  par  deffaut  de  nature,  sa  demeure  à  la 
Cour  de  St-Pierré. 

10  mai.  Marguerite  De  Juste,  vefve  de  Spect.  Desahut, 
Docteur  Médecin,  de  StÀnthonin  en  Guyenne,  aagée  de  57  ans. 

21  août.  Noble  Jaques  D'Horte,  gentilhomme,  de  Beziers  en 
Languedoc,  réfugié,  aagé  d'environ  50  ans. 

9  octobre.  Damoiselle  Susanne  Deplanche,  veve  de  feu  Spec- 
table  Osiata  Bernouin,  advocat,  de  Montelimar,  aagée  d'environ 
80  ans. 

9  novembre.  François  Desmaretz,  ministre  du  St  Evangile 
en  l'Eglise  d'Alez  au  Haut  Languedoc,  aagé  d'environ  s5  ans, 
mort  d'hydropisie  joint  la  vieillesse  a  testé  olographiquement. 

N.  B.  Toutes  les  dates  ci-dessus  sont  données  vieux  style. 
Elles  sont  donc  de  dix  jours  en  retard  sur  le  calendrier  usité  en 
France  jusqu'au  28  février  1700  et  en  relard  de  11  jours  pour  les 
dix  derniers  mois  de  1700.  Les  dates  qui  suivent  sont  données 
d'après  le  nouveau  style  grégorien  entré  en  vigueur  à  Genève 
avec  le  nouveau  siècle,  soit  le  12  janvier  1701. 

1701.  —  20  janvier.  Jean-Jaques,  fils  de  Jean-Jaques  Soulier,  de 
Ganges,  Capitaine  au  service  du  Roy  d'Angleterre,  et  de  Dlle  Isa- 
beau  De  la  Cour,  âgé  de  3  jours,  mort  de  convulsions. 

22  février.  Uranie  Roman,  vefve  de  feu  Sr  Getteau,  de  Die. 
Capitaine  au  service  du  Roy  en  France,  âgée  de  65  ans. 

5  mars.  Flizabeth,  fille  de  Noble  François  de  Mallelargues  et 
de  Demoiselle  Françoise  de  Monceau,  de  Languedoc,  âgée  de 
23  ans. 

1er  avril.  Nicolas  Chaumel,  de  Paris,  Maître  sculpteur,  aagé  d'en- 
viron 55  ans  Assisté  B.  Fr. 

12  avril.  Anne  De  Bougnot,  vefve  de  Spect.  Jean  Berne,  advo- 
cat, de  Valence  en  Daufiné,  aagée  de  85  ans,  morte  de  décrépitude. 

5  juillet.  Samuel-François  Janlial,  (ils  de  Spect.  Aymé  J  an  liai, 
de  Chalon  sur  Saône,  docteur  médecin,  et  de  Marguerite  Gravier, 
âgé  de  15  ans. 

22  août.  Claudine  de  Suffise,  vefve  de  Aymé  de  Ferréul,  Sr  du 
Mas,  de  Montelimard,  âgée  de  60  ans. 

26  août.  Jeanne  Bitri,  vefve  de  No.  Philippe •Christofle  De 
Livron  De  Brue,  pays  de  Gex,  âgée  de  78  ans 

1702.  —  1er  décembre.  Damoiselle  Jeanne  Guiraud,  femme  de 
Noble  Claude  d'Albenas,  de  Nismes,  âgée  de  (il  ans. 


DOCUMENTS 


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7  décembre.  JV1.  Jaques  Bouvière,  ministre  du  Si  Evang, 
d'Ales  en  Languedoc,  âgé  de  64  ans. 

1703.  —  7  janvier.  Demoiselle  Judith  de  Bardonnancc,  vefve 
de  Mr  Pierre  Guichard,  de  Trièves  en  Dauphiné,  agécde  77  ans. 

21  mars.  Mr  Pierre  Fise,  docteur  on  droict,  do  Montpelier, 
âgé  de  75  ans. 

16  juin.  Demoiselle  Françoise  De  Vignole,  fi  Ile  de  Noble 
Louis  De  Vignole,  de  Nirncs,  el  de  Demoiselle  Madeleine  de  Ba- 
setris,  âgée  de  12  ans. 

16  juin.  Noble  Louys  d'Àubais,  marquis,  do  Languedoc,  âgé 
de  57  ans.  \  lesté  par  Egrège  Beddevole. 

25  juillet.  Àndrienne  Tandon,  lillc  de  Spectable  Jean  Tandon, 
Réfugié,  Minisire  du  SI  Evang.,  et.  de  Marguerite  Lauso,  âgée 
d'environ  5  ans. 

12  août.  Demoiselle  Elisabeth  Capon,  vefve  de  Noble  Antoine 
de  Ricard,  de  Montpellier,  âgée  de  (>8  ans. 

30  août.  Sr,  .laques  Charnier,  de  Montélimart.  âgé  de  60  ans. 

30  août.  Jaques  Marquis,  lils  de  Mr  Jaques  Marquis,  avocat, 
d'Orange,  et  de  Dlle  Marthe  Pelet,  âgé  de  2  ans,  mort  de  la  petite 
vérole, 

1"  octobre.  Damoiselle Françoise  Rosel  (ou  Rosel),  vefve  de  feu 
Speclable  François  Malle,  de  SI  Hipolite,  ministre  du  SI  Ev.,  âgée 
de  78  ans. 

12  octobre.  Paul,  lils  de  feu  Mr  Pierre  Tremolièro,  de  Paris,  et 
de  Dam«>i-elle  Susanne  Joissin,  âgé  de  15  ans. 

11  novembre.  François,  lils  de  Mr  Gabriel  Convenant,  Conseil- 
ler, d'Orange,  et  de  Damoiselle  Elisabeth  Debenicroix,  âgé  de 
de  4  ans,  mort  de  la  petite  vérole,  à  la  Chasse  Roiale. 

20  novembre.  Noble  Jean  De  Bar,  Réfugié,  Baron  de  Mausac, 
âgé  «le  63  ans. 

20  novembre.  Sr  Jaques  Soulié  réfugié,  capitaine,  de  Gange 
en  Languedoc,  âgé  de  55  ans. 

27  novembre.  Demoiselle  Anne  De  Richaut,  vefve  de  Noble 
Barthelemi  De  Marole,  de  V i tri  le  François,  âgée  de  30  ans. 

1er  décembre.  Anne  Delapile.  vefve  de  Mr  Gabriel  Dédier 
grefier  au  parlement  d'Orange,  âgée  de  51  ans. 

1704.  —  20  janvier.  Dame  Madeleine  deBrignacde  Monlarnaud, 
vefve  de  Messire  Jean  de  Balthazard,  de  Simmern  au  Palatinat, 
âgée  de  76  ans. 

21  février.  Demoiselle  Marguerite  de  Durand,  vefve  de  M.  Jean 
Louis  Delalonl,  gentilhomme,  de  Nion  en  Dauphiné,  âgée  de  68  ans, 

9  avril.  Demoiselle  Toinette  Renaud,  femme  de  Mr  André 
Coregn.  médecin,  d'Orange,  âgée  de  48  ans. 

10  avril.  Susanne  Jartou,  vefve  de  Mr  Pierre-Anlhoinc  Girod, 
Ministre  du  St  Evangile  de  Serre  en  Dauphiné,  âgée  de  66  ans. 


64 


DOCUMENTS 


12  avril.  Mr  Bonoist  de  la  Reail,  réfugié,  advocat,  de  Beaulicu 
en  Poictou,  âgé  de  71  ans. 

26  avril.  Madame  Jeane  Defrère  Dubartas,  femme  de  Noble 
D'Aslor  de  Monbartier,  Colonel,  proche  de  Montauban,  âgée  de 
65  ans. 

1er  mai.  Madame  Louise  Dingairesque,  vefve  de  Messire Charles 
De  Vignols,  vicomte  de  Courmonlaral  en  Languedoc,  âgée  de 
70  ans. 

9  mai.  Alexandre  de  Mallerargue,  (ils  de  Noble  César  de  Mal- 
lerargue, marquis,  de  Languedoc,  chambellan  et  général-major 
du  Roy  do  Pologne,  et  de  Madame  Louise  Do  .lugos,  âgé  de 
16  mois. 

17  mai.  Mr  Vincent  Vial,  réfugié,  avocat  au  parlement  de  Gre- 
noble, âgé  de  85  ans. 

31  mai.  Demoiselle  tësther  Declave,  vefve  do  Mr  Jaques  Lou- 
mau  Sr  Dupont  du  bourg  de  MaDieu  en  Poictou,  âgée  de  7(j  ans. 

7  juillet.  Sr  Paul  Volet,  réfugié,  avocat,  de  Nismes,  âgé  de 
79  ans.  A  testé  par  devant  Egrège  Pournol. 

15  juillet.  Demoiselle  Madeleine  de  Bonniot,  veuve  de  Noble 
Gaspard  Etienne  de  Morar  Seigneur  de  Cleles  en  Dauphiné,  âgée 
de  68  ans. 

1705.  —  16  janvier.  Mr  Jean  Sorin,  réfugié,  ad  vocal,  de  Nismes' 
âgé  de  77  ans. 

12  février.  Demoiselle  Jeanne  Polisson,  veuve  do  MrDeRapin, 
de  Montauban,  advocat  au  parlement  de  Toulouze,  âgée  de  80  ans. 

22  mars.  Madame  Madeleine  de  Vigniol,  réfugiée,  de  Cornon 
en  Languedoc,  veuve  de  Mr  Pierre  de  SI,  Vcran,  Conseiller  au  Par- 
lement de  Toulouze,  âgée  de  63  ans. 

5  mai.  Demoiselle  Anne-Marie  Derval,  veuve  de  Mr  Crassel, 
habitant  de  Lyon,  âgée  de  80  ans.  A  lesté  par  devant  Mire 
Girard. 

21  juin.  Sr  Louis  Say,  réfugié,  de  Nimes  en  Languedoc,  âgé 
de  53  ans. 

1706.  —  18  mai.  Demoiselle  Marguerite  de  Houx,  veuve  de 
Mr  Jean  De  Baudan,  de  Nîmes,  âgée  de  6o  ans. 

25  août.  Sr.  Laurent  Domergue,  de  Monlpelier,  âgé  de  86  ans. 
12  octobre.  Demoiselle  Madeleine  Heinaud,  tomme  de  Mr  Jean 
Vigut,  major  de  la  garnison  d'Orange,  âgée  de  58  ans. 

1707.  —22  février.  Marie  de  SI  Laurent,  tille  de  Noble  Louis  de 
SI  Laurent,  Conseiller  au  parlement  d'Orange,  et  de  Dlle  Judit  do 
Sozin,  âgée  de  30  mois. 

21  juillet.  Demoiselle  Galcrine  Capilel,  femme  de  Mr  Vincent 
Ardin  Seigneur  de  Clavillière,  âgée  de  79  ans.  A  testé  par  devant 
Egrège  Deharsu. 


DOCUMENTS 


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1708.  —  29 février.  Demoiselle  Marie  Devinay,  vefvc  de  Mr  An- 
toine Bourget.  M.  du  St  Ev.,  d'Anonay,  âgée  de  76  ans. 

7  juin.  Mr  Laurent  de  Soulizc,  réfugié,  de  Donzer  en  bas 
Dauphiné,  âgé  de  60  ans. 

13  août.  Demoiselle  Marguerite  Devinay,  veuve  de  Mr  Antoine 
Laurent,  Docteur  médecin,  d'Anonay,  âgée  de  74  ans. 

21  octobre.  Spectable  Alexandre  Devinay,  d'Anonay,  M.  du 
St  E.,  âgé  de  71  ans. 

13  novembre.  Demoiselle  Jeanne  Bourely,  veuve  de  Noble  Jean- 
Etienne  de  Chossegros,  vivant  Soigneur  de  Mimet  en  Provence, 
âgée  de  66  ans,  a  testé  par  devant  Mtre  Beddevole. 

1709.  —  13  janvier.  Spectable  Etienne  Aunel,  d'Orange,  M.  du 
St  E.,  âgé  de  7i  ans. 

19  janvier.  Demoiselle  Laure  de  Lange  de  Monmiral,  femme  de 
Noble  Pierre  de  Beaucastel,  de  Gourtaison  principauté  d'Orange, 
âgée  de  78  ans. 

12  février.  Jeanne  Dupont,  veuve  de  ....  Soleil,  M.  du.St  E.,  du 
Vigan  en  Languedoc,  âgée  de  70  ans,  assistée  à  laBourcefr. 

2  mars.  Suzanne  Felchère,  veuve  de  Claude  Koberty,  de  Vans 
en  Languedoc,  âgée  de  60  ans. 

8  juin.  Demoiselle  Anne  de  Restauran,  veuve  de  Mi"  de  la  Tour 
de  Laleau,  de  Montélimard,  âgée  de  67  ans,  a  testé  devant  Mtre...? 

29  juillet.  Jean-Daniel  Vergne,  fils  de  Spectable  Charles  Vergne, 
M.  du  St  Ë.  (de  Montauban),  et  de  Marie  Connel,  âgé  de  13  ans, 
mort  de  convulsions  avec  lièvre  à  l'Hôpital  françois  (dont  son  père 
était  aumônier). 

1er  décembre.  JeanRomagnac,  lilsdeSpect.  Hugues  Romagnac, 
habitant,  Min.  du  St  Ev.,  et  de  Pernette  la  Combe  âgé  de  U  jours, 
n'étant  né  à  terme. 

3  décembre.  Pernelte  La  Combe,  femme  de  Spect.  Hugues 
Romagnac,  habitant,  M.  du  St  Ev.  et  Régent  de  la  1ère  classe,  âgée 
de  35  ans. 

1710.  —  24  mars.  Noble  Gaspard  de  Perinet  marquis  d'Arze- 
liers,  de  l'Aragne  en  Dauphiné,  âgé  de  65  ans,  mort  d'une  gan- 
grène à  la  jambe  et  au  pié...  A  testé  par  devant  M0  Girard.  (En 
marge  :  Levé  un  extrait  le  9  mai  1710  pour  Dame  Marie  Hardy  sa 
veuve.) 

17  décembre.  Sr  Gilles  Desgatine,  d'Alançon  en  Normandie, 
âgé  de  81  ans,  a  testé  par  devant  Mtre  Eornet. 


5 


Mélanges 


QUAND  BOLSEC  COMIYIENÇA-T-IL  A  CALOMNIER  CALVIN? 

Ayant  dû,  à  l'occasion  de  conférences  sur  Calvin,  exa- 
miner d'un  peu  près  les  accusations  portées  contre  lui 
par  Jérôme  Bolsec,  je  me  suis  demandé  à  quelle  date 
quelques-unes  d'entre  elles  remontaient.  On  sait,  en 
effet,  que  la  Vie  de  Calvin  ne  parut  qu'en  1577.  On  a 
même  reproché  à  Bolscc,  à  ce  propos,  d'avoir  attendu 
aussi  longtemps  pour  publier  les  accusations  calomnieuses 
sous  lesquelles,  sachant  bien  qui  en  tirerait  profit  sans 
jamais  chercher  à  en  vérifier  l'exactitude,  il  avait  voulu 
accabler  le  Réformateur.  Ce  reproche  est-il  bien  fondé 
pour  quelques-unes?  C'est  ce  que,  malgré  l'importance 
minuscule  de  la  question,  je  voudrais  rechercher. 

Je  relèverai  d'abord  l'affirmation  de  Bolsec  lui-même 
(Viede  C.  éd.  de  1664,  p.  7),  qu'il  a  attendu  longtemps 
avant  de  produire  son  œuvre  ;  et  cette  autre,  de  Haller  à 
Bullinger,  dans  une  lettre  du  6  avril  1552  (Op.  Calv., 
Correspondance,  à  la  date)  que  Bolsec  voulait  publier  un 
livre  contre  Calvin,  mais  que  le  Magistrat  de  Berne  le  lui 
a  interdit. 

Ce  que  Bolsec  aurait  écrit,  il  n'est  guère  possible  de  lr 
savoir.  Sans  doute,  il  aurait  abondamment  disserté  sur 
la  prédestination.  Nous  n'en  sommes  pourtant  pas  réduits 
à  cette  donnée  si  vague.  En  effet,  d'une  part,  dès  la  lin 
de  février  1552,  nous  voyons,  d'après  une  lettre  de 
Haller  à  Bullinger,  que  Calvin  est  très  monté  contre  Bol- 
sec à  cause  des  calomnies  qu'il  répand;  et  de  l'autre, 
d'après  un  Mémoire  de  Calvin  au  Sénat  de  Berne,  Mémoire 
que  les  Editeurs  de  Strasbourg  placenl  à  la  même  date 
(février  1552),  nous  voyons  le  Réformateur  répondre  à 
quelques-uns  au  moins  des  reproches  qui  lui  sonl  adres- 


MÉLANGES 


67 


srs.  Or,  deux  de  ces  reproches  sont  1res  spéciaux  et  ne  se 
trouvent,  si  je  ne  me  trompe,  que  dans  l'ouvrage  de  Bol- 
sec  :  l'un,  c'est  qu'il  veut  remplacer  te  dimanche  par  le 
vendredi;  l'autre,  c'est  que,  s'il  a  supprimé  des  fêtes  chré- 
tiennes, il  en  a  créé  une  nouvelle,  le  mercredi.  Autant 
que  les  documents  permettent  de  le  constater,  Bolsec 
semble  s'être  ensuite  tenu  tranquille  pendant  quelque 
temps.  Aussi  bien  veut-il  essayer  de  rentrera  Genève,  d'où 
il  a  été  banni  (tin  1551).  Il  fait  deux  tentatives,  en  mai- 
juin  1552,  au  moment  de  l'affaire  Trolliel,  ou  Troillet, 
légalement  relative  à  la  prédestination;  et  en  juillet  1553, 
à  la  veille  de  l'affaire  Servet.  Dans  l'un  et  l'autre  cas,  il 
essuie  un  refus,  parce  qu'il  refuse  lui-même  de  se  rétracter. 

La  condamnation  de  Servet,  sur  laquelle  il  s'expri- 
mera si  différemment  plus  tard,  au  moins  en  ce  qui  con- 
cerne Servet,  lui  paraît,  au  contraire,  une  belle  occasion 
de  recommencer  ses  attaques. 

Dès  le  1er  avril  1554,  on  le  retrouve.  Une  lettre  très 
curieuse,  dont  on  ignore  et  l'écrivain  et  le  destinataire, 
moine  hier  encore,  en  fait  foi  [Incertm  Incerto  dirent  les 
éditeurs  de  Strasbourg).  Dans  cette  leltre,  celui  qui 
l'écrit  reproche  à  son  correspondant  de  prendre  fait  et 
cause  pour  Bolsec,  Servet  et  autres.  En  même  temps,  il 
fait  une  sorte  d'apologie  de  Calvin.  Il  répond  à  diverses 
accusations,  concernantes  mœurs  et  ladoctrinedu  Réfor- 
mateur. L'auteur  de  la  lettre  s'étonne  que  son  correspon- 
dant ait  pu  accorder  quelque  confiance  à  ce  brouillon 
[turbulent us)  de  Bolsec,  qui  procède  par  injures  et  par 
outrages,  et  qui  ne  craint  pas  d'accuser  Calvin  de  gour- 
mandise, d'hérésie,  de  vouloir  faire  ou  de  laisser  faire  de 
lui  une  idole,  etc.  Des  injures,  des  calomnies,  des 
reproches,  quant  aux  mœurs,  ce  reproche  de  gour- 
mandise, etc.,  tout  cela  nous  le  retrouvons  en  effet  dans 
le  pamphlet  de  Bolsec,  la  gourmandise,  notamment, 
qu'on  ne  rencontre,  je  crois,  que  dans  la  Vie  de  Calvin 
par  notre  apostat  (ch.  xiv). 

Assurément  tout  cela  ne  prouverait  pas  que  Bolsec 
eût  rien  écrit  et  il  paraît  certain,  en  tout  cas,  qu'il  n'a 


MÉLANGES 


rien  publié.  Mais  voici  qui  paraîtra  plus  concluant,  quant 
à  ce  qui  aurait  été  écrit. 

Le  lundi  7  juin  1554,  au  Conseil  de  Genève,  Calvin  se 
plaint  d'une  «  Epistre  »  anonyme,  \enue  on  ne  sait  d'où, 
«  pleine  de  blasmes  et  moquerie  et  mesmement  charge 
led.  M.  Calvin  de  beaucoup  d'injures  ».  On  décide  d'en 
rechercher  l'auteur.  Calvin  demande  en  outre  «  s'il  a 
besoin  de  purgation,  et  quelle  purgation  luy  sera  néces- 
saire défaire  ».  Au  reste,  il  n'est  pas  le  seul  blâmé:  la 
Seigneurie  (de  Genève)  et  les  bons  voisins  ministres  le  sont 
en  même  temps.  Le  14,  il  revient  sur  cette  «  épistre...  en 
laquelle  il  est  tellement  blasmé  que  sans  estre  purgé  de 
cela  il  ne  seroit  suffisant  ny  capable  pour  servir  à  l'Eglise, 
et  que  si  l'on  voloit  chercher  l'on  pourroit  bien  trou- 
ver en  quelque  façon  qui  a  envoyé  telle  épistre;  c'est 
pourquoy  il  a  requys  y  adviser  et  à  sçavoir  si  l'on  le  tienl 
pour  tel  ».  Des  lignes  qui  suivent,  il  résulte  que  la  Sei- 
gneurie et  les  juges  de  Servet  sonl  également  pris  à  par- 
tie. Le  Conseil  décide  la  lecture  del'épistre.  On  la  lit  le  21. 
Comme  on  ne  sait  d'où  elle  vient,  le  Conseil  se  borne  à 
déclarer  que  l'on  ne  tient  pas  ces  choses  pour  véritables, 
qu'on  tient  Calvin  pour  bon  ministre,  «  non  ayant  fait  ces 
choses  y  contenues,  et  ledit  livre  estre  fauls,  et  auquel  est 
mal  escript  contre  ledit  ministre  et  contre  la  Seigneurie  ». 
On  n'en  recherchera  pas  moins  l'auteur.  Le  2  juillet  on 
revient  sur  le  «  livre  des  blasmes  »,  dont  le  but  est  ((de 
se  porter  pour  avocat  de  Servet,  Hiérosmc  (Bolsec)  cl 
autres  hérétiques  (1),  condamnant  la  puissance  que  exer- 
çait punition  corporelle  sur  iceux.  »  Ou  y  accuse  aussi 
Calvin  d'être  plus  démesuré  en  tyrannie  que  pape  ou 
evesque  qui  fut  jamais  en  Genève.  L'affaire  revient  encore 
plus  d'une  fois  au  Conseil,  notamment  au  mois  d'octobre. 
On  accuse  aussi  Calvin  d'hérésie,  et  c'esl  même  le  reproche 
auquel  il  paraît  le  plus  sensible. 

En  1555,  il  y  a  une  recrudescence  d'attaques  contre 


(1)  Le  fait  que  le  «  livre  de  blasmes  »  prend  la  défense  de  Bolsec,  no  MU 
rait  infirmer  mon  hypothèse.  11  va  de  soi,  en  effet,  que  R.,  voulant  consrrvrr 
l'anonyme,  ne  pouvait  pas  ne  pas  prendre  sa  propre  défense, 


MÉLANGES 


Calvin.  Bolsec  n'est  pas  seul.  Avec  lui  sont  nommés  les 
ministres  Zébédée  et  Lange  et  un  certain  Fonsellet,  per- 
sonnage qui  paraît,  d'après  ses  lettres,  fort  peu  intéres- 
sant. Cela  en  février.  Le  1er  mars,  on  éeril  à  MM.  de  Berne 
sur  les  «  blasmes  »  de  Miérosme  et  autres  cl  sur  les  in  jures 
et  «  plaquars  »  qu'ils  répandent.  MM.  de  Berne,  qui  ne 
pardonnent  pas  ii  Calvin  de  ne  pas  accepter  leur  hégé- 
monie, ne  font  «  guaire  bonne  response  ».  On  insiste. 
Le  5  mars  «  les  ministres  de  cestc  cité  (Cenève)  hont 
faict  grandes  remonstrances  des  bruys,  injures  et  oultrai- 
ges,  que  l'on  a  impropére  à  Fencontre  de  M.  Calvin  et 
nous,  et  aussy  des  calumnies  faictes  par  les  subjects  el 
aulcungs  ministres  du  pays  de  Berne  »,  et  on  envoie  à 
Berne  Calvin  et  un  autre  ministre  et  deux  des  syndics. 
Enfin,  le  18  mars,  «  lapluspart  desdits  Seigneurs  de  Berne 
ayans  esté  mal  informez  et  estans  irritez  par  les  calum- 
nies de  plusieurs  faulx  détracteurs  à  rencontre  de  M.  Cal- 
vin et  deceste  Eglise,  ayans  ouy  la  vérité  du  faict,  mon- 
trèrent tous  signes  d'amitié  »  envers  Calvin  et  l'Eglise  de 
Genève. 

C'est  aussi  à  ce  moment-là  (mars  1555)  que  Bolsec 
disparaît  de  l'horizon.  Tout  an  moins  n'en  ai-je  plus 
trouvé  de  mention  à  partir  du  29. 

Parallèlement  à  ces  données  empruntées  aux  Registres 
du  Conseil  (Op.  Calv.  Annales),  on  trouve  différents  ren- 
seignements dans  la  Correspondance. 

Ils  nous  révèlent  quelques-unes  des  accusations,  outre 
celles  déjà  mentionnées.  Ainsi  Fonsellet  (juillet  155-4) 
traite  Genève  de  «  Sodome  abominable  »  on  se  trou- 
vent des  «  bogres  »  et  des  «  sodomites  charnelz  et  spiri- 
tuelz  »,  et  parle  du  «  cruel  Chaulvin  ».  Le  7  août,  Calvin 
parle  d'un  libelle  renfermant  d'atroces  infamies  eonliv 
lui.  Il  est  vrai  qu'il  en  attribue  la  paternité  à  Castellion  et 
consorts;  mais  il  semble  avoir  renoncé  bientôt  à  cette 
idée,  puisqu'il  n'en  parle  plus,  et  revient  à  Bolsec.  Le 
18  septembre  1554,  il  écrit  à  Buliinger  qu'on  le  traite  d'héré- 
tique pire  que  tous  les  papistes;  le  4  octobre  les  ministres 
de  Genève  se  plaignent  d'être  traités  d'hérétiques  et  Calvin 


70 


MÉLANGES 


tl'antéchrist par  Bolsec  et  consorts»  Le  30  octobre,  Calvin 
dans  une  lettre  de  Bullinger,  et  les  ministres  de  Genève, 
dans  une  autre  à  ceux  de  Berne,  protestent  contre  les 
mêmes  accusations  etcontre  de  nombreuses  injures  atroces 
[multis  atrocibus  conviens).  Le  27  novembre,  les  mêmes 
ministres  se  plaignent  que  Calvin  soit  traité  de  débauché 
(mquam)}  d'hérétique  et  de  tyran. 

Etcequi  montre  bienque Boisée  est  l'auteur  ou  l'inspira- 
teur de  toutes  ces  attaques,  c'est  que,  le  4  décembre  1551, 
les  ministres  de  Berne  obtiennent  qu'il  soit  chassé  des 
terres  de  la  République.  Il  est  vrai  qu'il  obtient  un  sursis 
ïHaller  à  Bullinger,  28  décembre  1554).  En  fait,  il  n'est 
chassé  des  terres  de  Berne  qu'à  la  tin  de  mars  (Farel  à 
Haller,  29  mars).  Et  il  l'est  à  la  suite  d'un  procès  en 
diffamation  que  lui  ont  intenté  les  ministres  et  le  Conseil 
de  Genève.  On  lit  même,  dans  l'exposé  des  griefs  de 
Calvin,  où  il  se  plaint  de  Zébédée,  Lange,  Fonsellet,  etc., 
la  plainte  suivante  contre  Bolsec  :  «  Et  ne  se  contentant 
pas  de  mal  parler,  chante  mesme  par  cy  et  là  une  chanson 
contre  led.  Calvin  pleine  d'infametez  ».  On  sait  que  Bolsec 
versifiait  volontiers.  Une  fois  de  plus  cela  devait  ne  pas 
lui  réussh\ 

En  résumé,  donc,  Bolsec  semble  avoir  écrit  contre 
Calvin,  mais  sans  publier  ni  signer,  dès  le  lendemain 
de  son  bannissement  de  Genève.  Nous  retrouvons  dans 
les  «  epistre,  plaquars,  livre  de blasmes  »,  sans  parler  de 
la  «chanson»,  dont  se  plaignent  Calvin,  le^  minisires  el 
le  Conseil  de  Genève,  notamment  après  la  condamnation 
de  Servet,  diverses  accusations  que  nous  retrouverons 
dans  la  Vie  de  Calvin  et  que,  même,  nous  ne  retrouverons 
que  là.  Malgré  l'anonymat,  et  après  une  hésitation,  on 
finit  par  connaître  le  coupable.  Sans  doute,  il  n'est  pas 
seul,  au  moins  en  1551  et  1555.  Mais  il  esl  manifestement 
le  chef  de  la  bande. 

Les  accusations  sont  de  diverses  sorles.  Les  unes 
portent  sur  la  doctrine  :  Calvin  fait  Dieu  auteur  du  péché  ; 
il  est  plus  hérétique  qu'aucun  hérétique,  il  nie  la  divinité 
de  Jésus-Christ  et  pense  mal  de  la  descente  aux  enfers 


M ÉL ANGES 


71 


(Bolsec,  V.  dp  6\,  eh.  xxm-xxvi)*  — D'autres,  ou  l'a  vu, 
oui  trait  aux  cérémonies  :  Calvin  veut  substituer  le  ven- 
dredi au  dimanche  et  créer  une  nouvelle  fête  chrétienne 
le  mercredi,  alors  qu'il  supprime  les  principales  (Bolsec, 
ch.  vi  et  x).  —  D'autres  encore  s'appliquent  à  son  action 
et  à  son  attitude  à  Genève  :  il  est  démesuré  en  tyrannie, 
cruel,  et  supporte  qu'on  fasse  de  lui  une  idole  (Bolsec, 
ch.xii).  D'autres,  enfin,  s'en  prennent  à  sa  valeur  morale, 
il  est  gourmand  et  débauché  (ch.  xiv  el  xv).  —  Peut-être 
même  y  a-t-il  déjà  parmi  les  «  infametez,  injures  atroces 
et  oultraiges  »,  l'affaire  du  fer  rouge.  On  sait,  en  effet, 
qu'un  autre  Jean  Calvin,  prêtre,  de  Noyon,  avec  lequel  on 
confondait  à  dessein  (est-ce  bien  lini?)  le  nôtre,  esl 
condamné  pour  immoralité  en  1550  (i).  —  Ce  qui  est 
cerlain,  c'est  qu'une  calomnie,  qu'on  ne  trouvera  que 
dans  Bolsec  (ch.  xi  et  ch.  xv),  est  répandue  dans  le 
public  réformé,  celle  d'avoir  détourné  à  son  profit 
4  000  couronnes  envoyées  par  la  reine  de  Navarre,  pour 
les  pauvres  et  les  exilés  pour  la  foi.  Un  certain  Piperinus 
qui  l'a  ouï  dire,  en  écrit,  tout  ému,  à  Blanrer  le  19  sep- 
tembre 1555,  puis  à  Calvin,  le  15  octobre.  Calvin  répond 
le  i8  et  donne  les  preuves  de  son  désintéressement.  Il  ne 
fait,  il  est  vrai,  aucune  allusion  à  ces  1000  couronnes. 
Les  éditeurs  de  Strasbourg  s'en  montrent  surpris.  Pour 
ma  part,  je  le  trouve  naturel,  à  cause  même  des  destina- 
taires de  la  somme,  au  moins  pour  partie  :  je  veux  parler 
des  exilés  pour  la  foi.  Le  silence  était  de  rigueur,  à  une 
époque  où  les  lettres  pouvaient  si  facilement  se  perdre  ou 
être  volées,  tant  était  grande  la  différence  d'attitude  du 
frère  et  de  la  sœur  vis-à-vis  des  Evangéliques. 

Revenons  à  Bolsec.  Ce  qu'il  avait  écrit  dès  1552,  puis 
en  1554  et  1555,  si  ma  supposition  est  fondée,  comme  je 
le  crois,  il  l'aurait,  en  l'amalgamant  tant  bien  que  mal 
avec  des  données  nouvelles,  aussi  peu  dignes  de  foi  que 
les  premières,  et  en  le  poussant  jusqu'à  la  mort  de  Calvin 
inclusivement,  publié  ensuite,  en  1577,  sous  le  titre 

i  l)  Doumergue,  Jean  Calvin,  I,  435.  Citations  phototypées  de  Desmay  et  de 
Le  Vasseur. 


MÉLANGES 


de  La  Vie,  Mort  et  Doctrine  de  Calvin  etc.  Ce  qui  sem- 
blerait confirmer  encore  cette  hypothèse,  ce  sont  les 
défauts  de  composition  de  ce  pamphet.  On  le  dirait  fait 
de  pièces  et  morceaux  juxtaposés.  Le  seul  lien  entre  eux, 
mais  celui-là  aussi  constant  que  solide,  c'est  la  haine, 
doublée  de  mauvaise  foi,  qui  les  a  inspirés. 

Paul  de  Félice.  ' 


ÉVALUATION  DE  LA  LIVRE  TOURNOIS  ET  DES  PRINCIPALES 

MONNAIES  EN  USAGE  DANS  LES  PAYS  DU  REFUGE(1) 
1685-1715 

La  réduction,  en  francs  actuels,  des  diverses  monnaies 
employées  en  France  et  dans  les  pays  du  Refuge,  lors  de 
la  Révocation,  est  une  des  questions  les  plus  difficiles  à 
résoudre  pour  les  historiens  de  ces  temps-là.  Après  avoir 
consacré  de  longs  mois  à  en  chercher  la  solution,  nous 
donnons  ici  le  résumé  de  notre  travail.  Sans  prétendre 
être  arrivée  à  une  parfaite  exactitude,  nous  avons 
cherché  à  nous  rapprocher,  autant  que  possible,  de  la 
vérité,  dans  un  domaine  qui  reste  toujours  incertain. 

Il  y  a  trois  points  à  éclaircir,  pour  arriver  à  une 
estimation  rationnelle  des  monnaies  d'autrefois  : 

1°  Quelle  était  la  valeur  de  lalivre  tournois,  en  France, 
à  l'époque  indiquée? 

2°  Quel  était  le  cours  de  la  livre  tournois,  en  Suisse, 
à  la  même  époque? 

La  plupart  des  comptes  dont  nous  avons  à  nous 
occuper  ont  été  faits  en  Suisse,  et  en  livres  tour- 
nois, il  faut  donc  chercher  à  convertir  en  livres  les  autres 
monnaies. 

3°  Quel  a  été  dès  lors  l'abaissement  du  pouvoir  libéra- 
teur  des  métaux-monétaires,  ou,  en  d'autres  termes, 

(1)  Celte  élude  a  élé  écrite  en  vue  de  noire  monographie  sur  Henri  rfe 
Mirmand  et  les  réfugiés  de  la  révocation  de  l'édit  de  Niante*,  actuellement 
sous  presse.  Elle  y  paraîtra  à  l'appendice  au  N°  2. 


MÉLANGES 


quelle  a  été  la  baisse  du  numéraire,  depuis  1685  à  nos 
jours? 

La  réponse  ne  peut  se  trouver  que  chez  les  auteurs 
qui  ont  fait  de  cette  question  une  étude  spéciale  etsérieuse. 
C'est  aussi  là  que  nous  la  chercherons. 

Natalis  de  Wailly  est  l'écrivain  qui  a  traité  avec  la 
plus  grande  compétence  les  variations  de  la  livre  tour- 
nois (1).  Il  l'a  déduite  du  cours  légal  de  l'or,  combiné  avec 
le  cours  légal  de  l'argent;  aussi  son  appréciation  nous 
servira-t-elle  de  base,  tandis  que  le  vicomte  G.  d'Avenel, 
dans  des  évaluations  analogues,  paraît  oublier  l'existence 
de  la  monnaie  d'or  (2). 

Chacun  sait  que  le  cours  de  la  livre  tournois  a  subi  en 
France,  une  dépréciation  constante,  avec  des  fluctuations 
de  hausse  et  de  baisse,  depuis  le  règne  de  saint  Louis 
jusqu'à  l'établissement  de  la  monnaie  décimale  (3). 

iNous  allons  rechercher  ce  qu'elle  valait  de  1685  à 
1715,  et  pour  être  plus  exacte,  nous  diviserons  en  deux 
périodes  l'époque  qui  nous  occupe  : 

Première  période  allant  de  168!)  à  1699. 

A.  —  D'après  de  Wailly,  la  moyenne  de  la  valeur  de  la 
livre  tournois  en  France,  pendant  ces  H  ans,  a  été  de 
fr.  1,75  (4) 

B.  —  D'après  le  Professeur  LV  ïurler,  archiviste  de 
l'Etat  de  Berne,  appuyé  par  llanauer  (5),  la  valeur  de  la 

(1)  Mémoires  sur  les  Variations  de  la  livre  tournois,  Lectures  faites  ne 
octobre  1850,  par  Natalis  de  Wailly,  à  l'Institut,  et  parues  dans  les  Mé- 
moires de  Vlnstilul  de  France,  t.  XXI,  Paris,  1857.  —  Tableau  V,  pp.  397 
à  406. 

(2)  Vicomte  G.  d'Avenel,  Histoire  économique  (te  la  Propriété.  Paris  1894. 
4  vol.  m-4°,  t.  I.  —  Et  le  résumé  de  ce  travail,  par  le  môme  auteur  :  La 
Fortune  privée  à  travers  sept  siècles.  Paris  1904,  p.  70. 

M.  À.  de  Foville,  membre  de  l'Institut,  ancien  Directeur  de  l'Administration 
des  monnaies,  dans  son  ouvrage  :  La  Monnaie,  Économie  sociale,  Paris  1907, 
p.  194,,  met  en  regard  les  tableaux  de  N.  de  Wailly  et  ceux  du  vicomte  d'Ave- 
nel, il  cite  fréquemment  ces  deux  auteurs. 

(3)  La  livre  tournois  a  valu  en  1258,  environ  fr.  20,  20,  en  juillet  1720, 
fr.  0,41,  en  février  1793,  fr.  0,98.  (Natalis  de  Wailly,  Tableau  V,  p.  398  cl  406.) 

(4)  Natalis  de  Wailly,  Tableau  V,  p.  104,  9  évalualions  de  la  livre  tour- 
nois pour  cette  période. 

(5)  llanauer.  Etudes  écojiomiques  sur  l'Alsace  ancienne  et  moderne,  1876- 


74 


MÉLANGES 


livre  tournois  en  Suisse,  àla  même  époque,  étaîtde  fr.  1,85. 

Entre  ces  deux  chiffres,  nous  prendrons  une  moyenne 
que  nous  admettons  comme  valeur  de  la  livre  tournois, 
pendant  cette  première  période  soit  fr.  1.80. 

Deuxième  période  :  de  1700  à  1715  (1)  : 

A.  —  Le  tableau  V,  p.  404-5,  de  N.  de  Wailly  nous 
donne  pour  cet  espace  de  temps,  12  évaluations  de  la 
livre  tournois,  dont  la  moyenne  ressort  pour  la  France  à 
fr.  1.54. 

B.  —  Cette  même  évaluation  est  acceptée  pour  la 
Suisse,  à  fr.  1,54. 

La  diminution  de  la  fortune  publique,  soit  du  pouvoir 
libérateur  de  l'argent,  pris  dans  le  sens  de  toute  monnaie 
servant  à  l'échange  des  marchandises,  a  suivi  une  marche 
semblable  à  la  dépréciation  de  la  livre  tournois. 

Le  vicomte  d'Avenel  en  a  fait  une  élude  approfondie, 
basée  sur  tous  les  éléments  de  la  production,  du  salaire  et 
de  la  dépense.  Il  arrive  à  l'estimation  suivante,  pour  le 
siècle  de  1650  à  1750,  en  comparant  le  pouvoir  des 
métaux  monétaires  d'alors,  à  leur  pouvoir  actuel,  pris 
comme  unité  dans  chaque  quart  de  siècle,  soit  : 

De  1650  à  1675  —  3      —  contre  1  valeur  actuelle 

De  1675  à  1700  —  2,33  —     —     1  — 

De  1700  à  1725  —  3,75  —     —      I      —  — 

De  1725  à  1750  —  3      —     —      1      —  (2) 

Notre  calcul,  basé  sur  les  données  qu'on  vient  de  lire, 
se  présente  comme  suit  : 

\t%  Période.   —  La  livre  tournois  —     Multiplié  par  la    —  Egal  à 
vaut.  baisse  de  la  monnaie. 

1685-1699    —     fr:  1,80      —         X  2, 33  =    fr:  4,Î0 

1877,  2  volumes.  C'est  un  travail  sérieux,  où  l'auteur  estime  aussi  à  fr.  1,83 
la  valeur  de  la  livre  tournois. 

(1)  Nous  nous  arrêtons  à  la  mort  do  Louis  XIV,  après  laquelle  la  livre 
tournois  a  subi  une  telle  dépréciation,  qu'on  ne  pourrait  -plus  établir  une 
moyenne  raisonnable. 

(2)  Vicomte  G.  d'Avenel,  La  Fortune  privée,  p,  37.—  M.  A.  de  Foville,  La 
Monnaie,  p.  179. 


MÉLANGES  75 

^  2■",  Période.  —    La  livre  tournois  —      Multiplié  par  la    —  Egal  à 

vaut.  baisse  de  la  monnaie. 

1700-1715    —     fr:  l, 54      —        x  2,75  =    fr:  4,20 

Nous  arrivons  ainsi  à  la  somme  de  fr.  i.20,  comme 
valeur  de  la  livre  tournois  de  lf>8;>  à  1715. 

Toutefois  M.  de  Foville,  qui  a  lui-même  revu  notre 
S  calcul  et  en  approuve  la  méthode  et  les  conclusions,  y 

ajoute  les  deux  observations  suivantes,  qui  vont  le 
modifier  : 

Il  fait  remarquer  d'abord,  que  pour  la  période  qui 
nous  occupe,  le  multiplicateur  auquel  s'arrête  le  vicomte 
d'Avenel  est  un  minimum,  vu  la  cherté  de  ce  temps-là 
puisque  immédiatement  avant  et  après,  le  pouvoir  des 
métaux  précieux  est  de  3  contre  1.  Et  d'autre  part,  le 
terme  de  comparaison  que  prend  d'Avenel,  est  le  quart 
de  siècle  1875-1900,  dans  son  ensemble.  Or,  de  1900  à 
1908,  les  prix  ont  sensiblement  augmenté.  De  ces  deux 
observations,  il  ressort  que  le  multiplicateur  devra  se 
rapprocher  de  3  — ,  et  que  la  valeur  delà  livre  tournois,  de 
1685  à  1715,  peut-être  portée  à  fr.5,  — monnaie  actuelle. 

Ce  résultat  ayant  été  approuvé  par  d'autres  personnes 
compétentes  (1),  c'est  à  ce  chiffre  de  fr.  5  —  que  nous 
nous  arrêterons,  comme  base  de  nos  calculs,  pour  toutes 
les  monnaies  qui  peuvent  se  réduire  en  livres  tournois  de 
France. 

Il  esl  à  remarquer  que  les  comptes  des  réfugiés  en 
général,  et  ceux  de  la  Direction  de  Berne  en  particulier, 
qui  furent  les  plus  importants,  se  faisaient  en  livres  tour- 
nois de  France. 

(1)  Entre  autres  M.  le  Dr  G.  Lardy,  ministre  de  Suisse  en  France,  fort  versé 
dans  ces  matières,  et  N.  Weiss,  secrétaire  de  la  Société  de  l'Histoire  du  Pro- 
testantisme français  A  Paris, 


76 


MÉLANGES 


Réduction  en  francs  actuels,  des  principales  Monnaies, 
employées  de  1685  à  1715. 

Pouvoir  multipli- 

Monnaies  diverses.     Livre  tournois.      cateur,  par  la  Valeur 

valeur  de  la  livre  actuelle, 
tournois. 

Livre  tournois  ....        I  x  5  —  fr.  5 

Ecu  do  France  (mon- 
naie de  compte)  .  .       3  x  <)  =  fr.  15 

Reichsthakr,  rixdale  .3  x  5  =  fr.  15 

Reichsgulden,  gulden 
ou  florin  d'empire.  .       1,13%  4''  x5  ==fr.  8,33 

Florin  de  Zurich,  égal 
au  Reichsgulden  (1).       l,13s,4d  x5  —  fr.  8,33 

Livre,  de  Zurich  (1  /2  du 
ilorin,    monnaie  do 

compte)   0,  lt>s,8''  x5  =  fr.  4,16 

Florin  ou  Gulden  de 
Berne(10  °/«  demoins 

que  celui  de  Zurich).       1, 10s  x  5  =  fr.  7.50 

Livre  de  Berne  (1/2  du 
florin,   monnaie  de 

compte)  (2)   0,  15s  x5  —  fr.  3,75 

Couronne  de  Berne 
(Kron)   2,  10s  x  5  =rfr.  12, 50 

Tha  1er  de /terne.  ...        3  x5  =fr.  15 

Marc  courant  de  Ham- 
bourg (3)   1  X  5  =fr.  5 

(1)  Le  florin  (gulden)  de  Zurich  est  égal  à  2  livres  de  compte  =  ou  40  schilling  = 
ou  480  heller  (denier).  11  se  divise  aussi  en  60  kreutzer  et  480  hcller.  Le 
kreutzer  vaut  8  heller. 

livre  tournois 

(2)  La  livre  de  Berne  vaut  0,15  sous,  ou  1  l/a  bat*  ou  1  livre  de  Berne. 
Le  gulden,  florin  de  Berne.    «     1,10s.        «  15        «    ou  2 

La  couronne  de  Berne  .  .    «     2,  10  s.         «  25        «    ou  3  l/a  « 

Le  thaler  de  Berne   «     3    —  «  30        «    ou  4  « 

10  batz  de  Berne   «     1    —  «  10        «    ou  1  >/s 

Le  batz  est  une  monnaie  très  ancienne,  datant  du  moyen  âge  et  qui  se 
trouvait  aussi  dans  la  Vénitie  (Heperlovium  zur  Mttnzherr  Bayertïs  p.  823.) 

(3)  On  avait  à  Hambourg  et  à  Liïbeck,  le  marc  courant  et  le  marc  franco, 
ce  dernier  employé  dans  les  affaires  avait  une  plus  grande  valeur  que  l'autre. 
D'après  une  noie  de.Mirmand,  128  marc  banco  faisaient  environ  iS  llth.  (pour 
reichothaler)  de  Brandebourg.  Le  marc  courant  équivalait  à  peu  près  à  la 
livre  tournois.  —  lin  1854,  le  marc  courant  de  Hambourg  (taillé  à  31  au  marc 
de  Cologne  d'argent  fin;,  valait  fr.  1,528,  et  le  marc  banco  (de  27  1  -,  au  marc 
de  Cologne),  valait  fr.  :  1,813.  —  La  proportion  était  de  lit  à  136.  9  marc 
s'appellent  un  thaler  et  2  marc,  un  Ilorin.  (Oscar  Wiist.  Guide  méthodique  rfe 
l'enseignement  du  calcul  1854,  §642.) 

La  Livre  sterling  valait  même  plus  de  75  francs  actuels,  puisque  Mirmandi 


MÉLANGES  77 

Les  monnaies  suivantes  n'étant  pas  converties  en  livres 
tournois,  nous  indiquerons  leur  valeur  approximative  en 
francs,  à  l  époque  du  Refuge,  d'après  les  auteurs  qui  ont 
traité  ces  matières.  Cette  somme  sera  mullipliée  par  le  pou- 
voir du  numéraire  à  cette  époque,  en  le  portant  a  3. 


Loellicient, 

Monnaies. 

Pouvoir 
du  numéraire. 

V  fl  1 0 1 1 V  i  i  (  *  f  1 1  o  \  1  a 

Ï.P   ///))>m  ri />   fin  1  l/itt /lo 
jl'il  ifl          n U llfltlflc , 

0    1  Q 

2,  16 

X  a 

fr.  6,39 

Livre,  Sterling  d'A  nqle- 

terre  (1)  .....  . 

fr. 

25 

X  3 

==fr.  75 

Le  florin  de  Genève  (2) . 

fr. 

0,50 

X  3 

=  ir.  1,50 

Livre  courante  de  Genève, 

valant  3  florins,  et 

fr. 

1,75 

X3 

=  fr.  5,25 

Ecu  de  Genève,  valant 

10  florins  et  6  sols.  . 

fr. 

5,25 

X  3 

=  fr.  15,75 

IÀvre   faible   de  Neu- 

châtel  (3)  

fr. 

0,55 

X3 

=  fr.  1,65 

Ecu  de  30  batz  de  Neu- 

châtel  

fr. 

4,20 

X  3 

=  fr.  12,60 

Voici  quelques  réductions  des  sommes  employées  pour 
les  réfugiés;  elles  sont  tirées  des  Eidgenôssische  Abschiede 
(Recès  de  diètes  fédérales),  ou  des  manuscrits  conservés 
aux  archives  de  Berne. 

dans  la  liste  de  ses  capitaux,  comptait  2000  £  st.  pour  11  000  Hlh.  soit  5  1/2 
Rlh.  pour  1  £. 

(1)  Voir  pour  la  Hollande  et  l'Angleterre  :  Pierre-Frédéric  Bonneville,  Traité 
des  monnaies  d'or  et  d'argent  qui  circulent  chez  les  différents  peuples,  Paris, 
1800.— (M.  R.N.  L.  Mirandolle,  Une  page  de  l'histoire  du  commerce  de  Rotter- 
dam au  commencement  du  xviue  siècle,  insérée  dans  le  Bulletin  de  la  Com- 
mission de  l'Histoire  des  Églises  wallonnes,  2e  série  1890,  t.  I,  La  Haye.  Plu- 
sieurs lettres  de  M.  Mirandolle  de  La  Haye  et  de  M.  William  Minet  de  Londres  ; 
—  Annuaire  du  Bureau  des  Longitudes,  Paris,  1838  et  11)03. 

(2)  Eugène  Demolj,  Histoire  monétaire  de  Genève  1535-1848,  Genève,  1887. 
Le  florin  de  Genève  se  divisait  en  12  sols,  et  le  sol  en  12  deniers. 

(3)  Cette  livre,  en  usage  vers  1685,  égalait  4  batz  ;  elle  se  divisait  en  12  gros, 
le  gros  en  12  deniers.  Le  batz,  égal  à  4  creutzer,  valait  14  centimes,  le  creutzer 
3  1/2  centimes;  3  gros  valaient  un  batz.  (Archives  de  l'État  de  Neuchâtel.)  — 
M.  William  Wavre  :  La  grande  lacune  dans  le  monnayage  de  Neuchâtel,  de 
1~1A  à  1789,  inséré  dans  le  Musée  Neuchâtelois,  1893,  novembre  et  décembre, 
p.  24S  et  284. 


j 


78 


MÉLANGES 


1  Reiehsllialcr  esl  égal  à 


1,4/5  (ïuMen  (1),  ou  = 


3  livres  louruois. 


100 

2000 
13333 


108 
180 

3600 
24000 


=  180 

==  300 

—  6000 

=  40000 


La  proportion  entre  le  gulden  et  la  livre  tournois  était 
celle  de  3  à  5.  —  3  reichsgulden  équivalent  à  o  livres 
tournois.  11  faut  1  livre,  13  sous,  4  deniers  lournois  pour 
faire  un  gulden,  ainsi  13333  livres  tournois  valent 
8000  gulden  ou  4444  reichsthaler. 

Parmi  les  sources  que  nous  avons  consultées'  citons 
en  première  ligne,  les  Eidgenôssische  Abschiede,  Vol.  :  VI. 
Abt  :  IL,  p.  5ij2  et  maints  autres  passages,  qui  indiquent 
les  sommes  employées  au  soulagement  des  réfugiés,  puis 
les  manuscrits  conservés  aux  archives  de  Berne  et  de 
Zurich.  On  trouve  à  Berne  les  superbes  comptes,  établis 
par  la  Direction  française  de  cette  ville,  pour  la  Chambre 
des  Seigneurs,  de  1694  à  1699,  en  livres  et  en  couronnes; 
cela  fait  un  volume  par  année. 

C'était  lors  de  la  convention  conclue  entre  Berne  et 
les  cantons  évangéliques,  pour  faire  vivre  les  réfugiés  en 
Suisse. 

Nous  avons  eu  l'avantage  d'être  aidée  dans  nos 
recherches  par  les  conseils  de  plusieurs  savants,  auxquels 
nous  offrons  ici  nos  remerciements,  ce  sont  : 

M.  A.  de  Foville,  à  Paris,  auteur  de  La  Monnaie. 
M.  William  Minet,  président  de  la  Société  huguenote  de 
Londres. 

M.  B.  N.  L.  Mirandolle  à  la  Haye. 

M.  le  Dl  Biggauer,  directeur  du  cabinet  royal  des 
monnaies,  à  Munich. 

M.  le  L)r  Ernest  Lehr,  à  Lausanne,  conseiller  juris- 
consulte de  l'Ambassade  de  France  en  Suisse. 

M.  le  Prof1'  Dr  H.  Turler,  archiviste  de  L'Etal  de  Berne. 

(l)  Gulden,  reichsguklcn  ou  florin  d'empire,  c'est  la  mémo  monnaie,  el  le 
llorin  de  Zurich  avait  une  valeur  pareille,  tandis  que  le  florin  de  Berne  valait 
10  °/0  de  moins. 


SÉANCES  DU  COMITÉ  71) 

M:  le  D1  H.  Nahholz,  archiviste  de  l'État  de  Zurich. 
Tous  nous  oui  fourni  de  précieuses  indications. 

Disons,  en  lerminant  cette  élude,  que  les  résultats 
auxquels  nous  sommes  arrivée,  sont  approximatifs,  car 
en  pareille  matière,  il  y  a  un  flotlement  inévitahle.  Nous 
espérons  néanmoins  que  ce  travail,  en  précisant  la  valeur 
de  la  livre  tournois,  et  les  rapports  des  divers  systèmes 
monélaires  entre  eux,  pourra  rendre  quelques  services 
aux  personnes  qui  s'occupent  de  l'histoire  du  Hefuge. 

Madame  Alexandre  de  Ciiambrier. 

Bevaix,  20  septembre,  1908. 


SÉANCES  DU  COMITÉ 


&4Novembrci908. 

Assistent  à  la  séance,  sous  la  présidence  du  baron  F.  de  Schickler, 
MM.  Bonel-Maury,  Chatoney,  H-  Monod,  J.  Pannier,  F.  Puaux, 
E.  Holt,  R.  Reuss,  Tanon,  J.  Viénot  et  [S.  Weiss. 

Aprf  s  la  leelure  et  l'adoption  du  procès-verbal  de  la  dernière 
séance,  le  Président  e>plique  au  Comité  la  présence,  dans  la  salle 
de  lecture  de  la  Bibliothèque,  de  quatre  nouveaux  meubles  qui  y 
ont  été  placés  récemment  contre  les  colonnes  qui  supposent  la 
galerie  du  premier  étage.  Jusqu'ici  notre  catalogue  ne  se  compo- 
sait que  de  fiches  que  nous  ne  pouvions  que  très  exceptionnelle- 
ment communiquer  au  public,  et  qui,  n'étant  pas  fixées  dans  les 
tiroirs,  étaient  souvent  déplacées,  ou  plus  exactement,  rep'acées 
ailleurs  que  dans  leur  ordre  alphabétique.  De  là  la  nécessité  pour 
le  bibliolhécaiie  de  Taire  lui-même  la  recherche  du  ou  des  livres 
que  demandaient  les  lecteuis.  Il  a  pensé  rendre  service  à  ces  der- 
niers en  faisant  recopier  toutes  les  fiches,  aménagées  dans  ces 
meubles  de  manière  à  ne  pouvoir  être  déplacées.  Désormais  le 
lecteur  pouna  lui-même  faire  ses  recherches  dans  n'importe 
quel  tiroir,  sans  crainte  de  rien  déranger,  ce  qui  supprime! a  une 
perle  de  temps  souvent  considérable.  Le  travail,  commencé  pen- 
dant les  vacances  par  un  ancien  prêtre  dont  l'écriture  est  très  lisible 
pourra  être  terminé  au  courant  de  l'année  prochaine. 


80 


SÉANCES  DU  COMITÉ 


M.  Jacques  Vannier  croit  qu'il  faudrait  profiter  du  quatre  cen- 
tième anniversaire  de  la  naissance  de  Calvin  pour  faire  poser  une 
plaque  commérnorative  sur  la  partie  de  la  maison  de  ses  parents 
qui  existe  encore  à  Noyon.  Il  s'entendra  avec  M.  Abel  Lefranc,  pro- 
fesseur au  Collège  de  France  et  originaire  de  Noyon,  sur  la  marche 
à  suivre. 

M.  John  Viénot  rend  compte  du  Congrès  des  sciences  histo- 
riques qui  s'est  tenu  à  Berlin  au  mois  d'août  et  auquel  il  a  assi-sté 
avec  le  secrétaire.  Ce  dernier  espère  que  quelques-unes  des 
publications  historiques  allemandes  intéressant  la  Réforme  fran- 
çaise pourront  être  obtenues  pour  notre  bibliothèque,  grâce  aux 
relations  faites  à  ce  Congrès. 

Le  secrétaire  donne  ensuite  les  renseignements  suivants  sur  la 
Table  générale  du  Bulletin.  Le  manuscrit  des  let  très  A  à  L  est 
entièrement  terminé  et  les  deux  lettres  qui  suivent  très  avancées. 
Quanta  la  France  protestante,  la  multitude  de  petits  papiers  extraits 
des  matériaux  accumulés  par  feu  A.  Bernus  ont  été  collés  sur  de 
grosses  fiches  in-4°  avec  des  renvois  aux  dossiers  ou  à  d'autres 
sources  comme  les  papiers Pradel,  travail  préparatoire  qui  facilitera 
beaucoup  la  rédaction  du  complément  de  la  lettre  G. 

Bibliothèque.  —  Elle  a  reçu  de  M.  Perrier,  juge  de  paix  à  Rive- 
de-Gier,  le  manuscrit  des  Actes  de  l'Eglise  de  Dieu  en  Christ 
à  Lyon  de  1830  à  1832;  —  par  l'intermédiaire  de  M.  le  pro- 
fesseur E.  Doumerguc,  de  Montauban,  un  assez  gros  ballot  des 
papiers  qu'avait  recueillis  feu  M.  le  pasteur  Vielles.  La  majeure 
partie  de  ces  papiers  se  compose  malheureusement  d'exiraits 
presque  toujours  informes  ou  incomplets  faits  jadis  aux  archives 
de  l'Hérault,  par  feu  M.  le  pasteur  Kraissinet;  puis  il  y  a  un  lot 
de  sermons  manuscrits  du  xvii°  siècle,  un  ceriain  nombre  de 
Jugements  imprimés  sur  affiches  et  quelques  pièces  originales 
intéressantes  qui  ont  été  jadis  signalées  dans  le  Bulletin. —  M.  Le- 
gouis  a  envoyé  une  copie  partielle  des  délibérations  de  l'ancienne 
Académie  deSaumur. — Le  président  dépose  une  plaquette  :  Anli- 
ferrier  dédié  à  Monsieur  du  Plessi-Mnrnay  />ar  Dnnirl  Couppé,  pasteur 
de  V Eglise  réformée  de  Tours,  La  Rochelle,  IL  Haultin,  1615  — et  la 
Société  d<'s  Textes  français  Modernes,  récemment  fondée  pour  mettre 
à  la  disnosition  des  travailleurs  des  réimpressions  critiques  d'oeu- 
vres littéraire  rares,  a  bien  voulu  exceptionnellement  nous  offrir 
un  exemplaire  des  deux  premiers  volumes  qu'elle  a  fait  paraître  : 
Jean  de  Schelandre,  Tt,r  et  S'don  et  Louis  des  Masures,  Tragédies 
saintes.  Paris,  E.  Cornély  et  C,e,  1907  et  1908. 


SÉANCES  DU  COMITK 


81 


1 1  janvier  1909. 

Assistent  à  la  séance,  sous  la  présidence  du  baron  F.  de 
Schickler,  MM.  R.  Chatoney,  G.  Monod,  p.  de  Félicc,  E.  Rolt  el 
N.  Weiss. 

Après  la  1  ec.ti.tr  e  et  l'adoption  du  procès-verbal  de  la  dernière 
séance,  le  président  lit  le  texte  delà  lettre  qu'il  adressa  le  2ti  no- 
vembre 1909  à  M.  Noël,  sénateur  de  l'Oise  et  maire  de  Noyon,  au 
sujet  de  la  plaque  à  poser  sur  ce  qui  reste  de  la  maison  de  Calvin. 
Celte  lettre  est  malheureusement  restée  jusqu'ici  sans  réponse. 
Le  secrétaire  est  chargé  de  voir  M.  Aboi  Lefranc  et  de  se  con- 
certer avec  lui  à  ce  sujet.  M.  J.  Pannier,  en  s'excusant  de  ne  pou- 
voir assister  à  la  séance,  envoie  une  note  sur  l'origine  possible  du 
mot  marrean  ou  mereau. 

Le  secrétaire  communique  le  faire  part  qu'il  a  reçu  du  décès 
d'un  de  nos  membres  honoraires  depuis  1905,  M.Emil  Egli,  pro- 
fesseur d'histoire  ecclésiaslique  à  Zurich;  il  y  est  mort  le 
31  décembre  à  soixante  et  un  ans.  C'était  l'homme  qui  connais- 
sait le  mieux  Zwingli  et  tout  le  mouvement  provoqué  par  ce 
réformateur;  sa  modestie  surpassait  encore  sa  compétence 
exceptionnelle;  il  était  le  principal  collaborateur  de  la  nouvelle 
édition  des  œuvres  de  Zwingli  que  depuis  plusieurs  années  il 
avait  préparée  et  provoquée. 

Il  communique  ensuite  au  Comité  la  liste  des  souscriptions 
reçues  ace  jour  pou»'  le  Monument  de  la  Réformation.  Elles  attei- 
gnent le  chiffre  de  3596  fr.  20  pour  89  Églises  et  S  particuliers.  La 
Société  a  reçu  jusqu'ici  pour  l  'exercice  1908,  1040  fr.  90  de  la  part 
de  Ti  Églises. 

Enfin  il  donne  connaissance  d'une  lettre  de  M.  le  pasteur 
Cornet-Auquier  qui  demande  qu'à  l'occasion  du  350(1  anniversaire 
de  la  fondation  de  l'Église  réformée  de  Chalon-sur-Saône,  lequel 
tombe  sur  l'année  1909 ,  notre  Société  veuille  bien  tenir  son  assem- 
blée générale  à  Chalon-sur-Saône.  Quelques  membres  se  demandent 
si  nous  ne  devrions  pas  c  itte  année  convoquer  la  public  parisien 
aune  commémoration  du  quatrième  centenaire  de  la  naissance 
de  Calvin.  D'autres  répondent  que  cela  pourrait  se  faire  peut  être 
avec  plus  d'intérêt  après  lê*s  réunions  qui  doivent  se  tenir  a  Genève 
en  juillet  et  auxquelles  nous  sommes  déjà  invités.  Dans  ce  cas  il 
serait  peut-être  possible  aux  membres  qui  se  rendront  à  Genève, 
de  s'arrêter  en  route  pendant  un  jour  ou  deux  à  Chalon-sur- 
Saône.  Il  est  décidé  que  le  secrétaire  écrira  à  M.  le  Pasteur 
Cornet-Auquier  pour  le  remercier  de  son  invitation  et  lui 
demander  si  la  commémoration  à  laquelle  il  nous  convie  ne  pour- 
rait pas  être  lixée  par  exemple  deux  jours  avant  celle  de  Genève, 


82 


CHRONIQUE  LITTÉRAIR  K 


ce  qui  permettrait  aux  membres  du  Comité  de  se  rendre  dans 
cette  ville  en  deux  étapes. 

On  parle  enfin  de  la  possibilité  d'insérer  au  Bulletin  un  travail 
sur  Guizol  et  la  crise  intérieure  du  Protestantisme  français  au 
XIX0  siècle.  Ce  travail  touche  à  trop  de  questions  encore  brû- 
lantes pour  qu'il  puisse  être  considéré  comme  appartenant  à 
l'histoire  ancienne  du  Protestantisme  français. 

Bibliothèque.  —  Elle  a  reçu  beaucoup  de  livres  et  brochures 
qui  paraîtront  sur  la  troisième  page  de  la  couverture,  et  de 
Mme  de  Merveilleux,  un  Sermon  sur  la  Paix  de  Pierre  Rival,  Lon- 
dres 1713: —  une  feuille  volante  in-i°  :  Mémoire  de  la  Direction 
des  Pauvres  François  réfugiés  pour  cause  de  Reliqion  à  Lausanne  : 
Servant  d'information  du  Hat  et  des  motifs  de  la  Lotterir  qui  lui  a  été 
permise  par  LL.  EE.  de  la  Ville  et  République  de  Berne]  — et  une 
plaquette  in-4°  :  Confession  de  Eoij  de  Sa  Majesté  le  Roy  de  Prusse. 
Laquelle  il  a  fait  proposer  à  tous  Us  ministres  d^s  Etats  prolestants 
à  Batisbonne,  afin  d'obtenir  la  direction  des  Etals  évanqéliques. 
Traduit  de  l  Allemand  par  P .  P.  de  N.  Imprimé  l'an  MDCCXJX. 


Cil U0N1QUE  LITTÉRAIRE 


La  politique  religieuse  de  la  Révolution  française. 

Tel  est  le  filre  d'une  Etude  critique  (h)  M.  Emile  Lafonl,  membre 
de  la  Société  de  l'Histoire  de  la  Révolution  française,  parue  chez 
Jules  Roussel,  (1909,  X-302  p.  3fr.50)et  honorée  d'une  Préface  de 
M.  Louis  Havel,  dont  la  tendance  anti  religieuse  bien  connue  ne 
se  révèle  ici  que  par  cette  phrase  discrète  :  «  Chacun  peut  voir  des 
millions  d'hommes  et  d'hommes  qui  pensent,  se  réjouir  du  déclin 
de  l'esprit  religieux.  L'histoire,  d'ailleurs,  n'est  flalteuse  ni  pour 
les  dévots  ni  pour  les  siècles  de  foi  naïve.  »  L'hisloire  serait-elle 
flatteuse  pour  les  peuples  sans  foi  ?  Non,  car  elle  les  ignore  ou  ne 
les  nomme  que  pour  les  enterrer.  Et  le  déclin  de  l'esprit  religieux 
a  toujours  été  le  plus  sûr  symptôme  de  décadence  :  Car  la  foi,  ou, 
si  vous  préférez,  une  foi,  une  aspiration  quelconque  vers  un  idéal 
surhumain  est  encore  la  meilleure  force  tonique.  «  Sans  elle,  la  vie 
devient  incolore,  et  son  intérêt  s'évanouit...  (elle)  nous  devient  à 
charge.  Nous  nous  sentons  malheureux  comme  le  serait  un  homme 
condamné  à  séjourner  dans  l'obscurité  ».  Ainsi  s'exprime  M.  Jean 
Finot  dans  la  Revuedn  1er  octobre  (Cf.  Revue  Chrétienne  du  I''1  nov. 
p.  9 19).  C'est  si  vrai  que  les  rêves  socialistes  (pii  remplacent  la  reli- 
gion traditionnelle  dans  l'àme  des  foules  ouvrières  prennent  les 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRti 


83 


allures,  les  formes  et  jusqu'à  l'intolérance  d'un  credo  confessionnel 
(Cf.  p.  142)  et  donnent  souvent  la  même  énergie  que  l'ancienne  foi 
en  remplissant  le  cœur  d'espoir  et  lui  permettant  de  supporter 
les  malheurs  présents  par  l'attente  d'un  avenir  meilleur.  M.  Lafont 
est  donc  le  jouet  de  la  plus  folle  illusion,  s'il  croit  que,  délivrée 
du  cauchemar  religieux,  «  la  (erre  désormais  ne  sera  plus  une 
vallée  de  larmes  »  et  que,  «  les  vieilles  conceptions  Idéologiques  » 
s'e ffaçant,  «  la  splendeur  de  l'existence  et  du  monde  naturel  appa- 
raît à  nos  yëux  »  (p.  3).  Hélas  non,  c'est  toute  l'horreur  de 
l'existence,  c'est  l'affreuse  réalité  de^  la  misère  humaine  qui  vont 
seules  apparaître  ànosyeux  épouvantés.  Mais  regardez  donc  autour 
de  vous  !  Déclin  du  sentiment  religieux,  n'est-ce  pas  synonyme 
de  dépopulation,  c'est-à-dire  de  mort  à  brève  échéance. 

Sans  doute,  M.  L.  ne  pense  qu'au  catholicisme  en  disan 
qu'  «  un  des  mérites  de  la  Révolution  sera  d'avoir  brisé  les  chaînes 
honteuses  qui  entravèrent  douloureusement  la  pensée  humaine  ». 
Mais,  même  compris  ainsi,  son  lyrisme  optimiste  est  exagéré. 

Voyons  de  plus  près  son  livre,  dont  la  moitié  seulement 
contient  l'essai  de  reconstruction  historique  delà  politique  reli- 
gieuse. A  partir  de  la  page  Ho,  ce  ne  sont  plus  que  des  pièces 
justificatives  :  brefs,  rapports,  lettres,  discours,  projels  de  loi, 
pétitions,  décrets,  instructions,  etc.,  sur  les  troubles  de  1791, 
l'institution  de  l'état  civil,  la  suppression  des  frais  de  culte,  la 
liberté  de  conscience,  l'esprit  laïque  à  la  Convention,  la  déchristia- 
nisation, le  culte  de  la  Raison,  les  abjurations,  la  Séparation.  Le 
récit  proprement  dit  se  déioule  en  14  chapitres,  depuis  les  pre- 
mières mesures  de  la  Constituante  jusqu'au  Concordat  (I),  le 
chapitre  initial  montrant  l'importance  si  longtemps  méconnue, 
proclamée  surtout  parQuinet — des  questions  religieuses  (ju  dirais 
plutôt  :  de  la  question  religieuse)  dans  l'élude  de  la  Révolution, 
le  chapitre  linal  racontant  la  défense  républicaine  contre  la 
réaction  de  l'an  V,  et  la  catastrophe  de  Brumaire,  «  dont  les 
conséquences  pèsent  encore  sur  nous  ». 

Voici  les  passages  qui  nous  semblent  mériterune  mention  spé- 
ciale. P.  3-2  signale  l'utopie  de  la  Constituante,  qui  «  veut  créer, 
à  côté  du  clergé  réfractaire,  un  nouveau  clergé  à  la  fois  catholi- 
que et  constitutionnel  »,  et  la  situation  archi-fausse  de  ce  clergé 
gallican,  qui  «  prétend  reconnaître  le  pape  »  lorsque  celui-ci  lui 
jette  l'analhème  ».  Sans  doute,  «  il  valait  mieux  combattre  la  domi- 
nation de  Rome  sans  créer  ce  nouveau  clergé  »  ;  mais  l'auteur  oublie 
que  le  pays  n'était  pas  mûr  pour  une  mesure  aussi  radicale  et 
qu'habitué  depuis  des  siècles  à  subir  cette  domination,  il  la  consi- 
dérait encore  comme  une  chose  indispensable  (2). 

(1)  «  Contrat  d'exploitation  du  peuple  français  passé  entre  le  pape  et  le 
dictateur  »  (p.  141)  et  qu'  «  un  acte  de  haute  sagesse  a  enfin  dénoncé  ». 

(2)  La  meileure  preuve  de  la  persistance  de  cette  mentalité  catholique  est 


81 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


P.  49,  56,  71,  89,  121  et  131  rappellent  à  propos  que  «les 
décrets  sévères  qu'elle  (la  Législative)  porta  contre  les  prêtres 
réfractaires  doivent  être  regardés  plutôt  comme  des  moyens  de 
défense  que  comme  des  mesures  prises  pour  consolider  la  cons- 
titution civile  »  et  que  «  cette  sévérité  est  justifiée  par  la  conduite 
de  ces  réfractaires  qui...  s'efforçaient  d'allumer  la  guerre  civile  et 
n'avaient  pas  voulu  se  contenter  de  la  liberté  et  des  droits  com- 
muns à  tous  les  citoyens  ».  La  politique  répressive  «  s'accentua 
au  fur  et  à  mesure  ...  que  le  danger  de  la  contre-révolution 
menaçait  davantage  ». 

P.  86,  nous  voyons  les  Girondins  se  montrer  «  sur  laquestion  de 
la  liberté  des  cultes,  plus  révolutionnaires  et  plus  politiques 
que  les  Jacobins»,  dont  «  la  mentalité  est  absolument  opposée  au 
véritable  esprit  de  la  Révolution  »  (p.  91).  L'auteur  semble  s'en 
étonner  :  il  y  a  pourtant  assez  longtemps  qu'on  a  constaté  que 
lejacobinisme  n'est  que  du  cléricalisme  à  rebours  !(Cf.p.  93,94). 
La  note  de  la  p.  96  et  la  p.  274  mentionnent  des  abjurations  de 
pasteurs. 

P.  99  met  en  évidence  que  «  les  deux  cultes  de  la  Raison  et  do 
l'Être  suprême  avaient  été  d'inspiration  bien  différente  »,  mais 
furenl  souvent,  dans  la  pratique,  confondus  par  la  foule  simpliste. 

P.  100  et  103  rappellent  la  vraie  signification  du  9  thermidor, 
qui,  loin  d'être  «  une  revanche  du  philosophisme  »  ou  «  le  signal 
de  la  réaction  »  fut  «  surtout  l'œuvre  d'hommes  qui  veulent 
sauver  leur  tête  ». 

P.  109  souligne  toute  l'importance  du  décret  de  la  Convention 
qui  supprime  les  dépenses  publiques  du  culte  et  qui  «  passe 
presque  inaperçu  aux  yeux  de  beaucoup  d'historiens  ». 

P.  127  dit  à  propos  du  régime  de  la  Séparation  qui  fonctionna 
pendant  près  de  sept  ans  :  «  Si  les  esprits  y  avaient  été  préparés 
dès  l'origine,  cette  question  religieuse  n'eût  pas  été  embrouillée 
par  les  difficultés  de  la  Constitution  civile,  et  peut-être  la  sécula- 
risation de  l'État  eût-elle  élé  définitive...  Cette  expérience  doit 
nous  enlever  toute  inquiétude  dans  l'accomplissement  de  l'œuvre 
de  sécularisation  que  Bonaparte  a  interrompue  et  que  nousrcpre 
nons  aujourd'hui  ». 

P.  46.  Lorsque,  le  7  mai  1791,  la  Constituante  proclama  la 
liberté  des  cultes  sans  restriction,  les  députés  du  clergé  «  repro- 
chèrent à  l'Assemblée  son  esprit  de  persécution  ».  M.  L.  s'étonne 
de  ce  que  «  dans  celle  liberté  pour  tous,  ils  voyaient  la  persécution 
des  catholiques  ».  tëtonnement  naïf,  comme  s'il  en  avait  jamais 

qu'encore  le  l'r  juin  1792,  l'arrêté  de  la  Commune  interdisant  de  contraindre 
à  tapisser  les  maisons  lors  de  la  Fête-Dieu  et  de  requérir  la  garde  nationale 
pour  les  cérémonies  du  culte,  provoqua  des  troubles  et  la  protestation  indi- 
gnée de  Kobespierre  (p.  (L>i.  Cf.  p.  19. 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


été  autrement.  L'Eglise  ne  se  sent  libre  que  quand  elle  peut 
persécuter;  sans  cela  elle  s'estime  persécutée. 

Voici  maintenant  quelques  affirmations  qui  nous  semblent  ou 
exagérées  ou  même  fausses. 

P.  44.  Le  décret  du  "28  janvier  1790  reconnut  les  droits  poli- 
tiques des  Juifs  du  Midi,  mais  non  de  ceux  d'Alsace,  parce 
qu'  «  on  prétendait  que  plus  de  la  moitié  des  terres  de  la  province 
étaient  frappées  (l'hypothèques  à  leur  profit  et  que  par  conséquent 
les  biens  des  chrétiens  passeraient  entre  leurs  mai  us  ».  L'auteur 
ajoute  :«  Les  événements  ont  prouvé  que  ces  craintes  n'étaient  pas 
justifiées  »  et  cite  des  chiffres  à  l'appui.  Mais  ces  chiffres  prouvent 
simplement  que  les  craintes  étaient  exagérées;  quiconque  est 
au  courant  de  la  situation  n'osera  dire  qu'elles  étaient  sans  fonde- 
ment. 

P.  69,  n.  2.  «  Sans  l'hypocrisie  d'une  cour  perverse  et  l'inertie 
d'un  roi  incapable,  la  Révolution  s'accomplissait  tout  naturelle- 
ment et  sans  grands  soubresauts  ».  Voilà  pourtant  de  l'historio- 
graphie par  trop  simpliste.  Et  les  ambitions,  et  les  passions,  et  les 
jalousies  et  les  égoïsmes  et  les  vanités  et  les  partis  pris,  croyez-vous 
qu'ils  auraient  laissé  faire  sans  soubresauts?  Ce  n'est  pas  sérieux. 

P.  73.  «  La  Révolution  se  montra  lidèle  aux  principes  de  la  plus 
saine  philosophie  lorsqu'elle  admit  le  divorce  ».  Y'oilà  qui  est 
encore  bien  catégorique  et  absolu.  Une  philosophie  non  moins 
saine  pourra  objecter  que  deux  époux  sachant  leurs  liens  indis- 
solubles se  sont  peut-être  souvent  résignés  à  leur  sort  et  ont  fini 
par  trouver  dans  cette  mâle  résignation  le  bonheur  stable  qu'une 
liberté  plus  grande  ne  leur  aurait  sans  doute  pas  donné. 

P.  83  et  240.  Les  belles  phrases,  généreuses  peut-être,  mais  à  coup 
sur  utopiques,  de  Rabaut  Saint-Etienne  et  de  Jacob  Dupont  sur 
les  bienfaits  inévitables  de  la  propagation  des  lumières,  par  «  les 
écoles  primaires  de  France  »  qui  «  seront  l'école  du  genre  hu- 
main »,  sur  ce  que  «  tout  peuple  éclairé  sera  libre  quand  il  le 
voudra»,  bien  plus,  sur  ce  que  «les  lumières  amèneront  nécessai- 
rement la  liberté,  parce  qu'elles  fout  connaître  les  droits  de 
chacun»,  semblent  trouver  le  plein  assentiment  de  M.  L.,  qui  n'a 
probablement  pas  fait  d'enquête  sur  les  effets  moralisateurs  de 
l'instruction  actuelle.  Sans  doute,  tous  les  Français  connaissent 
à  présent  leurs  droits  ;  mais  c'était  inutile  de  les  leur  apprendre  : 
ils  les  connaissent  depuis  fort  longtemps  ;  mais  qui  leur  apprend 
que  tout  droit  implique  un  devoir  et  que  les  devoirs  grandissent 
avec  les  droits? 

P.  139.  Le  philosophe  aux  yeux  duquel  la  Révolution  «  n'est 
pas  un  accident  de  notre  histoire  »  mais  «  l'aboutissant  logique  » 
et  «  a  consolidé  l'unité  nationale  »  me  semble  avoir  la  vue  un  peu 
courte  et  l'esprit  simpliste  de  l'historien  de  tout  à  l'heure.  Le  rou- 
leau égalilaire  et  niveleur  semble,  à  première  vue.  consolider  l'unité 


86 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


parce  qu'il  écrase  tout,  mais  il  n'y  a  de  véritable  et  durable  unité 
que  dans  l'harmonie  des  diversités  et  l'équilibre  des  inégalités (I  ). 
Enfin  il  reste  à  relever  quelques  errata  : 

P.  62,  1.  5  lire  dépense  publique.  P.  83, 1.  20,  phrase  incorrecte  : 
comme  si  le  sang  d'un  ennemi  vaincu  fit  jamais  triompher  une 
idée! 

P.  17(>,  I.  7  d'en  bas;  lire  :  le  spectacle  de  votre  vertu.  P.  263, 
lire  :  19  brumaire.  Envoi  au  pape.  P.  300,  l  indication  de  la  page 
initiale  des  5  derniers  chapitres  est  fausse  et  à  rétablir  ainsi  :  91, 
103,  Hl,  119,129,  139. 

Th.  Sciioell. 


Hugues  Vaganay.  Le  mariage,  honni  par  Desportes,  louange  par 
Blanchon,  Le  Gaygnard,  Rouspeau.  Imprimé  à  12o  exemplaires. 
Mâcon,  1908,  32  pages  in-4°. 

Yves  Rouspeau  est  un  écrivain  protestant  du  xvie  siècle,  qui  a 
une  notice  dans  la  France  protestante.  Les  frères  Ilaag  y  ont  donné 
la  liste  de  ses  publications;  on  la  trouve  aussi,  avec  quelques 
détails  de  plus,  dans  le  Manuel  de  Brunet. 

M.  Hugues  Vaganay,  bibliothécaire  des  Facultés  catholiques  de 
Lyon,  vient  de  réimprimer  un  des  ouvrages  de  Rouspeau,  les 
Stances  chresliennes  des  louanges  du  saint  mariage,  opposées  aux 
Stances  de  mariage,  de  Philippe  des  Portes,  1586. 

Desportes,  dans  sas  premières  Œuvres  (1573)  avait  publié  une 
invective  poétique  contre  le  mariage,  en  25  sizains  : 

Kscoutez  ma  parole,  ô  mortels  esgarez, 
Qui  dans  la  servitude  aveuglement  courez, 
Et  voyez  quelle  femme  au  moins  vous  devez  prendre  : 

Si  vous  Tespousez  riche,.... 
Si  vous  la  prenez  pauvre,.... 
Si  vous  l'espousez  belle,... 
Si  vous  la  prenez...., 

Chacune  de  ces  hypothèses  est  accompagnée  de  prédictions 
redoutables.  Cette  pièce  donna  lieu  à  un  petit  tournoi  littéraire. 
Plusieurs  poètes  de  l'époque  entrèrent  dans  la  lice,  les  uns  pour 
appuyer,  et  la  plupart  pour  combattre  Desportes. 

M.  Vaganay  a  réuni  en  une  plaquette,  imprimée  sur  Alliance 
Handmade  paper,  les  pièces  principales  de  ce  débat:  les  Stances 
de  Desportes,  et  trois  morceaux  où,  dans  le  même  rythme  que  lui. 

(1)  Qui  veut  creuser  davantage  le  sujet  fera  bien  de  lire.  daDS  Y  Anticléri- 
calisme de  M.  Faguet,  le  chapitre  sur  la  période  révolutionnaire  p.  126),  M 
surtout  de  méditer  le  chapitre  initial  sur  l'irréligion  nationale,  qui  donne  la 
clef  de  toute  notre  histoire  religieuse  et  de  notre  crise  actuelle. 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


87 


souvent  avec  les  mêmes  rimes,  Joachim  Blanchon(1583),  Pierre  Le 
Gaygnard  (1585)  et  Yves  Rouspeau  (1586),  ont  pris  la  défense  du 
mariage. 

Rouspeau,  comme  les  autres,  reprend  chacune  des  hypothèses 
qu'on  a  vups  plus  haut;  il  s'attache  à  montrer  en  chaque  cas  les 
beaux  côtés  du  mariage.  Je  ne  citerai  que  quelques  vers  : 

. . .  Voyés 

Quelle  femme  il  vous  faut  en  mariage  eslire  : 

Si  vous  l'eslisez  riche  et  de  bonne  maison, 
Bien  nourrie  et  vestue  en  tout  temps  et  saison, 
Tous  vos  sens  seront  d'aise  et  de  joye  ravis 
tfn  parlant  avec  elle,  et,  parmi  les  devis, 
Contant  tout  à  loisir  ses  escus  sur  la  table.... 

Si  vous  la  prenez  pauvre,... 
De  son  ame,  pour  dot,  vous  aurez  la  sagesse 
Qu'on  doit  plus  que  les  biens  de  ce  monde  priser. 

Eugène  Ritter. 


Encore  le  mariage  de  Bossuet. 

Nous  résumions  dernièrement  (Bulletin,  mai  1908,  p.  273) 
l'étude  consciencieuse  de  M.  l'abbé  Urbain  sur  Bossuet  et  Mïle  de 
Mauléon.  C'est  d'elle  surtout  que  s'inspire  le  n°  9  de  la  Collection 
Arthur  Savaèle,  à  3  fr.  50,  intitulé  Autour  d'une  brochure.  Lettres  à 
M.  Savaète,  directeur  de  la  Hernie  du  Monde  Catholique,  sur  le  pré- 
tendu mariage  de  Bossuet.  Avec  un  article  posthume  de  Mgr  Justin 
Fèvre  (sans  date  ni  nom  d'auteur,  196  p.).  La  lrc  lettre  expose 
les  vues  de  M.  Urbain,  les  2°-5e  celles  de  M.  J.  Gaignet,  ex-supé- 
rieur de  Grand  Séminaire  dans  son  Etude  critique  sur  Le  prétendu 
mariage  de  Bossuet.  (Bloud,  1907)  (1),  les  6e  et  7°  celles  du  R.  P. 
Constant  dans  \&Bevuc  du  Monde  catholique  du  15  juillet  1907.  Les 
conclusions  de  l'auteur  (p.  I  i3)  sont  que:  1°  les  résultats  iixés  par 
l'enquête  de  M.  Urbain  n'ont  point  été  infirmés,  mais  l'éclaircis- 
sement définitif  de  l'intrigue  de  Ml,e  de  Mauléon  dépendrait  sur- 
tout des  papiers  intentionnellement  détruits  chez  elle  en  1714; 
2°  une  autre  difOculté,  celle  du  nom  de  Desvieux,  cité  par  deux 
auteurs  indépendants  l'un  de  l'autre  et  impossible  à  identifier 
avec  ceux  de  Gary  de  Mauléon,  n'a  pas  assez  attiré  l'attention  de 
M.  Gaignet;  3°  ce  dernier  n'a  introduit  dans  la  question  aucun 
élément  nouveau,  mais  seulement  un  certain  nombre  d'erreurs, 
et  n'a  emprunté  la  matière  de  sa  discussion  qu'aux  articles  qu'il 
prétendait  réfuter;  il  a  fait  œuvre  de  polémiste  plutôt  que  d'his- 
torien; 4°  un  mystère  subsiste,  et  l'on  n'a  pas  réussi  à  prouver 

(1)  64  p.  in-12,  2e  éd.,  n°  456  de  Science  et  religion.  Etudes  pour  le  temps 
présent.  Série  des  Questions  historiques. 


Cil  ROM  IQU  K  LITTÉRAIRE 


([lie  le  brait  du  prétendu  mariage  dû  aux  réclamations  de  M,lc  de 
Mauléon  n'est  qu'un  racontar  sans  consistance,  provoqué  par 
un  simple  contrat  de  cautionnement. 

L'article  du  protonotaire  apostolique,  Mgr  Fèvre,  intitulé  Nou- 
velles éludes  critiques  sur  Bossnet,  a  pour  point  de  départ  les  Etudes 
critiques  de  Vincent  Davin,  chanoine  à  Versailles,  publiées  en  1903 
par  la  même  Revue  du  Monde  catholique,  puis  à  part  en  un  volume 
de  372  p..  résultat  de  40  ans  de  travail  aux  archives  de  Paris  et  de 
Home  (môme  aux  archives  secrètes  du  Vatican),  travail  encouragé 
par  Augustin  Bonnetty,  directeur  de  Y  Université  catholique  et  des 
Annales  de  philosophie  chrétienne,  ainsi  que  par  Louis  Veuillot  et 
le  cardinal  Pitra,  «  prince  de  l'érudition  contemporaine.  »  La 
tendance  de  Mgr  Fèvre  est  suffisamment  caractérisée  par  ce  l'ait 
symptomatique  qu'il  ne  trouve  de  meilleure  conclusion  que  de 
reproduire  le  compte  rendu  de  M.  Lanson  sur  M.  Urbain,  dans  la 
Revue  Universitaire  de  décembre  1906. 

En  somme,  qui  a  lu  la  brochure  de  M.  Urbain  ne  verra  rien  de 
bien  nouveau  dans  celle-ci,  si  ce  n'est  le  développement,  très 
intéressant  sans  doute,  de  certains  détails  de  la  question,  et  de 
longues  polémiqnes  moins  intéressantes.  Quant  à  la  brochure  de 
M.  J.  Gaignet,  elle  n'a  aucune  valeur  critique,  et  le  jugement  de 
l'auteur  Autour  d'une  brochure,  rapporté  ci-dessus,  est  même  très 
modéré.  C'est  de  l'apologétique  pure,  inspirée  par  un  parti  pris 
fort  honorable  peut-être,  mais  qui  n'a  rien  à  faire  avec  la  recherche 
désintéressée  de  la  vérité,  s'il  est  permis  d'appliquer  un  aussi  gros 
terme  à  une  question  d'aussi  mince  valeur.  A  notre  humbie  avis, 
la  seule  chose  sensée  à  l'aire  serait  de  laisser  dormir  en  paix  les 
cendres  de  Bossuet.  Car,  même  si  ce  qu'on  lui  reproche  était 
absolument  prouvé,  il  resterait  la  sublime  parole  de  Jésus  :  que 
celui  qui  est  sans  péché  lui  jette  la  première  pierre. 

Th.  Sch. 


La  Compagnie  du  Saint-Sacrement. 

M.  Rébelliau  poursuit  la  série  de  ses  travaux  sur  cette  mys- 
térieuse association,  dont  on  ignorait  naguère  complètement 
l'existence,  et  dont  l'influence  parait  pourtant  avoir  été  si  profonde 
en  raison  môme  de  son  action  cachée  el  des  efforts  convergents 
et  si  disciplinés  de  ses  membres,  efforts  isolés  et  individuels  en 
apparence  et  pour  cela  inaperçus,  mais  d'autant  plus  redoutables. 
Rappelons  que  M.  Et.  s'en  est  occupé  dans  la  Revue  des  Deux- 
Mondes  (juil.-sept.  1903  et  1908),  M.  Allier  dans  la  Revue  de  Paris 
du  1er  sept.  1900r  et  dans  son  livre  :  La  (compagnie  du  Très  Saint - 
Sacrement,  M.  Boudhors  dans  V Enseignement  secondaire  de 
1903,  etc;  que  dès  1888  le  R.  P.  Charles  Clair.  S.  J.,  avait  essaye 
en  vain  d'attirer  l'attention  des  érudits  «  sur  cette  société,  si 


UllRONIQUti  L1TTÉHA1HE 


K9 


jalouse,  et  à  juste  litre,  de  son  extrordinaire  secret  »;  enlin  que  le 
II.  P.  dom  Beauehet-Filleau  et  M.  G.  Guigne,  archiviste  du  Rhône, 
publieront  bientôt  des  documents  sur  les  groupes  de  Paris  et 
Marseille,  comme  le  fait  précisément  M.  Il,  dans  la  brochure  que 
nous  voulons  signaler  ici  (1). 

Elle  apporte  un  complément  d'informations  considérable  à  ces 
Annales  de  René  II  de  Voyer  d'Argenson,  publiées  en  1900  et  qui 
jusqu'à  présent 'étaient  le  seul  document  imprimé,  de  quelque 
étendue,  sur  une  Société  dont  le  rôle  a  été  capital  dans  l'histoire 
religieuse  de  notre  xvne  siècle  »  et  dont  les  «  précautions  destruc- 
trices »  ont  laissé  échapper  si  peu  de  papiers.  Ceux  que  M.  K. 
révèle  comprennent  :  1°  58  lettres  adressées  par  le  supérieur  et  le 
directeur  de  la  Compagnie  de  Paris  à  ceux  de  Marseille  (décès  de 
confrères  et  nouvelles  spirituelles  ou  charitables)  ;  —  2°89  circu- 
laires imprimées,  expédiées  de  1645  à  1658  également  de  Paris  à 
Marseille,  sorte  de  faire-part  de  décès,  «  qui,  du  reste,  portent 
assez  souvent  dans  leurs  marges  des  additions  manuscrites  »  rela- 
tives soit  aux  mêmes  nouvelles  que  dans  les  lettres,  soit,  «  surtout 
dans  les  derniers  temps  »  aux  dangers  menaçant  l'existence  de  la 
Société.  Ces  documents  confirment  la  relation  de  Voyer  d'Ar- 
genson, mettent  hors  de  doute  «  l'existence,  conjecturée  par 
M.  Allier,  d'une  Compagnie  de  Brive  »,  font  remonter  de  quelques 
années  la  fondation  de  celles  de  Grenoble  et  de  Montpellier,  mais 
surtout  nous  donnent  une  foule  de  noms  propres,  classés  dans 
l'Index  alphabétique  à  la  tin  de  la  brochure,  et  qui  «  nous  appren- 
dront à  quelles  entreprises  d'intérêt  local  des  membres  ont  été 
mêlés  — en  d'autres  ternies  la  Compagnie  elle-même,  puisqu'elle 
n'intervenait  jamais  en  corps  ».  11  faut  donc  savoir  gré  à  M.  II.  de 
nous  avoir  fourni  cette  utile  contribution  (2). 

Tu.  Scii. 


Henriette  de  Coligny  (Madame  delà  Suze) 

M.  Magne,  dont  nous  avons  déjà  signalé  ici  l'étude  sur  Scarron 
et  son  milieu,  consacre  à  une  arrière-petite-lille  de  l'amiral  de 
Coligny  le  2e  vol.de  sa  série  des  Femmes  galantes  du  XVIIe  siècle. 
Que  vient  faire  lenom  de  Coligny  dans  cette  triste  galerie?  L'amiral 
n'aurait  eu  nul  lieu  d'être  lier  de  ses  descendants.  Déjà  le  père  de 
la  précieuse  qui  nous  occupe,  Gaspard  III,  maréchal-duc  de  Chà- 

(1)  La  Compagnie  secrète  du  Saint-Sacrement.  Lettres  du  groupe  parisien 
au  groupe  marseillais,  1639-1662.  Champion,  1908,  129  p.,  3  fr.  .r>0. 

(2)  L'Appendice  11  nous  apprend  que  le  groupe  de  Marseille  ne  fut  point 
fondé,  comme  on  le  croyait,  par  l'évêque  de  cette  ville,  François  de  Loménie, 
mort  dès  le  27  février  1639,  mais  par  l'évêque  de  Grasse,  Antoine  Godeau,  et 
autorisée,  le  8  mars,  par  le  vicaire-général,  Louis  Gantes,  qui  conserva  son 
poste  sous  le  successeur  de  Loménie. 


90 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


tillon,  prend  un  air  bien  piteux  sous  la  plume  de  M.  Magne,  dont 
le  style  gouailleur,  frivole  et  persifleur  (1)  augmente  encore  la 
gêne  que  Ton  éprouve  en  présence  de  personnages  si  peu  dignes 
de  leur  nom.  Aussi  éprouve-t-on  une  sorte  de  soulagement  à  voir 
Mmo  de  la  Suze  faire,  dès  le  50  juillet  1653,  en  l'église  des  Billettes 
et  soutenue  par  la  reine  et  par  Gaston  d'Orléans  (p.  83),  ce  que  fera 
bienlôt  après  cette  autre  contemporaine,  plus  illustre  encore  et 
qui  ternit  et  gaspilla  un  plus  grand  héritage  de  gloire,  Clirisiino. 
de  Suèdp,  dont  les  Lettres  secrètes  contiennent  ces  lignes  piquantes 
et  vraies  même  si  elles  devaient  n'être  pas  authentiques  :  «  La 
charmante  comtesse  de  la  Suze  vient  de  mourir  en  chantant  (2).  Ce 
bel  espiit  femelle  aimait  tant  la  joie  et  les  plaisirs  qu'en  peu 
d'années  tout  son  bien  fut  dissipé,  et  elle  mourut  fort  à  propos, 
n'ayant  plus  rien  à  manger  »  (p.  255,  n°  3). 

Elle  n'appartient  donc  au  prolestantisme  que  par  des  liens  fort 
lâches  qu'elle  a  fini  par  dénouer  elle-même,  ce  qu'il  n'y  a  pas  lieu 
de  regretter,  et  nous  n'avons  à  la  mentionner  ici  qu'à  cause  de  son 
aïeul.  Disons  seulement  que  sa  mère  était  Anne  de  Polignac,  qu'elle 
fut  reçue  à  l'hôtel  de  Rambouillet  à  12  ans,  avec  sa  sœur  Anne  (3) 
et  la  Mlle  du  prince  de  Condé,  épousa  le  9  août  1643,  à  Chalillon- 
sur-Loing,  Thomas  Hamilton,  comte  d'Hadington,  enlevé  bientôt 
par  la  phtisie,  puis,  le  26  juin  1647,  Gaspard  de  Champagne, 
comte  de  la  Suze,  qui  l'emmena  d'abord  dans  sondomaine  de  Bel- 
fort,  mais  avec  lequel  elle  ne  tarda  pas  à  se  brouiller  et  dont  elle 
se  sépara  définitivement  par  divorce  en  1661  (4). 

En  somme  M.  M.  nous  raconte  une  histoire  assez  peuédifiante 
en  elle-mAme,  mais  qui  le  devient  moins  encore  parle  ton  de  son 
récit.  Au  reste  son  livre  (5)  témoigne  d'une  réelle  érudition  et 
d'une  documentation  consciencieuse  ;  un  Index  alphabétique  des 
noms  propies  permetde  s'y  retrouver  aisément,  on  y  trouvera  aussi 
des  détails  précis  sur  les  deux  frères  de  l'héroïne  et  sur  la  destinée 

(1)  Il  semble  s  évertuer  à  donner  raison  aux  lignes  cruelles  de  M.  Faguel  : 
«  Le  Français  a  une  manie,  qui  est  de  rougir  de  la  moralité  et  d'être  un  fan- 
faron de  vices.  La  France  est  le  seul  pays  du  monde  où  la  chasteté  soit  un 
ridicule  »,  etc.  Tout  le  chapitre  auquel  ces  lignes  sont  empruntées  p.  45  de 
L'irréligion  nationale,  début  de  L'anticléricalisme)  est  à  méditer;  il  ne  donne 
qu'un  côté  de  la  question,  mais  ce  côté  —  le  [dus  en  vue.  hélas  —  est  tracé 
avec  une  vérité  saisissante,  qui  éclaire  toute  notre  histoire  religieuse.  Voir 
notamment  la  p.  6,  sur  nos  guerres  de  religion. 

(2)  9  mars  1613,  âgée  de  55  ans. 

(3)  Qui  épousera,  le  28  mars  1648,  le  duc  Georges  de  Wurtemberg  et  habi- 
tera llorbourg  et  Riquevihr. 

(ii  11  se  remaria  en  1G61  à  Louise  de  Clermont-Gallerande.  cousine  ger- 
maine de  sa  première  femme. 

(5)  Madame  de  Suze  Henriette  de  Coligny)  et  la  Société  précieuse.  Docu- 
ments inédits.  Portrait  inédit  d'après  Daniel  du  Monstier.  Bibliographie  des 
recueils  La  Suze-Pellisson.  In-i8,  Société  du  Mercure  de  France.  1908,  331  p. 
3  fr.  50. 


CORRESPONDANCE 


91 


des  biens  de  famille.  Enfin  un  précieux  Appendice  donne,  entre 
autres  pièces  curieuses,  le  contrai  du  premier  mariage,  les  actes 
du  divorce,  le  signalement  des  pièces  inédites  (aux  Archives 
Nationales)  relatives  a  la  Famille  directe  de  Mm0  de  la  Suze,  et  la 
table  de  ses  poésies  (1).  Tu.  Scu 


, •  CORRESPONDANCE 


Deux  commémorations.  —  Marseille  et  Paris.  —  M.  le  pasteur 
Edgar  de  Vernejoul,  appelé  naguère  à  la  direction  de  l'Eglise  chré- 
tienne réformée  de  Marseille  a  eu  l'heureuse  idée  de  consacrer  la 
première  fête  de  la  Information  qu'il  célébrait  dans  cette  ville, 
au  souvenir  des  galériens  huguenots,  à  peu  près  totalement  igno- 
rés jusqu'alors  de  leurs  coreligionnaires  des  xixe  et  xxe  siècles. 
Après  une  conférence  donnée  dans  le  temple  de  la  rue  Paradis, 
183,  le  samedi  soir  7  novembre,  par  notre  collaborateur,  M.  P. 
Fonbrune-Berbinau,  sur  Les  forçats  pour  la  Foi  et  V Eglise  protes- 
tante de  Marseille  après  la  /{évocation,  et,  à  la  suite  de  la  prédi- 
cation du  lendemain,  par  le  même,  sur  l'esprit  de  la  Réforme,  une 
plaque  commémorative,  placée  en  avant  du  chœur  et  à  droite  de  la 
chaire,  a  été  inaugurée,  avec  cette  inscription  : 

A  LA  MÉMOIRE 
DES  FORÇATS  POUR  LA  FOI 
OUI  ONT  SOUFFERT  EN  HÉROS 
SUR  LES  GALÈRES, 
LES  PROTESTANTS  DE  MARSEILLE. 
Novembre  1908. 

«  Nous  sommes  environnés  d'une 
grande  nuée  de  témoins  »  (2>. 

Nous  félicitons  M.  de  Vernejoul  de  son  initiative  et  lui  souhai- 
tons des  imitateurs.  Il  n'y  a,  en  effet,  guère  d'Eglise  protestante 
qui  ne  puisse  trouver,  dans  son  passé,  un  souvenir  du  même 
genre,  digne  d'être  évoqué  et  perpétué. 

A  Paris  les  protestants  de  l'Eglise  luthérienne  et  leurs  amis 
furent  convoqués  au  temple  de  la  Rédemption  le  29  novembre  1908. 
Ils  étaient  invités  à  y  commémorer  le  premier  centenaire  de  la 
constitution  officielle  de  leur  Eglise,  obtenue  en  1808,  après  deux 
années  de  démarches  d'un  consistoire  officieux,  grâce  à  une  péti- 
tion de  ce  corps  transmise  à  Napoléon  Ier  par  le  général  Walther. 
Cette  pétition  aboutit  à  deux  décrets,  du  20  juillet  et  du  11  août 
1^08,  autorisant  la  ville  de  Paris  à  acquérir  l'église  el  le  couvent 

(1)  L'épisode  du  pasteur  Bruguier,  à  Lumigny  (p.  65)  demanderait  à  être 
éclairci  autrement  que  par  de  simples  insinuations. 

(2)  Voir  la  Vie  Nouvelle  du  29  novembre  1908. 


CORRESPONDANCE 


des  Carmes-Billeltcs  el  instituant  à  Paris  une  Église  consistoriale 
luthérienne  avec  deux  pasteurs  affectés  à  ce  lieu  de  culle  et  pla- 
placés  sur  le  même  pied  que  leurs  collègues  réformés.  Ces  deux 
premiers  pasteurs  furent  MM.  Georges  Boissard  et  .1.  J.  Goepp 
et  l'inauguration  des  Billettes  eut  lieu  le  dimanche  2b'  novembre 
1809.  La  commémoration  de  celte  date  et  des  événements  multi- 
ples qu'elle  rappelait  fut  à  la  fois  enthousiaste  et  solennelle.  — 
Le  souvenir  en  esl  conservé  dans  une  brochure  de  56  p.  in-8°-, 
Centenaire  de  l'Eglise  luthérienne  de  Paris,  renfermant  la  descrip- 
tion de  la  Fêle  et  le  texte  des  discours  qui  y  furent  prononcés.  — 
et  dans  un  volume  de  180  pages  in-8°  abondamment  illustré,  inti- 
tulé :  Un  centenaire.  V Eglise  ëvangêliqiie  luthérienne  de  Paris,  1 8  08- 
19C8.  Notice  historique  suivie  de  Notes  el  Documents  par  Aug. 
Weber,  inspecteur  ecclésiastique  et  président  dn  Consistoire.  Cette 
notice,  écrite  d'après  les  documents  originaux,  est  le  développe- 
ment, encore  sommaire,  mais  précis  et  complet,  des  événements 
que  M.  Weber  n'a  pu  qu'énumérer  dans  sa  prédication  du 
29  novembre.  Nous  le  remercions  pour  notre  part  de  nous  donner 
ce  sou  venir  durable  d'une  te  te  et  de  beaucoup  d'événements  dont 
la  mémoire  aurait  eu,  sans  lui,  le  même  sort  que  beaucoup  de 
faits  qu'on  regrette  de  ne  plus  pouvoir  rappeler.  N.  W. 


Les  Huguenots  au  sud  de  l'Afrique. 

A  M.  Ic  président  de  la  Société  de  l'Histoire  du  Protestantisme  français. 
A  bord  de  l'Armadale  Castle,  le  11  janvier  1909  (au  large  de  Té- 
nériffe). 

Nous  revenons,  mon  ami  M.  le  pasteur  Frédéric  Dumas  et  moi, 
du  su  1  de  l'Afrique,  où  le  Comité  des  Missions  nous  a  envoyés  le 
représenter  au  Jubilé  de  la  missiondu  Lessouto.  Celte  entreprise 
d'apostolat,  dont  la  beauté  et  la  solidité  nous  ont  vivement  frappés, 
a  été  fondée,  il  y  a  soixante-quinze  ans,  par  trois  jeunes  Huguenots; 
un  méridional,  M.  Arbousset,  un  Béarnais,  M.  Casalis,  et  un  Picard, 
M.  Gossellin.  Le  protestantisme  français,  dont  votre  Société 
recherche,  écrit  et  conserve  si  jalousement  l'histoire,  a  signé  là  un 
de  ses  chefs-d'œuvre  les  plus  remarquables. 

On  ne  l'ignore  nulle  part  dans  l'Afrique  australe,  où  l'influence 
de  la  mission  du  Lessouto  s'étend  bien  au  delà  des  frontières  géo- 
graphiques du  Basutoland.  Dans  toute  la  colonie  d'Orange,  en  plu- 
sieurs provinces  de  celles  du  Cap  et  du  Natal  et  jusque  dans  les 
grandes  villes  ouïes  centres  miniers  du  Transvaal,  des  milliers  de 
noirs  se  glorifient  d'appartenir  à  l'Église  Forax  c'est-à-dire,  à  l'église 
française.  Et  les  témoignages  qui  nous  ont  été  apportés  à  Morija 
par  les  représentants  autorisés  de  toutes  les  Eglises  et  de  toutes 
les  missions  protestantes  sud-africaines,  nous  ont  montré  que  cette 
Église  y  jouit  d'une  considération  très  particulière. 


nOKRESPONDANCIS 


Mais,  bien  avant  d'être  représenté,  dans  celte  région  éloignée 
du  globe,  par  la  mission  du  Lessouto,  le  protestantisme  français 
y  avait  déjà  conquis  une  place  d'honneur. 

Dans  les  premières  années  du  xvme  siècle,  les  Huguenots  de 
France,  vous  le  savez,  Monsieur,  entrèrent  pour  une  forte  propor- 
tion dans  la  composition  de  cotte  race  vigoureuse  et  prolifique  des 
Boers,  qui  a  si  longtemps  tenu  en  balance  la  nation  anglaise.  Vain- 
cus enfin,  après,  une  lutte  héroïque  de  part  et  d'autre,  les  Boers 
semblent  prendre  aujourd'hui  leur  revanche  en  restant  l'élément 
dominant  de  la  populaiion  blanche,  du  Cap  au  Zambèze.  Ce  sont 
les  fils  de  Boërs  qui  exerceront  demain  l'influence  prépondérante, 
au  sein  de  ces  États-Unis  sud-africains  qui  sont  en  train  de  se 
constituer.  Or  il  est  impossible  de  passer,  comme  nous  venons  de 
le  faire,  deux  mois  au  sud  de  l'Afrique,  sans  être  frappé  de  l'impor- 
tance exceptionnelle  de  l'apport  français  dans  le  mélange  do  sang 
d'où  va  sortir  une  nationalité  nouvelle. 

Le  lendemain  de  notre  débarquement  au  Cap,  nous  allions 
visiter,  dans  la  ville  voisine  de  Wellington,  le  «  Huguenot  Semi- 
nary,  »  ou  grand  collège  déjeunes  filles  fondé  d'après  les  méthodes 
américaines.  Le  nom  que  porte  cette  splendide  institution  montre 
assez  sous  le  patronage  de  quels  souvenirs  ses  créateurs  ont 
voulu  la  placer.  Sur  la  ligne  du  chemin  de  fer,  la  gare  de  Welling- 
ton est  précédée  de  la  station  de  Huguenot  (  toujours  la  môme 
hantise)  et  suivie  de  celle  de  Malan,  un  nom  bien  connuen  France 
et  fort  répandu  aujourd'hui  en  Afrique.  Un  peu  avant  se  trouve 
la  bifurcation  pour  le  French  Hoek,  ou  coin  français,  jadis  coloni- 
sé par  nos  compatriotes  qui  y  importèrent  ,  en  particulier,  la  cul- 
ture de  la  vigne.  Le  cocher  qui  nous  a  conduits  de  la  gare  de  Wel- 
lington au  collège  s'appelait  Théron  :  lui  aussi  descendait  de 
réfugiés.  Au  reste,  les  noms  français  abondent  dans  toute  celte 
région:  Joubert,  Dutoit,  Duplessis  et  tant  d'autres.  Le  plus  com- 
mun est  le  nom  de  de  Villiers.  Ils  étaient  trois  frères  de  Villiers,  • 
partis  de  la  Rochelle,  qui  débarquèrent  au  Cap  de  Bonne-Espé- 
rance il  y  a  deux  cents  ans  :  aujourd'hui  leurs  descendants  sont 
plus  de  2.000.  L'un  d'eux  occupe  la  plus  haute  situation  dans  la 
magistrature  sud-africaine  et  préside  la  Convention  qui  prépare 
l'unification  politique  du  pays. 

Un  très  grand  nombre  des  500  jeunes  filles  qui  étudient  à 
Wellington  portent  des  noms  familiers  à  nos  oreilles  :  celles 
même  qui  ont  des  noms  hollandaisou  anglais  ont  souvent  reçu  du 
sang  français  de  leur  ascendance  maternelle.  Si  bien  que  M.  Dumas, 
peliî-fils,  lui  aussi,  de  réfugiés,  a  pu  s'étonner  et  se  réjouir,  en 
parlant  à  cette  belle  et  saine  jeunesse,  de  ce  qu'il  retrouvait  sur 
le  sol  africain  un  si  grand  nombre  de  lointaines  cousines. 

De  Wellington,  nous  avons  gagné  Blœmfontein  en  34  heures 
de  chemin  de  fer.  Dans  notre  wagon  est  monté  un  Boer  dePrieska 


94 


CORRESPONDANCE 


ville  située  sur  l'Orange,  au  bord  de  la  colonie  du  Cap.  Nous  lions 
conversation.  Lui  aussi  se  glorifie  d'être  iils  de  Français  :  il  s'ap- 
pelle Grové,  et  nous  t'ait  observer  que  son  nom  prend  un  accent 
aigu,  ce  qui  est  un  signe  de  son  origine. 

Plus  récemment,  en  revenant  du  Lessouto,  nous  nous  sommes 
trouvés,  sur  la  même  route,  avec  un  autre  compagnon  de  voyage 
établi  aujourd'hui  dans  la  colonie  allemande  du  sud-ouest  africain. 
Lui  aussi  était  un  Boer  descendant  do  réfugiés  huguenots.  Il  s'ap- 
pelait Leriche  et  savait  que  ses  ancêtres  étaient  venus  de  Marseille. 

Et  tous  ces  braves  gens,  qui  ne  connaissent  pas  unmot  de  notre 
angue,  dont  beaucoup  ne  savent  même  pas  prononcer  correcte- 
ment leur  nom,  parlent  de  leur  origine  comme  d'un  titre  de  gloire. 

Pénétrés  de  l'importance  de  l'élément  huguenot  dans  lasociété 
sud-africaine,  nous  aurions  voulu,  M.  Dumas  et  moi,  employerles 
longues  heures  de  loisir  que  nous  allions  trouver  sur  le  paquebot 
à  nous  mettre  mieux  an  courant  de  celte  histoire.  Nous  avons 
demandé,  au  Cap,  dans  deux  ou  trois  grandes  librairies  s'il  y  avait 
en  anglais,  un  ouvrage  quelconque  qui  la  racontât  et  qui  s'y  rap- 
portât plus  ou  moins  directement.  La  réponse  a  été  partout  néga- 
tive. On  a  bien  ajouté  que  le  sujet  avait  été  traité  en  hollandais, 
mais  sans  nous  donner  le  titre  précis  d'un  volume  (1).  Au  reste, 
nous  ne  lisons  le  hollandais  ni  l'un  ni  l'autre. 

Ne  pensez-vous  pas,  cher  Monsieur,  que  nous  aurions,  nous 
Français,  à  faire  revivre  cette  page  de  notre  histoire?  Il  faudrait 
pour  cela,  aller  puiser  aux  sources  manuscrites  qui  subsistent 
encore  au  Sud  de  l'Afrique.  On  trouverait,  dans  les  archives  du 
Cap  (et  peut-être  dans  celles  de  la  Haye)  quelques  documents  sur 
cette  poignée  de  protestants  français  que  la  Hollande  envoya  colo- 
niser sa  nouvelle  conquête  et  qui  y  sont  devenus  tout  un  peuple. 
Mais  il  faudrait  aller  plus  loin,  visiter  les  Boers  jusque  dans  leurs 
fermes  et  y  consulter  leurs  papiers  de  famille.  Tous  ceux  que  nous 
avons  interrogés  nous  ont  dit  qu'ils  en  possédaient.  Ils  les  gardent 
comme  des  reliques,  mais  sont  incapables  de  les  lire.  Et  sans  doute 
ils  ne  les  garderont  pas  indéfiniment.  Combien  de  ces  papiers  doi- 
vent avoir  déjà  disparu  depuis  que,  en  1829,  ces  trois  premiers 
envoyés  de  la  Société  des  Missions,  MM.  Bisseux,  Lemue  et  Rolland 
arrivèrent  au  Coin  français?  Vous  n'ignorez  pas  que  l'un  d'eux, 
Bisseux,  y  fut  retenu  par  les  descendants  des  Réfugiés  et  devint 
leur  pasteur,  dans  la  ValléeduCharron.  Il  est  mort  en  1896,  à  88  ans. 

Peut-être  pourrait-on  provoquer,  parmi  les  plus  instruits  de  ces 

(1)  Voici,  outre  ce  qui  a  paru  dans  le  Bulletin^  entre  antres  en  1.SS2  (p.  '«OS 
423),  une  note  que  j'ai  relevée  il  y  a  quelque  temps  :  C.  Spoelstra;  Bouwsloflen 
voor  de  geschiedenis  der  nederdui/sch  —gere/'onneade  Kerktnin  ZuU-Africa . 
2  vol.  in  8°  Kaapstad,  Dusseau.  (Matériaux  pour  l'histoire  des  Eglises  hollan- 
daises de  l'Afrique  méridionale  —  on  remarquera  que  le  nom  de  L'éditeur  est 
aussi  un  nom  français.)  Red, 


NECROLOGIE 


95 


arrière-petits-fils  de  Français,  la  fondai  ion  d'une  Société  d'histoire 
huguenote  qui  publierait  un  Bulletin,  en  hollandais  on  en  anglais. 

Mais  je  préférerais  de  beaucoup  voir  un  jeune  Français,  un 
étudiant  en  théologie,  un  candidat  à  l'agrégation  d'histoire  ou  un 
élève  de  l'école  des  Chartes  se  rendre  sur  place  et  entreprendre  ce 
pieux  travail. 

Il  y  a  une  quinzaine  de  jours,  nous  avions  le  plaisir  d'être 
reçus  à  Johannesburg  chez  le  Consul  général  de  France,  noire  très 
sympathique  et  érudit  coreligionnaire,  M.  Abel  Chevalley.  Il  nous 
a  lui-même  signalé  ce  sujet  d'étude  comme  digne  d'attirer  l'atten- 
tion d'un  jeune  historien  protestant.  Il  y  aurait  à  dresser  la  liste 
des  familles  qui  ont  émigré  au  cap  de  Bonne  Espérance,  il  y  a 
deux  cents  ans,  à  rechercher  ce  que  sont  devenus  leurs  descen- 
dants, quelle  proportion  ils  représentent  aujourd'hui  dans  la  colo- 
nisation blanche,  quelles  situations  ils  occupent.  Puis  on  cher- 
cherait à  élucider  ce  problème  historique  :  comment  se  fait-il  qu'au 
bout  de  si  peu  d'années,  le  français  soit  devenu  complètement  in- 
connu aux  petits-lils  des  réfugiés?  Nous  savons  que  la  prédication 
en  français  a  été  interdite  à  partir  de  1730,  et  que  le  gouverneur 
hollandais  Van  der  Stoel  a  pris  pour  proscrire  notre  langue  des  me- 
sures dignes  d'un  ministre  de  Louis  XIV.  Mais  pourquoi  celte 
politique  de  rigueur!  Et  comment  expliquer  son  succès  si  rapide 
et  si  complet? 

Il  m'a  semblé,  cher  Monsieur,  que  la  Société  de  l'histoire  du 
protestantisme  français  était  toute  désignée  pour  s'occuper  de 
cette  intéressante  question  et  qu'elle  pourrait,  tout  au  moins,  la 
proposer  à  l'étude  des  lecteurs  de  son  Bulletin. 

Votre  tout  dévoué.  Jean  Bianquis. 


NÉCROLOGIE 


Emil  Egli. 

En  1902,  à  l'occasion  de  son  cinquantenaire,  notre  Société 
s'adjoignit,  outre  le  président  de  la  Société  d'Histoire  et  d' Archéo- 
logie de  Genève,  sept  membres  honoraires  qui, à  des  litres  divers, 
avaient  contribué  à  mieux  faire  connaître  ou  apprécier  notre  his- 
toire. De  ces  sept  membres  trois,  savoir  MM.  Endlio  Comba,  Ernest 
Slxoeklin  et  Henri  Guyot  nous  furent  ravis  en  190i,  1907,  et  1908. 
Nous  venons  de  perdre  le  31  décembre  1908,  M.  Emil  Rgli,  profes- 
seur d'histoire  ecclésiastique  à  Zurich.  C'était  un  des  historiens 
protestants  les  plus  remarquables  à  la  fois  et  les  plus  modestes. 
L'histoire  si  complexe,  de  la  Réforme,  désormais  trop  vaste  pour 
être  embrassée  par  un  seul  homme,  est,  en  effet,  enlrain  de  se 
renouveler  complètement,  grâce  aux  recherches  approfondies 
entreprises  dans  les  divers  pays  où  elle  joua  un  rôle  prépondérant. 


96 


NÉCROLOGIE 


Pasteur  à  Cappcl,  puis  à  Àussersihl  avant  d'être  appelé  à 
Zurich  comme  professeur,  Rmil  Egli  s'attacha  à  l'étude  du  mou- 
vement que  symbolise  la  personnalité  encore  imparfaitement 
appréciée  d'Ulrich  Zwingli.  Son  premier  travail,  Die  Schlacht  von 
Cappcl  date  de  1873.  11  fut  suivi  d'une  série  d'autres  parmi 
lesquels  nous  ne  rappellerons  que  Die  Zuricher  Wiederlaùfer 
(1878);  A  ktensammlung  zur  Geschichte  der  Zuricher  Reformation 
(1880);  Luther  und  Zwingli  in  Marburg  (1884);  Die  Sanct-<ialb>r, 
Taùfer  (1887),  etc.  Ce  n'étaient  là  que  des  travaux  préparatoires 
pour  une  nouvelle  édition,  critique  et  complète,  des  œuvres  de 
Zwingli.  Dans  le  but  de  déblayer  le  terrain,  d'élucider  une  quan- 
tité de  questions  de  détail  et,  en  même  temps,  d'intéresser  le 
public  cultivé,  il  fit  paraître  deux  fois  par  an,  à  partir  de  1897, 
un  périodique  admirablement  rédigé  et  illustré.  A  côté  de  ces 
Zwingliana,  deux  fascicules,  Analecta  reformatoria  (  1899),  recueil- 
laient des  études  plus  étendues  sur  des  personnages  secondaires. 
C'est  en  1904  que  parurent  les  premiers  fascicules  de  Huldreich 
Zwinglis  Sammtlichc  Werke  dont  il  rédigeait  les  introductions  his- 
toriques. Le  deuxième  volume  renfermant  les  écrits  de  Zwingli 
jusqu'en  oclobrc  1523  venait  de  paraître  et  devait  être  suivi  d'un 
ou  même  deux  volumes  de  Correspondance,  lorsque  la  mort  ter- 
rassa la  cheville  ouvrière  de  cette  difficile  entreprise  et  émut 
douloureusement  tous  ceux  qui  avaient  appris  à  connaître  la 
grande  valeur  de  l'homme  et  du  savant.  M.  Ëmil  Egli  n'avait  que 
soixante  et  un  ans,  niais  son  nom  sera  inséparable  du  héros  qu'il 
aura  contribué  à  mettre  en  pleine  lumière. 

11  nous  faut  mentionner  aussi,  parmi  ceux  de  nos  amis  qui 
nous  ont  quittés  à  la  fin  de  1908,  d'abord  M.  le  pasteur  et  profes- 
seur Edmond  Stapfer,  qui  bien  que  ne  faisant  pas  partie  de  notre 
Comité,  s'intéressait  à  nos  études  (1),  et  était  avant  tout  un  his- 
torien passionnément  épris  de  vérité.  Il  est  mort,  à  soixante-trois 
ans,  le  13  décembre,  entouré  du  respect  et  des  regrets  unanimes 
de  ceux  qui  furent  en  contact  avec  lui. 

Le  même  jour  mourait  à  Londres,  à  quatre-vingt-cinq  ans,  un 
des  membres  de  la  Huguenot  Society,  aiusi  que  de  la  nôtre,  M.  W. 
Morris  Beaufort,  héritier  d'un  nom  illustre  dans  l'histoire  du 
llefuge  (son  père  était  l'amiral  sir  Francis  Beaufort);  —  et  cinq 
jours  plus  tard,  le  18  décembre,  nos  collègues  perdaient  leur 
secrétaire  honoraire,  M.Reginald  Stanley  Faber  un  des  fondateurs 
et  des  membres  les  plus  dévoués  de  leur  Société.  11  est  parti  à 
soixante  ans  seulement,  entouré  des  regrets  attristés  de  tous  ceux 
qui  s'étaient  attachés  à  cette  nature  d'élite.  N,  W. 

(1)  Voy.  sa  plaquette  Le  Château  de  ïalcy.  1888. 


Le  Garant  :  Fisgiibacber. 


Études  historiques 


LES  RÉFUGIÉS  FRANÇAIS  EN  SUISSE,  DE  1693  A  1699 
ET  LA  CONVENTION 
ENTRE  BERNE  ET  LES  CANTONS  ÉVANGÉLIQUES 

1 

La  grande  émigration  des  réformés  français,  qui,  lors 
de  la  révocation  de  FÉdit  de  Nantes,  abandonnèrent  leur 
patrie  pour  cause  de  religion,  ressemblait  à  un  fleuve 
qui,  pendant  de  longues  années,  ne  cesse  de  couler. 

La  Suisse,  proche  voisine  de  la  France,  en  fut  la  pre- 
mière envahie.  A  peine  entrés  sur  son  territoire,  les  réfu- 
giés, délivrés  de  l'oppression  sous  laquelle  ils  avaient 
gémi  si  longtemps,  se  sentaient  libres  et  heureux.  Mais 
l'espace  était  restreint,  le  pays  pauvre,  dépourvu  des 
industries  qui  devaient  l'enrichir  plus  tard.  Ses  chétives 
récoltes  ne  lui  permettaient  pas  d'entretenir  un  surcroît 
aussi  considérable  de  population,  surtout  dans  les  années 
1690  à  1700,  où  sévit  la  disette  de  blé.  11  était  difficile 
d'obtenir  des  approvisionnemenls  de  l'étranger;  la  France 
y  mettait  du  mauvais  vouloir  et  la  guerre,  des  entraves. 
Les  cantons  réformés  ne  formaient  que  la  moitié  de  la 
Confédération  helvétique,  et  les  cantons  catholiques  n'ad- 
mettaient pas  chez  eux  des  exilés  protestants. 

Zurich,  Berne,  Baie,  Schaffhouse,  St-Gall,  et  à  un 
moindre  degré  la  partie  réformée  des  cantons  de  Glaris, 
Appenzell  (Bhodes  Extérieures), Grisons  (les  Lignes  Grises) , 
les  villes  de  Bienne  et  de  YVinterthur,  et  même  celle  de 
Mulhouse  fournirent  seuls  les  subsides  énormes  que  né- 
cessita cette  invasion  pacifique. 

Mars- Avril  1009.  7 


:té  [les  infort 


H 

flatumariou;  1.0Ô81. :$|^^$î 
-' BotjviKu.  ^-.La  qùt-s^ 
;  -Questions  historique^  Pari 


l  UroN^-  Lu  pol 1  f  U\ utv rel  i«j leuse  de  la  Résolution:'  ^ 
ieurrbit  et  s^n^tfl^jl^^tf^ 


S»® 

Menis 


Paris,  à TaKeiiee  du.ConsIstoirè.  lff,-  rue'ÇiwuchailÔli 


■ 


mm 


SOCIÉTÉ  DE  L'HISTOIRE 


du 


Protestantisme  Français 

Reconnue  d'utilité  publique  par  Décret  du  13  juillet  1§70 


Bulletin 


PARAISSANT  TOUS  LES  DEUX  MOIS 


E tildes,  Documents,  C hronique  littéraire 


LVIII*  ANNEE 


S  33  -&  T IB,  3VE  E    E  E    LA     5*  .SERIE 


Mats-Avril  1909 


PARIS 

Au  Siège  de  la  Société,  54,  rue  des  Saints-Pcrcs 

LIBRAIRIE  FISCHBACHER  (Société  anonyme; 

33,  rue  de  Seine,  33 

v        1 Q09 


ÉTUDES  HISTORIQUES. 

Mmc  Alexandre  de  Chambrier.  —  Les  Réfugiés  français  en 
Suisse,  de  1693  à  1699  et  la  Convention  entre  Berne  et 
les  cantons  évangéliques.    97 

Mené  Petieï.  —  Les  Sainte-Hermine,  cousins  de  Madame  de 
Maintenon.  .  .  .  .    .    127 

DOCUMENTS. 

R.  Fromage.  —  Poésies  inédites  de  Clément  Marot.  (Sermon 
notable 'pour  le  jour  de  la  dédicace) .   129 

J.  Caullery.  —  Notes  sur  Samuel  Chappuzeau  (Contribution  au 
Dictionnaire  de  Moreri;  les  Frayeurs  de  Crispin).  .  :  141 

MÉLANNES.  ' 

II.  Dannreuther.  —  La  confession  des  péchés  de  la  liturgie  des 
Eglises  réformées  de  France,  dans  un  livre  de  piété 
catholique.  .  .  ...  .  .  ............  lo8 

Le  Protestantisme  dans  le  Poitou,  l'Aunis  et  la  Saintonge 

au  milieu  du  XVIIIe  siècle.    .   1G2 

E.  Griselle.  —  Avant  et  après  la  Révocation  de  l'Édit  de 
Nantes,  Chronique  des  événements  relatifs  au  Protestantisme,  de 
1682  à  1687  (19  janvier  —  16  février  1086)  .  .  .  .  .   165 

Séances  du  Comité.  —  9  février  '1909.  .   177 

CHRONIQUE  LITTÉRAIRE. 

II.  Schoell.  —  Une  paroisse  parisienne  avant  la  Révolution 
(Saint-Marcel)  ......  .  .  .  .  ..  .  .   178 

N.  Weiss.  —  Portraits  de  Madame  de  Maintenon.  —  Un  nou- 
veau portrait  de  Coligny  .  .  .  .  179 

CORRESPONDANCE. 

F.  de  Schickler  et  A.  Meyer.  —  Coligny  et.  le  journal  le  a  Gaulois  »  185 

D.  Benoit.  —  Pierre  Lorient  ..  .  .....  ...  .  .  186 

E.  Ritter  et  N.  W.  —  Mariage  à  la  (xauminC   186 

E.  Jalla.  —  D'Amouin  de  Ladevèze   188 

Fr.  Pua ux.  —  XJn  faux  en  citation  .  .    188 

A.  Beaujour.  —  Le  forçat  pour  la  foi,  Salomon  liourgel.  .  189 

R.  Garreta. —  Girard  de  Saint-Amant.  Son  origine   191 

N.  W.  —  Jean  Cousin     .  .  .  ,  .'  .    192 

ILLUSTRATIONS. 


Portraits  de  Madame  de  Maintenon  d'après  Elle  Ferdinand  et  Vetitot  181-182 


RÉDACTION  ET  ABONNEMENTS 

Tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  du  Bulletin  doit  être  adressé  à  M.  N.  Wfîiss,  secrétaire  de  la 
Société,  54,  rue  des  Saints-Pères,  Paris  (VIIe),  qui  rendra  compte  de  tout  ,  ouvrage  intéressant  notre 
histoire,  dont  deux  exemplaires  seront  déposés  à  cette  adresse.  Un  seul  exemplaire  donne  droit  à  une 
nnonce  sur  cette  couverture. 

Le  Bulletin  paraît  tous  les  deux  mois,  en  cahiers  in-84  de  96  pages  avec  illustrations.  On  ne 
s'abonne  pas  pour,  moins  d'une  année.  Tous  les  abonnements  datent  du  x*'  Janvier  et  doivent  être 
soldés  à  cette  époque, 

Prix  de  l'abonnement  :  10  fr.  pour  la  France,  l'Alsace  et  la  Lorraine;  —  12  fr.  50  pour  1  étran- 
ger ;  —  6  fr.  pour  les  pasteurs,  instituteurs,  etc.,  de  France  et  des  colonies  françaises;  10  fr.  pour 
les  pasteurs  de  l'étranger.  —  Prix  d'un  numéro  isolé  de  l'année  courante  et  de  la  précédente  a  fr. 
et  pour  les  autres  années,  selon  leur  rareté. 

La  voie  la  plus  économique  et  la  plus  simple  pour  le  payement  des  abonnements  est  l'envoi  d'un 
mandat-carte  au  nom  de  M.  Fischbacher,  libraiie,  rue  de  Seine,  33,  à  Paris,  ou  de  M.  N.  Wtiss, 
secrétaire-trésorier,  54,  rue  des  Saints-Pères,  Paris  VII». 

•   Nous  ne  saurions  trop  engager  nos  lecteurs  à  éviter  tout  inttt  midiait  e,  mttHé  >  tl  ■■■  à ta       mi  m, 
Les  personnes  qui  n'ont  pas  solde  leur  abonnement  au  15  mars  reçoivent  une  quittance  a  domi- 
cile, avèc  augmentation,  tour  frais  de  RECOUVREMENT,  de:  i  fr.  pour  les  dépaitemfnts  ;  t  fr.  50  pout 
l  étranger. 

Ces  chiffres  sont  loin  de  couvrir  les  frais  qu'exige  la  présentation  des  quittances;  Vadviimsiiatic* 
préfère  donc  toujours  que  les  abonnements  lui  soient  soldés  stontanitneni. 


Études  historiques 


LES  RÉFUGIES  FRANÇAIS  EN  SUISSE,  OE  1693  A  1889 
ET  LA  CONVENTION 
ENTRE  BERNE  ET  LES  CANTONS  ÉVANGÉLIQUES 

I 

La  grande  émigration  des  réformés  français,  qui,  lors 
de  la  révocation  de  i'Edit  de  Nantes,  abandonnèrent  leur 
patrie  pour  cause  de  religion,  ressemblait  à  un  fleuve 
qui,  pendant  de  longues  années,  ne  cesse  de  couler. 

La  Suisse,  proche  voisine  de  la  France,  en  fut  la  pre- 
mière envahie»  A  peine  entrés  sur  son  territoire,  les  réfu- 
giés, délivrés  de  l'oppression  sous  laquelle  ils  avaient 
gémi  si  longtemps,  se  sentaient  libres  et  heureux.  Mais 
l'espace  était  restreint,  le  pays  pauvre,  dépourvu  des 
industries  qui  devaient  l'enrichir  plus  tard.  Ses  chétives 
récoltes  ne  lui  permettaient  pas  d'entretenir  un  surcroît 
aussi  considérable  de  population,  surtout  dans  les  années 
1690  à  1700,  où  sévit  la  disette  de  blé.  Il  était  difficile 
d'obtenir  des  approvisionnements  de  l'étranger;  la  France 
y  mettait  du  mauvais  vouloir  et  la  guerre,  des  entraves. 
Les  cantons  réformés  ne  formaient  que  la  moitié  de  la 
Confédération  helvétique,  et  les  cantons  catholiques  n'ad- 
mettaient pas  chez  eux  des  exilés  protestants. 

Zurich,  Berne,  Baie,  Schaffhouse,  St-Gall,  et  à  un 
moindre  degré  la  partie  réformée  des  cantons  de  Glaris, 
Appenzell  (Rhodes Extérieures), Grisons  (les  Lignes  Grises), 
les  villes  de  Bienne  et  de  Winterthur,  et  même  celle  de 
Mulhouse  fournirent  seuls  les  subsides  énormes  que,  né- 
cessita cette  invasion  pacifique. 

Mars-Avril  1009.  7 


ÉTl  '  I  )  KS    1 1 1 SÏO  R  [Q  U  KS 


Nous  ne  parlons  pas  de  Genève  et  de  Neucliâtel,  qui 
ne  faisaient  pas  encore  partie  intégrante  de  la  Confédé- 
ration. Ces  Etats  firent  largement  leur  devoir  vis-à-vis 
des  réfugiés,  quoiqu'ils  fussent  dans  des  conditions  diffé- 
rentes, et  souvent  plus  difficiles  que  celles  de  la  Suisse. 

Ce  Ilot  d'émigrés,  arrivant  sans  interruption  de  la  ' 
France,  des  vallées  Yaudoises,  et  plus  tard  de  la  princi- 
pauté d'Orange,  obligea  la  Suisse  à  leur  chercher  des 
retraites  dans  les  pays  protestants  du  nord  de  l'Europe, 
puisqu'elle  ne  pouvait  leur  offrir  qu'un  asile  temporaire. 
Les  réfugiés  aussi  y  travaillèrent  avec  zèle. 

De  là,  les  trois  députations  successives,  organisées 
dans  ce  but  :  celle  de  Brousson  et  de  La  Porte,  en  1685, 
celle  de  Henri  de  Mirmand  et  du  ministre  Bernard,  en 
1688,  celle  de  Rocliegude  et  de  La  Grivelière,  en  1698.  Et 
comme  les  deux  premières  ne  réussirent  que  partielle- 
ment, les  chefs  du  Refuge  :  Henri  de  Mirmand,  Lord  Gal- 
way  (autrefois  marquis  de  Ruvigny),  le  marquis  d'Arzeliers 
et  d'autres  furent  amenés  à  former  un  vaste  «  Projet  de 
Colonisation  en  Irlande  »,  auquel  Guillaume  III  et  les 
Lords  du  Conseil  d'Angleterre  donnèrent  leur  assenti- 
ment et  leur  appui. 

Après  la  conquête  de  l'Irlande  qui  dévasta  ce  pays, 
il  s'agissait  de  le  repeupler,  et  on  pensa  à  le  faire  par  le 
moyen  de  nombreuses  colonies  françaises,  établies  de 
proche  en  proche,  afin  d'y  installer  les  émigrés  en  corps 
de  nation . 

Il  s'en  fallut  de  peu  que  ce  projet  aboutit.  L'avenir  de 
rirlande  en  aurait  été  transformé.  Malheureusement,  les 
énormes  frais  de  la  guerre  de  la  coalition  empêchèreul 
Je  roi  d'Angleterre  d'y  consacrer  les  fonds  qu'il  avait  pro- 
mis pour  la  colonisation  de  l'Irlande,  et  le  plan  échoua. 
Guillaume  III,  après  avoir  adressé  une  première  invitation 
officielle  à  six  cents  familles  de  réfugiés  qui  devaienl 
venir  s'établir  en  Irlande,  en  L693,  dut  reprendre  sa 
parole,  et  prier  la  Suisse  de  garder  ses  réfugiés  jusqu'à 
nouvel  ordre,  en  lui  promettant  l'envoi  de  2000  livres  I 

(l)  Voir  pour  toutes  les  réductions  noire  article  sur  r livaluation  des  jn-in- 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


sterling  pour  aider  à  l'entretien  de  ces  exilés  durant 
l'hiver  suivant.  Disons  (oui  de  suite  que  cette  somme, 
longtemps  attendue,  no  fut  jamais  versée  aux  magistrats 
do  la  Suisse,  ce  dont  nous  avons  trouvé  la  preuve 
certaine  dans  les  lettres  des  ambassadeurs  anglais, 
adressées  à  leur  gouvernement  (1). 

Par  ce  fait,  les  cantons  évangéliques  se  trouvèrent 
chargés  d'environ  dix  milles  réfugiés  français,  répartis 
entre  eux.  L'Etat  de  Berne,  à  lui  seul,  en  avait  à,  peu  près 
les  deux  tiers  (6162).  Il  est  vrai  qu'il  était  le  plus  riche  et 
le  plus  considérable  de  tous,  avec  ses  pays  sujets  de  Vaiuï 
et  d'Argovie  ;  mais  il  était  tout  à  fait  décidé  à  renvoyer 
de  ses  terres  les  réfugiés,  qui  ne  savaient  où  aller,  et  W 
ne  consentit  à  les  garder,  que  sur  l'offre  charitable  que 
lui  firent  les  autres  cantons,  de  l'aider  à  les  entretenir. 

Baie,  Zurich,  Schaffhouse  et  Saint-Gall  proposèrent 
d'abord  de  se  charger  de  2560  —  réfugiés  pauvres  de 
Berne,  tandis  que  cet  Etat  en  garderai  1 2000  —  pour  sa  pari . 
L'affaire  était  conclue,  quand  les  exilés,  apprenant  qu'on 
allait  les  séparer  de  leurs  coreligionnaires  et  les  envoyer 
en  pays  allemand,  firent  éclater  leur  désolation  et  prièrent 
la  diète  de  revenir  sur  sa  décision,  car,  disaient-ils,  ils  se 
voyaient  sur  le  point  de  partir  soit  pour  des  contrées 
lointaines,  soit,  et  c'était  leur  intime  désir,  pour  rentrer 
en  France,  se  figurant  que  Louis  XIV  leur  permettrait 
un  jour,  dans  leur  patrie,  le  libre  exeereice  de  leur  reli- 
gion. Aussi  leur  cœur  se  fondait,  à  l'idée  de  se  rendre 
dans  les  cantons  allemands.  11  fallut  renoncer  à  ce  projet. 
Les  cantons  évangéliques  offrirent  alors  à  Berne  de  con- 

cipales  Monnaies  eu  usar/e,  dans  les  pays  du  Jie/'uf/e  p.  ~±.  La  livre  sterling 
d'alors  vaudrait  IV.  T6,  et  2  000  £  =îv.  150  000. 

(1)  Record-Office  de  Londres  (Archives  d'Angleterre).  S  taie  Paper  s.  Foreif/n 
séries.  Switzerland.  Ne  9.  N°  3.  Lettres  d'Herwart,  envoyé  anglais  à  Berne,  au 
chevalier  Tranehard,  ministre  d'Etat  à  Londres,  des  20,  30  janvier  et  5, 13  dé- 
cembre 1694.  Lettres  de  feu  J.  H.  Labhart,  archiviste  à  Zurich,  décembr 
1899,  et  du  Dr  Professeur  ïurler,  archiviste  à  Berne,  janvier  1901.  Les  2000 
quoique  payées  à  de  longues  échéances  par  la  Trésorerie  anglaise,  lurent  dé- 
tournées de  leur  destination  :  oOO  £  restèrent  à  Londres,  500  £  en  Allemagne 
pour  les  réfugiés,  1000  £  furent  remises  l'année  suivante  à  Herwart,  qui  les 
garda  pour  une  meilleure  occasion,  attendu,  dit-il.  que  la.  Suisse  s'était  or- 
ganisée pour  entretenir  ses  réfugiés. 


100 


ÉT  U  D  ES  H  I S  T  0  R I Q  U  E  S 


tribuer,  par  une  subvention,  aux  dépenses  de  ses  réfu- 
giés. L'offre  fut  acceptée,  elle  se  transforma  l'année 
suivante  (1694)  en  une  Convention,  par  laquelle  les 
quatre  caillons  sus-indiqués  se  chargeaient,  chacun  à 
tant  pour  cent,  de  la  moitié  des  dépenses  des  réfugiés  de 
Berne.  Zurich  prenait  39  p.  100  pour  sa  part,  Bàle 
25  p.  100,  Schaffhouse  23  p.  100  et  Saint-Gall  13  p.  100 
soit  100  p.  100.  De  son  côté  Berne  fournissait  une  somme 
égale  à  ce  100  p.  100.  Les  autres  demi-cantons  ou  villes 
réformés  prenaient  part  à  cette  œuvre  charitable,  par 
des  subventions  (1)  spéciales. 

Cette  Convention  dura  cinq  ans,  de  1694  à  1699;  elle 
fut  religieusement  observée. 

C'est  cette  période  que  nous  nous  sommes  proposé 
d'étudier,  grâce  aux  comptes  détaillés  qui  en  ont  été  con- 
servés soit  dans  les  archives  de  Berne  et  de  Zurich,  soit 
dans  les  Eidgenossische  Abschiede  (Procès-verbaux  des 
diètes  fédérales)  publiés  par  la  Confédération,  et  surtout 
dans  lespièces  mss.  annexées  aux  originaux  de  ces  mêmes 
procès-verbaux  qui  se  trouvent  aux  archives  de  Zurich. 

Rappelons  qu'à  cette  époque,  l'année  commerciale 
finissait  en  Suisse  le  30  avril  et  recommençait  le  1er  mai; 
aussi  les  comptes  de  fin  d'année  se  bouclaient  après  le 
30  avril.  Disons  aussi  que  la  Direction  française,  dont  il 
va  être  question,  était  le  Consistoire  qui,  dans  chaque 
colonie  française  dirigeait  l'Eglise  des  réfugiés.  A  Berne 
elle  avait  au-dessus  d'elle  la  Chambre  (les  Seigneurs 
instituée  pour  régir  toutes  les  affaires  concernant  les 
Réformés  français,  et  à  laquelle  elle  devait  rendre  compte 
de  ce  qui  se  passait  parmi  eux. 

Les  Directions  se  composaient  des  pasteurs,  des  anciens 
et  des  notables  Français;  elles  servaient  d'intermédiaire 

(1)  Arch.  de  Zurich.  Allgemeine  IHdg,  Absch.  B  17/7,  /<>.?.  p.  301.  Annexe 
mss:  au  protocole  tic  la  diète  d'Aarau,  du  2.r»  septembre  1693.  (Les  archives 
de  Zurich  contiennent  les  manuscrits  originaux  des  protocoles  des  diètes 
fédérales.,  ainsi  qu'une  foule  de  pièces  annexes  qui  n'ont  jamais  été  impri- 
mées. Celte  immense  collection  se  nomme  Allgemeine  Hhlgeniissische 
Abschiede,  tandis  que  L'extrait  des  mêmes  protocoles  que  l 'ail  publier  le  gou 
vernement  fédéral,  en  une  série  de  volumes  in-4°,  a  pour  liire  :  Hkf* 
sische  Abschiede,  soil.  par  abréviation  :  Allg,  Eitlg.  Ahsc/i.,  e(  l'.  'nhj.  Abzch, 


ÉTUDES  HISTORIQUES  401 

entre  les  autorités  du  pavs  elles  réfugiés.  A  cette  époque,  la 
Direction  de  Berne  avait  à  sa  tête  le  pasteur  Mollard  et 
comptait  des  hommes  distingués,  tels  que  Cabrit,  Couderc, 
Besombes,  Mourgues,  Mesmyn,  etc.  Elle  envoyait  aux 
diètes  évangéliques  ses  délégués,  qui  faisaient  des  discours 
ou  présentaient  des  requêtes  superbes  d'éloquence,  de 
dignité,  de  sentiments  élevés  (1).  Elle  était  en  relation 
avec  les  autres  Directions  françaises  de  la  Suisse  et  du 
pays  de  Yaud,  et  avec  les  pays  étrangers.  Enfin ,  c'est  la 
Direction  de  Berne  qui  fut  chargée  par  les  diètes,  de  la 
distribution  des  secours,  votés  par  les  cantons,  en  faveur 
des  réfugiés.  Dès  1694,  elle  eut  en  main  ces  fonds  et  en 
rendit  compte  chaque  année  aux  diètes  fédérales.  Les  ar- 
chives de  Berne  conservent  ces  comptes,  tenus  avec  un 
ordre  parfait.  Chaque  année  forme  un  volume;  ils  sont 
établis  à  la  fois  en  livres  tournois  de  France  et  en  cou- 
ronnes de  Berne. 

11  faut  remarquer  que  tous  les  réfugiés  de  la  Suisse 
n'étaient  pas  à  la  charge  des  cantons.  Un  grand  nombre 
d'entre  eux  exerçaient  une  industrie,  ou  avaient  emporté 
de  France  quelques  ressources,  plusieurs  même  avaient 
pu  sauver  une  partie  de  leur  fortune,  ceux-ci  vivaient  de 
leurs  revenus  et  aidaien  t  leurs  frères  misérables.  D'après 
les  rapports  présentés  aux  conférences  évangéliques  qui 
étaient  réunies  lors  des  diètes,  la  proportion  des  réfugiés 
assistés  dans  le  seul  État  de  Berne,  fut  la  suivante. 

En  1694,  1900  assistés;  en  1695,  1352  assistés;  en 
1696,  2000  assistés;  en  1698,  2162  assistés;  en  1699, 
1800  assistés. 

Aux  autres  réfugiés,  le  gouvernement  fournissait  les 
denrées  à  un  prix  bien  inférieur  à  celui  de  revient. 

11 

C'est  à  la  suite  de  la  conférence  des  5  cantons  évangéli- 
ques, réunie  à  Zurich  le  14  janvier  1694,  à  propos  du  dépari 

(1)  Voir,  à  la  fin  de  cet  article,  la  lettre  que  la  Direction  française  de  Berne 
adressait,  le  11  septembre  1693,  à  la  Chambre  des  Seigneurs. 


102  ETUDES  HISTORIQUES 

éventuel  des  réfugiés  de  Suisse,  qu'une  première  subven- 
tion fut  offerte  à  Berne  pour  ses  dépenses  de  réfugiés.  Gel 
État  se  plaignait  que,  du  fait  des  1900  assistés  qu'il  entre- 
tenait et  des  denrées  qu'il  livrait  à  très  bas  prix  aux  autres 
émigrés,  il  avait  dépensé  en  six  mois  40 375  couronnes. 
(La  couronne  à  fr  :  12,50  =  504680  francs).  Zurich,  Bâk\ 
Schaffhouse  et  Saint-Gall  lui  offrirent  15000  florins 
(francs  124950)  pour  les  six  mois,  de  la,  mi-octobre  1693 
à  la  mi-avril  1694.  Ce  don  fut  accepté.  L'on  décida  en 
outre  que,  pour  faciliter  le  voyage  des  Français  qui  quit- 
teraient la  Suisse  (1)  ,  Berne  les  ferait  transporter  jusqu'à 
Brugg,  où  les  trois  commissaires  de  Zurich,  Berne  et 
Schaffhouse  les  recevraient  pour  les  mener  à  Schaffhouse. 
Delà  un  pécule  de  voyage  serait  donné  à  chaque  émigré, 
à  raison  de  3  Rth  (2)  :  par  adulte  (à  fr.  15  le  Rth;  soi! 
fr.  45),  et  de  1  1/2  Rth  par  enfant  (soit  fr.  22,50).  Pour 
subvenir  à  ces  frais  déroute,  les  cinq  cantons  évangéliques 
résolurent  de  faire  entre  eux  un  fonds  de  3000  Rth. 
(fr.  45000)  selon  le  mode  de  répartition  habituel  (3). 

m 

1"'  ANNÉE  1)1-]  LA  CONVENTION , 
DU  1er  MAI   1694  Ai    30  AVRIL  1695. 

L'État  de  Zurich  sollicité  parles  délégués  de  la  Direc- 
tion française  de  Berne,  Besombes  et  Mesmyn,  leur  donna 
un  brevet  de  subvention  de  8000  florins  (66  610  francs 
à  fr.  8,331e  florin).  Les  cantons  de  Baie,  Schaffhouse  ci 
Saint-Gall,  où  ces  délégués  se  rendirent  ensuite,  cl  où  ils 
furent  bien  accueillis,  complétèrent  la  somme  convenue 
de  19200  florins,  part  des  quatre  cantons  précites,  pour 
L'entretien  des  Français  nécessiteux  à  Berne,  pendant  les 

(1)  Un  certain  nombre  de  réfugiés  quittèrent  La  Suise  en  1094. 

(2)  Rth.,  Ueichsthaler,  ou  rfxilalo.  Nos  réductions  sont  rail  os  d'après  l'arti- 
cle cité. 

(3)  Arch.  Zurich.  AUg.  ïïidg.  Attseh.  H  7îi.  fol.  8.  Conférence  descinq  villes 
évangéliques  à,  Zurich,  le  H  janvier  1694. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


103 


six  mois  de  novembre  et  déeembre  1694/ janvier,  février, 
mars  et  avril  1 695. 

Berne,  de  son  côté,  avait  donné  19200  florins  pour  les 
mois  d'avril-octobre  1694. 

En  tout  38400  florins  (321800  francs)  pour  l'année 
entière  (1). 

IV 

2°  ANNÉE,  DU  1er  MAI  1695  AU  30  AVRIL  1696. 

La  Direction  de  Berne  présenta,  le  16  janvier  1695,  h 
la  diète  d'Aarau,  une  lettre  remarquable  de  tact,  de  piété 
de  convenance,  pour  solliciter  la  continuation  des  dons  de 
la  Suisse,  en  faveur  des  réfugiés.  C'était  l'époque  où  les 
diètes  fixaient  le  montant  de  leur  contribution  pour 
l'année  suivante. 

^  Tous  les  efforts  de  ces  pauvres  gens  pour  se  procurer 
des  asiles,  dit  cette  lettre,  ont  été  vains  jusqu'ici,  et  ceux 
d'entre  eux  qui  sont  partis  sans  avoir  rien  d'assuré,  sont 
tombés  dans  une  affreuse  misère.  Le  nombre  des  réfu- 
giés assistés  n'est  plus  que  de  1352,  dont  796  à  Berne 
et  556  dans  le  pays  de  Vaud.  L'assistance  régulière  qui 
leur  est  allouée  par  la  Direction,  se  monte  à  4250  livres 
|  tournois]  par  mois,  soit  51 000  livres  pour  l'année  entière 
(255000  francs)  ».  C'est  la  somme  que  cette  Direction  ré- 
clamait à  la  diète,  pour  les  besoins  de  l'année  qui  allait 
s'ouvrir.  Elle  témoignait  sa  reconnaissance  aux  cantons, 
qui,  toujours,  avaient  répondu  à  ses  demandes,  elle  pro- 
mettait de  faire  des  fonds  qui  lui  seraient  confiés  l'emploi 
le  plus  judicieux,  et  de  les  dépenser  avec  toute  l'économie 
possible. 

Voici  comment  s'établirent  les  comptes  de  cette 
2e  année  (2) . 

(1)  Archives  de  Berne.  Protocole  N°  I  bis  —  Octobre  169-'<  à  août  1695 
p.  190-191.  Comptes  de  la  Direction  française  de  Berne.  —  Protocole  (des 
séances)  de  la  Direction  française  de  Berne,  9  avril  1694. 

(2)  La  livre  tournois  est  comptée  à  fr.  5  —  monnaie  actuelle.  Voir  Évalua- 
tion de  la  Livre  tournois  etc.. 


ETUDES  HISTORIQUES 


Iteçu  de  ZuricJb   7  800  livres  tournoi. 

—  de  Bâle   5  000  — 

—  de  Schaffhouse   4  600    —  — 

—  de  Saint-Gai I   2  600    —  — 

[)es4  cantons  évangéliques  ensemble.  .    20  000  — 

DeBerne  seul  20  000  — 

De  (ïlaris.   .  .  .       900  livres  t. 

—  Appenzell  .  .       666,  l;^,  !'1. 

—  Coire,  Lignes  97-4 

—  Bienne  .  .  .  300 

—  Mulhouse  .   .     I  060,  I3s,i(l. 

—  Winterthur  .       166,  i3s,il1. 

—  Divers  i  i  1 ,  15\9'1. 

Ensemble,  livres    i  515,  10".9«'.  —  1.  4  5Î5,  l()\9a. 
Somme  des  Recettes. —  Livres.  .     44  51 5,  10s,9d. 
Livres.    44  515,  10s,9(l.  Reçu  des  cantons  et  villes  évangéliques. 

1590,  9S.  Avance  des  Directeurs  qui  ont  plus  fourni 
que  reçu.  Ce  déficit  devra  être  couvert 
par  les  cantons. 

Livres.    45  805,  -19S,9J.  Subvention  de  la  Suisse  =  fr.  229  000. 

En  outre,  la  Direction  a 
eu  comme  ressource,  les 
dons  particuliers  des 
sujets  de  LL.EE.  et  des 
Français  aisés.  Ils  se 
montent  à  : 

Livres.     I  1  660  soit   =  fr.    58  300. 

1 A  vres  .  ~  57  465,  19%9tl  —  =  fr.  287  300_ 

Somme  totale  des  débours  de  la  Direction  de  Berne  pour  les 
Français  malheureux,  l'an  1695-1696. 


V 

3U  ANNEE.  DU  ]tM"  MAI  1696  AU  30  AVRIL  1697. 

Pour  celle  année^lù.,  la  diète  do  février  1696  n'accorda 
h,  la  Direction  de  Berne  -que'  40  000  livres  tournois,  somme 
insuffisante,  puisque  l'année  précédente  en  avait  absorbé 
une  plus  forte,  et  que  les  dépenses  des  réfugiés  augmen- 
taient pour  les  causes  suivantes  : 

I  "  La  récente  sortie  de  France  d'un  grand  nombre  de 

personnes. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


105 


'2°  L'arrivée  des  Vaudois  du  Piémont  en  Suisse,  en 
juillet-août  1696. 

3°  La,  misère  dans  laquelle  tombèrent  maints  réfugiés, 
par  l'épuisement  des  ressources  qui  les  avaient  fait  vivre 
jusqu'alors. 

Aussi  M.  Mourgnes  fut-il  délégué,  par  la  Direction  de 
Berne,  à  la  diète  du  18  novembre  1696,  pour  réclamer 
un  supplément  de  7800  livres,  sans  lequel  on  ne  pouvait 
boucler  l'année  en  cours.  On  ne  se  pressa  pas  de  lui 
répondre,  et  Mourgues  dut  renouveler  sa  demande  à  la 
diète  de  Baden,  du  21  juin  1697.  Il  ne  demandait  plus 
que  7411  1.,  5  s,  somme  nécessaire  pour  terminer  les 
comptes  de  la  Direction,  au  30  avril  1697. 

On  lui  en  accorda  7380  — ,  dont  — r6000  —  don  nées  pro- 
portionnellement par  les  5  cantons  évangéliques,  —  900  — 
par  Glaris,  —  480  —  par  Mulhouse. 

Les  comptes  se  présentent  comme  suit  : 

Livres  .  .    40  000  fournies  par  les  5  cantons  évangéliques. 

—  986     —     par  Lord  Galway. 

—  175     —     par  une  dame  Du  Pigni. 

Livres  .  .    41  161 

—  7-411,  5S  Avancés  par  la  Direction  pour  solde  de 

compte. 

Total.  .  .  4-8  572,  5S  (soit  i242. .860  francs)  dépensés,  dont 
l'emploi  est  indiqué  en  détail  dans  les  comptes  de  la  Direction  (1). 

VI 

4°  ANNÉE.  DU  !"  MAI  1697  AU  30  AVRIL  1698. 

La  Direction  française  de  Berne  demanda  à  la  diète 
de  Schaffhouse,  le  17  mars  1698,  de  bien  vouloir  conti- 
nuer, et  même  augmenter  la  subvention  des  cantons, 
afin  de  ne  pas  avoir  à  y  revenir  au  cours  de  l'année, 
par  un  nouvel  appel  de  fonds.  Par  suite  des  trois  causes 

M)  Arch.  Berne.  Protocole  Ne  -'/,  p.  260-261.  —  Arch.  Zurich.  Allg  : 
Eicïg  :  Absck  :  B.  Vltl  155,  p,  302,  et  156,  p.  223-225. 


106  ÉTUDES  HISTORIQUES 

indiquées,  plus  haut  le  chiffre  des  assistés  était  remonté 
à  2162,  qui  se  répartissent  comme  suit  : 

Berne,  784  assistés —  Moudon,  1 1 H  —  Lausanne,  462 
Paye  nie,  53  —  —  Aigle,  85  —  Morges,  138 
Yverdun,  59    —      —  Vevey,    273  —  Nyon  192 

Total  (1)  .  .  2162 

A  cette  occasion  Théodore  Cabrit,  délégué  avec  Mour- 
gues,  à  Schaffhouse  prononça  un  fort  éloquent  dis- 
cours. Faisant  allusion  au  traité  de  Ryswick,  signé  quel- 
ques mois  auparavant,  qui  avait  ruiné  l'espérance  des 
exilés  français  de  rentrer  dans  leur  patrie  en  y  exerçant 
leur  religion,  Cabrit  les  représente  comme  seuls  exclus 
de  la  paix  dont  l'Europe  va  jouir,  et  plus  malheureux  que 
jamais,  Le  trouble,  la  défiance  et  l'alarme  sont  entrés 
dans  leur  cœur.  «  Si,  dit-il,  Dieu,  en  leur  commandant 
comme  à  Abraham,  de  sortir  de  leur  pays  et  de  leur 
parenté,  y  avait  ajouté  cette  consolation  :  Et  va  au  pays 
que  je  le  montrerai,  les  inquiétudes  de  leurs  amis  seraient 
moins  grandes;  mais  aucun  asile  ne  leur  est  ouvert .  » 

Les  réfugiés  supplient  les  confédérés  de  continuer  leur 
bénéh'cence,  et  même  de  l'augmenter,  en  raison  de  la  dis- 
grâce qu'éprouvent  les  exilés,  «  comme  des  pères  d'autant 
plus  tendres,  envers  leurs  enfants  plus  malheureux  ». 
Si  eette  source  venait  à  tarir,  ceux-ci  risqueraien  t  de  faire 
naufrage  dans  l'ardeur  de  leurs  maux;  ils  seraient  tentés 
de  rentrer  en  France  pour  s'y  replonger  dans  la  supersti- 
tion. «  Prévenez,  magnifiques  seigneurs,  ce  terrible  mal- 
heur, en  nous  continuant  vos  bienfaits...  Notre  Grand 
Dieu  vous  en  fera  recueillir  une  riche  moisson  au  dernier 
jour.  »  etc.  (2). 

Les  dépenses  cl  recettes  de  l'année  s'élevèrent  à 
49  054  livres,  3  sous  (245  270  francs)  (3)  . 

En  juillet  1698,  la  direction  de  Berne  proposa  à  la 
diète  de  Baden,  d'envoyer  une  députation  dans  les  Etats  du 

[ï)  Arch.  Zurich.  Ibid :  167,  p.  13  — ,  1M,  p.  11-18. 

(2)  Arch.  Zurich.  Ibid.  157,  i>.  '•:». 

(3)  Arch.  Berne.  Vvotovole,  N«  S,  \k  238-239. 


ÉTUDES   HISTORIQUES  107 

Nord  de  l'Europe,  afin  d'y  chercher  de  nouvelles  retraite?* 
pour  les  réfugiés,  puisque  la  France  leur  demeurait  fer- 
mée. Cette  proposition  fut  agréée  et,  du  3  août  au 
9  novembre  1698,  le  marquis  de  Rochegude  et  Loriot  de  la 
Grivelière  parcoururent  les  pays  protestants,  ils  en  rap- 
portèrent les  offres  bienveillantes  des  princes  de  Hesse, 
du  Brandebourg  et  de  Bayreuth,  disposés  à  recevoir  des 
réfugiés  dans  leurs  Etats. 

Mais,  trop  pau  vres  pour  faire  les  frais  de  leurs  établis- 
sements, ces  princes  demandèrent  à  la  Hollande  et  h 
l'Angleterre  d'y  contribuer  par  des  collectes,  ce  qui  fut 
fait  (1). 

VII 

5°  année,  du  1er  mai  1698,  au  31  octobre  1699  (18  mois) . 

Les  fonds  votés  pour  les  réfugiés  de  Berne,  par  les 
cantons,  se  montèrent  cette  année  à  40  300  livres  (2). 
C'était  encore  trop  peu,  car  dès  le  22  décembre  1698,  h 
Direction  avait  dépensé  24  482  livres,  6  s. 

(  De  plus  pour  la  cléputation  de  Roche- 
gude, livres2179,  sans  compter  600 livres 
données  par  les  can  tons  pour  cette  dépu- 
tât ion.) 

îl  ne  restait  aux  mains  des  directeurs 
à  dépenser  que  15  817  livres,  14  s. 

(40  300  livres) 

pour  les  derniers  6  mois  de  l'année. 

Aussi  la  Direction  adressa-t-elle,  en  date  du  21  dé- 
cembre 1698,  une  superbe  requête  aux  :  «  Illustres,  Magni- 
fiques, Hauts,  Puissants  et  Souverains  Seigneurs  »  (les 
magistrats  des  cantons  évangéliques),  en  présentant  le 

(1)  Arch.  Zurich.  Allg  :  Eidg  :  Absck.  \\.  VIII  loti,  p.  11.  18,  20,  193,  19.").. 
Ride/.  Absch  :  B  VI,  2,  p.  734. 

(2)  Dont  20  000  livres  de  Berne,  20  000  livres  des  quatre  cantons  évangéliques „ 
plus  300  livres  des  seigneurs  de  Mulhouse.  —  Source  :  Arch.  Berne.  Protocole 
N°  6",  mai  à  décembre  1698,  p.  124.  Compte  de  la  Direction  de  la  Colonie  fran- 
çaise de  Berne. 


108  ÉTUDES  HISTORIQUES 

compte  de  dépense  des  premiers  six  mois.  Elle  exprime, 
avec  la  reconnaissance  des  réfugiés,  le  désir  qu'ils  ont  de 
décharger  leurs  protecteurs  du  fardeau  qu'ils  portent  si 
généreusement  depuis  tant  d'années,  et  demande  la  sub- 
vention qui  leur  est  indispensable,  pour  terminer  l'année 
en  cours. 

(lotte  demande  fut  renouvelée  à  la  diète  d'Aarau,  du 
9  janvier  J  699,  elle  fut  appuyée  par  les  lettres  d'Herwart, 
envoyé  britannique  et  de  Valkenier,  envoyé  hollandais 
en  Suisse.  Les  cantons  accordèrent  un  subside  de 
8  000  livres. 

La  situation  se  compliquait  parla  perspective  du  pro- 
chain départ  des  réfugiés,  départ  qui,  en  déchargeant  la 
Suisse,  allait  l'obliger  à  un  suprême  effort,  pour  les 
transporter  à  la  frontière,  ?cs  munir  d'un  pécule  de 
voyage,  et  même  fournir  une  somme  destinée  à  leurs 
futurs  établissements.  Herwart  ne  réclamait  rien  moins 
que  cela.  Il  demandait  encore  à  la  Suisse  de  garder  chez 
elle  les  vieillards,  infirmes,  veuves  et  enfants,  incapables 
de  gagner  leur  vie,  et  de  les  entretenir  jusqu'à  leur  mort, 
ou  jusqu'à  ce  qu'ils  pussent  se  tirer  d'affaire. 

D'après  le  dernier  recensement,  il  restait  alors  0600 
réfugiés  dans  le  canton  de  Berne,  dont  1800  assistés.  Les 
autres  vivaient  de  leur  industrie  ou  de  leurs  dernières 
ressources,  et  si  ceux-ci  devaien  t  quitter  la  Suisse,  les  uns 
ne  trouveraient  pas  à  gagner  leur  vie  pendant  dix-huit 
mois,  les  seconds  n'auraient  pins  d'argent  pour  entre- 
prendre le  voyage.  M  faudrait  donc  donner  à  tous  une 
subvention  proportionnée  à  leurs  besoins. 

Les  directeurs  des  réfugiés  et  leurs  représentants 
auprès  des  cours  pressèrent  autant  que  possible  les  col- 
lectes à.  la  Haye  et  en  Angleterre,  pour  faciliter  rétablis- 
sement des  réfugiés  en  Allemagne. 

Valkenier  engageait  la  Suisse  à  finir  aussi  bien  qu'elle 
avait  commencé,  en  couronnant  une  œuvre  de  miséri- 
corde, partout  admirée,  vis-à-vis  des  réfugiés,  sans  se 
laisser  arrêter  par  aucun  motif. 

Par  lettres  du  I7janvier  1699, les  cantons  répondirent 


ÉTUDES  HISTORIQUES  109 

au  roi  d'Angleterre  et  aux  Etats-Généraux,  qu'ils  accé- 
deraient volontiers  à  leurs  désirs,  s'ils  n'étaient  eux- 
mêmes  gênés  par  les  conditions  difficiles  de  la  vie,  qui  se 
faisaient  sentir  aussi  bien  à  la  République  et  à  ses  pays 
sujets,  qu'aux  citoyens  et  aux  Français  réfugiés. 

Us  promirent  néanmoins  de  garder  en  Suisse  les 
malades  et  les  vieillards,  pour  en  prendre  soin,  aussi 
longtemps  qu'il  le  faudrait,  et  de  remettre  aux  émigrés, 
à  leur  départ,  les  subsides  nécessaires  à  leur  voyage  (i). 

En  vue  de  cet  événement,  les  Suisses  entamèrent  des 
négociations  avec  l'ambassadeur  français  Puysieulx,  afin 
d'obtenir  du  roi  de  France  un  passe-port,  qui  permît  aux 
émigrés  de  descendre  le  Rhin,  sans  être  inquiétés  au 
travers  de  l'Alsace.  La  chose  n'alla  pas  d'elle-même,  et'- 
Louis  XIV  témoigna  d'abord  par  un  refus  sa  mauvaise 
humeur  envers  ses  anciens  sujets.  Toutefois  un  arrange» 
ment  fut  conclu  entre  Puysieulx  et  les  trois  délégués 
suisses,  réunis  à  Soleure:  le  statthalter  D.  Hess  de 
Zurich,  le  banneret  E.  de  Grafenried  de  Berne  et  le 
boursier  A.  Burckhart  de  Baie,  en  avril  1699  (2)1 

Avant  le  départ  des  réfugiés,  la  Direction  de  Berne 
adressa  encore  deux  lettres  aux  cantons  évangéliques, 
l'une  à  la  diète  d'Aarau,  le  6  juillet,  l'autre  au  commence- 
ment de  septembre  1699.  Elles  avaient  pour  but  de 
remettre  aux  autorités  suisses  les  derniers  comptes  des 
réfugiés,  et  d'obtenir  d'elles  le  supplément  nécessaire, 
pour  combler  le  déficit  considérable  du  dernier  exercice  ; 
car  cet  exercice  s'étendit,  non  pas  sur  une  année,  mais 
sur  dix-huit  mois  (de  mai  1698  à  fin  octobre  1699).  ' 

Enfin  l'exode  de  la  plupart  des  émigrés  français,  éta- 
blis en  Suisse,  eut  lieu  durant  l'été  de  1699.  Il  fut  orga- 
nisé et  subventionné  par  les  magistrats  suisses. 

Les  Français  descendirent  le  Rhin  par  petites  troupes, 
en  bateau,  au  nombre  d'environ  4400  (3), dont  un  millier 

(1)  Arch.  Zurich.  Allg.  Eidg.  Absch  :  Annexes  aux  protocoles  des  diètes 
évangéliques.  B  VIII,  159,  p.  29,  32,  35,  4!,  45,  décembre ,1698  et  janvier  1099. 

(2)  Ibid.  p.  17,  19,  101,  103,  105,  106,  108.  Janvier  et  avril  1699. 

(3)  F.   de  Schickler.  Les  .tic/lise?  du  Refuge,  p.  49. 


MO  ÉTUDES  HISTORIQUES 

se  fixèrent  dans  la  Hesse,  plus  de  trois  mille  en  Brande- 
bourg, et  un  certain  nombre  à  Bayreuth. 

La  Suisse  conserva  900  malades,  vieillards  ou  infirmes, 
dont  603  habitaient  les  Etats  de  Berne,  et  297  les  autres 
cantons.  Elle  en  prit  soin  selon  sa  promesse.  Plusieurs 
Français  aisés  demeurèrent  aussi  dans  le  pays. 

Les  comptes  furent  bouclés  en  octobre  1699,  et  la 
dépense  s'éleva  à  25  993  Rth.,  soit    389  895  francs. 

Plus  pour  les  mois  d'août,  sep- 
tembre et  octobre  1699,  à  7  077  li  vres 
tournois,  soit   3o  385  francs 

Total,  en  monnaie  actuelle,  envi- 
ron 425  280  francs  (1). 


Pour  donner  une  idée  des  lettres  de  la  Direction  de 
Berne  aux  cantons  évangéliques,  citons  un  passage  de  la 
dernière,  celle  qui  fut  présentée  par  son  député  Couderc, 
en  septembre  1699. 

Après  avoir  témoigné  sa  reconnaissance  pour  les  bien- 
laits  de  la  Suisse  et  lui  avoir  recommandé  les  malheu- 
reux qui  restaient  dans  le  pays,  Couderc  ajoute  : 

«  Permettez-moi  de  vous  dire  en  toute  humilité  et 
avec  tout  le  respect  dont  je  suis  capable,  que  nous  servons 
tous  un  même  maître.  Nous  avons  été  rachetés  par  un 
même  prix,  nous  avons  une  même  foi,  une  même  espé- 
rance et  nous  prétendons  de  nous  trouver  bientôt  dans  la 
maison  de  notre  Père  Céleste.  Nous  avons  cette  confiance 


(1)  lbid.  159  —  p.  402,  103.  —  160,  p.  172,  171,  290,  327,  311. 

RECAPITULATION  I»ES  SOMMES  VOTÉES  EAU  LA  SUISSE  l>Ol!lt  LES  tllSFUOIÉS, 
DE  1093  A  1099. 


De  la  mi-oclobre  1093  à  la  mi-avril  1091   Fr.  124.950 

Foods  établi  pour  le  voyage  des  émigranls  ....  45  000 

1'°  année  de  la  Convention  1094-1095   321  800 

2e     —        —          —         1695-1690    229  00H 

3"     —        —          —         1096-1697    237  050 

1°     —        —         —         I097-109S   245  270 

5e     —        —          —          1098-1099    125  2S0 

Total  .  .  .  Fr.  I  628  356 


Non  compris  les  subventions  aux  États  allemands. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


111 


en  vous,  Souverains  Seigneurs,  que  vous  nous  aiderez  à 
faire  noire  chemin  pour  nous  y  rendre,  et  que  vous  lais- 
serez tomber  quelques  miettes  de  votre  subsistance. 

«  Vous  êtes  assis,  Souverains  Seigneurs,  pour  juger 
et  pour  décider  du  destin  de  tant  de  pauvres  affligés  qui 
sont  errants  pour  la  cause  de  Dieu.  Quelle  consolation  et 
quelle  joie  n'aurez-vous  pas  un  jour,  de  voir  les  délibéra- 
tions que  vous  avez  prises  en  leur  faveur,  écrites  et  enre- 
gistrées dans  le  Ciel!  Vous  recevrez  alors  la  louange 
d'avoir  été  les  images  de  Dieu,  qui  est  charité.  En  nous 
donnant  vos  aumônes,  vous  rendez  à  Dieu  l'hommage 
que  vous  lui  devez  pour  l'abondance  et  pour  la  paix  dont 
il  vous  fait  jouir.  Vous  lui  prêtez,  et  il  vous  le  rendra, 
nous  l'en  prions  de  tout  notre  cœur,  etc..  » 

vin 

Comme  nous  l'avons  indiqué,  les  magistrats  de  la 
Suisse  furent  sollicités  d'envoyer  des  subsides  en  Brande- 
bourg, à  Bayreuth,  et  en  Hesse,  pour  y  établir  les  réfu- 
giés qui  quittaient  leur  pays.  Ainsi,  par  missive  du 
5/15  août  1699,  adressée  à  son  conseiller  antique  Bondeli 
à  Berne,  Frédéric  III  électeur  de  Brandebourg  fît  savoir 
aux  cantons  évangéliques  que,  parmi  les  Français  qui 
passaient  journellement  de  Suisse  en  Allemagne,  il  se 
trouvait  des  personnes  âgées  et  infirmes,  des  veuves  et 
des  orphelins.  Ces  gens,  ayant  vécu  d'aumônes,  ne  pou- 
vaient être  reçus  que  dans  un  hôpital.  Si  donc  la  Suisse 
ne  veut  pas  qu'on  les  lui  renvoie,  dit  l'Électeur,  il  faudra 
qu'elle  lui  fasse  tenir  une  somme  assez  considérable  pour 
la  création  du  susdit  hôpital.  Toutefois,  S.  Altesse  S. 
ne  se  montrera  pas  inflexible  pour  garder  ces  pauvres 
gens. 

Bondeli  envoya  au  bourgmestre  de  Zurich  la  lettre 
de  son  souverain,  en  le  priant  d'employer  ses  bons  offi- 
ces, pour  que  les  louables  cantons  aident  l'Electeur  à 
porter  ce  lourd  fardeau,  attendu  qu'il  fournit  lui-même 


112 


Éï U DES  H I STO RI QU ES 


plus  de  cinquante  mille  écus  par  an,  pour  l'entretien  des 
réfugiés  (750  000  francs)  (1). 

La  Suisse  décida  que  pour  l'établissement  des  Fran- 
çais en  Brandebourg,  Berne  donnerait  6  000  Rth.,  et 
Zurich,  Baie,  Schaffhouse  et  Saint-Gall  aussi  6  000,  «soit, 
12  000  Rth,  environ  180  000  francs  actuels  (2). 

En  mars  et  avril  1699,  le  margrave  Christian-Ernest 
de  Bayreuth  délégua  le  pasteur  français  E.  Tholozan, 
d'Erlangen,  aux  cantons  évangéliques,  pour  leur  offrir 
de  recevoir  dans  ses  Etats  un  certain  nombre  de  réfu- 
giés, comme  il  l'avait  fait  treize  ans  auparavant.  Accré- 
dité par  le  margrave,  Tholozan  était  en  outre  muni 
d'une  lettre  du  Consistoire  français  d'Erlangen,  pour  les 
Seigneurs  des  cantons  réformés,  dont  voici  un  passage: 
«  Ceux  qui  ont  passé  par  vos  États  sont  autant  de 
voix  qui  publient  votre  libéralité.  On  a  vu  comment  Dieu 
a  béni  visiblement  les  soins  charitables  de  vos  excel- 
lences, au  temporel,  comme  au  spirituel.  Il  a  fait  encore 
de  vous,  Magnifiques  Seigneurs,  un  exemple  singulier  de 
son  amour,  en  vous  faisant  voir  de  grandes  révolutions, 
sans  y  avoir  part,  et  en  vous  faisant  jouir  seuls  d'une  pro- 
fonde paix,  parmi  les  plus  grands  troubles  et  les  plus 
violentes  agitations  de  l'Europe  entière.  » 

Après  quoi,  le  consistoire  priait  LL.  EE.  d'aider  par 
quelque  secours,  à  l'établissement  des  réfugiés  dans  1rs 
terres  du  margrave.  Les  magistrats  des  cantons  évangé- 
liques répondirent  le  10  juin  au  margrave,  en  le  remer- 
ciant de  ses  bienveillantes  intentions,  et  lui  tirent  part 
de  leur  résolution,  de  payer  le  transport  des  réfugiés 
misérables,  qui  se  fixeraient  dans  son  pays,  et  de  les 
aider  par  un  subside  à  s'y  installer(3) . 

Enfin  Charles,  Landgrave  de  Hesse,  adressait  de 
Cassel,  le  26  juin  1700,  une  lettre  aux  cantons  de  Zurich 

(1)  Arch.  Zurich,  ibid  —  160  —  p.  180.  Lettre  de  l'Electeur  de  Brandebourg 
à  Bondeli,  à  Berne,  5  août  1 699. 

(2)  Arch.  Zurich,  Promphiarium.  E.  Hxulanlcn  sachen  —  1699 

(3)  Arch.  Zurich  Allg.  Eidg.  Absck.  Annexes  aux  protocoles  des  diètes. 
B  VIIL  i59,  p,  123,  126,  128  et  130.  Colle  dernière  esl  le  réponse  de  Le  Suisse 
au  margrave. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


113 


et  de  Baie,  pour  les  remercier  de  la  somme  de  3000  Rth  : 
(45000  francs  environ)  que  ces  deux  Etats  avaient  mise  à 
sa  disposition,  en  faveur  des  réfugiés  français  qui  s'éta- 
blirent en  Hesse  (1). 

Certes,  la  Suisse  a  fait  noblement  son  devoir  vis-à-vis 
des  réfugiés;  nous  sommes  heureux  de  le  constater  par 
les  documents  de  ses  archives,  et  nous  souhaitons  que  ses 
enfants  soient  toujours  capables  d'an  pareil  dévouement. 
Elle  en  a  retiré  maintes  bénédictions,  et  nous  dirions 
volontiers  avec  le  consitoire  d'Erlangen,  que  si  la  Suisse, 
au  milieu  des  guerres  et  des  révolutions  qui  ont  désolé  le 
monde,  a  eu  le  privilège  de  jouir  presque  constamment  cle 
la  paix,  et  de  conserver  son  autonomie,  elle  le  doit  peut- 
être  à  la  généreuse  hospitalité  qu'elle  a  toujours  exercée, 
spécialement  à  l'égard  des  réfugiés  français. 

Un  bienfait  porte  en  soi  sa  récompense. 

IX 

Avant  de  terminer,  disons  un  mot  de  la  part. que  Genève 
et  Neuchâtel  prirent auRefuge.  Le  rôle  de  Genève  fut  aussi 
beau,  et  bien  plus  épineux  que  celui  de  Berne  et  de 
Zurich.  Située  aux  portes  de  la  France,  soumise  à  l'in- 
fluence et  aux  menaces  cle  son  puissant  voisin,  Louis  XIV, 
dont  elle  subissait  la  pression,  cette  ville  était  le  port  du 
salut  pour  les  malheureux  fugitifs,  qui  se  répandaient  de 
là  dans  toute  la  Suisse.  Genève  n'a  pas  failli  à  sa  tâche, 
elle  l'a  remplie  avec  un  généreux  dévouement,  que  Mir- 
mand  sut  relever,  quand  il  demandait  à  d'Herwart 
(en  1693)  que  les  louanges  données  à  la  Suisse  par  l'en- 
voyé de  Guillaume  111,  et  en  son  nom,  fussent  aussi 
décernées  à  Genève,  qui  les  avait  autant  et  mieux  méritées. 

(1)  Arch.,  Zurich.  Portefeuille  intitulé  :  Hesse.  A.  191.  Lettre  du  Langrave 
de  Hesse  aux  États  de  Zurich,  et  de  Bàle,  du  26  juin  1700,  scellée  de  son  sceau 
et  signée  de  sa  main  :  «  De  vos  Seigneurs,  le  compère  affectueux  et  dévoué 
Charles,  Landgrave  de  Hesse  ».  —  Les  cantons  évangéliques  avaient  été  par- 
rains d'un  prince  de  Hesse,  en  1678,  c'est  pourquoi  le  Landgrave  s'intitule 
leur  compère.  (Note  de  feu  J.  H.  Labhart,  archiviste). 

8 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


Lorsqu'en  août  1693,  Genève  renvoya  ses  réfugiés  pour 
cause  de  disette,  il  se  trouva  qu'au  bout  de  peu  de  mois, 
il  y  en  avait  de  nouveaux,  puisque  le  marquis  d'Arzeliers 
écrivait  quelque  temps  après  :  «  Genève  veut  garder  ses 
réfugiés.  »  —  ïl  faut  donc,  ou  que  Genève  n'eût  renvoyé 
en  1693,  qu'une  partie  de  ses  réfugiés,  ou  qu'il  en  fût 
arrivé  dès  lors  un  nombre  assez  considérable  de  France, 
pour  motiver  cette  décision.  C'est  la  dernière  hypothèse 
qui  est  la  plus  probable. 

Quant  à  Neuchâtel,  dont  la  frontière  la  plus  étendue 
touche  à  la  France,  ce  petit  pays  était  alors  l'apanage  des 
princes  français  de  la  maison  de  Longueville,  dont  la 
duchesse  de  Nemours  fut  la  dernière  représentante  et 
souveraine  de  Neuchâtel,  jusqu'en  1707. 

Il  ne  pouvait  être  question  pour  le  gouvernement  des 
princes  français  catholiques,  de  prendre  part  officielle- 
ment aux  dépenses  du  Refuge  ;  mais  ce  que  ne  faisait  pas 
le  gouvernement,  ce  furent  les  particuliers,  les  communes 
et  les  bourgeoisies  qui  le  firent  largement,  grâce  à  leur 
autonomie  et  aux  libertés  rares  et  grandes  pour  l'époque, 
dont  ils  jouissaient. 

Les  réfugiés  passèrent  en  grand  nombre  de  France  à 
Neuchâtel,  durant  tout  le  temps  de  l'émigration;  les 
archives  de  l'Hôtel  de  Ville  de  Neuchâchel,  de  la  Biblio- 
thèque des  pasteurs,  celles  des  paroisses  de  nos  hautes 
vallées,  comme  le  Locle  et  Couvet,  le  prouvent  abondam- 
ment. A  Neuchâtel,  on  conserve  en  sept  volumes  in-folio 
mss.,  les  comptes  des  secours  accordés  par  la  ville  aux 
réfugiés  de  passage,  pendant  l'espace  de  quinze  ans 
(1683-1698). 

Environ  dix-huit  mille  de  ces  pauvres  gens  lurent 
assistés.  Et  combien  d'autres  ne  demandèrent  aucun 
secours,  et  dont  on  a  perdu  la  trace. 

A  Couvet,  les  comptes  de  la  commune  contiennent 
plusieurs  listes  de  dons,  faits  à  des  réfugiés  de  passade.  e( 
souvent  à  la  fin  de  l'année,  une  somme  considérable  csl 
portée  en  une  seule  fois,  comme  aide  à  un  groupe  de 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


115 


passants,  réfugiés  ou  autres,  ainsi  :  en  1683  — 436  passants 
étrangers,  en  1687  —  376  idem,  en  1691  —982  idem, 
en  1692  —  855  idem,  en  1695  —  856  idem,  en  1697  — 
389  idem,  en  1698  —  623  idem,  en  1699  —  740  idem, 
en  1700  -  290  idem  (1). 

Partout,  dans  notre  petite  patrie,  les  réfugiés  furent 
reçus  avec  sympathie  et  affection.  Le  droit  de  naturali- 
sation, la  faculté  d'être  agrégés  à  une  communauté  ou  à 
une  bourgeoisie,  leur  fut  accordé  plus  vite  et  plus  large- 
ment dans  le  pays  de  Neuchâtel  que  dans  les  autres 
contrées  de  la  Suisse.  De  là  vient  qu'il  n'y  eût  jamais  de 
colonie  française  à  Neuchâtel.  Les  Français  y  devinrent 
Neuchâtelois,  et  nombre  de  familles,  parmi  les  plus  nota- 
bles du  pays,  se  souviennent  avec  honneur  qu'elles 
descendent  de  réfugiés  français . 

Mmc  Alexandre  de  Ghambrier. 


ANNEXE 

LETTRE  DE  LA  DIRECTION  FRANÇAISE  DE  BERNE,  AUX  SEIGNEURS 
DE  LA  CHAMBRE  DES  RÉFUGIÉS,  DU  11   SEPTEMRRE  1693. 

La  Direction  de  Berne,  émue  à  la  pensée  de  ia  désolation  où 
se  trouveraient  les  pauvres  réfugiés,  s'ils  étaient  obligés  de  quitter 
les  Terres  bernoises  pour  se  rendre  dans  les  cantons  allemands, 
résolut  d'écrire  à  LL.  EE.  la  lettre  suivante,  pour  les  supplier 
de  leur  continuer  leur  bienveillance.  MM.  Gabry  et  Duncan  lurent 
chargés  de  la  porter  aux  Seigneurs  de  la  Chambre  des  réfugiés  et 
de  prier  Monseigneur  le  sénateur  Richner,  qui  en  était  le  prési- 
dent, de  la  lire  dans  le  Petit  et  le  Grand  Conseil.  La  voici  : 

«  Magnifiques,  Illustres  et  Souverains  Seigneurs. 

«  Les  pauvres  Réfugiés  français,  réduits  à  la  plus  dure  extrémité 
qu'il  soit  possible  d'imaginer,  n'ont  absolument  d'autre  ressource 
que  de  recourir  à  la  charité  même  de  leurs  illustres  Bienfaiteurs, 
dont  ils  ont  tiré  jusqu'à  présent  les  moyens  de  leur  subsistance. 

«  Ils  n'ignorent  pourtant  pas  les  efforts  extraordinaires  que 
LL.  EE.  ont  été  obligées  de  faire  en  leur  faveur,  ni  les  difficul- 
tés que  les  conjonctures  du  temps  leur  font  trouver  à  les  continuer 

(1)  Total  5547.  —  Communication  de  M.  Gustave  Petitpierre  de  Couve  t. 


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ETUDES  HISTORIQUES 


à  l'avenir.  Dans  celte  vue,  les  suppliants  ont  mis  tout  en  œuvre 
pour  découvrir  quelque  retraite,  et  le  public  est  témoin  de  la  joie 
et  de  l'empressement  qu'ils  ont  fait  paraître  à  embrasser  celle 
qu'ils  croyaient  leur  devoir  être  ouverte  en  Irlande.  Mais  les 
pieuses  intentions  de  S.  M.  B.  à  cet  égard,  n'ayant  pu  être  exécu- 
tées cette  année,  ils  ont  jeté  les  yeux  sur  tous  les  endroits  d'Alle- 
magne et  des  autres  États,  où  la  Providence  voudrait  leur  ouvrir 
un  asile.  Il  y  a  même  un  très  grand  nombre  de  leurs  compagnons 
de  misère,  qui  ont  quitté  ces  pays,  sans  autre  espérance  de  pou- 
voir subsister  ailleurs,  que  celle  des  promesses  générales  que 
tous  les  fidèles  ont  de  la  protection  divine. 

«  Quelques-uns  ont  trouvé  des  personnes  charitables  qui  les  ont 
recueillis;  mais  les  autres  sont  encore  errants,  entièrement 
incertains  de  leur  destinée. 

«  Les  Suppliants,  que  LL.  EE.  ont  encore  sur  les  bras,  ne 
peuvent  nullement  se  flatter  de  pouvoir  trouver  un  refuge,  s'ils 
ont  le  malheur  de  sortir  de  leurs  États,  et  ils  ne  pourraient  regarder 
cet  ordre  dont  on  les  menace,  que  comme  une  nécessité  qu'on 
leur  imposerait  de  mourir  de  faim  au  pied  de  quelque  buisson. 
Ils  sentent  déjà  dissiper  leurs  alarmes  par  les  considérations  que 
leur  fournit  l'expérience  du  passé.  Ils  se  persuadent,  Souverains 
Seigneurs,  que  Dieu,  pour  la  cause  duquel  ils  ont  l'honneur  de 
souffrir,  ne  laissera  jamais  ralentir  les  tendres  mouvements  de 
charité  qu'il  vous  a  mis  au  cœur,  et  dont  ils  ont  si  abondamment 
éprouvé  leurs  effets.  Que  la  misère  de  ceux  que  vous  ne  dédai- 
gnez pas  d'honorer  du  nom  de  Frères,  augmentant  tous  les  jours, 
donnera  une  sainte  émulation  à  votre  charité.  Et  que,  les  com- 
blant de  nouvelles  grâces,  vous  leur  donnerez  aussi  de  nouveaux 
motifs  à  témoigner  leur  reconnaissance,  et  à  redoubler  leurs 
vœux  pour  la  prospérité  de  cet  État,  et  de  vos  Illustres  per- 
sonnes (1).  » 


(!)  Arch.  Borne.  Protocole  de  la  Direction  française,  11  septembre  1693. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


117 


LES  SAINTE-HERMINE?  COUSINS  DE  MADAME  DE  MAINTENONS 

De  nombreux  ouvrages  ont  été  écrits  sur  le  rôle  de 
Madame  de  Maintenon  au  point  de  vue  de  la  persécution 
religieuse. 

Nous  n'avons  pas  la  prétention  de  revenir  sur  cette 
question,  et  nous  nous  bornerons  à  apporter  notre  modeste 
contribution  en  donnant  quelques  détails  et  quelques 
documents  sur  la  famille  de  Sainte-Hermine,  liée  par  une 
parenté  étroite  à  celle  des  d'Aubigné.  Déjà,  dans  une 
intéressante  étude  parue  ici-même,  il  y  a  quelques  années, 
sous  le  titre  de  Madame  de  Maintenon  convertissense  (1), 
il  avait  été  question  de  la  famille  de  Sainte-Hermine  et 
de  ses  rapports  avec  Madame  de  Maintenon.  Nous  appor- 
tons aujourd'hui  un  complément  à  ce  travail,  tant  au 
point  de  vue  généalogique  qu'à  celui  des  procédés  employés 
par  la  célèbre  marquise  vis-à-vis  de  ses  parents  pour  les 
ramener  dans  le  giron  de  l'Église  catholique. 

On  sait  comment  Madame  de  Maintenon  avait  converti 
ses  neveux  à  la  mode  de  Bretagne,  les  enfants  de  Phi- 
lippe Le  Vallois  de  Villette.  Mmc  de  Caylus  le  raconte 
dans  ses  mémoires  :  n'espérant  pas  ébranlerla  foi  robuste 
de  son  cousin  elle  obtint  de  M.  de  Seignelay  qu'on  l'en- 
verrait en  mer  faire  un  voyage  au  long  cours  et  pendant 
ce  temps  fit  enlever  par  M.me  de  Fontmort,  à  Niort,  sa  tille, 
enfant  de  9  ans,  dont  la  conversion  ne  fut  guère  difficile 
à  obtenir  :  elle  «  trouva  la  messe  du  Roi  si  belle  qu'elle 
consentit  à  se  faire  catholique  à  la  condition  de  l'entendre 
tous  les  jours  et  qu'on  la  garantirait  du  fouet  ».  Ses  frères 
ne  furent  guère  plus  difficiles  à  convaincre. 

Le  zèle  de  Madame  de  Maintenon  triomphait  donc, 
mais  non  pas  auprès  de  tous  ses  parents  :  ses  cousins  de 
Sainte-Hermine  étaient  rebelles,  et  ses  avances  pas  plus 
que  ses  menaces  n'avaient  pu  les  entamer.  C'est  avec 


(1)  V.  Bulletin  des  15  avril,  lo  mai,  15  juin  1900 


lis 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


mélancolie  qu'elle  écrivait  à  son  frère,  en  apprenant  que 
la  grâce  aidée  par  les  dragons  du  Roi  venait  de  toucher 
près  de  40000  Poitevins:  «  Je  crois  qu'il  ne  demeurera  de 
huguenots  en  Poitou  que  nos  parents  ». 

Ces  parents  étaient,  avecM.  de  Villette,  ses  cousins  de 
Sainte-Hermine  delà  Laigne.  La  famille  de  Sainte-Her- 
mine dont  l'origine  nous  est  inconnue,  mais  que  l'on  voit 
figurer  dans  des  documents  certains  dès  l'année  1090 
(Gallia  Christiania  p.  470),  eut  deux  de  ses  membres  aux 
croisades  (1),  et  dont  le  zèle  pendant  les  guerres  contre 
l'Anglais  avait  mérité  une  donation  faite  à  Arnaud 
de  Sainte-Hermine,  écuyer,  par  Charles  d'Espagne  comte 
d'Angoulême  et  connétable  de  France,  donation  confirmée 
par  une  charte  du  Roi  Jean  le  18  mai  1352  (Arch.  nat. 
TT.  82) ,  —  habitait  depuis  le  commencement  du  xme  siècle 
le  château  du  Fa,  construit  sur  les  vestiges  d'une  forte- 
resse romaine,  près  de  Châteauneuf  en  Angoumois. 

Un  membre  de  cette  famille,  Joachim,  avait,  lors  de 
la  prédication  de  Calvin  dans  ce  pays,  embrassé  le  Pro- 
testantisme, et  depuis  lors,  tous  ses  descendants  avaient 
pratiqué  cette  religion,  et  versé  leur  sangpourladéfendre. 
Joachim,  lors  de  la  première  guerre  de  religion,  comman- 
dait l'artillerie  huguenote  et  son  fils  Jean  (2),  époux  de 
de  Lucresse  de  Lusignan,  avait,  en  1568,  été  gouverneur 
de  La  Rochelle  pour  le  compte  du  prince  deCondé.  CeJui- 
ci  eut  un  fils  nommé  également  Jean  (3),  qui  fut  gentil- 
homme servant  du  roi  Henri  de  Navarre  (Arch.  nat. 
M.  534)  et  un  autre  fils,  Joachim  II,  gentilhomme  ordi- 
naire de  la  chambre  du  roi  ;  Hélie  II,  son  fils,  épousa  Isa- 
beau  de  Polignac  et  fut  gentilhomme  ordinaire  de  la  mai- 
son du  roi.  Fort  en  faveur  auprès  de  Henri  ÏV,  bien  que 
n'ayant  pas  suivi,  dans  son  abjuration,  ce  prince,  leurs 
services  furent  un  titre  pour  leurs  descendants,  dont  l'un, 
pendant  la  minorité  du  roi  Louis  Xlll,  fut  chargé  de  lever 

(1)  Eustaohe,  1191,  Chartre  de  Saint-Jean  d'Acre,  Àimery,  1249  h  Damiette. 

(2)  C'est  par  erreur  que  dans  La  Fmncc  Protestante  les  frères  Haag  disent 
Joachim. 

(3)  MM.  Haag  le  confondent,  avec  son  père. 


ÉTUDES  HISTOR  [QU  ES 


119 


en  Saintonge  plusieurs  régiments  de  gens  de  pied  fran- 
çais et  de  combattre  les  adversaires  du  roi  et  fut  plus 
tard  nommé  commandant  de  la  noblesse  d'Aunis. 

À  la  fin  du  xvne  siècle  cette  famille  se  trouvait  repré- 
sentée par  deux  frères,  l'aîné  Joachim  III,  seigneur  du  Fa, 
colonel  d'infanterie,  et  Hélïe,  seigneur  de  la  Laigne  en 
Àunis  dont  nous  allons  avoir  à  nous  occuper. 

Madame  de  Maintenon  avait  voulu,  avec  l'aide  de  Féné- 
lon,  ramener  au  catbolicisme  ses  cousins  de  Sainte-Her- 
mine. Elle  y  réussit  avec  la  branche  du  Fa,  et  Hélie  III 
fils  de  Joachim  III  et  d'Anne  de  Polignac,  le  premier  de  la 
famille,  abandonnale protestantisme  le  30  novembre  1668. 

Son  oncle,  Hélie  de  laLaigne,  qui  avait  épousé  àNiort, 
le  4  septembre  1649  (1)  Madeleine  le  Vallois  de  Villette, 
fille  de  Benjamin  de  Villette  et  de  Louise  Arthémise  d'Au- 
bigné,  tante  paternelle  de  Madame  de  Maintenon,  fut 
réfractaire  aux  avances  de  sa  quasi  royale  cousine  ger- 
maine. 

Celle-ci  prisait  fort  Madeleine  de  Sainte-Hermine,  qui, 
disait-elle,  dans  une  lettre  à  M.  d'Aubigné  son  frère, 
«  n'a  pas  grand  esprit,  mais  c'est  une  très  bonne  femme  », 
et  lui  conseillait,  pour  amender  sa  jeune  femme  dont  les 
allures  la  scandalisaient,  de  lui  faire  fréquenter  «  ses 
filles  qui  sont  du  même  âge  »  (2).  (Mme  d'Aubigné  avait 
alors  un  peu  plus  de  quinze  ans.) 

Elle  avait  favorisé  les  fils  de  sa  cousine,  qui,  bien 
que  protestants,  comme  M.  de  Villette  leur  oncle,  ser- 
vaient dans  la  marine  dès  1670.  Quoique  presque  en- 
fants (3),  sur  le  navire  le  Sans  Pareil,  en  1672,  ils  firent 

(1)  Contrat  du  14  août  1649.- 

(2)  Elles  étaient  deux,  Madeleine-Sylvie,  l'aînée  qui  épousa  vUexandre  Dex- 
mier  d'Olbreuse,  et  Anne-Mauie-Françoise  cfui  devint  comtesse  de  Mailly. 

(3)  Les  fils  d'Hélie  de  Sainte-Hermine  étaient  :  1°  Henri-Louis,  marquis  de 
Sainte-Hermine;  entré  dans  la  marine  en  (1670,  il  mourut  capitaine  de  vais- 
seau le  28  mai  1700.  Il  avait  épousé,  en  1688,  Marguerite-Geneviève  Morel  de 
Putanges  qui  ne  lui  donna  que  des  filles.  —  2°  Hélie,  comte  de  Sainte-Her- 
mine, mort  le  14  janvier  1707,  lieutenant  général  des  armées  du  Roi,  inspec- 
teur de  la  cavalerie  et  des  dragons.  —  3°  Philippe,  chevalier  de  Sainte-Hermine 
entré  dans  la  marine  en  1672,  lieutenant  de  vaisseau  en  1686  et  que  MM.  Haag 
ont  pris  pour  son  frère  aîné  à  qui  ils  prêtent  ses  aventures.  —  4°  Jean-Pha- 
ramond,  entré  dans  la  marine  vers  1680  et  qui,  après  être  devenu  lieutenant 


120 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


preuve  d'un  courage  au-dessus  de  leur  âge,  et  assistèrent 
aux  combats  contre  Ruyter,  devant  les  îles  Lipari,  le 
8  janvier,  ainsi  qu'à  la  bataille  cl'Agosta,  le  22  avril,  dans 
laquelle  le  célèbre  amiral  trouva  la  mort.  Enfin,  le  2  juin, 
ils  se  distinguèrent  sous  Duquesne  à  la  bataille  de 
Palerme,  si  bien  que  l'un  d'eux  fut  chargé  de  porter  une 
nouvelle  au  roi. 

Est-ce  que  dans  la  suite  ils  ne  tinrent  pas  ce  qu'an- 
nonçaient leurs  précoces  exploits,  ou  leur  religion  leur 
fit-elle  du  tort  dans  l'esprit  du  ministre,  toujours  est-il 
qu'en  1679,  Madame  de  Maintenon,  voulant  les  recom- 
mander auprès  de  Seignelay,  se  fit  répondre  «  que  c'était 
la  considération  qu'il  avait  pour  elle,  qui  l'avait  empêché 
de  dire  au  roi  que  l'aîné  ne  fait  rien  qui  vaille  ».  —  «  Je 
voulus  le  faire  souvenir  des  bons  témoignages  que  l'on  en 
avait  rendu,  mais  il  me  répondit  qu'il  était  paresseux, 
inhabile  et  inappliqué,  et  que  les  officiers  généraux,  sous 
lesquels  il  avait  servi  en  sont  très  mal  satisfaits.  Tout 
cela  finit  donc  par  me  trouver  trop  heureuse  qu'il  ne  fît 
pas  pendre  votre  neveu  (la  lettre  est  adressée  à  M.  de 
Villette,  28  décembre),  pour  lui  promettre  de  le  bien  que- 
reller et  lui  demander  que  le  quatrième  (Jean  Pharamond  ) 
fut  officier  ». 

L'obstination  de  ses  cousins  de  l'un  et  l'autre  sexe  à 
rester  protestants  devenait  scandaleuse,  aussi  Madame  de 
Maintenon  résolut  d'y  mettre  bon  ordre.  Elle  les  manda 
auprès  d'elle  (décembre  1680.  Mllede  Mursay  (de  Villette), 
dont  nous  avons  relaté  plus  haut  l'enlèvement  à 
Niort,  «  trouva  sur  la  route  de  Paris  M.  de  Sainte-Her- 
mine, une  de  ses  sœurs  (Madeleine-Sylvie),  et  Mlle  de 
Caumont,  aussi  étonnés  qu'affligés  de  me  voir.  Pour  moi, 
contente  d'aller  sans  savoir  où  l'on  me  menait,  je  n'étais 
ni  étonnée,  ni  affligée  de  rien,  mais  comme  les  autres 
étaient  des  personnes  faites  que  Madame  de  Maintenon 
avait  demandées  à  leurs  parents,  il  avait  été  décidé  dans  le 
Conseil  des  Hugnenols  qu'on  ne  pouvait  les  lui  refuser  puis 

de  vaisseau,  finit  ses  jours  connue  abbé  de  N.-D.  d'Angle,  mu  diocèse  de 
Luçon. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


124 


qu'elle  ne  demandait  qu'à  les  voir  et  qu'elle  promettait 
de  ne  les  pas  contraindre  dans  leur  religion.  On  eut 
donc  pour  elle  cette  complaisance  d'autant  plus  volon- 
tiers, qu'on  n'avait  rien  à  craindre  de  leur  légèreté, 
et,  en  effet,  la  résistance  de  cesjeunes  personnes  fut  infi- 
niment glorieuse  au  calvinisme.  Nous  arrivâmes  ensemble 
à  Paris  où  Madame  de  Maintenon  vint  aussitôt  me  cher- 
cher et  m'emmena  seule  à  Saint-Germain  (1)  ». 

Madame  de  Maintenon  qui  venait  de  convertir  un  des 
fils  de  M.  de  Villette,  le  jeune  de  Mursay,  marin  de  14  ansr 
et  cela  sans  plus  de  peine  qu'elle  n'en  allait  avoir  avec  sa 
sœur,  se  rendait  compte  en  écrivant  à  son  frère  que 
«M.  de  Sainte-Hermine...  arrivé  aujourd'hui...  je  crois, 
me  donnera  plus  de  peine  ».  Elle  ajoute:  «  J'aurai  dans 
peu  de  jours  Mlles  de  Sainte-Hermine,  de  C  au  m  ont  et  de 
Mursay,  j'espère  que  je  n'en  manquerai  pas  une.  Mais 
j'aime  Minette  (c'était  Anne-Marie-Françoise  de  Sainte- 
Hermine  la  plus  jeune  des  demoiselles  de  la  Laigne, 
âgée  d'environ  13  ans  et  que  ses  parents  avaient  jugé 
prudent  de  ne  pas  envoyer  à  la  lerrible  conver tisseuse  !} 
que  j'ai  vue  à  Cognac  et  si  vous  pouviez  me  l'envoyer 
vous  me  feriez  un  extrême  plaisir  :  il  n'y  a  pas  d'autre 
moyen  que  la  violence,  car  on  sera  bien  affligé  dans  la 
famille  de  la  conversion  de  Mursay.  Il  faudrait  donc  que 
vous  obtinssiez  d'elle  de  m'écrire  qu'elle  veut  être  catho- 
lique :  vous  m'enverriez  cette  lettre-là,  je  vous  enverrai 
une  lettre  de  cachet  avec  laquelle  vous  prendriez  Minette 
chez  vous  jusqu'à  ce  que  vous  trouvassiez  une  occasion 
de  la  faire  partir,  ce  qui  se  trouve  assez  aisément,  outre 
que  vous,  M.  de  Xaintes,  M.  de  Marillac,  M.  de  Tours, 
et  enfin  je  trouverai  des  amis  sur  toute  la  route  et  si  on 
me  l'envoyait  à  Richelieu  je  ne  serais  pas  en  peine  du 
reste.  Travaillez  à  cette  affaire,  j'ai  de  l'inclination  pour 
cette  petite  fille,  et  vous  m'obligeriez  en  faisant  une 
bonne  œuvre  ». 

Cette  machination  devait  échouer,  mais  un  peu  plus 

(1)  Souvenirs  de  Mme  de  Caylus.  Voyez  également  «  Madame  de  Maintenon 
convertisseuse  »  par  M.  Gelin  [Bulletin,  lo  avril  1900.) 


122 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


tard  Madame  de  Maintenon  parvint  à  obtenir  de  ses 
parents  et  à  faire  abjurer  la  pauvre  Minette,  que 
Saint-Simon  appelle  «  une  demoiselle  de  Poitou  qui 
n'avait  pas  de  chausse,  que  Madame  de  Maintenon  avait 
fait  venir  de  sa  province  pour  demeurer  chez  elle  à  Ver-- 
saille  s  »  (1). 

Mais  revenons  à  nos  jeun  es  voyageurs  auprès  desquels 
Madame  de  Maintenon  n'avait  guère  de  succès  :  «  M.  de 
Sainte-Hermine  écoute  et  répond  fort  honnêtement  à  tout 
ce  que  je  lui  dis  sur  la  religion,  mais  jusqu'à  cette  heure 
il  ne  me  donne  nulle  espérance  (23  décembre  1680).  Je 
le  menais  samedi  avec  moi  à  Paris  où  j'allais  voir  Mme  de 
Fontmort  (2)  et  mes  nièces;  je  les  trouvais  toutes  enlai- 
dies, dont  je  fus  bien  fâchée,  mais  je  ne  reconnus  en  façon 
du  monde  Mlle  de  Saint-Hermine...  [Madeleine-Sylvie). 
Je  ne  me  console  pas  d'avoir  manqué  Minette  »  (Anne- 
M arie- Franco  ise  ) . 

Malgré  les  moyens  puissants  dont  disposait  Madame 
de  Maintenon,  l'attachement  des  jeunes  Sainte-Hermine  à 
la  foi  de  leurs  pères  fut  inébranlable  et,  têtus  comme 
les  mules  de  leur  Poitou,  ils  y  retournèrent  huguenots 
comme  devant.  «  M.  de  Sainte-Hermine  part  dimanche 
avec  ses  sœurs,  ils  ont  tous  fait  une  belle  résistance  et 
font  une  belle  retraite  ;  je  suis  persuadée  qu'ils  s'en  repenti- 
ront. La  petite  de  Mursay  dit  qu'elle  les  attend  pour  cela 
dans  la  basse-cour  de  la  Laigne.  »  (Lettre  de  Madame  de 
Maintenon  à  M.  d'Aubigné  5,  février  1681.) 

Cette  petite  de  Mursay,  toute  jeune  qu'elle  était,  savait 
déjà  voir  d'où  venait  le  vent,  aussi  sa  tante  la  poussait- 
elle  à  la  cour  ainsi  que  son  jeune  frère  «  qui,  disait-elle, 
réussissent  fort  bien  et  profiteront,  je  crois,  de  leur 
bonheur.  Je  suis  fâchée  çp!  aucun  Sainte-Hermine  ne  Tait 
partagé  carj'aime  leur  mère  et  leur  nom.  »  (14  mai  1082. 

(1)  Elle  épousa  le  comte  de  Mailly  en  1087  et  devint  plus  tard  (1692)  dame 
d'atours  de  la  future  duchesse  de  Chartres  puis  de  la  reine.  Elle  mourut  le 
6  novembre  1734,  âgée  de  67  ans. 

(2)  Sœur  de  Mm0  de  Villette  «  accoutumée  à  changer  de  religion,  qui  venait 
de  se  convertir  pour  la  seconde  ou  troisième  fois  »  [Souvenirs  de  Mmr  de 
Claylus.) 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


Mais  Madame  de  Maintenon  n'était  pas  pour  rien  une 
d'Aubigné.  Sa  ténacité  inlassable  avait  obtenu,  quelques 
années  après,  la  conversion  de  plusieurs  des  enfants 
d'Hélie  de  Sainte-Hermine,  seigneur  de  la  Laigne.  Elle 
l'avait  flatté  et  recherché,  fait  venir  à  Maintenon  pour  lui 
faire  voir  cette  belle  propriété  :  elle  avait  obtenu  la  garde  de 
sa  plus  j  eune  fille  Ann  e-Marie-Françoise  e  t  l'avait  convertie . 
Il  semble  bien  que  le  second  fils,  Hélie,  ait  aussi  embrassé 
la  religion  catholique  vers  la  même  époque,  car  il  conti- 
nuait à  l'armée  comme  capitaine  du  régiment,  colonel  et 
général  des  Dragons,  une  carrière  qui  devait  être  brillante. 
L'aîné  Henri-Louis,  ne  devait  pas  tarder,  lui  aussi,  à  se 
convertir  (1),  car  sa  carrière  maritime  se  poursuivait 
sans  entraves  et  le  roi  lui  accordait  en  juin,  1686, 
une  pension  annuelle  de  1500  livres,  plus  une  autre 
de  3000  livres  le  7  mars  1688  (Arch.  nat.  O1  32,  fol. 
164).  Cette  même  année  il  est  capitaine  des  vaisseaux  du 
roi.  Tout  semble  bien  incliquer  la  récompense  d'une 
conversion  désirée  en  haut  lieu  et  profitable  à  son  auteur. 
Après  avoir  commandé  avec  distinction,  le  10  mai  1685, 
au  combat  de  la  baie  de  Bantry,  un  des  navires  envoyés 
en  Irlande  pour  opérer  un  débarquement  en  faveur 
de  Jacques  II,  et  monté  Y  Intrépide  au  combat  de  La 
Hogue  (1692),  il  meurt  le  28  mai  1700,  laissant  six  filles 
qui  feront  de  brillants  mariages. 

Enfin,  le  plus  jeune  Jean-Pharamond  devait,  après 
avoir  été  lieutenant  de  vaisseau,  devenir  d'abord  prieur 
de  S'-Etienne  d'Ars,  puis  ensuite  abbé  de  N.-D.  d'Angle, 
qualité  qu'il  possédait  lorsqu'il  assista,  en  1715,  au 
mariage  d'une  de  ses  nièces  dont  nous  venons  de  parler 
(Françoise- Adélaïde)  avec  le  marquis  de  Sailly.  Il  est 
donc  probable  que  sa  foi  protestante  n'avait  pas  non  plus 
résisté  ou  était  sur  le  point  de  faiblir. 

Cependant,  le  troisième  fils  Philippe,  resté  enseigne  de 
vaisseau,  sans  doute  pour  lui  inculquer  le  repentir  prédit  par 


(1)  Il  se  remaria  le  26  février  1688,  à  Saint-André-des-Arts  à  Paris  :  il  était 
donc  catholique  à  cette  époque.  Nous  pensons  qu'il  avait  embrassé  cette  reli- 
gion vers  1686. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


Madame  de  Main  tenon,  résistait  toujours  avec  une 
énergie  d'autant  plus  méritoire  que  sa  santé  était  dans 
un  état  pitoyable  (1). 

C'est  ce  moment  que  saisit  Madame  de  Maintenon  pour 
vaincre  par  la  violence  cette  résistance  qui  commençait 
à  l'exaspérer,  à  une  époque  où  tout  cédait  devant  elle  et 
où  sa  puissance  était  sans  égale  dans  le  royaume. 

Les  promesses  étant  restées  infructueuses,  la  persua- 
sion sans  effet,  les  menaces  n'ayant  pas  ébranlé  la  fer- 
meté de  cet  enseigne  de  vaisseau,  elle  allait  employer  des 
moyens  plus  énergiques. 

Seignelay  ordonne,  le  16  mars  1686,  à  M.  de  laReynie 
de  mettre  le  chevalier  de  Sainte-Hermine  à  la  Bastille 
et  en  même  temps  il  écrit  au  gouverneur  de  cette  prison, 
M.  de  Besmaux  :  «  Je  vous  escris  ce  billet  pour  vous  dire 
que  M.  le  chevalier  de  Sainte-Hermine  qui  sera  conduit 
à  la  Bastille  par  ordre  du  Roy  est  parent  de  Madame  de 
Maintenon,  et  comme  il  est  fort  infirme,  il  faut,  s'il  vous 
plaist,  que  vous  ayez  soin  de  luy  faire  donner  tout  ce  qui 
luy  sera  nécessaire  ».  (01  30  fol.  96).  Toutefois,  si  ou 
devait  lui  épargner  les  souffrances  physiques,  on  comptait 
sur  la  contrainte  morale  pour  avoir  raison  de  sa  fermeté, 
et,  dès  le  23  mars,  on  commence  par  le  priver  de  la  pré- 
sence réconfortante  de  son  frère. 

«  Le  roy  à  sceu  que  le  sieur  de  Sainte  Hermine  qui 
est  à  la  Bastille  estoit  souvent  veu  par  son  frère  aisné  (2) 
et  quoique  Sa  Majesté  vous  ayt  permis  de  lui  laisser  voir 
quy  il  voudroit,  elle  n'a  pas  entendu  que  cela  veust  s'es- 
tendre  jusqu'aux  gens  de  la  R.  P.  R.,  aussi  vous  ne  devez 
pas  laisser  entrer  led.  Sr  de  Ste-Hermine  aisné  ni  personne 
de  lad.  religion  ».  (Ol  30  fol.  107.) 

Ce  n'était  qu'un  commencement  :  Le  20  avril  1686, 
M.  de  Besmaux  recevait  le  billet  suivant  du  seerélahv 

(1)  11  avait  demandé  en  1685  un  congé  pour  sortir  du  royaume  et  «  mou 
rir  tranquillement  dans  la  crainte  de  sa  religion  ».  [Bulletin,  15  mai  L900).  Féne 
Ion  avait  tenté  vainement  de  le  convertir. 

(2)  Henri-Louis  était  donc  resté  protestant  et  ce  m'est  pas  lui.  comme  le 
prétendent  les  auteurs  de  la  France  protestante,  qui  (Mail  enfermé  à  la  Ras- 
tille. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


125 


d'État  :  «  Le  Roy  m'ordonne  de  vous  escrire  que  mon 
intention  est  que  le  chevalier  de  Sainte-Hermine  ne  voye 
point  sa  mère  ny  aucun  de  sa  famille  ». 

11  avait  donc  le  droit  de  voir  qui  il  voulait  pourvu  que  ce 
ne  fussent  pas  ceux  qui  l'aimaient,  mais  des  indifférents 
venant  dans  sa  cellule  le  harceler  et  ajouter  la  torture 
morale  de  leur  obsédant  prosélytisme  aux  souffrances  que 
sa  maladie  lui  faisait  subir. 

Pendant  ce  temps  son  vieux  père,  huguenot  endurci, 
était  flatté  par  Madame  de  Maintenon  qui  l'avait  fait  venir 
avec  sa  femme  auprès  d'elle  et  cherchait  à  faire  pression 
sur  son  esprit  en  lui  montrant  la  différence  de  traitement 
qu'elle  savait  faire  entre  ceux  de  ses  enfants  qui  obéis- 
saient à  ses  suggestions  et  ceux  qui  s'y  montraient  rebelles. 
A  celui-ci  la  Bastille,  à  la  demoiselle  de  Sainte-Hermine  (1) 
le  couvent  des  nouvelles  catholiques,  prison  à  peine 
déguisée.  Aux  autres  des  pensions,  de  l'avancement,  des 
faveurs,  de  brillants  mariages! 

Le  vieilHélie  de  la  Laigne  souffrait  en  silence  etrefusait 
toujours  de  se  convertir,  mais  cette  lutte  épuisait  le  peu  de 
forces  que  l'âge  lui  avait  laissées  et  ce  vieillard  de  près 
de  80  ans  avait  à  subir  les  assauts  répétés  de  Madame  de 
Maintenon  à  qui  s'était  joint  M.  de  Viilette,  neveu  de 
Mme  de  Sainte-Hermine  de  la  Laigne,  qui,  après  avoir 
été  un  huguenot  intraitable,  était  devenu  un  catholique 
militant,  brûlant  de  convertir  les  membres  de  sa  famille 
restés  fidèles  à  la  foi  qu'il  avait  abandonnée. 

Son  zèle  de  Nouveau  Converti  était  même,  semble-t-il, 
intempestif,  car  Madame  de  Maintenon  lui  écrivait  en  1687 
(4  sept.)  «  Prenez  garde  à  toutes  les  affaires  dont  vous 
vous  chargez,  car  il  serait  désagréable  qu'elles  ne  se  trou- 
vassent pas  comme  vous  les  avez  proposées.  M.  de  Sei- 
gnelay  a  persuadé  au  roi  que  Mlle  de  Saint-Laurent  (2)  était 

(1)  Bal  le  tin,  13  mai  1900.  ,;  -\       ;  '••         v  f 

(2)  C'était  une  Sainte-Hermine  de  la  branche  aînée  qu'on  avait  d'abord 
mise  dans  un  couvent  de  La  Rochelle,  puis,  en  août  1686,  amenée  «  avec  le 
moins  de  frais  qu'il  se  pouvait  aux  nouvelles  catholiques  à  Paris  »,  (Arch. 
nat.  0  1  30,  f°  290),  où  elle  resta  jusqu'au  25  avril  1687. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


sur  le  point  de  faire  sa  réunion  et  si  elle  part  sans  que 
cela  soit  fait,  on  en  sera  assurément  mécontent.  Ne  vau- 
drait-il pas  mieux  la  remettre  aux  Nouvelles  catholiques 
et  qu'elle  s'en  démêlât  comme  il  lui  plairait?  Je  vous  avoue 
que  je  n'aime  point  à  me  charger  envers  Dieu,  ni  devant 
le  roi  de  tous  ces  retardements  de  conversion  et  que 
j'aurais  aussi  du  chagrin  à  vous  voir  déplaire  quand  vos 
intentions  sont  bonnes...  » 

La  vieille  Mme  de  Sainte-Hermine  avait  été  convertie 
comme  son  frère  M.  de  Villette,  mais  plutôt  de  force  que 
de  gré.  Aussi  avait-elle  marié  sa  fille  aînée,  Madeleine- 
Sylvie  à  un  protestant  Alexandre  Dexmier  d'Olbreuse  (1) 
frère  de  Léonore,  femme  de  Georges-Guillaume  de  Bruns- 
wick Lunebourg,  duc  de  Zell. 

Ils  songeaient  à  se  réfugier  dans  les  États  de  leur 
beau-frère,  comme  le  montre  cette  lettre  que  Besmaux, 
touché  du  sort  de  son  prisonnier,  adressait  (28  avril  1686) 
à  Seignelay  :  «  Le  chevalier  de  Ste-Hermine  vous  sup- 
plie très  humblement  de  lui  vouloir  permettre  de  voir  sa 
mère  et  Madame  sa  sœur  mariée  avec  M.  d'Olbreuse  qui 
a  la  permission  du  roi  de  s'en  aller  à  Zell  :  Je  vous  sup- 
plie de  ne  pas  trouver  mauvais  que  je  le  fasse;  vous 
m'avez  ordonné  de  lui  faire  tout  le  plaisir  que  je  pour- 
rais et  d'en  avoir  soin  :  il  guérira  de  son  hydropisie  et 
frère  Marc  le  tirera  d'affaire,  son  remède  opérant  beau- 
coup »  (Arch.  de  la  Bastille).  Malgré  son  état  de  santé 
pitoyable  le  malade  supportait  stoïquement  la  persécution; 
il  ne  cédait  point,  aussi  ne  faisait-on  rien  pour  adoucir 
son  malheureux  sort  :  «  Le  roy  veut  bien  que  Mme  la 
marquise  de  Langer  voye  son  mary,  mais  Sa  Majesté  ne 
veut  pas  qu'elle  couche  à  la  Bastille.  11  faut  que  vous 
empeschiez  M.  de  Ste  Hermine  de  voir  aucun  nouveau 
catholique,  hors  de  M.  de  Ste-Hermine  son  frère  (2),  estant 
nécessaire  qu'il  n'ayt  commerce  qu'avec  des  anciens  catho- 

(1)  Leur  fille  Madeleine-Sylvie  d'Olbreuse,  épousa  Christian  von  Bulow, 
grand  bailli  du  pays  de  Zell  et  ancêtre  du  chancelier  actuel  de  l'Empire  alle- 
mand. 

(2)  Sans  doute  llélie  qui  était  catholique,  les  lettres  précédentes  D.OU9 
ayant  montré  qu'on  se  méfiait  de  la  sincérité  d'Henri  Louis  le  frère  aine. 


ÉTUDES  HISTORIQUES  12T 

liques.  »  (lettre  du  secrétaire  d'État  à  M.  de  La  Noue 
18  sept.  1686.  Arch.  nat.  O1  30  fol.  314.) 

Cependant  Madame  de  Maintenon,  si  dure  pour  le 
pauvre  huguenot  hydropique,  comblait  de  ses  faveurs 
«  Minette  »  sa  préférée,  la  mariait  <<  moitié  gré  moitié  force ,  » 
dit  Saint-Simon,  au  comte  Louis  de  Mailly  (1687),  prome- 
nait «  la  nombreuse  noce  »  à  S1  Cyr,  y  compris  le  vieux 
Sainte-Hermine,  «  qui,  je  crois  pourtant,  écrivait-elle  à 
Mme  de  Brinon,  n'ira  pas  plus  loin  »  (il  mourut  en  effet 
quelques  mois  après)  (1). 

Pendant  ce  temps  l'état  de  santé  du  prisonnier  avait 
empiré,  sans  doute,  car  nous  voyons,  le  17  avril,  arriver 
l'ordre  de  le  «  transférer  du  château  de  la  Bastille  à  la 
maison  des  prêtres  de  l'Oratoire  de  la  rue  St-Honoré 
(O1  31  fol.  77).  Peut-être  n'était-il  pas  transportable  à 
ce  moment,  malgré  le  fameux  remède  du  frère  Marc, 
puisque  sa  mère  et  sa  sœur  obtinrent  la  permission  d'aller 
le  voir  à  la  Bastille  le  6  mai, 

Mme  de  Sainte-Hermine,  quoique  convertie,  en  appa- 
rence tout  au  moins,  n'était  pas  bien  en  cour  car  elle 
«  n'a  point  communié  et  c'est  son  mari  qui  l'en  a  empê- 
chée, je  suis  indignée  contre  de  pareilles  conversions. 
L'état  du  chevalier  de  Sainte-Hermine  est  déplorable,  mais 
il  n'a  rien  de  honteux  et  celui  de  ceux  qui  abjurent  sans 
être  véritablement  catholiques  est  infâme  !  »  (Lettre  de 
Madame  de  Maintenon  à  M.  de  Villette,  4  septembre  1687.) 

La  grandeur  d'âme  du  chevalier  de  Sainte-Hermine 
commençait  à  émouvoir  ses  persécuteurs,  car  nous  voyons 
son  sort  s'améliorer  un  peu.  Le  22  septembre,  il  obtient  la 
permission  de  sortir  de  la  maison  des  pères  de  l'Oratoire 
lorsqu'il  le  désirera,  à  la  condition  d'y  rentrer  tous  les 
soirs.  (Arch.  O1  31,  fol.  198  et  208).  Enfin,  peu  après, 

(1)  Madame  de  Maintenon  écrivait  le  3  novembre  à  M.  de  Villette  :  «  L'état  où 
est  M.  de  Sainte-Hermine  me  fait  craindre  qu'il  ne  meure  dans  les  mauvaises 
dispositions  où  il  est  et  qu'il  ne  fasse  quelque  extravagance  qui  embarrasse 
Madame  sa  femme;  elle  est  peu  propre  à  prendre  un  bon  parti,  vous  entendez, 
bien  ce  que  cela  veut  dire,  mais  assurément  nous  hasardons  quelque  aventure 
désagréable  s'il  meurt  sans  nous...  »> 

D'après  Dangeau  il  mourut  le  24  décembre  1687. 


128 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


ne  pouvant  décidément  le  convertir,  on  se  débarrassa  de 
lui,  en  donnant  l'ordre,  le  27  janvier  1688,  au  «  capitaine 
de  la  Pommeraye,  exempt  de  la  prévôté  de  l'hôtel,  de 
conduire  jusqu'à  Mons  en  Haynaut  le  chevalier  de 
Ste-Hermine  détenu  à  la  Bastille  ».  (Arch.  nat.  O1  32, 
fol.  62). 

La  France  Protestante  nous  apprend  qu'il  se  retira  en 
Hollande  et  suivit  Guillaume  en  Angleterre  avec  le  grade 
de  major  dans  le  régiment  de  Schomberg  et  qu'il  mourut 
en  1715. 


Mené  Pétiet. 


Documents 


POÉSIES  INÉDITES  DE  CLÉMENT  MAROT 

II  (1) 

Il  est  certain  que  l'œuvre  religieuse  de  Clément  Marof 
devait  nous  réserver  des  surprises  et  peut-être  bien  les 
pièces  les  plus  hardies  et  les  plus  intéressantes  sont-elles 
encore  à  trouver.  Les  édits  de  l'ombrageuse  Sorbonne  ne 
furent  sûrement  point  les  seuls  à  travailler  à  leur  dispa- 
rition: car  l'auteur  lui-même  avait  tout  intérêt  à  ne  point 
trop  répandre  des  vers  aussi  dangereux. 

Si  la  pièce  intitulée  :  «  d'un  monstre  nouvellement 
bapîizé  b  paraissait  déjà  bien  intéressante,  celle  qui  va  faire 
l'obj  et  de  eeslignes  nel'est  pas  moins .  C'est  tout  un  poème  qui 
compte  environ  trois  cent  soixante  vers  et  dont  la  vigueur 
est  digne  des  Réformés  les  plus  violents  au  xvie  siècle.  Sou- 
vent. Calvin.  Marcourt,  Farel  ne  seront  pas  plus  hardis: 
parfois  même,  les  questions  les  plus  brûlantes  de  la  con- 
troverse religieuse  ne  seront  pas  abordées  par  eux  avec 
plus  de  netteté  et  d'intransigeance  que  par  le  «  Sermon 
notable  pour  le  jour  de  la  Dédicace.  » 

Tel  est  en  effet  le  titre  de  la  pièce  que  nous  présentons 
aujourd'hui,  et  dont  nous  devons  le  texte  à  la  très  grande 
amabdité  de  M.  Théophile  Dufour.  Nous  lui  en  adressons 
ici  tous  nos  remerciements. 

Ces  vers  encore  inconnus  étaient  cependant  signalés 
depuis  quelque  temps .  Voici  les  renseignements  que  fournit 
M.  Th.  Dufour  lui-même  dans  sa  notice  bibliographique 
sur  le  catéchisme  de  Calvin  page  161  .  à  propos  de  La 
Bergerie  »  :  Les  resistres  du  Conseil  donnent  sur  l'im- 
pression  de  ce  livre  à  Genève  les  détails  suivants  : 

(1)  Voy.plos  haut.  p.  44-50. 

9 


DOCUMENTS 


«  2  septembre  1539.  Jo.  Michiel,  imprimeur.  Lequelt 
par  cy  devant  az  pryer  luy  volloyer  donner  licence  de  im- 
primer certaen  lyvres  composées  à  laz  gloyre  de  Dieu, 
lesquieulx  ont  esté  visité  par  maystre  Anthoine  Marcour, 
predicant,  lequelt  présentement  icy  az  fayct  relation  que, 
àz  son  advys,  il  son  composé  selon  Dieu.  Toutesfois  azesté- 
résoluz  que  maystre  Morand  les  doyge  encore  visité  ». 

u  5  Septembre.  Licence  à  Jo.  Michiel.  imprimeur. 
Ayans  aoyslaz  relation  des  prédicans  az  esté  donné  licence 
nu  dictz  imprimeur  de  imprimer  ung*  livre  nommée  laz  Ber- 
gerie »  et  ung  autre  qui  ce  nomme  «  Terribilis  est  locus 
iste  ».  Et  quan  aux  aultres  lyvres  que  il  ne  les  dovge  pas 
imprimer.  »  Vol.  33.  fos  268  V°  et  273  V°  . 

La  Bergerie,  dite  «  la  Bergerie  spirituelle,  envoyée  au 
Roy  »  dans  le  catalogue  de  1551  D'Argentré,  t.  IL  p.  175 
est  attribuée  comme  la  pièce  qui  la  suit  à  Clément  Marot, 
et  cet  opuscule  a  été  indentifié  avec  le  Sermon  du  Bon  et 
Mauvais  Pasteur.  Quant  à  la  seconde  pièce  "  Terribilis  e-t 
locus  iste  »,  il  faut  y  voir  le  «  Sermon  notable  pour  le  jour 
de  la  Dédicace  »,  qui  précisément  est  à  plusieurs  reprises 
coupé  par  cette  phrase  latine,  et  dont  les  caractères  go- 
thiques, dans  l'édition  signalée  par  la  notice  bibliogra- 
phique sur  le  catéchisme  de  Calvin,  sont  bien  ceux  de  Jean 
Michel:  M.  Th.  Dufour  fait  même  remarquer  que  l'initiale 
gravée  P  du  iecto  du  folio  2  se  retrouve  à  la  page  3  de 
a  L'Exposition  surles  deux  épîtres  de  Saint-Pierre  »  impri- 
mée dans  le  même  atelier.  Cet  opuscule  est  donc  bien 
celui  que  les  registres  du  Conseil  désignaient  en  septembre 
1539  sous  le  titre  énigmatique  de  «  Terribilis  est  lo<  ii< 
iste  ». 

C'est  ce  texte,  que  M.  C  Gui  fifre  y  avait  l'intention  de 
comprendre  dans  son  édition  de  Marot,  el  que  nous  don- 
nons dans  son  ordonnance  exacte  <l«'s  feuillets. 

L'exemplaire,  qui  faisait  partie  de  la  bibliothèque  <!•> 
M.  Ad.  Gaiffe  et  qui  passa  dans  celle  de  feu  M.  le  professeur 
Stroehlin,  est  un  petit  in. -S"  de  «S  feuillets,  non  chiffrés, 
comprenant  vingt-huit  lignes  à  la  page  en  caractères 
gothiques.  Au  verso  du  premier  feuillet  es!  un  avis  au 


DOCUMENTS 


131 


lecteur  de  8  vers;  le  verso  du  feuillet  8  porte  au  bas  : 
<(  Amen  :  —  Fin  du  Sermon  de  la  Dédicace  ». 

Bruuet  (t.  V.  col.  409)  dit  avoir  vu  un  exemplaire  de 
ce  même  poème  qui  se  trouvait  relié  à  la  suite  des  œuvres 
de  Marot,  édition  de  Lyon,  Jean  Barbou,  1539,  et  im- 
primé avec  les  mêmes  caractères.  Pour  notre  part,  nous 
n'en  avons  point  trouvé  trace. 

Mais  on  nous  signale  un  autre  exemplaire  du  Sermon 
notable  à  Nantes,  au  musée  Thomas  Dobrée  (catal.  t.  IL 
Imprimés,  Ie  partie.),  exemplaire  analogue  à  celui  de 
Genève. 

C  SERMON  NOTABLE 

POUR   LE  IOUR  DE  LA 
DÉDICACE 

9 

AGÏ.  17 

Dieu  qui  a  fàiçt  le  mode  f  toutes  les 
choses  qui  sont  en  iceluy  |  comme  ainsi 
soit  qu'il  soit  Seigneur  du  ciel  f  de  la 
terre  |  il  ne  habite  point  aux  tem- 
ples faict^  de  la  main  :  f  n'est 
pas  servy  par  les 
mains  hu- 
maines. 

N  OUVELLEMEINT  IMPRIME 

1539. 

C  AU  LECTEUR 

.Ne  croys  (Lecteur)  ce  grâd  troupeau  tôdu  : 
Qui  le  croyra  il  sera  confondu 
Ne  croys  aussi  ces  doubteurs  |  ces  rabis  ] 
Si  tu  les  croys  |  pour  vray  |  tu  errabis. 
Laisse  moi  la  ceste  troupe  Romaine 
El  gaste  tout,  (c  tout  en  enfer  meine. 
Croys  seulemêt  Jésus  Christ  ton  sauveur  : 
Car  par  luy  as  du  père  la  faveur. 


DOCUMENTS 


C_  SERMON   DU  IOUR  DE  LA 
DEDICACE 
terribilis  vere  locus  iste. 

ëuple  Ghrestie  |  ce  q  i'ay  récité! 
Et  T  posé  devât  vo$  reverêces  | 
Vault  tout  autant  (au  moins  côme  ie  penses) 
Mis  en  francoys  |  côe  il  fait  en  latin 
Que  dirie$  vô'môsie*  maistre  martï 
Et  en  latin  il  ne  vault  de  rien  mieulx 
Que  bO  frâcoys]  quoy  que  disent  les  dieux  : 
Quâd  tout  est  dict|  sans  q  riens  desguisiôs 
Il  vault  autant  comme  si  nous  disions 
A  dire  vray  |  c'est  un  terrible  lieu 
Que  le  moustier  |  quô  dit  la  maison  Dieu  : 
Mais  de  scavoir  que  ce  lieu  soit  terrible  | 
C'est  peu  de  cas  :  il  fault  s'il  est  possible 
Sçavoir  pourquoy  il  est  ainsi  nommé  : 
Car  sur  ma  foy  |  il  n'est  point  mesnommé  | 
Et  les  parrains  qui  ainsi  le  nommèrent 
Estoyent  bien  gens  qui  vérité  aymérent  | 
Ou  c'estoyent  gens  |  qui  no1  prophetisoyêt  \ 
Comme  iadis  les  Pontifes  faisoyent  j 
Non  entendant^  ce  que  L'Esperit  Sainct 
Disoit  par  eulx  |  qui  avoyêt  le  cœur  fainct. 
Vraymët  ce  lieu  sur  tout  autre  est  terrible 
Puant  |  infect  J  ord  |  f  sale  f  horrible  : 
Non  pas  de  soy  :  mais  pour  les  gros  abu$ 
Que  font  léans  ces  gros  Asinabus. 

Or  pour  autant  quon  dit  communémêl 
(Et  on  dit  vray  |  ou  la  commune  ment) 
Que  les  presclieurs  qui  Marie  ne  saluenl 
En  leurs  sermons|  en  Luthériens  se  muent. 
Pour  vous  oster  totalle  occasion 
D'avoir  de  moy  si  Foie  opinion  : 
Présentons  luy  salut  accoustumé* 
Et  sans  raison  rythmans  |  disons  A.ve. 


DOCUMENTS 

Quâd  to'  les  iours  J  f  devât  tout  le  mode 
(Qui  doibt  iuger  ce  be^tiail  immonde) 
Il  la  vous  lit  |  il  la  porte  |  il  la  baise  : 
Et  vous  luy  fait  des  mines  plus  q  seize  : 
Couvrir  la  |  font  de  veloux  |  d'argent  |  d'or  ! 
Pôr  la  Toussaïct^  |  les  Roys  |  Callimador  j 
Et  cetera  |  chascun  en  son  degré  | 
Cuydant  que  Dieu  leur  en  sçaura  bon  gré. 
En  leur  autel  tant  doulceinët  la  touchent  : 
Sus  un  carreau  triumphant  il$  la  couchët  : 
Quand  on  la  lit  |  trestous  debout  il^  sont  : 
Et  en  ce  poinct  tous  la  court  vo'  lui  font. 
Vous  iureriez  par  saint  Luc  |  ^  saint  Gile  | 
Qu'ir$  n'aymêt  tous  riens  tant  q  L'evâgile  : 
Mais  Dieu  côgnoist  q  ce  ne  sont  q  mines  : 
Et  trop  souvent  le  déclarent  par  signes. 
Car  s'il  advient  que  l'on  tienne  propos 
De  L'evâgil  :  soubdain  tous  ces  suppost$ 
S'amasseront  |  f  seront  aux  escoutes  | 
En  s'efforceât  des  maïs  |  des  pied$  |  des  coûte 
De  recueiller  des  ^"pros  d'un  paovre  homme 
Un  certain  mot  que  l'idole  de  Rome 
N'approuve  pas  :  pourtant  qu'il  est  côtraire 
A  ses  canons  |  qui  taschent  nous  distraire 
De  l'évangile  |  f  puis  l'ont  il$  ouy  | 
II5  sen  courront  |  à  leurs  dieux  disantz  ouy 
C'est  un  Luther  |  il  est  digne  de  mort 
Et  à  leur  voix  |  voylà  un  homme  mort  | 
Qui  a  osé  l'évangile  prescher| 
Que  ces  caphard^  sêbloyent  tenir  tât  cher. 

{[  Terribilis  vere  locus  iste 

Terribilis  <f  Benedicite  | 
N'est  pas  ce  lieu  dangereux  f  terrible 
Trop  plus  que  n'est  de  l'exprimer  possible  ? 
Où  sont  entre^  ces  gros  loups  ravissans 
Qui  soub^  leurs  pied^  vo'  tiénët  lâguissâs 
Tous  les  Ghrestiês,  que  Jésus  Dieu  f  hôe 
A  rachepte^  |  non  le  Pape  de  Romme  ? 
Qui  meschamment  au  lieu  d'évangélistes 
Envoyé  prescher  de  gros  veaux  cabalistes 
Par  ces  moustiers  où  ce  prestrail  impu  r  | 


134 


DOCUMENTS 


C'est  trop  peu  dict  |  vous  estes  de  ces  bestes 
Que  Jésus  Christ  nomme  ravissâs  loups  | 
Pour  en  un  mot  vous  bien  blasonner  Ions. 
Votre  moustier  J  une  droicte  fores t| 
Et  a  été  iadis  (i  encore  est. 
Oy,  mais  comment?  Elle  est  plus  dâgereuse 
Cent  mille  foys  et  trop  plus  périlleuse 
Qu'autre  forest  que  ie  congn eusses  onc  | 
Combië  qu'elle  eust  |  ou  de  large  ou  de  long  | 
Et  la  raison  y  est  bien  apparente. 
On  scayt  assez |  que  une  personne  génie  | 
Qui  passera  par  une  grand  forest 
N'aura  iamais  fascherie  ou  arrest| 
Si  tant  soit  peu  elle  est  accompa.ignée  | 
Car  les  malings|  qui  sont  la  vray  meignée 
Du  grand  Sa  11)  an  J  ne  destrousserôt  point 
Ceulx  qu'il$  verrôt  en  troupe!  c'est  un  poïcl  : 
Mais  vo'  caphard^  |  vo'  estes  d'autre  sorte 
Et  trop  plus  fins  cest  hôneur  ie  vo'  porte  : 
Car  un  de  vous  |  destroussera  mille  hommes 
Voire  cet  mil  |  f  d'èulx  aura  grâd$  sommes 
En  plein  midy  |  sans  que  iamais  s'estonne 
En  sa.  forest.  Et  ce  une  main  bretonne? 
Oy  |  s'il  en  est  :  elle  a  tousiours  sa  proye 
(le  pry  celuy  quil  l'a  veu  |  qu'il  me  croye) 
Et  d'autant  plus  que  croist  la  compaignie 
D'autant  sera  plus  grand  la  pillerïe  : 
Homme  n'y  a  f  feust  il  du  tout  chauve  1 
Qui  de  la  main  de  ce  prestre  se  sauve. 
Et  oultre  plus  |  ès  forest  de  ce  monde 
On  pert  les  biens  |  on  pert  le  corps  immôde 
Et  puis  cest  tout;  mais  aux  lieux  q  ie  blasme 
On  pert  les  biens,  on  pert  le  corps  |  f  lame. 
On  y  pert  tout|  f  sans  y  riens  gaigner  : 
Gela  me  fait  ces  moustiers  dédaigner. 

Mais  pôrsuivos  esplucliâs  ces  raisos  | 
Pourquoi  ce  fut  que  ces  belles  maisons 
En  bon  françoys  |  terribles  furent  dictes, 
Escoute^  donc  j  0  Chrestiens  |  \z  me  dictes  : 
N'est  pas  ce  lieu  malheureux  f  terrible | 
Où  ce  prestrail  se  mocque  de  la.  bible? 


DOCUMENTS 

Quâd  to'  les  iours  |  f  devât  tout  le  mode 
(Qui  doibt  iuger  ce  be^tiail  immonde) 
Il  la  vous  lit  |  il  la  porte  |  il  la  baise  : 
Et  vous  luy  fait  des  mines  plus  q  seize  : 
Couvrir  la  |  font  de  veloux  |  d'argent  |  d'or  | 
Pôr  la  Toussaïct^  |  les  Roys  |  Callimaclor  | 
Et  cetera  |  chascun  en  son  degré  | 
Cuydant  que  Dieu  leur  en  sçaura  bon  gré. 
En  leur  autel  tant  doulceinêt  la  touchent  : 
Sus  un  carreau  triumphant  il$  la  couchêt  : 
Quand  on  la  lit  |  trestous  debout  il$  sont  : 
Et  en  ce  poinct  tous  la  court  vo'  lui  font. 
Vous  iureriez  par  saint  Luc  |  <f  saint  Gile  | 
Qu'il^  n'aymêt  tous  riens  tant  q  L'evâgile  : 
Mais  Dieu  côgnoist  q  ce  ne  sont  q  mines  : 
Et  trop  souvent  le  déclarent  par  signes. 
Car  s'il  advient  que  l'on  tienne  propos 
De  L'evâgil  :  soubdain  tous  ces  suppostj 
S'amasseront  |  f  seront  aux  escoutes  | 
En  s'efforceât  des  maïs  |  des  pied^  \  des  coûtes 
De  recueiller  des  ^pros  d'un  paovre  homme 
Un  certain  mot  que  l'idole  de  Rome 
N'approuve  pas  :  pourtant  qu'il  est  côtraire 
A  ses  canons  |  qui  taschent  nous  distraire 
De  l'évangile  |  f  puis  l'ont  il$  ouy  | 
II3  sen  courront  |  à  leurs  dieux  disantz  ouy 
C'est  un  Luther  |  il  est  digne  de  mort 
Et  à  leur  voix  |  voylà  un  homme  mort  | 
Qui  a  osé  l'évangile  prescherj 
Que  ces  caphard$  sêbloyent  tenir  tât  cher. 
Terribilis  vere  locus  iste 
Terribilis  <f  Benedicite  | 
N'est  pas  ce  lieu  dangereux  f  terrible 
Trop  plus  que  n'est  de  l'exprimer  possible  ? 
Où  sont  entre$  ces  gros  loups  ravissans 
Qui  soub^  leurs  pied$  vo'  tiénét  lâguissâs 
Tous  les  Chrestiës,  que  Jésus  Dieu  f  hôe 
A  rachepte^  |  non  le  Pape  de  Romme  ? 
Qui  meschamment  au  lieu  d'évangélistes 
Envoyé  prescher  de  gros  veaux  cabalistes 
Par  ces  moustiers  où  ce  prestrail  impu  r  | 


DOCUMENTS 


Qui  se  dit  saincL  |  net  |  angélicque  |  f  pur  | 
A  tous  Chrestiës  (q  eust  il  la  bouche  close) 
Par  plusieurs  foys  vent  une  mesme  chose  : 
Et  nonobstant  |  il  la  dit  tousiours  sienne. 
Sans  confesser  iamais  qu'elle  soit  tienne 
Peuple  aveugle  |  f  d'erreur  tout  farsi  | 
Que  si  tu  veulx  bien  entendre  cecy  | 
Tant  seleumêt  pense  à  tes  cymetières  | 
Et  promptement  entendras  les  matières. 
Tu  voys  à  lœil  que  tousiours  il$  te  vêdent 
Le  fons  |  f  tous  les  iours  y  prétendent 
Qu'il  est  à  eulx  |  leur  fais  ie  donc  iniure 
Quand  ie  leur  dys  :  Par  l'éternel  (ien  iure) 
Je  suis  certain  que  vrays  larrons  vo'  estes  : 
Car  tout  ainsi  que  vrays  larrôs  vo'  faictes 
Nenny  |  nenny  |  ie  ne  leur  en  fais  point  | 
Je  suys  certain  f  bien  seur  de  ce  poinct. 

0  que  ce  lieu  est  bien  dict  furieux  | 
Dont  les  recteurs  sont  tous  plus  curieux 
De  leur  prouffit  |  ^  parement  du  lieu 
Quilj  ne  sont  pas  de  la  gloire  de  Dieu  : 
Et  sentent  tous  si  très  fort  leur  ramage  | 
Qu'il^  ayment  mieulx  bien  parer  un  image 
Que  revestir  un  chrétien  tout  nud  | 
Qui  pour  certain  iamais  ne  leur  a  nu. 

l'ay  veu  des  gés  rythmas  sus  alquemye  : 
Et  pour  rythmer  |  disoyét  |  Fart  qui  n'est  mye 
Voulans  monstrer  q  l'art  des  alquimistes 
N'est  ries  |  non  plus  que  celuy  des  thomistes 
Mais  si  est  si  [  sauve  leur  révérence  | 
1 13,  ne  font  tous  (croyez)  que  rêver  |  en  ce  : 
le  scay  très  biê  |  q  plusieurs  gens  s'en  meslét 
Qui  n'y  font  riens  |  (i  très  mal  s'en  desmêlent 
La  faulte  vient  de  leur  gros  espcrit 
Qui  n'est  pas  prou  sage  |  meur  j  f  périt 
Pour  desrnôler  matière  si  profonde  : 
On  pert  le  sens  |  moins  sage  que  s'i  fonde  : 
Mais  vous  debvez  entendre  f  bien  sçavoir  | 
Qu'il  en  y  a.  qui  sont  gens  de  sçavoir  | 
Ou  pour  le  moins  |  cauteleux  \r  bien  lins  | 
Qui  sçavenl;  bien  parvenir  à  leurs  lins. 


DOCUMENTS 

Entre  ceulx  là,  to'  ces  prestres  tant  mistes  | 
Et  lût  gorriers  |  sont  parfaictz  Alquimistes; 
Et  de  tous  ceulx  |  qui  de  cest  art  s'empeschêt 
Il  n'y  a  gentz  qui  tant  bien  s'en  despêchent 
Que  font  ceulx  là  :  il$  font  le  diable  f  pl1  | 
Tant  séculiers  |  que  ceulx  qui  sont  reclus. 
To1  les  humains  qui  se  aydent  de  la  pierre 
Que  vo'  sçavez  j  hâu  |  niôsie'  maistre  pierre  | 
Nen  font  riës  plus  |  sinon  ql$  vo'  choisissët 
Quelque  métal  commun  qlz  convertissent 
En  un  certain  aultre  plus  précieux  | 
Et  mieulx  au  gré  des  avaricieux. 
Mais  ce  prestrail  de  vertu  indigent 
Convertit  tout  en  or  |  f  en  argent. 
Chose  n'y  a  en  ce  visible  monde 
Que  ce  prestrail  qui  partout  est  immonde 
(Tant  convoite  la  malheureuse  gent) 
Ne  mue  soubdain  en  or  |  <f  en  argent  | 
Par  la  vertu  |  ou  par  la  diablerie 
De  leur  vieil  art  |  z  damnée  alquimye  ; 
On  peult  doc  veoir  |  f  clairemêt  côgnoistre 
Que  ce  bestail  en  cest  art  est  le  maistre.  - 

Mais  ce  n'est  riens  de  ce  que  ie  propose 
Non  seulement  il  fait  d'une  autre  chose 
Or  |  f  argent.  Mais  (chers)  entendez  bien  | 
Or  f  argent  il  vous  crée  de  rien. 
Et  quant  en  moy  cecy  ie  consydère  | 
le  ne  puis  veoir  pourquoy  ce  beau  S.  Père 
S'appelle  Dieu,  sinon  pour  ceste  cause. 
Fentendz  très  bien  que  la  Sorbonne  cause  ] 
Et  nous  produit  quelques  autres  raisons  : 
Mais  de  cela  compte  nous  ne  faisons. 
Car  il  n'y  a  cil  |  qui  scache  qu'il  die  | 
Non  plus  qu'un  gey  en  cage  ]  ou  une  pie. 
Hz  parlent  tous  de  leur  Dieu  par  faveur  : 
En  leurs  propos  n'y  a  riens  de  saveur  : 
Mais  la  raison  que  ie  dys  est  bien  claire  | 
Et  à  tout  home  |  qui  veut  veoir  |  elle  esclere. 

Quât  au  pstrail  |  q  soubz  ce  dieu  bataille 
Et  ne  veut  poït  au  Roy  payer  la  taille  : 
Mais  grâd  argent  font  de  riës  en  ces  lieux  : 


DOCUMENTS 

le  accorde  bien  qu'ô  peult  les  nômer  dieux. 
Mais  pour  autant  que  le  Pape  de  Rome 
Crée  d'un  riens  une  plus  lourde  somme  | 
Et  que  de  luy  ont  leur  authorité  : 
Je  suis  d'advis  qu'il  a  bien  mérité 
D'estre  appelé  à  Rome  |  f  aultre  lieux 
Le  pl'  grâd  Dieu  |  les  aultres  petis  dieux. 

f£  Terribilis  vere  locus  iste. 
Icy  Chrestiens  ie  me  sens  incité 
A  maintenant  vous  faire  une  demande. 
Dictes  moy  dôc  Chrestiens  |  je  vous  demâde  ; 
Est  point  ce  lieu  |  un  bien  horrible  lieu  | 
Où  promptement  pour  servir  nostre  Dieu 
Seront  receuz  |  (c  bien  salariez 
Asnes  |  putiers  j  ivrongnes  |  usuriers  ? 
Mais  gens  lettrez  |  chastes  |  de  Dieu  amys 
Par  ces  messieurs  iamais  n'y  sont  admis  : 
Ou  s'ilz  y  sont  |  iamais  cruelle  envye 
N'aura  repos  |  qu'îlz  n'ayent  perdu  la  vie. 
Et  qui  seront  leurs  envyeux  mauldict^  ? 
Ce  sont  ceux  là  ((i  point  ne  me  gaudis) 
Qui  se  diront  leurs  compaignons  feables  | 
Et  sont  cruelz  |  z  mauvais  corne  diables  : 
La  raison  est  :  car  ilz  sont  tous  nourris 
Cruellement  |  (que  fussent  ilz  pourris) 
Hz  sont  nourris  de  sang  |  f  chaire  humaine  | 
Comme  l'on  tient  en  l'Eglise  Romaine. 
S'esbahit  on  doncque  si  ces  Romains 
Sot  tant  cruelz  |  tât  fiers  |  tant  inhumains! 
f£  Terribilis  vere  locus  iste. 
le  m'attens  bien  que  ie  seray  cité  | 
Si  ces  larrons  scavent  ce  que  ie  dys  : 
Car  trop  avant  icy  ie  contredys 
Aux  gros  abus  qlz  font  en  leurs  mousliers  | 
Où  ie  ne  voys  pas  bien  fort  voulun tiers  : 
Car  ie  côgnoys  que  ce  sont  lieux  terribles  : 
On  n'y  faict  riens  selon  les  sainctes  Bibles. 
Avccque  Dieu  |  l'on  sert  aux  créatures  | 
Qui  est  tout  droict  contre  leur  escriptures 
Qui  bien  exprès  disent  qu'on  serve  à  Dieu 
Tant  seulement;  niais  en  ce  gentil  li<Mi 


DOCUMENTS 

Vous  voye$  bien  que  tout  on  y  adore  | 
Et  n'y  a  riens  dont  ce  prestail  ne  dore 
Ses  doigl$  sacrej  |  ie  vous  dy  sacrilèges; 
Il  n'y  a  riens  |  de  cela  ie  les  pièges, 
II5  sont  tous  gens  de  sacrée  practique; 
Qui  ne  prent  bien  |  il  leur  est  héréticque  : 
Il  est  Luther  |  il  est  Luthérien  | 
Il  est  meschant  |  pire  qu'un  Arrien  | 
Il  laisse  aller  tous  les  droite  de  l'église. 
Gela  n'est  pas  la  façon  ne  la  guise 
Des  vrays  Romains  vrays  ecclésiastiqs  | 
Qui  autremét  sont  nomme}  catholiques. 
Oste$  |  oste$  (disent  tous  ces  Ragos) 
Jette}  le  au  feu,  car  il  sent  ses  fagots. 
([  Terribilis  vere  locus  iste 
L'homme  est  heureux  qui  aura  résisté 
A  ces  moustiers  |  pour  leur  crédit  abattre 
Maït  bô  Chrestië  po'  vray  s'ë  est  fait  battre 
lusque  à  la  mort  :  tesmoing  le  bô  Estienne 
Et  Dieu  me  doint  que  son  party  ie  tienne. 

Mais  ie  vo'  pry,  n'est  pas  ce  lieu  terrible  | 
Puant  |  infect  |  périlleux  ^  horrible  |: 
Où  ce  prestrail  iour  |  f  nuict  parle  f  chante 
En  perroquet.  Et  sans  honte  se  vante 
Que  de  vray  pain  il  lait  Christ  hôe  (i  Dieu  : 
Quand  il  l'a  fait  |  tout  en  ce  raesrae  lieu  |  ■ 
Sans  différer  |  en  troys  il  le  dessire  : 
Puis  en  son  sang  il  plonge  le  beau  sire  : 
En  ce  moustier  |  pour  tenir  garnison  : 
Et  cela  fait,  il  le  met  en  prison. 
Après  cela  |  devant  tous  il  le  prent  : 
Finablement  à  fins  deniers  le  vent 
Quand  il  l'a  mis-  bien  finement  en  paste  [ 
Où  bien  souvent  il  périt  f  se  gaste. 
Aucunes  foys  la  vermine  le  ronge  | 
(Il  est  tout  vray  |  ne  pense^  que  ie  songe) 
A  Faultre  fois  un  vieil  Singe  se  range 
A  s'en  aller  en  un  moustier  |  f  mange 
Ce  Dieu  de  pain.  Et  quâd  il}  pevêt  prédre 
Singe  |  souris  |  ou  Rat  |  qui  entreprendre 
A  bien  osé  de  menger  leur  beau  Dieu  : 


DOCUMENTS 


Soudainement  il$  côdamnent  au  feu, 
Non  seulement  la  malheureuse  beste, 
Mais  Dieu  aussi  :  et  en  font  la  feste. 
Voilà  comment  prestres  traictët  leur  Dieu  : 
En  la  parfin  il$  le  jectent  au  feu. 

Mais  sçavo5  quoy?Po'  toutes  ces  iniures 
Et  griefj  |  f  tort$  q'.  sont  très  grâd$  (i'en  iures) 
Une  foys  l'an  î I5  le  portent  jouer  | 
Et  en  chantant  il$  le  vous  font  rouer 
Tout  à  l'entour  du  village  ou  parroisse 
Puis  chacû  scait  |  q  quâd  il$  disent  messe, 
Il  le  vous  font  tous  danser  sur  le  poing  : 
Et  puis  après  vous  en  monstrent  un  coing 
A  ceulx  qui  sont  en  ce  moustier  tout  mucre  j 
Où  ces  messieurs  leur  font  faire  le  sucre  : 
Puis  en  chantant  il$  le  flattét  f  baisent  : 
Et  par  ainsi  leur  paovre  Dieu  appaisent. 

Voylà  Ghrestiens  |  aucune  des  raisons  | 
Po'quoy  moustier  |  q  sont  plaïs  de  poisôs  | 
Sont  baptise^  |  f  appelé^  terribles. 
On  les  povoit  bien  appeler  horribles. 

Quand  à  bastir  ce  sermon  ie  me  pris 
Je  ne  vouloye  |  f  oncques  n'entrepris 
A  deschifîrer  trestoutes  les  raisons 
Pourquoy  moustier  q  sont  belles  maisons 
A  chat^  huants  |  furent  nommez  terribles  : 
J'eusse  entrepris  choses  bien  impossibles  | 
Mais  ie  vouloye  en  suyvantTescripture 
Vous  proposer  une  briefve  ouverture  | 
Dot  vo'  puissiez  veoir  les  aultres  raisons 
Po'  quoy  ce  lieu  dont  si  grad  cas  faisons 
Est  iustement  dict  f  nommé  terrible  : 
Mais  de  tout  riens  |  si  ne  voyez  la  bible  : 
Donc  s'il  vous  plaist  vous  verrez  |  f  de  près 
Les  grand^  abus  qui  sont  icy  exprès  : 
Et  par  ceulx  ci  des  aultres  iugerez 
Pour  l'advenir  f  bien  vous  garderez 
De  ces  larrôs  qui  sont  en  si  grand  nombre. 
Et  soubz  le  nom  |  soubz  le  prétexte  f  umbre 
De  Dieu  vivant  |  des  sainctz  et  do  L'Eglise 
Ont  fait  damner  (quelque  chose  qu'on  lise 


DOCUMENTS  Ul 

Aux  froid}  canôs  maîte  fëme  et  maint  liée 
Qui  se  fioyent  à  l'église  de  Rome. 
Quand  vous  verrez  ces  larrons  se  planter 
Au  beau  milieu  du  moustier  f  chanter 
Terribilis  locus  iste  pensez 
En  votre  cœur  |  f  souvent  repensez  : 
Puisque  ainsi  est  |  que  ce  prestrail  luymesme 
Qui  est  gressé  f  marqué  du  Sainct  Chresme 
Confesse  p  dict  que  ce  lieu  est  terrible  ; 
En  doublons  nous?  ah  il  n'est  pas  possible 
Qu'il  ne  le  soit  :  car  l'église  de  Rome 
Qui  sans  parler  ne  ment  ainsi  le  nomme. 
Or  les  raisons  pourquoy  il  est  terrible  : 
Vous  les  voyez  icy  |  mieulx  en  la  Bible  : 
Et  Dieu  nous  doint  à  tous  si  bien  les  veoir 
Que  par  son  Christ  salut  puissions  avoir. 
Amen. 

Fin  du  sermon  de  la  Dédicace 

R.  Fromage. 


NOTES  SUR  SAMUEL  CHAPPUZEAU 

I.  —  Contribution  de  S.  Chappuzeau 
au  Dictionnaire  historique  de  Moreri. 

J'ai  trouvé  à  la  Bibliothèque  Mazarine  une  lettre  iné- 
dite de  Chappuzeau  à  Thierry,  libraire  à  Paris,  lettre 
datée  de  Cell  le  25  juin  1686.  Elle  est  remplie  de  détails 
sur  la  collaboration  de  Chappuzeau  au  Dictionnaire  de 
Moreri  et  accompagnée  d'un  projet  pour  le  3e  volume  de 
l'édition  que  Thierry  avait  l'intention  de  donner  au  public. 
Comme  elle  n'est  pas  sans  intérêt  pour  l'histoire  des 
lettres,  elle  mérite  d'être  publiée.  La  voici  : 

A  Cell,  le  25  de  juin  1686. 

Monsieur, 

Je  n'ay  (1)  reçu  qu'avant  hier  votre  dernière  lettre  du  30  mayr 
par  la  voie  de  Hambourg  et  sous  le  couvert  de  M.  Monicart. 

(1)  Je  conserve  l'orthographe  de  Chappuzeau. 


142 


DOCUMENTS 


secrétaire  de  M.  Bourgeauville,  Envoyé  de  France  en  notre  Cour  (  1). 
De  la  sorte,  elle  a  demeuré  plus  de  trois  semaines  en  cheïïiin,  au 
lieu  où  nous  recevons  d'ordinaire  nos  lettres  de  Paris,  le  huitième 
jour.  Ce  que  j'ay  cru,  Monsieur,  vous  devoir  marquer,  afin  que 
vous  ne  m'accusiez  pas  de  négligence  à  vous  répondre  et  que  si 
nous  avons  à  l'avenir  quelque  commerce  ensemble,  nous  cher- 
chions quelque  voye  plus  pronte  et  plus  commode  pour  nous 
écrire,  de  quoy  ce  vous  parleray  à  la  fin  de  cette  lettre.  L'ouvrage 
que  vous  avez  en  vue  et  auquel  vous  ne  voulez  rien  épargner, 
mérite  que  je  vous  donne  sincèrement  mes  avis,  d'autant  plus, 
Monsieur,  que  vous  témoignez  avoir  quelque  confiance  en  moy  : 
Et  si  vous  le  trouvez  bon,  vous  me  renverrez  ces  mêmes  avis,  avec 
ce  que  vous  aurez  résolu  à  côté  [de]  chacun  avec  le  conseil  des 
amis  capables,  que  vous  pourrez  consulter,  ayant  laissé  pour  cela 
une  colonne  vide,  afin  que  je  connaisse  clairement  vos  intentions 
et  que  les  puisse  mieux  suivre.  Mais  avant  cela,  Monsieur,  je 
répondray  distinctement  aux  premiers  articles  de  votre  dernière 
lettre. 

chappuzeau  Vous  me  marquez,  en  premier  lieu,  qu'ayant  parcouru  le 

docile6  de"  nianuscrit  de  la  Bibliothèque  Universelle  que  j'avais  rédigé  pour 
\>iPagiaU2).  feu  M.  Widerhold  (3)  vous  aviez  observé  qu'il  était  composé  des 
ses  sources.     trms  sortes  d'ouvrages  différents,  du  Dictionnaire  de  feu  M.  Moreri, 


(1)  En  août  1682,  Chappuzeau  quitta  Genève  «  pour  servir  Monseigneur  le 
duc  de  Gel  1,  chef  de  la  puissante  Maison  de  Brunswick  Lunebourg,  lequel 
l'avait  honoré  delà  charge  de  «  gouverneur  de  ses  Pages  qui  sont  en  bon 
nombre  et  tous  de  bonne  maison  ;  employ  qui  se  donne  ordinairement  dans 
les  Grandes  cours  qu'à  des  personnes  qui  ont  plus  de  qualité  et  de  mérite  ». 

(Lettre  de  Chappuzeau  au  Conseil  de  Genève,  23  août  1682.) 
Son  fils,  Christophe  avait  déjà  l'honneur  d'être  depuis  six  ans  ,1070;  au 
service  du  môme  maître  dont  il  était  le  secrétaire. 

(2)  Pour  plus  de  clarté,  j'indique  en  marge  l'objet  de  chaque  paragraphe. 

(3)  C'est  la  Bibliothèque  universelle  ou  Abrégé  méthodique  de  l'histoire  el 
de  la  géographie  ancienne  el  moderne  etc.,  in-folio  4  vol.  Genève  AViderhold 
(  Voy.  Journal  des  Savants.  Mars  1681).  Ces  quatre  gros  volumes,  proclamait  le 
trop  confiant  Samuel,  seront  «  comme  des  Archives  publiques  pour  l'éter- 
nité ».  L'ouvrage  devait  s'imprimer  à  Genève,  mais  ce  projet  n'eut  pas  d'exé- 
cution. En  effet,  à  la  date  du  25  juillet  1681,  Jean  Girin  et  Barthélémy  Rivière 
libraires  de  Lyon,  qui  le  15  mai  de  la  même  année,  avaient  obtenu  les  privi- 
lèges de  réimprimer  leur  Dictionnaire  de  Moreri  (1er  édition  1  vol.  Lion  1673) 
«  transigèrent  avec  Widerliold  sur  un  arrêt  du  Conseil  du  Roi,  obtenu  par 
eux  le  22  avril,  lequel  arrêt  révoquait  le  privilège  accordé  à  Widerhold  le 
i  février  1671  à  l'effet  d'imprimer  et  vendre  le  livre  intitulé  :  «  Le.viron  univer- 
sale  hislorico  -  geographico  -  ctironologico  -  poetieo  -  philologicum .  du 
professeur  bàlois  J.  J.  lloffman,  imprimé  à  Bàle  pour  Widerhold  de  Genève 
en  1677  (2  vol.)  et  les  deux  parties  convinrent  que  Widerhold  remettrait  àGirin 
et  à  Rivière  «  toute  la  composition  qu'il  peut  avoir  de  la  Bibliothèque  univer 
selle  et  qui  est  à  la  lettre  M  »  moyennant  qu'ils  lui  donneront  3300  livres  cl 
20  exemplaires  du  grand  Dictionnaire  de  Moreri.  11  s'engageait  en  même  temps 
à  cesser  de  faire  travailler  Chappuzeau  à  cet  ouvrage  et  par  contre,  ceux  ri 
s'abstiendront  d'user  du  bénéfice  de  l'arrêt  et  permettront  à  Widerhold  de 


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143 


de  celui  d'Hoffman  (1)  et  des  matières  que  j'avais  recherchées 
d'ailleurs,  lesquelles  vous  paraissent  d'un  bon  goût  et  être  fidèle- 
ment extraites  des  auteurs  que  je  cite,  que  le  premier  savoir 
Moreri  y  est  tout  entier,  etc.  C'est  là,  Monsieur,  le  même  reproche 
que  me  firent  autrefois  MM.  Girin  et  Rivière  pour  décrier  un 
ouvrage  qui  pouvait  nuire  au  leur  ('2),  qui  a  causé  un  si  long' 
procès  et  dont  après  de  longues  veilles  (3),  j'ai  été  si  mal  recom- 

continuer  sans  trouble  son  Lexicon  Universelle  (Archives  du  notaire  Gros- 
jeanà  Genève  xi,  383,  voir  France  protestante).  Widerhold  dut  donc  remettre 
à  Girin  et  Rivière  le  manuscrit  de  la  Blibliothèque  universelle.  Comme  ces 
libraires  de  Lyon  avaient  cédé  à  leur  créancier  Thierry  à  Paris,  la  moitié  de 
leurs  privilèges  du  15  mai  1681  concernant  le  Moreri,  pour  jouir  de  ces  privi- 
lèges conjointement  avec  eux,  il  n'est  pas  étonnant  que  Thierry  ait  eu  entre 
les  mains  dans  la  suite  le  manuscrit  de  Ghappuzeau. 

(1)  Chappuzeau  le  reconnait lui-même  :  «Le  Lexicon  universale  de  M.  Holî 
man,  si  généralement  estimé  de  tous  les  savants  et  qui  a  été  bien  reçu  de 
toute  l'Europe  m'a  servi  de  fondement  pour  composer  la  Bibliothèque  uni- 
verselle. J'en  ay  tiré  tout  le  bon  suc  et  je  n'y  ai  rien  laissé  que  ce  qui  ne 
pouvait  en  nulle  manière  s'accommoder  avec  notre  dictionnaire  français  et 
que  donner  du  dégoût  et  de  l'ennui  au  lecteur. 

(Prospectus  de  laJBibliothèque  universelle  «  parle  sieur  Chappuzeau.  Genève 
s.  d.  (1681)  in-4°  1  vol.) 

(2)  Girin  et  Rivière  avaient  entrepris  d'empêcher  que  «  la  Bibliothèque- 
universelle  ne  parut  en  France  et  qu'elle  ne  fut  débitée  dans  toute  l'étendue 
duroyaume».  Ils  s'étaient  pourvus  devant  le  Conseil  du  Roi.  Dans  leur  requête, 
ils  attaquaient  Chappuzeau  et  l'accusaient  non  seulement  d'être  plagiaire  et  de 
dérober  les  écrits  des  autres  pour  s'en  faire  honneur,  mais  encore  de  remplir 
ses  ouvrages  de  termes  injurieux  contre  l'État  et  la  religion.  Ils  avaient  fait 
en  outre  courir  des  libelles  sur  l'œuvre  de  leur  concurrent.  Dans  ces  libelles, 
comme  dans  le  Journal  des  Savants  (mars  1681)  ils  parlaient  avec  mépris 
d'un  livre  dont  la  publication  pouvait  compromettre  le  succès  de  leur  Moreri. 
(Voir  :  Requête  de  Chappuzeau  au  Conseil  du  Roi.  Bibl.  de  Finstit.  Collecl. 
Godefroy  t.  64,  fol.  232  à  237). 

(3)  La  faveur  dont  jouit  le  Dictionnaire  de  Moreri  auprès  du  public  dès  son 
apparition  (1673)  fut  pour  Chappuzeau  un  puissant  stimulant.  S'il  entreprenait 
de  rassembler  dans  un  vaste  ouvrage  «  l'histoire  de  tous  les  siècles  et  de  tous 
les  pays  »,  «  de  parcourir  toutes  les  mers  et  toutes  les  terres  et  tout  ce  qui 
s'est  fait  de  mémorable  sur  l'un  et  l'autre  élément  »  !  Le  plan  de  sa  Biblio- 
thèque universelle  une  fois  conçu,  il  se  mit  à  l'œuvre  pour  réaliser  un  dessein 
qu'il  avait  pris,  parait-il,  avant  Moreri  lui-même  (Cf.  dans  cette  même  lettre 
infra)  avec  une  ardeur  qu'accélérèrent  le  succès  mérité  du  Lexicon  Universale 
d'Hoffman  (1677)  et  la  certitude  d'un  gain  immédiat  que  lui  assuraient  les  trai- 
tés faits  par  lui  avec  le  libraire  Widerhold  (22  janvier  et  21  mars  1677  — 
17  janvier  et  4  septembre  1679.  Archives  du  notaire  Grosjean  à  Genève,  iv.  502,1 
Par  la  dernière  convention,  Chappuzeau,  qui,  dès  1677,  avait  fourni  à  Wider- 
hold 400  feuilles  de  la  Bibliothèque  universelle  finissant  avec  la  lettre  C,  s'en- 
gageait à  remettre  6  feuilles  d'impression  chaque  semaine,  à  n'entreprendre 
aucun  ouvrage  ni  aucun  emploi  quel  qu'il  soit  pendant  tout  le  temps  que 
celui  dont  s'agit  durera,  auquel  il  devra  travailler  incessamment  et  sans  dis- 
continuation, à  rendre  l'onvrage  parfait  et  dûment  achevé  le  1(;T  octobre  de 
l'année  1680.  »  (passim,  France  protestante.  Bibliothèque  Universelle  de  Chap- 
puzeau). 11  consacre  donc  ses  jours  et  ses  veilles  à  son  nouveau  recueil  auquel, 
tant  parle  bel  ordre  que  par  le  choix  des  matières  et  par  le  soin  qu'il  prend 
de  ne  fâcher  aucune  des  deux  religions,  il  y  aura  moins  à  redire  qu'à  ceux  qui 


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pensé.  J'avoue,  Monsieur,  que,  dans  cet  ouvrage,  j'ai  fait  des 
extraits  de  François  de  Mézeray,  d'André  du  Chesne,  de  Mrs  de 
Sainte-Marthe,  de  Plutarque,  de  Josèphe,  de  Strabon,  Pline,  de 
Cluvier  et  de  cent  autres  auteurs  et  nullement  de  M.  Moreri  qui 
n'a  jamais  connu  ni  par  conséquent  cité  plusieurs  de  modernes 
dont  je  me  sers  comme  Spelman,  Spencer,  Ritterchusiuse,  Louis 
du  May  etc.,  tous  grands  généalogistes  et  historiens  avec  lesquels 
j'avais  commerce  et  que  j'avais  été  voir  dans  leur  pays  (1).  J'avoue 
encore  que  dans  mon  manuscrit  l'article  d'Enguerrand  de  Mari- 
gny  est  mot  pour  mot  tout  semblable  à.  celuy  du  Dictionnaire  de 
feu  M.  Morery  et  l'un  et  l'autre  sont  mot  pour  mot  tout  semblable 
au  texte  de  M.  de  Mézeray,  dont  nous  avons  tous  deux  tiré  cet 
article.  Si  donc  M.  Moreri  et  moi  avons  puisé  dans  la  même 
source,  et  sij'ay  été  plus  bas  que  lui,  je  veux  dire  après  luy,puis-je 
avoir  troublé  son  eau  et  aurait-il  eu  lieu  de  me  faire  l'injuste  que- 
relle que  le  Loup  fait  à  l'Agneau?  L'eau  et  le  soleil  sont  à  tous  les 
hommes  et  il  est  permis  de  même  à.  tous  les  hommes  à  l'égard  des 
auteurs  ce  qui  est  permis  aux  abeilles  à  l'égard  des  fleurs  (2).  Nous 
nous  pillons  tous  les  uns  les  autres  et  feu  M.  Moreri  ne  m'a  pas  épar- 
gné dans  mon  Europe  vivante  (3).  Mais,  bien  loin  que  je  m'en 

l'ont  précédé  »  (Lettre  de  Chappuzeau  à  Spon  de  Lyon  —  1679).  Il  enquête 
auprès  de  ses  amis.  «  Je  vous  remercie,  écrit-il  en  1679,  à  Spon,  de  m'avoir 
envoyé  une  liste  des  hommes  illustres  modernes  avec  les  Abrégés  de  leur  vie. 
Je  serai  bien  aise  encore  si  vous  pouvez  tirer  de  chacun  des  ordres  religieux 
qui  sont  dans  Lyon,  Jésuites,  Mendiants  et  autres,  un  Abrégé  de  ce  qui  se 
peut  dire  de  plus  particulier  sur  chacun  des  dits  ordres  et  de  plus  avantageux, 
principalement  de  leur  antiquité,  de  leurs  privilèges  et  prérogatives,  de  leurs 
grands  hommes  et  du  nombre  de  leurs  provinces  et  de  leurs  maisons  ».  11 
recueille  des  Mémoires  de  toutes  parts,  compulse  les  généalogistes  et  les 
historiens,  rassemble  les  observations  de  ses  voyages,  fait  œuvre  moult  la- 
borieuse. 

(1)  Chappuzeau  qui  eut,  «  dès  sa  jeunesse  la  démangeaison  de  voyager  et 
de  connaître  le  génie  des  différents  peuple  de  l'Europe  »,  est  un  cosmopolite, 
un  écrivain  vagabond  toujours  par  monts  et  par  vaux.  Il  visita  toute  l'Eu- 
rope, hors  l'Espagne,  la  Turquie  et  la  Russie. 

(2)  C'est  le  droit  au  pillage  qu'il  proclame.  Il  le  fait  si  ingénuement  que 
ce  serait  cruelle  de  lui  reprocher.  Il  a  souvent  pillé  les  autres  et  s'est  pille 
lui-même,  mais  il  dévoile  ses  larcins  avec  tant  de  naïveté  et  de  candeur 
qu'on  reste  désarmé.  Combien  ont  volé  comme  lui...  et  ne  l'ont  pas  dit! 

(3)  Vaste  compilation  sur  laquelle  Chappuzeau  comptait  beaucoup  pour 
édifier  sa  fortune.  Le  titre,  qui  est  un  chef-d'œuvre  d'annonce  à  grand  fracas, 
vaut  la  peine  d'être  reproduit  en  entier  :  «  L'Europe  vivante  ou  Relation  nou- 
velle historique  et  politique  de  tous  ses  estais,  selon  la  face  qu'ils  ont  sur  la 
fin  de  la  présente  année  1666,  représentés  en  divers  tableau  r  qui  en  découvrent 

'étendue,  la  qualité,  les  forces,  le  commerce,  les  révolutions,'] a  religion,  le  gou- 
vernement,  les  prétentions  et.  les  intérêts  suivis  des  Portraits  et  (tes  alliances 
des  Rois  et  des  princes  où  il  est  traité  de  l'Etal  de  leurs  cours,  du  Génie  de 
leurspeuples,  des  universités  et  bibliothèques  célèbres,  des  Académies  d'Éloquence 
et  des  Personnes  illustres  dans  chaque  profession  avec  un  recueil  des  choses 
les  plus  mémorables  qui  se  sont  passées  dans  f 'Europe  depuis  lo  paix  générale  ; 
des  Révolutions,  des  prodiges,  des  guerres,  des  attentats,  des  /rai/es  de  pair. 


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fâche,  il  m'a  fait  honneur.  Ainsi,  lorsque  l'on  m'accuse  d'avoir 
fait  un  vol  à  feu  M.  Moreri,  on  me  réduit  à  la  nécessité  de  décou- 
vrir ensemble  et  son  larcin  et  le  mien  et  d'indiquer  les  lieux  où 
nous  avons  fait  nos  coups.  Mais,  quoiqu'il  m'ayt  devancé  dans 
l'exécution  d'un  dessein  que  j'avais  pris,  avant  luy,  et  qu'il  soit 
allé  le  permier  en  course,  il  s'en  faut  bien,  qu'il  ayt  écumé  toutes 
les  mers,  il  m'en  a  laissé  plus  cle  deux  tiers  et  puisque  cette  sorte 
de  piraterie  est  non  seulement  permise  mais  qu'elle  est  aussi  très 
glorieuse,  je  me  persuadais  alors,  qu'on  me  donnerait  retraite 
avec  mon  butin  dans  tous  les  quartiers  du  monde  où  il  pourrait 
aborder  aussi  agréablement  qu'on  l'a  donnée  à  feu  M.  Moreri, 
puisque  je  serais  revenu,  si  l'on  m'avait  laissé  faire,  avec  un  vais- 
seau trois  fois  plus  grand  et  plus  riche  que  le  sien  et  où  il  se 
serait  trouvé  incomparablement  plus  de  raretés,  que  les  Princes, 
les  Curieux,  auraient  été  bien  aises  de  voir.  Plusieurs  même  de 
ces  Princes  et  autres  Personnes  de  la  première  qualité  de  diverses 
endroits  de  l'Europe  m'ont  envoyé  depuis  et  m'envoient  encore- 
dès  mémoires  de  leurs  maisons  et  de  leurs  Chanceleries  et  que 
feu  M.  Moreri  n'a  jamais  eu.  Joint  que  dans  mon  dernier  manus- 
■crit  je  ne  me  restreignois  pas,  comme  il  a  fait  aux  seules  matières 
historiques  et  géographiques  mais  que  j'embrassais  quantité 
d'autres  bonnes  choses  et  plus  de  5000  articles  nouveaux,  qu'il  ne 
s'était  point  avisé  de  mettre  dans  son  Dictionnaire.  Je  me  conten- 
terai de  vous  donner  ici,  Monsieur,  une  preuve  de  ce  que  je  dis. 

Dans  ledit  dictionnaire  de  feu  M.  Moreri,  depuis  Je  mot  :  Hol- 
lande jusque  au  mot  «  Hongrie  »  inclusivement,  ce  qui  ne  contient 
pas  tout  à  fait  deux  pages,  si  j'ai  bonne  mémoire,  il  n'y  a  que  six 
articles,  et,  dans  mon  manuscrit  qui  est  entre  vos  mains,  il  y  en 
â  32  de  plus  dont  il  y  en  a  3  de  considérables.  Et  cela  comprend, 
quoy  qu'assez  abrégé  non  pas  deux  pages  d'impression  mais  dix 
huit.  Quelle  proportion  y  a-t-il,  Monsieur  de  2  à  18  et  cle  6  à  32. 
Peut-on  dire,  après  toutes  ces  remarques  que  je  viens  de  faire, 
que  j'aye  copié  M.  Moreri  et  qu'il  soit  tout  entier  dans  monmanus- 
crit.  On  peut  dire  de  môme  de  lui,  qu'il  est  tout  entier  dans  Stra- 
bon,  dans  Plutarque,  dans  Mézeray  et  dans  tous  les  auteurs  anciens 
et  modernes  dont  il  a  fait  des  extraits.  En  voilà  assez  pour  cet 
article. 

des  grands  desseins,  des  nouvelles  découvertes,  des  actions  solennelles,  des 
Morts,  des  naissances,  des  mariages  illustres.  Genève.  Widerhold.  1666. 

Ce  premier  volume  fat  suivi  en  1669  de  l'Europe  vivante  ou  relation 
nouvelle,  historique  et  politique  de  tous  ses  Etats  de  1666  à  1669.  »  Genève 
Widerhold  1669. 

Enfin  la  publication  fut  complétée  en  1671  par  :  V Allemagne  protestante 
ou  Suite  de  l'Europe  vivante,  qui  contient  la  Relation  d'un  voyage  fait  en 
Allemagne  aux  mois  d'avril,  may,  juin,  juillet  et  août  de  Vannée  1669.  Genève 
Widerhold  1671. 


10 


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itittiohtèquo       Vous  me  marquez,  Monsieur,  en  second  lieu  que  parmi  les 
iiTtoutc4e  caniers  de  mon  manuscrit,  il  se  trouve  quelques  feuilles  des 
An» main?   lettres  P  et  S  qui  semble  d'une  autre  main.  C'est  de  la  mienne 
mesme.  Si  je  ne  me  trompe,  et  je  vous  diray  de  bonne  foy,  que 
feu  M.  Widerhold  me  prie  de  faire  quelques  articles  de  ces  deux 
lettres,  pour  montrer  dans  un  voyage  qu'il  fit  en  1679  par  toute  la 
France,  que  l'ouvrage  était  bien  avancé,  quoiqu'il  y  eust  encore  un 
grand  hiatus  entre  la  lettre  M.  et  la  lettre  P.  Vous  qui  estes  de 
la  profession,  pouvez  aisément  juger  par  là  qu'elle  était  sa  vue. 
ivctions  Vous  me  parlez  en  troisième  lieu,  Monsieur,  des  corrections 

Sw'tomos  cIue  Je  pourrais  avoir  de  deux  premiers  tomes  de  feu  M.  Moreri  (1). 
ùarcri.  11  est  vrai  que  j'avais  fait  plusieurs  remarques  sur  les  erreurs 
que  j'avais  découvertes  mais  dans  l'injustice  que  l'on  me  fit  de 
me  dépouiller  de  mes  manuscrits  (2)  avec  un...  de  Genève  sur 
un  arrêt  du  conseil  de  France  et  dans  le  dépit  que  j'eus  de 
me  voir  frustré  d'un  labeur  vie  4  années  (3)  et  des  avantages 
que  j'en  pouvais  retirer,  j'abandonnais  généralement  tous 
mes  manuscrits  aux  sieurs  Girin  et  Rivière,  toutes  ces  corrections 
et  d'autres  papiers  qui  m'auraient  pu  servir  à  l'avenir  si  j'avais 
continué  l'ouvrage,  bans  ces  remarques  ou  corrections  (A)  il 
paraît  que  feu  M.  Moreri  était  moins  bon  géographe  que  bon  his- 
torien, qu'il  tombait  souvent  dans  des  erreurs  grossières  et  pal- 
pables et  qu'il  ne  se  montrait  pas  exact  dans  les  Descriptions  géo- 
graphiques comme  par  exemple,  si  j'ai  bonne  mémoire,  lorsqu'au 
mot  :  «  Egypte  de  la  lre  édition,  il  dit  qu'elle  est  à  un  tel  degré 
d'élévation,  ce  qui  ne  se  peut  dire  que  d'un  lieu  particulier  et  non 
d'un  royaume  qui  comprend  plusieurs  degrés  de  latitude  ou 
parallèles,  comme  encore  en  divers  endroits,  où  parlant  de  l'An- 
gleterre il  l'appelle  une  île  an  lieu  que  pour  parler  juste  et  en 
géographe,  il  fallait  mettre  nécessairement  la  Grande  Bretagne. 
En  visitant  quelque  papier,  j'ay  trouvé  ce  brouillon  que  je  vous 
envoie,  s'il  vous  peut  servir  pour  une  nouvelle  édition,  .le  me 
souviens  icy  que  me  rencontrant  à  l'Isle  (5)  et  mangeant  avec  M.  le 

(1)  Les  amis  de  Moreri,  surtout  Parayre,  commis  de  M.  de  Pomponne  dont 
les  enfants  avaient  eu  Moreri  comme  précepteur,  continuèrent  le  Dictionnaire 
sut  le  même  plan  et  donnèrent  en  1081  (Lyon.  Girin,  Rivière  2,  vol.)  la  seconde 
édition  entreprise  par  Moreri,  édition  qui  fut  suivie  en  1083  d'une  troisième 
moins  correcte  que  les  précédentes 

(2)  Suivant,  la  transaction  du  2Î5  juillet  1081  entre  Girin  et  Rivière  d'une 
part  et  Widerhold,  libraire  à  Genève,  d'autre  pari  (Voyez  suprà  noir  3  p. 142.] 

(3)  De  la  fin  de  1010  au  début  de  1684 . 

(4)  Si  Ghappuzeau  avait  fait  des  Remarques  ou  Corrections  au  Diction- 
naire de  Moreri,  c'est  peut-être  qu'il  avaitété  déjà  pressenti  en  vue  d'une  édi- 
tion corrigée  et  augmentée  ou  encore  qu'il  voulait  s'approprier  plusieurs  ar 
ticlcs  de  Moreri  pour  sa  Bibliothèque  universelle. 

(5)  Lille. 


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Maréchal  d'Humiére  il  fit  apporter  à  table  le  Dictionnaire  de 
Moreri,  et  me  témoignant  d'être  fort  fâché  qu'au  mot  Creuant 
qui  est  le  nom  de  sa  maison  il  avait  eu  de  si  mauvais  mémoires, 
il  commanda  dès  lors  à  son  secrétaire  de  m'en  donner  d'autres 
pour  un  ouvrage  de  même  nature  que  je  commençais  à  nouveaux 
frais  et  que  j'ay  fort  avancé  (1).  Je  vous  en  parlerai  dans  mes 

(1)  L'ouvrage  que  commençait  alors  Chappuzeau  (1683)  est  son  <»  Nouveau 
Dictionnaire  historique,  géographique,  philologique  et  chronologique,  dont 
il  fit  imprimer  le  titre  avec  une  préface  où  il  rend  compte  de  son  dessein  à 
Cell  1694  et  dont  un  Projet  imprimé  parut  encore  en  1697.  Chappuzeau  y  ex- 
plique toutes  ses  vues,  marque  les  différences  entre  Moreri  et  son  diction- 
naire, déclare  «  qu'on  y  trouvera  »  parmi  une  infinité  d'autres  matières,  ce 
qui  regarde  la  situation  des  peuples,  leurs  mœurs,  leur  religion,  leur  gouver- 
nement et  ce  qui  concerne  les  Maisons  Royales  et  la  généalogie  des  grands 
seigneurs.  On  devait  y  trouver  en  particulier  avec  beaucoup  d'étendue  tous  les 
Electeurs,  tous  les  princes  et  tous  les  comtes  de  l'Empire  ;  leurs  alliances,  leurs 
intérêts,  leurs  principales  actions.  Vous  y  verrez  par  cet  endroit-là  continue 
Bayle  sur  le  même  ton,  les  pays  du  Nord  et  le  reste  de  l'Europe  protestante.  » 
On  voit  que  Chappuzeau  embrassait  bien  des  choses.  11  conclut  par  ces 
mots  que  «  tout  cela  n'a  jamais  été  rassemblé  jusqu'à  ce  jour,  en  un  même 
ouvrage  et  sous  un  seul  alphabet  ». 

Cet  ouvrage  «  qu'il  avait  fort  avancé  —  pour  lequel  les  fers  étaient  pres- 
que au  feu  »  en  1686  (voyez  ibidem)  et  qui  longtemps  après  (1694  et  1697) 
n'était  encore  qu'annoncé  mais  annoncé  pompeusement,  n'a  pas  paru.  Chap- 
puzeau est  mort  sans  avoir  pu  le  donner  au  public  (1701). 

Bayle,  dont  le  témoignage  est  toutefois  quelque  peu.  suspect  puisqu'il 
avait  à  redouter  la  concurrence  de  Chappuzeau,  écrit  de  Rotterdam  le 
31  mars  1698  :  «  11  n'y  a  que  peu  de  jours  que  le  Sieur  Westein,  libraire 
d'Amsterdam  (c'est  le  principal  des  associés  pour  l'impression  du  Dictionnaire 
de  Ch.)  me  dit  qu'il  doutait  beaucoup  qu'on  le  mît  jamais  sous  la  presse. 
L'auteur  a  envoyé  une  partie  considérable  de  son  Dictionnaire  au  dit  Westein 
mais  on  lui  demande  à  voir  le  tout,  avant  que  de  commencer.  La  précaution 
et  juste  à  cause  que  l'auteur,  étant  avancé  en  âge,  on  peut  craindre  que,  s'il 
restait  seulement  un  tome  à  faire,  sa  mort  ne  lui  permît  pas  de  l'avancer.  » 
Chappuzeau  ne  pouvait  pas  fournir  le  tout.  En  effet,  l'ouvrage  n'était  pas 
achevé.  Il  y  travaillait  encore  en  1699  comme  on  le  voit  dans  une  lettre  qu'il 
écrit  de  Cell  le  25  juin  1899  à  M.  Tronchin,  professeur  en  Théologie  à  Genève 
(Cf.  Read  Bulletin  de  la  Soc.  du  Prot.  français  t.  21  p.  273,  année  1872),  lettre 
où  il  demande  de  lui  envoyer  «  tous  digérés  les  articles  de  la  ville  de  Genèye 
et  de  l'Etat,  et  ceux  de  Calvin  et  autres  de  nos  docteurs  de  ce  siècle  et  du 
précédent,  ayant  laissé  des  lacunes  pour  les  remplir  quand  il  aura  reçu  de 
bons  mémoires  ».  Dans  cette  même  lettre  il  insinue  qu'on  lui  reprochait 
encore  (non  sans  raison)  des  ressemblances  avec  le  Dict.  de  Moreri  et  nous 
apprend  qu'il  était  entré  en  pourparlers  avec  Messieurs  les  libraires  de  Genève 
pour  l'impression  de  son  Grand  Dictionnaire  «  auquel  il  a  travaillé  pour  sa 
propre  satisfaction  et  pour  apprendre  mille  belles  choses  qu'il  aurait  ignorées, 
sans  son  application  à  ce  travail.  » 

L'ouvrage  ne  fut  pas  mis  sous  la  presse,  malgré  les  espérances  de  succès 
qu'avait  conçues  Chappuzeau  à  la  vue  du  grand  débit  du  Dictionnaire  de 
Bayle  et  de  deux  nouvelles  éditions  de  Moreri  faites  en  Hollande  avec  les 
corrections  de  Le  Clerc.  Chappuzeau  eut  le  tort  de  l'avoir  fait  attendre  trop 
longtemps  et  de  mourir.  Quel  était  au  juste  ce  Dictionnaire,  placé  sous  le 
patronage  des  Princes  protestants  de  l'Allemagne?  La  lecture  du  Projetimprimé 


148 


DOCUMENTS 


avis.  Pour  finir  ces  articles  des  corrections  que  je  pourrais  faire 
encore,  si  je  revoyais  les  deux  volumes,  je  vous  diray,  Monsieur, 
que  m'étant  occupé  depuis  plus  de  30  ans  et  en  Hollande  et 
ailleurs  de  ces  sortes  d'ouvrages,  à  force  de  travail,  je  croy  y 
avoir  acquis  quelques  lumières  et  en  avoir  la  clef.  Pour  ce  qui 
est  de  l'Allemagne,  de  la  Suisse,  des  Pays-Bas,  de  l'Angleterre  et 
des  Royaumes  du  Nord,  il  y  a  deux  ans  que  j'y  fis  un  troisième 
voyage  exprès  dans  toutes  les  cours  des  Princes  où  j'eus  l'honneur 
d'être  bien  reçu(l)  pour m'instruire  exactement  de  l'état  présent 
des  choses  et  ce  fut  dans  le  dessein  de  produire  dans  quelque 
temps  un  ouvrage  pour  lequel  les  fers  sont  presque  au  feu,  et 
vous  m'avouerez,  Monsieur, qu'un  homme  qui  a  vu  plus  d'une  fois 
comme  moy  toutes  les  parties  de  l'Europe,  hors  l'Espagne,  la 
Russie  et  la  Turquie,  en  peut  parler  avec  bien  plus  de  fermeté  sur 
la  foy  de  ses  yeux  et  les  instructions  qu'il  a  prises  dans  les  pays 
que  ceux  qui  ne  connaissent  les  mêmes  pays  que  par  les  yeux 
d'autruy  et  par  des  Relations  qui  nè'sont  pas  toujours  bien  fidèles. 
Joignez  qu'il  y  a  près  de  quarante  ans  que  je  fais  mon  unique 

et  le  savoir-faire  bien  connu  de  Chappuzeau  qui,  mieux  que  personne,  ex- 
ploitait ses  propres  productions  comme  celles  des  autres  et  tirait  d'un  même 
sac  beaucoup  de  moutures,  laissent  supposer  qu'il  était  une  mise  en  œuvre 
de  l'Europe  vivante  et  de  l'Allemagne  protestante,  une  compilation  d'IIoffman 
et  surtout  de  Moreri,  complété  par  lui  en  1689,  une  refonte  de  sa  Bibliothèque 
universelle.  Bibliothèque  universelle,  Théâtre  du  Monde,  Dictionnaire  histo- 
rique, géographie,  chronologique,  philologique,  autant  d'incarnations  succes- 
sives de  Vischnou!  Loin  de  moi  la  pensée  de  rabaisser  le  mérite  réel  de 
Chappuzeau.  Son  Dictionnaire  était  un  ample  ouvrage  qui,  à  en  juger  par  les 
témoignages  des  contemporains,  par  le  Supplément  de  Moreri,  la  lettre  à 
Spon,  la  lettre  à  Tronchin,  le  plan  annexé  à  la  lettre  que  nous  publions,  le 
Projet  imprimé  à  Cell,  contenait  une  foule  de  renseignements  précieux.  Je 
me  propose  au  reste  de  publier  prochainement,  d'après  des  documents  iné- 
dits, une  étude  plus  approfondie  sur  le  grand  Dictionnaire  de  notre  Chappu- 
zeau. 

(1)  1684.  Chappuzeau  avait  fait  en  Allemagne  en  1665  et  1660  deux  grands 
voyages  pour  recueillir  dans  les  différents  cours  de  l'Empire,  les  matériaux 
de  son  Europe  vivante  et  de  son  Allemagne  protestante.  Ce  pays  ne  lui  était 
pas  inconnu.   Il  y  était  venu  pour  la  première  fois  en  1650.  11  arrivait  de 
Hollande,  débarqua  à  Brème  et  séjourna  tout  un  hiver  (1650-1651)  à  Cassel  où 
la  landgrave  Amélie  l'employa  comme  secrétaire.  11  y  retourna  encore  en 
1671,  en  1672  et  en  1674  et  finit  par  s'installer  à  Cell  en  1682.  De  Genève  où 
il  acheva  ses  études,  où  il  demeura  plusieurs  années  et  on  il  revint  souvent 
il  parcourut  toute  la  Suisse  notamment  en  1669.  11  avait  eu  le  loisir  de  bien 
connaître  les  Pays-Bas  puisqu'il  fit  d'abord  en  Hollande  un  long  séjour  qua- 
tre ans  à  partir  de  1647)  et  qu'il  y  resta  ensuite  plus  de  deux  ans  (de  1658  à 
1661)  comme  précepteur  du  Prince  d'Orange,  le  futur  roi  d'Angleterre,  Guil- 
laume 111.  Ses  voyages  en  Angleterre  sont  de  16 H  et  de  1667,  En  1671  il  va 
au  Danemark  :  «  Partout  il  remporte  des  marques  de.  la  honte  des  souverain* 
et  de  leurs  ministres,  et  l'ait,  des  observations  dont,  à  son  humble  avis,  un 
curieux  qui  veuf  connaître  le  monde  ou  un  ministre  d'Etat  peut  tirer  quelques 
mières  ut iles  ». 


DOCUMENTS 


149 


étude  de  l'histoire  et  de  la  géographie  (1)  qui  ne  peuvent  marcher 
l'une  sans  l'autre  et  ayant  tâché  surtout  de  connaître  à  fond  tout 
co  qui  se  peut  savoir  de  la  géographie  ancienne  et  moderne  (2). 

En  quatrième  lieu,  vous  m'avertissez  que  dans  mon  travail  je  cua 
prenne  garde  qu'on  suive  en  France  la  Religion  Romaine  (3).  Je  saura: 
sais  bien,  Monsieur,  que  je  dois  considérer  que   c'est  pour  pr 
M.  Thierry  que  j'écris  et  non  pas  pour  moi  et  soyez  sûr  que  je  ne  reli&rio 
tomberai  pas  dans  l'inadvertance  de  celui  qui  a  écrit  le  troisième 
volume  des  Relations  de  J.  B.  Tavernier  (4)  où  dans  l'histoire 
de  la  persécution  du  Japon,  il  fait  parler  un  Protestant  comme 
parlerait  un. enfant  de  Saint  Ignace  de  Loyola.  Je  say,  Monsieur, 
parler  toutes  sortes  de  langages,  réservant  mes  sentiments  in- 
petto. 

Au  reste,  si  après  avoir  lu  mes  avis,  vous  jugez  à  propos  que  Don 
je  travaille,  pour  éviter  de  tomber  dans  aucune  redite  des  deux  .  Li 
premiers  volumes  de  Moreri,  il  serait  bon  que  je  les  eusse  devant  rao 
les  yeux  et  ayant  donné  ceux  quej'avais  à  Genève  quand  je  vins  corr. 


(1)  Chappuzeau  avait  pour  ces  sciences  une  .véritable  prédilection.  C'est 
l'histoire  et  la  géographie  qu'il  enseignait  au  Prince  d'Orange  ;  c'est  une  his- 
toire que  la  landgrave  de  Hesse-Cassel,  Amélie-Elizabeth  le  chargea  de  rédi- 
ger, l'histoire  de  sa  régence  :  c'est  la  géographie  qu'il  demanda  au  Conseil  de 
Genève,  en  1663,  d'enseigner  en  particulier;  c'est  une  chaire  d'histoire  et  de 
géographie  à  l'Académie  de  Genève  qu'il  sollicita  du  même  Conseil  en  octobre 
1681.  Nombreux  sont  ses  ouvrages  d'histoire  et  de  géographie.  Outre  la 
Bibliothèque  universelle,  l'Europe  vivante  (2  vol.  1666,  1669)  V -Allemagne pro- 
testante (1671)  je  mentionnerai  :  l'Orbis  physicus  ou  résumé  de  Géograhphie 
générale  1665,  la  Description  de  la  Hesse  1661,  la  Relation  de  l'état  présent 
de  la  Bavière  16.73,  la  Relation  sur  la  Savoie  1673,  l'Idée  du  Monde  au  intro- 
duction méthodique  à  l'étude  de  l'histoire  et  de  la  géographie  1690. 

(2)  Remarquons  dans  tout  ce  paragraphe  l'habileté  que  déploie  Chappuzeau 
pour  décider  le  libraire  à  confier  à  sa  compétence  la  rédaction  du  Supplé- 
ment de  Moreri. 

(3)  Etait-il  besoin  de  faire  pareille  recommandation  à  Chappuzeau  qui  dans 
son  Prospectus  de  la  Bibliothèque  universelle,  Genève  (1681)  écrit  :  «  Je  ne  me 
montrerai  point  partial  ni  en  matière  de  religion,  n'y  en  matière  d'Etat  dans 
un  livre  qui  doit  être  vu  de  tant  de  personnes  de  diverses  nations  et  de 
diverses  créances.  De  toutes  les  religions,  je  ne  touche  que  le  nom  sans  me 
mêler  d'examiner  la  doctrine.  Je  n'emploie  pas  de  termes  injurieux  à  l'exemple 
de  l'Auteur  du  Dictionnaire  (Hoffmann  —  Sa  Bibliothèque  universelle  devait 
tout  d'abord  n'être  qu'une  traduction  française  du  Lexicon  universale),  et 
c'est  comme  la  civilité  et  la  bienséance  veulent  qu'on  agisse  dans  le  monde' 
en  traitant  honnêtement  les  gens,  de  quelque  religion,  de  quelque  nation  et 
de  quelque  condition  qu'ils  puissent  être  ». 

(4)  On  sait  que  les  deux  premiers  vol.  des  Relations  du  fameux  voyageur  Ta- 
vernier furent  rédigés  par  S.  Chappuzeau.  Elles  parurent  en  1676  (Paris.  Clou- 
zier  2  vol.).  Le  3e  vol.  des  autres  éditions  est  l'œuvre  du  «  fade  et  sec  »  La 
Chapelle,  secrétaire  du  Président  de  Lamoignon.  Chappuzeau  avait  renoncé 
à  poursuivre  le  travail  n'ayant  pu  décider  Tavernier  à  supprimer  le  jugement 
qu'il  porte  sur  la  conduite  des  Hollandais  dans  les  Indes  (Voy.  Défense  de 
Chappuzeau  contre  une  satire  intitulée  :  l'Esprit  de  M.  Arnaud,  La  Haye 
1691)  et  n'ayant  pu  se  résoudre  à  dire  du  mal  des  Hollandais. 


150 


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il  y  a  4  ans  en  Allemagne  (î)vous  pourriez,  Monsieur,  donner 
ordre  au  sieur  Konig,  fameux  libraire  de  Hambourg  qui  est  tou- 
jours bien  pourvu  de  livres  français  ou  à  quelque  autre  de  votre 
connaissance  de  Francfort  de  m'en  fournir  un  exemplaire  comme 
aussi  les  trois  volumes  de  Hoffmann  d'où  il  y  a  encore  et  particu- 
lièrement du  troisième  de  très  bonnes  choses  à  tirer  pour  votre 
dessein,  lesdits  livres  ne  se  trouvant  point  au  lieu  où  je  suis 
quoi  qu'il  y  ait  2  ou  3  belles  Bibliothèques  qui  me  sont  ouvertes. 
Pour  ce  qui  est  des  fautes  où  Hoffmann  tombe  quelquefois  dans 
les  matières  du  temps,  aussi  bien  que  feu  M.  Morery  qui  a  bien 
voulu  me  consulter  souvent  à  Lion  (u2)  sur  son  ouvrage,  j'espère 
de  le  pouvoir  découvrir  et  d'éviter  les  écueils  où  ils  ont  heurté. 
Enfin,  Monsieur,  pour  ce  qui  regarde  les  livres  ou  papiers  que 
nous  aurions  à  nous  faire  tenir  l'un  à  l'autre,  vous  pouvez  choisir 
des  trois  voies  que  vous  vous  proposez,  ou  en  vous  adressant  à 
Paris,  à  M.  Roger  Costar,  demeurant,  si  je  ne  me  trompe,  rue  des 
Péronnelles,  près  de  la  Cornemuse,  c'est  l'Agent  de  M.  le  Duc  de 
Celle.  Je  lui  écrirai  — ou  par  la  voie  de  Metz  et  de  Francfort,  adres- 
sant vos  lettres  au  dit  Francfort  à  M.  Jacob  couvreur  marchand 
banquier,  mon  correspondant  et  ami  et  au  dit  Konig  marchand 
libraire  à  Hambourg  ou  tel  autre  qu'il  vous  plaira  m'indiquer  et 
aussi  tôt  vostre  réponse  reçue  etvos  dernières  conclusions  prises, 
je  mettrai  la  main  à  l'œuvre  et  travailleray  incessamment. 

Avis  de  Cliappuzeau. 

1.  Il  est  bon,  Monsieur,  de  savoir  premièrement  quel  titre 
vous  voulez  donner  à  votre  troisième  vol.,  afin  de  diriger  au 
même  point  les  matières  que  l'on  y  veut  faire  entrer.  Il  faut  me 
l'envoyer  tout  au  long. 

2.  L'uniformité  du  style  et  du  tour  qu'il  faut  donner  aux  choses 
étant  principalement  à  considérer,  il  serait  bon,  ce  me  semble, 
qu'il  n'y  eust  qu'une  personne  qui  mist  la  main  à  ce  troisième 
volume,  et  qui  donna  la  forme  aux  matières  qui  se  pourront  ras- 
sembler de  divers  lieux.  D'ailleurs  si  quatre  ou  cinq  hommes  tra- 
vaillent séparément  au  môme  volume  et  loin  l'un  de  l'autre  sans 

\i)  En  1682,  il  quitta  Genève  pour  s'installer  à  OH  où  il  resta  jusqu'à,  sa 
mort  (1701)  (VA',  note  1,  p.  142). 

(2)  Ce  ne  peut  pas  être  à  l'époque  où  Chappuzeau  riait  correcteur  d'im- 
primerie à  Lyon  (1651-1058).  En  cfl'et  Moreri  est.  né  en  1643,  C'est  (Mitre  1666 
on  plutôt  1669  et  1673  (Dict.  de  Moreri).  Moreri  vint  de  bonne  heure  à  Lyon 
où  il  publie  des  œuvres  galantes  et  des  pièces  eu  vers  (1666  et  L669).  11  y  tut 
prêtre  cinq  ans  de  1668  à  1673.  S'il  consulta  Chappuzeau,  c'est  après  La  publica- 
tion de  YEurope  vivante  (1666-1669)  et  peut-être  aussi  de  ['Allemagne  protes- 
tante (1671),  pendant  les  années  qui  précédèrent  immédiatement  l'apparition 
de  son  fameux  Dictionnaire  (1673  première  édition). 


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151 


-se  rien  communiquer,  il  arrivera  souvent,  comme  vous  le  mar- 
quez dans  votre  lettre,  qu'ils  traiteront  les  mêmes  articles,  que 
si,  selon  votre  projet  ces  quatre  hommes  prenaient  chacun  leur 
département  l'un  dans  la  première  Antiquité,  l'autre  dans  le 
Moyen  Age  et  un  troisième  dans  les  choses  de  notre  temps,  ou 
que  se  partageant  les  trois  parties  du  grand  continent  si  l'un 
s'attachait  à  l'Asie,  l'autre  à  l'Afrique  et  un  troisième  à  l'Europe, 
ajoutons  un  quatrième  pour  l'Amérique  où  depuis  la  domination 
des  Espagnols  il  s'est  passé  bien  des  choses  considérables  et  où 
il  a  paru  des  hommes  illustres  dans  les  célèbres  universités  du 
Mexique,  de  Cusco  ou  de  Lima  et  qui  n'a  été  que  légèrement 
touché  dans  les  deux  premiers  volumes,  sans  parler  des  nouvelles 
découvertes  et  des  colonies,  comme  de  la  Caroline  par  les 
Anglais  qui  se  font  d'an  en  an,  si,  dis-je,  chacun  de  ces  quatre 
hommes  prenaient  de  la  sorte  leur  département  sans  entrer  dans 
^a  moisson  de  son  compagnon,  il  arrivera  encore,  que  pour  ranger 
les  choses  selon  l'ordre  des  lettres  de  l'Alphabet,  il  faudra  prendre 
à  toute  heure,  un  article  de  l'un,  puis  un  article  de  l'autre,  et, 
ainsi,  par  cet  entrelacement,  il  sera  difficile  de  juger  sur  le  pied 
de  l'impression  de  la  quantité  du  travail  de  chacun,  pour  le  prix 
que  vous  proposez  pour  chaque  feuille  (1).  Mais  enfin,  quand  on 
pourrait  trouver  les  moyens  de  remédiera  cette  difficulté,  le  plus 
grand  mal  que  je  voy  est  comme  je  dis,  le  défaut  d'uniformité  du 
style  et  mesme  de  la  manière  concise  et  méthodique  dont  les 
matières  doivent  être  couchées  dans  ces  sortes  de  Dictionnaires 
où  avec  le  savoir  il  faut  une  certaine  routine  qui  ne  s'acquiert  que 
par  un  long  usage  et  beaucoup  de  temps  (2).  Car  enfin,  s'il  ne 
s'agissait  icy  pour  moi  seul  que  de  50  ou  60  feuilles  de  composi- 
tion pour  joindre  au  travail  des  autres  personnes  que  vous 
employez,  cela  ne  vaudrait  pas  la  peine  de  se  mettre  en  besogne 
et  de  faire  un  étalage  de  livres  et  d'ailleurs  je  ne  voudrais 
pour  si  peu  de  chose  rompre  le  dessein  que  j'ay  formé  d'une 
nouvelle  méthode  de  Dictionnaire  dont  je  vous  envoie  le  plan  et 
auquel  je  travaille  depuis  3  ans  et  pour  lequel  un  riche  libraire 
de  mes  amis  me  veut  faire  d'honnêtes  conditions  (3).  11  ne  me 
reste  presque  plus  que  de  mettre  mon  ouvrage  au  net,  car  comme 
vous  me  marquez,  Monsieur,  que  vous  ne  voulez  point  épargner 

(1)  Ghappuzeau  n'a  en  vue  que  la  rétribution  du  travail.  La  perspective 
d'un  gain  partagé  ne  lui  sourit  guère.  Thierry  fit  la  sourde  oreille.  L'abbé  de 
S'-Ussans  et  d'autres  compilèrent  avec  lui  le  Supplément  de  1689.  (Cf.  Mar- 
chand. Dicl.  1759.  t.  II,  p.  288). 

(2)  Sous  entendez  :  «  Or,  cette  routine,  je  l'ai  ». 

(3)  Hâtez-vous  de  me  désigner,  semble-t-il  dire  à  Thierry,  ou  gare  la  con- 
currence! »  On  trouvera  plus  bas  le  plan  de  la  nouvelle  méthode  de  Diction- 
naire. C'est  le  plan  de  son  Dictionnaire  historique  et  géographique  qu'il  inti- 
tule avec  emphase  :  le  Théâtre  du  Monde. 


DOCUMENTS 


l'argent  pour  avoir  un  bon  ouvrage,  je  n'épargne  pas  aussi  ma 
peine  pour  limer  ce  que  je  fais.  Mais  s'il  s'agit  de  composer  pour 
vous  un  volume  entier  de  3  à  400  feuilles,  je  veux  bien  de  bonne 
foy  désister  de  mon  entreprise  en  votre  faveur  par  l'estime  que 
j'ay  pour  vous  sur  la  réputation  que  vous  vous  estes  acquise  de 
faire  choix  de  tout  ce  qu'il  y  aura  de  meilleur  et  de  plus  curieux 
dans  tous  mes  manuscrits  pour  votre  troisième  volume  (1). 
iistometà  ^a  suPPOSé,  vous  pouvez  me   marquer  précisément  ce 

Thierry  son     qu'il  vous  plaist  que  je  touche  de  toutes  les  diverses  matières 
Ph£tredue     exposées  dans   les  3  vol.  du   projet   que   je    vous  envoie 
Monde.  »      croyant  que  dans  le  premier  qui  traite  de  science  et  des  arts,  de 
dignités,  tant  ecclésiastiques  que  séculières,  etc.  il  y  a  des  choses 
très  curieuses  et  très  nécessaires  à  toutes  sortes  de  professions  et 
qu'elles  feront  valoir  votre  troisième  volume. 

Titre  du  Dictionnaire  du  S1  Chappuzeau. 
Le  ((  Théâtre  du  Monde  »  divisé  en  trois  tomes. 

Le  premier  contient  une  introduction  nécessaire  pour  bien 
entendre  la  géographie  et  l'histoire  ancienne  et  moderne  où  il  est 
principalement  traité  des  sciences  et  des  arts  (1);  des  dignités 
tant  ecclésiastiques  que  séculières  :  des  Temples,  des  fêtes  et  des 
jeux  publics  de  l'Antiquité  ;  des  périodes  et  distinctions  de  temps, 
des  Monnaies,  des  Mesures  et  des  Poids,  des  Animaux  les  plus 
rares  tant  de  l'air  que  delà  terre  et  de  l'eau;  des  perles,  des 
pierres  précieuses  (2),  des  métaux,  des  aromates  et  autres 
richesses  de  l'Orient  et  de  l'Occident. 

Le  second,  la  description  géographique,  historique  et  chrono- 
logique des  Continents,  Iles,  presqu'îles,  Isthmes,  Montagnes  et 
promontoires  ;  des  Mers,  golfes,  détroits,  Lacs  et  rivières,  des 
Empires,  royaumes,  provinces,  Républiques,  Villes,  etc.  La  situa- 
tion, l'étendue,  les  bornes,  la  qualité,  les  Richesses  et  les  Forces 
de  chaque  pays,  le  Gouvernement,  la  Religion,  le  Génie,  les 
Mœurs  et  les  coutumes  des  peuples,  l'histoire  des  conciles 
généraux  et  particuliers  et  autres  assemblées  ecclésiastiques,  et 
celle  de  plusieurs  illustres  familles  de  tous  les  États  de  la 
chrétienté,  en  parlant  des  lieux  qui  ont  donné  leur  nom  à  ces 
conciles  et  à  ces  familles  (3). 

(1)  L'offre  est  alléchante. 

(2)  Cf.  l'Idée  du  monde  ou  introduction  facile  el  méthodique  à  V histoire  P/ 
à  la  géographie  (Cell  t.  1,2  et  3,  1690). 

(3)  Bonne  occasion  d'utiliser,  comme  dans  ['Europe  vivante,  son  Histoire 
des  joyaux  et  des  principales  richesses  de  l'Orient  et  de  l'Occident,  tirée  des 
«  manuscrits  du  plus  fameux  voyageur  de  notre  siècle  «  (Tavernier  dont 
Chappuzeau  publia  les  Relations  en  1676,  2  vol.)  Genève  Widerhold,  1668, 

(4)  N'est-ce  pas  en  partie  le  programme  de  ['Europe  vivante  ^l<n>(;  ' 


DOCUMENTS 


153 


Le  troisième,  les  Vies  des  Empereurs,  des  Rois,  des  Princes, 
des  Grands  Capitaines  :  celles  des  pontifes  et  patriarches  de 
l'Eglise  judaïque  et  de  l'église  chrétienne,  des  docteurs  orthodoxes 
des  hérésiarques,  des  auteurs  fameux  et  généralement  de  toutes 
les  personnes  célèbres  et  de  l'un  et  de  l'autre  sexe  en  toutes  sortes 
de  professions  :  Avec  l'origine  et  la  propagation  des  Ordres  reli- 
gieux et  Militaires,  l'histoire  Mythologique  des  dieux  et  des 
héros  de  l'antiquité  païenne  et  celle  de  plusieurs  familles  consi- 
dérables de  notre  Europe,  dont  les  noms,  selon  le  plan  de  cet 
ouvrage,  ne  pouvaient  entrer  dans  le  tome  précédent.  Le  tout 
recueilli  des  auteurs  les  plus  renommés  de  l'antiquité  et  de  notre 
temps  dans  l'ordre  de  l'alphabet  et  accompagné  de  l'étymologie  de 
plusieurs  noms  et  d'Observations  curieuses  sur  les  difficultés 
tant  de  la  Géographie  que  de  l'histoire  et  de  la  Chronologie  (1). 

4.  Déplus,  dans  mes  manuscrits  que  vous  me  marquez  avoir  Nécessité 
entre  les  mains  et  dont  i'ay  été  mal  récompensé,  il  y  a  quantité  lui  de  rav0 

manuscrits 

d'articles  curieux  et  importants  qui  pourraient  entrer  dans  le  dit  «  Bibiiotw 
volume  mais  qui  auraient  besoin  d'être  retouchés  et  auxquels  univers m 
j'avais  dessein  de  donner  un  meilleur  tour  si  j'eusse  continué  de 
travailler  pour  feu  M.  Widerholcl,  surtout  les  articles  des  sciences 
et  des  arts,  des  dignités  et  des  charges  et  d'autres  encore  géogra- 
phiques et  historiques  et  il  y  en  a  plus  de  2000  qui  ne  sont  point 
dans  les  2  premiers  volumes  de  Moreri.  Ainsi  si  j'avais  ces  manus- 
crits je  refondrai  toutes  ces  matières  (2)  bien  mieux  que  tout 
autre  à  qui  elles  paraîtront  un  labyrinthe  par  mille  renvois  et 
avec  les  nouvelles  que  j'ay  par  devers  moy  et  que  je  mettrai  en 
ordre  et  au  net  je  pourrais  dans  l'espace  d'un  an  (3)  vous  fournir 
de  quoi  remplir  un  juste  volume.  Les  Cahiers  que  je  vous  livreray 
de  temps  en  temps,  comme  vous  le  souhaitez,  seront  toujours  fort 
nets,  sans  donner  de  peine  au  compositeur,  et  je  souhaite  que 
tant  que  pour  l'orthographe  que  pour  la  ponctuation,  l'ouvrage 
sorte  de  dessous  la  presse  aussi  correct  que  le  manuscrit  (4). 

(1)  Ici  s'impose  un  rapprochement  avec  le  Dictionnaire  Moreri  et  le  Lexi- 
con  d'Hoffmann.  Voyez  aussi  plus  haut  note  1  p.  147,  et  comparez  pour  l'en- 
semble avec  le  «  Dessein  d'un  nouveau  dictionnaire  historique,  géographique, 
chronologique  et  philologique,  Cell  1694,  in-4°). 

(2)  Voyez  supra,  note  4,  p.  147. 

(3)  La  promesse  de  fournir  le  tout  dans  un  délai  rapproché  ne  peut  que 
flatterie  libraire  Thierry  et  le  décidera  traiter  ferme  avec  l'optimiste  Ghappu- 
zeau. 

(4)  Ghappuzeau  cherche  habilement  à  rentrer  en  possession  des  manuscrits 
«  dont  on  l'a  injustement  dépouillé  »  —  La  dernière  phrase,  qui  est  d'un 
scepticisme  mélancolique  est  à  relever.  Je  ne  puis  m'empêcher  en  la  lisant 
de  songer  à  ce  qu'il  dit  tout  à  la  fin  de  son  Europe  vivante  (1666)  :  «  La  plus- 
part  de  ceux  qui  sont  à  la  Presse  ne  savent  pas  lire,  et  ne  visent  qu'à  expé- 
dier, parce  que  leurs  gains  sont  petits.  De  là  vient  que  l'on  voit  dans  une 


154 


DOCUMENTS 


Le  il"  volume 
oit-il  former  u 
ivre  à  part  ? 


Chappuzeau 
■enouvelle  le 
m  d'être  seul 
i  diriger  les 
matières. 


5.  Enfin,  il  faut  savoir  si  ledit  troisième  volume  doit  être  un 
Alphabet  nouveau  (1),  d'Articles  tout  nouveaux  et  s'il  ne  sera  plus 
parlez  d'aucun  de  ceux  qui  composent  les  deux  premiers  volumes. 
Pour  mieux  m'expliquer,  supposez  qu'il  eût  été  oublié  quelque 
chose  de  considérable,  soit  pour  l'histoire,  soit  pour  la  géogra- 
phie dans  un  article  des  dits  deux  premiers  volumes  ou  qu'on 
eust  passé  légèrement  par  dessus  ou  enfin  qu'on  pust  discourir 
quelque  chose  de  curieux  pour  ajouter,  je  désire  savoir  si  dans 
le  3e  volume  vous  souhaitez  qu'on  recouche  de  nouveaule  même 
article. 

6.  Ces  choses  ayant  été  par  vous  et  par  vos  amis  mûrement 
examinées,  vous  me  ferez  savoir,  Monsieur,  par  voie  sûre  et  sans 
perdre  de  temps,  si  vous  trouvez  à  propos  que  je  sois  le  seul  je 
ne  dis  pas  à  recueillir  mais  à  diriger  les  matières  età  quel  nombre 
de  feuilles,  plus  ou  moins,  vous  voulez  que  monte  le  troisième 
volume.  En  attendant  votre  réponse,  je  demeure,  Monsieur,  votre 
fidèle  serviteur. 

Chappuzeau. 


L'édition,  projetée  par  le  libraire  Thierry  parut  en 
1689,  trois  ans  après  la  lettre  que  nous  publions.  Dans 
l'intervalle,  la  seconde  moitié  des  Privilèges  accordés  à 
Girin  et  Rivière  avait  été,  par  une  Sentence  de  la  Con- 
servation de  Lyon  (8  février  1687)  adjugée  à  Thierry, 
déjà  possesseur  d'une  moitié,  et  acquéreur  de  Tond  de 
librairie  de  ses  deux  insolvables  confrères.  Le  30  juin 
1688,  un  arrêt  du  conseil  du  Roi  confirma  Thierry  dans 
ses  droits  de  propriété  et  suivant  cet  arrêt,  droit  exclusif 
lui  fut  donné  d'imprimer,  débiter  et  vendre  le  Diction- 
naire de  Moreri.  La  nouvelle  édition  comprenait  sous  un 
nouveau  titre  un  3e  volume  ou  Supplément.  Selon  Pros- 
per  Marchand  (p.  288,  tome  II  de  son  Dictionnaire,  La 
Haye  1759)  ce  suplément  avoit  été  «  compilé  par  Samuel 
Chappuzeau  »  et  par  d'autres.  Selon  l'auteur  de  la  Préface 
de  l'édition  de  Moreri  (1699)  «  ce  volume  de  Supplément 

impression  tant  de  choses  qui  choquent  la  vue,  tant  de  lettres  usées,  tant  de 
lettres  tombées,  tant  de  lettres  renversées,  tant  de  lettres  transposées  et  en  un 
mot  tant  de  fautes  qui  sont  autant  de  coups  de  poignard  à  un  Aulheur  ». 

(1)  Voyez  Moreri  (préface  de  l'édition  de  1690)  :  «  Les  Hollandais  ont  été  les 
premiers  qui  ont  distribué  et  mis  en  place  dans  les  2  premiers  vol.  de  More- 
ry,  les  articles  du  Supplément,  imprimé  à  part.  » 


DOCUMENTS 


155 


avait  été  composé  sur  les  Mémoires  de  diverses  personnes 
savantes  et  principalement  sur  ceux  de  M.  Chapuzeau.  » 
C'est,  ajoute  cet  auteur,  un  témoignage  que  lui  devaient 
du  moins  les  Compiateurs,  après  avoir  tiré  mot  pour 
mot  de  ses  manuscrits  les  articles  les  plus  remplis  d'éru- 
dition ».  Ainsi,  d'après  cette  dernière  opinion,  Chappuzeau 
n'aurait  pas  été  chargé  de  compiler  le  Supplément  et  on 
aurait  utilisé  sans  vergogne  ses  manuscrits.  Comme  Mar- 
chand désigne  de  son  côté  Chappuzeau  comme  un  des 
compilateurs,  on  hésite  à  se  prononcer.  Disons  toutefois  que 
Chappuzeau  ne  souleva  en  1689  ni  dans  la  suite  aucune 
protestation,  ce  qui  semble  indiquer  qu'une  entente  s'était 
établie  entre  Thierry  et  lui  (1).  11  faudrait  mettre  la  main 
sur  la  réponse  de  Thierry  à  la  lettre  qu'on  vient  de  lire  : 
la  question  serait  tranchée.  En  tout  cas,  le  mérite  de 
Chappuzeau  n'en  a  pas  moins  été  proclamé  et  bien  légi- 
time est  la  part  qui  lui  revient  dans  le  juste  succès  du 
Dictionnaire  de  More  ri  (1689). 

II.  Les  Frayeurs  de  Crispin  par  le  sieur  C... 

1682,  in-12  Leyde.  Féiix  Lopez. 

Cette  comédie  en  un  acte  se  trouve  sous  le  nom  de 
Chappuzeau  dans  le  catalogue  de  la  Bibliothèque  royale  de 
Berlin.  Elle  est  aussi  à  Wolfenbûttel  avec  les  mots  «  par 
Crosnier,  autrefois  attribuée  à  Samuel  Chappuzeau  ».  Quel 
en  est  l'auteur? 

Crosnier,  dont  la  vie  est  tout  à  fait  ignorée,  n'est 
connu,  disent  presque  tous  les  bibliographes  du  théâtre, 
que  par  une  Comédie  en  un  acte,  en  vers  libres,  mêlée 
de  danses  et  de  musique  ;  «  ï Ombre  de  son  Rival.  La  Haye, 
Gérard  Rammazein  »  datée,  selon  les  uns  de  1681,  selon 
les  autres  de  1683  L'édition  qui  est  à  la  bibliothèque  de 

(1)  11  faut  pourtant  rappeler  que  la  même  année  (1689)  Chappuzeau  publiait 
à  Genève  pour  le  compte  de  l'héritier  Widerhold,  une  traduction  française 
avec  additions  et  corrections  du  Lexicon  universale  d'Hoffmann,  modifié  par  lui 
Or,  cet  ouvrage  offre  beaucoup  d'analogie  avec  le  Supplément  de  l'édition  de 
Moreri.  L'habile  Samuel  aurait-il  touché  des  deux  mains  et  exploité  deux  fois 
la  même  veine?  C'est  fort  possible. 


156 


DOCUMENTS 


l'Arsenal  porte  la  date  1683  et  offre  une  épître  clédicatoire 
signée  Crosnier,  épître  où  l'auteur  nous  apprend  que  «  c'est 
la  première  comédie  qui  soit  partie  de  sa  plume  ».  Dans 
le  catalogue  de  la  Vallière  par  Nyon  (p.  445  et  446)  deux 
autres  pièces  sont  mises  sous  le  nom  du  même  Crosnier  : 
1°  les  Bagolins.  Comédie  en  un  acte  en  vers  par  le 
sieur  C.  Amsterdam.  Henri  Sehelte  1705.  2°  Germanicus, 
Leyde,  Lopez  s.  d.  in-12.  Or,  les  Bagolins  offrent  une 
ressemblance  frappante  avec  l'Ombre  de  son  Rival.  Même 
intrigue,  même  dénouement,  des  vers  identiques.  Quant 
au  «  Germanicus  »  dont  la  dédicace  porte  la  signature  : 
<(  Crosnier  »,  c'est  tout  simplement  le  Germanicus  de 
Boursaut  (1673)  reproduit  mot  pour  mot.  Reste  donc  au 
compte  de  l'impudent  Crosnier  —  et  encore  y  a-t-il  lieu 
d'émettre  un  cloute  légitime  —  la  seule  «  Ombre  de  son 
Rival  »,  pièce  en  dessous  du  médiocre.  Cette  pièce,  aussi 
négligée  que  les  Bagolins,  au  point  de  vue  typographique, 
serait, jsuivant  Brunei  et  Barbier,  le  prototype  des  Frayeurs 
de  Crispin.  Leyde  F.  Lopez  1682  «  simple  réimpression 
de  V  Ombre  de  son  Rival. 

Or,  à  moins  d'admettre  que  l'édition  de  Y  Ombre  de 
son  Rival  1683  ne  soit  pas  l'édition  princeps,  ce  qui  est 
fort  peu  probable,  ce  sont  au  contraire  les  Frayeurs  de 
Crispin  qui  ont  précédé  Y  Ombre  de  son  Rival.  Comme 
Y  Ombre  de  son  Rival  est  la  première  comédie  de  Crosnier 
on  est  forcé  de  conclure  que  les  Frayeurs  de  Crispin  sont 
parties  d'une  autre  main.  Il  suffit  en  outre  de  confronter 
et  de  lire  les  deux  pièces  pour  voir  qu'elles  n'offrent  entre 
elles  aucune  ressemblance  et  que  la  comédie  :  «  les 
Frayeurs  de  Crispin  »  est  aussi  vive  et  aussi  amusante  que 
l'autre  l'est  peu. 

Est-ce  une  raison  pour  l'attribuer  à  Samuel  Chappu- 
zeau?  Peut-être.  L'estimable  facilité  de  Chappuzeau  qui 
n'a  point  donné  au  théâtre  moins  de  huil  pièces,  non 
dépourvues  de  mérite  ;  l'éloge  de  son  Paris,  qui  esl  au 
début;  les  nombreuses  imitations  coutumières  de  Corneille 
et  de  Quinault;  un  passage  relatif  à  l'Hôtel  de  Bourgogne, 
où  quelques-unes  de  ses  comédies  furent  représentées  non 


DO  r,U  M  ENÏS 


157 


sans  succès;  le  soin  matériel  apporté  à  l'édition  imprimée 
en  caractères  elzéviriens  (Cf.  Daman  et  Pythias.  Amster- 
dam, Ravenstein  1657.  Armetzar,  Leyde,  Elzéyier  1658  et 
aussi  Colloques  d'Erasme,  Leyde,  À.  Vingart  1653.  jolie 
édition  de  Chappuzeau  qui  s'annexe  aux  Elzéviers)  peu- 
vent sembler  des  motifs  suffisants  pour  ne  pas  lui  en 
dénier  la  paternité.  J'ajoute  qu'à  cette  époque  (1682)  la 
comédie  en  un  acte  avait  un  regain  de  faveur  et  que 
Chappuzeau,  qui  était  toujours  à  l'affût  des  occasions,  a 
du  tout  naturellement  songer  à  exploiter  la  mode  comme 
il  l'avait  déjà  exploitée  vingt  ans  auparavant,  avec  le  Colin 
Maillard,  comédie  facétieuse  en  un  acte,  représentée  à 
l'Hôtel  de  Bourgogne  (1662). 


J.  Caullery, 

Professeur  de  Lettres, 


Mélanges 


LA  CONFESSION  DES  PÉCHÉS  DE  LA  LITURGIE 

des  Églises  réformées  de  France 
insérée  dans  un  livre  de  piété  catholique 

S'il  y  a  un  document  authentique  de  la  piété  calviniste 
c'est  bien  la  Confession  des  péchés  qui  ouvre  chaque 
exercice  du  culte  public,  et  dont  on  attribuait  jusqu'ici 
l'origine  à  une  prière  improvisée  par  Théodore  de  Bèze 
au  Colloque  de  Poissy.  On  sait  aujourd'hui,  grâce  aux 
travaux  de  M.  Erichson,  qu'il  faut  y  voir  une  adaptation 
du  formulaire  introduit  dans  l'Eglise  de  Strasbourg  par 
le  réformateur  Bucer  :  traduction  ou  paraphrase  de  la 
main  de  Calvin  lui-même  qui  y  a  mis  l'empreinte  person- 
nelle de  son  style  et  de  ses  idées  et  y  a  accentué  notam- 
ment la  doctrine  réformée  de  la  pénitence. 

Notre  étonnement  fut  grand  lorsque  le  hasard  nous 
amena  récemment  à  feuilleter  un  petit  recueil  de  prières 
catholique  (1),  publié  pour  la  première  fois  en  1587  avec 
l'approbation  de  deux  docteurs  de  Sorbonne  et  réimprimé 
depuis  en  1601  et  en  1615  à  Paris,  avec  la  même  appro- 

(1)  Thésaurus  pvecum  ex  varii?  sanctorum  patrum  scriplis  in  communes 
locos  digeslus  unde  chvistiano  facile  est  expromere  cujusvis  à  Deo  auxilii 
rogationem.  Parisiis,  apud  Abel  l'Angelier,  in  prima  columnâ  aulae  Palatii 
J 601 ,  in-12  600  p.,  plus  2  feuillets  non  numérotés,  pour  l'index  et  l'approba- 
tion des  docteurs.  —  Une  réimpression  (Parisiis  apud  Eustachiuin  Foucault, 
via  lacobaea  sub  signo  Coclœe,  1615),  reproduit  exactement  le  texte  de  1601 
et  jusqu'aux  erreurs  de  paginations  telles  que  :  p.  265  à  268  notées  deux  fois, 
p.  241  à  24't  omises,  le  texte  n'ayant  du  reste  pas  de  lacune.  Je  me  fais  un 
plaisir  d'offrir  mon  exemplaire  de  cette  dernière  édition  à  la  bibliothèque. 
Malgré  des  recherches  très  actives  je  n'ai  pu  voir  la  première  édition  qui. 
d'après  la  date  de  l'approbation  des  docteurs  J.  Prévost  et  Nie.  Roguenaui. 
donnée  le  4  février  1587,  devrait  être  de  cette  année-là.  Ou  faudrait-il  suppo- 
ser que,  les  troubles  delà  Ligue  aidant,  le  manuscrit  n'a  trouve  d'éditeur  que 
quatorze  ans  plus  tard?  Le  désarroi  où  sont  actuellement  les  grandes  biblio- 
thèques théologiques  des  couvents  et  des  séminaires  n'est  guère  propice  ;i 
ces  sortes  de  recherches  bibliographiques.  Mais  je  me  permets  d'en  signaler 
l'intérêt  à  ceux  de  nos  lecteurs  qui  seraient  eu  mesure  de  s'en  occuper. 


MÉLANGES 


159 


bation.  Eu  têle  du  volume,  après  la  préface,  et  bien  en 
évidence  on  trouve  tout  d'abord  comme  une  prière  recom- 
mandée «  pour  tous  les  temps  »  notre  Confession  des 
péchés  traduite  dans  un  latin  auquel  on  ne  peut  repro- 
cher qu'une  exactitude  trop  littérale,  ainsi  qu'on  en  jugera 
en  rapprochant  le  texte  français  dont  la  vigoureuse 
sobriété  apparaît  d'autant  mieux  par  cette  comparaison  : 


Confessio  peccatoris  ad  Deum 
omni  tempore  faciunda. 

Do.MiNEDeus  œterne  pateretom- 
nipotens,  confiteor  corani  sacro- 
sancta  inaiestate  tua,  et  agnosco 
ingénue  me  esse  miserum  peccato- 
rem,  conceptum  ac  natum  in 
corruptelâ  et  iniquitate,  propen- 
sum ad  scélérate  agendum,  ad 
recte  quicquam  effieiendum  pror- 
sus  ineptum  :  atque  me  vitio  meo  et 
culpa  legem  tuam  sanctam  ac 
mandata  violare,  nec  unquam  desi- 
uere  ab  hoc  tam  perverso  more 
profiteor,  unde  interitum  et  exi- 
tium  œquissimo  tuo  judicioaccer- 
sivi.  Ego  tamen  Domine  condolesco 
et  jjegrê  fero  ita  graviter  te  à  me 
fuisse  offensum  ac  damno  lïieip- 
sum  ac  vitium  meum,  idque  vera 
resipiscentia  facio,  et  simul  opto, 
ut  gratia  tua  mea;  calamitati  suc- 
currat.  Itaque  Deus  et  Pater  cle- 
mentissime,  ac  omni  misericordia 
praestantissime,  mei  jam  misereri 
digneris,nomine(l)  JesuChristiFili 
tui  Domini  mei,  et  deletis  omni- 
bus inquinamentis  et  sordibus 
meis,largire  mihietauge  quotidie 
sancti  Spiritûs  tui  dona,  utserio  et 
exanimo  scelera  quibus  totus  sca- 
teo  agnoscens,  tangar  eo  doloris 
sensu,  qui  synceram  in  me  pœni- 
tentiam  pariât,  quœquidem  ab 
omnibus  peccatis  me  abstrahens, 
fructus justiciœ  et  integritatis  pro- 
férât tibi  suaves  et  gratos,  Per  eum- 


Confession 

Sekineuk  Dieu,  Père  éternel  et 
tout-puissant,  nous  confessons  et 
recognoissons  sans  feintise  devant 
ta  saincte  Majesté,  que  nous  som- 
mes pauvres  pécheurs,  conceus  et 
nais  en  iniquité  et  corruption,  en- 
clins à  mal  faire, inutiles  à  tout[bieny 
et  que  de  nostre  vice  nous  trans- 
gressons sans  fin  et  sans  cesse  tes 
saincts  commandemens  :  en  quoi 
faisant  nous  acquérons  par  ton 
juste  jugement  ruine  et  perdition 
sur  nous.  Toutesfois,  Seigneur,, 
nous  avons  desplaisir  en  nous 
mesme  de  t'avoir  tant  offensé,  et 
condamnons,  nous  et  nos  vices, 
avec  vraye  repentance,"désirans 
que  ta  grâce  subvienne  à  nostre 
calamité. 

Veuille  doneques  avoir  pitié  de 
nous,  Dieu  et  père  très  bénin  et 
plein  de  miséricorde,  au  nom  de 
ton  fils  Jésus  Chris  t  notre  Seigneur  : 
et  en  effaçant  nos  vices  et  macules, 
eslargi  nous  et  augmente  de  jour 
en  jour  les  grâces  de  ton  Saint- 
Esprit  afin  que  recognoissans  de. 
tout  nostre  cœuv  nostre  injustice 
nous  soyons  touchez  de  desplaisir 
qui  engendre  droite  pénitence  : 
laquelle  nous  mortifiant  a  tons 
péchez,  produise  fruitz  de  justice 
et  innocence  qui  te  soient  agréa- 
bles, par  iceluy  Jésus  Christ  nostre- 
Seigneur.  Amen. 


dem  Christum  Dominum  nostrum. 
A  men. 

^1)  Ed.  de  1615  :  domine,  faute  d'impression  et  non-sens. 


160 


MÉLANGES 


L'auteur,  ou  plutôt  le  compilateur  du  Thésaurus  n'a 
pas  jugé  à  propos  de  faire  connaître  son  nom,  qui  a 
échappé  à  la  sagacité  des  bibliographes.  Dans  son  épître 
au  lecteur  il  indique  le  but  qu'il  s'est  proposé  en  réunis- 
sant comme  en  un  «  promptuaire  »  des  formules  de 
prières,  des  effusions  pieuses  empruntées  principalement 
aux  Pères  de  l'Eglise,  et  à  quelques  auteurs  ascétiques 
plus  récents  tels  qu'Érasme,  Louis  Vivès,  Jean  de  Roches- 
ter,  etc.  Il  a  cherché  surtout  l'édification  et  a  voulu  évi- 
demment atteindre  une  catégorie  particulière  de  lecteurs 
plus  préoccupés  de  vie  spirituelle  que  de  dévotions  popu- 
laires. C'est  aux  lettrés  qu'il  s'adresse,  et  l'on  discerne 
le  choix  d'un  humaniste  chrétien  cherchant  à  répondre 
aux  besoins  religieux  des  hommes  de  son  temps  et 
de  sa  culture.  C'est,  en  un  mot  l'eucologe  d'un  étudiant 
pieux  et  instruit  —  pietas  literàta  comme  on  disait  au 
xvif;  siècle  —  attaché  à  la  tradi  tion  catholique  et  gallicane 
dans  ce  qu'elle  a  de  plus  sain  et  ayant  subi  l'influence 
rénovatrice  de  la  Réforme  sans  abandonner  l'antique  édi- 
fice des  Pères  (I) . 

Comment  et  pourquoi  l'auteur  incontestablement 
catholique  du  Thésaurus  a-t-il  fait  une  place  d'honneur  à 
la  confession  des  péchés  de  la  liturgie  huguenote? 

Serait-ce  clans  le  but  d'attirer  à  l'Eglise  romaine  des 
Protestants  en  parlant  leur  langage,  comme  ces  mission- 
naires de  Louis  XIV  qui  «  alléguaient  force  textes  de  la 
Bible  française  en  leurs  sermons  »  pour  se  donner  accès 
auprès  des  âmes  simples?  Cela  paraît  peu  probable, 
d'après  l'ensemble  du  livre  qui  exclut  toute  idée  de  pro- 
sélytisme et  de  polémique  ecclésiastique. 

Il  s'agirait  beaucoup  plutôt,  croyons-nous,  d'une 
réelle  infiltration  protestante  dans  la  piété  catholique 
française,  non  pas  clans  la  théologie,  dans  la  doctrine,  ou 

(1)  On  comparera  d;ms  le  même  ordre  d'idées  un  petit  manuel  religieux 
rédigé  par  Pierre  Pithoii,  et  imprimé  en  1684  par  son  arrière  petit-fils  Claude 
Le  Peletier  pour  ses  enfants,  sous  ce  titre  Pétri  Pithoei  cornes  theologus  sire 
spicilegium  ex  sacra  messe,  244  p,  in-12.  Il  est  surtout  composé  de  citations 
bibliques  et  est  encore  plus  indépendant,  de  la  forme  romaine  que  notre 
Thésaurus. 


MÉLANGES 


161 


dans  les  rites,  dont  l'opposition  sera  de  plus  en  plus 
radicale  à  mesure  que  les  confessions  de  foi  et  les  défi- 
nitions dogmatiques  s'affirmeront  les  unes  en  face  des 
autres,  hostiles  et  irréductibles,  mais  par  un  christia- 
nisme sincère  et  de  «  droite  pénitence  »,  tel  que  notre 
Confession  des  péchés  le  représente  en  peu  de  mots  et  tel 
que  le  réalisait  dans  la  vie  de  chaque  jour  tout  un  peu- 
ple de  réformés,  illustres  ou  obscurs.  Le  Protestantisme 
a  été  surtout  une  réaction  contre  l'idolâtrie  du  vulgaire 
•et  contre  le  paganisme  renaissant  dans  les  classes  supé- 
rieures. Moins  radicale  dans  son  principe,  mais  presque 
aussi  absolue  dans  ses  effets  a  été  la  protestation  jan- 
séniste, au  siècle  suivant,  et  sa  parenté  avec  le  calvinisme 
—  ce  frère  injustement  renié,  —  n'est  plus  guère  con- 
testée de  nos  jours.  Le  T/tesaurus  precum  n'est  pas  un 
livre  janséniste  puisqu'il  n'y  avait  pas  encore  de  jansé- 
nistes en  1587.  Mais  il  aurait  été  infailliblement  considéré 
comme  tel  un  siècle  plus  tard,  si  d'autres  manuels  plus 
^n  vogue  ne  l'avaient,  comme  il  est  probable,  fait  oublier. 
Il  suffit  de  parcourir  ce  petit  volume  aux  pages  273  : 
Antesacramsynaxim,  412:  Contra  lyrannidem...  mthanae 
434  :  Sub  cruce  et  afflictione,  468  :  pro  pace  ecclesiae, 
493:  Pro  felici  ex  hoc  vita  discessu,  582  :  Ad  sanctos  cum 
Christo  viveiïtes,  pour  en  reconnaître  l'esprit.  On  s'étonne 
de  ne  pas  lire  son  titre  sur  les  listes  de  Y  Index  librorum 
prohibitorum. 

On  aime  à  penser  que  ces  méditations  et  ces  prières 
animées  d'un  souffle  chrétien  très  pur  et  précédées  d'un 
texte  liturgique  vénérable  et  familier,  ont  consolé  et 
édifié  plus  d'un  de  ces  «  Nouveaux  Convertis  »  que  des 
circonstances  impérieuses  avaient  remis  sous  le  joug  de 
Rome,  et  qui  avaient  dû  abjurer,  des  lèvres  plus  que  du 
cœur,  les  principes  professés  dans  leur  enfance  (1)  Ne 

(1)  Beaucoup  de  huguenots  convertis  de  gré  ou  de  force  sont  devenus  des 
catholiques  sincères.  Le  nombre  de  ceux  qui  ont  occupé  un  rang  élevé  dans 
l'Etat  ou  dans  l'Eglise  est  important,  comme  on  peut  le  voir  par  exemple  en 
lisant  les  biographies  réunies  par  Perrault  sous  ce  titre  :  Les  hommes  illustres 
qui  ont  paru  en  France  pendant  ce  siècle,  Paris  1696,  2  vol.  in-f°.  A  côté  des 
renégats  vulgaires  comme  Pellisson,  qui  cherchèrent  à  se  faire  pardonner 

11 


162  MÉLANGES 

serait-ce  pas  de  ce  côté  qu'il  faudrait  chercher  la  solu- 
tion de  ce  petit  problème  de  bibliographie  historique  et 
religieuse? 

H.  DaiNnreuther. 


LE  PROTESTANTISME 
DANS  LE  POITOU,  L'AUNIS  ET  LA  SAINTONGE 
AU  MILIEU  DU  XVIIIe  SIÈCLE 

La  Revue  de  Sainlonge  et  d'Aunis,  dans  sa  livraison 
du  mois  d'août  1908  a  publié,  sous  le  titre  de  Mémoire 
sur  les  Religionnaires ,  Etat  actuel  des  Religionnaires ,  un 
<(  Extrait  des  Mémoires  instructifs  sur  la  défense  des 
frontières  maritimes  du  Poitou,  de  l'Aunis  de  la 
Saintonge  et  des  îles  adjacentes,  présentés  au  Roi  par 
M.  ,  commandant  en  chef  pour  Sa  Majesté  dans 

ces  provinces,  année  1746,  1747  et  1748  ».  D'après  une 
note  de  la  Rédaction,  ce  mémoire  aurait  été  copié  à  la 
bibliothèque  de  Rouen  par  M.  Léon  Massiou  et  extrait 
d'un  manuscrit  accompagné  d'une  «  carte  générale  de  la 
direction  des  fortifications  du  pays  d'Aunis  qui  comprend 
les  isles  de  Poitou,  Aunis,  Saintonge,  Médoc,  Guyenne 
et  isles  adjacentes,  représentée  de  basse  mer  de 
maline.  » 

Nous  reproduisons  la  première  partie  de  ce  mémoire 
(jui  donne  d'intéressants  renseignements  sur  l'état  du 
Protestantisme  dans  cette  région  de  la  France  soixante 
ans  après  la  Révocation.  Le  reste  du  mémoire  renferme 

leurs  origines  il  y  eut  aussi  des  caractères  nobles  et  des  âmes  fidèles  qui 
n'abandonnèrent  pas,  en  quittant  la  Réforme,  les  habitudes  de  penser  et  de 
croire  qui  avaient  forme  leur  caractère  religieux  et  moral.  Le  chartreux 
Noël-Bonaventure  d'Argonne  écrit  dans  ses  Mélanges  d'histoire  cl  de  littéra- 
ture publiés  sous  le  pseudonyme  de  Vigneul-Mar ville  (Rotterdam  1700, 
p.  Ml)  :  «  Nous  avons  dans  l'Église  Romaine  plusieurs  grands  hommes  de 
ce  siècle,  qui  sont  sortis  d'entre  les  protestants  :  M.  Le  cardinal  du  Perron, 
M.  de  Sponde,  M.  Holstein,  M.  Cotelier',  et  le  Père  Morin,  de  l'Oratoire...  » 


MÉLANGES  163 

des  conseils  qu'on  devine  ou  connaît  sur  les  moyens 
d'amener  ces  hérétiques  à  composition. 

N.  W. 

On  estime  qu'il  y  a,  dans  le  Poitou,  40  000  religionnaires, 
6  000  en  Aunis,  4  000  à  la  Rochelle,  30  000  en  Saintonge,  5000  dans 
l'île  de  Ré  et  5  000  dans  l'île  d'Oléron,  le  tout  compose  environ 
90000  hommes  dont  la  moitié  est  armée. 

Pradon,  Bessay,  Olivier  et  quelques  autres  prédicans  venant 
même  des  pays  étrangers  parcourent  alternativement  ces  pro- 
vinces et  tiennent  de  fréquentes  et  nombreuses  assemblées  où  ils 
prêchent,  marient  et  batisent.  Ils  ont  des  émissaires  nommés  pour 
indiquer  les  jours  et  les  lieux  où  elles  devront  se  tenir,  ainsi  que 
des  collecteurs  pour  recevoir  les  rétributions  qu'on  leur  donne, 
dont  la  répartition  se  fait  par  rolîe  proportionnellement  aux 
facultés  de  chaque  religionnaire,  ce  qui  leur  produit  plus  de 
60  000  livres  qui  sortent  tous  les  ans  de  ces  provinces.  Il  y  a  des 
particuliers  qui  font  les  fonctions  de  prédicans  en  leur  absence, 
en  sorte  que  ces  sectaires  sont  continuellement  instruits  et  con- 
firmés dans  leur  erreur. 

Les  religionnaires  refusent  hautement  de  présenter  leurs  en- 
fants à  l'église  pour  être  baptizés  :  le  peuple  se  marie  sans  aucune 
forme  de  justice  ny  de  cérémonie  de  l'églize,  par  de  simples  con- 
ventions qu'ilsappellent  udouage  que  les  prédicans  confirment  aux 
assemblées, 

Les  notables  et  les  plus  riches  particuliers  élisent  des  domi- 
ciles momentanés  dans  chaque  ville  et  notamment  à  Paris  et  à 
Bordeaux,  surprennent  des  certificats  de  confession  pour  être 
mariés  par  un  prêtre  qu'ils  séduisent  ou  par  des  ministres  et 
reviennent  aussitôt  chez  eux,  professant  publiquement  la  religion 
prétendue  réformée. 

Les  enfants  des  peuples  de  la  campagne  ne  vont  plus  aux 
écoles  de  chaque  paroisse  pour  y  être  instruits;  ceux  des  villes  et 
principalement  des  plus  riches  habitans  restent  dans  leur  maison 
paternelle  pour  y  être  élevés  seulement  dans  leur  secte. 

Les  habitants  de  la  campagne  ne  se  cachent  plus  de  la  sépul- 
ture de  leurs  morts  qu'ils  enterrent  en  plein  jour  et  souvent  avec 
de  nombreuses  assemblées  de  parents  qui  accompagnent  le 
corps. 

Ceux  de  la  ville  n'avertissent  jamais  de  la  maladie,  ni  de  la 
mort  de  quelqu'un  de  leur  famille  ;  ils  les  transportent  publique- 
ment pendant  la  nuit  à  leurs  campagnes  pour  les  enterrer  dans 
les  jardins  et  autres  lieux  destinés  à  leurs  sépultures. 

Tous  ces  abus  qui  contreviennent  aux  ordonnances  du  roy 


164 


MÉLANGES 


augmentent  journellement  le  nombre  des  religionnaires.  Le  peu- 
ple adoptant  volontiers  cette  hérésie  par  un  esprit  d'indépendance 
et  de  libertinage,  les  plus  éclairés  la  soutiennent  par  amour- 
propre  ou  par  opiniâtreté;  les  uns  et  les  autres  ne  respirent  éga- 
lement que  la  liberté. 

Ce  party  forme,  dans  ces  provinces,  un  corps  séparé  de  senti- 
ment de  l'Église  autant  que  de  l'interest  de  l'État. 

Il  y  a  peu  de  noblesse  religionnaire  et  l'on  pense  qu'elle  peut 
être  retenue  par  son  devoir,  mais  leurs  enfants  n'étant  pas  ins- 
truits dans  la  religion  catholique,  leur  postérité  se  soutient  dans 
l'erreur. 

Les  plus  riches  négociants  dissimulent  et  se  conduisent  avec 
circonspection,  moins  comme  citoyens  et  sujets  fidèles  au  roy,que 
par  la  crainte  de  perdre  les  avantages  actuels  de  leurs  commerces. 
Ils  conservent  leurs  richesses  en  effets  dont  ils  puissent  disposer 
atout  événement:  leurs  enfants  sont  instruits  et  confirmés  publi- 
quement dans  l'erreur  qu'ils  perpétuent  à  leur  postérité. 

Les  sentiments  du  peuple  se  manifestent  aussitôt  qu'il  arrive 
quelque  succès  sur  mer  aux  ennemis  et  l'on  voit  éclater  leur 
satisfaction  par  l'espoir  d'en  être  protégés  :  alors  ils  agissent 
ouvertement,  insultent  les  catholiques,  déclament  contre  leurs 
dogmes  et  les  cérémonies  de  l'Église,  injurient  les  prêtres  et  les 
menacent.  Ils  s'assemblent  publiquement  avec  leurs  armes  et  les 
assemblées  sont  annoncées  dans  tout  le  corps  de  religionnaires 
par  des  émissaires.  Les  peuples  des  différentes  provinces,  des 
isles  et  des  villes  même  s'y  rendent  en  grand  nombre.  Les  plus 
riches  particuliers  et  notamment  les  fermiers  s'empressent  à 
donner  retraite  aux  prédicans  :  ils  rétablissent  l'ordre  dans  les 
assemblées  et  commandent  une  garde  pour  leur  seureté. 

Telle  est  la  situation  et  l'esprit  républicain  de  ce  parti  religion- 
naire qui  exige  autant  d'attention  pour  les  contenir  pendant  la 
guerre  que  de  précautions  pour  s'opposer  aux  entreprises  de 
l'ennemy.... 


MÉLANGES 


165 


AVANT  ET  APRÈS  LA  RÉVOCATION 
DE  L'ÉOIT  DE  NANTES 

Chronique  des  événements  relatifs  au  Protestantisme 
de  1682  à  1687  (1) 

A  Paris,  le  1 9e  janvier  1686. 

...  L'on  parle  d'une  ligue  entre  les  couronnes  du  Nord  et  les 
princes  protestans  d'Allemagne  pour  la  conservation  de  leur  reli- 
gion. 

Depuis  l'accommodement  de  la  ville  d'Amsterdam  avec  le 
prince  d'Orange  Van  Beuninghue  (sic)  ne  s'y  tient  pas  en  seûreté- 
On  croid  qu'il  se  va  établir  ailleurs. 

Les  Estats  Généraux  prétendent  avoir  cette  campagne  40.000' 
hommes,  tant  cavalerie  qu'infanterie  et  60  vaisseaux  de  guerre. 
Ils  ont  fait  prier  Mr  d'Avaux,  de  ne  point  faire  dire  la  messe  la 
nuit  de  Noël,  crainte  d'émotion,  parce  qu'ils  ne  seroient  pas  les 
maistres  de  la  populace  pendant  la  nuit,  à  quoy  il  a  donné  les 
mains  pour  ne  point  commettre  le  respect  qu'il  est  dû  à  S.  M. 

Le  Roy  d'Angleterre  fait  aussi  un  armement  considérable.  On 
dit  qu'il  va  faire  publier  deux  Déclarations.  La  première  pour  faire 
sçavoir  que  le  Roy  son  frère  est  mort  dans  la  communion  de 
l'Eglise  Romaine,  et  l'autre  pour  faire  sçavoir  qu'il  ne  peut  plus 
recevoir  le  serment  du  Test,  cela  estant  contraire  à  la  Religion 
qu'il  embrasse. 

L'Archevesque  de  Cantorbery  a  suspendu  ab  officio  et  bénéficie* 
l'Evesque  de  Londres  pour  avoir  reçu  à  sa  communion  les  Protes- 
tants de  France  qui  sonteontraires  aux  dogmes  de  l'Eglise  (Fol. 102). 

L'on  a  commencé  à  Rouen  à  mettre  dans  des  convents  les  hom- 
mes et  les  femmes  qui  restent  de  la  Religion.  Mr  de  Basoche,, 
autrefois  conseiller  au  Parlement  de  la  mesme  ville,  a  esté  r'en- 
fermé  dans  les  Carmes. 

L'on  parle  d'une  Déclaration  qui  condamnera  les  hommes  qui 
resteront  de  la  Religion  aux  Galères,  et  les  femmes  à  estre  Ren- 
fermées pour  toute  leur  vie.  Il  n'y  avoit  plus  la  semaine  passée 
que  97  familles  dans  Paris  de  la  Religion,  qui  ne  faisoient  pas  plus 
de  7  à  800  personnes.  L'on  prétend  qu'il  en  couste  clesjà  au 
Roy  plus  de  14  millions,  ce  qui  est  cause  que  le  Roy  a  retranché 
quantité  d'autres  dépenses,  mesmes  sur  ses  bâtiments. 

(1)  Voy.  Bull.  1908,  p.  551-562. 


166 


MÉLANGES 


Le  Roy  a  établi  un  nouveau  conseil  pour  les  affaires  de  la 
Religion,  composé  de  Mr  le  Chancelier,  del'Archevesque  de  Paris, 
du  marquis  de  Signelay,  de  Mr  Pussort,  et  du  père  de  la  Chaise. 

Du  Héron,  conseiller  et  fils  du  conseiller  de  parlement  de 
Rouen,  voyageant  en  Allemagne  a  fait  la  campagne  d'Hongrie.  En 
s'en  retournant  il  prit  querelle  avec  un  des  principaux  officiers, 
qui  parloit  mal  des  princes,  et  particulièrement  du  Roy:  ce  que 
du  Héron  ne  pouvant  souffrir,  il  luy  répondit  avec  grande  vigueur. 
Ils  s'écartèrent  et  se  battirent  ensuite  à  coups  de  pistolets.  Du 
Héron  fut  manqué;  mais  il  n'en  fit  pas  de  mesmes;  car  il  cassa 
le  bras  à  cet  officier.  Le  Roy  a  approuvé  l'action  et  l'a  mis  sous  sa 
protection. 

L'Ambasadeur  de  Hollande  est  allé  faire  un  tour  en  son  pays 
pour  ses  affaires  particulières. 

Le  comte  de  Locowits  a  eû  audience  particulière  du  Roy,  qui 
fit  mesme  attendre  S.  M.  Il  s'est  plaint  des  infraclions  faites  au 
traité  de  Munster  et  particulièrement  à  l'égard  des  villes  d'Alsace 
où  les  Magistrats  protestans  ont  estés  changez.  Il  semble  que 
l'Empereur  et  la  maison  d'Austriche  veuillent  prendre  les  Reli- 
gionnaires  en  leur  protection  (Fol.  102  v°). 

A  Paris,  le  23  Janvier  1686. 

...Le Pape  esttoujours  invisible;  il n'apointparuau Consistoire 
des  festes  de  Noël.  Il  n'y  avoit  que  9  cardinaux  et  fort  peu  de  pré- 
lats. Le  cardinal  Ludovisio,  doyen  du  Sacré  Collège  luy  ayant 
voulu  souhaiter  les  bonnes  festes,  il  luy  ferma  luy-mesme  la  porte 
avec  les  verouils.  S.  S.  a  envoie  la  tarte  bénite  au  cardinal  d'Es- 
trées  qui  officia  le  jour  de  S1  Estienne.  S.  S.  signe  présentement 
toutes  les  expéditions. 

. . .  L'on  n'a  point  de  nouvelles  de  la  prorogation  du  Parlement 
d'Angleterre . 

Plusieurs  de  nos  Religionaires  réfugiez  en  Angleterre  et 
en  Hollande  s'en  reviennent,  n'ayant  pas  trouvé  les  choses  comme 
ils  se  festoient  imaginé.  Ils  sont  à  la  charge  de  l'Estat  et  ceux  de 
leur  vacation  (sic)  ne  les  peuvent  souffrir,  parce  qu'ils  leur  oslenl 
le  pain  de  la  main.  Il  y  a  mesme  des  ministres  qui  veulent 
revenir. 

Les  nouveaux  Convertis  des  Sevennes  et  du  Vivarez  se  sont 
assemblez  à  Noël  sur  les  ruiues  de  leurs  temples  pour  y  faire 
leurs  prières.  Le  marquis  de  Bouflers  et  l'Intendant  sont  allez  sur 
les  lieux  afin  d'informer  et  de  les  faire  arrêter. 

Le  Roy  donne  pension  à  tous  les  officiers  de  guerre  qui  se 
sonl  faits  catholiques:  600  livres  aux  colonels  OU  mestres  de 
camp,  400  livres  aux  capitaines  de  cavalerie,  L200  livres  aux  lieute- 
nants, 100  livres  aux  cornettes,  75  livres  aux  maréchaux  de  logis, 


MÉLANGES 


167 


et  33  livres  à  chaque  cavalier,  300  livres  aux  capitaines  d'infante- 
rie, 150  livres  aux  lieutenants,  aux  enseignes  75  livres,  aux  ser- 
gents, 40  livres  et  aux  soldats  20  livres.  (Fol.  101.) 

...La  raison  pour  laquelle  le  Roy  demanda  à  l'ambassadeur  de 
Hollande  à  sa  dernière  audience  le  sujet  cle  l'armement  que  vou- 
loient  faire  les  E.  G.  {Etals  Généraux)  c'est  parce  que  cet  ambas- 
sadeur supplia  le  Roy  de  la  part  de  ses  maistres  de  luy  dire  pour- 
quoy  il  envoïoit  des  troupes  sur  la  Saare  et  dans  l'Alsace  ;  à  quoi 
il  répondit  que  c'estoit  la  coutume  d'en  user  ainsi  tous  les  ans 
pour  ne  pas  laisser  tousjours  les  troupes  dans  les  provinces  et  dans 
l'oisiveté. 

L'on  doit  faire  vendredy  le  service  solennel  pour  le  feu  Chan- 
celier (1).  L'on  a  fait  de  grands  préparatifs.  Tous  les  bancs  de 
l'église  S*  Gervais  sa  paroisse  sont  ostez.  L'Autel  est  présente- 
ment sous  le  crucifix.  L'Evêque  de  Troye  y  officiera,  et  celuy 
de  Meauxyfera  l'Oraison  funèbre  (2).  Les  Dames  y  seront  placées 
dans  le  chœur,  et  les  cours  souveraines  n'iront  point  en  corps, 
n'ayant  pu  avoir  un  prince  du  sang  pour  conduire  le  deuil,  mais 
chacun  ira  comme  amy  de  la  maison. 

Cardet,  qui  est  à  Vincennes  à  commencé  à  parler,  mais  ce 
qu'il  a  dit  est  tenu  fort  secret.  (Fol.  101  v°). 

A  Pains,  le  26  Janvier  1686. 

...  Dans  une  des  dernières  assemblées  qui  se  tiennent  tous  les 
jeudis  chez  la  Reine  de  Suéde,  où  plusieurs  sçavans  de  Rome 
s'assemblent,  il  fut  mis  sur  le  tapis  sçavoir  si  le  Roy  très-chré- 
tien avoit  bien  fait  de  révoqner  l'Edit  de  Nantes  et  d'obliger  tous 
les  Protestans  françois  de  se  faire  catholiques.  La  question  ay  nt 
esté  long-temps  agitée,  un  Jésuite  prit  la  parole  et  par  un  discours 
judicieux,  il  fit  voir  que  le  Roy,  comme  chrétien  et  bon  politique 
avoit  bien  fait,  et  le  prouva  par  l'écriture,  par  Tauthorité  des 
Pères  par  aussy  l'exemple  des  Constantins,  Théodose  et  autres 
Rois,  et  finit  son  discours  par  un  éloge  du  Roy.  La  Reine,  après 
avoir  résumé  toutes  les  opinions  de  ceux  qui  avoient  parlé,  fut 
d'un  sentiment  contraire,  et  témoigna  par  des  paroles  peu  dignes 
d'une  Reine  l'aversion  qu'elle  avoit  pour  le  Roy  et  pour  les  Fran- 

(1)  Le  Tellier,  signataire  de  la  Révocation  ;  voir  plus  haut,  p.  30,  note  1,  au 
24  octobre  1685. 

(2)  11  faut  rappeler  ici  l'appréciation  du  marquis  de  Sourches  sur  cette 
oraison  funèbre  qui  marque  une  sorte  de  déception  des  contemporains  : 
«  ...Monsieur  l'évêque  de  Meaux  prononça  à  Paris,  dans  l'église  de  Saint- Ger- 
vais, l'oraison  funèbre  de  feu  M.  le  Chancelier  Le  Tellier,  duquel  il  avoit 
été  ami  particulier;  mais,  quoique  cette  pièce  d'éloquence  fût  assez  belle,  le 
public  ne  trouva  pas  qu'elle  répondit  à  l'ancienne  réputation  de  ce  prélat.  » 
(1,  p.  358.) 


168 


MÉLANGES 


çois.  La  compagnie  se  relira  fort  scandalisée  de  son  discours  et  des 
termes  dont  elle  avoit  usé. 

Le  chevalier  Trumbal  a  fait  office  icy  de  la  part  du  Roy  d'Angle- 
terre pour  le  prince  d'Orange,  afin  qu'on  lui  restitue  sa  principauté 
avec  les  mesmes  droits  et  dans  l'état  qu'elle  estoit  avant  qu'elle 
fut  saisie;  ce  qui  ne  peut  avoir  aucun  effet,  tant  parce  que  ce 
seroitune  retraite  pour  tous  les  Religionnaires  et  mécontents,  que 
parce  que  cette  principauté  est  disputée  par  la  maison  de  Longue- 
ville,  véritables  héritiers  des  princes  d'Orange  de  la  maison  de 
Châlons,  dont  l'instance  est  pendante  au  Grand  Conseil. 

Le  Roy  d'Angleterre  a  remis  son  voyage  à  un  autre  temps.  Iî 
n'a  plus  aucuns  domestiques  protestans,  les  ayant  obligé  de  se 
deft'aire  de  leurs  charges.  Il  a  mis  des  catholiques  en  leur  place. 

...  On  tient  que  si  le  Roy  le  juge  à  propos  qu'il  fera  entrer 
des  troupes  dans  Londres.  La  Reine  a  esté  un  peu  indisposée. 

Les  Ambassadeurs  de  Venise  ne  sont  pas  satisfaits  des  hon- 
neurs qu'on  leur  a  rendus  à  cette  cour.  Us  en  demandent  qu'on  ne 
veut  pas  leur  accorder  (Fol.  103). 

Lundy  dernier  21  de  ce  mois,  Castelman  est  party  de  Londres 
pour  son  ambassade  de  Rome  (1).I1  s'est  embarqué  dans  un  yack 
pour  mettre  pied  à  terre  à  Dieppe.  La  plupart  des  Anglois  qui  sont 
icy  sont  allés  au  devant  de  luy.  Le  gros  de  l'équipage  passe  le  dé- 
troit et  va  attendre  à  Livourne.  S.  M.  B.  luy  donne  20  mille  guinées 
pour  faire  son  voyage  et  se  mettre  en  équipage.  Il  ne  prendra 
point  de  franchise  à  Rome  ;  mais  il  ne  cédera  point  à  l'Ambassa- 
deur d'Espagne,  les  Roys  d'Angleterre  estans  en  possession 
d'avoir  le  pas  sur  les  Roys  de  Sicile  et  d'Aragon. 

Les  Dames  Le  Gocq  et  Muisson  ont  esté  mises,  celle-cy  chez 
Mme  de  Miramion  (2)  et  l'autre  chez  les  Nouvelles  Converties.  Mr 
Le  Cocq  est  allé  au  Mans.  L'on  a  permis  au  marquis  de  la  Roche- 
Gifï'artelà  sa  femme  de  sortir  du  royaume.  Ainsi  le  marquis-'  de 
ïhiange  et  sa  femme  entrent  présentement  clans  tous  les  biens 
de  la  maison  de  Vieville.  Le  marquis  de  Bordage,  par  le  conseil 
de  sa  femme,  est  sortydu  Royaume  (3).  Il  quitte  60  mille  livres  de 

(1)  Voir  plus  haut,  p.  90,  au  21  novembre  1685. 

(2)  Sur  les  Miramionnes,  voir  0.  Douen,  La  Révocation  à  Paris,  t.  I,  p. 
272.  Sourches,  t.  J,  p.  280. 

(3)  Cf.  Sourches,  au  18  janvier,  t.  1,  p.  353,  avec  sa  note" 3.  Son  nom  es! 
cité,  avec  celui  d'autres  Protestants  poursuivis,  que  nous  rencontrerons  dans 
la  suite  de  cette  chronique,  dans  la  première  des  Lettres  pastorales  de.lurieu. 
datée  du  1er  septembre  1686.  Il  l'ut  condamné  aux  galères.  Citons  ici  quel. pies 
extraits  de  ces  lettres,  et  particulièrement  les  noms  propres,  dont  plusieurs 
figurent  dans  les  Nouvelles. 

Lettre  |  (sic)  Pastorales  \  addressées  aux  fidèles  \  de  France.  |  qui  Remis- 
sent |  sous  la  captivité  \  de  Uabylon.  \  Ou  sont  dissipées  les  illusions  que  M.  de 
Me  aux  \  dans  sa  lettre  Pastorale,  et  les  autres  Convertis-  \  senrs  emploient 
dour  séduire.  Et  où  l'on  trouvera  \  aussi  les  principaux  événements  de  la  pré- 


MÉLANGES 


169 


rente.  Il  a  abandonné  tous  ses  biens  et  toutes  les  espérances 
qu'il  pouvoit  avoir  à  la  cour  (l).  L'on  a  envoyé  ordre  au  Prémier 
Président  de  Bretagne  et  au  Procureur  général  de  mettre  tous 
ses  biens  sous  la  main  du  Roy. 

Par  les  soins  de  Mr  Macquières,  procureur  général  au  parle- 
ment de  Toulouse  tout  le  comté  d'Avignons'estconverty. 

Il  revient  tous  les  jours  des  réfugiez  de  Suisse  qui  n'ont  pu 
trouver  les  moyens  d'y  subsister,  non  plus  que  plusieurs  autres 
en  d'autres  endroits. 

Le  Roy  a  donné  une  pension  de  1500  livres  au  Président 
Barentin. 

Le  Roy  a  fait  enlever  Mlle  de  la  Force  qu'on  a  mise  dans  un 
convent  à  Toulouse. 

Sa  Majesté  a  fait  mettre  dans  plusieurs  convents  plusieurs 
Damoiselles  à  qui  il  a  donné  des  pensions  (Fol.  103  v°)  (2). 

sente  per-  |  sécution.  |  Seconde  édi  tion  |  à  Rotterdam,  |  chez  Abraham  Acher, 
Marchand  Librai-  |  re,  proche  la  Bourse,  1686.  |  Avec  privilège  de  Nossei- 
gneurs les  Estats.  |  (B.N.  Ld  116,  549). 

«  Opposés  premièrement  à  cela  (l'objection  sur  la  facilité  des  conversions 
dont  on  a  tiré  argument  :  «  Si  votre  religion  était  véritable  vous  y  tiendriez 
davantage  »,  en  réponse  au  prélude  de  Bossuet.  Je  ne  m'étonne  pas  que  vous 
soyez  revenus  en  foule,  etc.)  premièrement  plus  de  cent  mille  personnes  qui 
sont  sorties  du  Royaume  depuis  un  an...  Opposés  plus  de  quarante  mille  pri- 
sonniers... 

Opposés  des  personnes  de  qualités,  comme  M.  le  Marquis  du  Bordage  con- 
damné aux  galères,  et  ensuite  à  une  prison  perpétuelle  ;  M.  le  Marquis  de  la 
Musse  qui  attend  tous  les  jours  la  même  condamnation;  Monsieur  le  Marquis 
de  Rochegude,  Messieurs  ses  fils;  M.  le  Marquis  de  Gagni,  M.  Beringhen  et 
toute  sa  famille,  M.  le  Marquis  de  Langé,  M.  le  Marquis  de  l'Ile  du  Gàt  dans 
la  citadelle  d'Angers...  Les  fidèles  de  Dieppe,  du  Havre,  et  autres  lieux  qui  sont 
dans  les  prisons  d'Aumale.  »  (p.  12)  «Opposés  plus  de  six  cents  personnes  qui 
sont  actuellement  aux  galères  pour  la  Religion  :  C'est  un  compte  fait  non  par 
l'esprit  d'hyperbole;  mais  par  un  Catholique  Romain,  Officier  dans  la  marine  el 
demeurant  à  Marseille  (dans  une  lettre  du  27  de  juin  1686).  M.  Louis  deMarolles 
Avocat  de  Sainte-Menehoud . ..  M.  de  Lezan...  (p.  1H).  La  mort  est  plus  facile  a 
souffrir  que  la  question  ordinaire  et  extraordinaire...  (p.  114).  »  —  Relevons 
aussi  quelques  noms  dans  la  Listes  dé\Martyrs  de  la  page  14  :  «  Le  sieur  Teissier 
Vigurer  de  Durfort  dans  les  Cévennes...  pendu...  Le  nommé  Gysor,  brûlé  vif 
à  Nérac,  à  soixante-dix  ans  passés  »...  Fabières  condamné  et  différé...  Rey, 
de  Nismes,  après  avoir  prêché  8  ou  0  mois  dans  les  Cévennes,  exécuté  àBeau- 
caire  le  7  août  ».  Et  Jurieu  conclut  :  «  Déjà  nous  voyons  la  vanité  de  ces  bra- 
vades, qu'en  quatre  mois  on"  n'entendroit  plus  parler  de  Huguenots  en  France. 
Ces  beaux  projets  sont  échoués,  et  la  difficulté  se  trouvera  à  la  queûe  ».  (p.  16). 

(1)  Sourches  écrit  :  «  Il  perdoit  tous  ses  services  et  laissoit  en  France 
cinquante  mille  livres  de  rente,  qui  alloient  être  confisquées  et  il  s'exposait  à 
mourir  de  faim  avec  toute  sa  famille  »  [Ibid.) 

(2)  Notre  chroniqueur  est  ici  assez  incomplet  sur  la  question  des  réfugiés 
II  faut  recourir  à  Sourches  qui  ajoute,  en  date  du  20  janvier,  à  ses  informa- 
tions sur  la  fuite  et  la  capture  de  M.  du  Bordage  :  «  On  apprit  dans  le  même 
temps  que  La  Mulonnière,  lieutenant-colonel  du  régiment  d'Anjou...  (Cf.  plus 
bas,  au  2  février  1686,  p.  172),  homme  de  mérite...  mais  de  la  religion  préten- 
due réformée  et  fort  opiniâtre,  avoit  pris  aussi  le  parti  de  sortir  du  royaume, 


no 


MÉLANGES 


A  Paris  le  30Q  Janvier  4  686. 

Le  Pape  est  encore  plus  inaccessible  qu'il  n'a  jamais  esté,  ce 
qui  fait  que  l'on  ne  sçait  point  le  véritable  estât  de  sa  santé.  Cela 
obligea  les  Cardinaux  d'y  aller  le  sçavoir  eux-mesmes.  Il  a  refusé 
audience  au  Cardinal  Howart  qui  avoit  à  lui  parler  des  affaires  de 
la  dernière  conséquence  pour  l'Angleterre. 

Les  habitants  de  Mondovis  ont  encore  fait  une  sédition,  ce 
qui  a  obligé  le  Duc  de  Savoye  d'y  envoyer  des  troupes  pour  les 
contenir  dans  leur  devoir. 

L'on  n'a  point  encore  de  nouvelles  que  Gastelman  soit  arrivé  à 
Dieppe.  L'on  sçait  qu'il  y  va  avec  luy  plus  de  200  Gentilshommes 
Anglois  des  deux  religions  (Fol.  104). 

Le  Roy  d'Angleterre  a  rendu  deux  écrits  publics  de  la  main  du 
feu  Roy  son  frère,  qui  donnent  à  connoistre  que  ce  prince  estoit 
véritablement  catholique  Romain,  et  qu'il  ne  connoissoit  qu'une 
seule  Eglise  continuée  depuis  Jésus  Christ,  dont  le  Pape  estoit  le 
chef  et  légitime  successeur.  S.  M.  B.  a  entièrement  abrogé  le  ser- 
ment du  Test,  ne  voulant,  plus  qu'il  se  fasse  ny  le  recevoir.  La 
convocation  du  Parlementa  esté  publiée  au  20  de  may,  non  pas 
pour  tenir  aucune  séance,  mais  qu'alors  il  fera  sçavoir  quand  il  le 
voudra  tenir.  Le  Parlement  tenu  en  Escosse  avoit  déjà  supprimé 
le  Test  (Fol.  105). 

Le  Roy  a  témoigné  estre  fâché  de  ce  que  le  marquis  de  Bor- 
dage  a  esté  arresté  sur  les  frontières  auprès  de  Dinan  (1).I1  s'est 
servy  de  la  parole  qu'il  avoit  donnée  au  Roy  pour  se  sauver  plus 
facilement. 

L'on  a  mis  en  prison  plusieurs  femmes  de  cette  ville  qui  chan- 
taient des  pseaumes.  Mlle  Chabot,  tante  du  duc  de  Rohan,  est 
convertie. 

Le  siège  de  l'Église  de  Sens  estant  vacant,  le  chapitre  a  nommé 
4  grands  Vicaires  pour  exercer  toute  la  jurisdiction  qui  luy  estoit 
dévolue.  Ils  ont  esté  avertis  que  cela  seroit  fort  mal  reçu  icy,  et 
qu'on  pourroit  bien  envoyer  les  4  Grands  vicaires  exercer  leurs 

mais  qu'il  avoit  été  pris  sur  la  frontière.  Et  l'on  n'entendoit  alors  parler 
d'autre  chose  que  de  gens  qui  se  sauvoient,  dont  les  uns  étoient  arrêtés,  et 
les  autres  étoient  assez  malheureux  pour  se  sauver.  »  [Ibid.,  p.  35.*iNi.  Il  faut 
lire  la  curieuse  note  où  Sourches  explique  ce  malheur  :  demeurer  «  dans  une 
mauvaise  réligion  »  et  perdre  «  tout  leur  bien  ».  Sourches  signale  aussi  la 
conversion  de  M.  de  Vlllette...  proche  parent  de  Mme  de  Maintenon,  comme 
un  fait  appris  «  dès  la  fin  du  mois  de  décembre  passé.  »  (Ibid.,  p.  335). 

(1)  Sourches  annonce  aussi  l'arrestation  du  marquis:  «  Vers  le  20  de  janvier, 
on  apprit  que  le  marquis  du  Bordage  avait  été  pris  avec  toute  sa  famille 
auprès  de  Mons,  et  même  que  sa  femme  avoit  été  blessée  d'un  coup  de 
mousquet,  on  sut  aussi  qu'on  les  avoit  menés  prisonniers  et  Séparés  en  diffé- 
rentes places  des  conquêtes  du  Roi,  soit  pour  leur  faire  leur  procès,  soi!  pour 
essayer  de  les  convertir.  »  (Ibid.,  p.  355). 


MÉLANGES 


171 


fonctions  aux  A  coings  du  Royaume.  Us  ont  pris  meilleur 
avis  en  nommant  pour  Grand  Vicaire TEvesque  de  Poictiers, 
nommé  par  S.  M.  à  l'archevesché  de  Sens,  qui  ne  peut  avoir  ses 
Bulles  à  cause  des  démêlés  que  nous  avons  avec  la  cour  de 
Rome.  (fol.  105) 

A  Paris,  ce  2  février  1686. 

Le  Duc  de  Savoye  à  l'exemple  du  Roy  veut  faire  convertir  tous 
les  Religionaires  qui  sont  dans  les  valées  de  Luserne,  d'Angro- 
gne,  de  Spein,  le  berceau  du  Calvinisme  et  le  reste  des  anciens 
Vaudois  qui  s'étoient  retirez  dans  ces  quartiers  là;  ce  prince  va 
les  contraindre.  Ils  ne  pourront  plus  estre  secourus  de  personne 
comme  ils  estoient  autrefois  (1). 

L'Empereur  fait  tout  ce  qu'il  peut  pour  obliger  tous  les  princes 
des  Estats  de  l'Empire  de  luy  donner  du  secours  pour  la  campa- 
gne prochaine.  Apparammentqne  ses  troupes  seront  nombreuses. 
Le  Roy  luy  en  a  aussi  promis,  mais  on  ne  sçait  pas  si  c'est  comme 
Roy  de  France  ou  bien  en  considération  de  l'Alsace  ou  des  autres 
estats  séparés  de  l'Empire  et  unis  à  la  France. 

L'on  tient  que  le  Roy  d'Angleterre  n'est  point  content  du  juge- 
ment favorable  qu'a  obtenu  milord  de  la  M  ère,  par  lequel  il  est 
absous  du  crime  de  haute  trahison,  quoyque  tous  les  juges  fus- 
sent les  plus  affectionnez  à  S.  M.  et  les  principaux  officiers  de  son 
conseil.  11  a  fait  publier  une  Quovarento,  terme  du  pays,  pour 
obliger  tous  ceux  qui  possèdent  des  biens  qui  ont  autrefois  esté  à 
l'Eglise,  à  apporter  les  titres  en  vertu  de  quoy  ils  en  jouissent;  ce 
qui  donne  de  l'inquiétude  à  bien  des  gens.  Néanmoins  on  dit  que 
cela  ne  regarde  que  ceux  qui  les  ont  usurpé  sans  titre  valable  mais 
ceux  qui  en  jouissent  par  vente  faite  de  l'autorité  des  roys 
Henry  VIII,  Edouard  VI  et  de  la  Reine  Elisabeth  ne  seront  point 
recherchez.  Il  est  à  remarquer  que  tous  ces  biens  ne  sont  estimez 
et  vendus  en  Angleterre  que  la  moitié  des  autres  héritages. 

Le  roy  a  os  té  la  charge  de  Grand  Ecuyer  au  Comte  d'Armont 
sa  créature  parce  que,  dans  une  desbauche,  il  dit  en  beuvant  la 
santé  du  Roy  :  «  Que  Dieu  le  bénisse,  mais  que  le  Diable  emporte 
celuy  qui  l'a  fait  papiste.  »  Sa  charge  a  esté  donnée  au  baron  de 
Douvres  qui  est  neveu  de  milor  Germain  (Fol.  105). 

Le  Roy  a  donné  permission  au  marquis  de  Ruvigny,  cy  devant 
Agent  général  de  ceux  de  la  Religion,  à  sa  femme,  deux  de  ses 
enfants  et  trois  de  ses  Domestiques  de  se  retirer  en  Angleterre,  où 
il  ne  laissera  pas  de  rendre  de  bons  services  au  Roy  (2). 

1.  Cf.  Sourehes,  au  17  février  :  «  On  sut  en  même  temps  que  les  huguenots 
de  la  vallée  de  Lucerne,  en  Piémont,  avaient  pris  les  armes...  Dès  que  le  Roi 
eut  appris  cette  nouvelle...  il  envoya  ordre  à  six  mille  hommes  de  ses  troupes 
de  passer  les  Alpes...  sous  la  conduite  de  M.  de  Catinat...,  etc.  »  (Lbid.,  p.  363). 

(2)  Sur  Ruvigny  et  son  père,  voir  plus  haut,  p.  20,  au  19  sept.  1685. 


MÉLANGES 


Le  Duc  de  la  Force  a  eu  ordre  du  Roy  de  se  retirer  dans  sa 
maison  de  la  Boulaye  en  Normandie,  où  un  exempt  des  Gardes  du 
corps  lui  tiendra  compagnie,  sa  femme  dans  un  convent,  ses  filles 
à  Ste-Marie  et  ses  fils  aux  Jésuites.  Son  frère  Montpouillant  a  esté 
mené  à  la  Bastille.  La  Melonière(l),  Lieutenant  colonel  du  Régiment 
d'Anjou  a  esté  pris  en  se  sauvant  par  Montald  à  Richeville  au  tra- 
vers de  la  Flandre  espagnole.  Il  menaça  les  habitans  de  les  bras- 
ier s'ils  s'y  opposoient.  On  veut  mettre,  la  Melonière  au  conseil 
de  guerre  et  luy  faire  son  procès  comme  à  un  déserteur. 

Le  Marquis  de  Bordage  a  esté  mené  dans  la  citadelle  de  Lille, 
avec  sa  femme  et  4  autres  Dames.  On  dit  qu'elle  est  morte  estant 
tombée  decheval  (2).  Ce  marquis  dit  qu'il  n'avoit  d'autre  dessein  que 
de  mettre  cesDames  en  sûreté  hors  du  Royaume  (3).  Le  Royadonné 
10  pistoles  à  chaque  païsan  qui  a  aidé  à  le  prendre,  et  1000  livres 
tous  les  ans  de  rabais  au  village  de  Tarbais.  Lorsque  l'on  apprit 
celte,  capture  au  Roy,  le  maréchal  de  Créquy  fut  le  seul  qui  exa- 
géra les  services  que  ce  marquis  avoit  rendus.  Varenne,  lieute- 
nant colonel,  demande  à  revenir  et  sa  grâce. 

Bertillac,  brigadier  et  inspecteur  de  cavalerie  en  Alsace,  a 
trouvé  un  nouveau  expédient  pour  convertir  officiers  et  soldats 
qui  demandent  du  temps  pour  estre  instruits.  11  leur  dit  qu'ils  le 
pourront  plus  facilement  quand  ils  seront  entre  4  murailles  (4). 

Le  Roy  a  fait  un  fonds  pour  rétablir  toutes  les  Eglises  qui  ont 
autrefois  esté  ruinées  par  les  Religionaires.  L'on  a  destiné 
200  millle  livres  pour  le  Languedoc.  L'on  tient  que  toutes  les  pen- 
sions que  le  Roy  donne  aux  nouveaux  catholiques  se  montent  à 
14  cent  mille  livres. 

Il  y  a  4  jours  que  le  Nonce  eût  audience  extraordinaire  duRoy, 
S.  M.  se  plaignit  des  perpétuelles  infractions  que  faisoient  les 
Espagnols  et  que  si  S.  S.  n'y  donnoit  ordre,  il  seroit  obligé  de  se 
faire  justice  et  à  ses  sujets  (Fol.  105  v°). 

A  Paris,  le  5e  février  /68ti. 

Le  Pape,  pour  obliger  le  roi  de  Pologne  de  se  mettre  cette 
année  de  bonne  heure  en  campagne,  fait  un  fonds  pour  luy  envoyer 

(1)  Voir  plus  haut,  p.  169,  note  2,  au  20  janvier. 

(2)  La  nouvelle  est  démentie  plus  bas,  p.  174,  au  9  février  1080. 

(3)  Sourclies  écrit,  au  commencement  de  lévrier  :  «  Dans  le  même  temps, 
on  avait  envoyé  l'abbé  de  Grancey  à  M.  du  Bordage  pour  essayer  de  le  con- 
vertir mais,  comme  il  n'avoit  point  voulu  l'écouter,  le  Roi  avoit  commandé 
qu'on  lui  fit  son  procès  à  la  rigueur.  »  {IbiiL,  p.  302). 

(4)  11  faut  ici  réparer,  à  l'aide  des  Mémoires  du  Marquis  de  Sourclies  une 
omission  de  notre  chroniqueur.  On  y  lit  au  commencement  de  février:  «  En 
ce  temps-là,  le  marquis  de  Bougy,  ci-devant  mestre  de  camp  du  régiment 
colonel-général  de  la  cavalerie  et  qui  étoit  huguenot,  crut  avoir  bien  pris  ses 
mesures  pour  sortir  du  royaume  par  la  Franche-Comte...  mais  il  lui  arrêté 
comme  il  étoit  près  de  passer  en  Suisse  et  conduit  prisonnier  dans  la  cil  a 
délie  de  Besançon.  »  (Sourches,  I.  I,  p.  301). 


MÉLANGES 


17a 


une  somme  considérable.  Quand  le  dernier  courrier  estparty  de 
Rome  pour  la  France,  il  y  avoit  55  jours  que  S.  S.  estoit  dans  la 
solitude  et  que  personne  nestoit  entré  dans  sa  chambre,  à  l'ex- 
ception de  deux  ou  trois  qui  ont  accoutumé  de  le  servir.  Il  a  une 
main  enflée,  et  on  croit  qu'il  devient  éthique  (sic). 

Le  comte  de  Melgar,  gouverneur  de  Milan,  ayant  fait. ériger  sa 
statue  dans  une  des  principales  places  de  cette  ville  pour  servir 
de  monument  à  la  postérité  des  grandes  actions  qu'il  a  faites  pen- 
dant son  gouvernement,  un  capitaine  espagnol  ne  pouvant  souf- 
frir cette  vanité,  s'avisa  d'aller  faire  ses  ordures  au  pied  de  la 
statue  et  d'en  barbouiller  le  visage,  à  la  grande  risée  de  tout  le 
peuple,  qui,  le  matin,  vit  ce  beau  masque.  Le  Gouverneur,  outré 
d'un  tel  affront,  promit  400  pistoles  à  celuy  qui  découvriroit  l'au- 
theur.  Le  Gouverneur  a,  de  son  authorité,  fait  étrangler  ce  capi- 
taine. 

L'armement  de  mer  dont  a  fait  tant  de  bruit  en  Hollande,  ne 
sera  pas  si  grand  que  l'on  avoit  publié,  les  fonds  ne  se  trouvant 
pas  pour  faire  une  telle  despence. 

Milord  de  la  Mere  a  esté  remercier  tous  ses  juges.  Il  a  fait  de- 
mander au  Roy  la  permission  de  luy  aller  baiser  la  main.  Il  a  esté 
fort  bien  reçu.  Il  poursuit  présentement  dans  la  justice  ordinaire, 
Saxon,  principal  témoin  qui  a  déposé  contre  luy,  afin  de  le  faire 
pyloriser  comme  un  calomniateur  ;  mais  l'Àrtourné  (sic  pour  l'at- 
torney) qui  est  comme  en  France  procureur  général  le  poursuit 
comme  criminel  de  haute  trahison  pour  avoir  esté  du  party  de  la 
dernière  rébellion. 

Les  dernières  lettres  d'Angleterre  portent  que  le  Roy  a  mis  un 
nouveau  Gouverneur  dans  la  Tour,  qui  est  catholique. 

L'on  a  donné  un  second  ordre  au  Duc  de  la  Force  d'aller  de  la 
Boulaye  à  Quimpercorantin. 

Mr  Muisson  a  enfin  fait  abjuration;  le  procureur  général  le 
mena  il  y  a  4  jours  saluer  le  Roy  (Fol.  106). 

Mr  de  Saint-Martin  ne  sort  point  de  sa  maison  nymesme  de  son 
lict.  Il  n'a  ny  valet  ny  servante.  Sa  femme  va  au  marché  et  son 
fils  va  faire  les  commissions  en  ville. 

Mr  de  Paris  dit  ces  jours  passez  qu'il  ne  restoit  pas  plus  de 
S0  Religionnaires  à  Paris,  dont  il  n'y  a  qu'un  tiers  d'hommes. 

A  Paris,  ce  9Q  février  J  686. 

La  Reine  Christine  de  Suède,  impatiente  de  sçavoir  la  santé  du 
Pape  et  le  sujet  qui  le  rendoit  si  longtemps  invisible  envoïa  quérir 
son  confesseur  pour  luy  en  demander  des  nouvelles.  Il  assura 
cette  princesse  que  sa  santé  estoit  assez  bonne.  Allez,  lui  dit-elle, 
mon  Père,  vous  devriez  mourir  de  honte  et  de  confusion,  vous 
qui  gouvernez  sa  conscience,  de  ne  le  pas  obliger  à  faire  les  fonc- 
tions qu'il  doit  faire.  Il  y  a  deux  mois  entiers  qu'il  n'a  rien 


174 


MÉLANGES 


signé  el  qu'il  n'a  vu  personne;  ce  n'est  pas  s'acquitter  de  son 
devoir,  et  luy  fit  une  réprimande  fort  sévère.  Il  faut  néanmoins 
tenir  une  congrégation  pour  les  affaires  d'Angleterre  qui  pressent 
entièrement.  Le  cardinal  Howard  la  demande  avec  instance. 

Il  y  a  deux  ordinaires  que  le  courier  d'Angleterre  a  manqué. 
On  dit  que  Mr  Barillon  avoit  fait  sçavoir  par  son  courier  que  le 
Roy  d'Angleterre  avoit  fait  abroger  toutes  les  loix  pénales  contre 
les  catholiques  faites  par  la  Reine  Elizabeth;  mais  il  faut  attendre 
la  confirmation  de  cette  nouvelle. 

Monsieur  et  Madame  Muisson  ont  voulu  faire  leur  conversion 
pendant  la  nuit.  Il  reprendra  sa  place  au  Parlement  et  on  dit  que 
le  Roy  a  la  bonté  de  luy  donner  25  mille  livres  pour  le  dédomma- 
gement de  toutes  les  pertes  qu'il  a  voulu  souffrir. 

L'on  avoit  commencé  de  faire  le  procès  au  Parlement  de  Bri- 
sach  à  16  persones  de  la  Religion  qui  s'estoient  voulu  sauver; 
mais  au  moyen  de  leur  conversion  le  Roy  a  fait  surseoir,  à  la 
réserve  d'une  jeune  damoiselle  qui  a  esté  plus  opiniâtre  que  les 
autres. Ceux  qui  s'estoient  voulu  sauver  ducostéde  la  Flandre  ont 
estéenvoyez  dans  les  citadelles  de  Cambray,de  Tournay  et  deLile. 

La  marquise  du  Bordage  n'est  point  morte  (1). 

Plusieurs  matelots  des  Isles  de  Ré  et  d'Oléron,  qui  sont  de  la 
Religion,  sont  revenus  dans  leurs  maisons.  La  marquise  de  la 
Ferté  en  Normandie,  fille  du  feu  Caron.  n'ayant  pas  voulu  suivre 
l'exemple  de  son  mary  a  esté  mise  dans  un  convent  (Fol.  107). 

Le  Roy  a  donné  sa  maison  de  Brest  aux  Jésuites  avec  2  mille 
livres  de  rentes  des  terres  qui  en  dépendent.  Les  Estats  de  Bre- 
tagne leur  ont  donné  iO  mille  livres  pour  mettre  cette  maison  à 
leur  usage.  Ils  doivent  enseigner  les  mathématiques  maritimes  à 
tousles  officiers  et  cadets  et  loger  tous  les  aumôniers  des  vaisseaux. 

Il  se  lit  hier  un  service  en  Sorbone  pour  feu  Mr  le  Chancelier. 
Le  Sieur  Hersan  Docteur  a  fait  l'oraison  funèbre  en  latin  qui  a  ravi 
l'assemblée  (Fol.  107  v°). 

A  Paris,  le  1 3{'  février  i  6 8  6 . 

Le  Pape  a  enfin  paru.  Il  a  assisté  à  un  consistoire  qui  s'est 
tenu  pour  les  affaires  d'Angleterre.  Son  sentiment  estoit  que  son 
Nonce  Dada  ne  parût  point  publiquement  en  cette  qualité,  mais 
que  S.  M.  B.  qui  estoit  sage  et  prudente,  en  feroit  comme  elle  le 
trouveroit  à  propos. 

L'on  a  représenté  à  S.  S.  que  le  nombre  des  cardinaux  qui 
restoit  n'estoit  pas  suffisant  pour  le  grand  nombre  des  Congréga- 
tions qu'on  estoit  obligé  de  tenir  à  cause  que  les  affaires  a  voient 
augmenté.  S.  S.  a  permis  à  son  neveu  de  porter  la  perruque  courte 
pourvu  qu'il  fût  toujours  habillé  fort  modestement,  il  ne  veut 

(I)  Voir  plus  haut,  |>.  17J,  au  2  février  1686, 


MÉLANGES 


175. 


point  qu'il  sorte  du  Vatican  et  ne  se  peut  déterminer  quel  estât  il 
veut  qu'il  embrasse.  11  ne  veut  point  qu'il  soit  marié;  il  ne  veut 
pas  aussi  le  faire  cardinal. 

L'on  a  voulu  faire  une  ordonnance  dans  les  États  généraux  pour 
chasser  tous  les  moines  et  religieux  des  Provinces  Unies.  La  ville 
d'Amsterdam  n'a  point  voulu  y  consentir,  ce  qui  a  empesché  la 
province  d'Hollande  d'y  avoir  conclu.  Ainsi  l'affaire  est  demeurée 
sans  exécution. 

Un  ministre  françois  a  presché  dans  une  ville  d'Hollande  qu'on 
n'y  devoit  point  souffrir  publiquement  les  Papistes  pour  le  ressen- 
timent qu'on  devoit  avoir  de  tout  ce  qu'on  avoit  fait  en  France 
contre  leurs  frères.  Le  magistrat  a  fait  venir  le  prédicateur  et  luy 
a  dit  que  ses  discours  estoient  séditieux  et  capables  de  troubler 
le  repos  de  l'Estat,  qu'à  l'avenir  il  eut  à  prescher  contre  les  vices 
et  une  bonne  morale. 

..  Les  Irlandois  catholiques  à  qui  Gromwell  avoit  osté  les 
biens  à  cause  de  leur  religion,  espéroient  que  le  Roy  estant  catho- 
lique, les  retabliroit  dans  iceux,  mais  S.  M.  B.  n'a  pas  trouvé  à 
propos  de  rien  innover  (Fol.  108). 

On  tient  que  le  Roy  d'Angleterre  veut  que  monseigneur  Dada 
fasse  publiquement  ses  fonctions  de  Nonce  et  qu'il  ait  une  cha- 
pelle publique  chez  luy.  Dans  peu  on  sçaura  de  quelle  manière 
cela  aura  esté  exécuté.  L'on  avoit  oublié  de  remarquer  que 
S.  M.  B.  faisant  mademoiselle  Sidler  (sic  pour  Sidley)  (1)  comtesse 
Dorcester,  luy  avoit  imposé  de  se  retirer  de  la  cour." 

Les  loix  pénales  n'ont  pas  esté  révoquées  en  Angleterre  par 
aucun  édit;  mais  elles  ne  sont  plus  exécutées.  Mais  si  quelqu'un 
s'avise  de  poursuivre  Uncatholique  pour  sa  religion,  le  juge  répond 
qu'il  aies  mains  liées  et  que  le  Roy  s'est  réservé  d'en  connoître. 

La  princesse  de  Tarante,  tante  de  Madame  a  eu  permission  de 
se  retirer  du  Royaume  avec  deux  filles  de  sa  religion  seulement  (2). 

Il  ne  se  tient  point  un  seul  conseil  pour  les  affaires  de  la  Reli- 
gion où  le  Roy  ne  fasse  des  libéralités  fort  considérables  aux  nou- 
veaux catholiques.  Ces  jours  passez  le  marquis  de  Sourches,  grand 
prévost  de  France,  tomba  évanoui  d'une  vapeur;  il  le  falut  em- 
porter et  n'est  revenu  qu'avec  une  grosse  lièvre.  Gela  a  empêché 
le  jugement  d'un  officier  appelé  l'Estang,  accusé  de  cet  assassinat 
qui  se  fit  l'esté  passé  à  Versailles. 

A  Paris,  le  1 6e  février  1686 

Le  Roy  de  Pologne  a  dessein  de  faire  une  levée  à  ses  dépens 
de  6000  hommes  et  de  commencer  la  campagne  beaucoup  plus 
tostque  les  années  passées,  persuadé  qu'il  est  que  cela  avancera 
beaucoup  le  grand  dessein  qu'il  a  de  mettre  la  couronne  sur  la 

(1)  Voir  plus  haut,  p.  90,  note  3,  au  21  novembre  1685. 

(2)  Voir  plus  haut,  p.  560,  au  9  janvier  1686. 


176 


MÉLANGES 


teste  de  son  fils,  assuré  qu'il  est  que  la  France  n'y  mettra  point 
d'empeschement,  mais  au  contraire  l'assistera  puissamment.  Et 
c'est  là  le  principal  sujet  pourquoy  le  grand  chancelier  de  Polo- 
gne est  venu  en  France. 

Il  est  mort  à  Berlin  vingt  François  protestants  en  deux  jours, 
de  chagrin  et  de  misère.  Cela  fait  voir  que  l'Électeur  de  Brande- 
bourg ne  tient  pas  bien  les  belles  promesses  qu'il  avoit  fait  publier 
d'assister  tous  les  François  qui  se  voudroient  retirer  chez  luy  pour 
cause  de  Religion.  Il  a  pourtant  fait  plusieurs  gratifications. 

La  comtesse  Dorcester(l)  se  retire  en  Hollande  où  S.  M.  B.  luy 
fera  tenir  ses  pensions  et  où  tous  les  revenus  luy  seront  portez. 
Un  vaisseau  prest  à  venir  en  France  a  esté  arresté  dans  un  port 
d'Angleterre  à  cause  de  la  grande  quantité  de  François  qui  estoient 
dedans  pour  revenir.  L'Ambassadeur  de  France  l'ayant  seû  en  a 
porté  ses  plaintes  à  S.  M.  B.  On  ne  doute  point  qu'il  n'en  ait  main 
levée.  S.  M.  B.  a  fait  faire  icy  des  plaintes  de  ce  que  l'on  rete- 
noit  plusieurs  Anglois  qui  s'estoient  habituez  en  France  et  qui 
n'ont  point  esté  naturalisez.  On  les  veut  obliger  aux  dernières 
Déclarations  que  le  roy  a  faites.  Cette  affaire  est  en  négociation. 

Le  maréchal  de  Schomber  a  la  permission  de  se  retirer  avec 
sa  femme  et  un  de  ses  fils  en  Portugal  où  il  est  Grand  de  cette 
couronne,  fort  estimé  pour  les  bons  services  qu'il  y  a  rendus  (2). 
Son  séjour  n'y  sera  pas  inutile  pour  le  service  du  Roy,  non  plus 
que  celuy  du  marquis  de  Ruvigny  en  Angleterre. 

Le  Duc  de  la  Force  esperoit,  pour  son  retour  de  s'estre  fait 
catholique,  le  Gouvernement  de  Guyenne  avec  190  mille  escus 
pour  payer  ses  deptes;  mais  au  lieu  de  cela  il  a  eu  le  séjour 
de  Quimpercorantin. 

Mr  Duquesne  va  se  retirer  à  la  maison  d'Eaubonne  en  Suisse 
On  luy  a  supprimé  son  marquisat  et  toutes  ses  pensions.  (En 
marge  on  lit,  au  crayon,  d'une  main  récente:  erreur.) 

Par  les  Déclarations  qui  ont  esté  données  en  faveur  des  Curez, 
les  Bénédictins  seuls  y  perdent  20  mille  livres  de  rentes.  On  prétend 
que  c'est  Mrle  Chancelier  qui  a  donné  lieu  à  ce  règlement,  y  ayant 
plus  de  vingt  ans  qu'il  avoit  cela  dans  le  teste.  Il  se  minute  encor 
une  autre  Déclaration  pour  le  Règlement  des  Ecclésiastiques. 

Le  mariage  du  prince  de  Tingris  est  remis  après  les  Pasques. 
Celuy  de  Mr  d'Ervard(3),  conseillera  lacour  avec  mademoiselle  de 
Bretonvillers  est  consommé.  Elle  a  eu  CC  mille  livres  au  contrat  et 
aura  encore  CC  mille  livres.  Mlle  Roland  est  bien  trompée:  elle 
espréoitle  morceau  pour  elle. 

Eugène  Griselle. 

(A  suivre.) 

(1)  Voir  plus  haut  (p.  175),  au  13  février.  —  (2)  Voir  Sourchcs,  t.  1.  p.  317. 
—  (3)  Voir  plus  haut,  p.  55G,  au  29  décembre  1685. 


SÉANCES  DU  COMITÉ 


177 


SÉANCES  DU  COMITÉ 


9  février  1909 

Assistent  à  la  séance  sous  la  présidence  du  baron  F.  de  Schic- 
kler,  MM.  d'Amboix  de  Larbont,  G.  Bonet-Maury,  Chatoney,  P. 
de  Félice,  H.  Monod,  J.  Pannier,  F.  Puaux,  R.  Reuss,  E.  Rott  et 
N.  Weiss.  M.  J.  Viénot  se  fait  excuser. 

Après  la  lecture  et  l'adoption  du  procès-verbal  de  la  dernière 
séance,  le  président  souhaite,  au  nom  du  Comité,  la  bienvenue  à 
notre  nouveau  collègue  M.  le  général  d'Amboix  de  Larbont,  qui 
représente  parmi  nous  un  des  plus  anciens  noms  huguenots,  et 
une  province  qui  s'est  particulièrement  distinguée  dans  la  lutte 
pour  la  liberté  religieuse. 

Le  secrétaire  rend  compte  de  la  demande  qu'il  a  faite  auprès 
de  M.  Abei  Lefranc.  Celui-ci  l'a  assuré  que  ni  le  sénateur  ni  la 
municipalité  de  l'Oise  ne  pourraient  voir  de  mauvais  œil  qu'une 
plaque  commémorative  soit  posée  sur  ce  qui  reste  de  la  maison 
de  Calvin  à  Noyon  et  lui  a  conseillé  d'aller  voir  directement 
M.  Noël,  sénateur  de  l'Oise  et  maire  de  Noyon. 

Puis  il  communique  au  Comité  la  réponse  de  M.  le  Pasteur 
Cornet-Auquier.  Elle  fixe  provisoirement  l'assemblée  générale  de 
notre  Société  à  Chalons-sur-Saône,  au  lundi  5  juillet  et  propose  un 
programme  d'après  lequel  M.  le  pasteur  Cornet-Auquier  se  char- 
gerait de  raconter  l'histoire  du  protestantisme  à  Châlons  depuis 
1560  jusqu'à  1685  et  demanderait  au  président  et  au  secrétaire  de 
compléter  cet  exposé  historique  en  se  chargeant  des  périodes 
antérieure  et  postérieure  à  celle  qu'il  traiterait  lui-même.  Le 
président  remarque  que  d'après  une  invitation   parvenue  de 
Genève  à  l'Union  des  Églises  Unies,  les  fêtes  commémoratives 
du  400e  anniversaire  de  la  naissance  de  Calvin  commenceront 
avant  le  5  juillet  et  qu'il  faudrait  par  conséquent  fixer  la  date  de 
l'assemblée  générale  au  jeudi  1er  juillet.  Le  secrétaire  correspon- 
dra dans  ce  sens  avec  M.  Cornet-Auquier.  Plusieurs  membres  du 
Comité  se  proposent  d'accompagner  le  président  et  le  secrétaire 
à  Châlons,  en  se  rendant  de  Paris  à  Genève. 

Le  secrétaire  est  prié  ensuite  de  donner  quelques  détails  sur 
le  premier  fascicule  du  Bulletin  de  1909,  après  quoi,  il  signale 
dans  l'article  nécrologique,  la  mort  d'un  de  ses  membres  hono- 
raires, M.  William  Morris  Beaufort,  trésorier  de  l'Église  épisco- 
pale  française  de  la  Savoy,  et,  comme  l'explique  le  président, 
fils  de  l'amiral  sir  Francis  Beaufort,  qui  inventa,  pour  les  marins, 
un  système  de  cryptographie  d'une  simplicité  extrême  en  même 

12 


.178 


SÉANCES  DU  COMITÉ 


temps  que  combiné  de  manière  à  ne  pouvoir  être  découvert  par 
les  non  initiés.  —  Quelques  jours  apiès  ce  décès,  nos  collègues 
anglais  perdaient  aussi  leur  aimable  et  dévoué  secrétaire  hono- 
raire M.  Reginald  Stanley  Faber  qui  était  l'un  des  fondateurs, 
avec  M.  A.  Giraud  Browning,  de  la  Société  huguenote  de  Londres. 

Bibliothèque.  —  Le  président  dépose  une  copie  ancienne  d'un 
bref  adressé  par  le  pape  Paul  V  à  Sully  pour  l'encourager  à  abju- 
rer le  Protestantisme.  —  M.  Henry  Wagner  nous  a  envoyé  une 
collection  des  généalogies  qu'il  a  dressées  avec  beaucoup  de 
patience  et  de  précision.  Voici  la  liste  des  familles  auxquelles 
elles  sont  consacrées  :  Auber,  Baril,  Berchère,  Chalié,  Comarque 
Combrune,  d'Abzac,  de  Langle,  Desaguliers,  de  Varennes,  deVay- 
nes,  du  Moulin,  Dury,  Ferard,  La  Chaumette,  La  Primaudaye, 
Ligonier,  Liron,  Mallel,  Maty,  Petitot.  Portal.es,  Reneu,  Romilly, 
Saint-Leu,  Silvestre,  Teulon,  Trapaud.  —  M.  le  pasteur  Guion, 
de  Guelma,nous  a  lait  don  d'un  psautier,  Amsterdam  1 64-4,  qui 
manquait  à  notre  collection. —  Enfin  nous  avons  reçu  les  5  à  600 
volumes  envoyés  par  la  marquise  d'Arconati-Visconti  ;  —  et,  de 
la  part  de  M.  E.  de  Faye,  une  collection,  reliée,  de  pamphlets  ou 
brochures  ayant  trait  à  la  disruption  de  l'Église  protestante 
d'Écosse  en  1840.  et  années  suivantes. 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


Une  paroisse  parisienne  avant  la  Révolution. 

C'est  d'une  paroisse  catholique  qu'il  s'agit,  de  celle  de  Saint- 
Hippolyte,  au  faubourg  Saint-Marcel,  supprimée  par  décret  du 
4  février  1791,  qui  réduisit  à  33  les  52  paroisses  de  la  capitale  : 
«  son  territoire  et  celui  de  Saint-Martin-du-Cloître  furent  réunis 
pour  former  la  circonscription...  de  Saint-Marcel  »  avec  l'an- 
cienne collégiale  de  ce  nom  comme  église.  Son  existence  vient 
d'être  res suscitée  par  M.  l'abbé  Jean  Gaston,  vicaire  à  Saint- 
Franc  ois-de-Sales,  pour  fournir  une  «  contribution  à  l'histoire 
religieuse  et  artistique  de  l'ancien  Paris  »  qui  sort  du  cadre  habi- 
tuel de  ce  Bulletin  et  n'y  pourrait  être  introduite  avec  quelque  rai- 
son que  si  elle  s'occupait',  fût-ce  incidemment,  du  protestantisme 
parisien  (  I).  Il  n'en  est  rien.  C'est  à  peine  si  quelques  allusions, 
plus  ou  moins  aimables,  rappellent  la  présence  d'une  confession 

(1)  Ce  qui  eût  été  facile,  plusieurs  membres  cl  non  dos  moindres,  des 
familles  importantes  des  Gobelins  cl  des  Canaye  ayant  adhéré  ô  la  Réforme 
dès  l'origine,  —  puisqu'un  Canaye  correspondait  déjà  avec  Farel  —  ci  ayant 
été  persécutés  pour  celle  raison  jusqu'à  l'époque  de  la  Révocation.  /><  </. 


CHRONIQU E  LITTÉ UAIRE 


179 


rivale,  allusions  du  genre  de  celle-ci  :  «  Les  dernières  années  du 
curé  Eustaehe  Savary  furent  attristées  par  l'apparition  de  la  Ré- 
forme... Il  ne  vécut  pas  assez  pour  être  témoin  des  scènes  de 
carnage  qui  ensanglantèrent  la  maison  du  Patriarche  et  l'église 
Saint-Médard  le  27  décembre  1561 .  Mais  dès  1560,  les  calvinistes 
s'étaient  enhardis  jusqu'à  briser  une  image  de  N.-S.  qui  se  trou- 
vai t.  au -dessus  de  la  porte  de  la  Maladrerie  Saint- Valère,  rue  de 
Lourcine.  Une  procession  de  réparation  fut  ordonnée,  etc.  » 
(p.  37)  ».  Ou  bien  p.  46  :  «  Le  nouveau  curé  dut  connaître  de  vives 
émotions,  lorsque  le  17  juillet  1590  les  troupes  du  sieur  de  Châtil- 
lon,  qui  logeaient  à  Gentilly,  envahirent  l'église  des  Cordelières, 
profanèrent  et  pillèrent  le  couvent...  Qui  sait  si  Saint-Hippolyte 
n'eut  pas  à  souffrir  de  leurs  déprédations,  car  ces  compagnies 
logèrent  le  soir  à  l'abbaye...  ». 

Le  jansénisme  n'est  pas  mieux  traité  que  le  protestantisme  : 
«  Pourquoi  faut-il,  lisons-nous  p.  97  à  propos  du  curé  Ravissas 
(1703-1733),  que  nous  ayons  à  signaler  chez  un  curé  aussi  zélé  et 
aussi  charitable  un  attachement  opiniâtre  au  jansénisme,  dont  il 
ne  se  départit  jamais.  Son  nom  se  trouve  au  bas  de  toutes  les 
requêtes  adressées  au  cardinal  de  Noailles  par  le  groupe  jansé- 
niste des  curés  de  Paris  et  de  la  banlieue.  Il  ne  se  départit,  pas 
même  à  la  mort,  de  sa  funeste  erreur.  » 

Saint-Hippolyte,  démoli  partiellement  en  1807  et  complète- 
ment en  1867,  «  fut  l'église  paroissiale  de  la  Manufacture  royale 
des  Gobelins.  Elle  a  vu  se  dérouler  sous  ses  nefs  de  brillantes  pro- 
cessions où  Lebrun  figurait  en  qualité  de  marguillier  d'honneur. 
Mignard  a  admiré  ses  précieux  vitraux...  Tous  les  grands  noms 
des  Gobelins  figuraient  sur  ses  registres,  »  qui  brûlèrent  en  1871  ; 
mais  l'auteur  a  «  dressé  un  répertoire  de  plus  de  600  actes  qui 
leur  sont  empruntés,  et  au  jugement  de  plusieurs  personnes  com- 
pétentes, ce  répertoire  ne  sera  pas  la  partie  la  moins  utile  ».  Il 
comprend  la  période  de  1604  à  1791  et  figure  en  appendice, 
p.  156-185.  Le  volume  compte  208  p.,  est  orné  de  12  gravures  et 
plans,  et  a  paru  à  la  librairie  des  Saints-Pères  en  1908. 

Th.  Schoell. 


Portraits  de  Madame  de  Maintenon. 

Madame  de  Maintenon  est  une  de  ces  personnes  qui  continue- 
ront encore  longtemps  à  faire  noircir  du  papier.  Le  grand  nom- 
bre de  documents  émanant  d'elle  ou  la  concernant,  qui  ont  été 
publiés  (1),  n'ont  pas  réussi  à  éclaircir  définitivement  les  côtés  mys- 

(1)  En  dernier  lieu  par  M.  le  Comte  d'Haussonville  etM.  G.  Hanotaux,  sous 
le  titre  de  Souvenirs  sur  Madame  de  Maintenon,  en  3  vol.  in-8,  chez  Galmann- 
Lévy. 


180 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


térieuxd'un  caractère  et  d'une  carrière  assurément  peu  ordinaires. 
On  trouvera,  plus  haut,  p.  14 7-128,  sur  ses  cousins  de  Saint-Her- 
mine, une  étude  qui  ajoute  quelques  traits  à  ceux  que  notre 
collaborateur  M.  H.  Gelin  a  rassemblés  ici-même,  en  1900,  sur 
Madame  de  Maintenon  conver  tisseuse,  et  qui  faisaient  suite  à  son 
étude  critique  sur  Françoise  d'Aubigné,  extraite  en  1899  du  Mer- 
cure Poitevin.  Nous  voudrions  signaler  aujourd'hui  à  ceux  que  le 
sujet  intéresse  deux  publications  récentes  qui  permettent,  l'une 
et  l'autre,  de  se  représenter  la  célèbre  petite-fille  du  grand  Agrippa 
d'Aubigné,  au  physique  et  au  moral,  du  moins  autant  que  cela  est 
possible  à  deux  siècles  de  distance  et  d'après  des  renseignements, 
sinon  absolument  dignes  de  foi,  du  moins  contemporains. 

M.  Henri  Gelin  a  publié  en  1907,  dans  les  Mémoires  de  la  So- 
ciété historique  et  scientifique  des  Deux-Sèvres,  et  fait  tirer  à  part, 
en  un  volume  de  128  pages  in-8°  (Niort  imprimerie  Th.  Mercier), 
une  curieuse  étude  iconographique  sur  la  célèbre  marquise.  Nous 
avons  ajouté  ce  qualificatif  au  travail  de  M.  Gelin,  non  seulem  ent 
parce  qu'il  y  a  réuni  une  foule  de  renseignements  curieux,  mais 
encore  parce  que,  malgré  cette  abondance,  il  ne  formule  guère  de 
conclusion  ferme.  Parmi  les  nombreux  portraits  qu'il  énumèreet 
qui  se  trouvaient  surtout  à  Saint-Cyr,  il  y  en  a  à  peine  d  eux  ou  trois 
au  plus  qu'il  veut  bien  considérer  comme  de  véritable  s  portraits, 
et  encore!  En  réalité  il  n'y  en  a  qu'un  seul,  une  gravure  de  Gifîart 
exécutée  en  1687,  alors  que  Madame  de  Maintenon  avait  52  ans 
dont  il  dit  (p.  48)  :  «  On  ne  se  fût  pas  permis  d'offrir  à  la  toute- 
puissante  marquise  un  portrait  qui  ne  l'eût  pas  satisfaite  au  point 
de  vue  de  l'art  et  de  la  ressemblance.  »  Après  cette  gravure,  M.  G. 
consent  à  discuter  et  à  admettre  comme  pouvant  représenter 
Madame  de  Maintenon  la  peinture  attribuée  à  Mignard  qui  est  au 
Louvre  et  date  de  1694  —  mais  n'est  probablement  pas  de  Mignard 
—  et  une  autre,  au  musée  de  Versailles,  peut-être  de  1692,  et 
attribuée  à  Ferdinand  Elle.  Cet  Elle,  ou  très  vraisemblablement 
Elie  Ferdinand,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  son  fils  Louis,  était 
un  des  huguenots  qui  fit  partie  de  l'Académie  de  peinture  et  de 
sculpture,  en  fut  exclu  le  10  octobre  1681  à  cause  de  sa  religion, 
et  qui  abjura  et  fut  en  conséquence  réintégré  le  1er  décembre 
1685  (Bull.  1907,  p.  67).  Nous  donnons,  grâce  à  l'obligeance  de 
M.  G.,  la  reproduction  qu'il  a  publiée  du  portrait  de  Madame  de 
Maintenon  tenant  entre  ses  genoux,  sa  nièce  Françoise-Amable 
d'Aubigné,  fille  de  son  frère,  et  qui  devint  Mme  de  Noailles. 

Nous  nous  garderons  bien  de  discuter  les  attributions  ou  les 
critiques  de  M.  Gelin.  Nous  vivons  à.  une  époque  où  les  œuvres 
jusqu'ici  les  moins  contestées  sont  considérées  comme  apocryphes 
ce  qui  est  facile,  vu  l'absence  absolue  de  certificats  d'origine,  Ainsi 
l'on  se  demande  pourquoi  le  portrait  de  Madame  de  Maintenon 
appartenant  à  M.  Léon  Dru  et  qui  a  élé  reproduit  en  tête  du  tome  11 


Madame  de  Maintenon,  d'après  E.  Ferdinand. 
1692. 


m 


Cl I RONIQUE  LI ÏTÉRA IRE 


des  Souvenirs  sur  Madame  de  M.,  serait  moins  authentique  que 
celui  d'après  lequel  a  été  exécutée  la  gravure  de  Gifï'ard,  et  surtout 
comment  l'artiste  moderne  qui  l'aurait  exécuté  s'y  serait  pris 
pour  en  «  emprunter  »  les  éléments  «  aux  toiles  de  Ferdinand  et 
de  Mignard  ».  Nous  hasarderons  une  seule  remarque.  Parmi  les 
portraits  devant  représenter  Madame  de  Maintenon  figure  en  pre-Y 
mière  ligne  l'émail  de  Petitot  dont  on  a  ici  une  reproduction  sous 
les  yeux.  La  ressemblance  entre  cet  émail  et  le  portrait  de  Gifï'ard 
que  M.  Gelin  affirme  ressembler  à  l'original  est  frappante.  Elle  est 
même  tout  à  l'avantage  rie  Petitot  où  l'expression  et  le  mouvement 
de  la  figure  paraissent  bien  plus  nalurels  que  dans  la  gravure  de 


Madame  de  Maintenon, 
d'après  Petitot. 

Giffard.  M.  G.  ne  l'en  considère  pas  moins  comme  «  un  apocryphe 
évident  »  (p.  55). 

Oui,  si  cet  émail  devait  être  postérieur  à  16S7.  Or  il  est  Uès 
évidemment  antérieur,  puisqu'il  celte  date  Petitot  était  une  des 
victimes  de  la  Révocation.  Pourquoi  donc  ne  pas  admettre,  — 
puisque  Gifï'ard  n'a  très  certainement  pas  gravé  son  portrait  d'après 
nature,  mais  sans  doute  d'après  une  peintnre  ou  un  dessin  ou 
disparus  ou  non  encore  retrouvés,  que  cet  original  est  à  la  base 
du  travail  de  Giffard  et  de  Petitot  et  a  été  reproduit,  plus  artisti- 
quement par  ce  dernier  que  par  le  premier?  Petitot  était  un  artiste 
trop  célèbre,  trop  apprécié  à  sa  juste  valeur,  aussi  bien  —  fait 
rare  —  par  ses  contemporains  que  par  les  modernes,  pour  qu'on 
puisse  affirmer  que  les  nombreux  portraits  de  personnages  offi- 
ciels de  son  temps,  qu'il  a  exécutés,  n'ont  aucuno  valeur  documen- 
taire. 

L'autre  volume  sur  Madame  de  Maintenon  dont  il  nie  reste  à 


CHRONIQUE  LITTÉ  R A I R E 


183 


dire  quelques  mois,  a  été  écrit  par  M.  T.  Pilastre.  Il  est  intitulé  : 
Vie  et  caractère  de  Madame  de  Maintenon  d'après  les  œuvres  du  duc 
de  Saint-Simoîi  et  des  documents  anciens  ou  récents,  in-8°  de 
170  pages  ornées  de  reproductions  de  portraits,  vues  et  autographe 
(Paris,  Alcan,  1907).  M.  Pilastre  a  réuni  dans  cet  intéressant  volume 
qu'on  consultera  d'autant  plus  volontiers  qu'il  se  termine  par  un 
index,  tous  les  principaux  jugements  émis  sur  Madame  de  Main- 
tenon  par  ses  contemporains  et  par  quelques  modernes.  Celte 
collection  de  remarques  et  d'appréciations  diverses  auxquelles  ont 
donné  lieu  les  événements  successifs  de  la  carrière  si  mouvemen- 
tée et  si  remarquable  de  la  dernière  femme  du  grand  roi,  est 
extrêmement  instructive  et  piquante.  On  ne  peut  pas  dire  que 
l'objet  de  toutes  ces  réflexions  ait  eu,  de  son  temps,  ce  qu'on 
appelle  «  une  bonne  presse  ».  Si  ici,  comme  ailleurs,  il  faut  sans 
doute  tenir  compte  de  la  malignité  humaine  et  de  l'envie  que 
devait  faire  naître  une  fortune  extraordinaire,  —  il  n'en  est  pas 
moins  vrai  qu'on  éprouve  une  impression  peu  sympathique.  On 
rend  justice  à  l'intelligence,  à  la  beauté,  à  la  volonté,  mais  on 
cherche  le  cœur  et  —  quelque  surprenant  que  cela  puisse  paraître 
—  la  conscience. 

N.  Wetss. 


Un  nouveau  portrait  de  Coligny. 

On  trouvera  plus  loin,  en  tête  de  la«  Correspondance  »,  l'échange 
de  lettres  qui  eut  lieu  entre  le  président  de  notre  Société  d'His- 
toire et  le  directeur  du  Gaulois  à  propros  de  ce  «  nouveau  por- 
trait ,  c'est-à-dire  du  résumé  écrit  àl'usagedes  lecteurs  du  Gau- 
lois, par  l'auteur  d'un  livre  intitulé  U amiral.  Coligny,  la  Maison 
de  Châtillon  et  la  révolte  protestante  (Pion).  Cet  auteur  est  le 
même  M.  Charles  Merlu  qui  fit  paraître  dans  le  Mercure  de  France 
du  15  octobre  1907,  sur  ou  plutôt  contre  Jean  Calvin  et  la  Réforme 
protestante  de  Genève,  une  collection  d'outrages  que  M.  le  profes- 
seur E.  Doumergue  s'est  donné  la  peine  de  contrôler  dans  deux  ar- 
ticles de  Foi  et  Vie  (1er  et  15  février  1908),  et  dans  laquelle  il  n'a 
pas  pu  découvrir  une  seule  ligne  qui  ne  fût  une  calomnie. 

Peine  superflue  en  vérité,  cette  littérature  ne  prenant  les  allures 
de  l'histoire  que  pour  exprimer  sous  cette  forme  l'antipathie  ou 
plutôt  le  sentiment  de  répulsion  que  certains  bons  catholiques  (1) 
feignent  d'éprouver  à  l'endroit  du  Protestantisme. 

S'il  en  était  autrement,  on  ne  lirait  pas  dans  le  Mercure  (1907, 
p.  425),  des  phrases  comme  celle-ci:  «  Philippe  II  n'a  jamais  été  sym- 

(1)  Dont  quelques  uns  eurentdes  ancêtres  qui  n'eurent  pas  assez  de  courage 
ou  de  vertu  pour  rester  huguenots. 


184 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


pathique...  Cependant,  il  y  a  une  autre  grandeur  chez  cet  homme 
voué  à  l'exécration  universelle  et  dont  toute  la  vie,  tous  les  actes, 
toute  la  politique  furent  implacablement  dominés  par  la  Raison 
d'État  ».  Essayez  de  comprendre  ce  que  c'est  que  cette  raison 
d'État,  avec  deux  majuscules,  ou  plutôt  demandez-le  à  l'auteur, 
il  sera  bien  embarrassé  pour  vous  répondre. 

11  en  serait  de  môme  si  vous  lui  demandiez  comment  il  peut  ' 
écrire  de  Coligny  (Gaulois  30-31  janvier  1909)  (4)  :  «  Personnage 
de  petite  valeur  —  de  second  ordre,  qui  s'est  trouvé  placé  au 
premier  plan  —  il  ne  cherchait  que  sa  grandeur  personnelle  et 
î 'influence  politique  de  son  parti  »  et  ajouter,  en  guise  de  preuve 
sans  doute,  «  il  avait  du  lion,  mais  aussi  du  renard  »  dit  Bran- 
tôme »,  —  car  un  personnage  qui  a  du  lion  n'est  pas  précisément 
«  de  petite  valeur  »  !  Puis,  à  quoi  bon  consacrer  à  un  si  petit  per- 
sonnage une  aussi  copieuse  série  d'injures?  L'auteur  l'a  senti 
apparemment  puisqu'à  la  fin  de  ce  remarquable  article  il  se 
demande  :  «  Mais  que  reste-t-il  alors  de  ce  grand  homme  ?...  Il 
reste  l'attitude,  plus  importante  qu'on  ne  pense.  Nul  n'incarna 
•davantage  le  caractère  hargneux  du  protestantisme  ».  Vous  avez 
bien  lu,  n'est-ce  pas  ;  ce  sont  les  protestants  qu'on  traite  avec  cette 
aménité  modem  style  qui  ont  «  le  caractère  hargneux.  »  Songez 
donc,  ils  n'ont  même  pas  l'idée  de  trouver  naturelles  des  phrases 
comme  celle-ci  :  «  Coligny,  éventré  dans  un  coin  comme  une 
hête  malfaisante,  fut  traîné  dans  la  boue  aux  hurlements  de  la 
populace  »  —  ou  celle-ci  que  l'auteur  prête  à  l'amiral,  et  qui  est 
vraiment  bien  en  situation  :  «  Encore,  si  c'était  l'épée  d'un  cava- 
lier, mais  l'épieu  d'un  goujat  !...  »  (2). 

N.W. 


(1)  Nous  ne  citons  pas  le  livre  qui,  bien  entendu,  ne  nous  a  pas  été  adressé 
pas  plus  qu'aucun  autre  publié  par  la  maison  Pion. 

(2)  Le  Journal  des  Débals  a  cru  devo.ir  faire  ses  réserves  en  ces  termes: 
«  Ce  n'est  point  par  des  déclamations  violentes  qu'on  peut  faire  avancer  la 
vérité»...  Mais  l'auteur  de  cette  note,  qui  signe  B.  P.,  l'a  fait  précéder  de  ces 
«  considérants  »  qui  prouvent  qu'au  fond  il  ne  critique  que  le  ton  du  livre  de 
M.  M.  :  «  A  coup  sûr  Coligny  fut  un  chef  de  parti,  ne  séparant  pas  son  ambi- 
tion de  ta  question  religieuse...  ne  combattant  le  gouvernement  d'alors  que 
quand  il  lui  était  démontré  qu'il  ne  pouvait  l'exploiter  à  son  profit...  Si  les 
protestants  s'allient  aux  Anglais  et  aux  Allemands,  les  catholiques  font  venir 
des  mercenaires  italiens,  suisses  et  espagnols.  Si  les  prolestants  massacrent 
et  brûlent,  les  catholiques  se  vengent...  Si  l'amiral  Coligny  ne  peut  se 
défendre  de  complicité  dans  l'assassinat  du  duc  de  Cuise...  «etc. 

Or,  M.  B.  P.  le  sait  aussi  bien  que  moi,  s'il  est  un  fait  établi,  c'est  le 
désintéressement  de  Coligny  et  l'exploitation  du  pouvoir  parles  Cuises;  — 
que  ces  derniers  et  non  les  protestants,  firent  les  premiers  appel  à  l'étranger 
—  que  les  guisards  commencèrent  par  massacrer  et  brûler;  —  que  jamais  on 
n'a  pu  et  on  ne  pourra  démontrer  la  complicité  de  Coligny  dans  l'assassinat 
de  François  de  Guise...  etc. 


C  CORRESPONDANCE 


Coligny  et  le  journal  :    Le  Gaulois  ». 

Nous  tenons  à  conserver  le  texte  de  ces  deux  lettres  qui  s'ex- 
pliquent d'elles-mêmes  : 

Monsieur  le  Directeur, 

Veuillez  permettre  à  un  abonné  de  bien  longue  date  de  vous 
exprimer  la  pénible  surprise  que  lui  a  fait  éprouver,  à  la  lecture 
du  Gaulois  du  dimanche  31  janvier  l'inqualifiable  «  nouveau 
portrait  de  Coligny  ».  que  vous  avez  été  «  heureux  de  faire  con- 
naître à  vos  lecteurs  »,  comme  ■  une  étude  si  bien  documentée  et 
si  intéressante  ». 

Cette  surprise,  il  n'a  pas  été  seul  à  la  ressentir  en  trouvant, 
après  les  recherches  approfondies  des  historiens  modernes,  en 
plein  xx£  siècle  et  dans  un  journal  de  la  valeur  du  Gaulois,  une  page 
que  Ton  croirait  empruntée  aux  plus  odieux  pamphlets  du  xne. 

Ce  serait  sans  doute  l'occasion  de  rappeler  et  de  reproduire 
une  fois  de  plus  les  paroles  si  concluantes  de  Bossuet  :  <  Tout  ce 
qu'on  employait  pour  décrier  l'amiral  ne  servait  qu'à  illustrer  sa 
mémoire   .  Histoire  de  France  livre  xvn  . 

Agréez  je  vous  prie.  Monsieur  le  Directeur,  l'expression  de 
riTï  très  distingués  seLiimenîs  : 

Bon  F.  DE  SCBICKLER 

Président  de  la  Société  de  l'histoire 
du  Protestantisme  Français. 

Monsieur, 

Le  Gaulois  a  le  plus  grand  respect  de  toutes  les  confessions 
religieuses,  il  ne  combat  que  les  ennemis  de  la  religion.  Je  me 
garde  toujours  et  prie  mes  rédacteurs  de  se  srarder  de  tout  ce  qui 
pourrait  éveiller  les  susceptibilités,  même  les  plus  chatouilleuses, 
tenant  que  toute  croyance  mérite  qu'on  s'incline  devant  elle.  J'ai 
relu  l'article  auquel  vous  . faites  allusion,  je  me  permets  de  vous 
faire  remarquer  que  le  Rédacteur  avait  eu  soin,  dans  la  note  qui 
précède  l'article,  de  faire  toutes  les  réserves.  J'estimais  donc  qu'au- 
cune conscience  ne  pouvait  se  troubler,  mais  puisque  je  me  suis 
trompé,  puisqu'une  personnalité  telle  que  vous  prend  la  peine  de 
m'averlir,  je  m'en  vais  redoubler  de  vigilance. 

Veuillez  croire.  Monsieur,  je  vous  prie,  à  mes  sentiments  les 
plus  distingués. 

Arthur  Meyer. 


CORRESPONDANCE 


Pierre  Lorient.  —  Je  lis  toujours  le  Bulletin  avec  un  vif  intérêt, 
en  particulier  ce  qui  s'y  rapporte  aux  pasteurs  du  Désert.  C'est 
dire  que  je  remercie  M.  Th.  Rivîer  pour  les  renseignements  qu'il 
nous  fournit  sur  Jacques  Bombonnoux  et  Jean  Martel  (pages  -472- 
477).  Mais  les  détails  qui  suivent,  sur  Pierre  Lorient,  me  laissent 
perplexe.  C'est  la  première  fois  qu'il  est  question  de  ce  pasteur  du 
Désert  qui  aurait  exercé  son  ministère  à  Nîmes,  vers  1735,  et  aurait 
été  banni  du  royaume,  après  deux  ans  de  réclusion  dans  la  cita- 
delle de  Montpellier.  Comment  se  fait-il  que  les  historiens  du  Désert 
gardent  sur  lui  un  silence  absolu?  Ce  champ  pourtant  a  été  mois- 
sonné avec  tant  de  soin  qu'il  reste  à  peine  quelques  épis  à  glaner. 
Or  ni  Charles  Dardier,  si  bien  informé  et  si  minutieux,  ne  cite  le 
nom  de  Lorient  dans  les  quatre  volumes  de  ses  Lettres  de  Paul 
Rabaut  aux  notes  si  abondantes,  si  précises  et  si  complètes,  ni 
M.  Edmond  Hugues  ne  parle  de  lui,  soit  dans  son  livre  sur  Antoine 
Court,  soit  dans  ses  trois  volumes  sur  les  Synodes  du  Désert.  Il  est 
bien  question  (t.  II.  p.  °296  de  ce  dernier  ouvrage  )  d'un  P.  Lorient, 
dont  le  nom  figure,  en  1763,  au  bas  du  certificat  de  consécration 
de  Lanne,  dit  Dubois;  mais  il  se  signe  «  V.  D.  M.  et  prédicateur  de 
la  cour  du  prince  d'Anhalt-Cothen  »  et  on  ne  saurait  le  confondre 
avec  le  prédicant  illettré  qui  aurait,  plus  de  vingt  ans  auparavant, 
adressé  une  demande  de  secours  aux  «  Bourguemaîtres  de  la 
Noble  ville  de  Saint-Galle  (sic).  » 

Cette  lettre,  elle-même,  n'est-elle  pas  étrange?  L'auteur  parle, 
en  1750,  de  la  persécution  qui  dure  «  depuis  10  ans  »  et  semble 
ignorer  qu'elle  remonte  à  la  Révocation. 

Il  parle  de  la  religion  réformée  comme  de  la  «  plus  pure  de  toute 
la  terre.  »  Il  dit  qu'il  a  prêché  la  nuit  dans  le  Déserts  (sic)  de  France, 
comme  les  Apôtres  de  notre  Divin  sauveur  autrefois  dans  le  désert 
de  la  Judée.  »  Il  se  signe  «  Pierre  Lorient,  ci-devant  Ministre  du 
Saint-Evangile  en  France  sous  la  croix  et,  maintenant,  voyageur 
comme  nos  pères  autrefois,  Abraham,  Isâc  et  Jacob.  »  —  Il  est  bien 
évident  qu'on  ne  retrouve  pas,  dans  ces  lignes,  le  sobre  langage 
des  pasteurs  du  Désert.  Qu'est-ce  à  dire?  Aurions-nous  affaire,  ici, 
à  unfaux  frère  qui  auraitpris  indûment  le  titre  de  pasteur  pour  mieux 
capter  la  bienveillance  des  Saint-Gallois?  —  Je  n'ose  pas  répondre 
par  l'affirmative,  mais  j'ai  des  doutes.  Adhuc  sub  judice  lis  est. 

Agréez,  Monsieur  le  Rédacteur,  mes  salutations  dévouées 

D.  Benoit. 


A  la  Gaumine  (voy.  Bull.  1908,  p.  573).  —  Le  dictionnaire  de 
Hatzfeld,  Darmesteter  et  Thomas,  indique  l'étymologie  de  cette 
locution  en  ces  termes  : 

«  Tiré  du  nom  propre  de  Michel  Gaumin  ou  Gaulmin,  intendant 


CORRESPONDANCE 


187 


sous  Louis  XIII  et  Louis  XIV,  dont  le  mariage  lit  grand  bruit.  »  — 
Ces  mots  sont  suivis  d'un  renvoi  au  Mémoire  sur  le  mariage  des 
protestants,  cité  dans  le  Dictionnaire  historique  de  V ancien  langage 
français,  ouvrage  de  Lacurne,  savant  du  xviii6  siècle,  publié  par 
L.  Favre,  Paris,  1875.  —  Littré  a  cité  Lacurne  d'après  le  manuscrit. 

On  voit  que  Gaumin  a  ici  le  prénom  de  Michel,  tandis  que 
Moreri,  la  biographie  Universelle,  la  Nouvelle  Biographie  générale, 
et  le  Manuel  du  libraire,  de  Brunet,  lui  donnent  celui  de  Gilbert  (1). 
Il  y  a  lieu  d'examiner  la  question  de  plus  près,  et  de  voir  le  texte 
du  Mémoire  cité. 

E.  RlïTER. 

Ce  Mémoire  est  celui  qui  parut  en  deuxpartiesen  1787  (A  Londres) 
Le  passage  auquel  on  renvoie  se  trouve  à  la  fin  du  deuxième 
mémoire,  dans  la  Quatrième  observation  qui  traite  «  des  moyens  de 
constater  l'état  de  ceiix  qui  sont  déjà  mariés  hors  de  l'Eglise  et  de 
ceux  qui  sont  issus  de  pères  et  mères,  aïeuls,  morts,  dont  le  mariage 
n'a  pas  été  célébré  dans  l'église.  »  (P.  136  et  ss.)  L'auteur  dit  que  le 
premier  moyen,  c'est  de  rechercher  l'inscription  de  ce  mariage 
dans  les  registres  secrets  tenus  par  les  pasteurs  du  Désert,  mais  il 
ajoute  que  ces  registres  n'existent  sans  doute  que  pour  les  pro- 
vinces où  les  protestants  étaient  nombreux.  Puis  il  continue  : 

«  Mais  dans  les  autres  provinces,  il  y  a  aussi  des  familles  pro- 
testantes répandues  de  côté  et  d'autre,  au  sort  desquelles  il  faudra 
pourvoir. 

«  Je  ne  sais  comment  ceux-là  se  sont  mariés.  Ils  ont  peut-être 
contracté  de  ces  unions  que  les  lois  ont  déclarées  illicites,  qu'on 
nommait  Mariages  par  paroles  de  présent,  ou  Mariages  à  la  Gaulmine. 

«  Ils  en  ont  conservé  des  actes,  on  pourra  les  produire,  et  ces 
actes  étant  signés  de  gens  qui  n'existent  plus,  ne.  seront  pas  sus? 
pects. 

«  S'il  yen  avait  qui  n'eussent  gardé  aucun  vestige  de  leur  union, 
il  faudrait  bien  admettre  en  leur  faveur  une  possession  d'état! . .. 

On  voit  que  Lacurne  ou  Littré  se  trompent  lorsqu'ils  écrivent 
que  ce  mariage  contracté  «  en  présence  d'an  prêtre  catholique,  mais 
sans  qu'il  bénit  (es  époux  »,  était  «  réputé  valide  ».  il  était  parlai- 
ternent  «  illicite  »  ainsi  que'  le  constate  le  ministre  d'Ltat  Lanioi- 
gnon  de  Malesherbes,  qui  recherche  précisément,  dans  cette  partie 
de  son  second  mémoire,  le  moyen  de  le  rendre  «  valide  ».(2) 

N.  W. 

(1)  M.  J.  Pannier  nous  fait  remarquer  que  Gaumin,  possesseur  d'une  belle 
bibliothècfue  était  en  rapport  avec  Samuel  Bochard  (voir  une  lettre  de  ce 
dernier,  du  l'.l  oct.  1650  à  M.  Gi  ranci,  reproduite  d'après  l'autographe  de  la 
Bibliothèque  de  notre  Société,  par  M.  GalJand,  parmi  les  pièces  justificatives 
de  son  Essai  sur  l'histoire  du  protestantisme  à  Caen,  Paris,  1898,  p.  483).  — 

(2)  L'Histoire  de  France  publiée  chez  Hachette  sous   la  direction  da 


188 


CORRESPONDANCE 


D'Amouin  de  Ladevèse.  —  A  propos  de  cette  branche  de  la 
feuille  d'Amouin,  citée  dans  le  dernier  fascicule  du  Bulletin  (1908, 
p.  453),  M.  Jean  Jalla,  archiviste  delà  société  d'Histoire  Vaudoise, 
nous  écrit,  que  dans  les  registres  des  vallées  Vaudoises  du  Pié- 
mont figurent,  comme  parrains,  en  octobre  1723,  Sr  Charles  Lade- 
vèse, marchand  à  Turin,  et  en  1724,  Sr  Henry  Devèze,  aussi  mar- 
chand à  Turin. 

Un  Faux  en  citation  : 

M.  Marius  Talion  a  publié  en  1887,  sous  ce  titre  :  Fragment  de 
la  guerre  des  Camisards,  un  mémoire  anonyme,  qu'il  a  enrichi  de 
notes.  A  la  dernière  page  de  ce  mémoire,  p.  81,  on  lit  celle-ci 
que  je  transcris  textuellement  :  «  Les  auteurs  de  La  France  protes- 
tante, art.  Abraham  Mazel,  affirment  que  c'est  Cavalier  et  Mire- 
mont,  qui  après  avoir  engagé  Abraham  Mazel  et  les  autres  à  ren- 
trer en  France;  instruisirent  Basville  du  retour  des  chefs  cami- 
sards. »  Le  fait,  s'il  était  vrai,  serait  loin  d'être  glorieux  pour  Cava- 
lier. 

L'assertion  me  parut  tellement  osée  que,  sans  tarder,  j'ouvris 
La  France  protestante  pour  consulter  l'article  dont  M.  Marius  Talion 
invoquait  l'autorité.  Ony  lit  ce  qui  suit:  «  Abraham  prêta  une  oreille 
complaisante  aux  propositions  de  Miremont  et  Cavalier...  Il  fit 
partir  en  avant  deux  prophétesses,  Marie  Desubas  et  Elizabeth 
Catalon,  qui  eurent  le  courage  de  s'avancer  jusque  dans  les  envi- 
rons de  Nîmes,  tenant  partout  de  nombreuses  assemblées.  Elles  en 
tinrent  une,  entre  autres,  au  mois  de  juin  1709,  qui  fut  surprise  et 
elles  tombèrent  elles-mêmes  entre  les  mains  des  soldats.  Deux 
lettres  que  l'on  trouva  sur  elles,  l'une  de  Cavalier,  l'autre  de  Mire- 
mont,  instruisirent  Basville  du  retour  des  chefs  camisards.  » 

Je  crois  qu'il  est  difficile  de  concevoir  plus  odieuse  falsilica- 
tion  de  texte  que  celle  dont  s'est  rendu  coupable  M.  M.  Talion. 
Elle  permet  de  disqualifier  son  œuvre  historique.  Faire  peser 
sur  la  mémoire  de  Cavalier  et  de  Miremont,  à  l'aide  d'un  faux 
voulu  et  prémédité,  l'accusation  d'une  aussi  infâme  trahison, 
appelle  la  plus  sévère  condamnation. 

Frank  Puaux. 


M.  Ernest  Lavisse,  écrit  ceci;  (dans  la  4°  livraison  du  tome  VIII,  p.  369  ; 
«  D'assez  nombreux  curés,  par  tolérance  ou  pour  de  l'argent,  conféraient  le 
sacrement  sans  exiger  la  confession  préalable,  sans  môme  bénir  les  époux 
(mariages  dits  à  la  gaumine).  C'étaient,  écrit  l'évoque  de  Périgucux.  la  plupart 
des  curés  ordinaires.  A  plus  forte  raison,  les  prêtres  vagabonds  el  misérables.  » 
En  note  on  lit  :  «  Plusieurs  jurisconsultes  gallicans  tenaient  que  la  béné- 
diction sacerdotale  n'était  pas  indispensable  à  la  validité  du  mariage,  * 


CORRESPONDANCE 


189 


Le  forçat  pour  la  foi,  Salomon  Bourget. 

Rots  le  13  mars  1909. 

Monsieur. 

J'ai  lu  avec  beaucoup  d'intérêt  à  la  page  91  du  bulletin  de  la 
Société  de  l'histoire  du  Protestantisme  français  (numéro  de  janvier- 
février  1909)  que  M.  le  pasteur  Edgard  de  Vernejoul,  mon  parent, 
appelé  à  la  direction  de  l'Église  chrétienne  réformée  de  Marseille, 
avait  eu  l'heureuse  idée  de  consacrer  la  première  fête  de  la  Réfor- 
mation qu'il  célébrait  dans  cette  ville  au  souvenir  des  galériens 
huguenots  «  à  peu  près  totalement  ignorés  jusqu'alors  de  leurs 
coreligionnaires  des  xixe  et  xxe  siècles  ». 

Et  que  M.  N.  W.  avait  ajouté  :  «  Nous  félicitons  M.  de  Vernejoul 
de  son  initiative  et  nous  lui  souhaitons  des  imitateurs;  il  n'y  a  en 
effet,  guère  d'Église  protestante,  qui  ne  puisse  trouver  dans  son 
passé  un  souvenir  du  même  genre  digne  d'être  évoqué  et  perpé- 
tué ». 

La  lecture  de  cet  article  m'a  donné  l'idée  de  faire  connaitre 
aux  lecteurs  de  l'histoire  du  Protestantisme  français  que  mon  cin- 
quième aieul  avait  eu  l'honneur  de  ramer  sur  les  galères  du  roi 
et  je  vous  envoie  copie  de  deux  pièces  sur  cet  événement,  dont  je 
possède  les  originaux,  et  qui  sont  classées  dans  mes  archives  cle 
famille  : 

PREMIÈRE  PIÈCE. 

«  Vu  par  nous  Conseiller  du  roy  en  ses  conseils,  intendant  géné- 
«  ral  des  galères  de  France,  le  20  juin  1713. 
«  N°  20.889. 

«  Nous,  Jean-François  de  Rozel  et  Charles  Français  Blondel  de 
«  Jouvencourt,  conseillers  du  roy,  commissaire-ordonnateur,  et 
«  contrôleur  des  galères  de  France  :  —  Certifions  à  tous  qu'il  ap- 
«  partiendra,  que  suivant  les  ordres  du  roy  adressés  à  monsei- 
«  gneur  le  maréchal  de  Tessé,  Chevalier  des  ordres  de  Sa 
«  Majesté,  général  des  galères,  et  en  son  absence  à  celui  qui  les 
«  commande  et  à  M.  Arnoul  conseiller  du  roy  en  ses  conseils,  inten- 
«  dant  général  des  dites  galères  en  date  du  17  may  1713  et  à  nous 
«  remis,  nous  nous  sommes  transportés  sur  l'une  des  dites  galères 
«  la  pharrine  et  trouvé  le  nommé  Salomon  Bourget,  forçat,  âgé  de 
«'63  ans,  natif  de  Croissy  en  Normandie,  condamné  par  jugement 
«  de  M.  l'intendant  de  la  généralité  d'Alençon  rendu  le  8  avril  1697 
«  à  servir  sur  les  galères  de  Sa  Majesté.  Lequel  Salomon  Bourget 
«  nous  avons  fait  détacher  de  la  chaine  en  nos  présences,  donné 
«  pleine  et  entière  liberté,  à  condition  néanmoins  cle  passer  sur 
«  le  champ  par  mer  dans  les  pais  étrangers,  et  de  ne  plus  rentrer 


190 


CORRESPONDANCE 


«  dans  le  royaume,  à  peine  d'être  remis  en  galère  pour  le  reste  de 
«  sa  vie  suivant  les  ordres  du  Roi.  En  foi  de  quoi  nous  lui  avons  fait 
«  expédier  ces  présentes  pour  lui  servir  et  valoir  ainsi  que  de  rai- 
«  son.  Prions  et  requérons  tous  gouverneurs  et  lieutenants  de  Roy, 
«  maires,  échevins,  prévôts,  capitaines  de  port  et  passages  de  lais- 
«  ser  seurement  et  librement  passer  le  dit  Bourget  afin  de  jouir  de 
«  la  liberté  à  lui  accordée  par  Sa  Majesté.  Délivré  à  Marseille  sous 
«  le  sceau  royal  de  la  marine  le  20  juin  1713. 

«  Suivent  trois  signatures. 

«  Sceau  à  la  cire  rouge.  » 

Seconde  piège. 

«  Nous  soussignés  pasteurs  de  l'Église  de  Genève  attestons  que 
«  Salomon  Bourget  de  Croissi  proche  Falaise,  en  Basse  Normandie, 
«  âgé  de  56  ans,  est  du  nombre  des  fidèles  confesseurs,  qui  ont 
«  souffert  les  rigueurs  d'un  triste  esclavage  dans  les  galères  pour 
«  la  profession  de  l'Evangile.  Il  a  été  condamné  à  ce  genre  de  sup- 
«  plice  l'an  1697,  pour  assemblée  pieuse,  et,  dans  les  diverses  souf- 
«  frances  auxquelles  il  a  été  exposé,  il  a  toujours  fait  paraître  un 
«  fidèle  attachement  au  pur  service  de  Dieu,  glorifiant  son  saint 
«  nom  par  la  foi  et  par  la  patience,  et  édifiant  ses  frères  par  sa 
«  piété  et  par  sa  bonne  conduite.  Nous  bénissons  Dieu  de  la  déli- 
«  vrance  qu'il  lui  a  accordée,  de  même  qu'à  plusieurs  autres  de  nos 
«  frères  et,  dans  le  dessein  qu'il  a  d'aller  au  pays  de  Brandebourg, 
«  Nous  l'accompagnons  bien  volontiers  du  présent  témoignage,  afin 
«  qu'il  soit  reconnu  pour  un  fidèle  témoin  de  la  Vérité,  digne  de  l'af- 
«  fection,  de  l'estime  et  des  soins  de  tous  ceux  qui  aiment  vérita- 
«  blement  le  Seigneur  Jésus,  à  la  grâce  duquel  nous  le  recom- 
«  mandons,  de  même  qu'à  la  bienveillance  de  nos  frères.  Fait  àGe- 
«  nève  ce  28  juillet  1713. 

«  Signé  :  Bertini,  pasteur, 

«  Calandrini,  pasteur, 
«  B.  Picïet,  pasteur, 
«  Léger,  pasteur, 
«  Sartoris,  pasteur, 

«  Approuvé  par  les  commissaires  del'Ex...  des  louables  cantons 
«  à  Morge  ce  5  août  1713. 

«  Signé  :  Dunt  ». 

Salomon  Bourgel,  sieur  de  Beaupré,  dont  le  père  et  l'aïeul  ap- 
partenaient à  la  religion  prétendue  réformée,  avait  épousé  Jeanne 
Houel  le  29  janvier  1680. 

Un  de  leurs  enfants,  Jacques  Bourget  de  Beaupré  avait  épousé 
Madeleine  Bourdon  le  31  janvier  1712. 


CORRESPONDANCE 


191 


Ils  avaient  eu  plusieurs  enfants  dont  l'un,  nommé  Jacques,  avait 
épousé  Jeanne  Bouffay  le  10  août  1751  ;  plusieurs  des  enfants  issus 
de  ce  mariage  avaient  été  volés  à  leurs  parents  en  1773  et  élevés 
catholiques.  L'aînée,  trop  âgée  pour  être  volée  utilement,  avait 
épousé  Jacques  Mesnil  en  1782;  de  ce  mariage  étaient  issus,  entre 
autres  enfants,  une  fille  qui  avait  épousé  en  1813,  Jean-Baptiste 
Beaujour,  mon  grand-père. 

Les  descendants  de  ces  Bourget  de  Beaupré  sont  encore  nom- 
breux ;  malheureusement,  par  suite  de  l'enlèvement  des  enfants 
et  des  mariages  mixtes,  tous  sont  aujourd'hui  catholiques,  à 
l'exception  des  descendants  de  Jean-Baptiste  Beaujour, mon  aïeul. 
L'un  de  ces  descendants  est  mon  père,  auteur  de  Y/zssai  sur  l'his- 
loire.de  l'Église  Réformée  de  Caen. 

Veuillez  agréer,  monsieur,  l'expression  de  mes  sentiments  de 
considération  les  plus  distingués. 

A.  Beaujour. 

Ancien  magistrat 
Sécrétaire  du  Conseil  presbytérial 
de  l'Église  réformée  évangélique  de 
Cherbourg  (Manche). 


Gérard  de  Saint-Amant.  Son  origine. 

En  parcourant  le  volume  Les  Verriers  du  Languedoc  par 
Saint-Quirin,  j'y  vois  cités  des  Girard,  gentilshommes  verriers, 
en  assez  grand  nombre^  auxquels  on  peut  rattacher  vraisemblable- 
ment notre  Antoiue  Girard,  appelé  aussi  Marc-Antoine  de  Gérard, 
écuyer,  Sr  de  Saint-Amant,  notre  poète  rouennais,  fils  d'Antoine  G. 
et  d'Anne  Hatif,  baptisé  à  Quevilly  le  30  septembre  1594.  . 

Né  en  1551,  mort  à  Rouen  le  18  novembre  1624  à  75  ans,  sur  la 
paroisse  de  Saint-Sever,  et  ancien  du  Consistoire  de  Rouen-Que- 
villy,  le  père  de  notre  poète  était  un  grand  marchand,  au  dire  de 
M.  E.  Lesens,  dans  sa  notice  sur  Le  poète  Saint-Amant,,  de 
l'Académie  française  et  sa  famille.  Ledit  poète,  toutefois,  fut 
commissaire  ordinaire  de  l'artillerie  de  France.  Il  fut  créé,  en 
1646,  gentilhomme  ordinaire  de  la  reine  de  Pologne,  Marie- 
Louise  de  Gonzague.  En  1643  il  avait  accompagné  à  Londres  (à 
quel  titre?),  l'ambassadeur  de  France,  comte  d'Harcourt.  J'ai  tout 
lieu  de  supposer  que  le  nom  de  Saint-Amant  provient  de  quelque 
fief  faisant  partie  des  terres  possédées  en  Languedoc  par  les  de 
Girard  et  que  ce  n'est,  ni  de  l'abbaye  de  filles  de  St-Amantde  Rouen, 
ni  de  la  paroisse  du  même  nom,  attenante  à  l'abbaye,  ni  aux  en- 
virons ou  en  Normandie  qu'il  convient  d'en  chercher  la  prove- 


192  CORRESPONDANCE 

nance.  Peut-être  St-Quirin  ou  un  de  nos  lecteurs  pourrait-il  élu- 
cider ce  point  intéressant  ? 

R.  Garreta. 


Jean  Cousin. 

En  1884,  je  communiquai  à  feu  M.  Henri  Bordier  une  série  de 
documents  que  j'avais  recueillis  sur  le  peintre  sculpteur  Jean  Cou- 
sin, qui  passait  pour  huguenot  au  xvia  siècle,  ce  que  confirment, 
entre  autres,  ses  relations  directes  et  intimes.  Parmi  ces  docu- 
ments se  trouvait  un  extrait  du  registre  des  causes  expédiées  au 
siège  de  la  prévosté  de  Saint-Germain  des  Près,  constatant  que  le 
5,  8  et  12  mai  1562,  un  Jehan  Cousin  plaidait  contre  Nicolas  Yon, 
son  débiteur.  M.  Bordier  (F.  P.  iv,  862),  remarque  à  ce  propos, 
«  que  cette  men  tion  isolée  ne  se  rapporte  pas  nécessairement  à  notre 
artiste.  «  Or,  je  vois,  dans  un  article  de  Y  Indépendant  Auxerrois 
du  9  octobre,  1908,  qu'on  a  bien  voulu  me  communiquer  et  dans 
lequel  M.  Maurice  Prou  résume  une  étude  de  M.  Maurice  Roy,  con- 
seiller à  la  Cour  des  Comptes,  qu'après  avoir,  vers  1540,  habité  à 
Paris,  rue  Vieille  du  Temple,  Jehan  Cousin  le  père  vint  s'installer 
«dans  un  hôtel  considérable  qu'il  fit  bâtir  rue  des  Marais  (actuelle- 
ment rue  Visconti)  »,  laquelle  rue  des  Marais  relevait  bien  de  la 
prévôté  de  Saint-Germains  des  Prés  (1).  M.  M.  Roy  ajoute  qu'en 
1562,  un  des  gendres  de  Jehan  Cousin  était  déjà  en  possession 
d'une  partie  de  cette  maison.  La  mention  ci-dessus,  du  5  au  12  mai, 
se  rapporte  donc  bien,  croyons-nous,  à  Jean  Cousin  qui  fut  mis 
aux  prisons  de  M.  l'Abbé  de  Saint- Germain  des  Prés  comme  hugue- 
not »,  le  21  juillet  1562,  d'après  le  Journal  de  1 562,  puis  jeté  à  la 
rivière  où  il  périt  parce  qu'à  «  toutz  les  bords  y  avoit  des  gens 
pretz  à  l'assomer  s'il  fût  abordé»  ;  renseignement  confirmé  par 
l' Histoire  ecclésiastique  et  par  Crespin  (F.  P.  iv,  835  856)  (2). 

N.  W. 

(1)  Je  crois  du  reste,  me  rappeler  que  dans  le  registre  que  j'ai  cité,  Jeau 
Cousin  y  est  dit  habiter  la  rue  des  Marais. 

(2)  Et  dont  M.  Maurice  Roy  ne  semble  avoir  tenu  aucun  compte. 


Le  Gérant  :  FlSCRBACHER 


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Wernlo.  Erster  Band  -.DioBrieiebis .zum  labre  1553.  —  Zweiter  Band:  Die  Briefebiszutn  lahr« 
VMV't.  Doux  volumes  do  \XlV-498  et  XX- 49 6  pages  grand  ih-S0  ;  Tùbingen,  •).  "C.  B.  Mohr 

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ihîd^Geistesuielt  Leipzig.  B.  G.  ïeubner,  1909.  . 

A.  Uaur- \Veinsberg. —  ReHyions-cjeschiehtlicne  Volksbiïcher,  IV  Reihe;  9  Ileftj 
Johann  Calvin,  une  brochure  de  48  pages  pet.  ïii-80-.;Tiibi'ngen,  J.  C.  B.  Mohr,  1909. 

E.  K'o.cus,  P.  —  Johann  Calvin,  ein anserwa*hltës  R  Gottes,  avec. gravures 

dans  --Ch  ristlicher .  iVolks'  Kalender, .  lieràu.sgegében\  von  der  Dia  kon  i  ssen- Ans  tait  zu  Kaisers 
werth  am  Rhein,  1909,  80  p.  in-10.  V 

Tkofilo  Ga y.  -r-  Jean  Calvin,  réformateur  de  Genève  et bienfai te i»r  des  Vaudois 

quatrecentièmë  anniversaire  de  sa  naissxiricè,,  17  tevrier  1 909,  une,  brochure  de  16  page 
i n-8°,  publiée  par.  la  Société  d'Histoire  yàudôi$er  pour  lé$  enlants  des  Vallées. 

M.  E;  Grave.  —  Calvin  et '\les£ protestants  du ;\rèxiii,  une  brochure,  de  16  pages  ih-8 
extraite  du  Bulletin  historique  et  philologique, ,1908,  Paris  Imprimerie,  nationale,  1 909.  \ 

G yen ce;  J  a-no  s;  —  Servet  Mihâly  Pore  es  Kalvin  viszonya  ahhoz;,  .une  brochure  il 
100  pages  m -16  avec,  portrait  d   Sèrvét,  Budapest.  1909. 

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;  publié  à  l'occasion'  du.  qualrième-centehaire  de  la.  naissance  du  grand  Réformateur,  un 

brochure  clé  54  pages  in- 16,  ornée  de  33  illustrations,  Genève,  J.  H.  Jeheber,  1909.  - 

Dr  H.  Edlér  von  .Hoffmann.  >  Die  ,  Urform  der  Discipline  ecclésiastique,  clan 
:--Èéu£sche:Zeitscfo:ift      7w?r/^m^£  XVIIÏ;  Bainl,  drilles  Ifefl.,  Tûbiugen,  J.  G.  B.  Mohr,  \m 


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•      'de  1802,1 856, 1809  - 

rlnnuaire  Protestant 

Je  1860       :  - 

ET 

Almaiiacli  îles  Prolestants 

•  :       .  de  1808  et  1810.  '     ï. ■ 


:'Prière  de  s  adresser  à.  M.  N.  WE1SS  . 
54, 'Rue  des  Saints-Pères,  Paris  (VIRàrr.) 


Société  de  l'Histoire  dit  Protestantisme  Français 


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DU  BULLETIN  ^ 

S'adresser  à  M.  Claude  STREET 
6,  rue  des  Beaux-Arts,  PARIS  (6e  arr.)v- 

Qui  enverra  franco  le.  tarif  et , les  conditions 


VIENT  DE  PARAITRE \ 

Documents  inédits  sur  la  Réfpr 
matipn  dans  le  Pays  de  Neuctiâ 
vtel^  publiés  avec  une  table  des  noms  d 
personnes  et  de  lieux,  par  ArtHu 
Piaget,  Archiviste  de  l'État.  Tome  J 
$530  à  1538-  Neuehâtel,  1909,  in 
pp.  VI -604  et  i  fac-similé.  Fr.  12 


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de  fer  de  Paris  à  Lyon  et  à  la  Méditerranée,  Cen- 
seur de  !a  Banque  de  France,  Administrateur  de 
la  Compagnie  Universelle  du  Canal  maritime  de 
Suez,   ancien  Président  du  Tribunal  de  Commerce 
de  la  Seine,  Président.  - 
A.  Mirabaud,  de  la  Maison  Mirabaud  et  Cie,  Ban- 
quiers , Administrateur  de  la  Compagnie  des:  Che- 
mins de  fer  de  Pan;  à  Lyon  ei  à  la  . Méditerranée  et 
de  la  Compagnie  Algérienne,  Vice-Prèsideitt. 
Eug.  Guët  dé  la  maison  Guët  et  Cie,  banquiers.  v 
C.  Jameson.  ancien  associé  de  la'  maison  Hottinguer 
et  Cie,  Banquiers. 


DIEECTIOiT 

MM.  Mpntferrand  (comte  Ch..  de),  ^ancien  Inspecteur 
■•  •  des  Finances,  Directeur. 
Le  Senne  (Eugène),  Direceur- Adjoint. 

:m  i  isr  i  s  t    .A.T  io 

MM.  G.  Mallèt  de  la  maison  Mallet  Frères 


Cie,  Ban- 


■  quiers 


J.  Marcuard  de  la  maison  Marcuârd  e.t  Cie,  Banquiers 
G.  Sohier  O        Administrateur  du  Crédit  Foncier  de 
France  et  de  la  Compagnie  des  chemins  de  fer  de.. 
Paris  à  Lyon  et  à  là  Méditerranée,  ancien  Président 
du  Tribunal  de  Commerce  de  la  Seine. 
A.  Thumeyssen,  Administrateur  de  la  Cie  des  Chemins. 

de  fer  des  Landes.  * 
F.  Vernes,  de -la  Maison  Vernes  et  Cie,  banquiers, 
Administrateur  de  la  Compagnie  du  Chemin  de  fer; 
du  Nord  et  de  la  Banque  Impériale:  Ottomane. 


CHEMINS  DE FER  DU  MIDI 

Billets  d'aller  et  retour  individuels 

Pour  les  statioïis  hivernales  et  balnéaires  des 
Pyrénées. 

Billets  délivrés  toute  l'année  avec  réduction  de  23  p.  100 
en  1«  classe  et  20  p.  100.  en  2e  et  3»  classe  dans  les  gares 
des  réseaux  du  Nord  (Paris-Nord  excepté),  de  l'Etat,  d'Or-, 
léans  et  dans  les  gares  du  Midi  situées  à  50  kilomètres  au 
moins  de  la  destination.  —  Durée  :  33  jours,  non  compris  les 
jours  de  départ  et  d'arrivée. 

Faculté  de  prolongation  moyennant  supplément  de  10  p.  iQO. 

Ces  billets  doivent  être  demandés  3  jours  à  l'avance  à  la 
gare  de  départ. 

Un  arrêt  facultatif  est  autorisé  à  l'aller  et  au  retour  pd^r. 
tout  parcours  de  plus  de  400  kilomètres 

Billets  dé  famille 

Pour  les  stations  hivernales  et  balnéaires  des 
Pyrénées. 

Billets  délivrés  toute  l'année  dans  les"  gares,  des  réseaux 
du  Nord  (Paris-Nord  excepté),  de  l'Etat,  d'Orléans,  du  Midi 
et  de  Paris-Lyon-Méditerranée  suivant  l'itinéraire  choisi  par.  le 
voyageur,  et  avec  les  réductions  suivantès:  sur  .les  prix  du  tarif 
général  pour  un  parcours  (aller  et  retour  compris)  d'au  moins  £00 
kilomètres.  -  Pour  une  famille  de  2  personnes  20  p.  100,  de  3 
personnes  25  p.  100,  de  4  personnes  30  p.  100,  de  5  person'nes'35 
p.  100,  de  6  personnes  ou  plus  40  p.  100. 

Exceptionnellement  pour  les  parcours  empruntant  leréseaude 
Paris-Lyon-Méditerranée,  lesîbillets  ne  sont  délivrés  qu'aux  fa- 
milles d'au  moins  quatre  personnes  et  le  prix  s'obtient  en  ajou- 
tant au  prix  de  6  billets  simples  ordinaires  le  prix  d'un  de  ces  : 
billets  pour  chaque  membre  de  la  famille  en  plus  de  trois. 

Arrêts  facultatifs  sur  tous  les  points  du  parcours  désignés  sur 
la  demande. 

Durée  :  33  jours  non  Compris  les  jours  de  départ  etdarrivée. 
Faculté  de  prolongation  moyennant  supplément  dé  10  p.  100 
Ces  billets  doivent  être  demandés  au  moins  4  jours  à  l'avance 
à  la  gare  de  départ. 

AVIS.  —  Un  livret  indiquant  en':  détail  les  conditions  dans 
lesquelles  peuvent  être  effectués  divers  voyages  d'excursions  de 
famille,  etc.,  sera  envoyé  gratuitement  à  toute  personne  qui  fera 
parvenir  au  Service  Commercial  de  la  Compagnie.  54  boulevard 
Haussmann,  àParis  (IX»  arrondissement)  le  montant  de  laffran- 
chissement  du  dit  livret...  soit  0  fr.  25. 


CHEMINS  DE  FER  DU  NORD 


Saison  des  Bains  de  mer  (Billets  à  prix  réduits) 

Pendant  la  saison  de  la  veille  de  la  fête  des  Rameaux 

au  31  Octobre,  toutes  les  gares  du  chemin  de  fer  du  Norddéli- 
vrent  dès  billets  de  1>:C,  2* .'et  ."t»  classe  à  destination  dcs:  stations 
balnéaires  suivantes  :  RERCK  tstàtion  du  chemin  de  fer  d'inté- 
rêt local),  BOULOGNE-VILLE  ou  .  TINTE  LLERIES  (Le  Porte!) 
CALAIS.  CAYEUX  /station  du  chemin  de  fer  d'intérêt  local) 
CONCHIL-LE-TEMPLE  (plage  de  FOrt-Mahon).  DAMNES. 
CAMIERS  (plage  Sainte-Cécile  ou  .Saint-Gabriel).  DUNKERQUE. 
(plage de  Mâlo-les-Baios  et  de  Rosandael).  ETAPLES{Pai"is-Plage 
station  du  chemin  de  fer  électrique),  EU  (plage  du  Bourg-d  Ault 
et  d'Onival),  GHYVELDE  tBray-Dunes),  GRA  VELINES  (Petit- 
Fort-Philippè)  LE  CROTO  Y  (chemin  de  fer  d'intérêt  local  viâ 
Noyelles),  LEFR1NCKOUCKE  (plage  de  Mâlo-Termihus),  LE 
TREPORT-MËRS,  LOON-PLAGE,  MARQU1SE-RINXENT 
(plage  de  Wissant),  NOYELLES,  QUEND-FORT-MAII ON  (plages 
de  Quendet  de  Fort-Mahon),  ST-VALERY-sur-SOMME,  Wl- 
MILLE-WIMEREUX(plagesdeWimereux,  Audresselles  et  Am- 
bleteuse),NOIN COURT  (plages  du  bourgd'Ault  et  d'Onival),ZUYD- 
COOTE. (Nord  Plage).  Il  existe  trois  catégories  de  billets  savoir 
I»  Billetsdesàison  (l)  delf«,  2<>,  et  3o' classe," valables  pen- 
dant 33  jours,  non  compris  le  jour  de  l'émission,  avec  facilité  de 
prolongation  pendant  plusieurs  périodes,  de  15  jours  sous 
condition  d'effectuer  un  parcours  minimum  de  100  lui.  aller  et 
retour.  Ces  billets,  créés  pour  les  familles,  sont  nominatifs,  et 
collectif  s.  Il  est  accordé  une  réduction  de  500/0  à  chaque  membre 
de  la  famille  eh  plus  du  troisième  :  les'billets'doht  il  s'agit  doi- 
vent être  demandés  au  moins  4  jours  à  l'avance,  à  la  gare  ou  le. 
voyàge  doit  commencer. 

2°  Billets  hebdomadaires  et  carnets  d'afler»  être 

■tour(l)de  1»;  2e  et3e  classe.  Lès  billets  hebdomadaires  sont  va- 
lables pendant  5  jours,  du  vendredi  au  mardi  ét  de  l'avant-veille 
au  surlendemain  des  fêtes  légales.  Ces  billets  et  carats  sontind'i- 
vidùcls.  Les  prix  varient  selon  la  distance  et  présen'  i  ht  des  réduc- 
tions de  25  à  40  0/0. 

Les  carnets  contiennent  cinq  billets  d'aller  et  retour  et  peùyeri 
être  utilisés  à  une  date  quelconque  dans  le  délai  d  33  ours,  non 
compris  le  joui"  de  distribution. 

3»  Billets  d'excu  rsion  (2)  ae  2*  et  3^  cl.,  de»  dimanches  et 
jours  de  fêtes  légales,  valables  pendant  une  journée.  Ces  billets 
sont  individuels  ou  de  famille.  Pour  les  familles  (ascendants  et 
descendants),  il  est  accordé  une  nouvelle  réduction  sur  les  prix 
des  billets  individuels  d'excursion,  allant  de  5  à  25  p.  100  selon 
que  la  famille  se  compose  de  2,  3,  4,  5  personnes  et  plus. 

(1)  Les  billets  de  saison  etles  billets  hebdomadaires  sont  va- 
lables dans  les  mêmes  trains  et  aux  mêmes  conditions  que  les  i 
billets  ordinaires  du  service  intérieur. 

(2)  Les  billets  d'excursion  ne  sont  valables  que  dans  des 
TRAINS  SPECIAUX  ou  dans  des  TR  AINS  DU  SERVICE  ORDI- 
NAIRE désignés  à  cet  effet  par  la  compagnie.  •'  'Jte  &jv 


du 

Protestantisme  Français 

Reconnue  d'utilité  publique  par  Décret  du  13  juillet  1870 


Dulleiin 

PARAISSANT  TOUS  LES  DEUX  MOIS 

Etudes,  Documents,   Chronique  littéraire 

LVIIIe  ANNÉE 

SEPTIÈME  :DE    LA    5'  SÉRIE 

Mai-Juin  1909 


PARIS 

Au  Siège  de  la  Société,  54,  rue  des  Saints-Pères 

LIBRAIKIE  FISCHBACH3ER  (Société  anonyme) 

33,  rue  de  Seine,  33 


SOMMAIRE 


ÉTUDES  HISTORIQUES. 
Jacques  P a nnieb.  —  Recherches  historiques  sur  les  Eglises 
réformées  de  l'Ile-de-France.  —  Le    Protestantisme  à 
Claye,  de  1554  à  1700.   193 

DOCUMENTS. 

R.  Fromage.  -—  Poésies  inédites  de  Clément  M  a  rot  .  Troisième 
article   .  .   •.  .  .    225  ;: 

N.  Weiss.  —  Précisions  documentaires  sur  l'histoire  des 

Camisards.  —  L'abbé  du  Chayla  .....  .   2*3 

MÉLANGES. 

E.  Grisellé.  —  Avant  et  après  la  Révocation  de  l'Edit  de 
Nantes,  Chronique  des  événements  relatifs  au  Protestantisme,  de 
1682  à  1687  {20  février  —  9  mars  J686).    .  .  .  .  .   254 

Séances  du  Comité  —  9  mars  et  4  4  mai  4909  .  .  ...  .  ...  .....  261 

CHRONIQUE  LITTÉRAIRE. 

N.  Weiss.  — A  propos  du  quatrième  centenaire  de  la  nais- 
sance de  Calvin.  —  Le  Monument.  —  Les  Commémora- 
tions et  publications  ......  .  .    .  .  264 

H.  Dannreuther.  —  Documents  inédits  sur  le  Protestantisme 
à  Vitry-le-François,  Epense,  Heiltz-le-Maurupt,  Nettan- 
.  court  et  Vassy.  Tome  m..  .  ,-;  270 

H.  Schoell.  —  Fénelon  et  Mad.  Guy  on.  —  Les  origines  de 
la  Réforme.  —  La  bourgeoisie  française  au  XVIIe  siècle.  282 
ILLUSTRATIONS. 

plan  de  Claye  .  .  ..  ...  .  .  .  .  ...  .  .  .  194, 

Églises  de  Claye  et  de  Sonilly  d'après  des  photographies  .  .  .  196,210 

Château  de  Claye  d'après  une  ancienne  gravure.  ..  \  ...  .  .  .  199. 

Vue^dii  Pont-de-Montvert,  d'après  un  dessin  .  .  .  .  .  .  ...  .  .  249 

Vues  du  projet  du  monument  international  de  la  Héformation  à  Ge- 
nève, d'après,  des  photographies,  face  et  profil.  .  .  .  .  .  ...  .  267,269 

Hors  texte  .  Portrait  de  Calvin  d'après  une  peinture  d'Albrecht  Anker, 
exécutée  en  4858  d'après  les  documents  originaux  et  appartenant 
à  Madame  Veuve  G.  Baum.  .  .  .  .  ...  ...  .  ...  .  .  .  276,277 


RÉDACTION  ET  ABONNEMENTS 

Tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  du  Bulletin  doit  être  adressé  à  M.  N.  "Weiss,  secrétaire  de  la 
Société,  54,  rue  des  Saints-Pères,  Paris  (VIIe),  qui  rendra  compte  de  tout  ouvrage  intéressant  notre' 
histoire,  dont  deux  exemplaires  seront  déposés  à  cette  adresse.  Un  seul  .exemplaire  donne  droit  a  une-, 
nnonce  sur  cette  couverture. 

Le  Bulleii?i  paraît  tous  les  deux  mois,  en  cahiers  in-&°  de  96  pages  avec  illustrations.  On  ne" 
s'abonne  pas  pour  moins  d'une  année.  Tous  les  abonnements  datent  du  i"  Janvier  et  doivent  être 
soldés  à  cette  époque, 

Prix  de., l'abonnement:   10  fr.   pour  la  France,  l'Alsace   et  la  Lorraine;  —   12  fr.  50  pour  l'étran- , 
ger  ;•• — ■   6  fr.   pour  les  pasteurs,  instituteurs,  etc.,  de  France  et  des  colonies  françaises;  10  fr.  poOf* 
les  pasteurs •  de  l'étranger.        Prix  d'un  numéro  isolé  de  l'année  courante  et  de  la  précédente 
'.et  pour  les  autres  années,  selon  leur  rareté. 

La  voie  la  plus  économique  et  la  plus  simple  pour  le  payement  des  abonnements  est  l'envoi  d'un 
mandat-carte  au  nom  de  M.  Fischbacher,  libraire,  rue  de  Seine,  33,  à  Paris,  ou  de  M.  N.  WcisS. 
secrétaire-trésorier,  54,  rue  des  Saints-Pères,  Paris  VII». 

Nous'  ne  saurions  trop  engager  nos  lecteurs  à  éviter  tout  inter  midi  ait  e,  mime  celui  des  ïthaitts,: 

Les  personnes  qui  n'ont  pas  soldé  leur  abonnement  au  15  MARS  reçoivent  une  quittance  a  DO*l-t 
cjlè,  avec  augmentation,  pour  frais  de  recouvrement,  de:  i  fr.  pour  les  départements  >'i  fr.  50  pool, 
l  étranger. 

Ces  chiflres  sont  loin  de  couvrir  les  frais  qu'exige  la  présentation  des  quittances  ;  raamtnistiaiioUy 
ttê/ire  donc  toujours  que  les  abonnements  lui  soient  soldés  sfontanéme 


Rthub  Pi  a  g  et,  archiviste  de  l'État.  Inventaires  et  Documents  publiés  par  les  Archives  de 
l  Ktat  (volume  quatrième).  Documents  inédits  sur  la  Réformation  dans  Je  pays 
d&Neuchatel,  Tome  premier  :  1530-io38,  un  vol.,  de  VI-604  p.  in-8%  iacsimile  et  Index, 
>*cuch;\tel.  Archives  de  lVlat,  1909. 

Pilastre.  —  Vie  et  caractère  de  Madame  de  Main  tenon,  d'après  les  œuvres  du  duc 
.de  Saint-Simon  et  des  documents  anciens  ou  récents,  Edition  ornée  de  reproductions  de 
Portraits,  vues  et  autographes,  un  vol.  de  184  p.  in-8°  (Index),  Paris,  Alcan  1907. 
ugène  Choisy.  —  Post  Tenebras  lux,  Jean.  Calvin,  1509-1564,  Sa  vie  et  son  œuvre,  une 
brochure  illustrée  de  46  p.  in-8°,  Genève,  J.-H.  Jeheber,  1909. 

ail  le  Fklice.  —  Jean  Calvin.  1  L'homme.  II  Quelques  accusations,  Bolscc, 
•Servet,  Deux  conférences  extraites  du  Bulle  tin:  de  la  Société  d'Histoire  du  Protestantisme 

Beh/e  (1908),  une  brochure  de      p.  in-8°,  Imprimerie  de  Nessonvaux  1909. 

ilhelm  Schlatteh. —  Zum  Gedàchtniss  Johann  es  Cal  vins.  27  p.  in-8°  en  tête  de 
■\jVe«e  Chrùtoterpc,  XXX  Jahrgang,  Halle  a.  S.  C.  E;  Muller  1909. 

Bess.  —  Cnsere  religicisen  Erzieher,  Von  Luther  bis  Pismaixk,  un  volume  de  265  p. 

in-8°  illustrées  consacrées  à  Luther,  Zwingli,  Calvin,  Spener,  etc.,  les  pages  62  à  104,  signées 
.%Bess,  sont  consacrées  à  Calvin.  Leipzig,  Quelle  et  Mcyer,  1908. 

*  A.  Kuyper. —  Reformai  ion  wi.dër  Révolution ?  Sechs  Vorlesungen  i'iber  den  Calvinis- 
jijus,  gehalten  zU  Princetown,  iibersetzt  von  Martin  Jaeger,  un  vol.  de. 196  p.  in-8°.  Gr.  Li- 
rchterfelde,  Reich  Christi,  1904.  - 
theol.  E.  Knodt.  —  Johann  Calvin,  Mitteilungen  aus  seinem  Lëhen  und  seinen 

Schriften,  un  vol.  de  IV-d06  p.  in-8*  llerborn  Buchliandlung  des Nassauischen,  Colportage- 

veieins  1909. 

Peter  Paulsen.  —  Jphannes  Calvin,  Ein  Lehens  urid  Zeitbild  aùs  dem  Reforma- 
lions  Jahrhundert,  Zum  400jàhrigen  Geburtstag  der  Rel'orniators  am  lO  Juli  1909,  mit 
;dem  Bild  Calvins,  un  vol.  de  177  p.  in-8°  Stuttgart,  Chr.  Belser,  1909. 
rorg  Bamer.  —  Johann  Calvin,  Sein  E.eben  und  Wirkeii,  dem  evangelischen 
.JVolke  frei  nach  deii  Quéllen,  une  brochure  de  134  p.  in-16,  portrait  Neukirchen,  Bu- 
fchhandlung  des  Erziehungsvereins,  1909. 

i;  Heidemuller . — -  Johann  Calvin,  ein  Lebenshild,  une  brochure  de  132  p.  in-16,  AVit- 
tenberg,  Wunschmann  1909. 

*jlhelm  Conrad.  —  Calvin,  Ein  Volksabend,  une  brochure  de  48  p.  in-8°  Gotha  F.  E.  Per- 

-thes(1909).  :    .  ,  ■  : .' .  - •     ■  .  .  ■ 

Mt  Algust  Lange.  — -.  Johannes  Calvin ,  Ein  Lebensbild  zu  seiriem  400  Geburststag, 

;un  vol.  dé  222  p.  in-8°.  Leipzig,  R.  Haupt  (Schrjften  des  Vereins  fur  Reformationsgeschichte 
i)°  99)  1909.  '     ,  ■  /.:;:..:,;■■:■:■  - 


«A  l'occasion  du  quatrième  centenaire  de  Calvin,  la 
niile-  dc-feu  le  professeur  J.-H.  Merle  d'Aubig.né  offre' 
x  pasteurs  et  aux  bibliothèques  d'églises  : 

Histoire  de  la  Réformation  au  XVIe  siècle, 

5  volumes  grand  in-S°': 
son  Histoire  de  la  Réîormation  en  Europe 
au  temps  de  Calvin,  s  vol.: 

:it  au  total  13  volumes  valant  en  librairie  97  J'r.  50,Oiu 
rix  de  Dix  francs,  franco.  . 

Le  nombre  de  collections' qui  seront  mises  à  la  disposi- 
'  du  corps  pastoral  étant  'limité,  la  livraison  à  ce  prix 
ae  n'est  garantie  qu?aux  j?rémiers  inscrits.  Jusqu'à  la 
!e  l'année-  VHistoirè  de  l'a  fié  formation  seva.  livrée  au 
blic  au  prix  de  20  francs,  franco.  Il  ne  sera  pas  livré 
volumes  isolés.  Les:  volumes  seront  expédiés  contré 
ii)ourseme.nt.  .—  L'expédition  se  îérâ  dans  "les  deux 
is  qui  suivront  lè  présent  avis. 


Prière  d' adresser  les  commandes  ù  M.  fiobardey, 
Société  des. Ecoles  dv  Dimanche  ;■ 
■  33.  rue  des   Saints-Pères,  Paris. 


WILLISTON  WALKER 

.Professeur  à  l'Université"  de  Yalt 


JEAN  CAL Vf 

L'HOMME  ET  L'OEUVRE 

Traduit  avec  l'autorisation  de  l'auteur 
par  E.  et  N.  WEISS. 


Un  yolume  in-8°  écu  de  XXVI-  504  pages 
.'  illustré  de  20  plancli.es. 

Genève  :  Jullien  t  .  .  .  .    3  fr.  50 


eciété  de  l'Histoire  du  Protestantisme  Français 


Pour  les  Annonces 

DU  BULLETIN 

S'adresser  à  M.  Claude  STREET 
48,  rue  de  Lille,  PARIS  (7e  arr.) 


Réduction  du  prix  de  la  grande  édition 
critique  des  œuvres  de  Calvin  : 

JOANNIS  CALVÎNI 
opéra  omnia  edideriuit 


G/Boum,  Ed.  Cunitz, 
in-4°.  /  Bruns  v.  1863-1900 . 
lac tuel  broché  :  300  fr. 


Ed.  Reuss.  —  59  vol. 
Publié  à  880  fr.  Prix 


ENVOI  DIRECT  OU  PAR  L  ENTREMISE 
D'UNE  LIBRAIRIE 


.  - 


Études  historiques 

SUR  LES  ÉGLISES  RÉFORMÉES  DE  L'ILE-DE-FRANCE  (1) 


Le  Protestantisme  à  Claye  de  1554  à  1700. 


I.  L'église  actuelle  de  Claye  est-elle  un  ancien  temple? 

II.  Les  origines  de  la  Réforme  à  Claye.  La  route  de  Meaux;  la 

famille  Anjorrant.  Extraits  des  registres  paroissiaux. 

III.  Le  premier  synode  de  l'Ile-de-France  après  l'éditde  Nantes  (1601). 

IV.  Pasteurs  et  curés  de  Claye  au  xvne  siècle. 

V.  Arrêts  du  Conseil  interdisant  le  culte  public  (1636-1637). 

VI.  L'exercice  suspendu  et  repris.  La  Fronde.  L'interdiction  défini- 

tive (1668). 

VII.  L'intervention   de  Bossuet.   Le   culte   à   Bois-le-Vicomte.  Les 

abjurations. 

VIII.  La  Révocation  à  Claye.  Récits  d'un  témoin.  Epilogue  :  la  con- 
version du  curé  de  Souilly. 

I 

Claye  est  un  bourg  de  la  Brie  dont  la  majeure  partie 
est  sur  la  rive  droite  de  la  Beuvronne,  petit  affluent  de 
la  Marne,  à  28  kilomètres  de  Paris  et  à  14  kilomètres  de 
Meaux,  sur  la  route  de  Paris  à  Metz.  La  plaine  et  les 
vallons  sont  couverts  de  champs  fertiles.  Autrefois  il  y 
avait  plus  de  bois  et  un  grand  nombre  de  vignes.  La 
physionomie  du  pays  a  été  quelque  peu  modifiée  par  le 
tracé  du  canal  de  l'Ourcq,  notamment  à  l'endroit  même 
où,  sur  la  rive  gauche  de  la  Beuvronne,  la  grand'route 
croisait  la  route  de  Melun  à  Dammartin.  Actuellement 
l'ancienne  grand'route  gravit  une  côte  au  nord  du  canal 
tandis  que  la  nouvelle  le  longe  au  sud,  en  laissant  à 
droite,  en  contre-bas,  la  mairie,  l'hôtel  du  Cheval  Blanc 
et  l'école  (derrière  lesquels  le  parc  communal  s'étend 

(1)  Voir  les  études  précédemment  parues  dans  le  Bulletin  de  la  Société  de 
l'histoire  du  protestantisme  français,  sur  Grigny  (1900,  p.  225),  Ablon  (1901, 
p.  286),  le  Plessis-Mornay  et  la  Norville  (1901,  p.  169),  Charenton  (1906,  p.  295). 

Mai-Juin  1909.  13 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


195 


jusqu'à  la  Beuvronne),  puis,  après  la  route  de  Melun, 
l'église.  Or,  suivant  une  tradition  locale,  cette  église  n'est 
autre  qu'un  ancien  temple  protestant. 

Elle  se  compose  de  deux  parties  bien  distinctes, 
manifestement  élevées  à  des  époques  différentes;  la  plus 
récente  est  une  grosse  tour  carrée  surmontée  d'un  clocher 
pyramidal  couvert  en  ardoise,  et  restauré  au  milieu  du 
xixe  siècle.  La  largeur  de  cette  tour  est  un  peu  moindre 
que  la  largeur  de  l'église  elle-même  dans  l'axe  de  laquelle 
elle  se  trouve.  Evidemment  on  entrait  autrefois  directe- 
ment de  l'extérieur  à  l'intérieur  par  la  porte  qui  conduit 
aujourd'hui  de  la  tour  à  l'église. 

Très  simple  à  l'extérieur,  avec  ses  murs  bas,  percés 
de  petites  fenêtres  cintrées,  et  avec  son  toit  en  tuiles  tout 
uni,  cette  église  est  très  simple  aussi  à  l'intérieur.  Sauf 
une  toute  petite  chapelle  de  date  plus  récente,  ajoutée  au 
sud  du  chœur,  elle  se  compose  d'un  vaisseau  unique  :  au 
bout  d'un  rectangle  très  long  proportionnellement  à  sa 
largeur,  un  chœur  très  petit;  ni  bas-côtés,  ni  transept. 
Six  fenêtres  dans  le  mur  septentrional,  deux  seulement 
en  face,  vers  le  chœur  que  deux  autres  fenêtres  éclairent 
à  droite  et  à  gauche  de  l'autel.  Sur  le  côté  nord  une 
chaire  assez  belle,  mais  beaucoup  plus  récente  que  l'édi- 
fice. La  voûte  est  polygonale;  le  plafond  qui  est  le  plus 
grand  des  cinq  côtés  du  polygone,  est  supporté  par  une 
poutrelle  verticale  appuyée  sur  une  poutre  horizontale 
assez  joliment  sculptée  avec  élégants  supports  latéraux 
contre  les  murs  ;  cette  partie  visible  delà  charpente  com- 
porte ainsi  huit  poutres  et  poutrelles  en  T  renversé.  Au 
chevet  de  l'église  sont  accolés  de  petits  bâtiments  anciens. 

Le  sol  de  l'église  est  incliné  en  montant  vers  le  chœur, 
et  la  nef  est  orientée  suivant  les  règles  habituelles,  ce  qui 
serait  plutôt  de  nature  à  faire  croire  que  l'édifice  a  été 
primitivement  destiné  au  culte  catholique.  Il  est  vrai 
qu'il  peut  avoir  été  également  construit  pour  le  culte 
réformé  par  un  architecte  catholique,  ou  habitué  à  suivre 
ordinairement  les  règles  catholiques,  et  la  simplicité  du 
cadre  primitif,  encore  très  apparente  sous  les  ornements 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


197 


modernes,  confirmerait  l'idée  d'une  affectation  première 
au  culte  réformé. 

L'ensemble  rappelle  d'ailleurs  —  autant  qu'on  en  peut 
juger  d'après  de  vieilles  estampes,  —  l'aspect  des 
temples  construits  en  1606  à  Charenton  et  en  1630  à  k 
Rochelle  (Villeneuve)  (1). 

A  propos  de  ce  dernier  ou  d'un  autre  temple  roche- 
lais,  converti,  lui  aussi,  en  église  «  papiste  »,  un  visiteur 
écrivait  dans  son  journal  de  voyage,  en  plaignant  ses 
coreligionnaires  dépossédés  : 

Et  sic  non  vobis  nidificatis  aves  (2). 

11  se  pourrait  aussi  que  la  tradition  locale  relative  à 
l'église  de  Claye  repose  sur  ce  fait  que,  pendant  un  cer- 
tain temps,  une  chapelle  catholique  ait  été  transformée 
en  temple  protestant. 

D'après  une  autre  tradition  il  y  aurait  eu  un  cimetière 
protestant  à  YArzilière  (ou  l'Orsilière)  dans  la  propriété 
appartenant  actuellement  à  M.  Vincent.  L'Arzilière  est 
une  ferme  située  au  sud-est  du  bourg,  près  de  la  rive  droite 
de  la  Beuvronne,  au  point  où  se  rejoignent  les  chemins 
traversant  les  hameaux  de  Voisins  et  de  Villaine. 

Enfin  une  ancienne  église  paroissiale  se  serait  élevée 
autrefois  dans  la  propriété  appartenant  actuellement  à 
M.  Gignoux.  Un  ancien  cimetière,  aujourd'hui  désaffecté 
et  couvert  de  grands  arbres,  se  trouve  sur  la  pente  entre 
l'ancienne  route  de  M  eaux  et  le  canal. 

Deux  grandes  maisons  à  Claye  prétendent  au  titre  de 
château.  L'une  d'elles  s'élève  à  peu  près  sur  l'emplace- 
ment d'un  château  ayant  appartenu  au  xvme  siècle  à  la 
famille  de  Polignac.  La  mairie  et  l'hôtel  du  Cheval  Blanc, 
en  occupent  partiellement  les  dépendances,  et  le  parc  com- 
munal représente  une  portion  de  l'ancien  parc  seigneu- 
rial, à  l'ouest  de  l'église.  C'est  de  ces  côtés  que  s'élevait 
probablement  le  château  de  Claye  au  temps  des  seigneurs 

(1)  Reproduites  dans  le  Bulletin  de  la  Société  de  l'histoire  du  prot.  fr,  de 
1906,  p.  326  (tirage  à  part,  p.  40)  et  1895,  p.  310. 

(2)  Journal  d'Élie  Brackenhofï'er,  11  mars  1645,  cité  par  H.  Lehr,  Protestants 
d'autrefois  ;  sur  mer  et  outre  mer,  Paris,  Fischbacher,  1907,  p.  19. 


198  ÉTUDES  HISTORIQUES 

protestants.  C'était  une  construction  flanquée  de  tourelles 
dont  Chastillon  nous  a  transmis  l'image. 

II 

Ce  qui  est  certain  c'est  qu'il  y  a  eu  à  Claye,  depuis 
l  edit  de  Nantes  —  et  peut-être  auparavant  —  jusqu'à 
la  Révocation,  des  seigneurs  et  des  habitants  protestants  et 
un  lieu  d'exercice  du  culte  public  qui,  après  celui  de  Cha- 
renton,  était  le  plus  proche  de  Paris  à  l'est  de  la  capitale. 

Le  fait  que  Claye  est  une  étape  ordinaire  sur  la  route 
entre  Paris  et  M  eaux,  ces  deux  berceaux  de  la  Réforme 
française,  explique  suffisamment  que  cette  localité  ait  été 
l'une  des  premières  à  accueillir  les  «  Ribliens  »  dès  le 
second  quart  du  xvic  siècle. 

A  la  fin  du  xv(J  siècle  déjà  la  seigneurie  de  Claye 
appartenait  en  partie,  —  ainsi  que  celle  de  Souilly, 
village  situé  un  peu  plus  haut,  au  nord-ouest  de  Claye  — 
à  une  famille  d'origine  berrichonne  :  les  Anjorrant  (1).  En 
1498  Louis  Anjorrant  était  avocat  du  roi  à  la  cour  des 
comptes.  Son  fils  Renaud,  sieur  de  Souilly,  fut,  semble-t- 
il,  un  des  premiers  qui  se  déclarèrent  pour  la  Réforme; 
quand  la  persécution  sévit  à  Paris  et  aux  environs,  il  se 
réfugia  à  Genève;  il  y  fut  reçu  «  habitant  »  le  10  décembre 
1554(2),  «  bourgeois  »  en  1566(3),  membre  du  conseil 
des  Deux  Cents  en  1570.  Son  fils  aîné  Jean  porta  ce 
prénom  comme  filleul  de  Jean  Calvin.  Voilà  l'histoire 
religieuse  de  Claye  reliée  par  là  plus  directement  encore  à 
l'influence  du  grand  réformateur  français. 

(1)  France  protestante,  2e  édition,  t.  I,  col.  266  et  suivantes.  Leurs  armes 
étaient  :  d'azur  à  trois  fleurs  de  lys  naturelles  d'argent,  tigées  et  feuillees  de 
sinople. 

(2)  France  protestante,  lre  éd-,  T,  112;  II,  516.  Les  archives  de  Seine-et- 
Marne  (B,  918)  renferment  un  «  Acte  d'échange  entre  Regnault  et  Jean  Anjor- 
rant de  biens  situés  à  la  Villette  lez  Paris  contre  des  immeubles  au  terri- 
toire de  Souilly,  provenant  tant  des  propres  dudit  sieur  Jean  Anjorrant  que 
de  la  succession  de  feu  maître  Louis  Anjorrant  son  père,  en  son  vivant  pré- 
sident aux  requêtes  du  palais  à  Paris  ». 

(3)  Le  31  janvier  1556  «  Regnaulx  Anjorrant,  filz  de  feu  Loy$,  natifz  de  Pans  « 
verse  10  écus  etl  seillot  {Livre  des  bourgeois,  édition  Covelle.  L897j  p.  241). 


200 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


Pour  la  première  fois,  à  la  fin  de  juillet  1562,  Y  Histoire 
ecclésiastique  mentionne  expressément  «  le  ministre  de 
Claye  »  saus  dire  son  nom.  «  Estant  venu  se  plaindre  [à 
Meauxj  des  outrages  que  les  soldats  que  Strossy,  conduits 
par  Bordât,  lieutenant  d'iceluy,  avoient  fait  tant  à  luy 
qu'aux  autres  de  ce  lieu,  ets'adressant  pour  en  avoir  justice 
à  un  nommé  Parcalus,  qui  avoit  esté  establi  chef  de  la  ville 
par  ceux  de  la  Religion,  pour  toute  response  il  en  receut 
un  soufflet  (1)  ». 

En  1567  lorsque  se  font  les  préparatifs  pour  la  seconde 
guerre,  fin  septembre,  «  le  ralliement  des  réformés  »  fut 
à  Claye  (2). 

Un  parent  de  Renaud  (son  frère  probablement) ,  Jean 
Anjorrant,  resta  plus  longtemps  en  France,  quoiqu'il  eût 
aussi  adhéré  à  la  Réforme.  Son  nom  figure  en  1562  sur  une 
liste  de  suspects  qui  étaient  conseillers  au  Parlement  de 
Paris  (3). 

Il  mourut  cette  même  année.  Sa  femme  Catherine  de 
Budé  était  fille  du  célèbre  professeur  au  Collège  de  France. 
Le  16  février  1563  le  parlement  rendit,  pour  cause  de 
religion,  un  décret  de  prise  de  corps  contre  «  damoy selle 
Catherine  Budé,  vefve  de  feu  maistre  Jean  Anjorrant,  en 
son  vivant  conseiller  et  président  ès  enquestes  de  ladite 
court  »,  etcontre  quarante- quatre  habitants  de  Claye  parmi 
lesquels  «  Crespin  Le  Brun,  procureur  fiscal  de  lad.  dlle  au 
lieu  et  village  de  Claye,  Alexandre  Quentin,  hôte  des 
Trois  Couronnes  dud.  lieu;  Nicolas  Savenières,  l'aîné,  cor- 
donnier; Nicolas  Savenières  le  jeune,  sergent;  Claude 
Rïberolles,  demeurant  à  la  Corne  du  Cerf  dud.  lieu,  Jehan 
Bonne  fort  dit  Raoulquin,  le  contrerolleur  Le  Blanc,  Gilles 
Lescaille;  Jehan  Troisvalletz,  un  appelé  le  Pédagogue, 
Jehan  et  Quentin  les  Bienvenuz,  Eustache  et  Noël  Delor, 
joueurs  d'instruments;  lafemme  du  seigneur  de  Maure- 

(1)  Histoire  ecclésiastique  des  Églises  réformées,  etc.,  1.  VII,  p.  3S2  (édition 
Baum,  t.  II,  p.  442] . 

(2)  A.  d'Aubigné,  Histoire  universelle,  1.  IV,  ch.  vu  (éd.  de  Ruble.  t.  1. 
p.  232). 

(3)  France  prot.,  lrc  éd.,  IV,  211. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


201 


gard,  elc.  (1)  ».  Un  autre  Jean  Anjorrant  figure  sur  les 
registres  catholiques  de  Claye  en  1580. 

Le  plus  ancien  recueil  conservé  à  la  mairie  de 
Claye  aux  archives  de  l'état  civil  (GG.  1,  1577  à  1674) 
commence  par  un  baptême  du  26  juillet  1577.  Le  curé 
s'appelait  alors  Reynaut  (son  nom  ne  figure  pas  sur  la 
plaque  fixée,  au  xix^  siècle,  dans  l'église,  à  gauche  de 
l'entrée).  Dès  le  mois  suivant,  au  baptême  de  «  Jehan 
filz  de  Philippe  La  Feulle  et  Artuze  de  la  Motte  »  apparaît, 
comme  parrain  «  Monsieur  Jeh.  Anjorrant,  conseiller  du 
roy  en  sa  court  de  parlement,  receu  à  la  survivance  de 
son  père,  M.  Claude  Anjorrant  de  Claye,  seigneur  de  l'Ar- 
silière».  11  y  a  un  second  parrain  («  M.  Anthoine  Roy  »). 
De  même  dans  un  acte  qui  concerne  bientôt  plus  directe- 
ment encore  la  famille  Anjorrant  : 

Du  vme  septembre  1580  a  esté  baptizé  Claude  filz  de  Monsr 
Me  Jehan  Anjorrant  chevallier  seigneur  de  Claye,  conseiller  du  roy 
en  sa  court  de  Parlement,  receu  à  la  survivance  de  Monsr  Me  Claude 
Anjorrant  son  père  conseiller  en  icelle,  et  damoyselle  Anthoinette 
Huraud,  ses  père  et  mère;  les  parins  sont  pour  Mr  Claude  Anjor- 
rant Monsr  Pierre  de  Lascours  (?)  conseigneur  de  Claye  et  seigneur 
de  Lagny  (°2),  Monsr  Pierre  Fort  advocat  en  la  d.  court,  et  la  ma- 
rine damoyselle  Glere  de  Pilloy  vefve  de  feu  Mr  Loys  Huraud 
prieur  de  Monmagny  (3)  et  dame  de  Messy  (4)  en  partie. 

(Signé)  Reynaut. 

Le  registre  des  testaments  commencé  également 
en  1577  renferme,  après  un  acte  du  23  septembre  1580, 
une  particularité  extrêmement  intéressante  (fol.  59  et 
suivants)  :  quatre  pages  d'écriture  où  deux  lignes  de  mo- 
dèle sont  reproduites  par  une  main  malhabile,  entre 
autres  cette  maxime  : 

Détourne  toy  du  mal  et  approche  du  bien, 
Pour  le  mettre  en  effort  et  point  au  delà. 

(1)  Arch.  nat.,  registre  criminel  du  Parlement  de  Paris,  n°  130,  f°  292;  cité 
dans  la  France  prot.,  2e  éd.,  t.  III,  col.  380. 

(2)  A  deux  lieues  au  sud  de  Claye,  sur  la  Marne. 

(3)  Au  nord  de  Saint-Denis. 

(4)  A  deux  kilomètres  au  nord  de  Claye. 


202 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


Ces  pages  sont  signées  :  Claude  Deobonne  (1).  Puis, 
après  une  liste  des  «  noms  de  ceulx  qui  ont  des  vignes  », 
de  l'écriture  du  curéReynaut,  reparaît  cette  autre  écriture, 
et  on  lit  cette  fois  (fol.  64)  : 

Nostre  père  qui  es  ès  cieux,  ton  nom  soit  sanctifié,  ton  règne 
advienne,  ta  volonté  soit  faicte  en  la  terre  comme  au  ciel,  donne 
nous  au  jour  d'huy  nostre  pain  quotidien,  et  nous  pardonne  nos 
offenses  ainsy  que  nous  pardonnons  à  ceux  qui  nous  offensez 
(sic),  et  ne  nous  induis  point  en  tentation  maies  (sic)  nous  délivre 
du  mal,  car  à  toy  est  le  règne  la  puissance  et  la  gloire  ès  siècles 
des  siècles.  Ainsi  soit-il, 

(Signé)  :  Claude  Deobonne. 

La  forme  du  singulier  employée  en  s'adressant  à  Dieu, 
et  la  présence  de  la  doxologie  finale,  dénotent  ici  incon- 
testablement une  inspiration  protestante;  il  y  avait  alors, 
au  presbytère  de  Glaye,  un  jeune  homme  à  qui,  semble- 
t-il,  le  curé  apprenait  non  seulement  à  écrire,  mais  à  prier 
à  la  façon  des  réformés.  Après  des  baptêmes  de  1585  — 
toujours  célébrés  par  le  même  curé  Reynaut  —  nouvelle 
page  d'écriture  de  Claude  Deobonne  (fol.  79)  : 

Commencer  fault  les  bien  former 
Quant  quoy  puisse  escrire  vistement. 

Après  le  «  Morteloge  des  obits  de  l'Église  de  Claye  », 
auxquels  le  prieur  et  le  vicaire  de  Souilly  doivent  parfois 
assister,  il  y  a  dans  ce  premier  recueil  de  registres  une 
lacune  qui  va  de  1585  jusqu'à  1617,  où  commence  un 
registre  plus  petit. 

Cette  période  de  trente-deux  ans  fut  précisément  celle 
durant  laquelle  s'organisa  l'Église  réformée  de  Claye. 

Le  fils  de  Renaud  Anjorrant,  Jacob,  né  à  Genève 
en  1566,  fut  à  diverses  reprises  l'agent  diplomatique  de 
cette  ville  auprès  des  rois  de  France  et  d'Angleterre;  il 
signait:  «  Soully- Anjorrant  »  (2),  et,  à  chacun  de  ses 
voyages,  il  est  probable  qu'il  vint  voir  ses  cousins  de 
Claye;  en  tout  cas  il  s'occupa  constamment  des  intérêts 

(1)  S'agirait-il  d'Eaubonne  à  deux  lieues  au  uord-ouest  de  Saint-Denis? 

(2)  Bull.  hist.  prot.  /';•.,  XIII,  204. 


ÉTUDES  HISTORIQUES  203 

des  Eglises  réformées.  Ses  principaux  séjours  à  Paris  datent 
de  mars  1601,  mai  1603,  février  1610,  octobre  1610  à 
octobre  1611  (1),  1612,  1616,  1617,  1619,  janvier  1624 
à  mai  1625:  ce  fut  alors  qu'il  conféra  pour  la  première 
fois  avec  Ricbelieu;  en  1629,  âgé  de  63  ans,  il  vint  une 
dernière  fois  à  Paris.  La  France  protestante  et  d'autres 
ouvrages  en  ont  parlé  assez  longuement  pour  qu'il  soit 
inutile  d'insister  ici. 

Son  cousin  Pierre  Anjorrant,  conseiller  au  Parlement 
de  Bretagne,  fils  d'un  Jehan  Anjorrant  qui  paraît  le  mari 
de  Catherine  Budé  (et  peut-être,  en  secondes  noces,  celui 
d' Anthoinette  Huraud),  était  mort  également  à  Genève, 
dès  1589  (2),  mais  d'autres  membres  de  la  famille  res- 
tèrent à  Claye.  Marie,  fille  d'un  Jean  Anjorrant  et  de 
Sidonie  Turquan,  fut  baptisée  par  un  pasteur  en  1596  (3). 

Sur  les  registres  de  l'Église  de  Paris  on  lisait  égale- 
ment, en  1595,  un  acte  de  baptême  célébré  sans  doute  au 
culte  qui  avait  lieu  sous  les  auspices  de  Catherine  de  Bour- 
bon, sœur  de  Henri  IV,  soit  au  Louvre,  soit  à  l'hôtel  de  la 
princesse  :  «  Le  ixmars  fut  baptisée  Jehanne,  611e  de  Fran- 
çois Disper  et  de  Genefiefve  Perot,  présentée  par  Pierre 
Mouzot  serviteur  domestique  du  Sieur  de  Claie,  et 
Suzanne. . .  femme  à'Anthoine  Budé  receveur  de  Claye  (4)  » . 

Jeanne  Anjorrant  épousa  Daniel  Tissard,  sieur  de 
Biche-Toucher  onde.  Le  château  «  ou  pour  mieux  dire 
petite  maison  seigneuriale  »  de  Biche  (5)  est  dans  l'Or- 
léanais, tout  près  de  Marchenoir  où  il  y  avait  une  Église 
réformée.  Mais  D.  Tissard  et  sa  femme  n'en  pourvurent 
pas  moins,  ainsi  que  leur  61s  Daniel,  à  l'exercice  du  culte 

(1)  Il  est  par  exemple  parrain  à  Charenton  le  31  juillet  1611  {Bull.  kist. 
prot.,  1872,  p.  269).  .  ■  ; 

(2)  Fr.  prot.,  2e  éd.,  I,  267.  . 

(3)  La  Fr.  prot.,  2e  éd.,  I,  274,  dit  à  tort  :  «  à  Charenton  »  où  le  culte  ne  fut 
célébré  qu'à  partir  de  1606. 

(4)  Bull,  hist.prot.,  1872,  p.  219;  il  semble  difficile  qu'il  s'agisse  du  4e  frère 
de  Catherine  Anjorrant,  Antoine  de  Budé,  mort  en  1590  et  qui  avait  épousé  (en 
premières  noces  du  moins)  Marie  Le  Blanc,  fille  de  Marguerite  Anjorrant.  {Fr. 
prot.,  2e  êd.  t.  III,  col.  374). 

(5)  Histoire  manuscrite  de  la  ville  de  Marchenoir  (Loir-et-Cher),  par  M.  Péan, 
IIe  partie,  p.  35)  ;  «  le  rez-de-chaussée  est  un  caveau  qui  a  servi  de  sépulture 
à  la  famille  Tissard  »  [Bull.  hist.  prot.,  1863,  p.  46^. 


204 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


dans  leur  fief  de  Ciaye,  après  l'édit  de  Nantes  (vérifié  le 
25  février  1599  au  Parlement),  en  vertu  de  l'article  7 
concernant  les  seigneurs  hauts  justiciers. 

III 

Ce  fut  même  à  Claye  que  se  réunit  le  premier  synode 
provincial  des  pasteurs  et  anciens  des  Eglises  de  l'Ile-de- 
France  sous  le  régime  nouveau,  dans  la  première  année 
du  xviie  siècle.  Gomme  le  synode  national  avait  eu  lieu  à 
Jargeau  le  9  mai  1601,  et  que  Jacob  Anjorrant  y  avait 
assisté,  comme  d'autre  part  il  quitta  Paris  à  la  fin  du 
mois,  il  y  a  lieu  de  penser  qu'avant  son  départ  il  ne  fut 
pas  étranger  à  la  préparation  du  synode  provincial  tenu 
dans  le  fief  familial  de  Claye. 

Un  document  du  30  mai  1601,  déposé  actuelle- 
ment aux  archives  municipales  de  Vitry-le-François, 
donne  les  noms  des  pasteurs  dont  la  plupart  furent  sans 
doute  présents  à  Claye,  et  nous  renseigne  sur  la  répar- 
tition géographique  des  Églises  du  bassin  de  la  Seine 
à  cette  époque  :  l'Église  de  Claye  est  la  troisième  nommée, 
après  celle  de  Paris  (dont  le  temple  était  alors  à  Ablon), 
et  celle  de  Mantes  qui,  pour  tous  les  protestants  dispersés 
à  l'ouest,  jouait  un  rôle  analogue  à  celui  de  Claye  pour 
la  partie  orientale  de  la  région  parisienne. 

IV 

Voici  la  liste  des  pasteurs  de  Claye,  encore  incomplète, 
telle  que  nous  avons  essayé  de  l'établir  d'après  les  actes 
des  synodes  provinciaux  et  nationaux  du  xviic  siècle. 
(Les  dates  sont  celles  auxquelles  se  rapportent  les  docu- 
ments utilisés)  : 

1601,  Elle  d'Arandc,  encore  en  1603  (1). 

(1)  Synode  de  Gap  (Quick,  I,  251;  Aymon,  I,  287:  Daronde).  11  est  pasteur 
à  Amiens  en  1607. 


ÉT U D ES  HI STO RIQUES 


205 


L614  à  1617,  David  Chauveton  (1). 

Le  synode  de  Vitré,  constatant  qu'il  était  parti  en 
Basse-Guyenne,  près  de  son  père  «  vieux  et  caduc  »,  avait 
ordonné  qu'il  rembourserait  ses  frais  d'études  à  la  pro- 
vince d'Ile-de-France  (1617);  le  synode  suivant  l'en  dis- 
pense à  cause  de  sa  «  pauvreté  ». 

1622,  Duchat,  qui  eut  maille  à  partir  avec  le  contre- 
versiste  catholique  Véron  (2). 

1625,  Billot  (Isaac),  après  lequel  on  trouve  en  1637  son 
fds  ou  son  neveu  Pierre  Billot  (3).  Nous  avons  vu  dès 
1601  un  Billot  sur  la  liste  des  proposants  entretenus  aux 
frais  de  la  province  de  l'Ile-de-France.  C'était  probable- 
ment Isaac.  Sous  le  ministère  de  Pierre  se  déroulèrent 
plusieurs  événements  que  nous  raconterons  ci-après. 

Il  desservait  également  en  1637  l'église  d'Armainvil- 
liers.  Entre  les  deux  Billot  on  trouve  en  1626  Jacobé  (4  ), 
qui,  en  1625,  comme  pasteur  de  Château-Thierry,  avait 
siégé  au  synode  provincial  de  Charenton  en  même  temps 
qu'Jsaac  Billot  et  qu'un  ancien  (ou  délégué  laïque)  de 
l'église  de  Claye  nommé  Nicolas  Courtier  (5).  Il  lui  arriva 
de  remplacer  Drelincourt  dans  la  chaire  de  Charenton  (6). 

1649,  Isaac  Albouy  :  il  siège  sans  ancien  au  synode 
provincial  de  Vitry-le-François  (7)  ;  1653-1657,  Gaspard 
Tricot;  1660,  François  Bancelin  (8);  1661,  Isaac  Constans; 
1665-1669,  Daniel  Despoiz  (9).  Il  ne  survécut  pas  long- 

(1)  Synodes  de  Vitré  (Aymon,  II,  116)  et  d'Alais  (II,  154). 

(2)  Douen,  Révocation  à  Paris,  I,  252.  La  France  prot.,  2e  éd.,  V,  625,  l'ap- 
pelle Eudotkée  et  dit  qu'il  fut  ministre  à  Claye  de  1617  à  1619. 

(3)  France  prot.,  2°  éd.,  II,  564.  Quiek  (II,  386)  l'appelle  Belol.  Il  avait  sou- 
tenu en  1636  à  Sedan,  sa  thèse  qui  figure  dans  le  Thésaurus  disputationum 
de  J.  de  Vaulx  son  condisciple  (Fr.  prot.,  2e  éd.,  t.  V.,  col.  383).  Un  autre  Billot, 
David,  étudie  à  Sedan  aussi  en  ma  {Bull.,  1905,  p.  112,  et  cf.  1886,  p.  514)'. 

(4)  Synode  de  Castres,  Quick,  II,  231. 

(5)  France  prot.,  2e  édit,  t.  V,  col.  1023. 

(6)  Bull,  hisl.,  prot.,  1872,  p.  325,  (20  septembre  1626).  Vers  cette  même 
époque,  une  personne  originaire  de  Claye,  Sarah  Michel,  épousait  à  Charenton 
Antoine  Gobelin  (septembre  1625;  Bull.  hist.  prot.,  1855,  p.  495). 

(7)  Fr.  prot.,  2e  éd.,  V,  col.  609,  et  1,  col.  93. 

(8)  Bull.  hist.  prot.,  1869,  p.  512. 

(9)  Ces  quatre  derniers  pasteurs  sont  signalés  par  M.  Auzière,  dans  son 
répertoire  des  anciennes  Églises  réformées,  ms.  déposé  à  la  bibl.  de  la  Soc.  de 
l'histoire  du  protestantisme. 


206  ÉTUDES  HISTORIQUES 

temps  à  la  suppression  de  l'exercice,  étant  mort  avant 
1674(1). 

-y-  * 

Voici  d'autre  part  la  liste  des  prieurs  curés  de  Claye 
telle  qu'elle  est  inscrite  sur  une  plaque  commémorative  à 
gauche  de  l'entrée  de  l'Eglise  :  1598  François  Bachelot; 
1606  Jacques  Heynault;  1609  Alain  Chevalier;  1611  Louis 
Foucard;  1614  Jacques  Dangalis;  1617  Jacques  Châtelain; 
1626  Nicolas  Le  Meignen  ;  I65M  Nicolas  de  Rost;  1664 
Louis  de  Cestre  ;  \  665EustacheThomassin  (jusqu'en  1690). 

V 

Les  registres  paroissiaux  de  Claye,  dont  nous  avons 
déjà  signalé  la  lacune  à  partir  de  1585,  existent  de  nou- 
veau après  1617,  tenus  parle  curé  Chasteliain.  Il  inscrit 
19  baptêmes  en  1617,  18  en  1618,  etc.  Il  y  a  eu  en  1908 
à  Claye  41  naissances  pour  une  population  de  1828 
habitants.  Les  catholiques  de  Claye  étaient  donc  il  y  a  trois 
siècles  certainement  moins  de  mille  (il  y  avait,  en  moyenne 
beaucoup  plus  d'enfants  par  famille  alors  qu'aujourd'hui). 

(1)  M.  H.  Stein  a  bien  voulu  me  signaler  un  document  conservé  aux 
Archives  nationales  (Y.  228  :143e  vol.  des  Insinuations  du  Chdlelet,  fol.  454-5). 
C'est  un  contrat  de  mariage  passé  «  par  devant  Simon  Couroy,  tabellion  juré, 
commis,  institué,  »  à  ce  faire  estably,  ès  baillage,  baronnye  et  cbastellenye  de 
la  Ferté  au  Col  et  Chauvigny,  pour  et  de  par  Monseigneur  le  comte  de  lloucy, 
seigneur,  baron  et  chasteliain  des  dits  lieux.  »  Le  futur  époux  est  «  Me  Pierre 
de  Vrillac,  licencié  ès  lois,  advocat  au  Parlement  de  Paris,  bailly  et  lieute- 
nant général  des  baillage  et  chastellenie  de  la  Ferté  au  Col  et  Chauvigny, 
demeurant  à  la  Ferté  »,  et  la  future  épouse  n'est  autre  que  «  damoiselle 
Jeanne  Jacob,  veufve  de  feu  Mc  Daniel  Despolz,  vivant  Ministre  de  la  Religion 
prétendue  réformée  à  Claye,  demeurant  aussi  de  présent  en  la  ville  de  la 
Ferté.  »  On  a  tout  lieu  de  croire  qu'elle  était  devenue  catholique  avant  de 
contracter  (et  peut-être  pour  contracter)  ce  second  et  plus  brillant  mariage, 
car  elle  promet  de  le  faire  «  sollempniser  en  face  de  l'Église  le  plus  tOSt  que 
commodément  faire  se  pourra  ».  Les  conditions  du  contrat  sont  toutes  favo- 
rables à  l'épouse  :  elle  n'apporte  à  la  communauté  <<  aucune  chose  »,  tandis 
que  M.  de  Vrillac  lui  constitue  un  douaire  «  préfix  »  de  quatre  mille  livres,  et 
promet,  si  elle  meurt  avant  lui,  de  «  payer  aux  père  et  mère  de  ladite  future 
la  somme  de  deux  cents  livres  par  an  ».  Le  contrat  est  signé  qhei  elle  «  en 
présence  de  M0  Simon  Couroy  le  jeune,  greffier  au  baillage  de  la  Ferté,  et 
Robert  Josse,  habitant  audit  lieu  »  le  23  avril  1674. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


207 


Quant  au  chiffre  de  la  population  protestante,  la  décou- 
verte des  registres  tenus  par  les  pasteurs  pourrait  seule 
fournir  les  éléments  d'un  calcul  analogue  et  d'une  com- 
paraison intéressante. 

A  cette  époque  la  famille  de  Claude  Anjorrant  —  en 
partie  du  moins  —  paraît  avoir  été  catholique  : 

Le  12  juillet  1619  fut  baptizé  Louys,  filz  de  messire  Claude 
Anjorrant,  chevalier  seigneur  en  parti  de  Claye  et  seigneur  de 
Gonesse  et  aultres  lieux,  et  de  très  vertueuse  dame  Marguerite 
Feydeau,  ses  père  et  mère.  Le  parin  très  sage  et  discrette  per- 
sonne messire  N.  Feydeau,  sieur  de  Brou  (1),  conseiller  du  roy 
en  son  conseil  d'État,  son  grand  père  maternel,  la  mareine  clame 
Claire  de  Faulcon,  femme  de  Messire  Geofroy  Lutter  sieur  de  la 
Malmaison. 

Signé  :  Chastelatn. 

En  1621  Claude  Anjorrant  —  parrain  dans  un  baptême 
—  est  qualifié  «  conseigneur  de  Claye  et  seigneur  du  fief 
cle  Sully,  commissaire  général  des  guerres  ». 

De  1626  à  1647  un  nouveau  cahier  renferme  les  actes 
faits  par  «  frère  Nicolas  Le  Meignen,  prestre  religieux 
profez  de  l'abbaye  de  Notre-Dame  de  Chaage,  diocèse  de 
Meaux,  prieur  curé  de  l'église  Saint-Etienne  de  Claye  », 

Ce  moine  se  trouva  mêlé  à  plusieurs  des  incidents 
les  plus  violents  de  l'histoire  de  Claye. 

Elie  Benoit,  dans  son  Histoire  de  VEdit  de  Nantes, 
nous  dit  qu'il  y  eut  avant  j  uin  1637  quatre  arrêts  rendus  p  ar 
le  conseil  du  roi  pour  interdire  l'exercice  du  culte  public 
à  Claye  (2)  ;  c'est  dire  combien  les  autorités  ecclésiasti  - 
ques  et  judiciaires  saisissaient  volontiers  toute  occasion 
de  contester  aux  réformés  les  droits  qui  leur  avaient  été 
accordés  par  l'Éclit.  Le  prétexte  ordinairement  invoqué 
contre  les  réformés  de  Claye  était  que  le  seigneur  ne  rési- 
dait pas  habituellement  dans  son  château,  mais  les  don- 
nées des  divers  arrêts  ne  s'accordent  pas  sur  la  durée  des 
absences-  de  D.  Tissard  (qui  allait  probablement  tantôt  à 
Paris,  tantôt  à  Biche  en  Orléanais). 

(1)  A  deux  lieues  au  sud-ouest  de  Claye. 

(2)  1,  il,  565. 


208 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


Toujours  est-il  qu'en  février  1635  il  était  bien  présent 
à  Claye,  puisqu'on  lui  reproche  plus  tard  d'avoir  agi  alors 
avec  une  regrettable  vivacité  (1).  Laverdin,  sergent  ache- 
vai du  Châtelet,  dans  une  déposition  de  1636,  se  plaint 
que  «  le  7  février  1635  il  avait  assisté  le  commissaire 
Perier  en  une  information  qui  se  faisoit  aud.  Claye  à  ren- 
contre d'un  nommé  Le  Grand,  delà  R.  P.  R.,  à  cause 
d'une  émotion  qu'il  fit  le  jour  du  Saint  Sacrement  pen- 
dant la  procession  :  lequel  Tissard  pour  ce  sujet  fit  enle- 
ver ledit  Laverdin  de  son  lict  dès  quatre  heures  du  matin, 
par  cinq  personnes  de  ses  gens  en  son  chasteau  et  le  traî- 
nèrent le  long  du  chemin  etc.  ». 

Après  une  violente  altercation  le  seigneur  de  Claye 
renvoie  le  sergent  en  lui  disant  que  «  s'il  entendait  encore 
parler  de  luy  il  l'estropierait  ».  Or,  il  ne  l'estropia  point, 
quoiqu'il  eût  encore  à  en  entendre  parler. 

Un  arrêt  du  20  juin  1636  ayant  défendu  «  de  faire 
l'exercice  en  aucun  lieu  si  ce  n'est  que  les  seigneurs  y 
résident  »,  commandement  fut  fait  «  à  Pierre  Billot,  mi- 
nistre trouvé  preschant  dans  la  maison  seigneuriale  en 
l'absence  du  sieur  de  Biche,  seigneur  en  partie  dudit 
Claye,  qui  ne  fait  aucune  résidence  depuis  dix  ou  douze 
années  ». 

Un  arrêt  du  4  juillet  constate  que  «  ledit  Billot  et  ses 
assistants  ont  sur  l'heure  obéi,  et  même  le  concierge  delà 
dite  maison  seigneuriale  a  rendu  la  clef  du  lieu  auquel  se 
faisait  le  presche  ; ...  néanmoins  ils  retiennent  leur  minis- 
tre qui  ne  laisse  pas  de  faire  led.  exercice  avec  eux  en 
particulier  et  aller  aux  lieux  circonvoisins  ».  Et  l'arrêt  in- 
terdit de  faire  aucun  exercice.  Mais  le  seigneur  de  Claye 
fait  aussitôt  de  pressantes  démarches  et  le  8  juillet  obtient 
que  contrairement  à  l'arrêt  précédent,  le  culte  puisse 
continuer  à  être  célébré.  «  Le  scel  qui  avait  été  apposé 
sur  la  serrure  de  la  porte  du  temple  est  brisé,  les  affiches 
portant  le  texte  de  l'arrêt  du  4  juillet  sont  arrachées,  les 
habitants  fontle  prêche  audit  lieu  sous  l'authorité  de  Daniel 


(1)  Filleau,  Décisions  catholiques  (1668),  p.  369. 


ÉTUDES   HISTORIQUES  209 

Tissard,  seigneuren  partie  dud.  Clay(3,  lequel,  bien  qu'il  y  ay  t 
plus  de  vingt  ans  qu'il  ue  réside,  s.e  serait  néanmoins  expres- 
sément transporté  depuis  huit  jours  en  ça  pour  y  faire  dire 
le  ditpresche  sous  prétexte  d'un  arrêt  de  nostre  Conseil  qu'il 
a  subrepticement  obtenu  sur  requeste  le  8  juillet,  et  iceluy 
exploiter  sans  commission  ny  sceau,  par  lequel  il  luy  est 
permis  de  faire  l'exercice  pour  luy  et  sa  famille  ».  Ainsi 
s'exprime,  du  moins,  un  nouvel  arrêt  du  Conseil  privé  en 
date  du  15  juillet  donnant  ordre  de  surseoir  à  l'exécution 
de  l'arrêt  du  8  et  assignant  à  quinzaine  D.  Tissard  et  le 
ministre  Billot  (1). 

Six  mois  se  passent  en  enquêtes  et  procédures. 

Le  sergent  Laverdin  (déclarations  des  24  juillet  et 
14  août)  reconnaît  avoir,  le  11  juillet,  «  baillé  copie  de 
l'arrêt  du  8  obtenu  par  Tissard,  à  frère  Nicolas  Le  Mei- 
gnen,  prestre  curé  de  Claye;  pour  faire  laquelle  significa- 
tion ledit  Tissard  l'aurait  envoyé  quérir  en  sa  maison 
par  Jean  Despots,  son  procureur  fiscal  audit  Claye,  qui 
auroit  dit  audit  Laverdin  qu'il  allast  parler  audit  Tissard, 
et,  estant  arrivé  en  son  chasteau,  luy  auroit  commandé 
d'aller  signifier  ledit  arrest,  ensemble  de  lever  le  scellé 
mis  et  apposé  contre  le  presche,  lever  les  copies  desdits 
arrests  qui  estoient  apposées  tant  contre  ladite  porte  que 
contre  le  poteau  et  carcan,  que  contre  l'orme  attenant 
d'iceluy  au  principal  carrefour  dudit  Claye  (2).  Ce  que 
ledit  Laverdin  a  dit  avoir  esté  refusant  de  faire,  pour 
n'estre  ledit  arrest  scellé,  et  luy  auroit  dit  qu'il  n'estoit  en 
bonne  forme  ;  sur  laquelle  réponse  ledit  Tissard  luy  au- 
roit dit  de  quoy  il  se  soucioit,  et  qu'il  vouloit  absolument 
qu'il  fît  ce  qu'il  luy  commandoit,  jurant  qu'il  l'en  acquit- 
teroit;  à  quoy  ledit  Laverdin  fit  réponse  qu'à  mal  exploi- 
ter il  n'y  avoit  point  de  garant.  Néanmoins  attendu  les 
menaces  et  jurements  dudit  Tissard...  il  auroit  esté  con- 
traint de  signifier  l'arrest  et  lever  les  copies  apposées 

(1)  Filleau,  op.  cil.',  p.  368. 

(2)  C'est-à-dire,  je  pense  au  croisement  des  anciennes  routes  de  Paris  à, 
Aieaiix  etdeMelun  à  Dammartin,  vers  l'endroit  où  passe  actuellement  le  canal, 
au  nord  de  la  petite  place  plantée  d'arbres  à  côté  de  l'Église. 

14 


210 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


contre  l'orme...;  et  pour  le  regard  de  la  porte  dndii 
presche,  auroit  déclaré  que  le  scellé  étoit  déjà  rompu  et 
hors  de  dessus  la  serrure  » . 

Suit  un  «  èxploit  de  commandement  »  à  Lesculé, 
notoire  royal  à  Claye,  pour  être  adjoint  à  l'audition  des 
témoins;  ce  qu'il  refuse  de  faire. 

Enfin,  le  12  décembre  1636,  le  roi  en  son  Conseil 
ordonne  que  les  arrêts  des  20  juin  et  4  juillet  (interdi- 
sant le  culte)  seront  excécutés,  sans  s'arrêter  à  celui  du 
8  juillet  (autorisant  le  culte) ,  et  «  fait  itératives  défenses  aux- 
dits  Tissard  et  Billot  et  tous  autres,  sur  peine  de  3000  li- 
vres d'amende  et  punition  corporelle  »  ;  le  sergent  Laver- 
din  est  condamné  de  son  côté  à  «  dix  livres  d'amende  en 
œuvres  pies  »  ;  Tissard,  Billot  et  Laverdin  sont  condam- 
nés aux  dépens. 

Au  printemps  de  1637  les  poursuites  recommencent 
contre  les  protestants  de  Claye  :  «  ils  se  seroient  vantez, 
et  notamment  le  sieur  de  Biche,  de  faire  faire  le  presche 
au  préjudice  des  défenses  de  Sa  Majesté,  réitérées  par 
plusieurs  arrests,  et  particulièrement  par  iceluy  du 
12  décembre  1636.  » 

D'où  s'ensuit,  le  21  avril  1637,  un  nouvel  arrêt  du  Con- 
seil privé  réitérant  les  «  défenses  au  sieur  de  Biche  de 
faire  aucun  exercice  public  ou  particulier  de  laB.  P.  R.  ». 
A  remarquer  que  l'arrêt  affecte  de  qualifier  D.  Tissard 
sieur  de  Biche  et  non  plus  seigneur  de  Claye.  Les  deux 
titres  lui  sont  accordés  ensemble  dans  un  cinquième  arrêt 
du  Conseil,  toujours  sur  le  même  sujet,  qui  résume  les 
procédures  antérieures  et  la  situation  à  cette  date;  aussi 
le  citerons  nous  in  extenso  (1)  : 

ARRET  DU  CONSEIL  PRIVÉ  DU  23  JUIN  1637. 

Entre  messire  Claude  de  la  Place  prestre,  prédicateur  à  Paris, 
et  le  procureur  de  sa  Majesté  aux  requestes  de  l'Hostel  joint, 
demandeurs  et  requérans  l'entérinement  d'une  roques! e  du 
15  juillet  1636  tendante  afin  que  défenses  soient  faites  à  toutes 


(I)  Filleau,  op.  cit.,  p.  366  el  367. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


personnes  de  la  R.  P.  R.,  mesme  à  Daniel  Tissard  seigneur  en 
partie  de  Glaye  et  de  Biche,  de  faire  dire  le  presche  audit  lieu  de 
Claye,  pour  la  contravention  par  lui  faite  aux  Edits  de  Sa  Majesté 
et  qu'il  ne  fait  sa'demeure  et  résidence  audit  lieu  de  Glaye,  ni  aucun 
de  sa  famille  depuis  vingt  ans  et  plus,  et  à  Pierre  Billot  ministre 
ny  à  tous  autres,  de  faire  ci- après  aucun  exercice  de  ladite  R.  P.  R. 
soit  en  public  ou  en  particulier,  et  ce  nonobstant  l'Arrest  du  Con- 
seil du  8  desdit  mois  et  an  lequel  sera  cassé,  d'une  part;  —  et  les 
dit  Tissard,  Billot,  et  Jean  LaVerdin  sergent  au  chastelet  de  Paris 
défendeurs  d'autre. 

Veupar  le  roy  en  son  Conseil  ladite  requeste,  arrest  du  15  des- 
dits mois  et  an,  contenant  qu'il  entend  doresnavant  faire  sa 
demeure  audit  lieu  de  Claye  et  là  y  establir  son  vrai  domicile  avec 
toute  sa  famille,  comme  y  ayant  cy  devant  demeuré,  le  tout  pour 
satisfaire  aux  Édits  faits  en  faveur  de  ceux  de  la  R.  P.  R.,  le  dit 
arrest  du  8  desdit  mois  et  an  obtenu  par  ledit  Tissard,  par  lequel 
il  luy  est  permis  de  faire  l'exercice  de  ladite  R.  P.  R.  pour  luy  et  sa 
famille  seulement  lorsqu'il  sera  en  ladite  maison.  Edit  de  Nantes 
art.  7. 

Arrest  du  conseil  du  20  juin  1636  par  lequel  défenses  sont 
faites  à  toutes  personnes  de  la  R.  P.  R.  de  faire  exercice  de  leur 
dite  religion  en  leurs  maisons  nobles  s'ils  s'y  rendent  actuel- 
lement ou  leurs  familles,  comme  aussi  aux  ministres  de  faire 
le  presche  et  exercice  d'iceluy  hors  le  lieu  de  leurs  demeures 
et  résidences  ;  procès-verbal  de  signification  dudit  arrest  et 
publication  dudit  au  lieu  de  Claye,  contenant  que  la  clef  du 
temple  où  se  faisait  le  presche  en  ladite  maison  seigneuriale 
de  Claye  a  esté  livrée  et  ledit  temple  fermé,  attendu  ce  qu'il 
résultoit  de  la  déclaration  dudit  Billot  ministre,  concierge  de  la- 
dite maison,  et  anciens  faisant  profession  de  la  R.  P.  R.,  que 
ledit  Tissard  ny  aucuns  de  sa  famille  ne  faisoient  aucune  résidence 
audit  lieu,  du  24  desdits  mois  et  an. 

Autre  procès-verbal  contenant  que  le  scel  a  esté  apposé  à  la 
porte  dudit  temple  du  29  dudit  mois. 

Arrest  du  Conseil  du  4  juillet  audit  an  par  lequel  défenses 
sont  faites  ausdits  habitans  de  Claye  faisans  profession  de  ladite 
R.  P.  R.  et  audit  Billot  ministre  et  à  tous  autres  d'y  faire  cy  après 
aucun  exercice  soit  en  public  ou  en  particulier  tant  et  si  longue- 
ment que  les  seigneurs  dudit  lieu  n'y  feront  leur  résidence 
actuelle. 

Procès-verbal  du  12  desdits  mois  et  an  en  exécution  de  l'arrest 
du  4  juillet  contenant  la  Visitation  dudit  temple  de  la  porte 
duquel  ledit  scel  avoit  esté  levé  et  osté  et  les  affiches  desdits 
arrests  déchirées  du  12  juillet  audit  an. 

Déclaration  dudit  Laverdin  sur  ce  qu'il  avoit  exécuté  ledit 


212 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


arrest  dudit  8  juillet  sans  estre  scellé,  du  24  desdits  mois  et  an. 

Arrest  du  Conseil  du  21  avril  1637  par  lequel  est  ordonné 
qu'il  sera  informé,  donné  advis  à  S.  M.  des  contraventions 
faites  à  ses  édits  par  les  habitants  de  Villiers  le  Bel,  Claye,  Ablon, 
la  Norville  et  autres  lieux  circonvoisins. 

Procès-verbal  contenant  l'audition  faite  d'aucuns  habitans 
de  Claye  sur  la  contravention  ausdits  édits  et  certification  que 
depuis  ledit  Tissard  n'a  fait  aucune  résidence  ni  aucun  de  sa 
famille  en  ladite  maison,  du  18  juin  1637. 

Requeste  du  procureur  de  S.  M.  ausdites  requestes  de 
l'Hostel  du  22,  tendante  à  ce  qu'il  luy  fust  permis  de  vérifier  que 
ledit  sieur  de  Biche  n'a  fait  sa  demeure  actuelle  ny  aucun  de  sa 
famille,  audit  lieu  de  Claye,  depuis  sa  déclaration  du  4  juillet;  — 
et  en  conséquence  de  ce  que  l'Arrest  du  8  sera  cassé  et  iceluy  de 
Biche  privé  de  pouvoir  à-  l'advenir  introduire  ledit  presche  audit 
lieu  de  Claye  en  conséquence  de  ladite  déclaration. 

Procès-verbal  de  signification  de  ladite  requeste  audit  sieur 
de  Biche  desdits  jour  mois  et  an. 

Appointement  en  droit  du  2  septembre  1636.  Ecritures  des- 
dites parties. 

Tout  considéré,  le  Roy  en  son  Conseil,  sans  s'arrester  audit 
arrest  de  son  Conseil  dudit  8  juillet  a  fait  défenses  audit  Tissard 
d'introduire  à  l'advenir  le  presche  audit  lieu  de  Claye,  et  audit 
Billot  et  tous  autres  ministres  d'y  prescher,  et  encores  audit  Billot 
de  prescher  partout  ailleurs  qu'au  lieu  de  sa  résidence.  Comme 
aussi  à  Sadite  Majesté  fait  défenses  à  Jean  de  Homme  soy  disant 
maistre  d'école  à  Claye  d'enseigner  la  jeunesse  en  quelque  lieu 
sorte  et  manière  que  ce  soit,  soit  audit  lieu  de  Claye  ou  ailleurs 
à  peine  de  punition  corporelle,  et  audit  Laverdin  d'exécuter  les 
arrests  par  extraits  et  non  scellés. 

Ordonne  S.  M.  que  le  présent  arrest  sera  leu  et  publié  à  Claye 
et  lieux  circonvoisins,  condamne  ledit  Tissard  aux  dépens. 

Fait  à  Paris  le  23e  jour  de  juin  1637. 

Fayet. 

Ordre  du  même  jour,  pour  la  signification  par  huissier. 

11  y  a  lieu  de  faire  quelques  remarques  sur  ce  que 
nous  apprend  cet  arrêt. 

1°  Il  n'est  pas  rendu  à  la  requête  du  curé  de  Claye, 
mais  d'un  «  prestre  prédicateur  à  Paris  »,  c'est-à-dire 
d'un  missionnaire,  M.  Claude  de  la  Place,  et  du  procu- 
reur du  roi  ; 

2°  Le  Conseil  admet  l'allégation  d'après  laquelle 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


213 


D.  Tissard  n'aurait  pas  «  fait  sa  demeure  »  à  Claye 
depuis  «  vingt  ans  et  plus  »,  alors  que  nous  avons  vu 
qu'il  y  demeurait  en  1635  et  qu'un  arrêt  précédent  éva- 
luait son  absence  à  une  durée  beaucoup  moindre; 

3°  L'arrêt  du  8  juillet  1632  favorable  aux  protestants 
est  reconnu  en  bonne  forme,  mais  il  n'en  est  pas  moins 
cassé; 

4°  Le  culte  public  et  particulier  était  interdit,  par 
l'arrêt  du  4  juillet  1636,  seulement  «  tant  que  les  sei- 
gneurs ne  feront  leur  résidence  actuelle  à  Claye  »  ;  l'arrêt 
du  23  juin  1637  interdit  sans  aucune  réserve  à  D.  Tissard 
((  d'introduire  à  l'advenir  le  presclie  audit  lieu  de  Claye, 
et  audit  Billot  et  à  tous  autres  ministres,  d'y  prêcher  »  ; 
en  outre  il  est  défendu  à  Billot  «  de  prêcher  partout  ail- 
leurs qu'au  lieu  de  sa  résidence  ».  La  liste  du  synode 
national  le  dit,  cette  année-là,  pasteur  de  Armainvilliers  et 
Claye;  il  a  donc  pendant  quelque  temps  résidé  ou  du 
moins  exercé  son  ministère  alternativement  à  Claye  et 
dans  une  autre  partie  de  la  Brie,  à  cinq  lieues  au  sud-est, 
au  nord  de  Tournan.  Le  culte  était  en  effet  célébré  au 
château  d'Armainvilliers  sous  les  auspices  de  la  veuve  de 
Pierre  de  Béringhen,  valet  de  chambre  de  Louis  XIII  ; 
elle  mourut  en  1639  (1).  Un  avocat  de  Paris,  Baudouin, 
essaya  alors  de  faire  prêcher  près  de  là,  dans  sa  maison 
de  Champrosé,  mais  cela  lui  fut  interdit  par  arrêt  du 
parlement  en  1642  (2). 

Enfin  l'arrêt  de  1637  nous  apprend  qu'outre  le  prêche 
qui  se  faisait  «  au  temple  en  la  maison  seigneuriale  »  les 
réformés  avaient  établi  à  Claye  une  école,  et  il  est  inter- 
dit au  maître  d'école,  Jean  de  Romme,  «  d'enseigner  la 
jeunesse  »  en  même  temps  qu'il  est  interdit  au  ministre 
Billot  de  prêcher. 

Ces  affaires  de  Claye  eurent  un  grand  retentissement 
à  cause  des  principes  qui  étaient  en  jeu,  et  aussi  à  cause 
de  la  proximité  de  la  capitale,  où  résidaient  une  partie  des 

(1)  Fr.  prot.,  2°  éd.,  II,  338. 

(2)  Bull.,  1897,  p.  666,  et.fr.  pr.,  2e  éd.,  I,  1010. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


accusateurs  et  des  accusés  ainsi  que  les  juges.  Dans  une 
lettre  inédite,  sans  date,  mais  qui  paraît  remonter  àlaiin 
de  juin  1636  ou  au  commencement  de  juillet,  le  célèbre 
pasteur  parisien  Baillé  écrivait  à  Rivet  (professeur  de 
théologie  en  Hollande)  au  sujet  d'un  arrêt  «  tout  fresche- 
ment  donné  »  qui  paraît  bien  être  celui  du  20  juin  1636  : 
«  L'arrest  fut  dès  le  lendemain  signifié  et  exécuté  à  Claye 
à  huit  lieues  d'ici,  et  l'exercice  interdit  avec  une  extrême 
violence,  le  ministre  tiré  de  sa  chaire,  précisément  sur 
l'article  de  la  prière  pour  le  roi,  et  le  temple  l>rmé  et 
scellé  (1).  »  Les  Décisions  catholiques  de  Filleau  et  les  con- 
sidérants des  arrêts  du  Conseil  de  1637,  qui  s'étendent  si 
complaisamment  sur  les  actes  un  peu  vifs  de  D.  Tissard, 
ne  parlent  pas  de  ces  violences  autrement  graves  exer- 
cées par  la  partie  adverse. 

VI 

Le  culte  public  fut  probablement  suspendu  à  Claye 
pendant  quelques  années.  En  1644  D.  Tissard  vint  y 
habiter  quelques  mois  et  on  n'osa  l'empêcher  d'y  faire  de 
nouveau  prêcher,  en  sa  présence,  un  ministre.  Le  prêche 
semble  avoir  continué  ensuite  :  même  en  l'absence  du  sei- 
gneur pendant  quelque  temps.  D.  Tissard  épousa  en  avril 
1646,  au  temple  de  Charenton,  Judith  Hardy,  fille  de 
François,  sieur  des  Loges,  conseiller  secrétaire  du  roi,  et 
de  Marie  Galland  (2). 

Quelques  années  après  le  bourg  de  Claye,  comme  tous 
les  environs  de  Paris,  eut  horriblement  à  souffrir  des 
troubles  de  la  Fronde.  Un  registre  d'actes  paroissiaux 
commencé  en  1647  cesse  brusquement  en  octobre  1651; 
pour  1652  il  n'y  a  que  trois  actes  sur  une  feuille  volante. 
Or  on  peut  voir  dans  les  Mémoires  de  Turenne  qu'à  la 
fin  de  juin  1652  il  fit  passer  la  Marne  à  ses  troupes  à 
Lagny  et  (par  la  route  qui  précisément  traverse  Claye  il 

(1)  Bibliothèque  nationale,  Ms.  fr.,  17  822,  fol.  35  v°. 

(2)  France  prot.,  2e  éd.,  t.  I,  col.  275. 


ÉTUDES   HISTORIQUES  215 

alla  «  se  loger  près  de  Dammartin  (1)  ».  Quelques  se- 
maines plus  lard  l'armée  du  roi  refait  la  même  route  en 
sens  inverse.  Elle  eomptait  alors  (mi-août)  28  escadrons 
et  5  000  fantassins.  En  septembre  1652,  à  son  tour,  l'armée 
dos  princes  parcourt  le  pays  dévasté. 

Que  devint,  pendant  et  après  les  troubles,  l'Église 
réformée  de  Claye?  Nous«n'en  savons  rien  jusqu'en  1661, 
époque  où  elle  reparaît...  pour  disparaître  de  nouveau. 
D.  Tissard  est  mort,  sa  veuve  est  retirée  à  Biche,  près  d'Or- 
léans. Un  arrêt  du  23  mai,  rendu  à  la  requête  de  l'évêque 
de  Meaux,  fait  défense  aux  protestants  de  s'assembler  au 
château  de  Claye,  et  interdit  aux  pasteurs  de  Meaux, 
Lizy,  la  Ferté,  Paris  et  Orléans,  de  faire  à  Claye  «  aucun 
exercice  de  leur  religion,  sous  peine  de  mille  livres 
d'amende,  »  enjoignant  en  même  temps  auxdits  religion- 
naires  de  tapisser  leurs  maisons  le  jour  de  la  Fête-Dieu, 
et,  sur  leur  refus,  permettant  aux  catholiques  de  les  faire 
tapisser  à  leurs  frais.  11  paraît  (remarque  la  France  pro- 
testante) (2)  que  les  protestants  de  Claye  obtinrent  la  cas- 
sation de  cet  arrêt,  ou  tout  au  moins  qu'ils  surent  l'élu- 
der :  a  En  1668  le  roi  chargea  en  effet  le  lieutenant  général 
au  présidial  de  Meaux  et  le  capitaine  de  cavalerie  du  Houx 
de  régler  définitivement  cette  affaire.  Les  deux  commis- 
saires mandèrent  devant  eux  les  parties  et  après  s'être 
fait  présenter  les  titres  sur  lesquels  les  protestants  fon- 
daient des  droits  contestés  par  les  catholiques,  ils  ren- 
dirent leur  sentence  qui  supprima  l'exercice  à  Claye  ». 

VII 

Depuis  quelques  années  les  efforts  des  convertisseurs 
avaient  des  effets  dont  il  reste  la  trace  dans  les  registres 
paroissiaux.  Nous  n'avons  pu,  malheureusement,  les  con- 
sulter qu'en  grande  hâte  et  on  aurait  sans  doute  bien  des 
actes  intéressants  à  y  relever.  J'ai  noté,  en  1665,  les 

il)  Mémoires,  édition  Cam.  Rousset  (1872),  p.  157  (Bibliothèque  de  l'armée 
française.) 

(2)  2e  éd.,  t.  I,  col.  275. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 

fiançailles  ei  le  mariage  de  «  François  Métayer,  officier 
de  Mme  de  Claye  de  Biche,  natif  de  Poitou  (1)  et  habi- 
tant depuis  longtemps  de  cette  paroisse,  avec  Marguerite 
Durand,  native  de  Chambly,  proche  de  Meaux  ». 

En  1669,  le  29  juillet,  «  a  été  enterré  dans  la  vieille 
église  dudit  Claye,  sur  le  soir,  un  laquais  de  Mme  de  Claye 
Anjorrant  nommé  Jean  Malta,  natif  de  Bourgogne, 
décédé  au  matin  du  mesme  jour  après  avoir  reçu  chré- 
tiennement tous  les  sacrements',  ledit  enterrement  fait  en 
présence  de  Me  Mathurin  du  Verger  pbre  curé  de  Tre- 
mel  en  Bretagne  demeurant  pour  le  présent  chez  ladite 
dame  de  Claye,  et  de  M.  François  Michel,  ecclésiastique, 
et  de  quantité  d'autres  habitans  dudit  lieu  ». 

Cet  acte  nous  montre  qu'à  cette  époque  le  culte  catho- 
lique était  célébré  dans  la  nouvelle  église  —  l'église  ac- 
tuelle, qui  peut-être  servait  encore  de  temple  l'année  pré- 
cédente —  ;  c'est  la  première  fois  que  nous  en  trouvons 
la  preuve  documentaire.  Le  même  acte  nous  montre  que 
les  luttes  religieuses  ne  se  livrent  plus,  comme  au  début, 
seulement  entre  protestants  et  catholiques  originaires  du 
pays  même;  un  jeune  protestant  bourguignon  reçoit  à  la 
fois  «  tous  les  sacrements  »,  depuis  le  baptême  jusqu'à 
l'extrême-onction,  et  c'est  un  prêtre  breton  qui  préside 
dans  «  la  vieille  église  »  un  enterrement  sensationnel. 

Deux  faits  ont  contribué  à  battre  en  brèche  d'unefaçon 
terrible  le  protestantisme  à  Claye,  à  cette  époque  :  la  con- 
version du  seigneur  et  l'intervention  très  active  et  directe 
de  l'évêque  de  Meaux,  qui  n'était  autre  que  Bossuet 
lui-même. 

Il  fait  pourchasser  dans  tous  les  environs  les  réformés 
privés  du  culte  public  dans  le  bourg  même.  Anne  Her- 
vart,  conseiller  au  parlement  de  Paris,  possédait  un  châ- 
teau à  Bois-le-Vicomte,  à  deux  petites  lieues  au  nord-ouest 
de  Claye  (une  ferme  s'y  trouve  aujourd'hui),  et  une  mai- 
son à  Mitry  village  proche  de  ce  château  (2).  L'un  des 

(1)  Le  pasteur  de  Saint-Quentin  à  cette  époque,  Jean  Métayer,  était  né 
à  Dammartin  au  nord  de  Claye,  et  sa  mère  s'appelait  Jeanne  Cochart. 

(2)  «  Bois-le-Vicomte  »  figure  dans  l'angle  inférieur  gaucho  du  plan  de 
Gomboust  (1653;,  planche  Vil,  parmi  les  «  Maisons  royales  et  remarquables 


ÉTUDES  HISTORIQUES  217 

pavillons  du  parc  renfermait  une  chapelle  où  Hervart  fit 
prêcher  les  pasteurs  de  Paris.  Ce  qu'ayant  appris,  l'évêque 
de  Meaux  adressa  un  place t  au  roi  pour  faire  interdire 
cet  exercice.  Aucune  suite  ne  fut  d'abord  donnée  à  cette 
affaire.  Bossue  t  revint  à  la  charge,  et  nous  possédons  la 
requête  où  il  conteste  minutieusement  les  droits  du  sei- 
gneur, la  distance  de  ses  propriétés  jusqu'à  Paris,  etc.  (1). 
On  y  lit  entre  autres  : 

Comment  le  Sr  Hervart  pourroit-il  établir  son  droit  pré- 
tendu de  faire  prêcher  au  Bois-le-Vicomte  au  préjudice  de  l'ar- 
ticle XIV  de  l'édit  de  Nantes  qui  fait  défense  de  faire  aucun  exer- 
cice de  la  R.  P.  R.  à  cinq  lieues  de  la  ville  de  Paris  ?  Il  dit  à  cela 
qu'il  ne  faut  pas  mesurer  les  lieues  scrupuleusement.  En  effet  il 
ne  parle  pas  avec  scrupule  lorsqu'il  en  compte  près  de  six  de 
Paris  au  Bois-le-Vicomte,  et  qu'il  ne  marque  pas  les  chemins  les 
plus  courts  pour  y  aller.  Il  n'y  a  que  quatre  lieues  de  Paris  au 
Bois-le-Vicomte  quand  on  y  voudrait  aller  par  Livry  et  le  Vert- 
Galand,  etc. 

Le  Sr  Hervart  ne  peut  aussi  prétendre  de  pouvoir  faire 
prêcher  à  Mitry  où  il  a  une  maison  avec  droit  de  haute  justice, 
car,  par  son  aveu,  Mitry  n'étant  éloigné  du  Bois-le-Vicomte  que  de 
trois  quarts  de  lieue  qu'on  pourrait  réduire  à  moins,  Mitry  est 
dans  l'espace  des  cinq  lieues  dans  lequel  l'exercice  de  la  religion 
ne  peut  être  permis,  etc. 

Quant  à  la  modération  que  le  Sr  Hervart  dit  avoir  "gardée 
en  ne  recevant  pas  en  son  château  plus  de  trente  personnes  hors 
le  nombre  de  sa  famille,  on  n'a  pas  compté  ce  nombre  assez  exac- 
tement pour  le  déterminer,  mais  on  sait  qu'il  y  a  reçu  souvent  en 
en  un  même  jour  jusques  trois  carrosses  pleins  de  personnes  de 
sa  religion  avec  leur  suite,  que  tous  les  habitants  du  village  de 
Claye  (où  l'exercice  de  la  R.  P.  R.  a  cessé  depuis  rjuil  a  plu  à 
Dieu  d'en  appeler  le  Seigneur  à  la  véritable  Église)  y  ont  été 
admis,  aussi  bien  que  ceux  des. autres  lieux  voisins;  qu'il  s'y  est 

aux  environs  de  Paris.  »  On  y  voit  entre  le  fossé  et  la  cour  du  château,  trois 
pavillons  distincts. 

En  1682  Hervart,  en  qualité  de  commissaire  de  laR.  P.  R.  défendait,  contre 
l'opinion  du  commissaire  catholique  M.  de  Ménars,  les  droits  des  protestants 
à  continuer  leur  exercice  à  Bois-le-Roi  (dans  le  même  département  de  Seine- 
et-Marne)  ;  cf.  acte  du  16  mai  1682  {Arch.  nat.,  ÏT  235,  n°  199),  publié  par 
M.  Stein,  Curiosités  locales,  Fontainebleau,  1902,  p.  82. 

(1)  Bibl.  nationale,  recueil  Thoisy,  XXXIII,  fol.  36t.  M.  N.  Weiss  a  publié 
ce  document  dans  le  Bull,  de  la  Soc.  d'hist.  duprot.,  1897,  p.  665.  11  le  croit 
de  1684  ou  1685.  Nous  ne  serions  pas  surpris  qu'il  fût  un  peu  antérieur. 


218  ÉTUDES  HISTORIQUES 

fait  des  assemblées  pour  des  baptêmes;  que  la  cène  s'y  est  faite 
aussi  quelques  fois,  etc. 

Nous  ne  savons  quel  fut  le  résultat  immédiat  de  cette 
requête,  mais  Anne  Hervart  finit  par  se  convertir  pour 
rester  en  France  lors  de  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes. 

VIII 

Les  mesures  vexatoires  contre  les  protestants  se  mul- 
tiplient de  plus  en  plus  à  mesure  qu'on  approche  de  cette 
date  fatale  du  22  octobre  1685. 

Avant  de  supprimer  le  culte  public  à  Charenton  il  fut 
question  (en  février  1685)  de  le  transférer  à  Claye  (1)  où 
l'avertissement  pastoral  de  l'assemblée  du  clergé  n'avait 
pas  été  publié  en  1682. 

Comme  les  parents  et  la  sœur  d'Anne  Hervart,  beau- 
coup de  protestants  de  Claye  et  des  environs  émigrent.  Tls 
prennent  la  route  de  Sedan  (2),  celle  des  Pays-Bas  ou  bien 
(comme  les  Anjorrant  dès  1554)  celle  de  Genève.  D'autres 
n'ont  pas  ce  courage  héroïque  de  tout  sacrifier  à  leur  foi, 
et  ils  abjurent.  Les  registres  paroissiaux  enregistrent  ces 
abjurations  tantôt  solitaires,  tantôt  collectives. 

Pourtant  les  choses  ne  marchaient  pas  assez  bien  au  gré 
de  Bossuet.  Une  plaque  dans  l'église  rappelle  qu'il  y  vint 
prêcher  «  le  samedi  8  décembre,  fête  de  la  Conception  de 
la  Sainte  Vierge  ».  Le  résultat  pratique  de  ce  sermon  ne  se 
fit  pas  attendre,  mais  il  fut  assez  maigre  :  deux  jours  après, 
le  lundi  10  décembre,  une  dizaine  de  protestants  se  con- 
vertissent :  trois  commerçants  assez  notables  sans  doute 
et  six  illettrés  (ou  prétendus  tels). 

Voici  la  mention  inscrite  par  le  curé  sur  son  registre  : 

Nous  prieur  curé  de  Claie  soussignez  certifions  avoir  reçu  le 
10ejourde  cemois  l'abjuration  de  la  Religion  prétendue  réf.  entre 
nos  mains  et  la  profession  de  foy  cath.  apost.  et  romaine  de  Ben- 

(1)  Douen,  Révocation  à  Paris,  I,  549. 

(2)  Ainsi  peut-être  Louis  Poupart,  «  bourgeois  de  Claye  »,  dont  le  lils  unit 
vers  1687  (cf.  art.  sur  les  Protestants  de  Sedan  :  Poupart  de  Nettflize  etc.. 
dans  le  Bull.  kist.  prol.,  1896,  p.  347). 


220 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


jamin  Godde,  chirurgien,  de  Madeleine  Courtier,  veuve  et  mais- 
tresse  de  l'hostellerie  de  la  Corne  (1)  à  Claie,  de  Madeleine  Colle- 
bert  aussy  veuve  et  maistresse  de  l'hostellerie  de  la  grosse  tasse 
dudit  lieu,  de  Madeleine  Chupret  femme  dudit  Godde,  de  Anne 
Bonneville  femme  de  Louis  Bailhj,  d' Elisabeth  Villerost  veuve  de 
Boilrau  et  de  Cafûé  successivement,  de  Anne  Coulon  femme  de 
Pierre  Bailly  vigneron,  d'Elisabeth  Cochart  et  de  Jeanne  de  Leuxe, 
avec  serment  sur  les  saints  évangiles  en  présence  de  deux 
témoins  à  ce  faire  apposez  ;  ledit  acte  fait  sur  une  feuille  de  papier 
imprimé  où  est  ladite  abjuration  et  profession  de  foy  signé  desdits 
Godde,  Courtier,  Chupret,  de  J.  Goulet  Me  d'escolle  de  Claye  et 
de  J.  Thuret  marchand  demt  à  Lisy,  et  de  nous  prieur  curé,  [les 
autres  ayant  déclaré  ne  scavoir  escrire,  après  quoy  ils  ont  tous  à 
genou  reçu  l'absolution  de  l'excommunication  encourue  à  cause  de 
de  leur  hérésie  susdite  [en  laquelle  ils  avoient  vécu  cydevant. 

D'autres  abjurations  sont  enregistrées  peu  à  peu  dans 
les  mois  et  les  années  suivantes,  après  avoir  été  obtenues 
par  des  moyens  variés,  souvent  par  des  actes  de  pression 
révoltante.  Les  choses  allèrent  même  si  loin  à  Claye  et 
aux  environs,  qu'il  y  eut  un  épilogue  fort  inattendu  :  un 
des  convertisseurs  se  convertit;  un  ecclésiastique,  frappé 
d'horreur  pour  les  procédés  employés  par  ses  confrères  et 
et  ses  supérieurs  —  notamment  par  Bossuet  —  et  rempli 
d'admiration  pour  la  fermeté  des  protestants,  quitta  les 
rangs  des  persécuteurs  pour  ceux  des  persécutés  :  c'était 
le  propre  prieur-curé  de  Souilly,  paroisse  contiguë  à  celle 
de  Claye  (le  village  est  réuni  aujourd'hui  à  cette  commune)  ; 
il  était  chanoine  de  Sainte-Geneviève  et  s'appelait  Pierre 
Frotté  (2). 

Le  24  mars  1686  Bossuet  avait  publié  sa  fameuse  Let- 
tre pastorale  racontant  avec  quel  succès  il  avait  obtenu 
d'innombrables  conversions,  «  sans  qu'aucun  des  nou- 
veaux catholiques  ait  souffert  dans  sa  personne  ni  dans  ses 
biens  ».  Le  curé  de  Souilly  contint  encore  trois  ans  son 
indignation,  mais,  en  août  1689,  il  suivit  ses  anciens  voi- 

(1)  Cette  maison,  bien  bâtie  et  ornée  de  très  jolis  balcons  en  for  forge, 
appartient  à  M.  Guichard,  à  l'obligeance  duquel  je  dois  maint  renseignement 
(44  ter,  Grande  Hue,  au  coin  de  la  ruelle  de  Beaubourg),  Peut-être  est -ro  la 
même  auberge  qui  est  désignée  dans  un  acte  de  1503  ci-dessus  cité  comme  «  la 
Corne  du  cerf  »,  où  demeurait  déjà  un  protestant. 

(2)  France  prot.,  lrn  édit.,  V,  181;  2e  édit,  IV,  483  et  VI,  746. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


sins  de  Claye  sur  une  terre  de  «  refuge  »,  à  Londres;  et  le 
Ier  février  1090  il  mit  la  dernière  main  à  une  lettre  adres- 
sée à  Bossuet,  qui  parut  à  Rotterdam,  «  chez  la  veuve  de 
Henri  Godde  »  (une  ancienne  famille  protestante  de  Claye) , 
sous  ce  titre  :  «  Les  motifs  de*  la  conversion  de  Pierre 
Frotté  »  (i).  11  commence  ainsi  : 

Monsieur, 

J'ai  demeuré  trop  longtems  dans  votre  Église,  j'ai  été  trop 
longtems  témoin  de  ses  violences  et  de  ses  cruautés  contre  ceux 
qu'elle  nomme  injustement  hérétiques,  pour  ne  pas  comprendre 
à  quel  excès  de  fureur  elle  se  seroit  portée  contre  moi  si,  après 
avoir  abandonné  sa  communion,  j'avois  été  assez  malheureux 
pour  retomber  sous  sa  puissance.  C'est,  Monsieur,  ce  qui  m'a 
obligé  de  quitter  tout  ce  que  j'avois  en  France  pour  venir  donner 
gloire  à  Dieu,  dans  des  pays  où  les  âmes,  étant  en  liberté,  peuvent 
le  servir  selon  la  pureté  de  l'Évangile. 

Malgré  ses  prédications  souvent  hardies  «contre  les  abus  de  la 
puissance  ecclésiastique  »  il  a  longtemps  joui  de  la  faveur  de 
Bossuet,  «  et  je  ne  sçai,  dit-il,  si  la  crainte  de  paraître  ingrat  en- 
vers vous  et  de  vous  déplaire  ne  m'a  point  fait  différer,  un  peu 
de  temps,  de  rendre  à  Dieu  ce  que  je  lui  devois...  Enfin  je  me 
sentis  assez  de  lumière  et  de  résolution  pour  exécuter  1er  dessein, 
que  je  méditois  depuis  plusieurs  années,  de  renoncer  à  une  reli- 
gion qui  me  paraissoit  tenir  du  judaïsme  et  du  paganisme.  Je  fis 
aussitôt  transporter  à  Paris  mes  meubles  pour  les  vendre  et  tâcher 
d'avoir  de  quoi  faire  un  pèlerinage  semblable  à  celui  d'Abraham 
lorsqu'il  quitta  sa  patrie. 

Vous  avez  beaucoup  contribué,  Monsieur,  à  ma  conversion 
par  votre  conduite...  Je  n'ai  pu  voir  vos  excès  contre  les  réformés 
de  votre  diocèse  sans  avoir  pitié  d'eux...  Je  n'ai  pu  comparer  votre 
manière  de  faire  des  missions  avec  votre  Lettre  pastorale  sans 
dire  que  vous  n'êtes  pas  sincère...  Vous  vous  vantez  que  vos  pré- 
tendus nouveaux  catholiques  «  sont  revenus  paisiblement  à  vous», 
vous  les  en  prenez  à  témoin;  «  vous  le  sçavez  »,  dites-vous.  Oh! 
Monsieur,  comment  pouvez-vous  dire  cela?  N'ay  je  pas  vu  de  me 
yeux  la  violence  que  vous  avez  exercée  en  personne  contre  toutes 
ces  gens...  Ils  n'ont  abjuré  que  par  la  crainte  des  gens  de  guerre 
que  vous  avez  fait  passer  et  repasser  dans  votre  diocèse,  au 
temps  de  vos  missions,  et  par  des  menaces  continuelles  que  vous 
leur  avez  faites,  même  dans  les  sermons  que  vous  avez  faits  à 

(1)  Le  Bull,  de  la  Soc.  d'hist.  du  prot.  fr.  en  a  donné  le  texte  complet  en 
1864,  p.  97  à  112.  . 


222 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


Claye  en  présence  de  M.  l'intendant,  que  vous  disiez  en  chaire 
être  votre  second  dans  cette  expédition... 

Quel  nom  voulez-vous  que  nous  donnions  à  ce  que  vous 
avez  fait  à  Claye  quand  de  votre  part  on  y  défendit  à  Benjamin  Gode, 
chirurgien,  d'exercer  sa  profession,  quand  on  ôtaà  la  veuve  Tes- 
tard  le  plus  grand  de  ses  deux  enfans  ;  quand  on  enleva  par  votre 
ordre  la  femme  nommée  Boisseleau  pour  cette  seule  raison  qu'elle 
sçavoit  parfaitement  son  catéchisme  et  qu'elle  encourageoit  mer- 
veilleusement ses  compagnes  à  tenir  bon  contre  vos  tentations  ; 
quand,  ayant  fait  venir  avec  vous  à  Claye  les  cuirassiers  com- 
mandés par  M.  de  la  Chaise,  neveu  du  Père  de  la  Chaise,  vous  as- 
semblâtes les  protestans  de  ce  lieu  chez  M.  d'Hérouville,  maître 
d'hostel  du  Roy,  et  que  vous  leur  dites  que  s'ils  ne  signoient  l'abju- 
ration, vous  feriez  le  lendemain  entrer  chez  eux  des  gens  de 
guerre  qui  leur  fer  oient  tourner  la  cervelle  (1). 

...  Pour  ce  que  je  vous  ay  vu  faire  encore  à  Claye  pour  per- 
vertir le  sieur  lsaac  Cochard  malade  à  la  mort,  pardonnez-moi, 
Monsieur,  et  ne  m'accusez  pas  d'emportement,  si  je  l'appelle 
fureur  ;  cecy,  je  vous  le  confesse,  m'a  trop  vivement  frappé  l'imagi- 
tion  et  trop  sensiblement  blessé  le  cœur,  cecy  efface  trop  bien 
la  fausse  idée  que  vous  voulez  donner  de  votre  douceur,  pour  ne 
pas  vous  estre  reproché  (2).  Ce  fidèle,  voyant  la  désolation  de  l'Église 
et  la  chute  de  ses  frères,  ne  craignoit  rien  tant  que  de  succomber 
avec  eux.  Il  s'encourageoit  nuit  et  jour  par  la  parole  de  Dieu  à 
combattre  le  bon  combat  ;  il  envisageoit  avec  plaisir  la  mort  pro- 
chaine comme  un  port  assuré  contre  l'orage  de  votre  persécution; 
il  se  consoloit  de  se  voir  prêt  à  partir  de  ce  monde,  pourvu  qu'il 
pût  emporter  avec  lui  le  dépôt  de  la  foi,  et  le  représenter  tout  en- 
tier à  son  Juge. 

Vous  vous  opposâtes  à  ce  pieux  dessein,  Monsieur,  d'une 
manière  bien  étrange.  Nous  vous  vîmes  entrer  chez  ce  pauvre 
moribond,  accompagné  de  M.  l'intendant,  de  M.  le  lieutenant 
général  de  Meaux,  ayant  une  lettre  de  cachet  à  la  main;  le  prévôt 
des  maréchaux  étoit  aussi  présent  avec  ses  archers,  une  charrette 
était  toute  prête  à  la  porte  pour  enlever  le  malade,  c'est  à  dire 
pour  le  faire  mourir. 

Oh  quel  apostolat!  Est-ce  là  l'équipage  d'un  prédicateur  évan- 
gélique?  Vous  luy  fîtes  une  longue  controverse  pleine  d'injures, 
et  le  voyant  constant  dans  sa  foy,  ne  criâtes-vous  pas  à  sa  porte, 
tout  enflammé  de  colère,  «  que  sitost  qu'il  seroii  mort  on  le  jettasl  ù 
la  voirie  comme  un  chien  ? 

(1)  A  la  date  du  15  juin  1686  on  écrit  (Bull.  hist.  prol.  de  1008,  p,  536,  n.  2 
«  Les  dragons  sont  à  Meaux  après  avoir  fait  changer  Claye  ». 

(2)  Cochard  a  ssisl  e  comme  ancien  de  Claye  au  synode  provincial  de  Gha- 
renlon  en  1669  (Archives  nat.,  TT.  321  ;  France  prot.,  2e  éd.,  IV,  184). 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


Vous  retournâtes  vers  luy,  vous  le  tentâtes  par  promesses  et 
par  menaces,  vous  luy  dîtes  que  vous  luy  alliez,  faire  enlever  son 
cher  iils  unique,  c'est  à  dire  que,  subtil  et  ingénieux  tentateur, 
vous  l'éprouvâtes  par  l'endroit  le  plus  sensible,  vous  luy  déchi- 
râtes les  entrailles... 

il  semble  que  Bossuet  réussit  à  faire  abjurer,  du  moins 
en  apparence,  et  pendant'  quelques  mois,  le  vieil  Isaac 
Cochard  et  son  fils  (1).  Toujours  est-il  qu'auprès  de  beau- 
coup d'habitants  de  Claye  des  procédés  analogues  réus- 
sirent médiocrement.  En  1700,  il  se  montre  encore  peu 
satisfait  de  la  quantité  et  de  la  qualité  des  «  nouvaux  catho- 
liques »,  sans  doute  mal  convertis.  Quinze  ans  après  la 
Révocation  il  adresse  à  M.  de  Pontchar train  un  Mémoire 
qui  commence  ainsi  : 

Le  nombre  des  réunis  est  d'en^on  deux  mille  quatre  cents 
répandus  en  cinquante  ou  soixante  paroisses  du  diocèse  deMeaux. 
Mon  dessein  est  de  pourvoir  principalement  et  d'abord  aux  plus 
grands  lieux  dont  l'exemple  fera  plus  d'effet  dans  le  voisinage  »... 
(entre  autres)  :  «  Claye,  où  était  un  prêche  «Il  faudrait  un 
ecclésiastique  pour  Claye  et  pour  les  environs,  outre  le  curé  du 
lieu  (2). 

Ainsi,  jusqu'aux  derniers  jours  de  sa  vie,  Bossuet  ne 
cessa  de  s'acharner  contre  les  protestants  de  Claye.  Une 
dernière  mention  de  son  passage  en  ces  lieux  —  après  sa 
mort  —  est  conservée  par  une  inscription  qui,  dans  l'é- 
glise, fait  suite  à  l'indication  du  sermon  prononcé  au  len- 
demain de  la  Révocation  :  «  Le  mercredi  soir,  16  avril  1704 

(1)  D'après  un  ordre  du  19  mars  1686  (Àrch,  nat.  O^O,  f.  105),  le  père' de- 
vait être  mis  dans  la  prison  de  Meaux  et  le  fils  à  l'Hôpital  général  de  cette 
ville.  Nous  devons  cette  indication  à  l'aimable  érudition  de  M-  Fonbrune- 
Berbinau),  mais  quinze  jours  après,  ces  instructions  étaient  annulées.  Le  Bull, 
hist.prot.  de  1856,  p.  117,  a  publié  une  dépêche  à  M.  de  Ménars  ainsi  conçue: 
«  Les  nommés  Cochard  père  et  fils  s'étant  convertis  il  n'y  a  qu'à  renvoyer  les 
ordres  qui  avoient  esté  adressez  au  lieutenant  général  de  Meaux  pour  les  faire 
arrêter,  parce  qu'ils  n' avoient  esté  expédiés  qu'à  cause  de  leur  religion,  à  la 
prière  de  M.  Vévêque  de  Meaux  »  (2  avril  1686).  Enfin  un  troisième  document 
(dépêche  de  Seignelay  à  M.  de  Ménars,  26  août  1687),  informe  l'intendant 
que  les  biens  de  Cochard,  religionnaire,  de  Claye,  absent,  sont  demandés  par 
le  curé  de  Claye,  Thomassin,  pour  les  employer  à  l'agrandissement  de  son 
église  (Arch.  nat.  0*.  31,  f.  179). 

(2)  OEuvres  complètes  de  Bossuet,  éd.  in-12,  1846.  t.  XXVI,  p.  340;  et  Bull, 
hist.  prot.,  1856,  p.  218. 


22-4 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


le  corps  du  même  prélat,  décédé  à  Paris,  fut  apporté  dans 
dans  cette  église,  et  gardé  pieusement  pendant  la  nuit.  Une 
messe  fut  célébrée  avant  le  départ  pour  Meaux  le  lende- 
main matin  jeudi,  jour  de  ses  obsèques  à  la  cathédrale  ». 

Avec  «  l'aigle  de  Meaux  »  finit  l'histoire  des  luttes 
qu'eurent  à  subir  pendant  deux  siècles  les  pauvres.brebis 
du  petit  troupeau  protestant  de  Claye.  On  regrette  de  ne 
connaître  que  les  incidents  les  plus  pénibles  de  leur  his- 
toire, ceux  qui  se  trouvent  presque  exclusivement  consi- 
gnés dans  les  sèches  formules  des  annales  judiciaires  et 
dans  les  requêtes  passionnées  de  leurs  adversaires.  Les 
années  de  l'existence  de  cette  Eglise  lesplus  heureusesfureni 
sans  doute  celles  qui  n'ont  pas  d'histoire,  lorsque,  pai- 
siblement, le  pasteur  prêchait  au  temple  de  Claye  ou  qu'il 
parcourait  les  plaines  et  les  vallons  de  la  Brie,  visitant  ses 
paroissiens  disséminés  ;  lorsque  tant  de  familles  de  paysans 
et  de  petits  bourgeois  dont  le  labeur  contribuait  à  la 
prospérité  économique  du  pays  affermissaient  chaque 
jour  leur  foi  par  la  pratique  du  culte  domestique  et  la 
lecture  de  la  Bible.  Peut-être  la  découverte  de  quelque 
«  livre  de  raison  »  nous  permettra-t-elle  un  jour  de  péné- 
trer plus  avant  dans  l'intimité  de  ces  protestants  de  l'Ile- 
de-France  aux  siècles  passés,  grâce  à  quelques  pages  naïves 
comme  les  feuilles  où  l'écolier  de  1580  apprenait  à  écrire  : 

Détourne-toy  du  mal  et  approche  du  bien  pour  le  mettre  en 
effort. 


Jacques  Pannier. 


Documents 


POÉSIES  INÉDITES  DE  CLÉMENT  MAROT  (1) 
III 

A  la  suite  des  deux  importants  inédits  de  Clément  Ma- 
rot,  que  nous  avons  fournis,  nous  présentons  maintenant 
une  série  de  pièces  extraites  d'un  manuscrit  du  xvie  siè- 
cle appartenant  à  la  bibliothèque  cantonale  de  Lausan- 
ne et  qui  furent,  en  1844,  l'objet  d'une  notice  parFréd. 
Chavannes  (B.  N.  Inv.  Réserve  Ye  3712).  Ce  manus- 
crit est  un  très  petit  in-folio  de  272  pages,  accompagné 
de  deux  appendices^  constitué  sans  doute  à  Genève  au 
milieu  du  xvie  siècle  et  comprenant  des  pièces  de  Marot 
dans  sa  première  moitié. 

Toutes  ces  poésies  semblent  être  des  dernières  années 
de  sa  vie  :  c'est  du  moins  ce  qui  paraît  bien  ressortir  des 
quelques  dates  certaines  que  nous  pouvons  attribuer  à 
plusieurs  d'entre  elles,  L'épître  aux  deux  sœurs  savoisien- 
nes  que  contient  ce  manuscrit  et  que  Guiffrey  a  publiée, 
se  place  vers  Tannée  de  la  fuite  à  Ferrare  (1534)  ;  le  Dieu 
Gard,  l'Adieu  de  France  à  l'empereur  sont  du  retour  de 
l'exil  (1537)  ;  les  pièces  contre  Poyet  doivent  être  contem- 
poraines de  sa  chute  (août  1542)  ;  l'épître  au  Roi  touchant 
les  psaumes  est  du  début  du  séjour  à  Genève  (1543)  ;  en- 
fin le  premier  couplet  d'une  chanson  inédite  que  contient 
le  même  manuscrit  est  cité  dans  l'Apologie  pour  Hérodote 
de  H.  Estienne  qui  le  donne  sans  nom  d'auteur  et  en  place 
la  date  de  composition  en  1544. 

(i)  Voyez  plus  haut,  p.  129-141. 

15 


226 


DOCUMENTS 


Commençons  par  les  trois  épigrammes  contre  Poyet  : 
elles  débutent  par  une  pièce  intitulée  :  «  dizain  de  Marot, 
du  chancelier  Guillaume  Poyet  »  (1).  La  voici  : 

Un  haull  cuyde  (2),  par  ung  trop  entreprandre. 

Accompagné  de  superbe  sçavoir, 

Voulant  (3)  chescun  en  son  estât  reprandre. 

On  faitaveulhe  (4)  cil  (5)  qui  pansoittout  voir 

Car,  pressumant  la  congnoissance  avoir 

De  tous  deffaultz,  ne  cogneust-on  sa  faulte, 

Jusques  à  tant  que  de  sa  charge  haulte, 

Par  cas  soubdain,  orgueil  au  bas  l'eust  mys, 

Peu  servira  sa  langue  doulce  et  caulte 

Au  relever,  car  il  est  sans  amys. 

Au  bas  de  la  page  qui  renferme  ces  vers,  se  trouve  un 
quatrain,  intitulé  dans  les  éditions  de  Marot  :  «  Uunglo- 
r  y  eux  emprisonné,  pris  chi  latin  ».  Le  rapprochement  de 
ces  deux  pièces  nous  semble  bien  indiquer  qu'elles  sont 
dirigées  contre  le  même  personnage,  et  leur  sens  ne  fait 
que  confirmer  cette  hypothèse.  Le  poète  y  écrit  en  effet  : 

Tu  t'esbays  dont  poin[t|  l'on  ne  souspire 
Et  qu'on  rid  tant  qui  se  tiendroitde  rire 
De  voir,  par  force,  à  présent  estre  doux 
L'amy  de  nul  et  l'ennemy  de  tous. 
Mot  :  Vive  pillage. 

Cette  dernière  ligne,  fait  remarquer  Chavannes,  parait 
une  devise,  comme  les  auteurs  du  temps  en  mettaient  vo- 
lontiers à  la  suite  de  leurs  écrits,  Ici,  ce  «  mot  aurait 
une  intention  satirique  contre  les  malversations  dont  Poyet 
était  accusé  ».  Ces  deux  pièces  se  trouvent  enfin  complé- 
tées par  quelques  autres  vers  recueillis  dans  le  même  ma- 


(1)  Bibl.  cant.  de  Lausanne,  ms.  1016,  p.  33. 

(2)  Croit. 

(3)  Vouloir. 

(4)  Aveugle. 

(5)  Celui. 


DOCUMENTS 


2-27 


auscrit,  sans  nom  d'auteur,  mais  mêlés  à  des  dizains  de 
Marot  el  dirigés  contre  le  même  personnage  : 

De  cruauté  Néron  a  eu  le  pris, 

Tarquin  d'orgueil,  Apius  d'injustice. 

Demostenes  est  taxé  d'avoir  pris 

Quelque  tallans  pour  déguizer  justice, 

Trébonien  couronpu  d'avarice 

Vandoit  des  loix  les  expocissions 

Verres  Romain  fit  mout  d'exations, 

Cathelyna,  cest  effronté  manteur, 

Fut  pront  et  caulte  en  ses  sedicions 

En  tous  ses  dictz  do|u]ble  et  symulateur. 

Les  sept  sont  mors,  mais  qui  les  veult  ensuivre, 

Angers  les  fait  en  ung  Poyet  revivre  (1). 

Telles  sont  les  trois  pièces.  Quant  à  Guillaume  Poyet 
né  vers  1474,  il  était  bien  fils  d'un  avocat  d'Angers.  Lors 
du  procès  qu'intenta  la  duchesse  au  connétable  de  Bour- 
bon, Poyet  qui  plaida  pour  cette  princesse  déploya  des 
talents  qui  lui  méritèrent  les  faveurs  de  la  cour.  Pourvu 
de  la  place  d'avocat  général  en  1531,  il  fut  nommé,  trois 
ans  après,  président  à  mortier,  et  en  1538,  il  remplaça  du 
Bourg  dans  la  dignité  de  chancelier.  Il  s'y  fit  rapidement 
de  nombreux  ennemis,  et  dès  1537,  on  lançait  contre  lui 
un  poème  latin  intitulé  :  «  De  improbis  Guillehni  Poyeti 
moriôus  )>  (Manuscrits  de  Dupuy  736).  Quand  la  cour  se 
trouva  divisée  entre  les  deux  partis,  du  connétable  de 
xMontmorency  et  de  l'amiral  Chabot,  Poyet,  qui  s'étail  fait 
ordonner  prêtre  à  l'âge  de  plus;  de  60  ans,  consentit  à  de- 
venir l'instrument  de  la  haine  du  connétable,  dans  l'espoir 
d'obtenir  par  sa  protection  le  chapeau  de  cardinal.  Il  se 
livra  donc  à  l'examen  le  plus  scrupuleux  de  la  vie  de  Cha- 
bot et  le  trouva  coupable  de  25  délits  dont  chacun  em- 
portait la  peine  capitale.  Poyet  présida  lui-même  le  tribu- 
nal chargé  de  juger  l'amiral,  et,  dans  la  copie  qu'il  fît  de 
l'arrêt  des  juges,  il  changea  différentes  dispositions  en  les 


(1)  Manuscrit  de  Lausanne,  p.  152. 


228 


DOCUMENTS 


aggravant.  La  falsification  fut  reconnue  et  Chabot  ne 
larda  pas  à  être  rétabli  dans  toutes  ses  dignités. 

La  disgrâce  de  Montmorency  qui  suivit  ne  pouvait 
manquer  d'entraîner  celle  de  Poyet.  Dans  un  moment 
d'humeur,  il  s'était  permis  quelques  réflexions  sur  les 
abus  qui  résultent  du  pouvoir  des  femmes  dans  les  cours, 
et  la  reine  de  Navarre  s'était  promis  de  s'en  venger.  D'un 
autre  côté  la  duchesse  d'Étampes  ne  pardonnait  point  à 
Poyet  l'acharnement  avec  lequel  il  avait  poursuivi  Chabot. 
Les  princesses  se  réunirent  pour  le  perdre  dans  l'esprit 
du  roi,  et  il  fut  enfermé  à  la  Bastille  le  2  août  1542.  Or, 
Marot,  protégé  de  Marguerite  de  Navarre,  auteur  d'aima- 
bles vers  en  l'honneur  de  la  duchesse  d'Étampes,  ne  pou- 
vait être  en  bons  termes  avec  le  chancelier  Poyet. 
N'oublions  pas  aussi  que  ce  dernier  s'opposa  autant 
qu'il  lui  fut  possible  à  la  fondation  du  Collège  de  France, 
et  que  Marot,  dans  son  épître  au  roi  écrite  de  Ferrare, 
attaquait  les  ennemis  de  la  trilingue  Université  dans  des 
termes  suffisamment  précis  pour  que  le  chancelier  se  pût 
sentir  piqué.  Aussi  est-il  intéressant  de  voir  se  confirmer 
dans  les  trois  pièces  que  nous  avons  citées,  une  bien  dan 
gereuse  inimitié  que  nous  pouvions  certes  soupçonner, 
mais  que  rien  encore  n'établissait  en  fait. 

Passons  maintenant  à  une  suite  de  dizains  que  ren- 
ferme le  même  manuscrit.  Ils  sont  donnés  sans  nom 
d'auteur;  mais  leur  brièvété  explique  que  le  copiste,  qui 
les  a  même  inscrits  sans  titre,  n'ait  point  répété  le  nom  de 
Marot  pour  chacun  d'eux.  De  plus,  ils  sont  précédés  et 
suivis  de  pièces  mises  sous  le  nom  de  notre  poète.  Au 
milieu  d'eux,  se  trouvent  enfin  intercalées  la  dernière 
épigramme  contre  Poyet,  et  que  toutes  les  vraisemblances 
nous  ont  fait  attribuer  à  Clément  Marot,  ainsi  que  l'épi- 
gramme  :  De  la  Sor bonne  un  docteur  amoureux,  laquelle 
ligure  dans  les  éditions  de  notre  auteur.  Voici  le  texte  de 
ces  diverses  pièces,  que  Chavannes  s'accorde  à  mettre 


DOCUMENTS 


229 


sous  le  nom  de  Marot  et  que  nous  pouvons  considérer 
comme  quasi  inédites  (1)  : 

Depuys  le  temps  que  Dieu  forma  la  tour 
De  vive  foy  pour  le  salut  delïandre, 
Tousjours  Sathan  a  myné  à  l'antour, 
Taschant  l'abactre  et  la  faire  dessandre. 
Et  pour  plustout  la  consumer  en  cendre, 
Et  ruyner  par  assault  et  famyne, 
A  congrégé  une  horrible  vermyne 
De  gris  caffardz  pour  estre  ses  myneurs, 
Qui  n'ont  soucy  que  de  faire  îa  myne  ; 
Dont,  à  bon  droict,  sont  dictz  frères  myneurs, 

Ces  jours  ung  moyne  alloit  cheux  ung  libraire 
Pour  demander  la  Vérité  cachée  (2) 
On  la  luy  nye  et  mon  asne  de  brayre, 
Sus,  sus,  dit-il,  qu'elle  me  soit  cherchée, 
La  feme  lors,  de  ce  propotz  faschée, 
Que  ce  cagot  parloit  en  connestable, 
Elle  empogna  au  froc  le  vénérable 
Et  le  frocta  come  avoit  mérité, 
Allés,  dit-elle,  allés  de  par  le  dyable, 
C'est  vostre  habit  qui  cache  vérité. 

Au  jugement  d'entre  nous  autres  saiges 
Où  présidoit  Mynus  ardentibus  (3), 
Après  avoir  révolvé  les  passages 
De  nous  décrectz  déduictz  par  Cornibus  (4), 
Interdisons  comme  Juges  d'abutz 
Qu'il  n'y  ayt  maistre  ne  pédagogue 
Aye  alléguer,  en  nostre  sinagogue, 

(1)  Manuscrit  de  Lausanne,  p.  153  et  ss. 

(2)  Allusion  à  la  moralité  intitulée  La  vérité  cachée  devant  cent  ans,  voy. 
Th.  Dufour,  Notice  bibliographique  sur  le  catéchisme  et  la  Confession  de  foi 
de  Calvin,  etc.,  p.  113. 

(3)  Allusion  au  Doyen  de  la  Faculté  de  théologie  de  l'Université  de  Paris. 

(4)  Pierre  Descornes  ou  Cornu,  f  22  mai  1542,  était  un  des  plus  fougueux 
adversaires  des  a  Luthériens  »  (Voy.  N.  Weiss,  La  Chambre  ardente,  1889, 
p.  xxm). 


230 


DOCUMENTS 


Grec  ny  hebrieu,  et  ce,  sur  telle  amande, 
Que  de  trois  ans  n'aye  ce  qu'il  demande, 
De  nous  honneurs  ;  enjognons  au  surplus 
Que  Sorbonne  luy  mande 
Que  de  la  foy  il  ne  s'en  mesle  plus  (1). 

Quant  à  mon  nom  assemblés  vous  serez, 
Ou  deux  ou  trois,  dict  Jésus  à  Mathieu, 
Et  que  de  moi  vous  propotz  dresseres, 
J'en  seray  près,  voire  droict  au  millieu. 
Or,  cy  je  viens  ores  parler  de  dieu 
Affîn  qu'il  soit,  comme  il  dict,  avec  moy, 
On  le  deffent  et,  sur  peyne  d'esmoy, 
Ou  bien  d'avoir  liez  piedz  (2),  mains  et  genoulx. 
Bien  doit  avoir  le  diable  avec  soy 
Qui  ne  veult  pas  que  dieu  soit  avec  nous. 

N'est  héritier  auquel  ne  plaist  lecture 
Du  testament  que  son  père  a  laissé, 
Encore  moins  qui  de  guarder  n'a  cure 
Entre  ses  mains  l'cscript  du  trespassé, 
Ou,  pour  le  vray,  quant  tout  est  bien  pansé, 
Plus  vauli  ùng  seul  parfaict  observateur 
Du  testament,  que  cent  et  ung  lecteur[s). 
Si  croyons  donc  que  Jésus  nous  est  père, 
Lisons,  guardons  en  tout,  sans  vitupère, 
Le  bon  voloir  de  nostre  testateur. 

Hélas,  mon  dieu,- ton  yre  soit  tornée 
Vers  moy  ton  serf,  qui  me  poursuys  sans  cesse. 
La  peur  que  j'ay  faict  que  l'âme  estonnée 
Donne  à  mon  cœur  une  extrême  détresse, 
Le  sens  me  fault  et  vertu  me  délaisse, 

(1)  Le  30  avril  1531  (1530,  a.  o.)  la  dite  Faculté  de  théologie  avait  condam- 
né ces  deux  propositions  :  <<  La  saincte  Escripture  ne  se  peull  honnemenl 
entendre  sans  la  langue  grecque,  hébraïcque  et  autres  semblables  »  cl  n  11  ne 
se  peult,  faire  qu'un  Prédicateur  explique  selon  la  vérité  l'Epictre  ou  l'Evan 
gile  sans  lesdites  langues  »  (Duplessis  el  Argentré,  Collectio  judiciorum,  11.  78). 

(2)  Piedz  devrait  être  supprimé. 


DOCUMENTS  231 

Tousjours,  ayant  douleur  devant  mes  yeulx. 

Je  te  réclame  et  appelle  en  tous  lieux, 

Pour  mettre  fin  à  l'enuy  qui  me  poinct. 

Si  tu  ne  veulx,  hélas,  m'envoyer  mieulx, 

Au  moingtz,  mon  Dieu,  ne  m'abandonne  poinct 

Dizain. 

Je  dors  en  paix  seurement  en  ma  couche, 
Ayant  par  foy  Jésus  Grist  embrassé, 
Car  son  amour  cy  fort  au  cueur  me  touche 
Que  j'ay  pour  luy  tout  autre  délaissé. 
Je  suys  à  luy  par  luy  ci  annessé 
Que  rien  ne  sçay,  ayant  tout  entendu, 
Fors  luy  pour  moy  en  croix  mort  estandu. 
C'est  ma  défiance  et  pavoys  secourable 
Par  quy  je  croy  et  espère,  en  temps  deu, 
Avoir  repotz  en  gloire  perdurable. 

Huitain. 

Certaine  femme,  allant  oyr  la  messe, 
A  la  mercy  du  chat  mest  son  disner, 
Estant  venue,  elle  crye  sans  cesse 
Contre  son  chat  qu'elle  voyt  desjuner. 
Or  quant  sa  sœur  oyt  celle  indigner, 
Il  fait,  dit-elle,  en  bonne  heure  des  siennes, 
Car  vous  devyez  avec  vous  le  mener 
N'estoit  que  là  ne  vont  que  chiens  et  chiennes. 

Dizain. 

Or  sa,  Jenyn,  disoit.  le  bon  curé, 
Voicy  ton  dieu  qui  te  vient  voir  en  couche, 
De  luy  qui^a  pour  toy  tant  enduré, 
Piedz,  mains  et  chef  recevras  de  ta  bouche. 
Jenyn  respont  :  a  que  ma  dent  y  touche 
Poinct  ne  m'advyene  en  ce  tormant  icy. 
Messire  Jean  luy  dit,  pourquoy  cecy, 


DOCUMENTS 

C'est  luy  entier,  cy  vray  qu'il  est  huy  feste. 

Lors  Jenyn  crye,  estez  le  chef  ausi 

Car  j'ay  faict  veu  ne  manger  jamais  teste; 

Dizain. 

Ung  homme  ayant. ung  chesne  vermoulu. 
Il  dit  en  soy,  j'en  feray  ung  y  mage, 
Aussi,  alors  que  du  gland  j'ay  voulu, 
Tu  as  plustout  à  mon  pré  faict  domage, 
Tu  m'ayderas,  en  te  laissant  homage, 
Veu  qu'autrement  jamais  bien  ne  me  fis, 
L'ymage  faiefe,  il  luy  demande  ung  filz, 
Par  plusieurs  jours,  mais,  perdant  sa  poyne, 
Je  sçavois  bien,  dit-il,  qu'en  crucifix 
Tu  ne  vouldrois  non  plus  que  fis  en  chesne. 

Dizain. 

Ainsi  que  aux  champs  le  vicaire  sortoit 
Le  dieu  de  paste,  en  dysant  son  brevyère, 
Il  voit  un  vent  qui  son  dieu  emportent, 
Non  pas  au  ciel,  mais  dedans  la  ryvière, 
Lors,  en  passant  auprès  d'une  ravyère, 
Secrètement  il  y  prant  ung  naveau 
Dont  fait  ung  dieu  qu'il  baille  à  Jehan  le  Veau 
Luy,  demy  mort  pour  le  mal  qui  l'agrave, 
Mais  néanmoins  goustant  ce  dieu  nouveau, 
Mon  dieu,  dit-il,  que  tu  me  sens  la  rave. 

Dizain. 

Guillot,  ayant  desjuné  de  matin, 
Panse  d'aller  accomplir  sa  neufvaine; 
Luy  donc,  estant  voué  à  S'  Martin, 
Il  part,  il  court,  il  se  met  hors  d'haleine 
Or,  là  venu,  la  soif  tant  le  pourmeine, 
Qu'il  prant  le  pot  au  S1  vinage  et  boil  ; 
Mais  aussitôt  que  le  curé  le  voit, 


DOCUMENTS 

A  luy  s'escrye,  affin  qu'il  ne  l'esgoutte. 
Las,  dit  Guillot,  je  fay  ce  que  l'on  doit, 
Et  vous  rompes  ma  dévotion  toute. 

Ung  million  de  dizains  bien.rythmez 
Ne  comprandroient  le  dysme  des  offrandes 
Que  font  les  gens  en  herreur  abysmez 
Pour  leur  grand  bien,  si  tu  le  leur  demandes. 
Sainct  Claude  donct  atrappe  des  plus  grandes, 
Et  S'  Anthoine  est  après  ung  jambon, 
Sainct  Guillemyn  ne  prant  rien  cy  n'est  bon, 
Mais  S1  Pensart,  s'il  n'en  a,  il  s'en  vange, 
Et  puis  S1  Loup  faict  tant  qu'il  a  ung  don 
De  deux  poulletz  lesquelz  S1  Regnard  mange, 

Dizain. 

Nostre  Seigneur  est  en  son  propre  corps 
Monté  aux  cieulx,  comme  dit  l'escripture, 
Dont  doit  venir  juger  les  vifz  et  mors, 
Et  par  ainsi  je  ne  l'atens  qu'alors 
Réallement  en  son  corps  et  nature. 
Je  ne  le  cherche  en  nulle  créature, 
En  pain  ne  vin,  le  croyant  estre  aux  cieulx. 
Ce  néanmointz,  prenant  ce  que  peu  dure  ; 
Et  ayant  foy  qu'il  est  ma  nourriture, 
Adonc  je  prans  son  vray  corps  précieulx. 

Ce  digne  corps  de  Crist  nostre  saulveur 
Repaist  le  myen  en  nourissant  mon  âme, 
Mais  ce  n'est  pas  par  charnelle  saveur, 
Ne  que  ma  dent  soubz  le  signe  l'entame. 
Son  corps  le  myen  vivifie  et  enflame 
Et,  le  mangeant  toutesfois  ne  périt  ; 
C'est  donc  par  foy  que  ce  corps  me  nourist, 
Non  pas  ainsi  que  le  pain  que  je  touche, 
Ou  il  fauldroit  que  son  sainct  corps  pourist, 
Car  dehors  va  ce  qu'il  entre  en  la  bouche. 


ni 


DOCUMENTS 


Dizain. 

Martin  et  Jean,  passant  près  de  Fesfgjlize, 
Où  y  avoit  des  prestres  hault  chantans, 
Martin  lui  dit,  escoute,  que  j'eslize, 
La  voix  du  myen  entre  ceulx  que  j'entens. 
Myen,  respond  Jehan,  tu  n'es  où  tu  prétentz, 
Povre  Martin,  es  tu  en  lieu  prophanne, 
Pour  y  cuyder  oyr  braire  ton  asne? 
Martin  luy  dit,  j'estois  bien  plus  avant, 
Car,  en  oyant  des  gros  asnes  l'orguane 
Je  pansois  estre  à  ung  molin  à  vent. 

0,  bien  heureux  qui  a  passé  son  eage 
Dedans  le  cloutz  de  son  propre  héritage, 
Et  n'a  de  veue  eslo[i]gné  sa  maison, 
En  jeunes  ans  (et)  en  vieille  saison, 
Qui,  d'ung  baston  porté  et  secouru, 
Va  par  les  champs  où  jeune  il  a  couru , 
Les  siècles  longtz  pas  à  pas  racontant 
Du  test  champestre  où  il  est  habitant. 
Nul  accidant  d'inco[n]stante  fortune 
Luy  a  mo[n]stré  sa  fureur  importune. 

Tels  sont  ces  quelques  dizains  transcrits  avec  leurs 
multiples  fautes  de  copie.  A  côté  des  railleries  ordinaires 
que  nous  trouvons  contre  les  prêtres  et  les  moines,  nous 
n'avons  pas  besoin  de  faire  remarquer  des  vers  d'une 
portée  autrement  précise  :  et  nous  comprenons  que 
Marot  n'ait  pas  laissé  imprimer  de  telles  pièces.  Il  s'y 
moque  du  culte  des  saints;  la  représentation  de  la  divi- 
nité en  image  y  est  raillée.  Le  mystère  de  la  transubstan- 
liation  y  est  rejeté  et  l'hostie  nettement  bafouée.  Nous  no 
possédions  pas  encore  de  Marot  des  textes  aussi  signifi- 
catifs et  le  faisant  adhérer  d'une  façon  aussi  complète  aux 
dogmes  de  la  Réforme.  Nous  remarquerons  enfin  que 
quelques  passages  de  ces  poésies  nous  confirment  dans 


DOCUMENTS  °235 

l'opinion  qu'elles  datent  des  dernières  années  du  poète  : 
la  dernière  spécialement  a  été  composée  en  exil  et  l'allu- 
sion que  Fauteur  y  fait  à  sa  «  vieille  saison  »  nous  porte- 
rait à  la  croire  composée  lors  du  second  exil,  celui  de 
Genève. 

Il  nous  reste  maintenant  à  donner  une  chanson  pieuse 
de  notre  auteur,  conservée  dans  le  manuscrit  sous  le  titre  : 
Chanson  faite  par  Clément  Marot. 

Vous  perdes  temps  de  me  venir  reprandre 
De  ne  plus  voir  la  dyvine  escripture  ; 
Plus  m'en  blasmes,  plus  m'en  venes  reprandre, 
Tant  plus  me  plaist  d'en  oyr  la  lecture. 

Ce  que  dieu  nous  comande, 

Fault-il  qu'on  le  deffande 

Par  tormens  et  menasses? 

Cessez  vous  grantz  auldasses, 
Que  l'Eternel  ne  branle  sa  main  destre 
Pour  vous  mo[n]strer  que  luy  seul  est  le  maistre, 

Povoir  n'aves,  cy  dieu  ne  le  vous  donne, 
De  faire  mal  a  ceste  chair  mortelle  ; 
Poinct  de  la  mort,  certes,  je  ne  m'es  tonne, 
Sachant  pour  vray  que  l'âme  est  immortelle. 

La  mort  luy  faict  passage 

Pour  sortir  de  sa  caige 

Où  elle  est  enfermée 

0  mort  donc  bien  heurée, 
0  douce  mort  qui  de  prison  deslivre 
Le  nostre  esprit,  pour  mieulx  le  faire  vivre. 


Or  vienne  clone  la  mort  tant  bien  heureusse 
Par  qui  espérons  de  voir  nostre  bon  maistre, 
Gla[i]ve  tranchant  ny  (lame  douloreuse 
Ne  me  feroit  renyer  à  sa  lectre. 

Gelluy,  par  qui  j'espère 

De  voir  nostre  bon  père, 


236 


DOCUMENTS 


Clèrement  face  à  face. 

Mon  Dieu,  mais  quant  sera-ce? 
Non  pas  cy  tost  que  notre  âme  souhaitte 
Mais  toutesfois  sa  volunté  soit  faicte. 

Cette  chanson  composée  en  1544,  selon  H.  Estienne, 
offre,  comme  le  fait  remarquer  Chavannes,  une  circons- 
tance qui  mérite  d'être  remarquée  :  c'est  d'offrir  dans  la 
première  strophe  une  réminiscence  de  la  chanson  XXXI 
de  Clément  Marot,  ainsi  conçue  : 

Vous  perdez  temps  de  me  dire  mal  d'elle, 
Genz  qui  voulez  divertir  mon  entente  ; 
Plus  la  blâmez,  plus  je  la  trouve  belle; 
S'esbahit-on  si  tant  je  m'en  contente! 

La  fleur  de  sa  jeunesse 

A  votre  advis  rien  n'est-ce, 

N'est-ce  rien  que  ses  grâces  ? 

Cessez  vos  grandz  audaces, 
Car  mon  amour  vaincra  vostre  mesdire  ; 
Tel  en  mesdict  qui  pour  soy  la  désire. 

Ce  détail  n'est  d'ailleurs  pas  sans  intérêt  et  il  nous 
permet  de  rattacher  cette  pièce  à  cet  esprit  général  moitié 
profane,  moitié  pieux,  qui  fit  éclore  la  chanson  religieuse 
à  la  cour  de  France.  En  effet,  sous  l'influence  des  idées 
nouvelles  et  de  la  princesse  de  Navarre,  on  abandonna 
les  couplets  mondains  et,  sur  les  vieux  airs,  on  rima  de 
pieuses  chansonnettes.  Dès  1532,  Chanter  pour  servir 
Dieu  toute  sa  vie,  se  disait  sur  l'air  d'une  chanson  de 
Marot.  De  Ma  chère  dame  ayez  de  moi  merci/,  on  faisait 
Mon  créateur  ayez  de  moi  merci/  et  une  strophe  toute  pro- 
fane du  poète  devenait  : 

Puisque  de  vous  je  n'ay  aultre  visage 
Rendre  m'en  vais  à  Dieu  que  je  dessers 
Pour  le  prier  que  si  chacun  se  perd 
A  son  escient  je  n'en  souffre  dommage. 


DOCUMENTS  237 

Adieu  la  chair,  adieu  mondain  servage, 
Adieu  vous  dys,  monde  pernicieux  : 
Je  n'ai  pas  eu  de  vous  grand  advantage, 
Du  Seigneur  Dieu  j'espère  beaucoup  mieux. 

Peu  scrupuleuse  adaptation  de  la  chanson  : 

Puisque  de  vous  je  n'ay  autre  visage 
Je  m'en  voys  rendre  hermite  en  un  désert, 
Pour  prier  Dieu,  si  un  autre  vous  sert, 
Qu'autant  que  moy  en  votre  honneur  soit  sage. 
Adieu  amours,  adieu  gentil  corsage. 
Adieu  ce  tainct,  adieu  ces  Mans  yeulx. 
Je  n'ay  pas  eu  de  vous  grand  advantage; 
Un  moins  aymant  aura  peut-être  mieulx. 

Enfin,  d'autres  airs  à  la  mode,  Ce  qui  m'est  dû  et 
ordonné.  Jouissance  vous  donner  ay,  Sus  le  pont  d' Avignon 
fou'is  chanter  la  belle,  Trop  penser  rriy  font  amours,  Las 
quen  dit-on  en  France  des  gens  de  Luxembourg ,  prêtaient 
leurs  rythmes  à  plusieurs  des  chansons  spirituelles  de 
Marguerite.  La  chanson  inédite  que  nous  présentons  ici 
est  un  nouvel  exemple  de  la  même  mode. 

En  résumé,  ces  poésies  de  Clément  Marot,  révélées 
depuis  1844,  toutefois,  pour  ainsi  dire  encore  inconnues, 
sont  cependant  loin  d'être  sans  intérêt  pour  les  idées 
religieuses  de  notre  poète,  quoiqu'elles  soient  de  moindre 
étendue  que  nos  deux  précédents  inédits.  Cette  dernière 
chanson  nous  offre  une  nouvelle  preuve  de  cette  mode 
qui  semble  avoir  préparé  l'immense  succès  des  psaumes; 
les  trois  pièces  contre  Poyet  nous  font  entrevoir  une 
intrigue  que  nous  ignorions  encore  dans  la  vie  de  Marot; 
enfin,  les  autres  dizains  nous  fournissent  des  textes  dont 
la  précision  nous  aide  à  pénétrer  de  plus  en  plus  sûrement 
dans  les  opinions  réformées  de  l'exilé  de  Genève. 

Telles  sont  les  pièces  que  Fréd.  Chavannes  a  comprises 
dans  sa  publication.  A  leur  suite  nous  donnons  une 
«  Epistre  de  Marot  »,  qui  dans  le  manuscrit  précède  Ja 


238 


DOCUMENTS 


chanson  et  qui  cependant  n'a  pas  encore  été  imprimée. 
Chavannes  écrit  en  effet  à  son  sujet  :  «  La  versification  en 
est  tellement  mauvaise  que,  malgré  toutes  les  fautes  dont 
le  copiste  seul  pourrait  être  responsable,  il  en  reste  assez 
pour  convaincre  que  Marot  n'a  jamais  rien  écrit  de  sem- 
blable, Le  fond  des  idées  n'est  passupérieur  à  la  forme.  » 
Or  dans  cette  épître,  la  versification,  un  peu  dans  le 
genre  lâché  des  coq-à-l'âne,  n'est  pas  plus  mauvaise  que 
dans  beaucoup  d'autres  pièces  dont  la  copie  n'est  guère 
meilleure.  Quant  au  fond,  lui  aussi,  il  n'est  pas  pire  que 
beaucoup  de  textes  attribués  à  notre  poète  et,  comme 
nous  le  verrons,  il  constitue  un  plaidoyer  aussi  curieux 
que  naïf,  écrit  par  Marot  dans  un  de  ses  accès  de  piété, 
en  faveur  de  Genève.  Bref,  la  pièce  est  loin  de  manquer 
d'intérêt  et  les  scrupules  de  Chavannes  paraissent  exces- 
sifs. Voici  ce  texte  que  M.  N.  Weiss  nous  a  très  aimable- 
ment procuré.  (Ms  Lausanne,  fol.  113)  : 

Je  panse  bien  que  tu  t'esbayras 

Très  cher  amy,  quant  plus  ne  me  verras 

Auprès  de  toy,  et  que  de  ma  présence 

Seras  frust[r]é,  mais  il  faut  que  tu  panses 

Combien  que  griefve  l'abcence  des  amys 

Me  soit  par  trop,  cyest  ce  que  je  suys  ravys, 

Pour  m'assenter  de  la  présence  tienne, 

En  la  vraye  voye  de  liberté  crestienne 

Et  ay  laissé  le  chemin  des  mauditz 

Pour  quelque  fois  aller  en  paradis; 

Car  ay  trouvé  ung  lieu  qui  est  propice 

A  ung  chescun  qui  vouldra  fuyr  vice 

Là  où  l'on  sert  seullement  à  ung  Dieu  ; 

Et  où  tu  es  il  n'y  a  celluy  lieu, 

Soit  grand  cité,  ou  ville,  ou  village 

Qui  n'aye  le  sien;  n'esse  pas  grand  domage 

Que  tant  de  gens  ayent  cesle  follie 

D'aymer  ainsi  meschante  idolâtrie? 

D'aultre  costé  celluy  tant  soit  habille 

Qui  se  dira  amy  de  l'évangille 


DOCUMENTS 

Là  où  tu  es  ne  vivra  longuement, 
Mais,  où  je  suys,  le  Dieu  du  firmement 
Nous  a  donné  le  bien  et  ceste  grâce 
Que  tous  les  jours  publiquement  en  place- 
Nous  en  avons  une  belle  lesson. 
Je  croy,  amy,  que  cy  ung  peu  le  son 
Tu  avois  oy  de  ce  dyvin  parler, 
Jamais  d'ici  ne  t'en  voudres  aller. 
S'il  fault  parler  de  vie  pollitique, 
Il  n'y  a  lieu,  tant  soit-il  autentique 
Où  la  justice  soit  gardée  en  ce  point 
Corne  est  icy,  car  certes  ne  fault  point 
Que  présidens  prolongent  les  procès, 
Vienent  icy  aulcunement  faire  ex[c]ès, 
Ne  que  advocatz,  affm  qu'on  leur  promette 
Aulcuns  pressens,  ils  portent  leur  cornette; 
Tous  procureurs  serrent  leur  escriptoire, 
En  ce  lieu  cy  ne  se  fait  inventoire, 
Mais  ausi  tost  et  à  ung  mesme  instant.  .. 
S'aulcun  y  a  qu'il  se  forvoye  tant 
Faire  à  aultruy  ce  que  il  ne  vouldroit 
Lui  estre  fait,  soudain  on  fera  droit 
A  ungcbescun,  ainsi  que  Jésus  Grist 
L'a  comandé,  et  n'y  a[u]ra  nul  escript 
D'aulcun  procès,  mais  soudain  on  randra 
A  ung  chescun  ce  que  luy  appertiendra. 
Voillà  cornent,  par  bonne  unyté 
Somes  remys  tretous  en  charité. 
Quant  il  n'y  a[u]roit  autre  bien  en  se  lieu 
Sinon  d'avoir  cy  cher  l'honneur  de  Dieu 
Corne  on  a,  il  est  à  prefferer 
A  ce  lieu  là  où  tu  veulx  demeurer. 
Icy  n'y  a  orgueil  ny  avarisse, 
Là  où  tu  es,  c'est  vertu,  non  pas  vice, 
De  s'org-ueiller  et  n'estyment  ordure, 
Ains,  ung  grand  bien,  de  cometre  usure.  . 
Icy  n'avons  aulcune  ire  n'envye 
Sçachant  qu'en  brief  nous  fault  ûner.la  vie, 


DOCUMENTS 

Mais  par  dellà  on  aurait  beau  courir 

Pour  en  trouver  ung  qui  pense  à  mourir. 

Icy  ne  resne  ceste  luxure  infâme, 

Car  il  n'y  a  celluy  qui  n'aye  sa  propre  terne, 

Et  par  délia,  du  peuple  le  grant  disme 

N'en  usent  point,  mais,  une  concubyne 

On  leur  permect  et,  que  dire  je  n'ouse, 

Le  plus  souvant  l'ung  de  l'autre  l'espouze 

Va  usurpant,  sans  avoir  nulle  crainte 

De  Jésus  Crist  la  parolle  tant  saincte, 

Du  bon  sainct  Pol  qui  est  tant  bien  notée 

A  la  segonde  espictre  à  Thimotée, 

Où  il  nous  mo[n]stre,  quoy  qu'on  sache  crier 

Qu'ung  temps  viendra  que  de  se  marier 

On  deffendra,  et  cella  se  doit  faire 

Aux  derniers  temps  :  pansons  à  nostre  affaire 

N'ayant  regard  à  ce  qu'est  transsitoire, 

Ains  demandons  de  Dieu  l'honneur  et  gloire, 

Entre  les  biens  de  la  terre  tant  beaulx 

Et  entre  ceulx  qui  promènent  ès  eaulx, 

Mettes  vous  pas  trop  grande  difîérance? 

Oy  vrayement  et  non  seullement  en  ce 

Avons  herrés,  mais  vous  est  bien  advis 

Que  la  couleur  diverse  des  habitz 

Rent  l'home  sainct  ou  la  doctrine  saincte 

Croyes  qu'en  brief  une  dure  complainte 

Sera  sur  ceulx  qui  sont  tant  abusez 

Dont  je  vous  prye,  à  ce  faitadvisez 

Vous  souvenant  de  se  très  bel  exemple 

Du  beau  linceul  mofnjstré,  comme  il  me  semble 

Au  bon  Sainct  Pierre  et  cornent  luy  fut  dit 

Que  jamais  plus  difîérance  il  ne  mist 

Entre  les  biens  de  Dieu  sanctiffiés. 

Regardes  donc  cy  en  Dieu  vous  fies 

Ains  aulcuns  certains  jours  pour  Sa  chair 

Et  à  celluy  seroit  bien  vandu  cher 

Qui  en  useroit  en  guise  de  poisson 

Tant  luy  vauldroit  manger  de  la  poizon 


DOCUMENTS  241 

Et  n'y  a[u]roit  qui  le  seut  secourir 
Que  tout  soudain  on  ne  le  fît  mourir. 
Ne  voilla  pas  trop  grande  cruaulté! 
Mais  nous  icy,  en  pure  liberté 
De  vrays  crestiens,  et  les  biens  et  les  grâces 
Nous  sont  icy  par  grandes  efficasses, 
Sans  mectre  en  rien  aulcune  différance . 
Je  ne  dis  pas  que  bien  par  pénitance 
Il  ne  nous  falhe  masserer  quelque  temps, 
Mais  çais  tu  bien  corne  cella  j'entens  : 
Quant  conoissons  la  chair  estre  rebelle 
A  l'esprit,  d'une  fasson  très  belle, 
A  force  jeunes  nous  la  randons  subjecte 
Et  par  ainsi,  sans  que  jamais  on  mette 
Ung  jour  qui  soit  destitué  et  préfix, 
Servons  toujours  au  sainct  crucifix, 
Nous  crucifiant  nous  mesmes  par  bonté 
Sellon  la  paix  de  nostre  volunté. 
Voyllà  ainsi,  mon  cher  amy,  cornent 
Gardons  de  Dieu  le  sainct  comendement. 
Non  que  de  nous  nous  ayons  ce  povoir 
Mais  ung  chescun,  en  faisant  sonjlevoir 
Tache  acquérir  du  seigneur  Dieu  la  grâce, 
Affm  que  après,  nous  puiss[i]ons  face  à  face 
Le  voir  là  haut  tre[s]tous  en  paradis. 
Pour  le  présent  ung  à  Dieu  je  te  dis  ; 
En  ce  faisant,  je  te  laisse  à  penser 
Si  de  venir  tu  te  dois  advancer. 


A  notre  avis,  il  n'y  a  pas  de  raison  de  mettre  plus  en 
doute  l'authenticité  de  cette  pièce  que  de  celles  qui  rac- 
compagnent. Le  style  même  rappelle  assez  souvent  la 
manière  de  Marot;  et  il  n'est  pas  jusqu'à  cette  expression  : 

Affin  que  après,  nous  puissions  face  à  face 
Le  voir  là-haut  trestous  en  paradis, 

que  nous  ne  retrouvions  dans  le  sermon  du  Bon  et  du 

16 


DOCUMENTS 


Mauvais  Pasteur,  à  propos  de  la  mort,  où  le  poète 
écrit  : 

Mais  peindez  là  que  triompher  nous  face 
Nous  faisant  voir  Jésus-Christ  face  à  face. 

Quant  à  la  citation  de  Saint  Paul,  elle  n'est  pas  pour 
nous  étonner  :  c'est  une  source  dont  s'est  souvent  souvenu 
l'auteur  du  sermon  et  de  la  complainte  de  Florimond 
Robertet.  Il  faut  remarquer  enfin  que  toutes  les  particula- 
rités de  détail  de  notre  épître  concordent  étrangement 
avec  la  situation  de  Marot.  L'auteur  y  apparaît  bien  comme 
un  réfugié  qui  a  fui  précipitamment.  Il  rappelle  bien  lon- 
guement les  lenteurs  des  procès  et  l'avarice  des  gens  de 
justice,  ce  qui  conviendrait  fort  à  l'auteur  de  l'Enfer  ;  il 
traite  aussi  d'une  façon  bien  spéciale  la  question  du 
carême,  ce  qui  ne  devait  pas  moins  préoccuper  un  homme 
qui  plusieurs  fois  fut  inquiété  pour  avoir  mangé  de  la 
chair  en  carême.  Enfin,  il  parle  de  la  corruption  des 
mœurs  et  du  concubinage  avec  une  insistance  telle  et 
dans  des  circonstances  où  le  sujet  pouvait  être  si  facile- 
ment évité  que  nous  ne  pouvons  encore  manquer  de  nous 
souvenir  des  démêlés  de  Marot  avec  les  dames  de  Paris 
et  surtout  avecYsabeau  dont  nous  aurons  lieu  de  repar- 
ler plus  loin.  En  conséquence,  nous  pensons  que  nous 
n'avons  pas  à  hésiter  pour  ajouter  cette  nouvelle  épître  aux 
poésies  déjà  publiées  par  Fréd.  Chavannes. 


R.  Fromage 


DOCUMENTS 


243 


PRÉCISIONS  DOCUMENTAIRES 
SUR  L'HISTOIRE  DES  CAIVIISARDS 

Il  n'y  a  pas  d'épisode  de  notre  histoire  qui  continue 
à  être  plus  outrageusement  défiguré  que  celui  de  la  guerre 
des  Camisards.  Les  historiens  impartiaux  ou  simplement 
équitables  ont  depuis  longtemps  reconnu  qu'elle  fut  pro- 
voquée par  les  excès  de  la  persécution.  Voici,  par  exemple, 
ce  qu'on  lit  dans  un  des  derniers  fascicules  de  Y  Histoire 
de  France  publiée  chez  Hachette  sous  la  direction  de 
M.  E.  Lavisse  : 

En  province  (dans  le  Midi  notamment,)  nombre  de  petites 
communautés,  urbaines  ou  rurales,  fanatiques,  de  seigneurs  beso- 
gneux, de  curés  grossiers,  ne  pensaient  qu'à  éterniser  un  ré- 
gime d'espionnage  et  de  rapine  qui,  en  les  enrichissant,  les  flattait. 
«  Les  curés  de  Languedoc,  écrit  en  1704  Villars,  ne  peuvent  pas 
perdre  l'habitude  de  faire  trembler  toutes  leurs  paroisses.  »  Les 
intendants  et  les  commandants  militaires  qui,  eux  aussi,  avaient 
senti  grandir  par  la  persécution  leur  importance,  ne  changèrent 
rien,  pour  la  plupart,  à  leur  conduite.  Ils  ne  renonçaient  complè- 
tement à  aucune  des  coercitions  antérieures.  Presque  partout  ils 
continuaient  à  enlever,  quand  bon  leur  semblait,  les  enfants.;  en 
Poilou,  d'Ableiges  et  d'Estrées,  recommençaient  par  instants,  sans 
que  la  Cour  les  désapprouvât,  ladragonnade.  En  Languedoc,  Bâville, 
sansse soucier  d'un  édit  qu'il avaitdéconseillé,  laissait  faire  comme 
par  le  passé,  ses  agents  ecclésiastiques  ou  laïques. 

Deux  d'entre  eux  —  dans  le  diocèse  de  Nîmes,  M.  de  Saint- 
Cosme,  gentilhomme  converti,  dans  le  diocèse  deMende,  François 
de  Langlade  du  Chayla,  archiprêtre,  —  étaient  infatigables  à  pour- 
voir de  victimes  les  tribunaux,  par  leurs  dénonciations  et  leurs 
battues.  Lors  même  qu'ils  n'obtenaient  point  de  châtiment 
corporels,  les  confiscations  de  terres,  les  amendes  à  payes 
solidairement,  qu'ils  faisaient  prononcer,  ruinaient  vite,  en  un 
pays  maigre,  les  cultivateurs  mal.  notés  et  exaspéraient  tout  le 
monde.  Les  fuites  en  masse  avaient  recommencé.  Un  convoi 
de  fugitifs,  arrêté  par  l'archiprêtre  de  Mende,  ayant  été  enfermé 
par  lui  dans  sa  maison  du  Pont-de-Montvert,  une  troupe  de  pay- 
sans, conduits  par  quelques  prédicants,  Gédéon  Laporte,  Pierre 
Esprit,  Salomon  Gouderc,  Séguier  (i),  Abraham  Mazel,  força  et  brûla 

(1)  Séguier  était  le  surnom  de  Pierre  Esprit. 


DOCUMENTS 


sa  maison,  le  tua,  brûla  le  castel  de  Ladevèze  après  en  avoir 
massacré  les  habitants  (1). 

Cet  exposé  qu'on  ne  saurait  taxer  de  partialité  puis- 
qu'il a  été  rédigé  par  M.  le  professeur  A.  Rébelliau 
reconnaît  un  certain  nombre  de  faits  essentiels  qu'il  est 
impossible  de  nier  ou  de  passer  sous  silence  à  moins  de 
fausser  l'histoire  ou  de  la  rendre  incompréhensible. 

ïl  évite  néanmoins  de  préciser  le  rôle  capital  que 
jouèrent  justement  Saint-Cosme  et  du  Chayla  (2)  dont  les 
crimes  lassèrent  une  patience  qui,  jusque-là,  ne  s'était  pas 
démentie  et  déchaînèrent  des  colères  d'autant  plus  terribles 
qu'elles  avaient  été  plus  longtemps  contenues.  L'année 
passée  M.  Ch.  Bost  a  déjà  relevé  ici-mêmé  [Bulletin  1908, 
p.  2d  9  et  ss.)  tout  ce  qu'avait  de  tendancieux  et  d'inexact  le 
récit  publié  par  l'abbé  Rouquette  sur  Y  abbé  du  Chayla  et 
le  clergé  des  Cévennes.  Nous  allons  revenir  sur  ce  point 
et  sur  quelques  autres  en  opposant  à  une  légende  qui  n'a 
que  trop  duré  quelques  textes  officiels  et  indiscutables,  Ils 
serviront  de  contrepartie  à  un  véritable  pamphlet  (3) 
du  R.  P.  J.-B.  Couderc,  intitulé  Victimes  des  Camisards 
(Récit,  Discussion,  Notices,  Documents),  qui  a  paru  en 
1904  (Paris,  P.  ïéqui),  et  montreront  comment  on  croit 
donner  le  change  en  passant  sous  silence  des  documents 
gênants  et  nullement  inédits.  —  Commençons  par 

L'abbé  du  Chayla. 

D'après  le  R:  P.  J.-B.  Couderc,  cet  archiprêtre  n'était 
rien  moins  qu'un  saint  qui  se  distingua,  entre  autres,  en 

(1)  Histoire  de  France,  t.  Vlll,  p.  378-9  (Hachette,  1908). 

(2)  Nous  ne  voudrions  pas  chicaner  M.  Rébelliau  surles  Sources q\x"\\ indique 
au  bas  de  la  page  378  du  tome  VIII  de  l'Histoire  de  France,  pour  le  chapitre 
où  il  traite  de  l'Insurrection  des  Cévennes.  Mais  il  nous  permettra  de  nous 
étonner  qu'après  avoir  cité  Louvreleuil,  Brueys,  La  Baume,  etc.,  il  ait  négligé 
de  citer  Y  Histoire  (anonyme)  des  Camisards  de  1744  et  1754,  2  vol.:  celle 
surtout  d'An  toine  Court  {Histoire  des  troubles  de  Cévennes,  3  vol.  1760);  celle 
de  Cavalier,  publiée  en  Anglais  et  plus  importante  qu'on  ne  croit;  les  docu- 
ments publiés  dans  les  Chroniques  de  Languedoc,  etc..  Il  aurait  dû  signaler 
aussi  les  deux  brochures  de  M.  Ch.  Dardier,  La  révolte  des  Camisards  justifier 
et  Encore  la  Révolte  des  Camisards  (1889  et  1890),  les  mémoires  du  baron 
d'Aigaliers  publiés  par  Frosterus  ainsi  que  la  brochure  de  ce  dernier  et  celle  de 
Dardier  sur  le  maréchal  do  Montrcvel,  les  mémoires  de  Bonbonnoux.  etc. 

(3)  Malgré  les  promesses  du  litre,  le  caractère  pamphlétaire  de  ee  livre 


DOCUMENTS 


établissant  partout  des  «  bureaux  de  charité  »;  il  va  jus- 
qu'à écrire  cette  phrase  étonnante  (p.  55)  :  «  mais  préci- 
sément le  bien  qu'il  faisait  irritait  les  hérétiques  ».  Voici 
comment  il  raconte  les  faits  qui  provoquèrent  l'assassinat 
de  Tarchiprêtre  : 

Le  °22  juillet  1702,  l'abbé  du  Ghaila  était  au  Pont-de-Montvert 
où  depuis  un  mois,  aidé  de  deux  religieux,  les  Pères  Capucins 
Ignace  de  Beaujeu  et  Alexandre  de  Miribel,  il  exerçait  son  zèle 
apostolique.  Quoique  le  régent  des  écoles  et  le  fermier  du  sei- 
gneur logeassent  dans  le  château,  il  n'avait  pas  de  peine  à  y  trou- 
ver du  logement  pour  lui.  Il  restait  même  encore  quelques  pièces 
où  ceux  qui  commandaient  dans  la  contrée  enfermaient  quelque- 
fois leurs  prisonniers,  jusqu'à  ce  qu'ils  eussent  reçu  les  ordres  de 
de  leur  chef. 

On  avait  arrêté,  dans  diverses  assemblées,  six  jeunes  gens 
armés...  On  y  détenait  aussi,  depuis  deux  jours,  un  guide  qui  con- 
duisait dans  les  pays  étrangers  trois  filles  déguisées  en  garçons 
que  l'on  avait  dès  le  lendemain  transférées  à  Mende.  Il  restait  à 
peine  à  ce  château  l'apparence  d'une  maison  ordinaire.  Le  subdé- 
légué de  l'intendant  avait  cru  devoir  ajouter  à  de  faibles  clôtures 
deux  sentinelles  et  des  ceps,  instrument  /ait  de  deux  pièces  de 
bois  entaillées  que,  faute  de  fers,  il  avait  fait  mettre  aux  pieds 
de  ses  prisonniers  et  dont  on  a  fait  dans  le  Théâtre  sacré  une  des- 
cription effrayante. 

L'auteur  protestant  de  la  nouvelle  histoire  des  Gamisards  qui 
prétend  que  les  prisonniers  avaient  été  faits  par  l'abbé  du  Chaila, 
à  la  tête  d'une  troupe  de  soldats,  et  qu'ils  étaient  les  restes  de 
ceux  que  ce  missionnaire  avait  fait  pendre  sur-le-champ,  ne  trou- 
vera sans  doute  pas  mauvais  que  nous  nous  soyons  abstenu  de 
partager  le  ridicule  d'un  pareil  récit... 

Mais  si  ces  prisonniers  n'étaient  point  les  restes  des  cruautés  de 
l'abbé  du  Ghaila,  ils  furent  le  prétexte  de  celles  des  prophètes  ... 

Ce  récit  inséré  dans  le  volume  du  R.  P.  J.-B.  Couderc 
entre  guillemets  (p.  58-59)  est  emprunté  à  un  manuscrit 
de  la  bibliothèque  de  Nîmes,  intitulé  Histoire  des 
troubles  des  Cévennes  (1),  par  l'abbé  Valette,  prieur  de 
Bernis.  Ce  manuscrit  dont  les  auteurs  catholiques  font 

éclate  dès  la  première  ligne,  dans  cetteprétendue  définition  de  la  guerre  des 
Gamisards,  qui  n'est  qu'une  audacieuse  contre-vérité  :  «  La  guerre  des  Gami- 
sards fut  une  explosion  de  rage  anti-catholique  habilement  préparée  »  (p.  3). 

(1)  Ou,  plus  exactement,  Histoire  des  Prophètes  des  Cévennes,  n°  13  848  du 
catalogue  de  la  Bibliothèque  de  Nîmes. 


DOCUMENTS 


beaucoup  de  cas,  n'est  nullement,  comme  on  pourrait  le 
croire  et  comme  on  le  laisse  quelquefois  entendre,  une 
relation  contemporaine  des  événements  qu'il  raconte, 
puisqueson  auteur  naquit  à  Nîmes  en  1712  seulement,  c'est- 
à-dire  plusieurs  années  après  la  fin  du  soulèvement  des 
Camisards.  Ceux  qui  auront  lu  attentivement  le  fragment 
ci-dessus,  auront  d'ailleurs  remarqué  que  l'abbé  Valette 
y  cite  le  Théâtre  sacré  des  Cévennes  qui  parut  en  1707  et  ce 
qu'il  appelle  «  la  nouvelle  histoire  des  Camisards  »,  qui 
n'est  autre  chose  que  Y  Histoire  des  Camisards  parue  à 
Londres  en  2  volumes  en  1744  et  1754  (1).  Plus  loin 
(Gouderc,  p.  63),  il  cite  même  une  phrase  empruntée  à 
Y  Histoire  d'Antoine  Court,  laquelle  parut  en  1760.  Le  ma- 
nuscrit Valette  fut  donc  rédigé  près  de  soixante  ans  après 
les  événements  et  les  citations  qu'on  lui  emprunte  prouvent 
qu'il  n'est  guère  qu'une  compilation  tendancieuse  et  géné- 
ralement malveillante  (2). 

A  son  récit  qui  représente  l'archiprêtre  du  Pont-de- 
Montvert  comme  un  pauvre  innocent  qui  n'avait  rien  fait 
du  tout  que  de  loger  dans  le  château  où  «  ceux  qui  com- 
mandaient dans  la  contrée  »,  et  le  «  subdélégué  de  l'in- 
tendant »  enfermaient  les  protestants  qu'ils  avaient 
arrêtés,  on  pourrait  opposer  la  relation,  autrement  précise 
et  circonstanciée  d'Antoine  Court,  qui  dit  expressément 
ceci,  à  propos  du  guide  dont  parle  l'abbé  Valette  : 

J'ai  eu  divers  entretiens  avec  ce  guide,  et  j'ai  appris  de  sa 
propre  bouche  les  circonstances  de  sa  capture  et  de  celle  de  sa 

(1)  C'est,  en  effet,  à  la  page  107  du  tome  I  de  cet  ouvrage,  qu'on  lit  le 
passage  que  l'abbé  Valette  traite  de  ridicule  :  «  L'abbé  commença  par  en 
faire  pendre  quelques-uns  sur-le-champ.  » 

(2)  Michel  Nicolas  (Hist.  litt.  de  Nîmes  II,  220)  écrit  que  l'abbé  «  homme 
instruit  et  tolérant  distingue,  avec  autant  d'esprit  que  d'impartialité,  le  pro- 
testant éclairé  et  raisonnable  du  protestant  exalté  et  fanatique  »,  mais  il 
ajoute  :  «  on  désirerait  seulement  qu'il  eût  reconnu  que  sans  l'absurde  révo- 
cation de  l'édit  de  Nantes  qui  les  força  à  prendre  les  armes  et  qui  les  poussa 
à  une  exaltation  toujours  produite  par  la  persécution,  les  protestants  dos 
Cévennes  auraient  continué  d'être  des  citoyens  paisibles.  »  Ces  lignes  justi- 
fient mon  appréciation.  En  effet,  se  refuser  à  voir  dans  le  soulèvement  dos 
Camisards  une  révolte  provoquée  par  l'excès  des  persécutions,  c'est  so  con- 
damner à  n'y  rien  comprendre  et  à  tracer  des  événements  une  esquisse  ten- 
dancieuse, en  même  temps  qu'accueillir  avec  complaisance  tout  ce  qui  noircit 
les  victimes. 


DOCUMENTS 


247 


troupe;  leur  emprisonnement;  les  mauvais  traitements  qu'ils 
éprouvèrent  de  la  part  de  l'abbé,  et  la  manière  dont  ils  furent 
délivrés  de  ses  mains;  aussi  bien  que  les  circonstances  de  la 
mort  de  cet  ecclésiastique.  Massip  et  sa  troupe  avoient  été 
arrêtés  par  le  sr  d'Escalier,  capitaine  de  bourgeoisie  au  Pont-de- 
Montvert  (1). 

Et  plus  loin,  il  ajoute  : 

Ceux  qui  m'ont  servi  de  guides  dans  le  récit  que  je  viens  de 
faire,  ne  sont  pas  seulement  un  brave  des  Gévennes  (voiés  la  pré- 
face de  la  nouvelle  Histoire  des  Camisars),  mais  plusieurs  cen- 
taines de  ces  braves,  que  j'ai  consultés, qui  se  sont  trouvés  en  per- 
sonne, sinon  dans  toutes  les  occasions,  au  moins  dans  un  grand 
nombre;  et  entre  lesquels,  il  y  en  avoit  qui  après  Séguier,  pou- 
voient  passer  pour  les  chefs  de  l'entreprise  ;  tel  étoit  un  Abraham 
Mazel,  tel  un  nommé  Rampon,  etc.  et  auxquels  j'ai  été  à  portée  de 
faire  des  questions  et  de  démêler  leurs  idées  mêmes.  J'ai  eu  encore 
pour  guide  le  témoignage  de  plusieurs  habitans  du  lieu  même  où 
se  passa  la  sanglante  tragédie,  auprès  de  qui  je  me  suis  instruit 
plus  d'une  fois  en  la  matière  :  et  nombre  de  Mémoires  dressés 
sur  les  lieux  et  par  des  personnes  impartiales  (2). 

Il  résulte  de  ces  déclarations  formelles  d'Antoine  Court  - 
que  nous  n'avons  le  droit  de  récuser  son  récit  que  lorsque 
nous  avons  la  preuve  formelle  qu'il  s  est  ou  a  été  trompé. 
Or,  ni  l'abbé  Valette  qui  l'a  eu  sous  les  yeux,  ni  leR.P.  Cou- 
derc  qui  suit  aveuglément  le  prieur  de  Bernis,  ne  se  donnent 
la  peine  de  discuter  les  faits  à  la  charge  de  l'abbé  du  Chayla, 
énumérés  par  Antoine  Court.  Ils  les  passent  purement  et 
simplement  sous  silence,  ce  qui  est  assurément  plus  com- 
mode que  de  les  discuter. 

Nous  rappellerons  donc,  pour  ce  qui  regarde  les  exac- 
tions exercées  par  l'archiprêtre,  le  document  accablant, 

(1)  Tome  1  p.  43.  La  relation  de  Massip  se  trouve^VIs.  Court  n°  17  K. 

(2)  Ibid.  ]).  52.  La  preuve  de  l'exactitude  de  ces  affirmations  de  Court  se 
trouve  encore  aujourd'hui  dans  ses  manuscrits  conservés  à  la  Bibliothèque 
de  Genève,  et,  en  copie,  à  celle  de  notre  Société.  Le  n°  30  de  cette  collection, 
intitulé  Recueil  et  Mémoires  sur  les  Camisards,  t.  I,  renferme,  entre  autres, 
des  notes  ou  Éclaircissements  rectifiant  le  récit  de  Louvreleuil  et  émanant  de 
Jacques  Morin  dit  Saltet.  Ces  notes,  jointes  à  celles  de  Rampon  (Msc.  Court 
n°  17  K)  qui  était,  comme  lui,  du  pays,  permettraient  de  reconstituer  le  drame 
dans  ses  moindres  détails  et  donnent,  sur  la  conduite  de  l'archiprêtre,  des 
renseignements  aussi  précis  que  peu  édifiants. 


248 


DOCUMENTS 


puisqu'officiel  et  confidentiel  dont  le  Bulletin  de  1906  a 
publié  un  résumé  (p.  417  à  425),  —  c'est-à-dire  le  relevé, 
par  le  sieur  Rouvière,  juge  royal  à  Marvejols,  des  pour- 
suites intentées  dans  le  diocèse  de  Mende,  aux  nouveaux 
convertis  pendant  les  deux  années  et  six  mois  qui  s'écou- 
lèrent d'octobre  1685  à  mars  1688.  Ces  poursuites  s'étaient 
faites  «  sous  V  œil  et  avec  T  assistance  de  T  abbé  du  Chayla»  ,etse 
répétèrent  encore  pendant  plus  de  dix  années  après  1688. 
Qu'on  se  représente  la  somme  d'iniquités  et  de  ressenti- 
ments accumulée  pendant  ces  années  de  terreur  !  Lesévéne- 
ments  de  1702  ne  furent  que  la  goutte  qui  fait  déborder  le 
vase.  Et  bien  quel'abbé  Valette etle  R.  P.  Couderc  feignent 
de  les  ignorer,  ils  ne  sont  nullement  légendaires,  comme  le 
prouve  la  pièce  officielle  suivante,  c'est-à-dire  le  Rapport 
du  Comte  de  Peyre  au  ministre  de  la  guerre,  en  date  du 
19  août  1702,  car  on  pense  bien  que  la  tragédie  du  mois 
précédent  fut  aussitôt  suivie  d'une  enquête  dont  ce 
rapport  donne  le  résultat  : 

Monseigneur,  voici  ce  qui  s'est  passé  depuis  que  je  n'ai  eu 
l'honneur  de  vous  écrire;  je  n'ose,  Monseigneur,  m'expliquer  en 
bien  des  choses,  parce  qu'on  est  averty  de  tous  ceux  qui  écri- 
vent à  la  Cour  et  on  trouve  des  moyens  de  leur  faire  de  la  peine. 
Je  suis  avec  mon  respect  ordinaire,  etc. 

MONTBRETON  PEYRE  (1). 

A  la  Baume,  le  19  Août  1702. 


Les  Commissaires  du  Présidial  de  Nimes  venoient  juger  à 
Marvéjolz  et  furent  arrêtés  à  Florac  pour  faire  le  procès  aux 
scélérats  des  Sévennes.  Ils  ont  condamné  le  nommé  Esprit,  pré- 
dicant  fanatique,  le  nommé  Nouvel  et  Bonnet. 

Le  premier  a  eu  le  poing  coupé  au  Pont  de  Montvert  et  a  été 
brûlé  tout  vif  ;  il  a  avoué  avoir  été  présent  à  tous  les  crimes  con- 
tenus au  précédent  mémoire  sans  vouloir  déclarer  aucun  complice. 

Le  nommé  Nouvel  a  été  roué  et  brûlé  devant  le  château  de 
Ladevèze;  le  nommé  Bonnet  pendu  à  Saint  André  de  Lanciso. 

Il  résulte  des  informations  ou  par  les  déclarations  des  suppli- 

(1)  Le  comte  de  Peyre  était  lieutenant  général  de  la  province  du  Langue  - 
doc depuis  1695;  il  avait  succédé  au  marquis  de  Mon  ta  nègre. 


250 


DOCUMENTS 


ciés  que  l'attroupement  fut  résolu  le  22e  juillet,  à  la  foire  de  Barre, 
que  ce  fut  en  vue  de  délivrer  sept  personnes  que  l'abbé  du  Chayla 
avoit  en  prison  chez  lui,  supposant  qu'ils  dévoient  quitter  le 
Royaume,  auxquels  il  donnoit  lui  même  les  étrivières  chaque 
jour  (1),  et  avoit  inventé  un  supplice  qu'il  leur  faisoit  souffrir,  leur 
mettant  les  pieds  au  milieu  d'un  gros  poutre  qui  les  obligeoit  à 
dormir  tout  droits  ; 

Que  ces  prisonniers,  ayant  eu  la  liberté,  commirent  tous  les 
assassinats,  sacrilèges  et  incendies  et  tuèrent  eux-mêmes  l'abbé 
du  Chayla  et  les  prêtres  qui  étoient  ses  confidents; 

Que  la  plupart  de  ces  attroupés  sont  des  gens  que  l'abbé  du 
Chayla  avoit  envoyés  à  Montpellier  pour  les  faire  enrôler  dans  les 
levées  qu'on  y  a  faites  ou  qu'on  les  dénonceroit  d'avoir  été  dans 
les  assemblées  (2). 

Ces  gens  là  avoient  ensuite  déserté  et  emporté  des  armes 
desquelles  ils  se  sont  servis. 

L'on  ajoute  que  l'argent  que  le  Roy  donnoit  pour  des  charités 
ou  pour  des  espions  étoit  employé  à  d'autres  usages. 

Monsieur  de  Basville  a  écrit  à  Messieurs  du  Présidial  de  lui 

(1)  «  Voici  de  la  façon  qu'il  s'en  prenoit  envers  les  pauvres  prisonniers  après 
ses  interrogats  et  ses  feintes,  pour  leur  faire  avouer  s'ils  avoient  été  à  telle 
ou  telle  assemblée,  s'ils  y  avoient  vu  quelqu'un  de  leur  connoissance  et  s'ils 
savoient  que  leurs  voisins  y  fussent  allés  :  Il  leur  arrachoit  avec  des  pincettes 
les  poils  de  la  barbe  ou  autres  endroits  du  visage;  d'autres  fois  il  prenoit  avec 
les  pincettes  des  charbons  ardents  et  il  les  leur  mettoit  sur  la  paume  de  la 
main,  après  quoi  il  les  contraignoit  à  fermer  leur  main  pour  les  faire  brûler 
davantage;  et  lorsqu'ils  refusoient  de  le  faire,  lui-même,  avec  ses  mains, leur 
serroit  le  poignet  jusqu'à  ce  que  le  charbon  étoit  entièrement  éteint  et  étouffé. 
D'autres  fois  il  leur  faisoit  investir  les  cinq  doigts  de  chaque  main  de  coton 
détrempé  et  garni  de  graisse  ou  de  cire,  après  quoi  il  faisoit  allumer  la 
mèche  qui  étoit  au  delà  de  la  pointe  des  doigts,  de  sorte  qu'à  mesure  que  le 
feu  descendoit  vers  la  main,  le  doigt  séparoit  la  flamme  qui  l'inyestissoit  et 
dont  le  sang  des  doigts  qui  se  brûloient  couloit  ensemble  avec  la  graisse 
de  la  chandelle.  C'est  ce  qu'il  avoit  fait,  à  part  plusieurs  autres,  à  Pierre  Solier, 
du  lieu  de  Reynol,  paroisse  de  Saint-Germain  et  dont  il  porta  la  marque  jus- 
qu'à sa  mort,  ayant  la  plupart  des  ongles  contrefaits  {chose  que  j'ai  vue  et 
avec  lequel  j'ai  parlé  plusieurs  fois).  On  l'accusoit  d'avoir  été  à  une  assemblée 
et  on  vouloit  le  lui  faire  déclarer,  mais  il  supporta  cette  cruelle  géhenne  sans 
rien  avouer,  non  plus  que  d'autres  qui  étoient  exposés  à  ces  tourmens  qui 
leur  faisoient  jeter  des  cris  et  des  gémissements  qui  auroient  attendri  les 
pierres  même,  mais  qui  ne  pouvoient  attendrir  le  cœur  de  ce  cruel  lion  de 
l'abbé  du  Chayla  ».  (Note  J.  Morin,  Msc.  Court n°  30,  fol.  32  v°). 

(2)  En  1701  il  semble  que  les  curés  des  Cévennes  avaient  la  charge  de  four- 
nir au  roi  les  recrues  qui  lui  étaient  nécessaires,  en  désignant,  à  cet  effet,  les 
jeunes  N.C.  opiniâtres.  On  trouve,  dans  des  rapports  officiels  d  ecclésias- 
tiques, des  phrases  comme  celles-ci  :  «  J'ai  cinq  garçons  entêtés  pour  le  ser- 
vice de  S.  M.  »  (curé  d'Aulas)...  «  J'ai  une  jeunesse  nouvelle  convertie  opi- 
niâtre et  de  qualité  requise  pour  servir  S.  M.  »  (curé  de  Saint-Marcel  de 
Fonfoulhouse ;  llibard,  Notes  d'Histoire  cénevole,  Ganges,  1889,  extraites  des 
arch.  du  Languedoc).  Jacques  Morin  déclare  formellement  que  e'etait  une 
des  pratiques  coutumières  de  du  Chayla  (Msc.  Court,  n°  30,  fol.  33  v°). 


DOCUMENTS 


251 


envoyer  toutes  les  procédures,  qu'il  vouloit  connoître  de  la  suite 
de  cette  affaire,  et  voudroit  bien  qu'on  n'en  eût  pas  tant  connu. 

Messieurs  du  Présidial  ont  fait  quelque  difficulté,  disant 
qu'ayant  pris  connaissance  de  cette  affaire  qui  de  droit  leur  appar- 
tenoit,  Monsieur  de  Basville  ne  pouvoit  connoîtredes  suitesà  leur 
préjudice,  et  néanmoins  ils  lui  ont  envoyé  extrait  de  toutes  les 
procédures. 

Dans  cet  attroupement  il  n'y  avoit  que  de  misérables  paysans. 

L'on  persiste  à  dire  que  si  le  commandement  des  Sévennes 
pouvoit  changer,  que  tout  y  seroit  tranquille  et  en  repos,  la 
dureté  avec  laquelle  on  les  a  gouvernés  ayant  tout  gâté  (1). 

Ou  je  me  trompe  fort,  ou  ce  rapport  dont  chaque 
ligne  est  à  méditer,  fera  réfléchir  ceux  qui  voudraient  se 
débarrasser  par  omission,  des  témoignages  recueillis  et 
examinés,  entre  autres,  par  Antoine  Court. 

Remarquons  d'abord  le  billet  qui  le  précède  et  en 
donne  le  sens.  Le  comte  de  Peyre  écrit  qu'il  «  n  ose  pas 
s' expliquer  en  bien  des  choses  (2)  ».ll  y  avait  donc  déjà  à  ce 
moment  des  manœuvres  destinées  à  étouffer  la  vérité, 
impression  confirmée  par  cette  phrase  du   rapport  : 

(1)  Dépôt  de  la  Guerre,  vol.  1614,  p.  46.  —  Dans  un  autre  Mémoire  anté- 
rieur conservé  dans  le  même  volume  1614  du  Dépôt  de  la  Guerre,  fol.  38,  le 
môme  comte  de  Peyre  raconte  en  détail  ce  qui  se  passa  le  soir  du  24  juil- 
let 1702  au  Pont  de  Montvert.  Voici  le  commencement  de  ce  récit  qui  prouve 
que  les  paysans  exaspérés  n'avaient  réellement  l'intention  que  de  délivrér  les 
captifs  et  qu'ils  ne  passèrent  aux  voies  de  fait  qu'après  avoir  essuyé  un  coup  de 
feu  d'un  des  valets  de  l'abbé  :  «  Le  24  de  juillet,  sur  les  dix  à  onze  heures  du 
soir,  cinquante  à  soixante  hommes  armés  arrivèrent  au  pont  de  Montverd,  se 
saisirent  des  avenues  et  des  deux  ponts  au  bout  d'un  desquels  étoitla  maison 
où  logeoit  M.  l'abbé  du  Chaila,  dans  laquelle  certain  nombre  étant  entrés, 
un  de  ses  valets  tira  sur  eux'un  coup  de  fusil  comme  ils  montoient  le  degré, 
et  voiant  cette  deffance,  ils  en  sortirent  et  prirent  le  parti  d'y  mettre  le  feu. 
M.  l'abbé  du  Chaila  s'étoit  retiré  dans  un  cabinet  où,  se  voiant  pressé  par  le 
feu,  attacha  ses  draps  à  une  fenêtre  par  où  il  descendit  au  bord  de  la 
rivière;  deux  de  ses  valets  en  firent  de  même,  un  desquels  ayant  été  aperçu, 
fut  blessé,  de  trois  balles  qui  lui  persèrent  la  gorge.  L'autre  sollicita  son 
maître  de  le  suivre,  ce  qu'il  ne  voulut  pas  et  se  coucha  contre  la  muraille, 
en  chemise  ;  il  y  fut  aperçu  par  la  clarté  du  feu,  on  le  prit,  on  le  conduisit 
sur  le  petit  pont  où  on  lui  donna  un  nombre  infini  de  coups  de  poignard.  » 
—  Ce  coup  de  feu  fut  tiré  lorsqu'après  avoir  délivré  les  captifs  qui  étaient 
dans  une  sorte  de  rez-de-chaussée  ou  de  sous-sol,  les  assaillants  montèrent 
l'escalier  à  la  recherche  de  l'abbé. 

(2)  Il  ne  faudrait  pas  s'imaginer  que  le  comte  de  Peyre  était  favorable  aux 
nouveaux  convertis.  Il  était,  au  contraire,  leur  adversaire  acharné.  Dans  ses 
Éclaircissements  Jacques  Morin  l'appelle  «  le  furieux  et  méchant  comte  de 
Peyre  »  et  dit  «  qu'il  mourut  avec  la  réputation  d'un  exacteur  et  d'un  tyran 
parmi  ses  vassaux,  quoique  papistes.  G'étoit  un  ravisseur  de  biens  qui  déso- 
loit  ses  paysans  ». 


252 


DOCUMENTS 


ce  M.  de  Bâville...  voudroit  bien  qu'on  rien  eût  pas  tant 
connu  ». 

Mais,  passons  au  rapport  lui-même.  Après  avoir  men- 
tionné  l'exécution  barbare  d'Esprit,  de  Nouvel  et  de  Bon- 
net, il  constate  que  les  insurgés  n'avaient  d'autre  but 
que  de  délivrer  les  sept  personnes  que  du  Chayla  avait 
incarcérées  sous  prétexte  qu'elles  voulaient  émigrery  Leur 
prétendu  crime  n'était  donc  pas  prouvé.  Or,  pour  ce 
crime  supposé,  le  charitable  archiprêtre  «  donnait  »  à  ces 
malheureux,  «  lui-même  les  étrivières  chaque  jour  et  avoit 
inventé  un  supplice  quil  leur  fais  oit  souffrir,  leur  mettant 
les  pieds  au  milieu  d'un  gros  poutre  qui  les  obligeoit  à  dor- 
mir tout  droits  » . 

La  cruauté  de  l'abbé  du  Chayla  n'était  donc  pas  ima- 
ginaire, et  ce  n'est  pas,  comme  l'écrit  l'abbé  Valette, 
«  le  subdélégué  »  de  l'intendant  qui  avait  «  cru  devoir 
ajouter  à  de  faibles  clôtures,  deux'sentinelles  et  des  ceps», 
c'est-à-dire  prendre  quelques  précautions  élémentaires 
pour  empêcher  l'évasion  des  prisonniers. 

Ensuite  le  rapport  explique  que  ce  ne  furent  pas  les 
gens  attroupés  pour  les  délivrer  qui  incendièrent  la  mai- 
son et  tuèrent  du  Chayla,  mais  les  prisonniers  eux-mêmes, 
dès  qu'ils  eurent  recouvré  la  liberté.  Le  meurtre  de  l'abbé 
est  donc  un  acte  caractérisé  de  représailles  accompli  par  les 
victimes  des  sévices  qu  elles  avaient  subies. 

Troisième  rectification.  Les  émeutiers  étaient  des 
paysans  que  l'archiprêtre  avait  «  enrôlés  dans  les  levées  »  , 
en  les  menaçant,,  s'ils  résistaient,  de  les  «  dénoncer 
d'avoir  été  dans  les  assemblées  »,  et  c'est  en  désertant 
qu'ils  avaient  emporté  les  armes  dont  ils  étaient  munis. 

Enfin  l'argent  que  le  saint  homme  s'était  fait  donner 
pour  ses  fameux  «  bureaux  de  charité  »  ou  «  pour  des 
espions  étoit  employé  à  d'autres  usages  ». 

La  fin  de  ce  bref,  mais  significatif  rapport,  n'est  pas 
moins  intéressante  que  le  reste. 

Il  en  résulte  que  Bâville  s'efforça  vainement  do  des- 
saisir le  présidial,  afin  de  pouvoir  étouffer  l'affaire  ci 
«  que  si  le  commandement  des  Cévenncs  pouvoil  changer, 


DOCUMENTS 


253 


que  tout  y  seroit  tranquille  et  eu  repos;  la  dureté  avec 
laquelle  on  les  a  gouvernés  ayant  tout  gâté  ». 

Ce  ne  sont  donc  pas  les  protestants  qui  ont  inventé  la 
prétendue  légende  que  l'exaspération  fut  le  résultat  des 
mesures  arbitraires  et  cruelles  de  Bâville  et  de  ses  sbires  ! 
Ce  qui  est  au  contraire  essentiellement  légendaire  c'est 
que  «  la  guerre  des  camisards  fut  une  explosion  de  rage 
auticatholique  habilement  préparée  !  »  (Gouderc  p.  3). 

Mais,  dira  peut-être  quelque  lecteur  incapable  d'ad- 
mettre que  des  adversaires  ne  soient  pas  cle  bonne  foi,  si 
le  R.  P.  Couderc  et  d'autres  avaient  connu  ce  document 
accablant,  ils  se  seraient  empressés  de  rendre  hommage 
à  la  vérité.  Or  ils  le  connaissaient  (1).  L'abbé  Couderc  cite, 
entre  autres,  à  la  page  73  de  son  pamphlet,  le  vol.  1614 
du  Dépôt  de  la  Guerre  dans  lequel  il  se  trouve,  et  il  n'est 
d'ailleurs,  nullement  inédit,  puisqu'il  a  été  publié  tout  au 
long  par  M,  Roschach,  dans  le  tome  XI V,  p.  1582,  de  l'His- 
toire générale  du  Languedoc  ! 

N.  Weiss 

(1)  Déjà  du  temps  de  Brueys  lequel,  dans  son  Histoire  du  Fanatisme  (1737) 
I,  303,  écrivait  ces  lignes  qui  sont,  en  réalité,  un  aveu  de  la  culpabilité  de 
Du  Chayla  :  «En  historien  fidèle,  je  ne  puis  taire  ici  qu'il  se  répandit  après 
sa  mort  des  bruits  injurieux  contre  lui.  On  dit  que  la  foi  des  nouveaux  Catho- 
liques du  pays  étant  encore  infirme  et  chancelante,  il  n'avoit  pas  assez  ména- 
gé des  vaisseaux  fragiles;  que  son  zèle  pour  eux  avoil  été  mêlé  de  trop  d'amer- 
tume; et  que  cette  conduite  avait  révolté  les  esprits  et  porté  les  religionnaires 
à  secouer  un  joug  qu'il  ne  leur  rendoit  pas  assez  léger.  »  Comme  on  le  voit,  en 
pesant  les  jolies  phrases  que  j'ai  soulignées,  il  n'est  pas  impossible  d'accorder 
ce  texte  avec  les  précédents. 


Mélanges 


AVANT  ET  APRÈS  LA  RÉVOCATION 
DE  LEDIT  DE  NANTES 

Chronique  des  événements  relatifs  au  Protestantisme 
de  1682  à  1687  (1) 

A  Paris,  le  20°  février  1686. 

...Le  pape  envoyé  CC  mille  escus  en  Pologne  pour  la  campagne 
prochaine  et  une  pareille  somme  à  l'Empereur.  L'on  a  si  grande 
envie  que  l'on  fasse  une  promotion  qu'on  croid  que  S.  S.  la  fera 
en  Caresme.  S.  S.  a  défendu  dans  tout  son  Estât  les  perruques  et 
son  neveu  a  eû  bien  de  la  peine  de  la  porter. 

L'on  embarque  à  Civitaveche  un  bel  ouvrage  de  sculpture  que 
Dominico  Guidi  a  fait.  C'est  une  Groupe  (sic)  de  plusieurs  figures 
qui  représentent  les  principales  vertus  du  Roy. 

...L'Édit  que  le  duc  de  Savoye  a  fait  publier  contre  les  Religion- 
naires  des  vallées  de  Luserne  et  autres  adjacentes  (2)  s  'exécute  à 
la  rigueur,  d'autant  plus  que  ce  prince  est  assûré  que  la  France 
luy  envoyera  10  ou  12  mille  hommes  s'il  en  est  besoin. 

...Les  Estats  Généraux  continuent  de  solliciter  les  villes  et  les 
provinces  pour  que  l'on  chasse  de  tout  l'Estat  les  Religieux  :  mais 
on  ne  croid  pas  qu'ils  en  puissent  venir  à  bout. 

C'est  en  Irlande,  et  non  pas  en  Hollande  que  le  roy  d'Angleterre 
a  trouvé  à  propos  que  la  princesse  Dorcester  se  retirast  (3).  Ce  prince 
veut  que  son  fils  naturel  qui  est  ici  à  l'Académie  aille  faire  cette 
année  sa  première  campagne  en  Hongrie.  On  luy  fait  ici  un  grand 
équipage.  Le  Roy  d'Angleterre  fera  faire  publiquement  le  service 
du  bout  de  l'an  du  feu  Roy  son  frère  estant  mort  en  la  communion 
de  l'Eglise  Romaine.  11  y  a  eû  querelle  dans  l'antichambre  du  Roy 
entre  le  comte  de  Grafton  fils  naturel  du  feu  roy  et  Talbot,  comte 
de  Schafbury  (en  marge  :  Shreswbury).  Ils  se  sont  battus  dans 
Debac.  Se  dernier  y  a  esté  tué. 

Le  Roy  a  eû  une  longue  conférence  dans  son  cabinet  avec  le 
maréchal  de  Schomber  ;  mais  S.  M.  ne  l'a  pû  le  persuader  de  se  faire 
catholique;  il  auroit  bien  voulu  se  retirer  en  Angleterre  ou  on 

(1)  Voyez  plus  haut  pp.  165-116. 

(2)  Voir  plus  haut  au  2  février  1686. 

(3)  Cf.  au  21  nov.  1685,  p.  90,  note  3. 


MÉLANGES 


255 


Hollande;  mais  S.  M.  veut  que  ce  soit  en  Portugal.  Depuis  ce 
lemps  là  ce  maréchal  paroit  fort  triste  et  inquiet  et  le  Roy  ne  le 
regarde  plus  quoyqu'il  se  présente  devant  luy.  Il  a  voulu  aborder 
S.  M.,  mais  elle  luy  tourna  le  dos  (1)  (Fol.  110). 

Les  exhortations  que  fait  tous  les  dimanches  à  St  André  des 
Arcs  le  Vicaire  produisent  de  grands  fruits  et  fortifient  beaucoup 
les  Nouveaux  Catholiques. 

L'Archevesque  de  Lion  a  envoyé  faire  ses  plaintes  ici  contre 
leSr  de  Bercy,  Intendant  de  la  province  de  ce  qu'en  toute  rencon- 
tre il  en  use  incivilement  avec  luy  qui  est  Archevesque  et  Lieute- 
nant de  Roi.  Il  pourra  bien  estre  révoqué. 

...Madame  Dervar  (d'Hervart)  (2),  la  mère,  et  sa  fille  la  mar- 
quise de  Gouvernay  ont  la  permission  de  se  retirer  en  Hollande 
aussi  bien  que  M.  de  St  Martin,  conseiller  à  la  cour  (3).  L'on  espère 
que  le  marquis  de  Bordage  et  la  Melloniere  (4)  se  feront  catho- 
liques .  Bricmont  leur  en  a  donné  l'exemple. 

L'on  fait  sortir  du  Régiment  des  Gardes-Suisses  tous  ceux  qui 
ne  sont  point  catholiques.  On  les  met  dans  un  autre  régiment  de 
la  mesme  nation  qui  sont  au  service  du  Roy  (Fol.  110,  v°). 

A  Paris,  le  2 3*  février  1686. 

...Le  pape  a  du  chagrin  de  ce  que  la  congrégation  politique  n'a 
rien  statué  sur  les  affaires  d'Angleterre;  mais  elle  craignoit  qu'il 
n'arrivast  quelque  trouble  dans  ce  Royaume  au  sujet  de  tous  ces 
changemens,  n'estimant  pas  que  les  affaires  de  la  religion  y  soient 
bien  assurées. 

...L'Electeur  de  Brandebourg  a  chassé  de  toute  la  Poméranie 
et  de  la  marche  de  Brandebourg  les  Jésuites  ;  on  dit  qu'if  en  veut 
faire  autant  de  ceux  qui  sont  dans  ses  Estats  au  deçà  du  Rhin.  Ils 
ont  un  fort  beau  collège  à  Glèves.  On  croid  que  cela  se  fait  en 
haine  de  ce  qui  se  fait  en  France  au  sujet  de  ceux  de  la  Religion. 

...Le  duc  de  Grafton  s'est  retiré  en  Hollande  après  avoir  tué 
Talbot  en  duel,  les  loix  d'Angleterre  pour  les  duels  estant  pareil- 
les à  celles  de  France.  Un  astrologue  avoit  prédit  à  Talbot  qu'il 
mourroit  avant  25  ans.  Il  ne  s'en  falloit  que  4  ou  5  jours  qu'il 
n'eût  cet  âge.  Il  fit  tout  ce  qu'il  put  pour  retarder  le  duel,  mais  il 
ne  put  éviter  son  malheur.  (Fol.  111). 

Le  comte  de  Roye  qui  est  en  Danemarca  mandé  à  sa  femme  de 
venir  le  trouver,  dont  elle  avoit  déjà  la  permission  du  Roy.  La  Reine 
de  Danemarca  écrit  à  cette  comtesse  en  des  termes  fort  obligeans 

(1)  Voir  Mémoires  du  marquis  de  Sourches,  t.  1,  p.  359. 

(2)  Voir  plus  haut,  p.  36,  note  2,  au  10  novembre  et  p.  356  au  28  déc.  1685. 

(3)  Cf.  plus  haut  p.  113  au  5  février  1686.  Sourches  (op.  cit.),  p.  36,  raconte 
l'échec  de  l'abbé  de  Grancey  auprès  de  M.  de  Bordage. 

(4)  Voir  plus  haut  p.  170,  au  30  janvier  et  p.  172,  au  2  février  1686. 


256 


MÉLANGES 


pour  luv  témoigner  la  jove  qu'elle  avoit  de  l'avoir  auprès 
d'elle  (1). 

Le  Duc  de  la  Force  est  toujours  à  la  Boulaye.  Il  n'a  point  reçu 
d'ordre  d'aller  à  Kimpercorentin,  non  plus  que  M.  Duquesne  en 
Suisse  (2). 

Dupré,  Résident  de  S.  M.  à  Genève  a  mandé  que  la  pluspart  de 
ceux  qui  s'estoient  retirez  en  Suisse  revenoient  et  que  si  S.  M.  vou- 
loir prolonger  le  terme,  il  n'y  en  auroit  pas  un  qui  ne  retournast. 

L'on  va  révoquer  la  Déclaration  qui  porte  confiscation  des 
biens  de  ceux  qui  sont  sortis  hors  du  Royaume,  S.  M.  se  réservant 
la  disposition  d'en  user  comme  elle  le  trouvera  à  propos.  Cela  se 
fait  à  dessein  de  rendre  les  biens  à  ceux  qui  reviendront  ou  bien 
à  leurs  héritiers  qui  seront  catholiques. 

Après  que  les  lettres  de  Mr  le  chancelier  (3)  eurent  esté 
enregistrées  à  la  Chambre  des  comptes,  le  premier  Président 
Nicolaï  dit  qu'il  s'en  alloit  pour  huit  jours  à  sa  maison  de  Presles, 
où  en  se  retirant  le  soir  de  l'appartement  de  sa  fille  dans  le  sien 
et  ne  voulant  pas  qu'on  luy  portast  un  flambeau,  on  ne  sçait  pas 
de  quelle  manière  il  est  tombé  du  haut  en  bas  de  sa  montée.  On 
le  trouva  presque  froid,  ayant  une  jambe  cassée  et  la  cervelle  au 
vent.  Du  moment  qu'on  en  sçeût  ici  la  nouvelle,  Mr  Fieubet  mena 
à  Versailles  Mr  Nicolaï  son  fils,  lequel  estoit  desjà  Avocat  géné- 
ral dans  la  mesme  chambre.  S.  M.  luy  a  donné  la  charge  de  son 
père  avec  dispense  d'âge.  C'est  le  8e  de  son  nom  qui  possède  cette 
belle  charge.  S.  M.  luy  dit  qu'il  la  rempliroit  bien. 

L'envoyé  d'Angleterre  a  fait  icy  de  grandes  réjouissances  pour 
le  jour  de  l'avènement  à  la  couronne  de  S.  M.  B.  et  a  fait  de  grands 
festins  aux  Dames...  (Fol.  111,  v°). 

A  Paris,  le  27 G  février  1686. 

Le  pape  n'a  point  empesché  qu'il  y  ait  eû  des  Opéra  pendant 
le  carnaval  à  Rome. 

La  fille  de  la  marquise  de  Thiange  épouse  le  prince  de  Salviati. 
11  a  fait  un  présent  de  20  mille  escus  à  cette  Damoiselle. 

(1)  Cf.  Bull.  1908,  p.' 561,  au  16  janvier  1686.  Sourches  écrit,  au  15  mars  : 
«  Ce  l'ut  dans  le  même  temps  que  Mme  la  comtesse  de  Roye  vint  prendre  congé 
du  Roi,  pour  se  retirer  en  Danemark  auprès  du  comte,  son  mari;  spectacle 
qui  donna  de  la  compassion  à  tout  le  monde,  de  voir  une  femme  de  cette 
qualité  abandonner  ses  enfants,  ses  biens  et  son  pays  pour  une  religion  aussi 
fausse  que  celle  qu'elle  professoit,  et  dans  laquelle,  selon  toutes  les  appa- 
rences, elle  vivoit  de  bonne  foi.  »  Il  ajoute  aussi  cette  note  :  «  Elle  étoit 
sœur  de  MM.  les  marécliaux  de  Duras  et  de  Lorge.  Ce  fut  ce  dernier  qui  la 
mena  à  l'audience  du  Roi,  et  comme  il  étoit  fort  tendre  naturellement,  il 
fondit  en  larmes  et  donnoit  envie  de  pleurer  à  tout  le  monde.  »  (p.  367), 

(2)  Cf.  plus  haut,  p.  172,  au  2  février  et  p.  173,  au  5  février  L686, 

(3)  Il  s'agit  du  chancelier  Boucherat,  successeur  de  Le  Tellier.  Cf.  Bull. 
1908,  p.  561  et  plus  haut,  p.  166,  aux  12  et  19  janvier  1686. 


MÉLANGES 


257 


Le  Duc  de  Savoye  ayant  envoyé  signifier  ses  ordres  aux  Protes- 
tants des  vallées  de  Luserne  et  autres  circonvoisines  pour  l'exé- 
cution de  son  Édit,  ils  ont  supplié  le  commandant  de  ces  troupes 
de  vouloir  bien  surseoir  l'exécution  jusqu'au  retour  des  Députez 
qu'ils  ont  envoyé  à  Turin. 

Le  marquis  d'Arcy  Ambassadeur  de  France  à  Turin  y  faisant 
son  entrée  n'a  point  voulu  souffrir  que  les  carrosses  du  prince  de 
Carignan  précédassent  les  siens.  Le  Duc  de  Savoye  a  jugé  cette 
affaire  en  faveur  de  l'Ambassadeur  de  France  au  préjudice  de  son 
sang  et  les  carrosses  du  prince  ne  s'y  sont  point  trouvez. 

...11  y  a  icy  un  Envoyé  du  prince  Palatin  qui  a  esté  long-temps 
sans  donner  sa  lettre  à  Mr  de  Groissy  qui  ne  la  vouloit  pas  rece- 
voir. C'est  au  sujet  de  Gardet  et  de  des  Vallons  (1).  Il  a  mandé 
qu'il  a  fait  informer  avec  toute  l'exactitude  possible  sur  cette 
accusation  et  qu'il  n'a  point  trouvé  que  les  3  personnes  qu'il 
tient  toujours  prisonniers  à  Manheim  fussent  en  aucune  façon 
coupables;  mais  on  n'est  pas  satisfait  icy  de  cette  conduite.  C'est 
en  France  que  l'on  sçait  comme  les  choses  se  sont  passées  et  où 
l'on  a  preuve  du  délict  (Fol.  112). 

L'Electeur  de  Cologne  demande  aux  Hollandois  qu'ils  ayent  à 
luy  restituer  la  ville  de  Mazières  dépendante  de  l'Evesché  de 
Liège.  Il  demande  aussi  qu'on  luy  restitue  Wich  qui  est  la  partie 
de  Mastric  au  deçà  de  la  Meuse.  Cela  pourroit  bien  troubler  le 
repos  de  Provinces  Unies,  la  demande  de  cet  Electeur  estant  très 
juste,  mais  aussi  très  importante  aux  Hollandois. 

Le  Duc  d'Ormont,  depuis  la  mort  du  dernier  de  ses  fils,  veut  se 
retirer  à  la  campagne  et  a  abandonné  sa  charge  de  grand  maitre  de 
la  maison  du  roy  d'Angleterre,  auquel  cas  Milord  Malgrave  auroit 
cette  charge,  et  Milord  Valgrave  auroit  la  sienne  de  Grand  Cham- 
bélan. 

L'on  a  trouvé  dans  cette  ville  quelques  Religionnaires  de  l'un 
et  l'autre  sexe,  cachez  dans  les  lieux  retirez  et  dans  des  greniers. 
On  les  a  mis  à  la  Bastille  et  ceux  aussi  qui  leur  donnoient  retraite 
qui  seront  condamnez  à  des  fortes  amendes. 

Castelman(2)  ambassadeur  d'Angleterre  pour  Rome  est  arrivé 
icy.  Il  doit  y  faire  quelque  séjour  et  saluer  le  Roy. 

L'on  travaille  à  faire  des  Règlemens  pour  le  Clergé.  On  tient, 
que  c'est  à  Mr  Talon  Avocat  général  à  qui  le  roy  a  donné  cet  em- 
ploy,  qu'il  en  a  conféré  avec  ceux  qu'il  a  crû  les  plus  capables, 
mesme  avec  des  docteurs  de  Sorbone.  Il  y  a  4-5  articles.  On  ne 
verra  plus  à  l'avenir  personne  posséder  deux  Bénéfices,  ny  les 
curez  et  chanoines  estre  conseillers  dans  les  Parlements  ny 
autres  jurisdictions. 

(1)  Cf.  Bull.  1908,  p.  266. 

(2)  Cf.  plus  haut,  p.  170,  au  30  janvier  1686. 

17 


258 


MÉLANGES 


Quand  le  Roy  donna  la  charge  de  premier  Président  de  la 
chambre  des  comptes  à  Mr  Nicolaï,  il  fut  proposé  au  Conseil  que 
de  deux  ans  il  n'y  prendroit  sa  place  à  cause  de  son  jeune  âge; 
mais  Mr  le  contrôleur  général  parla  si  fortement  en  sa  faveur 
que  le  Roy  consentit  qu'il  entrast  dès  à  présent  en  fonction.  Il 
doit  estre  reçû  la  semaine  prochaine...  (Fol.  113). 

A  Paris,  le  2°  Mars  1686. 

...Le  Roy  envoyé  des  troupes  au  Duc  de  Savoye  pour  faire 
obéir  ses  sujets  Religionnaires  qui  prétendent  luy  empêcher  l'en- 
trée dans  leurs  vallées  du  Piedmont.  Il  y  a  6  régiments  d'infante- 
rie, dont  Nave,  nouveau  converty,  est  Brigadier,  2  Régiments  de 
cavalerie  et  2  de  dragons,  dont  Longueval,  mestre  de  camp  des 
Dragons  est  Brigadier.  Ces  troupes  seront  commandées  par 
Catinat  maréchal  de  camp  et  gouverneur  de  Casai  et  se  joindront 
à  celles  du  Duc  de  Savoye.  Et  le  tout  obéira  à  dom  Gabriel,  bâtard 
de  Savoye,  grand  oncle  du  Duc  d'à  présent  qui  sera  volontaire 
dans  son  armée.  Cette  expédition  ne  peut  pas  durer  long-temps, 
les  Religionnaires  estans  sans  munitions,  sans  secours  et  sans 
espérance  d'en  recevoir  (1). 

Le  Cardinal  Mellini  en  retournant  de  sa  nonciature  a  passé 
par  Milan,  où  il  a  accommodé  la  noblesse  avec  l'Archevesque  pour 
un  grand  différend  qui  a  duré  depuis  un  long-temps  avec  beau- 
coup d'aigreur  entre  les  parties.  Il  s'y  est  acquis  beaucoup 
d'estime  aussy  bien  qu'à  Rome  où  il  a  fait  de  grands  présents. 
S. S.  s'est  tout  de  nouveau  r'enfermée  dans  sa  solitude,  et  est  aussi 
invisible  que  jamais  (2)... 

L'Electeurde  Brandebourgattend  pour  envoïer  les  7  mille  hom- 
mes qu'il  a  promis  à  l'Empereur  qu'il  ait  touché  le  payement  qui 
luy  doit  estre  fait.  On  luy  vouloit  faire  ce  payement  à  Vienne,  mais 
il  l'a  fallu  porter  à  Lipsick. 

Il  y  a  eû  du  bruit  à  Edimbourg  contre  les  catholiques  qui  reve- 
noient  de  la  messe.  Le  Chancelier  du  Royaume  y  a  pensé  estre 
mal-traité.  On  a  pris  et  déjà  exécuté  les  plus  mutins.  Gregory 
et  Levintz,  2  des  Juges  d'Angleterre,  ont  esté  déposez  par  le  Roy 
qui  estoit  mal  satisfait  de  leur  conduite.  Il  a  dit  à  Gregory  qu'il 
fera  bien  de  marcher  droit.  On  dit  que  le  marquis  de  Flamarin 
qui  s'estoit  retiré  en  Angleterre  à  cause  d'un  duel,  y  a  espousé 
Nelgouvin,  une  des  maîtresses  du  feu  Roy  d'Angleterre,  qui 
avoit  esté  comédienne.  (Fol.  111), 

11  y  a  deux  nouveaux   Brigadiers  d'Infanterie  depuis  peu 

(1)  Cf.  Sourches,  au  17  février,  p.  3G3.  Sans  signaler  la  conversion  de  Naves 
«  lieutenant-colonel  du  régiment  de  lîourbonois  »  il  donne  sur  lui  celte  noie 
favorable  :  «  G'étoit  un  garçon  qui  servoit  depuis  Longtemps,  el  il  n'y  avoit 
peut-être  pas  en  France,  un  meilleur  officier  d'infanterie  que  lui.  <  p.  364  . 

(2)  Voir  plus  haut,  p.  166. 


MÉLANGES 


convertis,  La  Nave  et  La  Borde,  ausquels  S.  M.  a  donné  des 
pensions,  aussi  bien  qu'au  comte  de  Clermont  d'Amboise  et  à  un 
gentilhomme  de  Dauphiné.  On  a  encore  mis  à  la  Bastille  plusieurs 
obstinez  de  la  Religion. 

...Bercy  Malon  est  de  retour  icy,  révoqué  de  l'Intendance  du 
Lionnois;  on  estoit  mal  satisfait  de  sa  conduite. 

Le  Duc  de  Yilleroy  est  allé  prendre  possession  du  gouverne- 
ment de  Lion  et  du  Lionnois... 

Le  Comte  de  Gastelman,  ambassadeur  d'Angleterre  pour  Rome, 
fit  jeudy  une  visite  de  cérémonie  à  Mrle  Nonce. 

...Il  y  a  grand  différend  entre  le  grand  Prévost  de  France 
comme  Prévost  de  l'Hostel  et  le  Chastelet,  pour  le  scellé  du  feu 
maréchal  d'Estrades.  La  force  est  demeurée  au  grand  Prévost  (1). 
(Fol.  113,  v°). 

A  Paris,  le  6e  Mars  1686. 

...Le  Pape  a  présentement  quelque  raison  de  se  tenir  caché, 
luy  estant  venu  une  tumeur  dans  un  certain  endroit  qu'on  croid 
que  cela  l'obligera  de  se  faire  faire  l'opération.  Il  ne  void  que 
ses  chirurgiens  et  domestiques  particuliers. 

...Le  comte  dè  Crécy  a  déclaré  à  la  diète  de  Ratisbonne  de  la 
part  du  Roy,  que  S.  M.  demande  un  Acte  au  prince  Palatin,  par 
lequel  il  déclarera  que  la  prise  de  possession  qu'il  a  faite  du 
Duché  de  Simmeren  et  autres  seigneuries  appartenantes  à 
Madame  ne  préjudiciera  point  aux  prétentions  de  cette  princesse, 
et  qu'au  refus  que  cet  Électeur  en  fera,  S.  M.  est  résolue  de 
s'emparer  de  tous  ses  Éstats  qui  sont  au  deçà  du  Rhin,  sans  y 
prétendre  aucun  droit  et  que  cela  puisse  troubler  la  paix  géné- 
rale (2).  Cet  Électeur  veut  bien  accepter  la  médiation  du  pape, 
mais  non  son  arbitrage  pour  les  intérests  qu'il  a. à  demesler  avec 
Madame;  ce  que  l'Empereur  n'aura  pas  fort  agréable.  (Fol.  114). 

...Les  enfans  du  duc  de  la  Force  que  le  Roy  avoit  fait  mettre 
dans  le  collège  des  Jésuites,  ont  fait  abjuration  avec  grande  céré- 
monie. 

Plusieurs  gens  des  Sevennes  mal  convertis  ont  voulu  prendre 
les  armes.  On  les  est  allé  attaquer  dans  le  bourg  de  Saint  Jean 
d'Argonnet.  Ils  ont  esté  battus  et  on  en  a  mis  plusieurs  prison- 
niers... (3). 

(1)  Sourches,  tout  grand  prévôt  qu'il  est,  ne  signale  pas  dans  ses  Mémoires 
ce  triomphe  personnel.  Ce  silence  est  à  son  éloge. 

(2)  Plus  clairvoyant,  le  marquis  de  Sourches,  annotant  la  phrase  :  «  Sa 
Majesté  protestoit  qu'elle  se  serviroit  de  la  voie  des  armes  »,  ajoute  cette 
note  ironique  :  «  G  etoit  là  un  beau  prétexte  pour  recommencer  à  mettre  le 
feu  dans  toute  l'Europe.  »  (p.  362). 

(3)  «  Vers  la  fin  de  février,  on  eut  nouvelle  qu'il  y  avoit  eu  quelque  mou- 
vement dans  les  Cévennes  où  quelques  huguenots,  mal  convertis,  s'étaient 


260 


MÉLANGES 


...Pararrest  du  Conseil  a  on  sursis  à  la  levée  du  scellé  apposé 
chez  le  mareschal  de  l'Estrades  jusqu'à  ce  qu'on  ait  décidé  à  qui 
il  appartient  du  grand  Prévost  ou  du  Lieutenant  civil... 

...On  a  défendu  aux  Prélats  qui  estoient  autrefois  membres  de 
l'Empire  et  qui  sont  présentement  dans  l'obéissance  du  Roy,  de 
prendre  la  qualité  de  Prince  de  l'Empire...  (Fol.  114  v°). 

A  Paris,  le  9S  Mars  1686. 

...Quelques  troupes  du  Duc  de  Savoye  ayant  voulu  descendre 
dans  les  vallées  de  Luserne,ils  ont  esté  repoussez  par  les  Religion- 
naires.  Il  faut  attendre  que  les  forces  que  le  Roy  envoyé  à  ce  prince 
les  aient  jointes  pour  les  réduire.  Ils  ont  pour  tout  commandant 
un  ministre,  si  ce  n'est  que  quelques-uns  de  nos  fugitifs  s'y  soient 
retirez.  Ils  n'ont  que  20  mille  pistoles  et  20  mille  sacs  de  bled 
pour  fournir  à  toute  leur  dépense.  Ils  ont  présenté  une 
Requeste  à  leur  Prince,  ou  plûtost  ont  ordonné  un  manifeste  au 
public  par  lequel  il  justifient  leur  conduite.  Il  est  d'abord  fort 
soumis  et  fort  respectueux  ;  mais  il  finit  ïpar  des  paroles  fort 
menaçantes  et  fort  séditieuses...  (Fol.  115). 

...L'on  a  arrêté  dans  le  parc  de  Ste  Jame  à  Londres  un  homme 
qu'on  a  soupçonné  d'avoir  de  mauvaises  intentions  contre  le  Roy 
d'Angleterre. 

Il  n'est  jour  que  l'on  n'arrête  icy  quelque  personne  de  la  Reli- 
gion. Le  marquis  de  la  Perrine,  sa  femme  et  ses  fils,  ont  esté 
mis  à  la  Bastille,  et  ses  filles  aux  Nouvelles  converties,  (en 
marge  :  «  D'autres  disent  Perré  et  que  sa  femme  est  aux  Reli- 
gieuses de  Ste  Anastase.  »)  (1). 

Bissy,  officier  dans  les  troupes,  qui  se  vouloit  sauver,  ira  aux 
Galères,  à  moins  qu'il  ne  se  fasse  catholique  (2). 

assemblés  et  avaient  pris  les  armes,  mais  cela  fut  dissipé  en  très  peu  de 
temps  ».  (Sourches,  t.  I,  p.  365). 

(1)  11  s'agit  de  Jean  Guiehard,  marquis  de  Peray  et  de  sa  femme  Catherine 
de  Courcillon  de  Dan^eau,  mis  à  la  Bastille  par  ordre  du  2  mars. 

(2)  Tout  entier  au  récit  des  fêtes  et  des  mariages,  Sourches  ne  dit  rien  ici 
de  ces  arrestations  ou  évasions.  Il  avait  signalé,  en  février,  celle  du  marquis 
de  Bougy,  omise  ici  par  notre  chronique,  à  moins  qu'il  n'y  ait  quelque 
déformation  de  nom.  «  En  ce  temps-là,  le  marquis  de  Bougy,  ci-devant  meslre 
de  camp  du  régiment  colonel-général  de  la  cavalerie,  et  qui  étoit  huguenot, 
crut  avoir  bien  pris  ses  mesures  pour  sortir  du  royaume  par  La  Franche- 
Comté,  s'imaginant  que  les  passages  étoient  gardés  moins  exactement  de  ce 
côté-là  que  du  côté  de  Flandre  et  d'Allemagne;  mais  il  fut  trompe  dans  son 
attente  et  il  fut  arrêté  comme  il  étoit  près  dépasser  en  Suisse  et  conduit  pri- 
sonnier dans  la  citadelle  de  Besançon.  »  —  Suit  cette  note  sur  Bougy  :  »  Son 
père  étoit  un  Normand  qui,  étant  devenu  par  ses  services  lieutenant-général 
des  armées  du  Roi,  avoit  épousé  en  Gascogne  une  héritière  qui  lui  avoil 
donné  beaucoup  de  biens  ;  mais  son  fils  en  avoit  déjà  égréné  une  bonne 
partie.  »  (p.  361).  On  lit  encore  au  t)  avril  suivant  :  On  sut  dans  h  même 
temps  que  le  marquis  de  Bougy,  n'ayant  point  voulu  se  convertir  en  Franche- 


SÉANCES   DU  COMITÉ 


261 


...L'Archevêque  de  Tours  ayant  appris  la  mort  funeste  de  feu 
Mr  Nicolaï  son  frère  est  tombé  en  apoplexie,  laquelle  s'est 
changée  en  paralysie. 

...Les  mal  convertis  des  Sevennes  ont  esté  battus  par  le  mar- 
quis de  Boufflers. 

. .  .Gastelman  est  party  pour  Rome.  Il  n'a  point  esté  à  Versailles. 
(Fol.  115  v°) 

Eugène  Griselle. 

(A  suivre.) 


SÉANCES  DU  COMITÉ 


9  mars  1909. 

Assistent  à  la  séance,  sous  la  présidence  du  baron  F.  de  Schick- 
ler,  MM.  d'Amboix  de  Larbont,  G.  Bonet  Maury,  Paul  de  Félice, 
H.  Monod,  J.  Pannier,  R.  Reuss,  E.  Rott  et  N.  Weiss.  —  M.  F. 
Puaux  se  fait  excuser. 

Après  la  lecture  et  l'adoption  du  procès-verbal  de  la  dernière 
séance,  le  secrétaire  rend  compte  de  sa  visite  à  Monsieur  le  séna- 
teur Noël  qui  est  en  même  temps  maire  de  Noyon.  Il  s'est  montré 
favorable  au  projet  de  poser  une  plaque  sur  ce  qui  reste  de  la 
maison  de  Calvin,  à  l'occasion  du. retour,  en  1909,  de  la  date 
quatre  fois  séculaire  de  sa  naissance  ;  il  est  persuadé  que  la  ville 
de  Noyon  ne  peut  que  gagner  à  ce  qu'on  y  recherche  les  traces 
du  réformateur.  lia  donc  transmis  la  demande  de  notre  président 
à  son  adjoint  en  le  chargeant  de  l'enquête  nécessaire^  et  il  a  pro- 
mis de  lui  en  demander  le  résultat.  M.  Pannier  voudrait  qu'une 
commission  de  la  société  se  rendît  à  Noyon  pour  voir  sur  place 
si  la  question  peut  être  résolue. 

Le  président  rend  compte  d'un  entretien  qu'il  a  eu  avec 
M.  le  pasteur  Lacheret,  président  du  Comité  général  qui  s'est 
organisé  pour  recueillir  des  souscriptions  pour  le  Monument 
international  de  Genève.  M.  Lacheret  s'est  demandé  s'il  ne  convien- 
drait pas  d'organiser  une  solennité  pour  lancer  cette  souscription. 
Plusieurs  Eglises,  entre  autres,  celle  de  l'Oratoire  à  Paris,  ayant 

Comté  où.  il  avoit  été  fait  prisonnier,  le  Roi  avoit  ordonné  qu'on  lui  fit  un 
procès  dans  les  formes,  et  qu'il  avoit  été  effectivement  tout  près  d'être  con- 
damné aux  galères,  mais  que  s'étant  converti,  le  Roi  lui  avait  pardonné.  » 
(P-  374). 


SÉANCES  DU  COMITÉ 


décidé  de  rappeler  le  souvenir  de  Calvin  à  l'un  des  cultes  de  la 
fin  du  mois  de  juin,  et  notre  Société  ne  pouvant  tenir  facilement 
son  assemblée  générale  à  une  époque  rapprochée  de  celle  des 
fêtes  de  Genève  auxquelles  plusieurs  d'entre  nous  doivent  parti- 
ciper —  on  décide  de  modifier  le  projet  de  nous  arrêter,  à  cet 
effet,  à  Chalon-sur-Saône  en  nous  rendant  à  Genève.  L'assemblée 
générale  de  notre  Société  est  reportée  après  les  vacances  où  il 
sera  possible  de  rendre  compte  de  ce  qui  se  sera  passé  à  Genève, 
et  peut-être  d'attirer  plus  particulièrement  l'attention  sur  le  rôle 
joué  par  Calvin  en  France.  L'Eglise  de  Chalon  n'en  pourra  pas 
moins  célébrer  l'anniversaire  de  sa  fondation  avec  le  concours 
d'un  ou  de  plusieurs  membres  de  la  Société. 

Le  président  communique  ensuite  la  correspondance  qu'il  a 
échangée  avec  le  directeur  du  journal  Le  Gaulois  au  sujet  d'un 
prétendu  nouveau  portrait  de  Coliyny  inséré  dans  ce  journal  par 
un  M.  Ch.  Mercki.  Le  Gaulois  n'ayant  pas  inséré  la  protestation  de 
notre  président,  le  comité  décide  qu'elle  sera  publiée  dans  le 
Bulletin  avec  la  réponse  de  M.  A.  Meyer. 

Bibliothèque.  —  Elle  areçu  depuis  la  dernière  séance,  de  la 
part  de  M.  E.  Yincens,  fils  de  Madame  Vincens,  en  littérature 
Arvècle  Barine,  plus  de  trois  cents  volumes  d'histoire  et  de  litté- 
rature que  le  secrétaire  a  été  autorisé  à  choisir  dans  sa  biblio- 
thèque. Ce  don,  joint  à  celui  de  Madame  d'Arconati-Visconti 
augmentera  nos  collections  d'un  millier  de  volumes  pour  lesquels 
il  faudra  faire  de  la  place  sur  nos  rayons. 

11  mai  1909. 

Assistent  à  la  séance  MM.  P.  de  Félice,  J.  Pannier,  F.  Puaux, 
R.  Reuss,  E.  Rott,  et  N.  Weiss.  M.  le  président,  baron  F.  de  Schic- 
kler,  retenu  ailleurs,  et  MM.  G.  Bonet-Maury  et  Henri  Monod  se 
font  excuser. 

Après  la  lecture  et  l'adoption  du  procès -verbal  de  la  dernière 
séance,  M.  J.  Pannier  revient  sur  la  question  de  Noyon.  Le  secré- 
taire rappelle  ce  qui  a  été  consigné  dans  nos  derniers  procès-ver- 
baux et  explique,  d'après  quelques  renseignements  qu'il  a  pu  se 
procurer,  pourquoi  nous  n'avons  pas  encore  reçu  de  réponse. 
M. Pannier  propose  alors  que  nous  organisions  unepetite  excursion 
à  Noyon  pour  le  lundi  de  Pentecôte  et  voyions  par  nous-mêmes  ce 
que  nous  pourrions  obtenir  des  intéressés  à  l'apposition  d'une 
plaque  sur  la  maison  de  Calvin.  Après  une  conversation  sur  ce  su  jet, 
on  rédige  une  note  qui  sera  adressée  le  soir  même  à  nos  principaux 
journaux  religieux  et  dans  laquelle  nous  demandons  que  les  adhé- 
rents veuillent  bien  envoyer  leur  nom  au  secrétaire  avant  Le  ÎS  mai. 


SÉANCES  DU  COMITÉ 


263 


Le  secrétaire  informe  ensuite  le  Comité  qu'ayant  été  averti  que 
le  24  mars  on  allait  célébrer  à  Berlin  le  vingt-cinquième  anniver- 
saire de  la  participation  de  M.  le  Dr  Richard  Béringuier  au  Consis- 
toire de  la  Colonie  française  de  Berlin,  il  envoya  au  jubilaire,  au 
nom  de  notre  Société,  une  lettre  de  félicitations  que  confirma,  le 
jour  môme,  ce  télégramme  de  notre  président:  «  Pour  le  jubilé 
consistorial  du  vingt-quatre,  les  vœux  et  cordiales  félicitations  des 
membres  et  président  du  Comité  de  l'Histoire  du  Protestantisme 
français,  baron  Schickler» 

A  cette  occasion,  le  secrétaire  informe  ses  collègues  que  deux 
publications  périodiques  très  utiles  pour  l'histoire  du  Refuge 
huguenot  ont  cessé  de  paraître.  La  première  est  le  journal  Die 
franzôsische  Colonie  auquel  M.  R.  Béringuier  collaborait  active- 
ment et  qui  nous  renseignait  sur  l'histoire  des  réfugiés  en  Prusse 
et  généralement  en  Allemagne.  11  paraissait  à  Berlin,  par  fasci- 
cules mensuels  depuis  1887  et  a  cessé  avec  le  dernier  fascicule  de 
1906  (l).Nous  venons  aussi  de  recevoir  la  dernière  livraison  du 
tome  IX  et  dernier  du  Bulletin  de  la  Commission  de  V Histoire  des 
Églises  wallonnes  fondé,  en  1885,  par  nos  amis  si  tôt  disparus 
W.  N.  Du  Rieu,  F.  H.  Gagnebin  et  A.  J.  Enschédé.  Espérons  que 
des  circonstances  plus  favorables  permettront  de  faire  revivre  des 
publications  qui  empêchaient  tout  au  moins  les  comtemporains 
de  perdre  entièrement  le  souvenir  de  leurs  ascendants  et  de  la 
cause  pour  laquelle  ils  avaient  dû  quitter  leur  patrie. 

Bibliothèque.  —  Le  bibliothécaire  présente,  de  la  part  de 
Madame  Alexandre  de  Chambrier,  le  premier  volume  des  Docu- 
ments inédits  sur  la  Ré  formation  dans  le  pays  de  Neuchâtel,  que 
M.  Arthur  Piaget,  archiviste  de  l'État,  vient  de  faire  paraître  et  qui 
renferme  un  grand  nombre  cle  pièces  du  plus  haut  intérêt,  notam- 
ment, pour  l'histoire  de  l'activité  réformatrice  et  des  procédés 
usités  par  Guillaume  Farel.  —  La  bibliothèque  a  reçu  aussi,  en 
mémoire  de  feu  M.  Eugène  Hepp,  un  certain  nombre  de  dossiers 
intéressants  pour  la  situation  et  la  statistique  de  nos  Églises 
protestantes  de  France  à  la  veille  delà  Séparation; —  enfin,  de 
la  part  du  président  une  importante  histoire  des  cours  allemandes- 
depuis  la  Réformation:  Dr  Eduard  Vehse,  Geschichte  der  deutschen 
Hôfe  seit  der  Re formation,  en  48  volumes  (Hamburg,  Hoffmann 
u.  Campe,  1851  à  1860). 

(1)  Une  table  générale  comprenant  les  années  1887  à  1899  a  paru  en  1900. 
Ce  journal  avait  été  précédé  par  Die  Kolonie  que  M.  Muret  dirigea  de  1875 
à  1877  et  qui  reparut  de  18^0  à  1882  sous  la  direction  du  recteur  Bonnel.  La 
publication  des  Geschichblaetter  des  deulscheii  Eugenottenvereins  qui  comprend 
aujourd'hui  12  volumes,  de  10  fascicules  chacun,  consacrés  à  des  monographies 
d'Églises  du  Refuge,  paraît  aussi  arrêtée  avec  le  8e  fascicule  du  vol.  XIII. 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


A  propos  du  quatrième  centenaire  de  la  naissance  de  Calvin. 
Le  Monument.  Les  commémorations  et  publications. 

Quand  ces  lignes  paraîtront,  nous  serons  tout  près  de  la  date 
fixée  pour  la  commémoration  solennelle  de  l'anniversaire  du 

1 0  juillet  1 909  et  du  mouvement  religieux  et  social  développé  et 
organisé  par  l'homme  né  ce  jour-là  à  l'ombre  de  la  majestueuse 
cathédrale  de  Noyon.  Nous  ne  pouvons  donc  plus  différer  de  montrer 
des  esquisses  du  projet  architectural  qui  a  été  approuvé  par  le 
jury  du  Monument  international  de  la  Réformation. 

La  date  de  1559,  fort  intelligemment  choisie  pour  indiquer 
aux  artistes  les  événements  qu'ils  étaient  invités  à  nous  rappeler, 
est  une  des  plus  importantes  de  la  Réforme  dans  les  pays  de 
langue  française.  Calvin  avait  alors  tout  près  de  cinquante  ans. 

11  touchait,  à  la  fois,  au  point  culminant  et  au  terme  de  sa  car- 
rière terrestre.  Il  était  sorti  victorieux  de  la  longue  lutte  qu'il 
avait  soutenue  à  Genève  et  il  y  couronnait  son  œuvre  en  fondant, 
au  milieu  d'une  véritable  disette,  l'Académie  dont  les  nombreux 
élèves  allaient  répandre  dans  toute  l'Europe  et  jusqu'au  delà  des 
mers,  son  esprit,  son  enseignement  et  son  idéal. 

Mais,  à  ce  moment  même  où,  malgré  l'extrême  délabrement 
de  sa  santé,  le  réformateur  pouvait  considérer  son  œuvre  comme 
définitivement  fondée,  se  dessinait  un  retour  offensif  et  concerté 
des  puissances  inféodées  à  la  papauté.  La  réconciliation  de  l'Es- 
pagne et  de  la  France  par  le  traité  de  Cateau-Cambrésis  (2-3  avril 
1559)  fut  regardée  comme  le  signal  de  la  collaboration  de  ces 
deux  nations  pour  l'écrasement  de  l'hérésie. 

En  France,  le  procès  intenté  au  conseiller  du  parlement, 
Anne  du  Bourg  (avril-mai  1559),  prouvait  qu'on  y  était  décidé  à  ne 
plus  ménager  rien  ni  personne,  et,  chose  étrange,  tant  y  était 
grande  l'assurance  des  disciples  de  Calvin,  qu'ils  choisirent  ce 
moment  pour  convoquer  à  Paris,  siège  et  centre  de  la  réaction, 
le  synode  destiné  à  organiser  leurs  Églises  naissantes  (25  mai 
1559)  !  —  Genève  se  sentait  tellement  visée  et  menacée  qu'on  y 
résolut  aussitôt  de  la  fortifier  et  qu'avec  un  entrain  admirable, 
tous,  bourgeois,  réfugiés,  professeurs,  étudiants  et  pasteurs 
mirent  la  main  à  cet  ouvrage.  Si  la  petite  cité  ne  fut  pas  attaquée 
ce  fut  uniquement  parce  que  chacun  de  ceux  qui  convoitaient 
cette  gloire  se  méfiait  des  intentions  des  autres. 


C 1 1 RON 1 Q  U  E  LITTÉ  H  AI  RE 


265 


Voilà  pourquoi  les  promoteurs  du  Monument  ont  choisi  le 
projet  qu'on  a  appelé  le  mur  des  réformateurs,  «  Dressé  contre  les 
«  murailles  authentiques  de  la  cité  du  xvic  siècle,  incorporé  à  ce 
u  qui  reste  de  sa  physionomie,  un  rempart  de  granit  dira  le  lien 
«  séculaire  qui,  depuis  Calvin,  rattache  Genève  au  monde  protes- 
«  tant.  Sur  le  mur  symbolique  court,  en  lettres  monumentales,  à 
«  l'antique,  l'inscription  Post  Tenebras  Lux  qui  domine  tout  l'en- 
«  semble  de  l'œuvre  commémorative.  Cette  devise  qui  est,  à  la 
«  fois,  la  devise  de  Genève  et,  pour  les  réformés,  l'expression 
u  figurée  du  résultat  de  la  Réforme,  détermine  le  caractère  que  la 
«  sculpture  devra  donner  au  groupe  central  des  réformateurs.  » 

Telles  sont  les  paroles  par  lesquelles  le  jury  explique  et  jus- 
tifie la  pensée  qui  a  dicté  son  choix  et  dressé  le  programme  dont 
devront  s'inspirer  les  sculpteurs.  On  peut,  en  effet,  se  figurer  les 
quatre  réformateurs  devant  un  pan  des  murs  nouvellement  édi- 
fiés au  commencement  de  cette  année  1559,  puisque  Calvin  et 
Bèze  étaient  à  Genève  où  Farel  venait  souvent  et  que  Knox  allait 
quitter  définitivement.  —  Nous  espérons  que  chaque  protestant 
réformé,  conscient  de  ses  origines  et  de  ses  privilèges,  et  surtout 
chaque  Église  réformée  apportera  une  pierre  à  l'érection  de  ce 
mur  symbolique.  La  Société  de  l'Histoire  du  Protestantisme 
français  s'est  inscrite  pour  la  somme  de  mille  francs. 

Le  retour,  après  quatre  siècles,  de  la  date  de  la  naissance  de 
Calvin  a  provoqué  jusqu'ici  un  intérêt  beaucoup  plus  grand. hors 
de  France  qu'en  France  même.  Il  ne  faut  pas  trop  s'en  étonner. 
Les  vaincus  ont  toujours  tort  dans  le  pays  où  ils  ont  été  vaincus. 
La  situation  précaire  du  protestantisme  français  l'a  contraint  à 
concentrer  ses  efforts  sur  la  lutte  pour  la  vie  et  sur  les  divisions 
intestines  qui  surgissent  presque  fatalement  au  sein  d'une  mino- 
rité disséminée,  par  petits  groupes  éloignés  les  uns  des  autres, 
sur  un  vaste  territoire.  Il  a  ainsi  perdu  peu  à  peu  le  contact  avec 
ses  origines  ou  du  moins  gardé  un  souvenir  très  vague  des  réfor- 
mateurs et  trop  longtemps  négligé  de  défendre  leur  mémoire 
contre  des  calomnies  et  des  préjugés  dont  le  moindre  est  qu'ils 
furent  des  étrangers  et  des  ennemis  de  l'unité  nationale.  Il  en  est 
résulté  que,  jusque  dans  les  dernières  années  du  xixe  siècle,  on  a 
à  peine  soupçonné  en  France  l'importance  du  rôle  de  Calvin  dans 
le  développement  religieux,  politique  et  social  du  monde  moderne. 

En  Allemagne  où  ses  idées  et  ses  disciples  ont  été  combattus 
avec  tant  d'acharnement  au  xvr9  et  au  xvne  siècle,  leur  influence 
n'a  pas  cessé  de  grandir  depuis  lors.  C'est  ce  qu'on  a  fait  ressortir 
avec  éclat  devant  de  grands  auditoires  lors  de  la  13e  assemblée 


266 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


générale  de  l'Alliance  réformée  d'Allemagne  réunie  du  20  au 
22  avril  à  Barmen-Gemarke,  à  la  fois  pour  le  25e  anniversaire  de 
la  création  de  ce  Reformirter  Bund  et  le  400e  anniversaire  de  la 
naissance  de  Calvin  (1).  C'est  ce  qui  ressort,  avec  plus  d'éclat 
encore,  du  grand  nombre  de  publications  consacrées  au  réforma- 
teur en  Allemagne.  Nous  avons  déjà  cité  (voy.  plus  haut,  p.  6), 
les  deux  gros  volumes  (xxiv-498  et  xx-496  pages  in-8°)  intitulés 
Johannes  Calvins  Lebenswerk  in  seinen  Brie f en  (Tûbingen,  Mohr, 
1909),  clans  lesquels  un  jeune  pasteur  de  Thurgovie,  M.Rudolf 
Schwarz  a  présenté  une  biographie  étendue  de  Calvin  écrite  par 
lui-même,  c'est-à-dire  dans  une  série  de  759  de  ses  lettres  tra- 
duites fidèlement  en  allemand,  choisies,  classées  et  datées  avec  le 
plus  grand  soin,  de  manière  à  le  faire  connaître  sous  ses  aspects 
les  plus  divers.  Cette  importante  collection  de  lettres  précédées 
de  notes  historiques  sommaires,  rendra  les  plus  grands  services 
à  ceux  qui  n'ont  pas  le  loisir  de  se  plonger  dans  les  10  volumes 
in-4°  qui  renferment  la  correspondance  du  réformateur  dans  l'édi- 
tion des  Opéra  des  savants  strasbourgeois.  Ce  qui  en  augmente 
encore  la  valeur,  ce  sont  les  deux  avant-propos  qui  précèdent 
chaque  volume  et  dans  lesquels  le  savant  professeur  bâlois  Dr  Paul 
Wernle  a  mis  en  lumière,  avec  beaucoup  de  force  et  d'impartialité, 
les  traits  principaux  du  réformateur  tels  que  les  révèlent  ces 
lettres  (2). 

A  plusieurs  reprises  déjà  le  Bulle  Un  a  eu  l'occasion  d'attirer 
l'attention  sur  les  travaux  consacrés  à  Calvin  par  le  Lie.  August 
Lang,  prédicateur  au  dôme  et  «  privat-docent  »  à  Halle.  C'est  lui 
qui  était  tout  naturellement  désigné  pour  écrire  au  nom  de  l'As- 
sociation allemande  d'histoire  de  la  Réforme  (Verein  fur  Be forma- 
il)  Déjà  le  12  janvier  le  Conseil  supérieur  de  l'Église  évangélique  unie  de 
Prusse  où  les  luthériens  sont  en  majorité,  avait  recommandé  la  commémo- 
ration de  cet  anniversaire  au  culte  du  11  juillet,  ainsi  qu'une  collecte  pour  le 
«  Fonds  du  jubilé  de  Calvin  ».  —  Les  Allemands  ont,  en  efTet,  sur  la  proposi- 
tion du  D'  Brancles  prédicateur  de  la  cour  à  BûckebuFg  (cf.  Reformirte  Kir- 
chenzeitung  du  24  lévrier  1907),  décidé  de  ne  pas  affecter  leurs  contributions 
au  monument  international,  mais  à  une  fondation  destinée  à  mieux  faire 
connaître  et  apprécier  l'œuvre  de  Calvin.  —  La  mémoire  du  réformateur  a  été 
et  sera  encore  rappelée,  à  l'étranger,  ailleurs  qu'en  Allemagne.  Ainsi  le  21  mai 
les  deux  grandes  Églises  presbytériennes  d'Écosse,  l'Église  nationale  et 
l'Église  Libre  unifiée,  ont  célébré  un  service  commémoratif  à  la  cathédrale 
St-Gilles  d'Edimbourg.  L'Église  réformée  de  Bohême  et  de  Moravie  a  convo- 
qué pour  le  même  objet,  à  Prague,  un  congrès  international,  qui  se  réunira 
du  28,  au  30  juin.  La  Hongrie  sera  représentée  aux  fêtes  de  Genève  par  une 
députation  importante  et  a  entrepris  de  faire  connaître  Calvin  par  une  série 
de  publications  destinées  aux  intellectuels  et  au  peuple  (voy.  la  Semaine 
religieuse  de  Genève  du  13  mars  et  du  5  juin  1909). 

(2)  Un  choix  plus  restreint  avait  déjà  été  publié  par  Maria  von  Born.  Calvin- 
Brie  fe  in  Auswahl  and  Ueberselzung,  mit  Vorwo>-t  von  A.  Muller-Erlangcn . 
Elberfeld  1902. 


268 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


tionsgeschichte),  une  biographie  destinée  au  grand  public,  mais 
reposant  sur  des  études  personnelles  approfondies.  Johannes  Cal- 
vin, ein  Lebensbild  zu  seinem  400  Geburststag  am  10  Juli  1909 
(Leipzig,  R.  Haupt,  222  pages  in-8°),  forme  le  99e  fascicule  des 
publications  de  cette  Société;  c'est  certainement  un  des  meilleurs 
récits  que  nous  possédions  pour  orienter  rapidement  le  lecteur 
sur  la  vie  et  l'activité  du  réformateur  (1). 

Je  ne  puis  guère  qu'énumérer  les  autres  publications  venues 
à  ma  connaissance.  Le  professeur  E.  Knodt,  docteur  en  théologie, 
et  le  Dr  P.  Paulsen  ont  fait  paraître,  l'un  et  l'autre,  des  biographies 
relativement  étendues.  La  première  (Johann  Calvin,  Mittkeilungen 
aus  seinem  Leben  und  seinen  Schriften,  avec  portrait,  un  vol.  de 
IV-305  p.  in-8°,  Herborn,  Buchhandlung  des  Nassauischen  Colpor- 
tagevereins,  1909)  renferme  de  nombreux  extraits  des  écrits  de 
Calvin;  — la  deuxième  (Johannes  Calvin,  ein  Lebensbild  aus  dem 
Re  f ormationszeitalter ,  avec  portrait,  un  vol.  de  177  p.  in-8°,  Stutt- 
gart, C.  Belcer,  1909),  paraît  inspirée  par  le  travail  du  professeur 
américain  W.  Walker  (2). 

Puis  il  y  a  toute  une  série  d'écrits  populaires,  du  doyen 
A.  Baur-Weinsberg,  Johann  Calvin,  IV  W.  9  H.  des  Religionsges- 
chichtliche  Volksbùcher  (48  p,  in-16,  Tubingen,  Mohr,  1909);  —  de 
G.  Sodeur,  Johann  Calvin,  247e  vol.  de  la  collection  Aus  Natur 
und  Geistesiuelt,  100  p.  in-16,  portrait,  B.  G.  Teubner,  à  Leipzig, 
1909,  dont  le  style  limpide  et  la  division  en  courts  paragraphes 
rappellent  le  descendant  de  réfugiés  français  ;  —  du  pasteur  G.  Bai- 
jer  qui  a  dramatisé  sa  narration,  ainsi  que  l'indique  ce  titre, 
Johann  Calvin,  Sein  Leben  und  Wirken,  dem  evangelischen  Volke 
frei  nach  den  Quellen  (134  p.  in- 18  illustrées,  Buchhandlung 
des  Erziehungsvereins,  Neukirchen,  Kreis  Mors)  ;  —  du  pasteur 
G.  Heidenmùller,  Johann  Calvin,  ein  Lebensbild  (132  p.  in-16, 
P.  Wunschmann,  à  Wittenberg)  qui  écrit,  comme  Baur-Weinsberg 
et  Sodeur,  que  le  réformateur  livra  Servet  à  l'inquisition;  —  du 
pasteur  E.  Kochs,  dont  le  récit  animé  et  abondamment  illustré 
(Johann  Calvin  ein  auserwàhltes  Rûstzeug  Gottes)  remplit  près  de 
80  pages  du  Chrisllicher  Volkskalender  publié  par  la  maison  des 

• 

(1)  M.  Lang  y  reprend,  entre  autres,  son  étude  sur  la  conversion  de  Calvin 
(Cf.  Bull.  1898,  48  et  1907,  282),  et  maintient,  —  contre  K.  Mùller  d'Erlangen  — 
que  le  canevas  du  discours  de  Cop  conservé  à  Genève  a  pour  auteur  Calvin  et 
constitue  le  premier  témoignage  authentique  de  ses  nouvelles  idées  reli- 
gieuses. 

(2)  Rappelons  pour  mémoire,  mais  en  faisant  les  plus  expresses  réserves 
sur  les  conclusions  de  l'auteur,  les  6  conférences  données  à.  Princeton  aux 
États-Unis,  en  octobre  1898,  par  le  célèbre  Dr  A.  Kuyper  (Slone  Lectures', 
publiées  en  hollandais  sous  le  titre  de  Hel  Calvinisme,  et  en  allemand  (tr&d. 
de  Martin  Jaeger)  sous  celui  de  Refovmalion  wider  Revoluliofi,  un  vol.  de 
196  p.  in-8°,  R.  Christi  à  Gr.  Lichterfelde,  1904. 


270 


CHRONIQUE  L I TÏÉ R A I R E 


Diaconesses  de .  Kaiserswerth  pour  1909;  —  enfin  de  Friedrich 
Oehninger  dont  la  plaquette,  Johannes  Calvin,  Licht  und  Finster- 
niss  wie  es  leuchtet  ans  seinem  Leben  und  Wirken  (46  p.  in- 8° 
carré,  F.  Blanke,  à  Emmishofen,  1909),  est  une  des  mieux 
rédigées  et  illustrées  de  cette  série. 

Une  mention  spéciale  est  due  à  deux  essais  de  résumer  en 
quelques  pages  condensées  l'influence  de  Calvin  dans  l'éducation 
religieuse  de  'l'humanité.  L'auteur  du  premier  est  le  Lie.  Bernhard 
Bess  qui  a  eu  l'idée  d'un  livre  intitulé  (Insère  religiôsen  Erzieher, 
(Nos  éducateurs  religieux,  un  vol.  de  265  p.  in-8°,  Quelle  et  Meyer, 
à  Leipzig,  1908)  et  composé  d'une  série  d'articles  sur  Luther, 
Calvin,  Spener,  Gœthe  et  Schiller,  Schleiermacher  et  Bismarck. 
Nous  aurions  des  réserves  à  faire  sur  l'influence  religieuse  bien- 
faisante de  Gœthe  et  surtout  de  Bismarck,  mais  devons  reconnaître 
que  les  40  pages  consacrées  par  M.  B.  Bess  lui-même  à  Calvin, 
caractérisent  d'une  façon  remarquable  les  principaux  traits  de  sa 
physionomie  morale.  —  Le  professeur  bâlois  Wilhelm  Schîatter 
est  l'auteur  du  deuxième  essai  qui  ne  comprend  que  27  pages,  en 
tête  de  la  Neue  Christoterpe  pour  1909,  c'est-à-dire  d'un  recueil 
annuel  fondé,  il  y  a  trente  ans,  par  R.  Kogel,  E.  Frommel  et 
W.  Baur  (chez  C.  E.  Millier  à  Halle  a.  S.).  Ces  pages  intitulées 
Zura  Gedâchtniss  Johannes  Calvins  sont  une  apologie  enthousiaste 
et  convaincante,  grâce  à  d'excellentes  citations,  de  ce  que  nous 
devons  à  la  conception  si  élevée  et  si  conséquente  de  la  vie  chré- 
tienne telle  que  Calvin  la  comprit  en  l'appliquant  avant  tout  et 
sans  défaillance  à  lui-même  (1). 

N'oublions  pas,  enfin,  que  le  savant  professeur  d'Erlangen,  Karl 
Mùller,  traduit  en  ce  moment  même  en  allemand  les  principales 
pages  de  l'Institution  ainsi  qu'une  série  de  commentaires  de  Cal- 
vin (Buchhandlung  des  Erziehungsvereins  à  Neukirchen);  —  qu'à 
l'occasion  du  4e  centenaire  du  réformateur,  M.  Ulrich  Hildebrandl 
a  composé  un  choral-cantate,  en  quatre  langues  sur  des  paroles 
tirées  de  l'Ecriture  sainte  par  le  Dr  Jules  Smend,  professeur  à 
Strasbourg  (F.  Leuckart  à  Leipzig);  —  que  M.  Wilhelm  Conrad 
a  dramatisé  la  vie  de  Calvin  sous  le  litre  de  Calvin  ,  ein  Volhsabend 
(F.  E.  Perthes  à  Gotha);  —  et  que  M.  le  pasteur  W.  Rotscheidt  a 
fait  paraître  une  collection  de  poésies  allemandes  sur  la  vie  du 
réformateur,  JohannCalvin  im  Spiegel  der  Dichlung ,  chez  G.  Diede- 
rich  à  Elberfeld  (2). 

(1)  Rappelons  encore  l'article  non  moins  remarquable  que  nous  avons 
déjà  cité,  sur  l'influence,  plus  profonde  qu'on  ne  croit,  exercée  par  Calvin  sur 
la  Réformation  allemande,  article  inséré  par  le  pasteur  H.  Schûtte  sous  Le 
le  titre  de  Calvins  Einfluss  auf  die  deustche  Hefonua/ion  dans  les  Deustchr 
evangelische  Bldlter  de  mars  1907  (E.  Strien  à  Halle  a.  S.). 

(2)  Je  n'ai  pas  pu  voir  l'élude  que  j'ai  vu  citer  du  professeur  Troeltsch  de 

Heidelberg,  sur  Calvin  et  le  Calvinisme  dans  Die  Cullur  der  degcnwart. 


C 1 1 R 0 NIQUE   LI T TÉRAIR  E 


271 


# 

A  Genève  M.  Ch.  Borgeaud  a  réimprimé  en  une  élégante  bro- 
chure de  50  p.  in-8°,  illustrée  de  quatre  planches  hors  texte,  sous 
le  titre  de  Jubilé  de  1909.  Schola  genevensis  1 559,  les  pages  d'his- 
toire universitaire  consacrées  à  Calvin  et  à  Bèze  dans  sa  grande  his- 
toire de  l'Académie  de  Genève  (Genève  Kiindig  1909,  3e  éd.).  — 
M.  le  pasteur  H.  Denkinger  a  écrit  une  bonne  brochure  populaire 
(Triomphes  de  /' Evangile,  troisième  série,  Jean  Calvin  1509-1 564-, 
54  p.  in-16,  Genève  Jeheber  1909),  dont  les  33  illustrations  ont 
été  en  partie  empruntées  au  travail  analogue  du  pasteur  E.  Kochs 
que  j'ai  cité  tout  à  l'heure.  —  M.  le  pasteur  E.  Choisy  a  fait  pa- 
raître de  son  côté,  à  l'adresse  d'un  public  plus  cultivé,  dans  le  for- 
mat et  avec  les  illustrations  de  la  plaquette  de  F.  Oehninger,'  une 
notice  exacte  et  au  courant  des  derniers  travaux,  Jean  Calvin,  sa 
vie  et  son  œuvre  (46  p.  in-8°  carré,  Genève,  Jeheber  1909)  (1). 

Je  devrais  pouvoir  consacrer  un  compte  rendu  particulier  à  un 
recueil  de  textes  qui,  s'il  ne  se  rapporte  pas  directement  à  Calvin, 
est  pourtant  de  nature  à  mieux  faire  connaître  l'époque  etlepays 
où  il  devait  donner  toute  sa  mesure.  M.  Arthur  Piaget,  archiviste 
de  l'État  à  Neuchatel  dont  nous  avons  déjà  parlé  ici  à  propos  de 
ses  Documents  inédits  sur  G.  Farel  (1897),  a  découvert  et  fait  paraître 
un  premier  volume  de  170  Documents  inédits  sur  la  Réformation 
dans  le  pays  de  Neuchatel,  qui  embrassent  les  années  1530  à  1538, 
c'est-à-dire  la  période  héroïque  de  la  Réforme  dans  cette  partie  de 
la  Suisse.  Il  y  a  là  une  série  de  pièces  du  plus  haut  intérêt  qui 
nous  permettent  de  voir  et  d'entendre  tout  autrement  que  ne  le 
ferait  un  récit  historique,  les  choses  et  les  gens  au  milieu  desquels 
s'est  déployée  l'activité  foudroyante  et  batailleuse  de  «maître 
Guillaume  » .  On  comprend,  rien  qu'en  parcourant  ces  textes 
écrits  sous  l'impression  même  des  événements,  quel  effet  a  dû 
produire,  sur  le  timide  jeune  homme  de  27  ans  qu'était  Calvin 
lorsqu'il  s'arrêta  à  Genève,  l'apostrophe  véhémente  du  rude  mon- 
tagnard dauphinois.  Tous  ces  textes  sont  édités  avec  un  soin  et 
une  érudition  qui  les  placent  à  côté  de  ceux  —  qu'ils  complètent 
d'ailleurs  —  du  regretté  bénédictin  de  la  Réforme  dans  les  pays 
de  langue  française,  A.  L.  Herminjard.  On  y  trouvera  de  nouveaux 
renseignements,  non  seulement  sur  Farel,  mais  sur  un  homme 
qui  rendit  de  grands  services  à  la  Réforme  et  dont  on  ne  connais- 
sait même  pas  l'écriture,  Robert  Olivetan  (2)  ;  —  sur  Thomas  de  la 

(1)  La  librairie  Atar  (Genève  Corrateiïe)  commence  à  faire  paraître  sous  le 
titre  de  Jubilés  de  Genève  en  1909,  une  série  de  trois  cahiers  illustrés  avec 
profusion  et  avec  goût.  Ils  formeront  un  album  artistique  au  prix  de  5  francs, 
où  l'on  retrouvera  tous  les  souvenirs  évoqués  par  ces  solennités. 

(2)  En  tête  du  volume  qui  compte  604  pages  in-8°  —  Neuchatel,  Archives  de 


272 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


Planche  dit  Barbarin  dont  Herminjard  faisait  deux  personnages 
distincts;  —  sur  le  polémiste  à  l'emporte-pièce  Antoine  de  Mar- 
court;  —  sur  Pierre  Caroli  dont  M.  Piaget  a  retrouvé  au  Vatican 
une  épître  en  vers  adressée  a  François  Ier;  —  sur  Christophe  Fa- 
bri,  etc.,  etc.  Les  grandes  bibliothèques  devront  se  hâter  d'acqué- 
rir ce  recueil  qui  n'a  été  tiré  qu'à  petit  nombre  et  dont  l'usage  est 
facilité  par  de  copieuses  tables  parmi  lesquelles  la  table  des  cotes 
des  pièces  originales,  qu'Herminjard  n'a  pas  indiquées.  „ 

* 
•*  * 

L'Amérique  nous  a  donné  la  biographie  de  Calvin  de  M.  Willis- 
ton  Walker  sur  laquelle  je  reviendrai  tout  à  l'heure,  et  un  solide  et 
lumineux  travail  de  M.  Herbert  D.  Foster,  Calvin' s  programme  for 
a  puritan  state  in  Geneva  [Harvard  theological  Revieiv,  oct.  1908;. 
Cette  étude  démontre,  avec  preuves  à  l'appui,  que  c'est  bien  à  Cal- 
vin que  remontent  les  idées  religieuses  et  ecclésiastiques  qui  ca- 
ractérisent dans  son  ensemble  le  christianisme  si  vivant  et  si  actif 
des  États-Unis.  —  M.  Louis  F.  Benson,  directeur  du  Journal  of  the 
Presbyterian  hislorical  Society, y  a  étudié  en  deux  articles  (mars  et 
juin  1909,  Philadelphia,  Witherspoon  building),  le  rôle  de  Calvin 
comme  créateur  du  chant  des  psaumes  dans  le  culte  public  (John 
Calvin  and  the  Psalmody  of  the  reformed  churches).  —  Enfin,  on  a 
réimprimé  à  Philadelphie  (Allen,  Lane  et  Scott,  1909),  un  article 
sommaire  qui  avait  paru  dans  The  Presbyterian  quarterly  Revieiv 
de  1876,  de  Thomas  Balch  sur  Calvinism  and  american  fndepen- 
dence,  un  des  premiers  essais  de  rattacher  les  idées  d'indépen- 
dance politique  à  la  réforme  calvinienne. 

La  Société  d1  Histoire  vaudoise  a  fait  paraître  Pour  les  enfants  des 
vallées,  une  petite  brochure  de  16  pages  —  17  février  1909,  Jean 
Calvin,  réformateur  de  Genève,  et  bienfaiteur  des  Vaudois  —  où  l'on 
regrette  de  lire  que  Michel  Servet  était  un  «  monstrueux  blasphé- 
mateur ».  — La  Société  aV  Histoire  du  protestantisme  belge,  se  souve- 
nant qu'Idelette  de  Bure,  femme  de  l'anabaptiste  Jean  Stordeur, 
puis  de  Calvin,  était  liégeoise,  a  eu  l'idée  d'ouvrir  une  souscrip- 
tion pour  offrir  à  la  ville  de  Liège  une  copie  du  portrait  de  celle 
jeune  anabaptiste  conservé  au  musée  de  Douai  et  qui  a  été  repro- 
duit et  commenté  dans  ce  Bulletin  par  le  soussigné,  (1907  p.  222), 

l'Etat,  1909,  — M.  Piaget  a  placé  une  reproduction  en  fac  simile  de  L'unique 
lettre  d'Olivétan,  c'est-à-dire  de  Louis  Olivier,  maître  d'école  qu'il  a  retrouvée. 
—  Citons  aussi,  comme  ayant  paru  en  Suisse  (dans  la  Revue  de  théologie  el 
de  philosophie  de  Lausanne,  janvier-avril  1909,  Bridel),  un  article  du  profes- 
seur P.  Lobstein,  sur  La  Connaissance  religieuse  d'après  Calvin,  étude  d'his- 
toire et  de  dogmatique. 


CM RON [Q U E  LITTÉRAIR E 


273 


C'est  aussi  à  la  Société  d'Histoire  du  protestantisme  belge  que 
nous  devons  un  des  rares  travaux  sur  Calvin  parus  en  France. 
Sous  ses  auspices  notre  collègue,  M.  le  pasteur  G.  de  Félice  a 
donné,  dans  plusieurs  villes  de  Belgique  et  ailleurs,  deux,  confé- 
rences qu'il  a  rédigées  et  publiées  dans  le  Bulletin  de  la  Société 
(1908)  sous  le  titre  de  Jean  Calvin,  I  L'homme;  II  Quelques  accusa- 
tions, Bolsec,  Servet  (tirage  à  part  de  56  p.  in-8°,  imprimerie  de 
Nessonvaux,  1909). 

L'étude  de  M.  Gonzague  Truc  sur  Les  fondements  psycholo- 
giques du  Calvinisme  {La  Revue  des  Idées,  15  août  1908),  signalée 
ici  l'année  dernière  {Bull.  1908,  p.  388)  est  extrêmement  curieuse 
comme  témoignage  de  la  mentalité  d'un  de  nos  élèves  de  l'ensei- 
gnement secondaire  supérieur  qui  a  découvert  Calvin  et  essaie  de 
raisonner  l'impression  profonde  qu'il  a  reçue.  Il  vaudrait  peut- 
être  la  peine  de  discuter  et  surtout  de  rectifier,  dans  une  de  nos 
revues,  cette  impression  qui  se  ressent  du  caractère  superficiel 
des  études  historiques  dans  les  écoles  où  se  forme  notre  person- 
nel enseignant. 

Notre  collègue  M.  Jacques  Pannier  qui  a  collaboré  à  la  réédi- 
tion de  l'Institution  française  de  1541,  a  inséré  dans  la  Revue  chré- 
tienne quelques  pages  sur  Calvin  écrivain,  saplace  et  son  rôle  dans 
la  formation  de  la  langue  française,  quelques  appréciations  ancien- 
nes et  modernes  (16  p.  in.  8°.  Paris  Fischbacher  1909).  Parmi  celles 
de  Calvin  lui-même,  il  aurait  pu  citer  cette  phrase  caractéristique: 
«  Quand  j'eusse  bien  peu  amener  des  sens  subtils,  si  je  me  fusse 
estudié  à  subtilité,  j'ay  mis  tout  cela  soubs  le  pied  et  me  suis  tous- 
jours  estudié  à  simplicité  »  {Opéra  IX,  893).  Ceci  signifie  que  s'il 
avait  voulu,  comme  certains  humanistes,  jongler  avec  les  idées  et 
les  mots,  faire  parade  de  sa  culture,  le  brillant  étudiant  de  Paris, 
Orléans  et  Bourges  y  aurait  aisément  réussi,  mais  c'est  à  dessein 
qu'il  sacrifia  tout,  fond  et  forme,  à  la  sincérité  et  à  la.  simplicité. 

Dans  le  Bulletin  historique  et  philologique  du  Comité  des  travaux 
historiques  et  scientifiques  de  1908  (p.  277-290,  tirage  à  part  de 
10  p.  in-8°,  Impr.  nat.  1909),  M.  E.  Grave  a  recherché  ce  qu'il 
pouvait  y  avoir  de  vrai  dans  la  tradition  d'après  laquelle  Calvin 
aurait  résidé  à  Hazeville  et  à  Enfer,  commune  de  Wy-Joli-Village 
dans  le  Vexin  (canton  de  Magny-en-Vexin,  Seine-et-Oise),  et  y 
aurait  même  écrit  son  Institution.  Le  résultat  de  cette  enquête 
est  «  que  Calvin  n'a  jamais  séjourné  à  Hazeville  ;  que  le  pavillon 
de  Calvin  n'est  pas  contemporain  du  réformateur;  que  le  hameau 
d'Enfer  a  toujours  porté  ce  nom  ;  que  la  dame  Marguerite  de  la 
Saussaye  n'a  jamais  possédé  le  manuscrit  de  Calvin  ;  et  qu'enfin 
le  protestantisme  n'a  pas  été  pratiqué  ouvertement  dans  le  Vexin 
avant  1560  ». 

18 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


M.  l'abbé  Rouquette  me  dispensera  de  discuter  sa  brochure 
sur  les  Vie  limes  de  Calvin  (64  p.  in-16,  Paris  Bloud,  1908)  qui 
débute,  entre  autres,  par  cette  ligne  :  «  Le  personnage  n'est 
pas  intéressant  —  il  fallait  du  sang  à  cette  âme  de  boue.  » 
Elle  énumère,  comme  il  était  facile  de  le  deviner,  les  principaux 
procès  suivis  de  condamnations  capitales,  qui  eurent  lieu  à 
Genève  et  qu'on  met,  comme  l'indique  le  titre,  à  la  charge  Je 
Calvin.  L'auteur  n'a  pas  l'air  de  se  douter  que  si  le  rôle  de  Calvin 
a  été  considérable,  en  matière  criminelle  l'autorité  appartenait  à 
un  tribunal  régulier  qui  jugeait  en  toute  liberté  et  qui  appliquait 
la  loi.  Or,  en  matière  d'hérésie,  cette  loi  qu'on  reproche  à  Calvin 
et  à  ses  contemporains  d'avoir  appliquée,  qui  l'avait  élaborée,  si 
ce  n'est  la  Sainte  Église  catholique,  apostolique  et  romaine, 
laquelle  avait  façonné  aussi,  sur  ce  point  et  sur  d'autres,  la  men- 
talité des  réformateurs  ?  D'où  il  résulte  que  «  les  victimes  de  Cal- 
vin »  sont  avant  tout  des  victimes  d'un  système  de  gouvernement 
spirituel  qui  fut  appliqué  sans  pitié  pendant  tout  le  moyen  âge  et 
dont  la  Réforme  ne  parvint  à  se  débarrasser  que  peu  à  peu.  — La 
deuxième  brochure  de  l'abbé  Rouquette,  intitulée  :  Les  Saint- 
Barthélemy  Calvinistes  (64  p.  in-16,  Paris  Bloud,  1908),  ne  se 
rapporte  à  Calvin  que  par  ces  lignes  de  la  page  33  :  «  Suivant  à  la 
lettre  la  recommandation  de  Calvin  au  marquis  de  Poët,  ils  (les 
protestants  massacreurs  et  pillards)  s'enrichirent.  »  Ainsi  l'hono- 
rable abbé  fait  remonter  à  Calvin,  qui  les  blâma  énergiquement, 
les  excès  de  l'époque  des  guerres  de  religion,  sur  la  foi  d'une 
lettre  qui  est  un  faux,  car  tous  les  historiens  savent  que  la  pré- 
tendue lettre  de  Calvin  au  marquis  de  Poët  n'a  jamais  existé. 

*  * 

La  traduction  en  français  de  la  biographie  de  Calvin  par 
M.  Williston  Walker  paraît  en  ce  moment  même  à  Genève,  chez 
Jullien,  sous  le  titre  de  Jean  Calvin,  V homme  et  V œuvre  (XXVI- 
504  p.  in-8°  avec  20  illustrations,  à  3.50)  et  sous  le  patronage  de 
l'Association  pour  le  monument  international  de  la  réformation 
à  Genève.  Voici  V avant-propos  de  Vun  des  traducteurs  qui  mettra 
le  lecteur  au  courant  des  raisons  pour  lesquelles  celte  édition 
a  été  entreprise  : 

«  Il  n'y  a  guère  de  pays  où  Calvin  soit  aussi  peu  connu  et  ail 
été  moins  sérieusement  étudié  que  dans  sa  patrie.  On  peut 
même  dire  que  ceux  qui  auraient  voulu  le  connaître  d'un  peu 
près  n'avaient  pas  à  leur  disposition  de  biographie  en  français 
digne  d'un  tel  sujet. 

«  11  y  a  plus  d'un  demi-siècle,  à  une  époque  où  le  culle  de  l'his- 
toire impartiale  était  peut-être  plus  en  honneur  que  (h1  nos  jours, 


GHRONIQTJ  E  LITTÉ R A I R  E 


°275 


M.  Jules  Bonnet  avait  été  officiellement  chargé  de  recueillir  la  cor- 
respondance du  réformateur,  et  l'on  prétait  au  célèbre  historien 
Mignet,  «  à  qui  appartenait  l'initiative  de  ce  recueil  (1)  »,  l'intention 
de  tracer  du  mouvement  religieux  et  social  inspiré  par  Calvin,  un 
de  ces  tableaux  historiques  où  il  excellait  (2).  Il  se  borna,  sous 
forme  de  compte  rendu  des  Lettres  françaises  parues  en  1854,  à  en 
rédiger  une  esquisse  magistrale  dans  neuf  articles  du  Journal  des 
Savants  (1856-1860)  où  ils  restèrent  malheureusement  ensevelis. 

«  La  biographie  populaire.de  Félix  Bungener,  Calvin,  sa  vie  el 
son  œuvre,  parue  en  186?,  —  au  moment  où  les  savants  s trasbour- 
geois  Baum,  Cunitz  et  Reuss  lançaient  le  prospectus  des  Opéra 
Calvini,  dont  la  publication  devait  se  poursuivre  pendant  trente- 
huit  années,  —  n'existe  depuis  longtemps  plus  en  librairie.  — 
L'Histoire  de  la  Ré  formation  en  Europe  au  temps  de  Calvin  com- 
mencée par  J.-H.  Merle  d'Aubigné  en  1863,  devait  s'arrêter,  avec 
le  huitième  volume  (1878),  à  la  mort  de  Luther,  survenue 
18  années  avant  celle  de  Calvin.  Pendant  que  cette  publication, 
plus  littéraire  que  strictement  historique,  se  poursuivait,  et  au 
moment  où  MM.  Baum,  Cunitz  et  Reuss  commençaient  à  faire 
paraître  la  volumineuse  et  si  importante  correspondance  du  réfor- 
mateur (3) (1872),  un  pasteur  alsacien,  M.  G.-A.Hoff,  écrivait  une 
Vie  de  Jean  Calvin  qui  n'est  pas  sans  mérite,  mais  qui,  éditée  par 
la  Société  des  traités  religieux,  resta  absolument  inconnue  du 
grand  public. 

(1)  Voy.la  belle  préface  des  Lettres  de  Jean  Calvin,  I,  p.  xxr. 

(2)  Et  dont  il  avait  écrit  un  chapitre  remarquable  dans  son  mémoire  inti- 
tulé Etablis  sèment  de  la  .Réforme  religieuse,  el  constitution  du  Calvinisme  à 
Genève,  lu  à  l'Académie  des  Sciences  morales  et  politiques  les  15  et  22  nov. 
1 834  et  réimprimé  dans  ses  Mémoires  historiques  (1854).  —  Voici,  après  1834, 
dans  leur  ordre  chronologique,  les  principaux  travaux  biographiques  consa- 
crés à  Calvin  en  France  et  dans  la  Suisse  française  :  —  J 852,  l'article  des 
frères  Haag  dans  la  France  Protestante,  t.  ni;  —  1854,  les  Lettres  de  Jean 
Calvin,  publiées  par  Jules  Bonnet,  deux  volumes  in-8°,  ne  contenant  que  les 
lettres  françaises  et  qui  n'eurent  pas  de  suite;  —  1856-1860,  les  articles  de 
Mignet  [Journal  des  Savants,  déc.  1856;  février,  mars,  juillet,  août  1857;  jan- 
vier, mars,  déc.  1859;  février  1860);  —  1862,  F.  Bungener,  Calvin,  sa  vie  el 
son  œuvre,  un  vol.  in-18;  —  1863-1878,  J.-H.  Merle  d'Aubigné,  Histoire  delà 
lié. formation  en  Europe  au  temps  de  Calvin,  8  vol.  in-8°;  —  1872,  G. -A.  Hoff, 
Vie  de  Jean  Calvin,  un  vol.  in-18;  —  1877,  Ch.  Dardier  et  A.  Jundt,  articles 
Calvin  et  Calvinisme  dans  l'Encyclopédie  des  sciences  religieuses,  t.  n  ;  — 
1882,  II. -L.  Bordier,  article  Calvin  dans  la  2e  édition  de  la  France  Protestante, 
t.  m;  —  1888,  Abel  Lefranc,  La  jeunesse  de  Calvin,  un  vol.  in-8°;  —  1898, 
A.  Lefranc  et  E.-H.  Vollet,  articles  Calvin  et  Calvinisme  dans  la  Grande  En- 
cyclopédie, t.  vin.  -i-  Je  ne  mentionne  ici  que  les  études  biographiques  pro- 
prement dites  parues  en  français.  Il  sera  amplement  question,  plus  loin,  des 
travaux  importants  consacrés  à  telle  ou  telle  partie  de  l'œuvre  du  réforma- 
teur, par  exemple  par  Ch.  Borgeaud,  E.  Choisy,  A.  Billet,  A.  Roget,  etc. 

(3)  Concurremment  avec  celle,  embrassant  un  champ  beaucoup  plus 
étendu,  que  publiait,  depuis  1866,  A.-L.  Ilerminjard  et  qui  s'arrêta,  malheu- 
reusement, en  1897,  à  l'année  1544, 


27b' 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


«  En  dehors  de  ces  ouvrages,  il  n'y  avait  que  les  articles  bio- 
graphiques, d'ailleurs  remarquables,  de  la  France  Protestante 
(1852  et  1882),  de  Y  Encyclopédie  des  sciences  religieuses  (1 877  )  et 
de  la  Grande  Encyclopédie  (1898),  ce  dernier  seul  postérieur  au  vo- 
lume par  lequel  M.  Abel  Lefranc  avait  renouvelé  l'histoire  de  la  Jeu- 
nesse de  Calvin  (1888). 

«  En  attendant  l'achèvement,  encore  éloigné,  du  Jean  Calvin, 
commencé  par  M.  E.  Doumergue  en  1899,  rien  n'était  donc  plus 
désirable  qu'une  biographie  à  la  fois  assez  détaillée  pour  mettre 
le  lecteur  français  au  courant  de  tout  ce  qui  a  été  publié  depuis 
près  d'un  demi-siècle,  et  assez  résumée  pour  donner  sans  séche- 
resse, une  idée  complète,  «  objective  »,  de  ce  que  fut  Calvin,  de 
ce  qu'il  voulut  et  de  ce  qu'il  accomplit.  Ce  livre,  un  étranger,, 
familiarisé  avec  l'histoire  religieuse  de  l'Europe  occidentale,  que 
Calvin  modifia  si  profondément,  mais  éloigné  de  nos  divisions 
confessionnelles,  politiques  et  ecclésiastiques,  était  peut-être 
mieux  placé  qu'un  Français  pour  l'écrire  avec  impartialité. 

«  M.  Williston  Walker  est  professeur  d'histoire  ecclésiastique 
(=.  histoire  de  l'Eglise  chrétienne)  à  l'université  bien  connue  de 
Yale,  à  New  Haven,  dans  le  Connecticut,  États-Unis  d'Amérique. 
Il  a  donc  été  élevé  dans  un  pays  où  le  calvinisme  a  exercé  une 
influence  religieuse  et  sociale  prépondérante  et  d'autant  plus 
remarquable  qu'il  s'y  est  développé  librement,  sans  être  assombri 
et  déformé  par  les  luttes  sanglantes  qui  ailleurs  l'ont  discrédité, 
en  déshonorant  ses  bourreaux. 

«  Un  livre  dans  lequel  M.  Walker  réussit  à  condenser,  en  moins 
de  cinq  cents  pages,  la  substance  de  son  enseignement  sur  le  déve- 
loppement de  l'ensemble  de  la  Réforme,  intitulé  The  Reformations), 
le  désigna  à  l'attention  d'un  de  ses  collègues,  M.  Samuel  Macauley 
Jackson,  professeur  d'histoire  ecclésiastique  à  l'université  de 
New-York.  Celui-ci  avait  entrepris  de  diriger  la  publication,  sous 
le  titre  de  Heroes  ofthe  Reformation  (2),  d'une  série  de  biographies 
critiques  des  principaux  réformateurs  ;  il  confia  à  M.  Walker  celle 
de  Calvin  qui  parût  en  1906  sous  le  titre  de  John  Calvin,  The 
Organiser  of  Reformed  Proteslanlism  (3). 

(1)  New-York,  Ch.  Scribners  Sons,  1901.  Ce  volume  est  le  neuvième  d'une 
série  de  10,  intitulée  Ten  Epochs  of  Church  Hislory  (dix  époques  d'histoire  de 
l'Eglise). 

(2)  Jusqu'à  ce  jour  il  a  paru  neuf  biographies  de  ces  «  héros  de  la-  Réforme  » 
,  (New-Vork,  Scribner's  Sons),  savoir  celles  de  Martin  Luther,  Philippe  Métan- 

chlhon,  Désiré  Erasme,  Théodore  de  Bèze,  Ulrich  Zwingli,  Jean  Calvin,  Thomas 
Cranmer,  John  Knox  et  Balthazar  Hiihmaier. 

(3)  Ce  qui  signifie  Jean  Calvin,  l'organisateur  du  Protestantisme  réformé. 
Les  mots  français  d'organisateur  et  de  réformé  ne  rendant  pas  exactement 
le  sens  d'Organiser  et  de  Reformed,  nous  avons  préféré  le  titre  français  plus 
simple  et  plus  court,  qui  correspond,  d'ailleurs,  bien  au  contenu  du  volume, 
de  Jean  Calvin,  Vhomme  el  l'œuvre, 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


277 


«  Ce  volume  avait,  sur  toutes  les  autres  biographies  antérieures 
de  Calvin,  l'avantage  de  s'appuyer,  d'abord  sur  la  collection  com- 
plète des  Opéra,  terminée  en  1900,  puis  sur  un  grand  nombre  de 
travaux  critiques,  parus  surtout  à  l'étranger.  J'eus  aussitôt  la 
pensée  qu'il  y  aurait  intérêt  et  profit,  pour  des  Français,  d'y  con- 
templer Calvin  en  quelque  sorte  du  dehors,  tel  qu'a  pu  se  le  re- 
présenter un  de  nos  contemporains,  étranger  à  tout  ce  qui  nous 
divise  en  France,  mais  rompu  aux  discussions  théologiques  d'au- 
trefois et  d'aujourd'hui,  et  capable  de  dégager,  de  la  masse  des 
documents  originaux  étudiés  de  première  main,  le  caractère  et  le 
rôle  historique  et  mondial  du  réformateur  (1). 

«  Madame  Weiss  a  bien  voulu  entreprendre  la  tâche  ardue  de 
rendre  en  français  le  sens  exact  et,  autant  que  possible,  le  style 
de  l'original  anglais.  J'ai  revu  ce  travail  et,  avec  l'autorisation  de 
l'auteur,  en  ai  çà  et  là  précisé  ou  légèrement  retouché  la  rédaction 
surtout  au  point  de  vue  bibliographique.  Enfin,  1  Association  du 
Monument  international  de  la  Réformation,  a  Genève,  ayant  résolu 
de  le  publier  sous  son  patronage,  son  président,  M.  le  professeur 
Lucien  Gautier,  s'est  obligeamment  chargé  de  revoir  encore  ma 
revision  et  d'en  corriger  avec  moi  les  épreuves,  ce  dont  lui  sauront 
gré  tous  ceux  qui,  dans  un  livre  d'histoire,  apprécient  l'impor- 
tance de  l'exactitude,  cette  forme  matérielle  de  la  vérité  (2).  » 

*  * 

J'ajoute  à  ces  quelques  notes  bibliographiques  un  portrait  mo- 
derne de  Calvin  que  j'ai  cru  intéressant  de  faire  connaître.  En 
1858  un  des  professeurs  de  Strasbourg  qui  s'était  occupé  avec 
prédilection  de  l'histoire  de  la  Réforme  française  et  qui  eut  peut- 
être  le  premier  l'idée  d'une  édition  critique  et  complète  des  œu- 
vres de  Calvin,  feu  M.  Guillaume  Baum  désirait  avoir  un  por- 
trait du  réformateur  peint  par  un  véritable  artiste.  Il  réunit  à  cet 
effet  tous  les  portraits  contemporains  qu'il  put  trouver  et  les  re- 
mit à  Albrecht  Anker,  l'artiste  suisse  bien  connu  par  le  sentiment 
profond  qui  se  dégage  de  ses  tableaux  de  genre.  M.  Anker  étudia 
consciencieusement  les  documents  que  lui  avait  remis  M.  Baum 
et  il  en  résulta  une  belle  peinture  que  je  vis  pour  la  première  fois 
l'année  dernière  à  Strasbourg,  dans  le  salon  de  la  veuve  de  mon 
ancien  professeur.  Madame  Baum  consentit  gracieusement  à  en 
faire  faire  une  photographie  dont  nous  la  remercions  de  pouvoir 
offrir  à  nos  lecteurs  cette  reproduction. 

(1)  Nous  aurions  mauvaise  grâce  à  ne  pas  rappeler  qu'un  peu  après  le  vo- 
lume de  M.  Walker,  mais  encore  en  1906,  parut  à  Paris  le  Calvin  de  M.  A. 
Bossert.  C'est  un  portrait  beaucoup  plus  sommaire  que  celui  du  biographe 
américain  et  qui  n'a  d'ailleurs  pas  la  prétention  d'être  une  étude  critique 
approfondie. 

(2)  M.  Gautier  a  bien  voulu  prendre  aussi  la  peine  de  rédiger  l'index. 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


C'est  certainement  une  des  plus  heureuses  interprétations  ar- 
tistiques de  la  figure  traditionnelle  du  réformateur,  moins  dure  et 
sèche,  même  que  le  portrait  d'Ary  Scheffer  (1).  A  tous  ceux  qui  s'as- 
socient à  ce  jubilé  elle  rappellera  que  l'étude  impartiale  et  appro- 
fondie de  Calvin  a  été  rendue  possible  par  le  labeur  acharné  de 
trois  des  hommes  de  science  et  de  conscience  qui  illustrèrent  les 
dernières  années  de  la  Faculté  de  théologie  protestante  de  Stras- 
bourg telle  que  quelques-uns  d'entre  nous  ont  eu  le  privilège  de 
la  connaître.  A  un  âge  où  l'on  songe  à  la  retraite,  MM.  G.  Baurn, 
E.  Cunitz  et  E.  Reuss  s'attelèrent  à  cette  tâche  écrasante  qui  a  pu 
être  heureusement  menée  à  son  terme  par  trois  de  leurs  élèves, 
MM.  A.  Erichson,  P.  Losbtein  et  L.  Horst.  Ainsi,  grâce  à  ces  Alsa- 
ciens et  à  leur  abnégation,  la  ville  de  Strasbourg,  où  Calvin  passa 
les  années  les  plus  heureuses  de  sa  vie  tourmentée,  devait  trans- 
mettre aux  Églises  de  France  pour  lesquelles  cet  homme  d'étude 
devint  un  homme  de  combat,  l'expression  authentique  et  fidèle 
de  sa  pensée.  N.  Weiss. 

P.  S.  —  Au  moment  de  donner  le  bon  à  tirer  de  cette  livrai- 
son, je  reçois  le  beau  volume  du  professeur  viennois,  D.  DrLoesche, 
Luther,  Melanlhon  and  Calvin  in  Oesterreich-Ùngarn,  zu  Calvins 
vierlerJahrhunderlfeicr,  mil  archivalischen  Bcilarjcn  (X-372  p.  in-8", 
Tùbiiigen,  Mohr,  1900,  index),  lequel  comble  une  lacune  dans  la 
littérature  calvinicnne.  Il  expose,  en  effet,  d'après  des  documents 
en  partie  inédits,  l'influence  souvent  profonde  exercée  par  Calvin 
sur  les  destinées  du  protestantisme  en  Autriche-Hongrie,  Bohême, 
Moravie,  Silésie,  Galicie  et  Transylvanie.  C'est  un  important  cha- 
pitre d'histoire,  —  à  peu  près  entièrement  (2)  négligé  jusqu'ici 
par  les  biographes  de  Calvin,  —  et  «que  l'anniversaire  de  I90fl 
aura  heureusement  fait  sortir  de  la  plume,  si  compétente,  du 
biographe  du  réformateur  Jean  Mathesius  (3).  N.  W. 


Documents  inédits  sur  le  protestantisme  à  Vitry-le-François, 
tpense,  Heiltz:le-Maurupt,  Nettancourt  et  Vassy(i). 

Avec  ce  troisième  volume,  digne  des  précédents  que  nous 
avons  signalés  ici-même  (Bull.  XXXVII,  p.  327  ;  X.LU,  p.  105  . 

(1)  Quelques  exemplaires  de  ce  portrait,  tirés  à  part  et  pourvus  d'une  lé- 
gende sont  en  vente  chez  M.  Fichbacher,  33,  rue  de  Seine. 

(2)  M.  Walker  y  louche  néanmoins;  —  cf.  aussi  une  note  du  Bulletin  rte 
1893,  p.  5;»2.  —  A  relever,  dans  ce  livre,  p.  22S5,  entre  autres,  cette  phrase 
Caractéristique  d'une  lettre  (non  réimprimée  dans  les  Opéra)  de  Calvm  à 
J.  Augusta  (2!)  juillet  1Î540)  :  «  Si  je  dois  me  marier,  je  le  ferai  pour  «pie.  dé- 
charge de  beaucoup  d'embarras,  je  puisse  mieux  servir  le  Seigneur.  « 

(3)  Au  dernier  moment  je  recois  aussi  un  petit  recueil  de  Poésies  hugue- 
notes que  M.  Daniel  Benoît  a  fait  paraître  à  Toulouse  (Soc.  des  public,  mo- 
rales) à  l'occasion  du  même  anniversaire  calvinien. 

(4)  Depuis  la  fin  des  guerres  de  religion  jusqu'à  la  Révolution  française. 


CH  B  0  N I Q  U  E   L 1 TTÉ  R  A I R  E 


279 


LUI,  p.  c275  ;  LV,  p.  167),  M.  G.  Hérelle  achève  son  histoire  docu- 
mentaire du  groupe  des  Églises  réformées  de  la  région  de  Vitry. 
En  mesurant  la  somme  énorme  de  recherches  et  de  labeurs  que 
cet  ouvrage  représente  on  pourrait  presque  se  demander  si  la 
destinée  de  cinq  petites  communautés  provinciales,  fraction  mi- 
nime d'une  Église  qui  fut  elle-même  en  France  une  minorité, 
valait  la  peine  d'être  racontée  avec  un  tel  luxe  de  documents  et 
une  pareille  abondance  de  preuves. 

Mais  en  achevant  la  lecture  de  ce  livre,  on  est  obligé  de  recon- 
naître que  l'auteur  n'a  pas  perdu  son  temps  et  que  cette  recons- 
titution produite  à  l'aide  de  tant  de  matériaux  retrouvés  et  réunis 
dépasse  infiniment  les  limites  de  ce  petit  coin  de  Champagne 
et  l'intérêt  confessionnel  ou  généalogique  de  quelques  familles 
dispersées  ou  éteintes. 

C'est  une  histoire-type,  en  quelque  sorte,  et  qui  n'avait  pas 
encore  été  écrite  avec  les  procédés  critiques  et  la  méthode  rigou- 
reuse que  nous  trouvons  clans  l'ensemble  et  dans  les  plus  petits 
détails  des  travaux  de  M.  Hérelle.  Sans  faire  tort  aux  monogra- 
phies qui  ont  été  rédigées  antérieurement  pour  telle  autre  pro- 
vince, on  peut  dire  que  l'historien  du  protestantisme  dans  n'im- 
porte quelle  région  trouvera  profit  à  s'inspirer  de  ce  modèle. 
L'auteur  ne  plaide  pas,  il  ne  s'indigne  pas,  on  pourrait  dire  qu'il 
raconte  à  peine.  Et  cette  masse  de  menus  faits,  de  noms  propres, 
de  textes  qui  auraient  isolément  peu  d'importance  acquiert  une 
valeur  historique  considérable  parles  rapprochements  et  les  con- 
clusions qui  s'imposent  au  lecteur  le  plus  prévenu.  Si  Elie  Benoît, 
pour  ne  citer  qu'un  de  nos  anciens  historiens,  avait  apporté  cet 
ordre  et  ce  savoir-faire  à  la  mise  en  œuvre  des  matériaux  énormes 
qu'il  a  plutôt  remués  que  classés,  nous  posséderions  l'histoire 
générale  et  définitive  du  protestantisme  français  qui  est  encore  à 
écrire. 

Les  cinq  parties  de  cet  Appendice,  précédées  de  douze 
pages  de  bibliographie  des  sources  manuscrites  et  imprimées 
et  suivies  de  copieux  errata,  comprennent  :  1°  (p.  15  à  95)  : 
une  chronique  substantielle  de  chacune  des  Églises  de  l'ancien 
colloque  de  Vitry,  depuis  l'évangélisation  du  Perthois  par  Forne- 
let.  La  liste  des  pasteurs  jusqu'à  la  Révocation  y  est  donnée  avec 
les  détails  biographiques  qui  ont  pu  être  retrouvés,  ainsi  qu'un 
aperçu  statistique  de  la  population  de  chacune  des  communautés, 
et  les  noms,  par  ordre  alphabétique,  des  principales  familles. 
M.  Hérelle  a  eu  acGès  à  des  archives  particulières  qui  ont  révélé 

recueillis  et  publiés  par  G.  Hérelle,  professeur  de  philosophie,  correspondant 
honoraire  du  Ministère  dé  l'Instruction  publique  —  tome  111  Appendice  : 
Chronique  sommaire  des  Églises.  —  Conversions.  —  Inhumations.  —  Fugi- 
tifs et  réfugiés.  —  Biens  confisqués.  1  vol.  in-8°,  525  pages.  Paris,  Alphonse 
Picard,  éditeur,  1908. 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


des  faits  inédits,  comme  par  exemple  les  dragonnades  de  Nettan- 
court,  l'apostasie  du  pasteur  Serval,  l'origine  du  célèbre  Lestocq. 
issu  d'une  très  modeste  famille  d'Heiltz-le-Maurupt,  etc. 

2°  (P.  97  à  176)  un  chapitre  très  documenté  sur  les  conversions 
extorquées  par  la  force  ou  l'adresse,  aux  environs  de  la  Révocation. 
Tout  une  organisation  avait  été  créée  pour  séduire  ou  intimider 
les  réformés  de  la  région.  Le  registre  des  abjurations  de  l'évêché 
de  Châlons  contient  1275  noms.  En  outre,  M.  Hérelle  a  extrait 
d'autres  documents  un  grand  nombre  d'autres  noms  qu'il  a  dis- 
posés en  listes  alphabétiques.  Le  succès  des  convertisseurs  fut 
plus  apparent  que  réel,  et  l'enquête  de  1698  prouve  que  dès  que 
la  persécution  se  relâcha,  presque  tous  les  nouveaux  convertis 
qui  n'étaient  pas  sortis  du  royaume  renoncèrent  aux  pratiques  du 
catholicisme  pour  revenir  à  leurs  premières  croyances. 

3°  (P.  177  à  206)  des  notes  sur  les  inhumations  de  religionnaires 
sans  poursuites  criminelles,  il  est  vrai,  mais  dans  la  forme 
odieuse  que  relate  par  exemple  le  procès-verbal  des  funérailles 
de  Mme  de  ïhoiras,  au  château  du  Tronc  (p.  199.).  Le  corps  est 
transporté  le  soir  dans  une  .fosse  creusée  entre  deux  allées  de 
charmes,  sans  aucune  cérémonie,  après  quoi  la  terre  est  foulée 
aux  pieds  par  quatre  domestiques,  en  présence  de  la  famille.  Sou- 
vent les  cadavres  étaient  enfouis  dans  «  un  détour  de  la  maison  » 
de  sorte,  remarque  M.  Hérelle,  «  que  la  ville  de  Vitry  et  ses  envi- 
rons se  peuplèrent  de  lombes  éparses  ;  et  les  morts  demeurèrent 
au  milieu  des  vivants  comme  pour  entretenir  chez  leurs  coreli 
gionnaires  de  farouches  rancunes  ». 

4°  (P.  207  à  486)  Dès  le  xvi0  siècle  beaucoup  de  Champenois 
avaient  échangé  contre  la  liberté  de  conscience  des  pays  évangé- 
liques  l'existence  précaire  que  l'intolérance  des  adversaires  leur 
faisait  dans  leur  patrie.  Plusieurs  familles  étrangères  ont  leurs 
ancêtres  dans  nos  vieilles  provinces  françaises.  Mais  c'est  sur- 
tout au  xvne  siècle  que  le  mouvement  d'émigration  se  dessina. 
M.  Hérelle  fait  l'histoire  du  Uefuge  et  montre  un  commence- 
ment d'exode  de  166*5  à  1669,  puis  la  fuite  en  masse,  vers  sep- 
tembre 1685.  Des  émigrés,  les  uns  comme  M.  de  Beauvau 
d'Épense  et  l'apothicaire  Garnier  sont  autorisés  ;  d'autres  comme 
les  ministres,  les  relaps,  les  galériens  graciés  sont  bannis;  le  plus 
grand  nombre  enfin  sont  fugitifs,  malgré  les  édits.  La  ville  de 
Vitry  se  vide  de  ses  meilleurs  éléments  et  cette  «  désertion  » 
amène  sa  déchéance.  L'auteur  a  eu  la  patience  de  suivre  en  An- 
gleterre, en  Hollande,  en  Suisse,  en  Allemagne,  les  réfugiés  de 
Vitry  et  des  environs  et  en  a  dressé  -  on  devine  au  prix  de 
quelles  recherches  —  un  catalogue  biographique  qui  est  assuré- 
ment la  partie  la  plus  méritoire  de  son  livre.  Sous  398  noms  de 
famille,  il  comprend  2067  noms  de  personnes,  dont  la  ville  de  Vi- 


CHRONIQUE  L  l  TT  ÉRAIR  E 


281 


try  fournit  à  elle  seule  la  moitié.  Plusieurs  occupèrent,  à  l'étranger, 
de  hautes  fonctions.  Six  furent  membres  de  l'Académie  de  Berlin, 
"2  de  la  Royal  Society  de  Londres,  25  ministres  de  l'Évangile, 
37  officiers,  40  médecins,  apothicaires  et  chirurgiens.  Tous  les 
corps  d'état,  toutes  les  industries  ont  leurs  représentants.  (Les 
2  marchands  de  cheveux  p.  485,  ne  seraient-ils  pas  des  marchands 
de  chevaux?  ?)  En  général  les  réfugiés  champenois  furent  bien 
accueillis,  mais,  parfois,  le  pain  de  l'exil  était  amer.  (Voir  p.  ex. 
p.  138  les  difficultés  suscitées  par  les  gantiers  de  Zurich,  ou 
p.  i63  l'anecdote  comiquement  navrante  sur  le  proposant  Varin 
et  l'algarade  qu'il  s'attira  de  la  part  du  roi  Frédéric-Guillaume 
pour  s'être  habillé  à  la  française  trop  élégamment  au  gré  du  rude 
monarque.) 

5°  (P.  487  à  508)  La  confiscation  opérée  sur  les  biens  des  con- 
sistoires et  des  fugitifs  donne  lieu  à  une  étude  des  plus  appro- 
fondies. L'usage  fait  des  biens  saisis,  l'administration  de  ces  biens, 
les  différents  systèmes  essayés  par  le  fisc  pour  en  tirer  parti,  l'in- 
succès moral  et  matériel  de  l'opération,  ont  été  examinés  avec 
soin  par  M.  Hérelle,  et  l'aridité  des  documents  analysés  n'em- 
pêche pas  que  de  curieux  rapprochements  s'établissent  entre  les 
diverses  époques  où  d'analogues  «  modifications  de  propriété  » 
ont  eu  lieu.  Les  liquidateurs  des  biens  du  clergé  catholique  en 
1700  n'ont  eu  qu'à  s'inspirer  des  précédents  de  1685  pour  con- 
duire leurs  opérations,  et  ceux  de  nos  contemporains  qui  ont  à 
poursuivre  la  même  besogne  se  trouvent  en  présence  des  mêmes 
difficultés.  La  confiscation  de  1685,  si  elle  ruina  d'innombrables 
familles,  ne  procura  pas  à  l'État  «  tous  les  secours  qu'on  en  atten- 
doit  ».  Cela  devait  se  répéter,  mais  qui  donc  a  jamais  profité  des 
leçons  de  l'histoire? 

Remercions  encore  M.  Hérelle  du  monument  —  aere  peren- 
nius  —  élevé  par  sa  science  et  son  labeur  à  un  petit  peuple  qui, 
grâce  à  lui,  n'aura  pas  obscurément  souffert  et  lutté  pendant  deux 
siècles  pour  une  grande  cause  digne  d'un  meilleur  sort.  Ne  vou- 
dra-t-il  pas  achever  son  œuvre  en  sauvant  de  l'oubli  ce  qui  reste 
à  raconter  des  autres  protestants  de  Champagne,  ceux  de  Troyes, 
de  Châlons,  d'Ay,  de  la  Brie? 

H.  Dannreutuer. 


Fénelon  et  Mme  Guy  on  (1). 

Dès  1717  et  1718,  les  Lettres  de  Mrae  Guyon  et  ses  Discours  chré- 
tiens et  spirituels  donnaient  quelques  fragments  de  sa  correspon- 

(1)  D'après  M.  Maurice  Masson,  Hachette  1907.  XGV-379  p.  in-16.  3  fr.  50. 
Cf.  Revue  des  Deux  Mondes  (15  janv.  1909)  :  Fénelon  avant  le  préceptorat  du 
duc  de  Bourgogne,  par  M.  Strowski,  notamment  depuis  la  p.  294,  où  l'in- 
fluence de  MŒe  Guyon  est  aussi  fort  bien  caractérisée.  : 


282  CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 

dance  avec  Fénelon.  sans  toutefois  le  nommer.  Mais  ce  n'est  que 
juste  cinquante  ans  plus  tard  que  le  pasteur  piétiste  vaudois  Jean- 
Philippe  Dutoit,  dit  Dutoit-Mambrini,  ami  des  disciples  hollandais 
et  allemands  de  Mme  Guyon  et  disciple  enthousiaste  lui-même  de 
cette  «  femme  divine,  le  plus  grand  hérault  de  l'amour  pur,  la 
première  sainte  après  Marie  »,  comme  il  l'appelait,  publiait  à  Lyon 
(sous  le  titre  de  Londres)  une  nouvelle  édition  de  ses  Lettres 
chrétiennes  et  spirituelles.  Le  dernier  de  ces  cinq  volumes  était 
en  grande  partie  consacré  à  la  correspondance  secrète  de  Fénelon 
avec  son  amie,  c'est-à  dire  aux  lettres  inédites,  non  classées  d'ail- 
leurs, et  conservées,  semble-t-il,  dans  l'ordre  du  manuscrit,  re- 
trouvé, dit  Dutoit,  «  par  ce  qu'on  pourroit  appeler  un  tissu  de  mi- 
racles ».  Lorsqu'en  1828  l'abbé  Gosselin  publia  la  Correspondance 
générale  de  Fénelon  en  onze  volumes,  il  exclut  ces  lettres  dites 
secrètes,  assuré,  «  que  tous  les  lecteurs  judicieux  sauront  gré 
d'avoir  laissé  dans  l'oubli  des  pièces  manifestement  supposées  en 
tout  ou  en  partie  ».  Cet  arrêt  péremptoire  d'un  juge  qui  paraissait 
compétent  lit  que  depuis  lors  la  correspondance  secrète  resta 
inutilisée.  Guerrier  (1881)  et  P.  Janet(1892)  semblent  en  ignorer 
l'existence;  et  quand  (1892)  la.  Revue  internationale  de  V  enseignement 
réédita  les  trente-huit  lettres  de  Fénelon,  M.  Ritter  les  y  pré- 
senta comme  «  aussi  inconnues  que  si  elles  étaient  inédites  »; 
les  estimant  toutefois  authentiques,  sans  que  cet  aveu  soulevât 
la  discussion  attendue.  Seul  M.  Brunetière,  dans  son  Fénelon  de 
la  Grande  E  ne  g  dopé  die,  exprima  un  avis  sur  ces  documents  «  dont 
l'authenticité  n'est  pas  tout  à  fait  démontrée,  mais  paraît  intini- 
ment  probable  ».  Puis  le  silence  s'est  refait  et  n'a  pas  même 
été  interrompu  par  le  Fénelon  et  Bossuel  de  M.  Crouslé  (1894). 

Ce  sont  ces  lettres,  avec  les  réponses  de  Mme  G.  (ces  dernières 
en  petits  caractères  et  souvent  réduites),  que  M.  Maurice  Masson 
nous  offre  encore  une  fois  avec  des  notes  explicatives,  bibliogra- 
phiques, biographiques,  grammaticales,  etc.  et  une  substantielle 
et  judicieuse  introduction  critique  qui,  «  de  cette  authenticité  de 
vraisemblance  et  de  sentiment  »  qu'invoque  M.  Brunetière. 
«  voudrait  essayer  de  conduire  le  lecteur  à  une  certitude  ».  Car 
«  on  ne  trouvera  pas  dans  cette  correspondance  une  seule  proposi- 
tion théologique,  un  seul  conseil  de  direction  intérieure,  que  Féne- 
lon eût  pu  désavouer  plus  tard;  ce  sont  les  mêmes  goûts  spiri- 
tuels, les  mêmes  aspirations,  la  même  doctrine.  Dès  1 1>89 ,  en  par- 
lant du  pur  amour,  de  la  sainte  indifférence,  du  sacrifice  de  l'éter- 
nité, il  s'approche  des  formules  mêmes  où  il  s'arrêtera  huit  ans 
plus  tard  dans  les  Maximes.  Pour  lui  déjà,  le  vrai  christianisme  c'esl 
l'amoureuse  liberté  des  enfants  de  Dieu,  suivant  son  impulsion 
en  toute  souplesse  et  petitesse  et  humblesse  d'esprit,  sans  motif 
intéressé  et  sans  crainte  servile,  c'est  ce  haut  idéal  de  Sainteté 


GHRONIQ UE  LÎTT ÉRAT RE 


283 


affranchie,  dont  les  Lettres  spirituelles  sont  le  manuel  admirable. 
Dans  les  deux  correspondances,  c'est  le  môme  vocabulaire,  parfois 
très  spécial  dans  sa  technicité  mystique...  11  suffit  de  lire  une 
lettre  de  Fénelon  avec  la  réponse  de  M"10  G..,  pour  sentir  immé- 
diatement, par  le  contraste  des  «  écritures  »,  l'authenticité  de 
toutes  deux  ». 

Outre  l'histoire  et  l'authenticité  de  la  correspondance  secrète, 
l'introduction  de  M.  Masson  en  expose  l'état  actuel  et  raconte  tout 
le  détail  des  rapports  entre  les  deux  correspondants,  depuis  leur 
rencontre  préparée  à  Beynes,  chez  la  duchesse  de  Charost  en 
octobre  1688,  alors  que  «  dans  l'abbé  mondain,  presque  précieux 
(il  avait  37  ans)  restait  quelque  chose  du  Gascon  idéaliste  :  esprit 
ardent,  imagination  aventureuse  et  privée  du  sens  de  l'impossi- 
ble, mêlant  dans  ses  aspirations  et  dans  ses  projets  le  fantas- 
tique et  le  réel.  » 

Nous  ne  pouvons  suivre  ici  les  péripéties,  les  causes,  les 
troubles,  les  singularités,  de  cette  amitié  si  importante  pour  la 
psychologie  religieuse  et  même  la  psychologie  tout  courtu 
Disons  seulement  que  les  lettres  de  Mme  G.  expliquent  «  comment 
certaines  préoccupations  religieuses  manquent  à  l'œuvre  de  Féne- 
on,  comment  d'autres  y  prédominent  et  en  négligant  les  pué- 
tilités,  ou  les  bizarreries  d'expressions,  on  y  verra  présentées,  sous 
une  forme  moins  habile  et  plus  diffuse,  les  idées  mêmes  que  F. 
plus  tard  apportera  en  remède  à  ses  dirigés  ».  Rappelions  aussi 
qu'alors  «  il  avait  déjà  une  petite  santé  vacillante,  qu'il  soignait 
comme  un  vieillard  »  ;  qu'  «  au  1er  choc,  il  avait  le  corps  et  le 
cœur  en  souffrance  »  ;  qu'  «  à  cet  homme  faible  »  et  pourtant  ar- 
dent, «  qui  ne  se  trouvait  aucune  consistance  en  aucun  sens,  il 
fallait  un  soutien  et  un  réconfort,  »  que  «  l'amitié  lui  était  in- 
dispensable... moins  encore  pour  s'appuyer  sur  elle  que  pour  lui 
dire  tout,  pour  décharger  en  elle  un  cœur  fragile  qui  ne  pouvait 
garder  ses  émotions,  et  où  les  peines,  trop  longtemps  contenues, 
auraient  grossi  jusqu'à  le  crever  »  (p.  lxxxiii.  Ce  sont  les  propres 
termes  de  Fénelon.) 

Enfin,  pour  effleurer  encore  une  tout  autre  face  du  problème, 
n'oublions  pas  «  l'admirable  souplesse  de  son  tempérament  mé- 
ridional ».  Car  certaines  contradictions,  certaines...  inconsé- 
quences obligent  M.  Masson  à  rappeler  «  qu'il  était  un  pur  Gascon 
et  que  la  vérité  a  plus  de  souplesse  sur  les  bords  de  la  Dordo- 
gne  »,  et  à  parler  même  d' «  un  fond  de  mensonge  et  d'insincé- 
rité  »  que  Fénelon  d'ailleurs  «  confessait  avec  une  très  belle  hu- 
milité »,  puisque  «  tout  homme  est  menteur  »  (p.  xvm). 

Quant  aux  lettres  elles-mêmes,  l'ensemble  de  la  doctrine  quié- 
tiste  est  trop  connu  pour  qu'il  soit  nécessaire  d'en  donner  ici  des 
extraits.  Au  milieu  de  beaucoup  de  verbiage  et  de  puérilités,  elles 


284 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


renferment  des  pensées  admirables,  des  images  belles  ou  tou- 
chantes, et  de  profondes  expériences  psychologiques,  susceptibles 
d'intéresser  le  lecteur  le  moins  théologien.  Car,  on  l'oublie  trop 
souvent,  la  psychologie  religieuse  n'est  pas  un  champ  à  part  et 
qui  puisse  être  séparé  à  volonté  du  domaine  général  de  la  psycho- 
logie; c'en  est  au  contraire  la  partie  centrale,  et  vouloir  l'exclure 
de  son  investigation,  c'est  se  condamner  à  ne  connaître  que  les 
abords  et  à  ignorer  le  fond  même  du  cœur  humain.  Qu'on  le 
veuille  ou  non,  le  sentiment  religieux  se  mêle  à  toutes  les  ma- 
nifestations de  la  vie  psychique  et  son  absence  fait  aussitôt  appa- 
raître toute  existence  comme  décolorée,  flétrie,  superficielle  et 
partant  sans  lendemain. 

Les  139  lettres  sont  suivies  de  17  poésies  spirituelles  échangées 
entre  F.  et  Mme  G.  et  dont  «  l'authenticité  ne  saurait  faire  de 
doute  »,  mais  qui  n'enrichiront  guère  ni  la  littérature  française, 
ni  la  poésie  religieuse. 

Enfin,  un  triple  index,  grammatical  et  sémantique,  du  vocabu- 
laire mystique,  et  des  noms  propres,  clôt  ce  volume  indispen- 
sable à  tous  ceux  qui  voudront  se  familiariser  avec  le  quiétisme. 
c'est-à-dire  avec  une  des  pages  les  plus  curieuses  de  l'histoire 
religieuse  et  une  des  faces  les  plus  instructives  du  problème 
religieux. 

Tu.  Soi. 


Les  Origines  de  la  Réforme.(l) 

Le  t.  I  de  l'ouvrage  de  M.  Imbart  de  la  Tour  a  été  «  consacré 
à  l'étude  du  milieu  social  où  la  Réforme  a  pris  naissance  (2).  »  C'est 
le  milieu  moral  et  religieux  que  «  veut  décrire  le  présent  volume  ». 
Celui-ci  établit  dès  l'abord  «  qu'il  serait  puéril  de  contester  que, 
dans  la  2e  moitié  du  xve  siècle,  le  catholicisme  ait  traversé  une 
crise  redoutable  »  qui  «prépare  et  explique  en  partie  les  déchire- 
ments qui  vont  ébranler  l'Europe  ».  Car  l'agonie  du  moyen  âge 
«  n'entraîne  pas  seulement  des  changements  profonds  dans  la 
structure  des  États  :  elle  provoque  des  transformations  dans 
l'Église  même.  Elle  agit  sur  son  action  (sic)  extérieure  et  publique» 
aussi  bien  «  que  sur  l'état  intérieur  »  et  «  sur  le  système  intel- 
lectuel ».  Quant  «  à  présenter  le  catholicisme  comme  en  pleine 
dissolution,  incapable  de  se  régénérer  lui-même,  rendant  ainsi 
inévitable  et  nécessaire  une  forme  nouvelle  du  christianisme  », 
cela  «  paraît  être  une  opinion  assez  commune  »,  mais  «  il  est 
douteux  qu'elle  réponde  à  la  réalité  ».  Car  «  la  Réforme  n'est  point 
venue  au  moment  où  l'état  de  l'Église  était  le  plus  corrompu, 

(1)  D'après  M.  Imbart  de  la  Tour,  t.  II.  L'Église  Catholique,  la  crise  c! 
la  Renaissance.  Hachette,  1909.  VII 1-592  p.  7  f,  50, 

(2)  Voy.  Bulletin  tic  I905,p.  864, 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


285 


sans  espoir  de  relèvement  possible,  mais  à  une  époque  où, 
comme  toutes  les  autres,  l'institution  religieuse  réparait  ses 
ruines».  C'est  «un phénomène  analogue  à  celui  que Tocqueville  a 
observé  pour...  la  Révolution  »,  qui  «  se  faisait  déjà  avant  1789  ». 
El  Fauteur  se  demande  si  «  nos  historiens  ont  prêté  une  attention 
suffisante  à  ce  travail  intérieur  du  catholicisme,  avant  Luther  ». 
Cette  considération  l'«  a  conduit  à  restituer  au  grand  effort  de  ré- 
génération religieuse  tout  son  rôle  dans  l'histoire  des  premières 
années  du  xvie  siècle  »  et  à  se.  demander,  d'autre  part,  «  dans 
quelle  mesure  ce  progrès  de  la  conscience  chrétienne  était  en 
harmonie  ou  en  contradiction  avec  la  culture  nouvelle  de  l'Eu- 
rope». En  effet,  ne  voyant  dans  «la  restauration  de  l'art,  de  la  lit- 
térature, de  la  philosophie  antique  qu'une  réssurrection  du  paga- 
nisme »,  certains  «  historiens  ont  conclu,  ou  à  l'opposition  de  la 
Renaissance  et  du  catholicisme,  ou  à  la  corruption  du  catholicisme 
par  la  Renaissance  »,  ramenant  «  ainsi  le  problème  des  origines  de 
la  Réforme  aune  évidente  simplicité... Cette  explication  peut  être 
celled'une  doctrine  métaphysique»,  mais  l'auteur  ne  pense  point 
qu'elle  soit  celle  de  l'histoire.  Tout  au  moins  ne  peut-elle  rendre 
compte  de  certains  faits,  de  celui-ci,  entre  autres,  que  la  hiérar- 
chie et  les  grands  esprits  du  catholicisme  aient  adopté  la  culture 
nouvelle,  et  en  l'adoptant,  n'aient  pas  cru  déformer,  mais  élargir 
la  religion...  L'auteur  ne  se  flatte  pas  de  résoudre  ces  problèmes», 
mais  «  a  conscience  au  moins  de  ne  se  prononcer  que  sur  un  en- 
semble de  documents  qui  autorisent  à  conclure  »,  et  «  de  ne  point 
séparer  l'histoire  de  la  religion,  de  l'histoire  de  la  société  »;  il 
affirme  que  l'Histoire  des  Papes,  de  M.  Pastor,  l'a  «  beaucoup 
aidé  dans  ses  recherches  ». 

Tel  est  le  résumé  de  la  Préface  et  voici  maintenant  le  plan  de 
l'ouvrage  :  I.  Théocratie  et  nationalisme  :  La  papauté  à  la  fin  du 
moyen  âge  ;  le  gallicanisme  ;  le  concile  de  Pise.  —  II.  Les  abus  ; 
l'anarchie  organique  ;  le  désordre  des  bénéfices  ;  la  fiscalité  ;  la 
crise  morale.  —  III.  La  culture  nouvelle  ;  caractères  généraux  de 
la  révolution  intellectuelle  ;  la  Renaissance  française  ;  l'huma- 
nisme chrétien.  —  IV.  Léon  X  et  la  Renaissance  religieuse  :  le 
Concordat  de  1516  ;  les  réformes  (spontanée,  administrative,  con- 
ciliaire) ;  la  vie  intellectuelle. 

Dans  tout  le  cours  de  cet  exposé,  la  préoccupation  du  protes- 
tantisme se  fait  sentir  pour  ainsi  dire  à  chaque  page;  son  ombre 
plane  sur  tout  le  récit  et  son  influence  latente  provoqué  des  réac- 
tions constantes.  Mais  il  est  rarement  pris  à  partie  directement,  on 
le  combat  presque  toujours  sans  le  nommer;  on  se  contente  de 
faire  sentir  discrètement  qu'il  est  de  trop,  qu'on  se  serait  fort  bien 
passé  de  lui,  que  tout  était  en  meilleure  voie  de  s'arranger,  quand 
il  est  venu  tout  gâter,  en  véritable  enfant  terrible.  Nous  ne  suivrons 


286 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


pas  Fauteur  sur  ce  terrain.  Car  rien  n'est  plus  facile  que  de  recons- 
truire l'histoire  comme  elle  aurait  pu  ou  dû  se  développer,  si  tel 
ou  tel  fait  ne  s'était  pas  produit.  C'est  là  le  domaine  de  la  fantai- 
sie. Nous  ne  voulons  nous  occuper  que  de  ce  qui  est  ou  a  été,  con- 
vaincu que  ce  qui  se  produit  doit  se  produire  selon  des  lois  que 
nos  chétifs  raisonnements  humains  ne  sauraient  influencer,  étant 
à  peine  capables  de  les  entrevoir  ou  de  les  deviner. 

Parmi  les  passages  à  noter  comme  particulièrement  caractéris- 
tiques ou  comme  répondant  plus  spécialement  aux  préoccupations 
ordinaires  de  ce  Bulletin,  citons  la  fin  du  livre  II,  sur  les  consé- 
quences de  la  décadence  morale,  l'hostilité  de  l'opinion  publique, 
l'affaiblissement  du  gouvernement  spirituel,  le  clergé  cessant 
d'être  l'organe  directeur  de  la  nation;  ou  tout  le  chapitre  sur  l'hu- 
manisme (p.  397),  qui  combat  les  tendances  directrices  du  catho- 
licisme médiéval,  à  savoir  la  tendance  intellectualiste  et  la  ten- 
dance sociale,  et  renouvelle  la  religion,  en  la  considérant  moins 
comme  un  système  que  comme  une  vie,  en  ne  cherchant  plus  dans 
la  théologie  une  extension  syllogistique  du  dogme,  mais  l'étude 
de  la  parole  de  Dieu,  en  limitant  l'autorité  du  dogme,  réagissant 
contre  les  pratiques,  développant  la  liberté  intellectuelle,  la  vie 
intérieure  et  le  sens  spirituel  du  christianisme,  affaiblissant  en  un 
mot  le  sens  social  du  catholicisme  au  profit  de  l'individualisme 
religieux,  et  ne  cherchant  à  réformer  l'Église  que  par  le  progrès 
intérieur,  la  diffusion  de  l'Évangile  et  une  renaissance  de  l'Apos- 
tolat; —  ou  encore  l'avortement  de  la  réforme  générale  (p.  525), 
le  retour  aux  anciens  abus,  l'échec  partiel  de  la  réforme  intérieure 
et  monastique,  qui,  devenue  une  opération  de  police,  provoque  la 
haine  et  la  révolte  dans  les  corps  religieux;  —  ou  enfin  les  dévia- 
tions de  l'humanisme  (p.  563).  qui  ne  réussit  pas  à  restaurer 
l'unité  intellectuelle;  le  courant  mystique  et  fidéiste,  qui  remonte 
à  Lefèvre,  est  dirigé  à  la  fois  contre  la  scolastique  etlhumanisme 
et  prétend  conduire  par  le  mysticisme  à  la  révélation. 

Tu.  Sou. 


La  bourgoisie  française  au  XVIIe  siècle  (1). 

Cette  étude  sociale  veut  ressusciter  une  «  classe  de  la  société,  dé- 
gagée du  fatras  de  l'histoire  générale  et  envisagée,  au  point  de  vue 
de  la  vie  publique  et  politique,  dans  son  action  exclusivement 

(1)  La  vie  publique  —  Les  idées  et  les  actions  politiques.  1604-1661.  Av,v 
8  planches  hors  texte.  Alean,  1908,  in-8°  de  432  p.  l'ai1  N.  Ch.  Normand,  l'au- 
teur de  l'Histoire  Ancienne  des  peuples  de  l'Orient. 

Cf.  G.  Fagniez  La  femme  et  la  société  française  dans  la  première 
du  xv.ii8  siècle  :  l'enfance  et  l'éducation,  dans  U  Revue  des  Deux  Mondes  du 
15  janvier  1909. 


CHRONIQUE  LITTÉ RA1R E 


487 


personnelle  ».  La  classe  moyenne,  dont  il  s'agit  ici,  «  a  joué  sous 
l'ancien  régime,  un  rôle  capital.  Par  la  puissance  économique  que 
lui  assure  le  développement  du  commerce  et  de  l'industrie,  par 
les  progrès  de  la  richesse  mobilière  qui  s"est  constituée  à  côté  de  la 
richesse  foncière,  par  la  valeur  politique  que  lui  apportent  les 
charges  administratives  dont  l'hérédité  est  établie,  par  les  services 
multiples  qu'elle  rend  à  l'autorité  royale,  elle  a  passé  depuis  long- 
temps au  premier  plan  de  l'histoire.  C'est  surtout  pendant  les  cin- 
quante premières  années  du  xviie  siècle  que  s'accomplit  cette  évo- 
lution intéressante.  Delà  l'importance  du  livre  où  M.  N.  étudîece 
grave  et  redoutable  problème  de  notre  histoire  politique,  économi- 
que et  sociale.  »  (Ch.  Dufayard,dansla  Revue  Universitaire  de  mars 
1909,  p.  273). 

Appliquée  à  l'époque  actuelle,  une  telle  étude  serait  bien  com- 
pliquée par  l'émiettement  de  la  classe  moyenne:  à  l'époque  choi- 
sie, elle  est,  non  seulement  encore  possible,  mais,  «  par  certains 
cotés,  profitable  même  au  temps  présent  »,  et,  de  plus,  a  l'avan- 
tage «de  nous  montrercomment  l'actionpolitique  d'uneclasse  sur 
laquelle  reposait  alors  presque  tout  l'effort  de  l'existence  nationale 
m  été  entravée  par  des  causes  purement  économiques  ».  Enfin, 
«  c'est  une  page  de  l'histoire  de  la  bourgeoisie  française  où  Ton 
retrouvera  peut-être  avec  surprise,  soulignés  par  les  contempo- 
rains, plus  d'un  trait  de  caractère  et  plus  d'une  tare  où  il  fallait 
bien  qu'il  y  eût  une  part  de  vérité,  puisqu'ils  servent  encore 
aujourd'hui  d'arguments  aux  adversaires  de  la  classe  moyenne  ». 

Deux  parties,  indiquées  par  le  sous-titre  :  ï  Vie  publique  «  de 
chacun  de  ces  petits  mondes  dont  l'ensemble  constituait  une 
organisation  forte  et  serrée  que  l'influence  de  l'argent  peut  seule 
dissoudre  »,  c'est-à-dire  «  étude  des  lois  financières  qui  ont 
modifié  cléplorablement  l'esprit  de  la  bourgeoisie  »  et  «  classe- 
ment hiérarchique  des  différentes  fractions  de  la  classe  moyenne  ». 
II.  Idées  et  actions  politiques,  soit  l'analyse  du  «  retentissement 
qu'eut  la  transformation  financière  de  la  bourgeoisie  sur  son  action 
politique,  et  des  «  mouvements  qu'elle  suscita  ou  laissa  faire  ». 
Quant  aux  deux  dates  extrêmes  de  1604  et  1661,  la  lreest  celle  «  de 
la  paulette  qui  créa  le  Droit  annuel,  assura  ainsi  l'hérédité  des 
offices  et  marque  un  moment  capital  dans  l'histoire  de  la  bour- 
geoisie française,  celui  où  elle  va  donner  naissance,  avec  la  com- 
plicité du  pouvoir,  à  une  ploutocratie  judiciaire  qui  essaiera  en 
vain  de  prendre  sa  part  du  gouvernement  de  l'Etat.  La  2e  date 
correspond  aux  débuts  du  pouvoir  personnel  de  Louis  XIV  :  elle 
marque  à  son  tour  un  point  non  moins  précis  et  non  moins 
déterminé,  celui  où  le  développement  et  l'action  politique  de  la 
classe  moyenne  subissent  un  arrêt  momentané,  dû  sans  doute  à 
l'autorité  absoluç  du  monarque,  mais  plus  encore  à  l'origine 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


financière  et  au  fonctionnement  vicié  par  l'argent  de  cette  nou- 
velle aristocratie  », 

L'auteur  juge  la  bourgeoisie  sévèrement.  Voici,  par  exemple,  ce 
qu'il  dit  de  sa  «  folie  française  des  offices  »  :  «  Cédant  à  l'instinct  de 
la  race,  fait  de  vanité,  d'économie  et  de  prévoyance  un  peu  mes- 
quine, les  parents  travaillèrent  désormais  avec  rage  pour  procu- 
rer à  leurs  enfants  l'accès  si  envié  de  cette  nouvelle  aristocratie. 
C'était  non  seulement  décrasser  la  famille  en  élevant  le  fils  plus 
haut  que  le  père,  mais  c'était  aussi  —  sentiment  bien  français  — 
assurer  à  l'héritier  du  nom  et  de  la  fortune  l'exemption  de  cer- 
taines charges,  une  position  fixe...  Les  petits  bourgeois  eux- 
mêmes  cédèrent  à  la  tentation...  La  vanité,  le  besoin  de  paraître, 
la  convoitise  de  la  situation  officielle  s'étendaient  ainsi  du  plus 
petit  au  plus  grand,  et  le  nombre  des  officiers  dépassa  presque 
le  chiffre  des  malheureux  citoyens  chargés  de  les  entretenir...  et 
partout,  dans  les  œuvres  sérieuses,  comme  dans  les  romans,  on 
voit  flétrir  cette  aristocratie  de  robe,  universelle  aragne,  qui 
s'étend,  attire  à  elle  toutes  les  forces  du  pays,  en  tarit  à 
son  profit  la  richesse  et  constitue  une  redoutable  association  qui 
n'a  qu'un  but,  reprendre  au  centuple  sur  le  justiciable  les 
sommes  considérables  qu'elle  a  été  obligée  de  verser  au  trésor  ». 

Un  dernier  mot.  On  s'attendrait  à  trouver  dans  ce  livre  des 
traces  de  l'influence  protestante,  alors  encore  puissante.  Il  n'en 
est  rien,  soit  que  les  huguenots  ne  se  fussent  pas  distingués,  sur 
ce  point,  de  leurs  concitoyens  catholiques,  soit,  espérons-le 
plutôt,  que  l'auteur  ait  laissé  volontairement  cette  influence  dans 
l'ombre.  Il  ne  la  signale  que  pour  la  fronde  bordelaise  (p.  401): 
«  Le  contact  continuel  des  commerçants  bordelais  avec  leurs 
clients  d'Angleterre  avait  émancipé  les  esprits,  les  souvenirs  et 
les  regrets  des  protestants  de  la  région  y  entretenaient  une 
opposition  sourde  que  la  moindre  occasion  pouvait  transformer 
en  guerre  ouverte.  Sous  cette  double  influence,  renforcée  par  des 
désirs  très  nets  et  très  précis  de  liberté  commerciale,  on 
remuait  à  Bordeaux  des  idées  singulièrement  plus  révolution- 
naires qu'à  Paris...  L'Angleterre,  qui  était  le  meilleur  marché  des 
crus  de  Bordeaux,  y  apparut  en  même  temps  comme  le  meilleur 
modèle  à  suivre  en  temps  de  révolution.  » 

Cette  page  est  la  seule  allusion  au  protestantisme  que  nous 
ayons  trouvée  dans  le  volume.  C'est  dire  qu'il  ne  rentre  qu'indi- 
rectement dans  le  domaine  de  notre  Bulletin. 

Th.  Sch. 


Le  Gérant  :  Fiscrbacher. 


Paris.  — Typ.  Ph.  Rknouard,  19,  rue  dos  Saints-Pères  2146. 


1j  U1N1UJN 

Compagnies  cl  Assurances  contre  l'Incendie  Fondée  en  1828 
et  sur  la  Vie  humaine 

Entreprise, privée  assujettie  au  Contrôle  de  l'État,  fondée  en  1829. 
SIEGE  SOCIAL  :  t>,  Place  Vendôme,  PAUIS 


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Garanties  au  31  Décembre  1901  : 

Capital  social   10.000.000 

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Prîmes  à  recevoir  108.035.231 


Sinistres  payés. 

DEPUIS  L'ORIGINE  DE  LA  COMPAGNIE  : 

350  MILLIONS 

DIRECTION 

MM!  Cerise  (baron  G.>,  •  iflf,   ancien    Inspecteur,  des  Fi- 
nances, Directeur. 
Alby,  Sous-Directeur. 

CONSEIL    ID  'JVID 

MM.  S.  DervilléC.  Présidentde  la'  Compagnie  des  chemins 
de  fer  de  Paris  à  Lyon  et  à  la  Méditerranée,  Cen- 
seur de  !a  Banque  de  France,  Administrateur  de 
la  Compagnie  Universelle  du  Canal  maritime  de 
Suez,  ancien  Président  du  Tribunal  de  Commerce 
de  la  Seine,  Président. 

A,  Mirabaud,  de  la  Maison  Mirabaud  et  Cie,  Ban- 
quiers ^Administrateur  de  la  Compagnie  des  Che- 
mins de  fer  de  Pan;  à  Lyon  ei  à  la  Méditerranée  et 
de  la  Compagnie  Algérienne,  Vice-Président.  .■ 

Eug.  Guët  de  la  maison  Guet  et  Cie,  banquiers. 

C.  Jameson,  ancien  associe  de  la  maison.  Hottinguer 
et  Cie,  Banquiers. 


UNION  VIE  4 

GARANTIES  :  18  2  MILLION 

Assurances  Vio  entière,  Mixtes,  Dotales,  etc.  S 
Assurances  populaires. 


AUGMENTATION  DU  REVENU* 

RENTES  VI AGE 


DIRECTIOIT 

MM.  Montferrand  (comte  Ch.  de),  ancien 
des  Finances,  Directeur. 
Le  Senne  (Eugène),  Direceur-àb'oint. 

Ivi;  IISTI  S  TRATI O  IN* 

MM.  G.  Mallet  de  la  maison  Mallet  Frères  et  Cie, "j 
quiers.  1 
J.  Marcuard  de  la  maison  Marcuard  et  Cie,  Bariqi 
G.  Sohier  O  iftf,  Administrateur  dû  Crédit  Foatfl 
France  et  de  la  Compagnie  des  chemins  «e  fç 
Paris  à  Lyon  et  à  la  Méditerranée,  ancien  Pr^sî 
du  Tribunal  de  Commerce  de  la  Seine.  ,j 
A.  Thurneyssen,  Administrateur  de  la  Cie  des  Chsi 
.  de,  fer  des  Landes.  /  ; 

F.  Vernes.  de  la  Maison  Vernes  et  Cie,  banqj 
Administrateur  de  la  Compagnie  du  Chemin  « 
du  Nord  et  de  la  Banque  Impériale , Ottomane^ 


CHEMINS  DE  FER  DU  MIDI 

,  Billets  d'aller  et  retour  individuels 

Pour  les  stations  hivernales  et  balnéaires  des 
Pyrénées. 

Billets  délivrés  toute  l'année  avec  réduction  de  25^  p.  100 
en  1«  classe  et  20  p.  100  en  .2»  et  3»  classe  dans  les  gares 
des  réseaux  du  Nord  (Paris-Nord  excepté),  de  l'Etat,  d'Or- 
léans et  dans  les  gares  du  Midi  situées  a  SO  kilomètres  au 
moins  deTa  destination.  — •  Durée  :  33  jours,  non  compris  les " 
jours  de  départ  et  d'arrivée. 

Faculté  de  prolongation  moyennant,  supplément  de  10  p.  100. 

Ces  billets  doivent  être  demandés  3  jours  à  l'avance  à  la 
gare  de  départ. 

Un  arrêt  facultatif  est  autorisé  à.  l'aller  et  au  retour  pour 
tout  parcours  de  plus  de  400  kilomètres 

Billets  de  famille 

Pour  les  stations  hivernales  et  balnéaires  des 
Pyrénées. 

Billets  délivrés  toute  l'année  dans,  les  gares  des  réseaux 
du  Nord  (Paris-Nord  excepté),  de  l'Etat,  d'Orléans,  du  Midi 
et  de  Paris-Lyon-Méditerranée  suivant  l'itinéraire  choisipar  le' 
voyageur,  et  avec  les  réductions  suivantes  sur  les  prix  du  tarif 
général  pour,  un  parcours  (aller  et  retour  compris)  d'au  moins  300 
kilomètres.  —  Pour  une  famille  de  2  personnes  20  p.  100,  de  S 
personnes  23  p.  100,  de  4  personnes  30  p.  100,  de  5  personnes  35 
p.  100,  de.  6  personnes  bu  plus  40  p.  100- 

Exceptionnellement  pour  les  parcours  empruntant  le  réseau  de 
Paris-Lyon-Méditerranée,  les;billets  ne  sont  délivrés, qu'aux  fa- 
milles d'au  moins  quatre  personnes  et  le-prix  s 'obtient  en  ajou- 
tant au  prix  de  6  billets  simples  ordinaires  le  prix  "d'un  de  ces 
billets  pour  chaque  membre  de  la  famille  en  plus  de  trois.  ' 

Arrêts  facultatifs  sur  tous  les  points  du  parcours  désignés  sur 
la  demande. 

-   Durée  :  33  jours,  non  compris  les  jours  de  départ  e.t  d'arrivée. 

Faculté  de  prolongation  moyennant  supplément  de  10  p.  100. 

Ces  billets  doivent  être  demandés  au  moins  4  jours  à  l'avance 
à  la  gare  de  départ. 

AVIS.  —  Un  livret  indiquant  enT  détail  les  conditions  dans 
lesquelles  peuvent  être  effectués  divers  voyages  d'excursions,  de 
famille,  etc.:,  sera  envoyé  gratuitement  à  toute  personne  qui  fera 
parvenir  au  Service  Commercial  de  la  Compagnie,  54,  boulevard 
Haussmann,  àParis  (IX*  arrondissement)  le  montant  de  l'arïran- 


CHEMINS  DE  FER  DU  NO 


Saison  des  Bains  de  mer  (Billets  à  prix  ré 

Pendant  la  saison  de  la  vei  lle  de  la  fête  des  Rames 

au  31  Octobrej  toutes  lesgares  du  chemin  de  fer  du  Norai 

vrent  d?s  billets  de  1>'C,  2<>  et  :k  classe  à  destination  des  ataU 
balnéaires  suivantes  r  BERCK  (station  du ■ehemin  de  ferïf 
rét  local),  BOULOGNE- VILLE  ou  TINTELLERIES  (Le  P<fi 
CALAIS.  CAYEUX  'station  du  chemin  de  fer  d'intérêt M 
CONCHIL-LE-TE.MPLE  (plage   de  Fort-Mahon).  DAMH 
CAMIERS  (plage  Sainte-Cécile  ou  Saint-Gabriel).  DUNKBB8 
(plage  de  Mâlo-les-Bains  et  de  Rosandael),  ETAPLES  (Paris 
station  du  chemin  de  fer  électrique),  EU  (plage.du  Bourg 
et  d'Onival),  GHYVELDE  i Br ay-D unes),  G RA  VELINES 
Fort-Philippe)  LE  CROTOY  (chemiri  de  fer  d'intérêt 
Noyelles),  LEFRINCXOUCKE  (plage  de  Mâlo-TeriiiinUs 
T  REPORT-MERS,      I.OON-PLAGE,  MARQUISE-RIN: 
(plage  de  Wissant),  NOYELLES,  Q  U  EN  D  -FO  RT-M  A  II  ON  ( 
de  Quend  et  de  Fort-Mahon),  ST- VALERY-sur-SOMMï 
MILLE-WIMEREUX  (plages  de  Wimereux,  Audressèllesi 
bleteuse),NOINCOURT  (plages  du  bourg  d'Ault  et  d'Onival'  ' 
COOTE  (Nord  Plage).  11  existe  trois  catégories  de  billet 
|«  Billets  de  saison  (1)  delte,  2«,  et  3»  classe,  vala 
dant  33  jours,  non  compris  le  jour  de  l'émission,  avec  f 
prolongation  pendant  plusieurs  périodes  de   ifi  je 
condition  d'effectuer  un  parcours  minimum  de  100  kil 
retour.  Ces  billets,  créés  pour  les  familles,  sont  nymïnfll 
collectifs.il  est  accordé  une  réduction d'e  80  0/0  â;  chaque  r 
de  la  famille  en  plus  du  troisième  ;  les  billets  dont  il  "*'" 
vent  être  demandés  au  moins  4  jours  à  l'avance,  à  la 
voyage  doit  commencer.  , 

2°  Bill  ets  ne  bd  o  ma  d  a  i  res  et  carnets  d'à  I U 

tOur(l)de  1",  2«  et3eclasse.  Les  billets  hebdomadaire*  «fl 
labiés  pendant  5  jours,  du  vendredi  au  mardiet  de  Tavanfc| 
au  surlendemain  des  fêtes  légales.  Ces  billets  et  carnatssbn| 
viduels.  Les  prix  varient  selon  la  distanceet  présentent  de*" 
tions  de  23  à  40  0/0. 

Les  carnets  contiennent  cinq  billets  d'aller  et.retour  ctp 
être  utilisés  à  une  date  quelconque  dans  le  délai  de  33 
compris  le  jour  de  distribution. 

3°  Billets  d'excursion  (2)  ae  2e  et  3«  cl.,  desdima 
jours  de  fêtes  légales,  valables  pendant  une  journée, 
sont  individuels  ou  de  famille.  Pour  les  familles  (ascep 
descendants),  il  est  accordé  une  nouvelle  réduction  sur 
des  billets  individuels  d'excursion,  allant  de  S  à  2B  p.  ' 
que  la  famille  se  composede  2,  3,  4,  5  personnes  et  pi 

(1)  Les  billets  de  saison  et  les  billets  hebdomadaires 
labiés  dans  les  mêmes  trains  et  aux  mêmes  condition* , 
billets  ordinaires  du  service  intérieur. 

(2)  Les  billets  d'excursion  ne  sont  valables  que 
TRAINS  SPECIAUX  ou  dans  des  TRAINS  IHJ  SERVI* 


SOCIÉTÉ  DE  L'HISTOIRE 

du 

Protestantisme  Français 

Reconnue  d'utilité  publique  par  Décret  du  13  juillet  1870 

Bulletin 

PARAISSANT  TOUS  LES  DEUX  MOIS 

1 

Etudes,  Documents,   Chronique  littéraire 

LVIII*  ANNÉE 

SEPTIÈME    DE    U-A.     5'  SÉRIE 

Juillet-Août  1909 


PARIS 

Au  Siège  de  la  Société,  54,  rue  des  Saints-Pcrcs 

LIBRAIRIE  FISCHBACHER  (Société  anonyme) 

33,  rue  de  Seine,  33 


AVIS.  —  Ce  fascicule  renfermant  sept  feuilles  d'impression,  le  sui- 
vant n'en  renfermera  que  cinq. 


ÉTUDES  HISTORIQUES. 

■  Ch;  Bost. — "  Le  meurtre  du  consul  Louis  de  Bagars  (1691). 

Avec  une  carte ...  7.  .  .  ...  ...  .  .:  .  289 

DOCUMENTS. 

Jean  Meyhoffer.  —  Les  Commelins  de  Douai.  —  Jehan  Com- 
inelin  martyr  (lo67)     .  /„....  .  .  .   320 

Th.  Maillard.  —  Un  chapitre  de  géographie  huguenote.  — 
Le  Moyen-Poitou  protestant  au  milieu  du  XVIIIe  siècle. 

Avec  une  cart  .  ..  .  .  .........  ...  .  .  .......  .  328 

MÉLANGES.  '  - 

E.  Griselle.  — Avant  et  après  la  Révocation  de  l'Edit  de 
Nantes,  Chronique  des  événements  relatifs  au  Protestantisme,  de 
1682  à  1687  {{S  mars  —  27  avril  1686)  .  .  .  .  .  .  •'.  .  . .  .  .  .  -  361 

CHRONIQUE  LITTÉRAIRE.  : 
N.  Weiss.  —  Le  Jubilé  de  Calvin  en  Angleterre,  aux  Etats- 
Unis,  en  Allemagne,  en  France,  en  Suisse  et  à  Genève. 
—  Publications  parues  à  cette  occasion.  374 

ILLUSTRATIONS. 

Carte  des  Basses-Gévennes,  dressée  par  M.  Ch.  Bost  .  .*<  ....  .  297 

Le  versant  "Nord  du  Col  du  Mercou,  d'après  une  photographie    .  .  .  301 

Carte  du  Moyen- Poitou,  dressée  par. M.  Th.  Maillard.  ...  .  .  .  344-45. 

Carte  de  Noyon  et  des  envwohs,  dressée  par  M.  J.  Pannier  .  .  .  .  377 

Le  Porche  de  la  Cathédrale  de  Noyon,  d'après. une  photographie.  .  378 
L' Abside  de  la  Cathédrale  de  Noyon,  d'après  une  photographie  de 

M.  0.  Compiègne  à  Noyon   ....  .  .  .  .  .                        .  .  379 

Genève  .•  V angle  de  la  Corraterie  et  de  lapromenade des  Bastions  ;  — 
le  Collège  de  Genève  ;  —-  un  coin  de  Saint-Pierre,  clichés  prêtés 

par  l'Association  des  Intérêts  de  Genève       .  .  .        .  .  .  .  385-87 


RÉDACTION  ET  ABONNEMENTS 


Tout  ce  qui 'concerne  la  rédaction  du  Bulletin  :  doit  Être  adressé  a  M.  N.  "Wtttss,  secrétaire  de  la 
Société,.  54,  rue  des  Saints-Pères,  Paris  (VU"),  qui  rendra  compte  de  tout  ouvrage  intéressant  notre 
histoire,  dont  deux  exemplaires  Vseï ont  déposés,  à  cette  adresse.  Un  seul  exemplaire  donne  droit  à  une 
nnoncc  sur  cette  couverture. 

Le  Bulletin  paraît  tous  les  deux  mois,  en  cahiers  in-8* -  de  96  pages  avec  illustrations.  On  ne 
s'abonne  pas  pour  moins  d'une  année.  Tous  les  abonnements  datent  du  x"  Janvier  et  doivent  être 
soldés  à  cette  époque, 

Prix  de  l'abonnement:-  10  fr,  pour  la  France,  l'Alsace  et  la  Lorraine;  — -■•t2  fr.  50  pour  l'étian- 
ger  ;  —  6  fr.  pour  les  pasteurs,  instituteurs,  etc.,  de  France  et  des  colonies  françaises;  10  fr.  pour 
les  pasteurs  de  l'étranger.  > —  Prix  d'un  numéro  isolé  de  l'année  courante  et  de  la  précédente  à  fr. 
et  pour  les  autres  années,  selon  leur  rareté. 

La  voie  la  plus  économique  et  la  plus  simple  pour  le  payement  des  abonnements  est  l'envoi  d'un 
mandat-carie  au  nom  de  M.  Fischbacher,  libraiie,  vue  de  Seine,  33,  à  Paris,  ou  de  M.  N.  Wdss. 
secrétaire-trésorier,  54,  rue  des  Saints-Pères,  Paris  VII». 

Nous   ne  saurions  ,trop^  en&agir  nos  lecteur  s\  à  éviifr  tQUi  inierrnidiait  HMi 'me  celui  des  libraires. 


Études  Historiques 


LE  MEURTRE  DU  CONSUL  LOUIS  DE  BAGARS  (1691) 

Le  28  juillet  1691,  Carrier,  prêtre  et  prieur  de  La- 
salle  (Gard),  L.  Sarrasin,  prêtre  et  curé  du  même  lieu,  et 
Massabieau,  prêtre  et  prieur  de  Saint-Bonnet  de  Sallen- 
drenques,  inscrivaient  sur  le  registre  paroissial  de  l'Église 
de  Lasalle  les  mots  suivants  :  «  A  esté  enterré  dans  notre 
cimetière,  sieur  Louis  de  Bagars,  cy-devant  ministre, 
assassiné  par  le  chemin  de  Pommaretau  col  du  Marcou,. 
fusillé  et  percé  de  cinq  coups  de  dagues  en  haine  de  la 
R.  C.  A.  et  R.  que  Dieu  lui  avait  fait  la  grâce  d'embras- 
ser (1).  »  La  mort  de  Louis  de  Bagars  fut  attribuée  par 
Bâville  et  ses  subordonnés  à  cinq  prédicants  du  Langue- 
doc sur  lesquels  la  justice  du  roi  parvint  à  mettre  la 
main  :  Etienne  et  Paul  Plan,  Pierre  Gay,  Paul  Colognac,. 
et  Papus  de  la  Verdogie  dit  La  Bouvière.  Colognac  fut- 
condamné  par  l'intendant  comme  l'auteur  direct  du 
meurtre.  Quelques-uns  de  ces  accusés  ayant  été  défendus 
autrefois  par  Brousson  en  particulier  et  de  nos  jours  par 
M.  D.Benoît  qui  s'est  fait  spécialement  l'avocat  de  Colo- 
gnac, il  n'est  pas  indifférent  d'examiner  avec  quelque 
détail  si  l'intendant  s'est  trompé  dans  ses  réquisitions,  et 
si  c'est  «  calomnier  »  (2)  les  hommes  que  nous  avons  nom- 
més que  de  leur  attribuer  la  mort  de  l'ancien  pasteur. 

En  1682,  les  Bagars  comptaient  à  Lasalle  deux 
chefs  de  famille,  Louis  de  Bagars,  bourgeois  (66  ans) 
époux  de  Jeanne  de  La  Foux,  et  Jean  de  Bagars  (57  ans) 
consul  de  l'année,  notaire  depuis  1643,  époux  de  Mar- 

(1)  Mairie  de  Lasalle. 

(2)  Expression  ancienne.  Bull.  X,  274. 

Juillet- Août  1909.  ift 


390 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


guérite  de  Novis.  Le  5  février,  Jean  de  Bagars  vendit  son 
étude  à  Louis  Ressaire,  un  catholique,  originaire  de  la 
Bastide  d'Engras.  La  déclaration  du  Roi  «  pour  exclure  ceux 
de  la  R.  P,  R.  d'exercer  les  offices  de  notaire...  »  ne  de- 
vait être  datée  que  du  15  juin  1682,  mais  une  décision  de 
l'autorité  provinciale  précéda,  dans  le  Languedoc  au 
moins,  les  ordres  du  Roi,  car  les  cinq  notaires  protestants 
de  Lasalle  achèvent  leurs  registres,  en  1682,  par  des  actes 
qui  sont  compris  entre  le  29  janvier  et  le  12  février,  et 
Ressaire  seul  continue  leurs  fonctions  (1).  A  vrai  dire,  les 
notaires  réformés  essayèrent  de  tourner  laloi.  Le  registre 
de  Ressaire  pour  les  années  1682,  1683  et  1684  est  d'une 
telle  diversité  d'écritures  qu'il  est  certain  que  les  actes, 
s'ils  furent  signés  par  le  seul  tabellion  qui  eût  le  droit  de 
les  enregistrer,  furent  rédigés  par  ses  confrères  interdits. 
Jean  de  Bagars  demeura  protestant  jusqu'à  la  dragonnade. 
Le  11  octobre  1685,  il  abjurait  dans  l'église  de  Lasalle 
avec  son  futur  gendre  Ant.  Raujoux,  et  le  14  novembre, 
reprenait  l'enregistrement  de  ses  actes  notariés. 

Louis  de  Bagars,  le  frère  du  notaire,  avait  en  1682 
quatre  enfants  :  1°  Pierre,  docteur  en  droit,  juge  et  baillif 
de  Sallendrenque  ;  2°  Marguerite,  mariée  (à  Bréau)  avec 
Fulcrand  de  Quatrefages de  la  Roquette  (2)  ;  3°  Anne,  veuve 
de  Pierre  des  Vignolles  (3)  ;  4°  Louis,  le  ministre  qui  de- 
vait mourir  si  tragiquement. 

Nous  ne  connaissons  de  la  carrière  pastorale  de  Louis 
de  Bagars,  que  quelques  dates.  Le  3  mai  1671  il  est  ins- 
crit au  livre  du  Recteur  de  l'Académie  de  Genève  (4) . 
Le  5  mars  1677,  sa  signature,  avec  son  titre  de  «  propo- 

(1)  M.  P.  Gachon  (Quelques  préliminaires  de  la  Révocation...  en  Langue- 
doc), ne  parle  pas  d'une  mesure  de  ce  genre.  Mais  voir  :  Ribard,  Notes  d'His- 
toire Cévenole,  p.  25:>,  une  lettre  de  M.  Vcyret,  avocat  protestant  de  Nîmes, 
à  M.  de  Pépin,  Sieur  du  Cayla,  résidant  à  Valestalières  (Monoblet),  du 
22  lévrier  1682.  «  Les  procureurs  et  notaires  se  sont  dépouillés  de  leurs  charges 
sans  que  nous  en  ayons  perdu  aucun  (c.-à-d.  aucun  n'abjura],  ce  qui  donne 
du  chagrin  à.  nos  ennemis,  et  cela  a  fort  consolé  nos  Eglises.  » 

(2)  En  1087  elle  avait,  cinq  fils  et  deux  filles.  Son  mari  était  note  comme 
«  faisant  très  bien  »,  aux  yeux  de  l'Eglise  (Bull.  XLVllI,  G 1 1  ) . 

{'6)  En  tG91  elle  était  remariée  avec  Louis  Joubert,  capitaine  d'infanterie 
au  régiment  de  Flandre. 

(4)  Ludovicus  de  Jku/ars,  Sallensis  r.r  Gsbennis  maii. 


ÉTUDES  II  ISTORIQ LJ ES 


291 


saut  »,  figure  au  bas  d'un  acte  religieux  célébré  dans  le 
temple  de  Lasalle.  Le  15  juillet  1678,  dans  les  mêmes 
conditions,  il  signe  comme  <*  ministre  d'Aigremont  » 
(près  Lédignan,  Gard),  et,  le  17  mars  1679,  comme  «  mi- 
nistre de  S.  Félix  de  Palières  ».  Il  assiste  au  synode  pro- 
vincial du  Vigan  le  26  août  1681,  qui  examine  et  reçoit 
neuf  proposants  nouveaux,  et  il  est  désigné,  en  tant  que 
ministre  de  Saint-Félix,  en  même  temps  que  le  ministre 
Darvieu,  de  Soudorgues,  pour  imposer  les  mains  au  propo- 
sant Lsaac  Teissicr,  de  Durfort,  nommé  à  Saint-Roman 
de  Codières  (1).  Louis  de  Bagars  et  Darvieu  eurent  la  pru- 
dence —  qui  était  de  la  faiblesse  —  de  ne  point  se  mettre 
au  nombre  des  zélateurs  qui,  lors  des  mouvements  de 
1683,  encouragèrent  les  protestants  de  Saint-Hippolytc 
à  reprendre  et  à  continuer  leur  culte,  malgré  la  démolition 
de  leur  temple.  Ils  assistèrent  tous  deux,  mais  sans  être 
accompagnés  d'un  de  leurs  Anciens,  à  l'assemblée  convo- 
quée à  Colognac  (7  sept.  1683)  par  le  comte  du  Roure,  en 
vue  de  faire  cesser  l'exercice  illégalement  repris,  surent 
se  garder  de  toute  démarche  aventureuse,  et  demeurèrent, 
au  milieu  de  1684,  avec  le  pasteur  de  Durfort,  les  seuls 
ministres  de  la  région  à  qui  leurs  charges  eussent  été 
conservées,  leurs  collègues  et  voisins  de  Monoblet,  SLRo- 
roan  [de  Codières  et  Lasalle  ayant  dû  fuir  en  Suisse  pour 
éviter  de  cruelles  condamnations.  Le  4  juillet,  le  présidial 
de  Nîmes  décide  de  raser  les  temples  de  Cros,  Monoblet, 
Valestalières,  Colognac  et  Lasalle.  Le  temple  de  Saint- 
Félix,  qui  demeure  debout  encore,  réunit  le  dimanche, 
les  paysans  des  environs.  Des  réformés  de  Cros  y  viennent 
entendre  le  sermon,  des  protestants  de  Colognac  y  appor- 
tent des  enfants  au  baptême. 

Mais  les  circonstances  délictueuses  entraînant  la  sup- 
pression de  l'exercice  public  dans  une  communauté 
avaient  été  si  habilement  multipliées,  il  était  si  facile  à 
un  catholique  mal  intentionné  de  les  découvrir  ou  de  les 
faire  naître,  que  les  procès  s'accumulaient  contre  les  tem- 

(1)  Mairie  de  Lasalle.  François  Teissier...  par  J.-J.  Faure,  Lausanne,  1877, 
p.  78. 


292 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


pies  qui  subsistaient  encore.  Le  temple  de  Toyras  (annexe 
de  Saint-Félix)  est  condamné  le  20  février  1685,  celui  de 
Soudorgues,  le  21;  Saint-Félix  est  interditle  30  septembre. 
Il  ne  restait  que  Durfort,  qui  reçut  le  coup  de  grâce  le 
4  octobre  «  le  dernier  des  Cévennes  ».  A  cette  date,  la 
dragonnade  avait  commencé.  Montpellier  s'était  «  catholi- 
cisé  en  corps  de  communauté  »  le  29  septembre.  Nîmes 
avait  fait  de  même  le  3  octobre.  Le  11  octobre,  les  dragons 
étaient  à  Ganges;  le  15  ou  le  16  à  Lasalle.  Noailles  «  ne 
savait  plus  que  faire  des  troupes,  tout  se  convertissant 
dès  leur  arrivée  ». 

Les  pasteurs  n'étaient  point  encore  atteints  expressé- 
ment par  ces  mesures  violentes.  Aucun  acte  officiel  de  la 
cour  ne  les  avait  ordonnées.  Elles  ne  visaient,  en  Langue- 
doc, comme  dans  la  Guyenne,  le  Béarn  et  le  Poitou,  qu'à 
dresser  des  listes  de  convertis  si  nombreuses,  que  rien 
dès  lors  n'empêchât  le  roi  de  révoquer  l'édit  de  Nantesf 
devenu  inutile  par  la  disparition  des  protestants .  On  sait 
que  l'édit  de  Révocation  (du  18  octobre),  en  constatant 
le  fait,  édicta  des  mesures  propres  à  empêcher  tout  retour 
offensif  d'une  hérésie  vaincue,  chassa  de  France  les  pas- 
teurs qui  ne  voudraient  point  abjurer,  et  offrit  à  ceux  qui 
se  feraient  catholiques,  une  pension  viagère,  d'un  tiers 
plus  forte  que  les  émoluments  que  leur  avaient  servis  leurs 
Eglises.  137  pasteurs  du  Languedoc  quittèrent  la  province 
avec  des  passe-ports  réguliers  qui  leur  furent  accordés 
du  24  octoore  au  30  novembre  (1).  45  autres  préférèrent 
l'abjuration  à  l'exil  (2),  et,  parmi  eux,  quelques-uns  des- 
collègues les  plus  rapprochés  de  Louis  de  Bagars  :  Anni- 
bal  Darvieu,  de  Soudorgues,  qui  reçut  450  livres  de  pen- 
sion, Jean  Dumas  de  Durfort,  taxé  à  600  livres;  et  enfin 
Louis  de  Bagars  lui-même,  qui  se  contenta  de  350  (3). 

(1)  Arch.  Languedoc  (Préfecture  de  l'Hérault)  C.  279.  Etat  des  certificats 
donnés  aux  ministres  pour  sortir  du  roj/aume.  L'état  porte  le  nom  de  1  l.r>  pas- 
teur S,  mais  sur  le  nombre  8  abjurèrent,  dont  le  nom  se  retrouve  sur  la 
liste  mentionnée  dans  la  note  qui  va  suivre.  11  ne  faut  i>as  oublier  que  de 
nombreux  pasteurs  avaient  déjà  quitté  le  Languedoc  avant  les  jugements 
de  1684. 

(2)  Ibid.  C.  279.  Liste  publiée,  Bull.  XXXM,  '.08. 

(3)  En  valeur  actuelle,  la  livre  représentait  environ  cinq  franc». 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


293 


De  quelle  valeur  morale  était  la  conversion  de  ces 
ministres  ?  Il  est  superflu  de  se  le  demander.  Les  uns, 
les  meilleurs,  gardèrent  l'âme  ulcérée  jusqu'à  la  fin  par 
l'acte  d'hypocrisie  qu'ils  avaient  commis,  et  entretinrent, 
parmi  les  Nouveaux  Catholiques,  dans  l'attente  d'une 
délivrance  prochaine,  l'horreur  de  l'Église  persécutrice  (4). 
D'autres,  pour  apaiser  leur  conscience,  s'efforçaient  de 
persuader  à  leurs  anciens  paroissiens  qu'il  était  bon  qu'ils 
fussent  demeurés  dans  le  royaume,  même  au  prix  d'une 
apostasie,  les  encourageaient  à  répéter  leurs  anciennes 
prières,  leur  conseillaient  de  communier  comme  ils  fai- 
saient eux-mêmes,  «  après  avoir  bien  déjeuné  »,  et  leur 
assuraient  qu'ils  pensaient  constamment  à  sortir  de 
France  (2) .  D'autres  vivaient  d'une  existence  retirée, 
jouissant  de  leur  pension  en  cultivant  leurs  terres,  se 
faisant  modestes  devant  la  répulsion  qu'inspirait  aux 
protestants  zélés  leur  indifférence  satisfaite  (3) . 

Le  ministre  converti  Cheiron,  de  Nîmes,  prenait  son 
parti  des  circonstances  plus  allègrement.  «  Le  plus  fort 
l'emporte  !  »  disait-il,  et  il  avait  accepté  la  charge  de  pre- 
mier consul  de  la  ville,  pendant  que  son  ancien  collègue 
Paulhan,  devenu  catholique  également,  était  promu  con- 
seiller honoraire  au  présidial.  Louis  de  Bagars  devait  aller 
plus  loin  encore.  Il  s'était  retiré  à  Lasalle,  auprès  de  sa 
famille.  Son  père  et  sa  mère,  la  femme  de  son  frère  le 
bailli,  avaient  abjuré  ensemble  le  13  octobre.  A  cette 
date,  le  bailli  Pierre  était  déjà  catholique,  caria  veille  il 

(1)  Bâville  dut,  par  exemple,  faire  informer  contre  le  pasteur  de  la  Coste, 
à  Saint-Étienne  Valfrancesque,  et  l'exiler  à  Carcassonne  (C.  165  C.  274).  Le 
pasteur  lsaac  Dumas,  de  Soustelle,  était  en  1690  relégué  «à  Narbonne  (C.  170). 

(2)  François  Dumas,  ministre  de  Vézenobres.  C.  167.  (Voir  abbé  Rou- 
•quette  :  les  Poètes  Cévenols,  p.  20.) 

(3)  C'est  le  cas  de  Darvieu,  retiré  dans  sa  ferme  de  la  Selve,  près  de  Sauve. 
Interrogé  en  1697  sur  une  assemblée  secrète  qui  s'est  tenue  près  de  chez  lui, 
il  déclare  que  les  assistants,  plutôt  que  de  passer  devant  sa  maison  pour  se 
•rendre  au  lieu  marqué,  ont  fait  à  droite  et  à  gauche  de  son  logis  un  détour 
de  150  à  200  pas,  «  car  lesN.  C.  depuis  sa  conversion  le  craignent,  le  haïssent, 
■et  lui  disent  mille  injures  ».  (C.  176,  dossier  de  l'Assemblée  du  Bois  du  Ranc. 
*v.  Douen,  Les  premiers  pasteurs  du  désert,  II,  283.  C'est  l'assemblée  dont  il 
^est  question  Bull.  XXXIX,  1902). 


291 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


signait  un  acte  d'abjuration  en  qualité  de  témoin.  La  con- 
version de  son  frère  le  pasteur  attira  sur  lui  la  bienveil- 
lance de  l'intendant.  Dès  le  début  de  1686,  il  portait  le 
titre  de  «  subdélégué  »  de  Bâville.  En  cette  charge  il  était 
appelé  à  informer  contre  les  Nouveaux  Convertis  qui 
montraient  déjà  ce  que  valait  leur  prétendue  soumis- 
sion. 11  ne  se  déroba  point  à  ses  devoirs  nouveaux.  Le 
21  février»  il  dresse  procès-verbal  d'un  conflit  armé  qui  a 
mis  aux  prises  les  soldats  cantonnés  à  Lasalle  et  des 
protestants  qui  vers  Saint-Félix,  à  cent  mètres  du  temple 
où  son  frère  prêchait  cinq  mois  auparavant,  leur  ont  tiré 
des  coups  de  fusil.  La  procédure,  poursuivie  par  Bâville 
en  personne,  aboutit  à  l'exécution  de  Teissier,  viguier  de 
Durfort,  dont  Louis  de  Bagars  a  consacré  le  fils,  main- 
tenant exilé  en  Suisse  (1).  Le  31  mars,  il  verbalise  contre 
le  «  crime  »  d'Antoine  Dumas,  de  Lasalle,  qui  dans 
l'église  du  lieu  a  interrompu  le  sermon  du  missionnaire 
Aiguisier  (2).  Enfin  lorsque  en  août  1687  les  négociations 
entamées  à  Lasalle  entre  le  maître  de  camp  Dugua  et 
Vivens,  décident  celui-ci  à  quitter  la  France  avec  les 
autres  prédicants,  c'est  Pierre  de  Bagars  qui,  avec  un 
officier,  conduit  la  première  troupe  de  45  personnes  jus- 
qu'aux frontières  d'Espagne  (3).  Lorsque  deux  ans  plus 
tard  Vivens  revint  dans  les  Gévennes,  Pierre  de  Bagars 
veillait  encore  aux  intérêts  du  catholicisme.  Ce  fut  lui  qui 
par  l'interrogatoire  d'un  prisonnier,  Louis  Manoël,  arrêté 
par  une  patrouille  (26  août  1689),  put  apprendre  le  pre- 
mier à  Bâville  que  le  célèbre  prédicant  était  dans  le  pays 
depuis  trois  semaines  (4).  Un  mois  après,  il  interro- 
geait encore  deux  habitants  de  Lasalle  coupables  d'avoir 
laissé  échapper  de  leur  maison  un  individu  suspect  que 
le  R.  P.  Gélibert  y  avait  enfermé  (5). 

Pierre  de  Bagars  poussait  son  propre  fils  Louis  dans 
la  voie  où  il  marchait  lui-même.  Ce  dernier,  âgé  de  15  ans 

(1)  Arch.  Langued.  C.  160. 

(2)  Ibid.  C.  164. 

{?>)  Archives  particulières. 

(4)  Arch.  Langued.  C.  170,  dossier  David  Ouct,  prédicant. 

(5)  Ibid.  C.  170. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


295 


à  la  Révocation,  avait  abjuré  comme  son  père  et  sa 
mère  (1).  Le  bailli  devait  en  1691  acheter  pour  lui  la  charge 
de  lieutenant  de  milice  bourgeoise.  Le  jeune  homme  se 
trouva  ainsi  à  la  tête  de  l'un  de  ces  détachements 
composés  de  catholiques  que  Bâville  avait  organisés 
dès  1688,  qu'il  créait  dans  tout  le  Languedoc  pour  sup- 
pléer au  manque  de  troupes  régulières,  et  dont  la  fonction 
consistait  spécialement  à  courir  sus  aux  assemblées  et  à 
pourchasser  les  prédicants. 

Il  paraît  cependant  que  la  colère  des  Nouveaux  Con- 
vertis se  portait  moins  contre  lé  bailli  et  son  fils  que 
contre  leur  frère  et  leur  oncle,  le  pasteur  apostat.  Les 
religionnaires  gardaient  pour  les  ministres  pensionnés 
une  persistante  répugnance.  Il  avait  fallu  donnera  Cheiron 
une  escorte  de  soldats  pour  le  protéger  dans  la  ville  de 
Nîmes.  Les  esprits  n'étaient  pas  moins  surexcités  dans  les 
Cévennes.  On  se  souvenait  que  Bagars  avait  donné  la 
cène  le  jour  même  où  était  rendu  l'arrêt  fatal  qui  con- 
damnait son  temple  de  Saint-Félix  (2) ,  que  «  ce  jour-là 
il  avait  prononcé  anathème  contre  ceux  qui  abandonne- 
raient la  profession  de  la  vérité  ».  Le  Maranatha  mystérieux 
de  Saint  Paul  (l  Corinthiens  XVI,  22)  qu'il  avait  prononcé 
contre  les  traîtres,  en  les  excommuniant  suivant  la  for- 
mule de  la  discipline  (3),  s'était  donc  retourné  contre  lui. 
«  Le  peuple  qui  l'avait  en  exécration,  l'appelait  Maranatha, 
dit  Brousson,  les  catholiques  romains  faisaient  de 
même  (4).  »  Méprisé  par  ses  anciens  coreligionnaires  et 
plaisanté  par  les  nouveaux,  il  ne  lui  restait  que  la  ressource 
de  prouver  son  zèle  à  l'intendant.  H  n'y  manqua  point. 
Consul  de  Lasalle  en  1686,  puis  en  1690  et  en  1691,  il 
allait  fournir  au  début  de  cette  dernière  année  une 
preuve  de  son  dévouement  à  l'Eglise,  qui  devait  décider  de 
sa  perte. 

(1)  Celle-ci  s'appelait  Anne  de  Mestre. 

(2)  Bull.  VIII,  5. 

(3)  Discipline  des  Égl.  Réf.  de  France,  chap.  v,  art.  16.  Forme  de  l'excom- 
munication. 

(4)  Relat.  des  merveilles...  p.  Î53. 


'296 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


*  * 

Les  hauteurs  boisées  qui  environnent  le  vallon  de 
•Lasalle,  les  plateaux  de  Sainte-Croix  de  Caderles,  de  Sou- 
•4  orgue  s,  de  Colognac,  de  Monoblet  et  de  Vabres,  avaient 
été  pendant  l'été  et  l'automne  de  1690  un  des  séjours 
favoris  des  prédicants.  Vers  le  mois  de  novembre,  à 
Caderles,  Brousson  avait  réuni  presque  tous  les  prédica- 
teurs itinérants  qui  sous  sa  direction  et  celle  de  Yivens 
essayaient  avec  l'ardeur  ingénue  de  leurs  exhortations 
populaires,  de  restaurer  les  Eglises  détruites.  Ceux-ci 
comptaient  à  Lasalle  de  fidèles  amis.  Des  femmes,  des 
jeunes  filles,  leur  portaient,  dans  leurs  retraites,  dans  les 
taillis  de  chênes  verts,  ou  sous  les  châtaigniers,  de  l'ar- 
gent, des  vivres,  des  vêtements.  Encouragés  par  ces  compli- 
cités, les  prédicants  eurent  la  témérité  de  descendre  dans 
I-e  vallon,  et  jusqu'au  bourg.  Dans  les  derniers  jours  de 
janvier  1691,  une  assemblée  religieuse  se  tint  dans  le 
Mas  de  la  Vivaryé,  chez  Guillaume  Fournier,  tout  près  de 
l'unique  rue  qui  forme  l'agglomération  de  Lasalle.  L'en- 
itreprise  était  osée,  elle  ne  demeura  point  secrète,  et  le 
matin  du  30,  l'ancien  pasteur  devenu  consul,  avec  son 
neveu  Louis  de  Bagars  lieutenant  de  bourgeoisie,  un 
unaréchal  de  logis  et  quelques  cavaliers  du  régiment  du 
€hâtelet  (compagnie  de  ])uminy)  se  mirent  en  mesure  de 
fouiller  le  mas  de  la  Vivaryé  et  les  métairies  voisines. 
Dumas  du  Solier,  ils  montent  au  Puech  de  Clarou.  Arrivé 
devant  la  maison  d'Etienne  Dolmet,  un  soldat  en  voit  sou- 
dain sortir  deux  hommes  qui  prennent  la  fuite  vers  le 
sommet  de  la  montagne,  à  toutes  jambes.  11  appelle  ses 
compagnons  qui  accourent  hors  d'haleine.  Seul,  le  jeune 
Louis  de  Bagars  peut,  avec  le  soldat,  poursuivre  quelques 
instants  les  deux  fuyards,  dont  l'un  porte  «  un  manteau 
ou  brandebourg  obscur  doublé  de  rouge.  «  Le  dragon  tire 
un  coup  de  mousqueton  sur  l'homme  au  manteau,  qui 
tombe,  mais  se  relève,  pour  «  grimper  le  bois  de  toute  sa 
force  »  et  disparaître  du  côté  de  Soudorgues.  Un  jeune 
garçon  du  Puech  de  Clarou  fournit  le  lendemain  le  nom 


298  ÉTL'DES  HISTORIQUES 

des  deux  inconnus.  Une  demi-heure  après  la  surprise,  au 
Pont  de  Micoulaud,  il  avait  rencontré  Etienne  Plan,  de 
St-Martin  de  Corconac,  qu'il  connaissait  pour  l'avoir  vu 
à  Lasalle  travailler  de  son  métier  de  cadissier,  et  celui-ci, 
ému  et  essoufflé,  lui  [avait  dit  «  qu'on  venait  de  tirer 
sur  son  frère  (1)  ».  Etienne  et  Paul  Plan  étaient  connus 
comme  prédicants.  Si  le  consul  Bagars  sut  leurs  noms, 
ils  surent  sans  aucun  doute  également  que  c'était  lui  qui 
avait  conduit  le  détachement  contre  eux.  Le  jour  même 
deux  femmes  étaient  arrêtées  à  Lasalle,  et  une  information 
ouverte  au  sujet  de  l'assemblée  soupçonnée.  Le  surlen- 
demain Bagars  faisait  saisir  et  séquestrer  les  meubles  du 
mas  de  la  Vivaryé.  Quelques  patrouilles  ordonnées  par 
lui  allaient  jusqu'à  Caderles  se  saisir  de  quelques  réfor- 
més suspects.  11  n'en  fallut  pas  davantage  pour  que 
désormais  le  bruit  courût  dans  toute  la  région  que  l'ancien 
pasteur  «  devenu  un  insigne  persécuteur,  conduisait  et 
commandait  lui-même  les  soldats  lorsqu'ils  cherchaient 
les  saintes  assemblées  et  les  ministres  de  l'Évangile 
pour  les  prendre  morts  ou  vifs  (2)  ». 

Les  ennemis  déclarés  des  prédicants  savaient  ce  que 
pouvaient  leur  coûter  leurs  efforts.  Vivens  et  ses  compa- 
gnons cheminaient  armés,  personne  ne  l'ignorait  dans 
les  Cévennes,  et  leurs  balles  ne  visaient  pas  uniquement 
les  soldats  du  roi.  Aux  environs  de  Lasalle,  l'espion 
Mielgues,  de  Caderles,  le  curé  Refrégier,  de  Peyrolles 
avaient  été  tués  (31  oct.,  5  nov.  1689  .  En  avril  ou 
mai  1690,  au  logis  de  l'Asclié,  sur  un  passage  très  fré- 
quenté du  chemin  de  crêtes  qui  menait  de  Lasalle  à 
l'Aigoual,  un  certain  Carbonnel  avait  été  assassiné.  Le 
3  octobre  1690,  le  vicaire  de  Soudorgues,  Grégoire 
Cabanes,  ayant  surpris  au  mas  de  Briontet  deux  prédi- 
cants attablés,  avait  reçu  un  quart  d'heure  après,  au  valat 

(1)  Arch.  L.  G.  171  L'information  fat  faite  par  Pierre  de  Bagars  .  Le  frère 
d'Etienne  Plan  dont  il  est  question  ici  est  sans  doute  Paul,  qui  prêchait.  Le 
troisième  frère,  Pierre,  n'accompagnait  pas  toujours  ses  aines.  Sur  les  frères 
Plan,  \o\rBull.  XLVI  505.  Il  y  aurait  à  rétablir  dans  un  meilleur  ordre  chro- 
nologique les  faits  rapportés,  p.  501  el  508). 
2  Urousson.  Relal.  </ew  Merveilles,  p.  53. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


299 


des  Horts,  une  balle  au  travers  du  corps,  qui  l'avait  tenu 
deux  mois  au  lit.  Le  28  ou  le  29  octobre,  à  Roquedur,  près 
du  Vigan,  le  corps  du  fermier  du  mas  de  Quinty,  David 
Séverac,  capitaine  de  milices,  avait  été  retrouvé  assommé 
à  coups  de  pierres  avec  un  billet  vengeur  piqué  sur  la 
poitrine.  L'exaspération  des  prédicants  se  doublait  au 
printemps  de  1691  des  espérances  qu'ils  fondaient  sur 
l'arrivée  prochaine  dans  le  Languedoc  d'un  corps  de  sol- 
dats étrangers.  C'est  au  début  de  mars,  en  effet,  que 
Brousson,  d'accord  avec  Vivens,  écrivit  au  comte  de 
Schomberg  le  fameux  «  billet  »  qui  joua  un  rôle  si  grave 
clans  son  procès.  Les  deux  pasteurs  y  suppliaient  leurs 
amis  du  Piémont  de  jeter  dans  les  Cévennes  2  000  hommes, 
ou  1000,  ou  «  au  pis  500  hommes  choisis,  et  des  officiers 
surnuméraires  ».  Ils  affirmaient  que  «  le  coup  sur  », 
était  de  débarquer  le  contingent,  le  soir,  entre  Montpel- 
lier et  Aiguës-  Mortes,  de  le  mener  pendant  la  nuit  jusque 
vers  Cannes  (entre  Quissac  et  Saint-Mamert).  De  là  les 
soldats  prendraient  entre  Durfort  et  Saint-Félix,  passe- 
raient proche  de  Lasalle,  et  gagneraient  les  environs  de 
Saumane,  dans  la  vallée  Borgne.  C'était  à  peu  près  le 
cœur  des  Cévennes,  où  le  peuple  se  ramasserait  de  tous 
côtés  (1). 

Il  importait,  par  conséquent,  en  1691,  de  préparer 
spécialement  la  région  de  Saumane  et  de  Lasalle  au  rôle 
spécial  qu'elle  allait  bientôt  jouer. 

Brousson  pensait  avant  tout  à  éveiller  la  piété  des 
réformés,  Dieu  ne  devant  délivrer  son  peuple  que  si 
celui-ci  lui  rendait  gloire  par  une  consécration  totale  à  la 
vérité.  Vivens  qui  ne  distinguait  point  entre  le  droit  à  la 
résistance  collective  et  la  légitimité  des  représailles 
individuelles,  prétenditeontinuer  ses  exécutions.  Le  matin 
du  19  mai,  près  d'Aire  de  Caute  (entre  Valleraugue  et 
Saint-André  de  Valborgne),  le  curé  Vernède,  de  Saint- 
Marcel  de  Fonfoulhouse  (près  Saumane)  tombait  frappé 
d'une  balle.  Brousson,  dont  le  compagnon  ordinaire, 


(1)  Douen,  II  116. 


300 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


Henri  Portai,  avait  eu  cependant  sa  part  dans  l'affaire, 
protesta  hautement  contre  le  nouveau  meurtre,  dit  à 
Yivens  qu'il  était  «  un  homme  de  sang  »  et  redescendit 
immédiatement  vers  Anduze. 

Vivens  et  ses  amis  demeurèrent  entre  l'Aigoual  et 
Durfort,  poursuivant  leur  œuvre  de  prédication  et  d'inti- 
midation. 

La  mort  de  Bagars  entrait  dans  leurs  plans.  Il  ne  paraît 
pas  assurément  qu'ils  y  cussentsongé  longtemps  d'avance, 
mais  les  circonstances  leur  offrirent  une  occasion  de 
nettoyer  le  pays  d'un  homme  dangereux. 

Les  détails  de  l'assassinat  ayant  fourni  matière  à  quel- 
ques discussions,  on  nous  excusera  de  donner  aux  pages 
qui  suivent  la  forme  d'un  exposé  critique. 

Le  récit  de  l'affaire  nous  a  été  conservé  d'abord  dans 
la  double  déposition  d'un  homme  qui  accompagnait  Bagars 
et  faillit  périr  avec  lui,  Antoine  Gervais  (30  ans),  facturier 
de  laines  à  Lasalle,  qui  remplissait  dans  le  bourg  les  fonc- 
tions d' «  huissier  »  et  de  «  valletdes  consuls  ».  Le  18  dé- 
cembre 1691,  dans  des  conditions  que  nous  dirons  plus 
loin,  il  racontait  la  scène  au  Fort  de  Saint-Hippolyte 
devant  le  subdélégué  Daudé,  du  Yigan  (1). 

Le  matin  du  27  juillet  169 J  (2)  Gervais  partait  de 
Lasalle,  et  par  le  chemin  royal  qui  par  le  col  du  Mercou 
menait  à.Saumane,  puis  à  Saint-Romans  ou  à  Saint-André 
de  Yalborgne,  conduisait  à  Pomaret,  près  de  Saint- 
André,  deux  chevaux  au  consul  Louis  de  Bagars,  et  au 
sieur  Yalmalle,  de  Saint-Hippolyte  (3).  Les  deux  hommes 
avaient  «  pris  les  eaux  »  dans  le  hameau,  depuis  quel- 

(1)  Arch.  L.  C.  171.  Dossier  des  accusés  pris  au  Mas  de  Montredon  (S. 
André  de  Valborgne). 

(2)  Il  dit  «  en  août  ».  Le  registre  curial  de  Lasalle  nous  permet  de  corri- 
ger la  date.  Bagars  ayant  été  enterré  à  Lasalle  le  28  juillet,  nous  supposons 
qu'il  est  mort  la  veille. 

(3)  Le  col  du  Mercou  est  encore  franchi  par  la  route  qui  joint  l  asalle  à 
l'Estréchure.  La  route  actuelle  monte  lentement  sur  chaque  versant,  sur  le 
ilanc  des  pentes.  L'ancien  chemin  suivait  de  chaque  côté  le  fond  des  ruisseaux 
pour  attaquer  le  col  en  rudes  zigzags. 


Le  versant  nord  du  col  du  Mercou  et  l'ancien  chemin  royal. 
A  gauche  le  valat  où  était  embusqué  P.  Colognac. 

Vue  prise  en  hiver,  cliché  J.  Dagnière. 


302 


ET  U D ES  II ! ISTORI Q  UES 


ques  jours,  aux  «  sources  de  la  santé  »  qui  y  sont  connues 
encore,  et  ils  pensaient  rentrer  le  soir  à  Lasalle.  Tous 
deux  montent  sur  les  bêtes  que  leur  amène  le  valet, 
lequel  suit  à  pied.  Au  crépuscule  les  trois  hommes  sont 
au  Pont  de  Vallongue,  et  soupent  au  «  logis  »  où  les  r 
voyageurs  faisaient  halte  avant  de  gravir  le  versant  nord 
du  col  du  Mercou.  On  repart,  on  atteint  les  lacets  que  le 
chemin  royal,  au  milieu  des  chênes  verts  et  des  châtai- 
gniers décrit  sur  la  raide  pente,  et  dont  un  sentier  de 
montagne  abrège  par  instants  les  méandres.  «  Le  Sr  de 
Valmalle  étant  le  premier,  le  déposant  [Gervais]  venait 
après,  avec  le  Sr  de  Bagars,  à  une  portée  de  pistolet,  et 
le  déposant  ayant  pris  un  sentier,  dans  le  temps  que  le 
S'  cle  Bagars  était  au  tournant  du  chemin,  il  aurait  entendu 
devant  lui  le  S1"  de  Valmalle  qui  cria  :  «  Ah!  Messieurs 
que  voulez-vous  faire  î  »  et  à  même  temps,  il  vit  deux 
hommes  qui  étaient  à  sept  ou  huit  pas  de  lui  [Valmalle], 
par-dessus  le  chemin,  qui  lui  lâchèrent  deux  coups  de  fusil, 
et  led.  Sr  de  Valmalle  se  sauva  au  galop  [vers  le  haut], 
ayant  tombé  son  chapeau;  et  s'étant  tourné  vers  le  S1  de 
Bagars  il  [Gervais]  vit  qu'il  mit  pied  h  terre  et  prit  la 
fuite  en  bas,  quittant  le  chemin  royal  et  suivant  le 
vieux  sentier,  criant  :  «  Ah!  mon  Dieu!  je  suis  mort!  » 
Et  à  même  temps  deux  autres  hommes  qui  étaient  par- 
dessus le  chemin  lui  tirèrent  deux  coups  de  fusil  et  le 
manquèrent,  et  le  Sr  de  Bagars,  courant  toujours  pour 
aller  rejoindre  [au  bas  des  lacets]  le  grand  chemin  [qui 
menait  par  une  pente  plus  douce  au  Pont  de  Vallongue], 
deux  autres  hommes  qui  sortirent  du  bas  du  ruisseau  lui 
tirèrent,  desquels  coups  il  tomba  à  terre.  Et  dans  le 
moment  tous  six  allèrent  sur  le  déposant,  lui  deman- 
dèrent d'où  il  était,  s'il  connaissait  ces  gens-là,  et  le 
répondant  ayant  répondu  qu'il  ne  les  connaissait  pas,  ils 
lui  dirent  pourquoi  il  portait  une  [petite]  épée  et  une 
manche  doublée  de  rouge  avec  des  boutons  d'étain.  El 
leur  ayant  répondu  qu'il  était  un  huissier,  ils  lui  prirent 
sa  casaque,  son  ceinturon  et  son  épée,  le  ceinturon  étant 
de  peau  blanche  piquée  de  soie  blanche  et  couleur  d'or 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


303 


avec  une  boucle  de  lailon,  et.  lui  dirent  qu'il  fallait  penser 
à  mourir.  Et  l'auraient  tué  sans  ce  qu'il  leur  demanda  plu- 
sieurs fois  la  vie,  et  l'ayant  lâché,  ils  dirent  :  «  Il  est  bon 
qu'il  apporte  la  nouvelle  que  le  persécuteur  est  mort.  » 
Et  ils  allèrent  sur  le  Sr  de  Bagars  avec  leurs  bayonnettes 
à  la  main  le  poignarder  tout  mort,  après  avoir  rechargé 
leurs  fusils  ;  ayant,  outre  cela,  pris  le  sac  de  selle  du 
Sr  de  Bagars  que  le  déposant  portait,  avec  le  chapeau  du 
Sr  de  Yalmalle.  » 

Une  seconde  déposition  de  Gervais  (1)  est,  dans  l'en- 
semble, identique  à  la  première.  Gervais  ajoute  seule- 
ment qu'il  a  fui,  vers  le  bas  de  la  côte,  dès  qu'il  a  vu  Val- 
malle  attaqué.  Il  modifie  son  premier  témoignage  sur 
un  seul  point.  Ce  sont  les  deux  hommes  qui  ont  tiré  la 
première  fois  sur  Bagars  qui,  après  la  fuite  éperdue  du 
consul,  ont  marché  les  premiers  sur  Gervais,  et  c'est  pen- 
dant qu'il  était  menacé  par  eux  et  par  les  deux  compa- 
gnons venus  de  plus  haut,  qu'il  a  entendu  résonner  plus 
bas  un  seul  coup  de  feu,  celui  qui  a  tué  Bagars.  Le  meur- 
trier et  un  autre  compagnon  sont  alors  montés  à  leur 
tour  vers  le  prisonnier,  annonçant  la  mort  du  consul;  et, 
proposant  de  laisser  la  vie  au  valet,  ils  l'ont  fait  relâcher 
après  l'avoir  eux-mêmes  dépouillé.  Un  dernier  détail  a  son 
importance.  Parmi  les  deux  hommes  qui  sont  les  premiers 
venus  sur  Gervais,  l'un  avait  «  un  justaucorps  jusqu'en 
bas  et  les  cheveux  [cachés]  dans  une  coiffe.  »  Celui-là  est 
le  seul  ensuite  qui  ne  soit  point  «  descendu  sur  le  corps 
de  Bagars  pour  le  poignarder  » . 

A  ces  deux  dépositions  du  valet  des  consuls  de  Lasalle, 
correspond  exactement  la  double  déposition  de  l'un  des 
hommes  qui  s'étaient  embusqués  pour  attendre  l'apostat, 
et  qui  révéla  à  Bâville  le  nom  des  coupables.  Pierre  Val- 
deyron  (20  ans)  tisserand,  du  Mas  de  La  Salle  (paroisse 
de  Valleraiigue)  avait  vu  pour  la  première  fois  Vivens 
dans  une  cerclière  (2)  voisine  de  Calviac  (près  Lasalle)  au 

(1)  Arch.  L.  C.  172.  2  juin  1692  à  Valleraugue,  devant  Daudé.  Dossier 
Etienne  et  Paul  Plan. 

(2)  Bois  taillis  de  jeunes  châtaigniers. 


304 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


début  de  juillet  1691,  et  s'était  mis  de  la  troupe  armée 
qui  le  suivait.  Sous  le  nom  de  guerre  de  Languedoc ,  il 
devait  l'accompagner  pendant  six  mois  et  demi.  En  jan- 
vier 1692,  saisi  dans  les  environs  d'Anduze  alors  que 
Vivens  était  dans  la  grotte  de  Carnoulès  (près  S1  Sébas- 
tien d'Aigrefeuille) ,  il  fut  conduit  au  fort  d'Alais,  parvint 
à  cacher  son  nom,  fut  enfin  reconnu  dans  des  circons- 
tances qui  demeurent  obscures,  confronté  avec  un  dragon 
d'Anduze,  nommé  Liron,  ami  comme  lui  de  Vivens,  et 
conduisit  enfin  les  soldats  d'Alais  jusqu'à  la  retraite  du 
prédicant.  Tl  semble  assuré  que  la  vie  et  la  liberté  lui 
avaient  été  offertes  pour  le  prix  de  sa  trahison  ;  cependant 
il  fut  gardé  quelque  temps  dans  les  prisons  d'Alais  ou  de 
Saint-Hippolyte.  Interrogé  d'abord  par  Bâville  lors  du 
procès  fait  au  cadavre  de  Vivens  (cette  déposition  est 
perdue),  il  répondit  une  seconde  fois  devant  le  subdélégué 
Daudé  au  fort  d'Alais  le  26  février  1692,  et  rapporta  le 
détail  de  ses  courses  errantes,  avec  une  minutie  qui 
confond.  L'exactitude  de  ses  souvenirs  nous  est  garantie, 
cependant.  Un  autre  des  compagnons  de  Vivens,  Abraham 
Ducros,  de  Lasalle,  dit  Chrestien,  dans  un  interrogatoire 
daté  également  du  fort  d'Alais,  et  du  26  février,  raconta 
un  voyage  d'un  mois  qu'il  avait  fait  de  Lasalle  vers  le 
Vigan  avec  Vivens  et  sa  bande  (1),  et  son  récit  tout  aussi 
détaillé  concorde  avec  celui  de  Valdeyron.  Nous  ne  pos- 
sédons point,  pour  la  partie  de  la  déposition  de  ce  dernier 
qui  concerne  l'affaire  de  Bagars,  des  moyens  de  contrôle 
aussi  rigoureux,  mais  des  témoignages  relatifs  aux  assem- 
blées secrètes  tenues  aux  environs  de  Lasalle  en  juillet  et 
en  septembre  1692,  avant  et  après  la  mort  du  consul,  et 
qui  s'accordent  avec  les  souvenirs  de  Valdeyron,  nous  ôtent 
toute  raison  sérieuse  de  douter  de  sa  sincérité.  Il  n'appa- 
raît pas,  d'autre  part,  qu'il  ait  voulu  charger  d'une  res- 
ponsabilité particulière  tel  de  ses  anciens  compagnons.  Il 
ne  parle  point  par  vengeance.  Il  a  pris  simplement  le  parti 
de  tout  dire.  C'est  tout  au  plus,  on  va  le  voir,  s'il  cherche 

(1)  Arch.  L.  C.  172.  Dossier  Liron.  La  déposition  de  Valdeyron  est  dans  h 
même  dossier. 


ÉTUDES  HISTORIQUES  305 


une  fois  à  pallier  sa  propre  culpabilité,  comme  s'il  dou- 
tait encore  des  promesses  qui  lui  ont  été  faites. 

Suivons  maintenant  le  récit  qu'il  fait  du  meurtre. 

■»  * 

Après  une  assemblée  pieuse  qu'il  a  tenue  au  Valat 
{ruisseau)  de  Fossemale  (entre  Lasalle  et  Monoblet)  vers 
le  15  juillet  1691,  Vivens,  avec  son  suivant  ordinaire, 
Papus  de  la  Verdogie  (dit  La  Bouvière)  et  avec  Valdeyron, 
.se  réfugie  près  de  Lasalle.,  dans  la  cerclière  d'Olivet.  Le 
.prédicant  David  Gazan  (dit  La  Jeunesse,  de  S-Marcel  de 
Fonfoulhouse)  et  son  frère  Jean  ;  le  prédicant  Paul  Colo- 
gnac  (de  Cros,  dit  Dauphiné)  avec  David  Grevou  (dit  La 
Verdure,  de  S -Martin  de  Corconac)  et  Jacques  Capieu 
{dit  La  Bonté,  de  SVPaul  la  Coste)  les  y  rejoignent.  Vivens 
confère  avec  les  nouveaux  venus,  puis  il  part,  avec  Val- 
deyron et  La  Bouvière  «  comme  pour  aller  prendre  les 
eaux  de  Pommaret  ».  Ils  vont  au  Mas  du  Fouet  (sur  le 
versant  sud  du  col  du  Mercou),  passent  le  lendemain  jus- 
qu'au Mas  de  Las  Ondes  (au  nord  de  S^Martin  de  Cor- 
conac), puis  le  jour  suivant  jusqu'à  un  valat,  près  de  la 
fontaine  de  Pommaret,  où  Vivens  prit  les  eaux  pendant 
six  jours,  les  allant  quérir  de  nuit  à  la  fontaine.  «  Le  cin- 
quième jour  [26  juillet]  le  cadet  Espaze  [Jean  Espaze  22  ans, 
faiseur  de  bâts,  du  Mas  de  Liron,  paroisse  de  Soudorgues], 
vint  dire  à  Vivens  que  La  Jeunesse ,  les  Plan  [Etienne,  Paul, 
<et  aussi  Pierre  ?}  et  Dauphiné,  le  priaient  de  leur  envoyer  La 
Bouvière pour  leur  aider  à  assassiner  Bagars,  consul,  que 
c'était  mettre  en  repos  le  lieu  de  Lasalle.  Et  La  Bouvière, 
Valdeyron  et  Espaze  étant  partis,  allèrent  rejoindre 
Étienne  Plan,  Dauphiné  et  Pierre  Gay  [de  Sumène,  il  allait 
devenir  prédicant],  qui  étaient  le  long  de  la  côte  du  col 
-de  Mercou  vers  le  [sur  le  versant  du]  Pont  de  Vallongue. 
Les  Sieurs  de  Valmalle  et  Bagars  étant  venus,  Valdeyron 
et  La  Bouvière  étant  plus  haut  que  les  autres  firent 
signe  à  Valmalle  de  passer...  »  Contrairement  à  Gervais, 
Valdeyron  prétend  donc  que  les  deux  hommes  postés  le 
plus  haut  ne  tirèrent  point.  C'est  qu'il  est  l'un  des  deux. 

20 


306 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


ce  Valdeyron  ayant  entendu  tirer  de  suite,  et  on  dit  que 
Bagars  était  mort,  sans  que  Valdeyron  Fait  vu...  »,  ce  qui 
est  vrai,  car  au  témoignage  de  Gervais,  Bagars  est  tombé 
au  bas  de  la  côte,  loin  des  quatre  premiers  compagnons, 
et  sa  fin  n'a  été  connue  d'abord  que  par  le  témoi- 
gnage du  meurtrier,  lorsqu'il  est  monté  vers  ses  amis. 
Valdeyron  ne  parle  point  des  coups  de  bayonnette  donnés 
au  cadavre,  il  désigne  Dauphiné  comme  l'auteur  direct 
de  la  mort  du  consul  (nous  reviendrons  sur  ce  point),  et 
continue  :  «  Et  de  là  Valdeyron  et  La  Rouvière  allèrent 
rejoindre  Vivens  [à  Pommaret  l  et  partirent  à. l'instant  avec 
ledit  Vivens  et  Cévennes  [c'est  un  Cévenol  dont  le  vrai 
nom  était  Pomaret]  et  allèrent  à  Las  Ondes  dans  un  valat.  » 

Le  2  juin  1692,  à  Valleraugue,  Valdeyron  était  appelé 
à  confirmer  son  témoignage,  qui  devait  servir  à  confondre 
Étienne  et  Paul  Plan,  lesquels  venaient  d'être  arrêtés.  11 
renouvela  ses  premières  déclarations,  ajoutant  qu'à  la 
cerclière  d'Olivet,  aux  divers  prédicants  qui  avaient  conféré 
avec  Vivens,  il  fallait  ajouter  les  trois  frères  Plan.  Mais  il 
mit  en  avant  le  personnage  de  Cévennes  pour  s'innocenter 
cette  fois  de  toute  participation  au  meurtre,  dont  il 
n'aurait  eu  connaissance  que  par  Cévennes  lui-même.  Le 
cadet  Espaze,  affïrma-t-il,  vint  trouver  Vivens  à  Pomaret, 
où  celui-ci  était  avec  Cévennes,  La  Bouvière  et  Valdeyron. 
Il  demanda  La  Rouvière,  de  la  part  de  La  Jeunesse,  les 
Plan  et  Dauphiné  qui  attendaient  Bagars  à  son  retour  des 
eaux,  «  Ils  croyaient  n'être  pas  assez  forts  pour  entre- 
prendre l'action,  à  cause  qu'on  disait  que  le  sieur  Ville- 
neuve (sic)  devait  descendre  avec  le  Sr  de  Bagars;  mais 
que  pourtant  ils  l'entreprendraient,  forts  ou  faibles  ». 
La  Rouvière  n'ayant  pas  voulu  y  aller  seul,  Cévennes  [et 
non  plus  Valdeyron]  partit  avec  lui.  Le  soir,  dans  la  nuit, 
Cévennes  [et  non  Valdeyron]  revint  sans  fusil,  portant  la 
nouvelle  que  Bagars  était  tué.  Valdeyron  ajoute,  et  avec 
raison  comme  on  verra,  que  La  Rouvière  ne  rejoignit  pas 
Vivens  immédiatement,  mais  seulement  quatre  ou  cinq 
jours  plus  tard,  et  au  Mas  de  Las  Ondes.  A  part  la  subs- 
titution intentionnelle  de  Cévennes  à  Valdeyron,  le  nom 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


307 


des  acteurs  du  drame  est  le  même.  «  Cévennes  dit  à  Vivens 
qu'ils  étaient  six  :  Dauphiné  [Paul  Colognac],  Étienne 
Plan,  Pierre  Gay,  La  Bouvière,  Espaze  et  lui  ». 

D'autres  dépositions  confirment,  en  tout  ou  en  partie, 
l'exactitude  des  détails  précédents.  Le  sieur  Fabre,  de 
Montredon  (près  Lasalle),  tenait  de  Gavanon,  un  jeune 
homme  de  Lasalle  qui  suivit  Vivens  à  la  fin  de  septem- 
bre 1691,  que  La  Bouvière  avait  été  de  l'action,  en  même 
temps  que  Dauphiné,  les  Plan  [sic)  «  et  d'autres  »  (1). 
Guillaume  Ducros,  de  Lasalle,  frère  d'Abraham,  avait 
entendu,  vers  novembre  1691,  Espaze  le  cadet  raconter  à 
quelques  amis  que  l'affaire  avait  été  accomplie  par  Espaze 
lui-même,  La  Bouvière,  Languedoc  [Valdeyron],  Gay, 
Dauphiné,  et  les  Plan,  qui  «  deux  jours  durant  avaient 
attendu  Bagars  à  demi-côte  du  col  du  Mercou  »(2),  Papus 
enfin  [La  Bouvière),  bien  qu'il  ait  nié  avoir  pris  part  lui- 
même  à  l'assassinat,  donna  le&noms  des  Plan,  d'Espaze 
et  de  Colognac  [Dauphiné) ,  et,  dans  la  chambre  de 
torture  y  ajouta,  non  pas  le  sien,  mais  ceux  de  Pierre  Gay 
et  de  Languedoc  (3). 

On  pourrait  objecter,  à  vrai  dire,  que  Gervais,  six 
mois  après  le  meurtre,  crut  reconnaître  deux  des  assassins 
dans  deux  personnages  dont  l'un  n'a  pas  été  nommé 
encore.  Le  17  décembre  1691,  à  Saint-Hippolyte,  il  était 
mis  en  présence  du  cadavre  de  David  Grevou  [La  Verdure) 
et  des  prisonniers  Jean  Gazan,  Jean  Espaze  [le  cadet],  et 
David  Teyssonnières  (dit  La  Violette,  de  Cros,  19  ans) 
ramenés  par  les  soldats  des  environs  de  Saint-André  de 
Valborgne.  Le  18,  après  avoir  examiné  le  mort  et  les 
vivants  «  pendant  deux  jours  et  à  divers  reprises  »,  il 
donnait  du  meurtre  de  Bagars  le  récit  que  nous  avons 
déjà  mentionné,  et  déclarait  reconnaître  Teysonnières 
pour  l'un  des  premiers  qui  avaient  tiré  sur  le  consul,  et 
Grevou  pour  l'un  des  derniers  «  le  dit  Grevou  faisant 

(1)  Arch.  L.  G.  174,  dossier  Papus[£a  Rouvière].  Déposition  du  9  mars  1695. 

(2)  Même  dossier.  Dép.  du  9  octobre  1693  (provenant  du  dossier  Paul 
Colognac,  lequel  se  trouve  G.  173). 

(3)  Ib'id.  G.  174  dossier  Papus.  Dernier  interrogatoire  du  8  mars  1695;inter- 
rog.  à  la  question  8  mars.  -  • 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


plus  le  méchant  qu'aucun  des  autres  »  (1).  On  pourrait 
s'étonner  également  que  Gervais  n'eût  point  reconnu 
Espaze  qui  lui  fut  présenté.  Mais  il  faut  songer  que  le 
valet  des  consul  savait  peu  vu  les  agresseurs  de  son  maître, 
et  sous  les  arbres,  et  au  crépuscule;  que  Grévou,  abattu 
de  mort  violente  était  mort  depuis  le  16  décembre  au 
soir,  et  que  Teyssonnières  gisait  percé  de  plusieurs  coups 
de  bayonnelte.  Ce  sont  là  tout  autant  de  conditions  qui 
expliquent  que  Gervais  ait  commis  une  triple  erreur. 

Nous  ne  comprenons  point  en  effet  comment  ni 
Grevou  ni  Teyssonnières  n'auraient  été  mentionnés  par 
Valdeyron,  Ducros  et  Papus,  et  nous  croyons  par  consé- 
quent pouvoir  affirmer  sans  la  moindre  hésitation  que 
participèrent  à  l'embuscade  :  le  prédicant  Paul  Colognac 
{Dauphiné)  ;  Pierre  Gay  et  Papus  qui  devaient  devenir  pré- 
-dicants  àleur  tour;  Valdeyron  et  Espaze,  qui  suivaient  les 
prédicants  comme  «  accompagnateurs  »,  et  enfin  Étienne 
Plan,  compagnon  ordinaire  de  son  frère  Paul,  et  prédicant 
comme  lui,  et  qui  avait  tenu  à  venger  sur  le  consul  le 
coup  de  feu  que  son  frère  avait  reçu  au  Puechde  Clarou. 

Il  est  même  possible  d'aller  plus  loin,  et  d'assigner  à 
■quelques-uns  de  ces  hommes  leur  rôle  particulier  dans 
l'affaire. 

Valdeyron  et  La  Mouvïère,  d'après  Valdeyron  lui- 
même,  étaient  postés  plus  haut  que  leurs  compagnons. 
Les  meurtriers,  pour  dissimuler  au  moins  quelques  traits 
■de  leur  signalement,  avaient  caché  leurs  cheveux  [longs] 
sous  leur  coiffure.  La  Bouvière,  plus  précautionneux 
encore,  avait  quitté  son  justaucorps  et  mis  «.  une  veste 
;blanche  »  (2). 

Entre  les  deux  hommes  qui  tirèrent  les  premiers  sur 
'Bagars,  Gervais  a  remarqué  celui  qui  avait  un  «  justau- 
corps vert  boutonné  jusqu'au  haut  ».  Valdeyron,  dans  sa 
seconde  déposition,  nous  apprend  que  c'était  Étienne 
Plan,  qui  pour  se  déguiser,  «  avait  mis  son  justaucorps 

(1)  Arch.  L.  G.  171.  Dossier  des  accusés  du  Mas  de  Montrcdon. 

(2)  Une  «  camisolle  blanche  »  dit  Gervais,  quand  il  lui  fut  confronté,  et 
«qu'il  le  reconnut  (C.  174,  6  mars  1695). 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


309* 


tourné  [à  l'envers],  la  doublure  verte  paraissant,  comme 
si  c'était  le  justaucorps  d'un  dragon,  étant  boutonné 
jusqu'au  fond  ».  Quelques  mois  après  l'assassinat,  le 
tailleur  Grail,  de  Lasalle,  grand  ami  des  prédicants,  fuyant 
une  arrestation  imminente,  vint  joindre  Vivens  au  château 
de  Rouville  (près  de  Saint-Jean),  et  Valdeyron  l'entendit 
dire  que  la  casaque  doublée  de  vert  avait  été  faite  par  lu» 
pour  Etienne  Plan,  et  qu'après  l'affaire,  le  même  Plan* 
lui  en  avait  fait  découdre  la  doublure,  trop  compromet- 
tante pour  lui. 

Enfin  Colognac  était  embusqué  au  plus  bas  de  la 
pente,  dans  le  creux  du  ruisseau  qui,  à  gauche  du  chemin,, 
descend  du  col.  Gervais  le  reconnut  formellement  pour 
être  venu  à  lui  «  le  dernier,  du  fond  du  valat,  après  avoir 
tiré  sur  Bagars  »  (1)  .  11  n'est  pas  douteux  en  effet  que  ce 
ne  soit  Colognac  qui  ait  tué  l'ancien  pasteur  qu'il  déclara,, 
lors  de  son  procès  «  avoir  ouï  prêcher  quand  il  était  à 
Saint-Félix  ».  Dans  sa  première  déposition,  Valdeyron- 
affirme  qu'il  n'a  pas  vu  tomber  Bagars,  mais  il  ajoute  : 
«  ayant  ouï  dire  à  Dauphiné  que  son  fusil  ayant  manqué^, 
il  l'avait  tué  d'un  coup  de  pistolet,  lequel  pistolet  Marion 
Vestieu,  de  Saint-Hypolyte  leur  (sic)-  avait  donné,  avec- 
son  semblable  qui  avait  appartenu  au  sieur  Vestieu  son* 
frère  qui  est  sorti  du  royaume  »,  (2).  Il  répète,  dans  sa 
seconde  déposition,  que  «  Dauphiné  a  fait  le  coup,  et  tué 
Bagars  d'un  coup  de  pistolet  ».  Enfin  Abraham  Ducros 
(Càrestien),  clans  le  procès  d'Etienne  et  de  Paul  Plan, 
témoigna  à  Valleraugue,  le  2  juin  1692,  qu'il  avait  entendu, 
dire  à  Dauphiné  prédicant,  que  c'était  lui  qui  avait  tué  d'un* 
coup  de  pistolet  le  sieur  de  Bagars,  «  lui  ayant  montré  le 
pistolet,  disant  qu'il  aimait  mieux  celui-là  que  Vautre  ».  Ce- 
détail  n'est  point  de  ceux  que  l'on  invente. 

Le  meurtre  consommé,  et  Gervais  relâché,  l'«  habillé 
de  vert  »,  Etienne  Plan,  s'éloigna  seul,  tandis  que  les> 

(1)  Arch.  L.  C.  173  dossier  Paul  Colognac.  Gonfrontationde  Gervaisà  Colo- 
gnac, 6  octobre  1693. 

(2)  Jean  Vestieu,  de  Saint-Hippolyte  [et  non  Vestier],  un  jeune  homme, 
exclu  de  l'amnistie  de  1683  pour  avoir  pris  part  aux  mouvements  de  Saint- 
Hippolyte,  avait  fui  à  Genève  (P.  Gachon...  p.  CXXVIll). 


310 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


cinq  autres  allaient  regarder  le  corps  de  Bagars,  auquel 
La  Bouvière  (au  dire  de  Guillaume  Ducros  et  de  Gervais) 
donna  plusieurs  coups  de  bayonnette.  Gervais  dépouillé 
de  son  uniforme  et  meurtri  de  coups  de  pied,  courut  à 
Lasalle  donner  avis  de  l'événement.  Le  soir  même,  à  dix 
heures,  au  logis  de  l'Asclié,  l'hôte  Toussaint  Carbonnel 
(un  parent  de  celui  qui  avait  été  tué  dans  la  maison 
quinze  mois  auparavant),  dut  sortir  de  son  lit  et  ouvrir  la 
porte  à  quatre  hommes  qui  se  disaient  «  des  troupes  du 
Roi  »  (1),  et  qui  entrèrent  armés  de  fusils,  de  bayonnettes 
et  de  pistolets.  Il  leur  donna  du  pain  et  du  vin.  Trois  se 
mirent  à  table,  La  Bouvière,  Capieu  et  Gay  (?),  deux  de 
taille  assez  bien  prise  et  assez  grande,  un  autre  un  peu 
courbé,  «  vêtu  d'un  justaucorps  bien  boutonné,  de 
couleur  brune  avec  des  parements  de  manche  rouges  », 
qui  était  le  justaucorps  d'uniforme  de  Gervais.  Un  qua- 
trième, de  petite  taille,  le  visage  assez  blanc,  jeune,  les 
cheveux  noirs,  courts,  et  un  peu  crêpés,  «  faisait  senti- 
nelle à  la  porte,  venant  prendre  de  temps  en  temps  à 
manger  et  à  boire,  et  retournant  toujours  à  la  porte  pour 
y  faire  sentinelle  ».  C'était  Paul  Colognac  (et  Carbonnel 
le  reconnut  plus  tard  sans  hésiter)  plus  agité  que  ses  amis 
parce  qu'il  avait  plus  à  craindre  (2) .  Les  quatre  hommes 
disent  à  l'hôte  que  le  consul  Bagars  vient  d'être  tué,  qu'il 
ne  tardera  pas  à  voir  arriver  chez  lui  la  compagnie  de 
Lasalle.  Une  heure  après  leur  départ,  en  effet,  la  compa- 
gnie de  dragons  était  à  l'Asclié,  et  y  resta  jusqu'au  jour  (3). 
Les  fugitifs  avaient  gagné  le  Yigan.  Capieu  y  fut  arrêté  par 
un  soldat  de  bourgeoisie,  puis  relâché. 

La  Bouvière,  quelques  jours  plus  tard,  vint  retrouver 
Vivens  au  Mas  de  Las  Ondes,  mais  celui-ci,  avant  son 
retour,  avait  pu  conférer  avec  les  autres  prédicants. 
11  avait  appris  au  Mas,  que  La  Jeunesse,  Grévou,  el  les 
Plans,  au  lieu  de  fuir,  élaient  demeurés  sur  un  haut  con- 

(1)  Des  milices,  naturellement. 

(2)  Voir  Bull.  LI  413,  le  signalement  de  Colognac.  Confrontation  de  Car- 
bonnel à  Colognac,  6  octobre  1603.  G.  173  dossier  Colognac. 

(3)  Déposition  Carbonnel,  11  oct.  1693  (C.  174  dossier  Papa*  I.n  déposition 
provient  du  dossier  de  Colognac). 


ÉTUDES  HISTORIQUES  311 

trefort  du  Mont  Liron,  dans  un  bois  qui  dominait  la 
claie  (1)  des  Cabanes  (paroisse  de  Saint-Martin  de  Corco- 
nac).  Avec  Valdeyron  et  Cévennes,  il  monta  passer  deux 
heures  avec  eux,  trouva  dans  la  troupe  le  cadet  Espaze  et 
le  jeune  Jean  Gazan,  eut  une  conversation  particulière 
avec  La  Jeunesse,  Etienne  et  Paul  Plan,  se  fit  montrer  la 
petite  épée  de  Gervais,  qu'Etienne  Plan  avait  gardée,  en 
même  temps  que  le  ceinturon  de  peau  blanche  (2),  et 
comme  le  prédicant  avait  aussi  rapporté  du  Mercou  le 
chapeau  de  Valmalle,  et  se  trouvait  en  avoir  deux,  Vivens, 
usant  de  l'autorité  que  lui  reconnaissaient  ses  compagnons, 
fit  remettre  une  des  coiffures  à  Valdeyron  (3). 

On  verra  plus  loin  les  conséquences  que  la  mort  de 
Bagars  produisit  dans  sa  propre  famille.  Elle  ne  provoqua 
point  dans  le  vallon  de  Lasalle  un  redoublement  de 
rigueurs,  car  l'audace  des  prédicants  s'y  accrut  étrange- 
ment pendant  les  mois  de  septembre  et  d'octobre.  Mais 
quelques-uns  des  meurtriers  tout  au  moins  portèrent 
cruellement  la  peine  de  leur  attentat.  Il  nous  reste  à  exa- 
miner comment  ils  se  défendirent,  et  ce  que  valent  leurs 
dénégations. 

Jean  Espaze,  le  premier  saisi  au  Mas  de  Montredon 
(Saint-André  de  Valborgne)  ne  fut  pas  recounu,  nous 
l'avons  dit,  par  Gervais,  et  fut  condamné  aux  galères 
simplement  comme  complice  des  prédicants,  par  le 
comte  de  Broglie  (13  janvier  1692). 

Valdeyron,  après  avoir  livré  Vivens,  donné  le  nom  de 
ses  hôtes  et  fourni  la  liste  des  assassins  de  Bagars,  fut 
utilisé  comme  témoin,  et  laissé  en  liberté. 

Etienne  et  Paul  Plan  furent  arrêtés  à  Figueyrolles 
près  de  Valleraugue  le  1er  juin  1692.  Dauclé  recourut  à 
Valdeyron  et  à  Gervais  pour  les  charger  du  meurtre.  Au- 

(1)  Petite  maison  à  un  étage,  aménagée  pour  le  séchage  des  châtaignes. 

(2)  Etienne  Plan  devait  bientôt  donner  le  ceinturon  à  Teyssbnnière  (qui  en 
fut  trouvé  porteur). 

(3)  Déposition  Valdeyron  C.  172. 


312 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


cun  des  témoins  n'incrimina  Paul  Plan,  qui  fut  seulement 
accusé  de  «  s'être  tenu  aux  avenues.  »  Les  dépositions, 
étaient  formelles  contre  Etienne.  Celui-ci  se  contenta  de 
répondre  «  qu'il  n'avait  tué  personne,  qu'il  ne  savait  si 
les  autres  l'avaient  tué  [Bagars],  qu'il  ne  pouvait  répon- 
dre que  de  lui-même.  »  Il  est  vrai,  en  effet,  qu'il  n'avait 
point  a  tué  »  le  consul.  11  nia  d'ailleurs  s'être  trouvé, 
avec  son  frère,  au  Puech  de  Clarou.  A  la  torture  (16  juin) 
les  deux  frères  n'opposèrent  aux  questions  qu'un  mutisme- 
obstiné  ou  des  dénégations.  Ils  furent  pendus  le  même- 
jour.  Leur  seule  qualité  de  prédicants  les  vouait  d'ailleurs 
à  la  mort  (1). 

Pierre  Gay,  devenu  prédieant,  fut  pris  au  Mas  de 
Maliestre,  près  de  Lasalle,  le  17  décembre  1692,  en  même- 
temps  qu'Antoine  Compan,  des  Bousquets  (paroisse  de- 
Soudorgues),  ce  dernier  soupçonné  d'avoir  blessé  le 
vicaire  de  Soudorgues.  Tous  deux  nièrent  avoir  pris  part 
à  la  moindre  violence.  Gay  prétendit  qu'au  moment  de  la 
mortdeBagars,  il  s'était  trouvé  «  dans  un  désert,  tout  seul, 
n'étant  pas  en  bonne  santé  » .  Transférés  à  Montpellier  ils- 
furent  sans  doute  soumis  à  de  nouveaux  interrogatoires,  qui 
nous  manquent.  Tous  deux  furent  envoyés  aux  galères (2). - 

BestentPapus  etColognac.  Papusdela  Verdogie  devait 
être  arrêté  le  dernier  à  Montpellier  le  7  février  1695r 
sous  le  nom  d'Olivier.  Bâville  ne  découvrit  que  le 
6  mars  qu'il  tenait  la  Rouvière,  le  «  valet  »  de  Vivens. 
Confronté  à  Guillaume  Ducros  et  à  Gervais  (6  mars),  il 
nia  formellement  être  le  personnage  qu'ils  reconnaissaient 
en  lui.  Le  7  mars,  il  refusait  encore  d'avouer  à  Bâville. 
qu'il  était  le  compagnon  de  Vivens.  Ce  ne  fut  que  le 
8,  dans  son  «  dernier  interrogatoire  »  qu'il  convint  de  son 
nom  véritable.  Il  déclara  que  Vivens  «  leur  faisait  voir 
par  des  passages  de  l'Ecriture  Sainte  que  l'on  pouvait 
assassiner...  et  leur  disait  aussi  que  si  un  loup  venait  dé- 
vorer le  troupeau  il  fallait  tuer  le  loup  ».  Il  dit  avoir  em 

(1)  Arch.  L.  G.  172.  Dossier  incomplet.  11  manque  des  interrogatoires  subis- 
par  les  accusés  à  Montpellier. 

(2)  lbid.  G.  172  dossier  Gompan  et  Gay. 


ÉTUDES  HISTORIQUES  313- 

connaissance  du  meurtre  de  Bagars,  mais  s'être  trouvé 
dans  l'impossibilité  de  l'empêcher.  Usant  enfin  du  même 
subterfuge  que  Valdeyron  dans  sa  seconde  déposition,  il 
prétendit  que  Vivens,  de  Pommaret,  avait  envoyé  au  col 
du  Mercou  «  Cévennes  et  Languedoc  »,  mais  non  point  lui- 
même.  A  la  torture  (8  mars)  il  nia  avec  la  même  énergie,, 
persista  dans  son  système  de  défense  et  signa  le  procès- 
verbal  sans  le  moindre  tremblement,  avant  de  marchera 
l'échafaud  où  il  fut  rompu  vif  comme  «  assassin  et  pertu- 
bateur  du  repos  public  (1)  ». 

Paul  Colognac  avait  montré  la  même  obstination.  IB 
n'avait  point  caché  son  nom  lors  de  son  arrestation  à  Nîmes 
(1er  octobre  1693).  A  Montpellier,  où  il  futimmédiatement 
conduit,  Bâville  armé  de  la  longue  déposition  de  Valdeyron. 
l'interrogea  avec  une  habileté  consommée.  11  le  questionna* 
d'abord  sur  sa  vocation  de  prédicant,  puis  sur  quelques  dé- 
tails du  voyage  qu'il  avait  fait  vers  le  Vigan  en  octobre- 
1691,  en  compagnie  de  Vivens,  et  dont  l'accusé  reconnut 
l'exactitude.  Brusquement  entîn  il  lui  demanda  «  s'il  ne  con- 
naissait pas  Marion  Vestieu,  et  si  elle  ne  lui  avait  pas  donné- 
deux  pistolets?  (2)  ».  Colognac  répondit  non,  comme  à 
toutes  les  questions  qui  suivirent,  et  qui  étaient  relatives 
à  la  mort  du  consul.  Le  6  octobre,  il  nia  encore,  après 
avoir  été  confronté  à  l'interrogatoire  de  Valdeyron,  à  la 
déposition  d'Abraham  Ducros,  à  Gervais  et  à  Carbonnel, 
qui  le  reconnurent.  Un  nouvel  interrogatoire  du  11  (3), 
ironique  évidemment  de  la  part  de  l'intendant,  ne  lui  fit 
pas  avouer  qu'il  eût  porté  le  justaucorps  de  Gervais,  ni  le: 
chapeau  de  Valmalle.  Le  12,  dans  le  «  dernier  interroga- 
toire »,  Bàville  lui  représenta  vainement  que  «  la  déposi- 
tion de  Valdeyron  était  véritable  j'en  ce  qui  concernait 
son  rôle  dans  l'assassinat],  puisqu'il  avait  convenu  de 
tous  les  faits  sauf  de  celui-là.  »  Colognac  déclara  qu'il1 
n'était  point  présent  au  meurtre.  À  la  question,  le  13,  le- 

(1)  Arch.  L.  C.  174.  dossier  Papus. 

(2)  Voir  Bull.  XXX,  11,  où  Marion  Vestieu,  sur  la  copie  des  Papiers  Frais- 
sinet,  est  devenue  «  Mairon,  vestière  »,  de  même  que  plus  bas  Les  Plans- 
sont  devenus  la  Plaine.  Le  dossier  Colognac  se  trouve  C.  173. 

(3)  Résumé  seulement  Bull.  XXX,  13. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


greffier  note  que  le  bourreau  ne  lui  tira  pas  un  aveu.  «  11 
n'a  fait  que  crier  :  «  Mon  Dieu,  aie  pitié  de  moi  !  »  Sur 
la  roue,  le  même  jour,  à  Marsillargues,  où  il  fut  conduit, 
il  pardonna  à  l'exécuteur,  à  ses  juges  et  à  ses  ennemis,  et 
ne  montra  «  aucun  signe  de  bon  chrétien  »,  entendons, 
naturellement  :  de  catholique. 

*  * 

Après  les  témoignages  formels  que  nous  avons  rappelés 
plus  haut,  faut-il  prêter  aux  dénégations  d'Etienne  Flan, 
de  Gay,  de  Papus  et  de  Golognac,  la  valeur  qu'y  attachent 
certains  écrivains  protestants?  Il  suffira  de  rappeler  que 
Papus  ne  convint  qu'à  la  dernière  extrémité  avoir  été 
compagnon  de  Vivens,  et  que  Golognac  nia  avoir  présidé 
des  assemblées  dont  les  assistants  fussent  armés.  Bâville 
ne  s'y  trompait  point.  11  ne  voyait  dans  les  démentis  que 
lui  opposaient  les  accusés,  que  des  efforts  résolus  pour 
échapper  au  supplice  de  la  roue.  Mais  nous  pouvons,  dans 
leur  ténacité  à  nier  l'évidence,  découvrir  un  autre  senti- 
ment que  la  peur,  à  savoir  une  révolte  forcenée  contre  le  sort 
qui  leur  était  fait,  et  contre  l'injustice  effroyable  de  la 
justice  qui  les  accablait.  Dans  leurs  âmes  frustes  et  naïves, 
où  la  colère  avait  éclaté  en  violences  brusques,  brûlait 
une  exaspération  analogue  à  celle  à  laquelle  Brousson 
donna  libre  cours  en  1693,  lorsqu'un  placard  de  Bâville 
le  déclara  «  perturbateur  du  repos  public  (1)  ».  Avec  une 
dignité  hautaine,  qui  contraste  avec  les  mots  respectueux 
par  lesquels  elle  s'exprime  «  Permettez-moi,  dit-il,  de 
représenter  à  Votre  Grandeur,  avec  une  humilité  profonde 
et  dans  la  nécessité  d'une  juste  défense,  que  je  ne  puis 
pas  vous  reconnaître  pour  mon  juge...  parce  que  depuis 
l'abolition  des  Édils...  nous  sommes  privés  de  nos  juges 
légitimes,  et  traités  non  plus  en  personnes  libres,  mais  en 
esclaves...  Je  déclare  que  j'appelle  de  vos  ordonnances 
devant  le  tribunal  de  Dieu  qui  est  le  Roi  des  rois...  le 
souverain  juge  du  monde,  et  un  juste  juge,  qui  est  h4 
maître  que  je  sers.  » 

(1)  Douen.  Les  premiers  pasteurs  du  Désert,  lï.  218. 


ÉT U 13 ES  H  I STO R l Q  U ES 


315 


Le  meurtre  de  Bagars  n'était  point  pour  les  prédicants 
un  assassinat,  mais  comme  celui  de  Séverac,  une  mani- 
festation.de  la  justice  de  Dieu,  dont  ils  étaient  les  exécu- 
teurs. Lorsque  P.  Colognac,  dans  une  lettre,  conservée 
dans  son  dossier,  écrivait  au  Sieur  Moynier,  de  Cros,  qu'il 
était  «  extraordinaire  ment  affligé  »  d'apprendre  les  «  ca- 
lomnies atroces  »  qui  couraient  sur  lui  dans  son  vallon 
natal,  et  de  se  savoir  «  accusé  d'être  un  meurtrier  »  et  de 
vouloir  tuer  Moynier,  quand  il  disait  «  je  ne  crois  pas 
qu'il  y  ait  personne  dans  le  monde  qui  ait  sujet  de  plainte 
contre  moi  »  (1) ,  il  ne  raisonnait  point  autrement  que  Vivens 
lui-même.  Celui-ci  qui  avait  dans  son  souvenir  le  meurtre 
du  curé  Réfrégier,  de  Séverac  et  du  curé  Vernède,  écri- 
vait aussi  à  l'un  de  ses  parents  de  Valleraugue,  dans  une 
lettre  que  nous  publierons  ailleurs  :  «  Ya-t-il  aucune  créa- 
ture qui  se  puisse  plaindre  que  je  lui  aie  jamais  fait 
aucun  tort?  Eh  quoi  !  si  je  ne  veux  pas  révolter  des  éten- 
dards de  mon  Sauveur  (sic),  faut-il  me  faire  la  guerre 
et  me  maudire  comme  un  scélérat?» 

Brousson  lui-même,  bien  que  les  violences  de  Vivens 
ne  convinssent  point  à  sa  nature,  et  bien  qu'en  fait,  depuis 
1691  il  cheminât  seul  et  sansarmes,  ne  répudia  jamais  publi- 
quement la  solidarité  qui  le  liait  à  Vivens,  et  couvrit  tou- 
jours les  colères  de  ses  compagnons  les  plus  fougueux  d'ex- 
cuses qui  lui  paraissaient  naturelles.  11  suffit  de  le  lire  de 
près,  pour  constater  que  s'il  voile  parfois,  en  avocat  con- 
sommé, pour  les  besoins  d'une  cause  qu'il  plaide  auprès 
des  autorités  françaises  et  des  pasteurs  du  Refuge,  cer- 
tains faits  dont  il  a  été  témoin,  il  les  connaît  dans  toute 
leur  brutalité,  et  atteste  néanmoins  qu'il  en  tient  les 
auteurs  pour  de  bons  ouvriers  de  l'œuvre  divine.  Que  l'on 
pèse  par  exemple  les  quelques  mots  qu'il  consacre  dans 
sa  Relation  des  merveilles,  à  Colognac  et  à  la  mort  de 
Bagars  (2)  «  On  a  prétendu  qu'en  l'année  1691  ce  jeune 
homme  avait  été  présent  lorsqu'on  avait  tué  dans  les  Cé- 

(1)  Arch.  L.  C.  173.  Publiée  in  extenso.  Abbé  Rouquette  Les  Poètes  céve- 
nols, p.  29. 

(2)  P.  53.  C'est  nous  qui  soulignons. 


316 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


vennes  un  ministre  apostat  appelé  Bagars...  Comme  de 
berger,  il  [Bagars]  était  devenu  un  loup  ravissant  qui 
faisait  plus  de  ravage  dans  la  bergerie  du  Seigneur  que 
ses  anciens  ennemis,  quelques  jeunes  hommes,  transportés 
de  zèle  et  d'indignation,  comme  autrefois  Elle,  le  tuèrent 
dans  un  chemin.  Brousson  n'avait  pas...  approuvé  cela,  et 
il  n'avait  pas  ouï  dire  que  le  frère  Colognac  eût  été  pré- 
sent à  cette  action.  Depuis  ce  temps-là,  il  avait  plusieurs 
fois  vu  Colognac  durant  deux  ans  et  demi,  et  il  lui  avait 
toujours  paru  fort  sage,  d'une  vie  pure  et  sainte,  plein  de 
zèle  et  de  pété.  »  Si  Ton  songe  qu'après  avoir  blâmé  «  cer- 
taines actions  qu'un  zèle  qui  ne  lui  paraissait  pas  assez 
modéré  »  avait  fait  commettre  au  frère  Vivens,  Brousson 
de  même  proclame  qu'au  reste,  la  vie  de  celui-ci  «  était 
pure  et  sainte  et  qu'il  avait  une  piété  angélique»,  on  croira 
fort  possible  de  conclure  des  lignes  qui  concernent 
Colognac  que  Brousson  avait  au  moins  quelques  doutes 
sur  sa  parfaite  innocence. 

Ce  que  Brousson  dit  de  La  Rouvière  est  tout  aussi  ca- 
ractéristique. 11  écrivit  de  la  Haye  le  19  mars  1695,  quand 
il  apprit  la  mort  du  jeune  prédicant  (1)  :  «  Les  juges  ini- 
ques qui  Font  condamné  à  un  supplice  barbare  s'ima- 
ginent qu'ils  en  ont  eu  un  légitime  prétexte,  à  cause  que 
feu  notre  frère  Vivens  et  ceux  qui  l'accompagnaient,  défen- 
daient leur  propre  vie  contre  ceux  qui  voulaient  les  massacrer. 
Mais  cela  ne  les  excuse  ni  devant  Dieu  ni  devant  les  hommes.  » 
Peut-on  nier,  devant  ces  paroles,  que  Brousson  savait 
l'accusation  de  Bâville  contre  Papus,  fondée  en  fait,  et 
connaissait  la  participation  de  Papus  au  meurtre  de  Bagars? 

Il  est  constant,  sans  doute,  que  les  réfugiés  de  Hol- 
lande ne  crurent  point  à  la  culpabilité  de  Papus,  ni  à  celle 
de  Colognac.  «  L'histoire  de  Paul  Coulougnac  surnommé 
Dauphiné  »  dont  nous  ne  connaissons  que  le  titre,  exal- 
tait la  piété  du  prédicant  et  l'innocentait  de  tout  crime  (2). 
La  <(  Belation  »  de  la  vie  et  de  la  mort  de  Papus  (3),  déclare 

(1)  Douen  II  242.  C'est  nous  qui  soulignons. 

(2)  Bull.  X,  215. 

(3)  Bull.  X,  269.  Imprimé  d'après  une  copie  manuscrite  dont  le  débul  avec 
le  titre  et  la  fin  sont  perdus. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


317 


que  ce  dernier  a  été  condamné  sur  deux  faux  témoignages. 
(Ce  sont  ceux  de  Gervais  et  de  Garbonnel,  qu'il  paraît 
impossible  de  récuser).  Elle  s'indigne  qu'un  même  crime 
ait  pu  être  imputé  à  Papus,  à  Colognac,  et  à  «  un  jeune 
homme  roué  en  1691  à  Montpellier».  Or  ce  jeune  homme, 
qui  est  Jean  Roussel,  de  Caderles,  était  accusé  de  la  mort 
de  Séverac,  et  non  point  de  celle  de  Bagars,  qui  vivait 
encore  quand  Roussel  mourut,  et  il  ne  faut  pas  oublier 
que  Bâville  avait  recueilli  les  noms  de  six  coupables  dans 
ses  enquêtes  touchant  l'assassinat  du  consul.  Les  publica- 
tions pieuses  de  la  Hollande  doivent  être  sérieusement 
contrôlées.  Ecrites  loin  du  Languedoc,  d'après  des  rela- 
tions fautives,  dans  un  milieu  ardent  qui  transformait  les 
nouvelles  d'après  ses  espérances,  elles  sont  souvent  sujettes 
à  caution.  Comment  oublier  que  Daniel  de  Superville, 
par  exemple,  dans  sa  2e  lettre  sur  les  «devoirs  de  l'Église 
affligée  »  ,  combattit  violemment  «  les  noires  calomnies  » 
suivant  lesquelles  Brousson  aurait  voulu  introduire  en 
France  des  armées  étrangères.  Ces  «calomnies  »  répétaient 
cependant  un  fait  aujourd'hui  avéré  (1). 

Colognac  et  Papus,  pour  ne  parler  que  d'eux,  sont 
donc  du  nombre  des  prédicants  cévenols  qui  au  col  du 
Mercou  assassinèrent  l'ancien  pasteur  Louis  de  Bagars. 
Il  faut  le  reconnaître  sans  ambages.  Mais  s'il  est  vrai  que 
pour  juger  équitablement  des  hommes  il  convient  de  se 
remettre  dans  leur  milieu,  il  ne  sera  pas  inutile,  en  termi- 
nant, de  rechercher  quelle  impression  produisit  sur  la 
famille  du  consul  sa  dramatique  fin.  Or,  si  extraordinaire 
que  le  fait  puisse  paraître,  pour  son  frère  —  Pierre  le  bailli, 
qui  instruisait  les  procès  faits  aux  Nouveaux  Convertis,  — 
pour  son  neveu  Louis,  le  lieutenant  de  milice  bourgeoise, 
la  mort  de  Bagars  parut  un  avertissementdu  ciel  (2). 

Le  soir  du  1er  octobre  1691,  Brousson  quittant  le 

(1)  Voir  Fonbrune-Berbinau.  Daniel  de  Supe?'ville,  1886,  p.  127. 

(2)  Pour  ce  qui  suit  voir  l'interrogatoire  d'Anne  Baudoin,  de  Caderles,  au 
fort  de  Saint-Hippolyte,  du  11  novembre  1691,  conservé  C.  191  dossier  Brousson. 


318 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


château  de  Cornely  (Lasalle)  pour  aller  célébrer  un  culte  près 
de  la  métairie  de  Las  Sognes,  et  conduit  par  une  jeune 
fille  de  la  maison,  Louison  de  Bringuier(18  ans) ,  fut  averti 
par  elle,  en  chemin,  que  le  jeune  Louis  de  Bagars  assiste- 
rait au  culte,  dont  elle  lui  avait  donné  avis.  Brousson  la 
blâma  fort  d'avoir  pris  une  telle  décision  sans  la  lui  avoir 
communiquée  d'avance,  mais  il  ne  recula  point.  Arrivé  à 
une  claie  de  M.  de  Calviac,  Brousson  rencontra  le  lieute- 
nant de  bourgeoisie  qu'accompagnait  une  fidèle  amie  des 
prédicants,  Anne  Baudoin,  de  Caderles  (19  ans).  Il  le 
prit  à  part,  causa  longuement  avec  lui,  et  dans  l'obscurité 
les  assistants  entendirent  bientôt  pleurer  le  neveu  du 
pasteur  apostat.  On  atteignit  enfin  le  lieu  désigné  pour 
l'assemblée.  Brousson  prêcha,  donna  la  cène,  et  fit,  en 
terminant  «  un  discours  à  Bagars,  sur  son  heureux  retour  » , 
après  quoi  il  lui  remit  plusieurs  de  ses  sermons  manus- 
crits. Le  fils  les  donna  au  père,  celui-ci  eut  l'occasion  de 
les  montrer  au  comte  de  Broglie,  prétendant  les  avoir 
trouvés  sous  une  pierre  à  la  porte  de  son  jardin.  Anne 
Baudoin  gronda  son  ami  d'une  imprudence  si  grande.  11 
répondit  que  «  cela  était  pour  le  mieux,  et  pour  faire 
voir  la  beauté  des  sermons.  » 

Le  jeune  de  Bagars  n'avait  que  21  ans.  11  s'employa 
pour  les  prédicants  dans  la  mesure  de  ses  forces,  trouva 
le  moyen  d'envoyer  à  La  Jeunesse,  qui  lui  avait  demandé 
des  armes,  quelques  pistolets,  une  épée,  et  de  la  poudre 
qui  provenaient  d'une  distribution  faite  à  la  milice,  le  reçut 
chez  lui,  assista  à  ses  assemblées.  Le  bailli  Pierre,  sachant 
le  zèle  d'Anne  Baudoin,  «  la  tira  un  jour  à  part,  dans  une 
chambre  de  sa  maison,  et  la  loua  beaucoup  sur  sa  con- 
duite, et  sur  la  confiance  que  les  prédicants  avaient  en  elle 
l'exhortant  d'être  secrète.  »  11  affirma  qu'il  souhaiterait 
d'avoir  une  conférence  avec  Brousson,  ajoutanl  qu'il 
l'avait  connu.  11  déclara  qu'on  avait  tort  de  souffrir  aux 
assemblées  de  la  jeunesse,  qu'il  n'y  fallait  que  d'hon- 
nêtes gens,  et  qu'il  convenait  de  ne  les  faire  que  dans  les 
maisons. 

Un  changement  si  radical  doit-il  être  attribué  à  la 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


peur?  Prétendra-t-on  que  les  deux  Bagars,  par  leurs  pro- 
testations d'amitié,  entendaient  simplement  échapper  à 
des  représailles  dont  ils  avaient  éprouvé  l'horreur?  Un 
mot  du  jeune  homme  montre  au  contraire  que  leur  dou- 
leur avait  été  sérieuse  et  morale.  La  mort  du  consul,  du 
ministre  pensionné,  loin  d'être  envisagée  par  eux  comme 
un  odieux  assassinat,  avait  été  pour  leurs  cœurs  un  coup 
de  la  colère  céleste,  qui  blesse  et  qui  guérit.  «  Le  Sieur 
de  Bagars  fils  dit  à  Anne  Baudoin  que  depuis  la  mort  de 
son  oncle,  ils  vivaient  d'une  autre  manière  dans  leur 
maison,  qu'il  y  avaient  les  Testaments,  qu'ils  faisaient  des 
lectures  tous  les  soirs  et  la  prière.  » 

Assurément  cette  ardeur  ne  dura  pas  longtemps.  Dès 
le  mois  de  novembre,  de  nouvelles  enquêtes  ordonnées 
par  Bâville  provoquèrent  à  Lasalle  de  nombreuses  arres- 
tations. Le  bailli  dut  reprendre  son  rôle  d'administra- 
teur avec  d'autant  plus  de  sérieux  que  son  fils  était  plus 
compromis.  Il  réussit,  nous  ne  savons  comment,  à  éloi- 
gner de  sa  demeure  les  sévérités  de  l'intendant,  enrôla  son 
fils  dans  les  troupes  régulières  (1),  ne  s'exila  point,  et 
mourut  à  Lasalle  en  1720,  à  82  ans.  Il  n'eut  rien  d'un 
héros.  Du  moins  la  commotion  morale  qu'il  ressentit  en 
1691  nous  aide  à  comprendre  la  ferveur  religieuse  que 
répandirent  dans  toutes  les  Cévennes  lès  premiers  prédi- 
cants  même  par  leurs  violences,  même  par  leurs  meur- 
tres. Le  bailli  Bagars,  en  ne  maudissant  point  les 
assassins  de  son  frère,  le  pasteur  devenu  persécuteur, 
nous  interdit  de  les  traiter  autrement  que  lui.  Il  permet 
aux  protestants  de  France  de  conserver  pour  la  personne 
et  pour  l'œuvre  des  premiers  prédicateurs  une  pieuse 
reconnaissance. 

Ch.  Bost. 

(1)  Le  9  mai  1699,  Louis  de  Bagars  est  «  lieutenant  de  dragons  »  ;  en  170G- 
«  capitaine  de  dragons  de  Pezoux;  en  1118  «  capitaine  de  dragons  au  régiment 
de  Baulîremont.  »  (Actes  notariés  de  Lasalle). 


Documents 


LES  COIÏIIÏIELIN  DE  DOUAI 


JEHAN  COMMELIN,  MARTYR,  (1567) 

A  plusieurs  reprises  déjà  le  Bulletin  a  mentionné  les 
noms  de  Commelin  et  Crommelin  (1).  C'est  surtout  à  la 
famille  Crommelin,  originaire  de  Courtrai,  et  qui  s'établit 
à  Saint-Quentin,  que  des  notices  ont  été  consacrées.  Des 
Commelin  résidaient  dès  le  commencement  du  xvie  siècle 
à  Douai.  La  France  protestante  (2e  éd.,  t.  IV,  p.  912)  et 
Je  Bulletin  (article  de  M.  J.  Pannier,  t.  XLV,  p.  243), 
semblent  admettre  qu'il  s'agit  là  de  deux  branches  d'une 
.seule  et  même  famille.  Il  ne  nous  le  paraît  pas.  Tout 
d'abord  l'orthographe  de  ces  deux  noms  est  suffisamment 
différente  pour  éviter  une  confusion  qui  n'a  d'ailleurs 
pas  été  faite  au  xvie  siècle,  Les  documents  de  cette  époque 
-qui  se  rapportent  aux  Crommelin  de  Saint-Quentin,  écri- 
vent :  Crommelin,  Crornmelick  ou  Cromelincq .  Tous  ceux 
qui  concernent  les  Commelin  de  Douai,  et  que  nous 
avons  eus  entre  les  mains  portent  :  Commelin,  Commeli- 
nus  ou  Commelijn.  Nous  avons  trouvé  une  fois  Joannes  a 
Commelin. 

En  second  lieu  clans  la  «  Généalogie  du  nom,  maison 
et  famille  des  Crommelin  »,  écrite  en  1712  par  le  réfugié 
Jacob  Crommelin  (Bulletin,  t.  VII,  p.  478),  celui-ci  ne 
fait  aucune  mention  d'une  branche  de  sa  famille  qui 
aurait  habité  Douai.  Il  remonte  jusqu'au  milieu  du 
xvie  siècle  ;  si  une  parenté  quelconque  avait,  à  cette 
-époque,  uni  les  deux  familles,  il  l'eut,  semble-t-il,  indiqué. 

(1)  Bull.,  t.  VII,  p.  478;  t.  VIII,  pp.  461,  548;  t  XLV,  p.  242. 


DOCUMENTS 


ne  fût-ce  qu'à  cause  des  persécutions  qui  s'abattirent  sur 
les  Commelin  de  Douai,  et  la  dispersion  qui  s'ensuivit. 

Il  y  a  enfin  une  troisième  raison  qui  nous  prouve  qu'il 
s'agit làde  deuxfamillesdistinctes.LesCrommelinportaieni 
au  xvie  siècle:  d'argent  au  chevron  de  gueules  accom- 
pagné de  trois  merlettes  de  sable  (Crommelin  ancien)  (1).. 
Les  Commelin  portaient:  d'azur  à  la  fasce  d'or  accom- 
pagnée de  trois  licornes  naissantes  d'argent,  accornées- 
et  crinées  d'or.  Ces  armes,  qui  se  retrouvent  dans  des 
ouvrages  du  xvne  siècle  écrits  par  des  Commelin  réfugiés 
en  Hollande,  sont  portées  par  les  derniers  descendants  — 
à  notre  connaissance  —  des  Commelin,  les  Commeliner 
d'Angleterre.  Ceux-ci  sont  établis  dans  ce  pays  depuis- 
1620.  Un  James  Commeliner  fut  naturalisé  anglais  en 
1640  (2). 

Les  détails  concernant  les  Commelin  qui  habitaient 
Douai  au  xvie  siècle  sont  peu  abondants.  Nous  rencon- 
trons quelquefois  leur  nom,  mais  restons  dans  l'ignorance 
sur  les  liens  de  parenté  qui  unissaient  entre  eux  ces- 
membres  d'une  même  famille. 

Jérôme  Commelin,  dit  Saint-André,  est  le  plus  connu- 
Il  gagna  Genève  pour  fuir  la  persécution  et  s'y  établit 
comme  imprimeur.  Il  fut  appelé  à  Heidelberg  par  l'élec- 
teur palatin  qui  lui  confia  le  soin  de  sa  bibliothèque.  Il 
mourut  en  1598. 

Comme  Jérôme,  et  peut-être  avec  lui,  Toussaint  Corn- 

(1)  Ces  armoiries  furent  modifiées  en  1596.  Jean  Crommelin  qui  s'établit  à* 
Saint-Quentin,  épousa  le  17  décembre  1595,  Marie,  fille  de  Jacques  de  Semeryr. 
seigneur  de  Camas.  Ce  mariage  fut  honoré  de  la  présence  de  Madame 
Catherine  de  France,  sœur  du  roi  Henri  IV,  qui  accepta  aussi  d'être  marraine- 
du  fils  aîné  de  Jean,  Pierre  Crommelin,  né  au  château  de  Mouy-Saint-Far,  le 
28  novembre  1596  (Bull.,  t.  VII,  p.  480,  481).  En  souvenir  de  ce  fait,  les  armes- 
suivantes  furent  concédées  aux  Crommelin  :  Parti;  au  1  d'azur  à  une  fleur- 
de  lys  d'or  à  la  bordure  componée  des  mêmes  émaux;  au  2,  de  Crommelin 
(Crommelin  moderne).  De  nos  jours  encore  les  Crommelin  tiennent  beaucoup- 
à  cette  fleur  de  lys. 

(2)  Ces  renseignements  nous  ont  été  fournis  par  le  colonel  C.-E.  Comme- 
line  de  l'armée  anglaise,  qui  possède  encore  la  lettre  de  naturalisation  de  son», 
aïeul. 


21 


322 


DOCUMENTS 


melin  quitta  Douai  pour  Genève.  En  1560,  sa  fille  Antoi- 
nette y  épousa  en  secondes  noces  Antoine  Cauvin,  frère 
du  réformateur  Jean  Calvin  (France  prot.,  t.  III,  p.  639; 
t.  IV,  page  913.) 

Nous  trouvons  à  Emden,  comme  prédicant,  Jacques 
Commelin  frère  de  Jérôme.  Il  était  né  à  Gand.  En  avril 
1566,  il  s'inscrivit  comme  étudiant  à  l'Académie  de 
Genève.  Il  a  laissé  des  poésies  latines  imprimées  en  1568. 
En  1575,  il  était  encore  à  Emden  (4). 

Un  Martin  Commelin  faisait  partie  en  1541  de  la  com- 
munauté calviniste  secrète  de  Douai.  Crespin  nous  le  dit 
«  riche  et  libéral  envers  les  povres».  Il  avait  été  vivement 
remué  par  le  martyre  de  Maître  Pierre,  curé  de  Douai, 
exécuté  par  le  feu  en  1538,  et  a  fut  lors  avancé  en  la 
«  doctrine  de  l'Évangile  :  si  que  depuis  il  alla  tousjours 
«  de  plus  en  avant  en  la  conoissance  d'ieelle  ».  La 
persécution  le  força  à  émigrer,  et  il  se  rendit  avec  de 
nombreux  compatriotes  en  Angleterre,  où  se  formèrent 
plusieurs  colonies  de  Flamands  et  de  Wallons.  Mais  la 
mort  d'Edouard  VI  et  l'avènement  de  Marie  (1553) 
obligèrent  les  exilés  à  fuir  leur  refuge.  On  sait  le  triste 
voyage  qu'ils  firent  de  Gravesend  aux  côtes  de  Norvège, 
et  de  là  en  Danemark  où,  pas  plus  que  dans  l'Allemagne 
luthérienne,  on  ne  voulut  leur  permettre  de  s'établir. 
Jean  Utenhovequi  nous  a  laissé  le  récit  de  cette  lamentable 
pérégrination  rapporte  que  Martin  Commelin  mourut  en 
touchant  le  solde  l'Allemagne.  Le  sénat  de  Wismar,  se 
conformant  aux  usages  du  temps,  confisqua  ses  bagages, 
et  ce  ne  fut  qu'à  grand'peine  que  son  parent  et  légitime 
héritier,  Étienne  Rosée,  put  en  obtenir  la  restitution  (2). 

Nous  désirons  grouper  ici  quelques  renseignements 
sur  un  autre  membre  de  cette  famille,  Jehan  Commelin, 

(1)  Biogr.  Universelle  (Bruxelles  1843-47),  t.  V,  p.  147.—  Idvre  du  Recteur, 
(Genève  1860),  p.  14.  —Werken  der  Marnix-Vereeniging  (Utrecht,  1810-89), 
Sér.  111,  Ve  partie,  p.  309. 

(2)  Chkspin,  éd.  de  Toulouse,  I,  343.  —  Raiileisheck,  Réfugies  belges  du 


DOCUMENTS 


323 


que  ne  mentionnent  ni  le  Bulletin,  ni  la  France  protes- 
tante [\).  Il  était  aussi  originaire  de  Douai,  et  y  était  pro- 
bablement né  (2).  L'année  de  sa  naissance  ne  nous  est  pas 
connue,  mais  nous  savons  qu'il  était  grand-père  en 
1567.  On  peut  donc  approximativement  la  fixer  au  pre- 
mier quart  du  xvie  siècle.  Il  se  voua  au  commerce  et 
chercha  pour  ses  affaires  un  centre  plus  actif  que  ne 
l'était  sa  ville  natale.  Peut-être  séjourna-t-il  quelque 
temps  à  Yalenciennes.  Il  est  une  fois  indiqué  comme 
venant  de  cette  ville,  clans  le  journal  manuscrit  de  Pb.  Cam- 
paneus  auquel  nous  empruntons  plusieurs  détails  le  con- 
cernant (3).  Il  est  certain,  en  tout  cas,  que  c'est  à  Gand 
qu'il  s'établit.  II  y  acheta  une  maison  à  la  rue  du  Bourg 
(Burchstraete) .   Cet  immeuble  qui  avait  appartenu  à 

xvie  siècle  en  Angleterre,  p.  11  t'Extrait  de  la  Revue  trimestrielle,  2e  série 
t.  VIII,  Bruxelles,  1865.) 

(1)  Les  sources  auxquelles  nous  avons  puisé  sont  : 

I.  Manuscrits  :  a)  Aux  Archives  du  Royaume,  à  Bruxelles,  dans  les  Papiers 
d'État  et  de  l'Audience,  le  reg.  530  (Conseil  des  Troubles,  vol.  36  :  Sentences). 

b)  À  la  Bibliothèque  royale,  à  Bruxelles  :  le  manuscrit  n°  16892-93  :  Dia- 
rium  rerum  Gandavensium  ab  anno  M.  D.  LXVI  usq.  ad  annum  M.  D.  LXXXV 
JE.  C.  per  magistrum  Philippdm  Campaneum.  —  Ce  Diarium,  inédit,  a  pour 
auteur,  comme  son  titre  l'indique,  Philippe  van  Campene,  qui  fut  avocat  au 
Conseil  de  Flandre.  Il  appartenait  au  parti  catholique.  Son  journal  est  écrit 
avec  grand  souci  de  vérité.  Au  xvme  siècle  il  existait  une  traduction  manus- 
crite flamande,  passablement  abrégée  sur  bien  des  points,  de  ce  Diarium. 
Cette  traduction  avait  été  faite  par  J.  G.  van  Maie,  curé  de  Bovekerke-lez- 
Dixmude,  qui  appelait  notre  auteur  Philippe  de  Kempenaere  :  elle  a  été 
publiée  à  Gand  en  1839  par  Pu.  B(lommaert),  sous  ce  titre  :  Vlaemsche  Kro- 
nijk,  of  Dagregister  van  al  het  gene  gedenkwardig  voorgevallen  is,  binnen  de 
stad  Gent,  sedert  den  15  july  1566  tôt  15  juny  1585,  door  Ph.  de  Kempenaere. 
Nous  ne  citons  pas  cet  Ouvrage,  ayant  toujours  pu  recourir  à  l'original  latin 
déposé  à  la  Bibliothèque  royale. 

II.  Imprimés  :  a)  C.  en  Ph.  van  Campene,  Dagbœlc,  behelzende...  gebeurte- 
nissen...  te  Gent,  sedert  het  begin  der  godsdienstberœrten  tôt  den  5en  April 
1571,  édité  par  Fr.  de  Potter.,  Gand,  1870.  —  C'est  une  chronique  flamande 
écrite  par  Corneille  van  Campene,  le  frère  de  l'auteur  du  Diarium  mentionné 
ci-dessus,  et  continuée  par  Philippe  lui-même,  pour  les  années  1567  à  1571. 

b)  J.  Van  den  Vivere  en  eenige  andere...,  Chronycke  van  Ghendt...,  édité 
par  Fr.  de  Potter,  Gand,  1885. 

c)  B.  de  Jonghe,  Gendsche  geschiedenissen...,  1566-1585  (3e  éd.),  Gand  (1781). 

d)  M.  van  Vaernewyck,  Mémoires  d'un  patricien  gantois  sur  les  troubles 
religieux  en  Flandre,  trad.  en  franc,  par  H.  van  Ddyse,  Gand,  1905-06. 

(2)  «  Joannes  a  Commelyn,  duacensis.  »  Diarium,  fol.  71  v°7  149  v°.  — 
«  Jean  Commelyn,  de  Douai.  »  Van  Vaernewyck,  II,  283.  —  «  Jan  Commelijn, 
van  Douay.  »  Dagbœk,  122. 

(3)  «  Joannes  Commelinus,  Valenchenas,  mercator  frumenti...  »  Diarium, 
fol.  56  v°. 


DOCUMENTS 


Me  Charles  de  l'Espinoy,  conseiller  au  Conseil  de  Flandre, 
avait  une  valeur  locative  d'au  moins  20  livres  de  gros  (1). 
Jehan  Commelin  était  marchand  de  grains  et  d'autres 
denrées  ;  ses  affaires  prospéraient.  Sa  fortune  était  esti- 
mée de  700  à  800  livres  de  rente  (2).  Lorsque  les  idées 
religieuses  nouvelles  se  firent  jour  à  Gand,  elles  trouvèrent 
en  Commelin  un  fervent  adhérent  ;  il  y  a  tout  lieu  de 
croire  qu'il  en  était  partisan  dès  son  arrivée  dans  cette 
ville,  puisque  nous  voyons  à  Douai  déjà  plusieurs  membres 
de  sa  famille  les  avoir  acceptées.  Il  suivait  assidûment  les 
prêches  de  la  nouvelle  religion  tant  à  Gand  qu'à  Anvers, 
lorsque  ses  affaires  l'y  appelaient.  Sa  fille  avait  épousé 
un  protestant  et  nous  savons  que  son  petit-fils  fut  baptisé 
protestant.  Nous  donnons  plus  bas  la  sentence  portée 
contre  lui,  qui  nous  fournit  tous  ces  détails. 

A  la  fin  de  l'année  1566  la  persécution  contre  les 
adhérents  des  nouvelles  doctrines  avait  subi  un  considé- 
rable ralentissement  dans  les  Pays-Bas.  Le  nombre  des 
sectaires  et  leurs  violences  l'avaient  momentanément 
arrêtée.  Ils  avaient  reçu  l'autorisation  de  se  réunir  ouver- 
tement et  même  de  construire  des  temples  à  proximité 
immédiate  des  principales  villes.  A  Gand  la  communauté 
calviniste  se  mit  sans  tarder  en  devoir  de  profiter  de  ces 
circonstances  favorables  :  le  28  octobre  1566,  à  8  heures  du 
matin,  douze  députés  désignés  à  cet  effet  se  réunirent,  et 
communiquèrent  leurs  projets  à  toute  l'Église  au  culte 
de  l'après-midi.  Jehan  Commelin  fut  choisi  comme  tréso- 
rier général  (3) .  Les  collecteurs  versèrent  entre  ses  mains 

(1)  «  ...  thmis  van  Jan  Commelijn,  stœnde  in  de  Burchstraete.  wijlen 
tœbehoort  hebbende  Mr  Chaerles  Lespinoy  reedt  ordinaire  sConijncs  ons 
gheduchts  heere  in  zijnen  Rtedt  van  Vlœnderen...  verhuert  es  gheweest 
voor  XX  lib.  gr.  »  Dagbœk,  p.  163.  —  «  Domus  Joannis  Commelyn  in  platea 
dicta  Burchstrate...  fuit  locata  XX  lib.  »  Diarium,  fol.  71  v°.  —  Sur  Charles 
de  l'Espinoy,  voir  Biographie  nationale.  Bruxelles,  1866  et  suiv.,  t.  V.  p.  404. 

(2)  «  Jean  Commelin,  riche  marchand  de  grains,  disposant  de  sept  ou 
huit  cents  livres  de  rente  par  an  demeurait  à  la  rue  du  Bourg  [de  Bruges]  et 
tout  récemment  avait  acquis  pour  sept  cents  livres  de  revenu  annuel  de  la 
ville  de  Gand  et  du  comté  de  Flandre.  »  Van  Vaernewyck,  t.  IT.  p.  821, 

(3)  «  ...  smorghens  ten  acht  hueren  zoo  woeren  vergaedert  do  prhedepu- 
teerde  van  den  voorseyde  guesen  [gueux]  ora  elcanderen  te  spreeken  hcr  ende 
jn  wat  manieren  datse  hucrlieder  keercke  ma^cken  zouden  :  ende  d;rrt<r  vrceren 
ghecozen  tweelf  mannen...  De  zelve  waeren  hij  den  predicant  tsachternœn* 


DOCUMENTS  325 

les  sommes  considérables  qu'ils  recueillirent  pour  l'édifi- 
cation du  nouveau  temple,  et  lui-même  veillait  aux 
dépenses  que  nécessitait  l'entreprise. 

Le  temple  calviniste  de  Gand  ne  dura  pas  longtemps  : 
il  fut  brutalement  démoli  le  9  avril  1567  (n.  s.)  par  des 
troupes  envoyées  à  cet  effet,  tambour  et  fifre  en  tête  (1). 
C'est  que  la  Gouvernante  Marguerite  de  Parme,  un  ins- 
tant effrayée  par  l'audace  des  sectaires,  s'était  ressaisie. 
Les  concessions  faites  furent  retirées  ;  un  régime  d'oppres- 
sion succéda  aux  quelques  mois  de  détente  qui  avaient 
marqué  la  seconde  moitié  de  l'année  1566.  Celui  qui  avait 
pour  tâche  d'extirper  complètement  l'hérésie  vint  rem- 
placer Marguerite  :  le  duc  d'Albe  arriva  dans  le  pays.  Il 
ne  tarda  pas  à  exercer  une  terrible  répression.  Partout 
parviennent  des  citations  à  comparaître  devant  le  Conseil 
des  Troubles  institué  à  Bruxelles.  Du  16  janvier  au  10  fé- 
vrier 1567  (1568  n.  s.)  une  série  de  citoyens  de  Gand 
(150  environ)  sont  cités  :  ce  sont  ceux  qui  ont  dirigé  ou 
favorisé  la  nouvelle  religion.  Dix-huit  des  plus  notables 
osent  se  rendre  à  Bruxelles  pour  se  justifier.  Jehan  Com- 
melin  est  de  leur  nombre  (2).  Il  est  convoqué  avec  d'autres 
au  palais  du  prince  pour  le  3  mars.  Là  avec  plusieurs  de 
ses  concitoyens,  il  est,  ainsi  que  son  fils,  arrêté  vers 
9  heures  du  soir  et  jeté  en  prison  (3).  Son  procès  fut 

jnt  laetste  vande  sermœne  uuytghelesen  ende  huerlider  ghemeente  te  kennen 
ghegheven,  ende  huerlieder  ontfanghere  genersel  was  Jan  Commelijn,  gra- 
nier.  »  Chronycke  van  Ghendt,  p.  218. 

(1)  Voirie  pittoresque  récit  de  Van  Vaernewyck,  t.  I,  pp.  432-435. 

(2)  «  Die  Xa  [feb.  67]  Bruxelles  in  curia  principis  prœlecta  sunt  nomina 
diversorum  incolarum  huius  urbis  [Gand]  qui  partira,  prsesentes,  partim 
absentes  fuerunt  causa  religionis.  Quorum  omnium  primus  fuit  Eranciscus 
Huerebloc,  quem  sequebant  plurimi  alii,  ut  Joannes  Commelinus,...  et  plu- 
rimi  alii  cives  numéro  centum  et  quinquaginta,  quorum  quidam  erant  capita 
novae  religionis,  qui  vulgo  vocabantur  lingua  flandrica  consistoriantes  ;  alii 
vero  auditores  et  studiosi  prEedictse  religionis.  »  Diarhim,  fol.  56  r°  et  v°.  — 
Voir  aussi  :  Vander  Vynckt,  Histoire  des  troubles  des  Pays-Bas,  Bruxelles, 
1836,  t.  I,  p.  270. 

(3)  «  Die  iija  [rriar.  67]  ...omnes  praefati  citati  présentes  sub  vesperam 
iussi  sunt  venire  ad  curiam  principis,  ubi  sunt  capti  et  carceri  traditi.  Inter 
quos  fuerunt...  Joannes  Gommelyn  cum  filio...,  et  aliquot  alii  quorum  qui- 
dam fuerunt  constitoriantes  tempore  novarum  concionum.  Alii  vero  aliorum 
criminum  fuere  rei  contra  maj estâtes  divinas  et  humanas,  utpote  qui  in 
proprias  œdes  receperunt  concionatores,  eos  foventes,  et  adiuvantes  omni 
ope,  consilioet  auxilio.  »  Diarium,  fol.  58  v°.  —  Le  4  mars  on  apprend  à  Gand 


3°26  DOCUMENTS 

rapidement  mené;  le  6  avril  la  sentence  suivante  fut  pro- 
noncée contre  lui  : 

Le  Prévost  de  l'hostel  de  sa  Majesté  ayant  veu  le  procès  de  Jehan 
Commelin  par  lequel  il  appert  que  ledict  Gommelin  auroit  receu 
des  mains  des  collecteurs  par  l'ordonnance  d'aulcuns  des  consisto- 
riaulx  divers  deniers  jusques  à  notable  somme  et  par  la  mesme 
ordonnance  exposé  lesdicts  deniers  à  l'édification  du  nouveau 
temple,  ayant  aussi  esté  présent  où  a  esté  levé  l'enfant  de  sa  fille 
à  la  nouvelle  mode  et  au  nouveau  temple  ;  et  qu'il  auroit  esté 
continuellement  aux  presches  tant  à  Gand  qu'Anvers  ;  qu'abban- 
donnantl'anchienne  foy  catholicque  et  tenant  la  partie  de  la  nou- 
velle religion  contrevenant  les  ordonnances  deSa  Majesté;  et  après 
que  touta  esté  veu  —  ledict  prévost,  par  l'advis  des  conseillersde 
SaMajesté  et  de  ladicte  court,  a  condempné  et  condempne  par  ceste 
que  ledict  Jehan  Commelin  doibt  estre  exécuté  par  l'épée  et  ses 
biens  confisquez  au  prouffict  de  sa  dicte  Majesté.  Ainsy  pronunché 
en  la  ville  de  Bruxelles,  le  vje  d'apvril  1567  devant  Pasques  (1). 

Le  même  jour  Jehan  Commelin  fut  décapité  avec  son 
fils  hors  des  murs  de  la  ville.  Plusieurs  autres  Gantois 
périrent  en  même  temps,  les  plus  notables  parl'épée,  les 
autres  par  la  corde  (2).  Le  journal  de  Campaneus  rapporte 
que  les  condamnés  se  réconcilièrent  avec  l'Eglise  catholique 
et  reçurent  le  sacrement  deJ'autel.  Il  est  probable  cepen- 
dant que  tous  n'abjurèrent  pas.  En  effet  van  Yaer- 
newijck  nous  raconte  que  quelques  jours  auparavant,  «  il 
s'en  trouva  d'assez  imprudents  pour  combattre  la  croyance 
générale  de  l'Eglise  avec  tant  de  témérité  qu'ils  semblaient 
se  croire  en  plein  Genève.  »  Et  il  ajoute  :  «  Dieu  sait  ce  qu'il 
leur  en  coûtera  (3)  ».  De  grandes  sommes  furent  offertes 
pour  racheter  les  principaux  d'entre  eux,  Jehan  Commelin 
et  son  fils  en  particulier  (4)  ;  mais  ce  fut  en  vain  :  le  duc 

«  ...datzyghecoort  ende  ghevanghen  Nvierden,tsaventsontrent  denIX  hueren, 
onderdewelcke  zyn...  Jan  Gommelijn  metzijne  sonen...,  etc.  »  Dagbœ h,  p.  109. 

(1)  Archives  du  Royaume,  à  Bruxelles.  Papiers  d'État  et  de  l'Audience, 
Reg.  530,  (Conseil  des  Troubles,  36),  fol.  75  r°  et  v°. 

(2)  Nous  n'avons  pas  trouvé  la  sentence  portée  contre  Commelin  fils.  Son 
arrestation  est  rapportée  :  Diarium,  fol.  58  v°  et  Dagbœk,  p.  109;  —  son  exé- 
cution, Diarium,  fol.  62  v°  (voir  ci-dessous).  —  Cf.  aussi  au  sujet  de  la 
mort  des  nombreux  Gantois  :  Van  Vaeknewyck,  II,  pp.  283-284.  —  .Ipste,  His- 
loire  de  la  Révolution  des  Pays-Bas  sous  Philippe  11,  Bruxelles,  1855.  t.  II. 
p.  455.  —  Henné  et  Wauters,  Histoire  de  la  ville  de  Bruxelles,  Bruxelles. 
1845,  t.  I,  pp.  415,  416. 

(3)  Van  Vaernewyck,  t.  Il,  p.  222. 

(4)  «  Die  vj'  [ap.  67]  multi  Bruxellrr  morti  sunt  adiudirali  rives,  et  incol.v 


DOCUMENTS 


327 


resta  inflexible  —  si  tant  est  que  l'offre  soit  parvenue  jus- 
qu'à lui.  La  confiscation  des  biens  des  condamnés  rappor- 
tait d'ailleurs  plus  au  trésor  que  ne  l'eût  fait  leur  rançon.  Le 
fisc  ne  tarda  pas  à  s'en  emparer.  La  mise  en  location  des 
maisons  des  Gantois  exécutés  fut  annoncée  le  30  juillet  1568 
par  Jean  van  den  Poêle,  receveur  :  le  4  août  la  maison  de 
Jehan  Commelin  était  louée  pour  trois  ans  au  prix  de 
10  livres  de  gros  (1).  Cinq  ans  plus  tard,  le  24  sep- 
tembre 1573,  elle  était  vendue  à  vil  prix  (2) . 

Telles  sont  les  informations  que  nous  avons  pu  réunir 
sur  Jehan  Commelin.  Il  s'en  faut  de  beaucoup  que  nous 
ayons  là  un  portrait  :  ce  ne  sont  que  quelques  lignes  d'une 
physionomie  que  nous  devinons  sympathique.  Jehan  Com- 
melin nous  apparaît  comme  un  homme  religieux,  intègre, 
entreprenant  et  énergique.  Son  attachement  à  une  doc- 
trine persécutée,  la  confiance  de  ses  coreligionnair esr 
la  réussite  de  ses  affaires,  son  courage  à  se  présenter  à  la 
citation  du  due  d'Albe,  nous  en  semblent  les  preuves.  Il 
nous  a  paru  intéressant  de  faire  sortir  de  l'ombre  cette 
figure  presque  inconnue  (3) . 

Jean  Meyhoffer. 

huius  urbis,  qui  etsi  paeniterent  suorum  criminum,  et  sese  per  confessionem 
et  sumptionem  corporis  dominici  réconciliassent  catholic£e  ecclesiae,  nihi- 
lominus  sumptum  est  de  iisdem  ultimum  supplicium,  partim  per  capitis 
diminutionem,  et  partim  per  patibulum,  licet  pro  quorundam  rédemption e 
multum  pecunise  offerebatur  ut  pro  Joanne  Commelyn,  filio  eius,  etc..  » 
Diarium,  fol.  62  v\  —  Cf.  Dagbœk,  p.  122. 

(1)  Diarium,  fol.  71  r°  et  y0.  —  Dagbœk,  pp.  161  et  163.  —  Van  Vaernewyck, 
t.  II,  p.  448. 

(2)  Diarium,  fol.  149  v°. 

(3)  M.  Meyhoûer  me  permettra  d'ajouter  une  note  à  son  très  intéressant 
document.  On  a  vu,  ci-dessus,  p.  321-322,  que  deux  membres  de  la  famille 
du  martyr  Jehan  Commelin,  savoir  Jérôme  et  Toussaint  Commelin  se  réfu- 
gièrent au  xvie  siècle  à  Genève  et  qu'en  1560  la  fille  de  ce  dernier,  Antoinette, 
y  épousa  en  secondes  noces  Antoine,  frère  du  réformateur  Jean  Calvin.  Or 
on  se  rappelle  peut-être  que  le  musée  de  Douai  renferme  un  portrait  déjeune 
femme  du  xvr  siècle  sur  lequel  se  trouve  la  double  inscription  :  femme  de 
Jan  Calvein  {Bull.  1907,  222).  Cette  légende  ne  s'explique  bien  que  si  on 
suppose  qu'elle  a  été  inscrite  sur  la  peinture  lorsque  la  personne  que  celle-ci 
représente,  c'est-à-dire  la  jeune  femme  de  l'anabaptiste  Jean  Stordeur,  fut 
devenue  l'épouse  du  réformateur.  Si  ce  portrait  était  à  Douai  au  xvr3  siècle, 
ce  qui  est  fort  possible,  celui  qui  le  possédait  a  pu  fort  bien,  non  seulement 
savoir  qui  était  Calvin,  mais  encore  tenir  à  fixer  ainsi  un  fait  fort  intéressant, 
vu  la  notoriété  du  réformateur.  Et  qui  sait  si  ce  portrait  ne  se  trouvait  pas 
dans  la  famille  dont  un  membre  s'allia  à  celle  de  Calvin?   N.  W. 


UN  CHAPITRE  DE  GÉOGRAPHIE  HUGUENOTE 
LE  MOYEN-POITOU 
PROTESTANT  AU  MILIEU  DU  XVIIIe  SIÈCLE  (1) 

Au  lendemain  du  vote  de  la  loi  de  séparation  des 
Églises  et  de  l'État  qui  va  très  probablement  amener  un 
remaniement  des  anciennes  Églises  officielles,  en  certaines 
régions,  en  particulier  dans  le  Poitou,  il  est  peut-être 
utile,  il  est  assurément  intéressant  de  connaître  comment, 
dans  cette  province,  furent  organisées  les  Eglises  après 
la  tourmente  qui  suivit  la  révocation  de  l'édit  de 
Nantes. 

Parmi  les  manuscrits  composant  le  fonds  Gobineau  (2) 
retrouvés  par  nous,  il  y  a  quelques  années  et  déposés 
;aujourd'hui  à  la  Bibliothèque  de.  la  Société  de  l'Histoire 
du  Protestantisme  Français,  se  trouve  un  document  utile 
it  ce  sujet. 

C'est  un  état  qui  fournit  la  liste  des  premières  Églises 
<de  cette  région.  Il  y  en'  avait  14.  Chaque  Église  était 
-divisée  en  un  certain  nombre  de  quartiers.  Le  document 
relève  les  noms  de  ces  quartiers,  avec  ceux  des  bourgs, 
-villages,  hameaux  et  fermes  isolées  qui  le  composaient. 

En  l'absence  du  pasteur,  toujours  errant,  sans  domi- 
cile fixe  et  qui  ne  pouvait  ainsi  connaître  tous  les  fidèles, 
•chaque  quartier  était  placé  sous  la  surveillance  d'un 
ancien,  homme  de  confiance,  éprouvé,  chargé  d'exercer 
.une  certaine  discipline  morale,  de  distribuer  les  méreaux 
les  jours  de  Cène  et  de  percevoir  les  honoraires.  Le  nom 
du  quartier  était  celui  de  la  résidence  de  l'ancien,  ce  qui 
.explique  que  beaucoup  "de  ces  noms  de  quartiers,  loin 
d'être  des  bourgs  ou  des  villages  importants,  se  trouvent 

(1)  La  carte  qui  accompagne  ce  travail,  dressée  sous  les  yeux  de  M.  Mail- 
lard, a  dû  être  considérablement  réduite  pour  pouvoir  être  reproduite  ici.  11 
laudradoncla  consulter  avec  une  loupe,  bien  que  les  noms  aient  été  transcrits 
lisiblement. 

(2)  Bull.,  X,  83.  -  XXXVI,  432.  -  XXVI.ll,  216"".  -  XLI1I,  224-235. 


DOCUMENTS 


329 


être  souvent  de  simples  hameaux  ou  même  des  fermes. 

Lorsqu'en  1736,  les  premiers  pasteurs  Chapel  (1), 
Michel  Viala  (2),  J.-B.  Loire  (3),  vinrent  travailler  en 
Poitou,  leur  premier  soin  fut  d'essayer  de  reconstituer  les 
Églises  disparues. 

Dans  la  correspondance  qu'ils  entretinrent  avec  Ant. 
Court  et  Court  de  Gébelin  on  trouve  la  trace  de  leurs 
efforts. 

Le  20  novembre  1740,  Viala  écrit: 

«  J'arrivai  en  Poitou  à  la  fin  du  mois  dernier,  après  avoir  sou- 
«  tenu  les  travaux  d'un  long  et  périlleux  voyage.  La  confusion  qui 
«  régnait  parmi  les  fidèles  de  cette  province  et  surtout  l'intru- 
«  sion  de  certains  esprits  turbulents  qui  s'opposaient  à  l'établisse- 
«  ment  de  l'ordre,  me  firent  douter  d'abord  de  la  réalité  de  mes 
«  desseins.  Mais  la  Providence,  dicipant  les  difficultés,  m'ouvrit 
«  bientôt  un  vaste  champ  que  j'ai  cultivé  depuis  avec  efficace.  J'y 
«  ai  formé  vingt-quatre  églises  ;  il  est  vrai  qu'il  y  en  a  quatre  où  j'ai 
«  trouvé  des  opposants  assez  opiniâtres.  Mais,  j'espère  que  ceux- 
«  ci  se  rangeront  aussi  par  la  suite  et  que  nous  aurons  occasion 
«  de  former  dans  la  même  province  plus  de  dix  autres  églises 
«  dans  les  lieux  que  je  n'ai  pu  visiter  (4).  » 

De  son  côté,  Loire  écrivait  quelques  mois  après,  le 
14  mars  1741. 

«  Je  suis  arrivé  dans  ce  pays  le  12  du  mois  d'octobre  dernier  ; 
«  j'y  ai  trouvé  un  très  grand  peuple  affamé  de  la  parole  de  Dieu. 
«  M.  Viala  y  a  formé  26  arrondissements  assez  considérables,  sans 
«  ceux  qui  sont  encore  à  former...  La  moisson  est  grande,  mais  il 
«  y  a  peu  d'ouvriers...  Je  suis  seul  dans  ce  pays  et  je  ne  sais  les- 
«  quels  contenter  les  premiers...  Quand  il  y  aurait  deux 
«  ministres  et  quatre  prédicanls  ils  auraient  encore  du  travail 
«  autant  qu'ils  en  pourraient  faire  (5).  » 

Le  passage  de  ces  deux  pasteurs  dans  la  province 
n'ayant  été  que  de  très  courte  durée,  leur  œuvre  ne  put 

(1)  Bull,  XI,  81.  —  XXXV,  436.  —  XXXVI,  679.  —  XXXIX,  645.  —  XLIII, 
146.  —  XLVI,  504.  —  XLV1II,  346. 

(2)  Bull.,  XI,  81.  —  XLIV,  373.  —  XLVIII,  342.  —  XLIX,  9. 

(3)  Bull.,  III,  314.  —  IX,  250.  —  XLVIII,  344. 

(4)  Papiers  Anl.  Court.  Genève.  Tome  XIII.  N°  1,  p.  173ss. 

(5)  »  »  »  »  »      p.  263. 


330 


DOCUMENTS 


jeter  de  profondes  racines.  C?est  aux  premiers  pasteurs 
fixes  que  revient  l'honneur  d'avoir  relevé  les  brèches  et 
reconstitué  les  Églises.  Ces  deux  premiers  pionniers  sont 
Gounon  dit  Pradon  (1)  et  Pélissier  dit  Dubesset. 

Lorsqu'en  1744,  Gounon  arriva  en  Poitou,  son 
premier  soin  fut  de  rétablir  Tordre  et  d'organiser  les 
Églises.  Dans  une  lettre  à  Court  de  Gébelin,  à  la  date  du 
15  août  1745,  il  raconte  comment  il  s'y  est  pris. 

«  Vous  me  demandez,  dit-il,  de  vous  apprendre  mon  état  et 
«  celui  des  églises  que  j'ay.  Pour  ce  qui  est  de  moy,  je  vous 
«  diray  que,  depuis  15  mois  que  je  suis  dans  le  Poitou,  je  me 
«  suis  parfaitement  bien  porté.  Loué  soit  Dieu  !  L'air  du  Poitou 
«  m'est  fort  favorable  et  je  m'y  plais  extrêmement.  D'autant  plus 
«  que  je  vois  que  mon  ministère  n'y  est  pas  inutile.  J'ay  décou- 
«  vert  un  grand  nombre  de  Protestants  qui  répondent  fort  bien  à 
«  mes  vues,  faisant  paraître  beaucoup  de  piété  et  de  zèle,  ne 
«  manquant  pas  une  assemblée...  Nous  avons,  dans  le  Haut  et  le 
«  Bas-Poitou,  trente  églises,  mais  depuis  le  16  courant  de  l'année 
«  dernière  que  je  commençay  à  prêcher  le  jour,  j'ay  rangé  cela 
«  en  douze  arrondissements,  pour  la  commodité  des  Églises  et  de 
«  nous...  Dans  chaque  arrondissement  j'ay  établi  un  corps  de 
«  consistoire  pour  veiller  sur  les  affaires,  pour  faire  régner  l'ordre 
«  et  pour  faire  observer  la  Loi  de  l'Église  (2).  » 

La  pièce  qui  suit  est,  selon  toute  probabilité,  le  clas- 
sement ainsi  fait,  en  1744,  par  Gounon  et  son  collègue 
Pélissier. 

Nous  possédons  le  méreau  de  chacune  de  ces  qua- 
torze Églises  énumérées  dans  cet  état,  plusieurs  avec  deux, 
trois,  et  jusqu'à  cinq  variétés.  Si  on  en  connaît  un  plus 
grand  nombre,  c'est  que  les  Églises  furent  augmentées 
dans  la  suite.  Au  tome  II,  p.  149,  de  son  Histoire  de  la 
Restauration  du  protestantisme  en  France  au  xviii0  siècle. 
M.  Ed.  Hugues  donne,  à  la  date  de  1774,  une  nouvelle  liste 
des  Églises  du  Poitou  et  qui  s'élève  à  vingt-neuf,  Haut  et 
lias-Poitou  compris  et,  encore,  ajoute-t-il,  en  note,  «  cette 
liste  ne  doit  pas  être  complète  ». 

(1)  Bull.,  Xï,  245.  —  XII,  122.  —  XXXVIIT,  219.  -  XLVI,  588.  -  LtV,  887. 

(2)  Papiers  Anl.  Court.  Genève.  Tome  XVII.  N"  1,  p.  151-154. 


DOCUMENTS 


331 


Les  quatorze  Églises  de  notre  état  embrassent  la 
partie  classique  du  protestantisme  poitevin  des  Deux- 
Sèvres  et  qui  s'étend  sur  les  arrondissements  de  Niort  et 
Melle,  avec  extension  sur  la  partie  limitrophe  de  la  Vienne, 
du  côté  de  Lusignan  et  Couhé. 

Dans  cet  espace,  avant  la  séparation,  il  y  avait  37  pa- 
roisses officielles,  avec  42  pasteurs. 

Les  limites  de  ces  quatorze  Eglises  ne  correspondent 
à  aucune  de  nos  divisions  actuelles,  civiles  ou  religieuses, 
c'est  un  groupement  arrangé  plutôt  d'après  les  limites 
naturelles.  Pour  qui  connaît  un  peu  le  pays,  il  est 
facile  de  s'en  rendre  compte  en  jetant  un  coup  d'œil  sur 
la  carte  qui  accompagne  ces  lignes. 


Th.  Maillard. 


332  DOCUMENTS 

ÉTAT  DES  ÉGLISES  DU  HAUT-POITOU 

AVEC    LA    NOMENCLATURE   DES  BOURGS, 
VILLAGES,    HAMEAUX   ET  FERMES 
QUI    LES    COMPOSAIENT    AU    MILIEU    DU   XVIIIe  SIÈCLE 


I.  —  Église  de  Saint-Maixent  (1). 


QUARTIERS 

VlLLLb,  rJUUnGo,  VILLAlrEb 

L  U  M  M  U  JN  L 

L  liLlbL 

HAMEAUX  ET  FERMES 

ACTUELLE 

ACTUELLE 

odini-iviaixeni.  .  . 

LiG   Ull  Odini-lVldlXeilT/. 

odlIll-^VldlXcIll. 

odlill-MdlXeill. 

Pissot. 

Saint- Martin  de 
Saint-Maixent. 

)> 

De  La  Bizière.  .  . 

La  Bizière  (2). 

Exireuil. 

)) 

La  Fortran che. 

)) 

La  Touche  Poupard. 

Saint-Georges 
de  Noiné. 

)) 

Vinché. 

Saivres. 

)) 

L'Houmée. 

Saint-Georges 
de  Noiné. 

» 

La  Métiverie. 

Saivres. 

» 

Chisseré. 

» 

» 

La  Meurtrière. 

Saint-Georges 
de  Noiné. 

L'Houmeau. 

Saivres. 

» 

Maunay. 
La  Coutancière. 

» 

)) 
» 

Sous-le-Bois. 

» 

La  Briaudière. 

» 

(1)  ÈuU.I,  236.  —  III,  118.—  IV, 228,  322,  352.  —  VII,  431.  —XV,  518,380.  —  XXIV  307  —XXVI  1 
417.  —  XXVIII,  170.  —XXXVIII,  110,214.  —  XL,  212,655.  —  XLII.  424.  -  XLIII  127   138   148  - 
XLV,  53,  168.  -  XLVII,  527.   -  XLIX,  109.  -  L.  557,  560,  -  LU,  409.  -  LtV,  90,  300,  330,  $49,  . 

—  LV,  483. 

(2)  Lieu  do  naissance  du  pasteur  François  Brunot  en  1781. 


DOCUMENTS  333 


QUARTIERS 

VILLES,  BOURGS,  VILLAGES 

HAMEAUX  ET  FERMES 

COMMUNE 

ACTUELLE 

a]  Tcp 

ACTUELLE 

I  a  RiziArp 

La  Chaillochère. 

Saivres.  •  - 

Saint-Maixent. 

Saugé. 

» 

» 

Exireuil. 

Exireuil. 

» 

Le  Pinier. 

Saivres. 

» 

La  Blanchardière. 

» 

» 

La  Roche. 

Exireuil. 

La  Mimardière. 

Saivres. 

Couché. 

Nanteuil. 

» 

La  Bernatière. 

L'Audonnière. 

La  Goubaudière. 

» 

Jje   Ici  odl dllUIc! k}  . 

Vix. 

Saivres. 

Magnou. 

Saivres. 

Combré. 

Lugné. 

» 

Tindeure. 

» 

La  Couture. 

» 

» 

L'Herbaudière. 

La  Thibaudière. 

» 

» 

De  Pellevoisin  .  . 

Paunay. 

Saivres. 

» 

Perré. 

» 

Mautré. 

Azay-de-Brulé 

A/dy-ie- 
Bnilf*  (A) 

■  ' 

Puiblain. 

Saînt-M  aîxPTi  t 

Verrière. 

» 

La  Brousse-d'Azay. 

Azay. 

Azay. 

La  Crote. 

» 

» 

La  Grange  aux  Moines. 

S'-Martin  de 

Saint-Maixent. 

S'-Maixent. 

La  Fenouillère. 

» 

» 

Geofîret. 

» 

(])  Bull.,  XLIII,  147. 

33i 


DOCUMENTS 


QUARTIERS 

VHfFS   ROTTRftS  VTLLAftFS 
HAMEAUX  ET  FERMES 

COMMUNE 
ACTUELLE 

FfTI  TSF, 

Ht  UT  Là  1  O  Ht 

ACTUELLE 

De  Charnier    .  .  . 

Cerzeau  (1). 

Azay. 

Azay. 

Mons. 

» 

Fenouix. 

Breloux. 

La  Crèche. 

Monfreteau. 

Azay. 

Azay. 

II.  —  Église  de  Cherveux  (2). 

De  Coûtant.  .  .  . 

nrin  tan  t 

Azay-le- 

Brulé. 

La  Coutinière. 

Azay. 

■» 

T  et  Tin/^liAttA 

JUcl  llUL/ilClLC. 

Auge. 

» 

La  Folie. 

)) 

» 

Peumant. 

» 

La  Cour  d'Augé. 

» 

Le  Pin  d'Augé. 

)) 

Saint-Hilaire. 

» 

» 

Esset. 

» 

Boiségu. 

» 

Vuzé. 

La  Chapelle- 

Odlll  L-itlcllAtJlll^ 

Bâton. 

La  Bertonnière. 

Augé. 

Azay. 

Bonnay. 

La  Chapelle- 

Saint-Maixent. 

Baton. 

Bessé. 

Cherveux. 

Cherveux. 

La  Grange-Neuve. 

Beauvais. 

» 

» 

Marcusson. 

Augé. 

Azay. 

Le  Breuil  de  Bessé. 

» 

» 

De  la   Grange  de 

Maulvault. 

Cherveux. 

Cherveux. 

Maulvault.  .  .  . 

La  Carte. 

»  ] 

Lussay. 

)> 

")V'-'. '■' 

(1)  SuU,,  LU,  446. 

(2)  Bull.,  IV,  232.  —  XLIII,  127.  —  LU,  423.  —  LIV,  304,  349,  357,  3%. 


DOCUMENTS  335 


— 1  

QUARTIERS 

VILLES,  BOURGS,  VILLAGES 

HAMEAUX  ET  FERMES 

COMMUNE 

ACTUELLE 

ÉGLISE 

ACTUELLE 

De  Fonverrines  .  . 

Fonverrines. 

Azay. 

Azay. 

Givrais. 

Cherveux. 

Cherveux. 

Villeneuve. 

» 

» 

Le  Chatellier. 

La  Balaizerie. 

» 

Chavant. 

» 

La  Chaume. 

» 

» 

Creusé. 

Breloux. 

La  Crèche. 

Bédane. 

Azay. 

Azay. 

La.  Petite-Valette. 

» 

» 

De  Boisragon .  .  . 

Boisragon  (1). 

Breloux. 

La  Crèche. 1 

Drahé. 

» 

» 

De  Ghampdenier  . 

Champdenier  (2). 

Champdenier. 

Saint-Maixent. 

Rouvre. 

Rouvre. 

» 

La  Barre-de-Rouvre. 

» 

» 

Tripozeau. 

Cherveux. 

Cherveux. 

La  Bernière. 

» 

Le  Breuil  de  Saint-Cristophe. 

St-Christophe. 

Saint-Maixent. 

De  la  Brange  .  .  . 

La  Brange. 

» 

Saint-Gelais  (3). 

Saint-Gelais. 

Chauray. 

Le  Quéray. 

Le  Prieuré  d'Availles. 

» 

» 

Rignelaire. 

François. 

La  Crèche. 

Le  Grand  Dognon  (4) . 

» 

-  »  i 

Les  Groies. 

Saint-Gelais. 

Chauray. 

Chalusson. 

.  » 

Le  Breuil-Gallerit. 

François. 

La  Crèche. 

(1)  Bull.,  II,  200.  —  XI,  245.  —  XLVl,  157.  —  XLIX,  240. 

(2)  Bull..  IV,  322.  —  XV,  518.  -  XLVII,  139.  —  LU,  571.  - 

(3)  Bull.,  IV,  232.  —  LIV,  £96. 

(4)  Bull.,  I,  384.  —  II,  232, 

-  LIV,  313,  333. 

336 


DOCUMENTS 


QUARTIERS 


VILLES,  BOURGS,  VILLAGES 


HAMEAUX  ET  FERMES 


COMMUME 

ACTUELLE 


EGLISE 
ACTUELLE 


III.  —  Église  de  Niort  (1). 


De  François.  .  .  . 

Le  bourg  de  François. 
Ruf'fîgny. 
La  Petite-Garnerie. 
La  Pérée. 
Gandé. 

François. 
Chavagné. 
Breloux. 

» 
» 

La  Crèche. 
Chavagné. 
La  Crèche. 
» 

De  Maisons-Neuves. 

Breloux. 
Estrées. 
L'Ile. 
La  Villedieu. 
Le  Pairé. 
Tressauve  (2). 
Moullay(3)  (Moullé) 

» 

» 

)> 

Chavagné. 
Fressines. 

» 

» 

Chavagné. 
Fressines. 

De  Bougouin  .  .  . 

Thille. 

Ghavagné(4). 
Les  Champs. 
Mizeré  (5). 

» 

Chavagné. 
» 

» 

Chavagné. 

» 
» 

De  Vaumoreau  (6). 

Gascougnolle  (7). 
Villeneuve. 

Vouillé. 

» 

Vouillé. 

Vouillé  (8). 

(1)  Bull.,  I,  236.  —  IV,  228,  322,  352,  505.  -  VI,  387,391.  — IX,  294.  -  XI,  82.—  XV,  518,  380.  - 
XX,  231.  —  XXI,  169.  —  XXIV,  551.  —  XXVII,  416.  —  XXXIV,  367.  —  XXXVI,  110,  211.  -  XXXIX, 
68.  -  XLII,  165,  424.  -  XLIII,  128.  —  XLIV,  360,  610.  -  XLVI,  451.  -  LIV,  304,  331,  348. 

(2)  Lièvre.  Les  Martyrs  Poitevins,  p.  273. 

(3)  Journal  de  Jean  Migault,  Edit,  de  Bray.  Niort,  1840,  p.  20,  24,  64. 

(4)  Bull.,  XXXVIII,  170.  —  Lièvre,  Martyrs  Poitevins,  p.  230. 

(5)  Journal  J.  Migault,  p.  125,  132. 

(6)  Bull.,  LU,  256. 

•  7)  Journal  J.  Migault,  p.  32,  47. 
(8)  Journal  J.  Migault,  p.  27. 

DOCUMENTS 


337 


QUARTIERS 

VILLES,  BOURGS,  VILLAGES 

HAMEAUX  ET  FERMES 

COMMUNE 

ACTUELLE 

ÉGLISE 

ACTUELLE 

D'Artenay  

La  Moise. 

Vouillé. 

Vouillé. 

Chaban  (1). 

Chauray . 

Chauray. 

Dp  Ninrt. 

Ninrt 

Niort. 

Niort. 

De  Griffon  .  .  .  . 

Trevin. 

Chauray. 

Chauray. 

Chauray  (2). 

La  Roche. 

» 

Moulin-Neuf. 

IV.  —  Église  de  Mougon  (3). 

De  la  Ghesnaye  .  . 

LaChesnaye  (4) 

Aigonnay. 

Prailles. 

Bois-Martin. 

Fressines. 

Fressines. 

Lortet. 

» 

Ghanteloup. 

De  Fressines  (5).  . 

Le  bourg  de  Fressines. 

» 

La  Raimondière. 

» 

Rochetant. 

» 

La  Billaudière. 

La  Plinière. 

» 

Poitrenault. 

)) 

»  l 

La  Bardinière. 

» 

»      -      ■  f 

La  Gallinière. 

.  >> 

»  F 

De  Mougon.  .  .  . 

Le  bourg  de  Mougon. 

Mougon. 

Mougon. 

Alleray. 

» 

Lalut. 

Thorigné. 

Thorigné. 

(1)  Journal  J.  Migault,  p.  89.  123. 

(2)  Bull..  XXXVIII,  214. 

(3)  Bull.,  IV,  230.  —  XV,  518.  —  XXXVIII,  217.  —  XLIII,  127,  139.—  XLIX,  180,  310.  —  LIV,  304, 
349,  398.  —  Journal  de  J.  Migault,  21,  60,  43.  68.  —  Lièvre.  Martyrs  Poitevins,  270,  281. 

(4)  Lièvre.  Hist.  des  Prot.  du  Poitou,  II,  260  ss. 

(5)  Bull.,  XXXVIII,  110.  —  XLIII,  147.  -  Journal  de  J.  Mignault,  p.  26. 

22 


338 


DOCUMENTS 


QUARTIERS 

VILLES,  BOURGS,  VILLAGES 

HAMEAUX  ET  FERMES 

COMMUNE 

ACTUELLE 

ÉGLISE 

ACTUELLE 

De. la  Couture  (1). 

Le  village  de  La  Couture.  , 
Grand-Ry  (2).  , 
La  Groie. 
Jussay. 
La  Pelletrie. 
Montaillon. 
La  Combe. 

Ecravois. 
Charcogné. 

Aigonnay. 
Prailles. 

» 
» 

Mougon. 
)> 

Mougon. 

» 

Prailles. 

» 

» 

)>  - 
» 

De  Jonchereau  .  . 

Les  Marchollières. 
Virzay. 
La  Baldrie. 
La  Touche. 
Le  Gros-Permat. 

Prailles. 

» 
» 

Prailles. 

» 

» 

» 

D'Aigonnay  (3)  .  . 

Le  dit  Bourg. 
Le  Breuil  d'Aigonuay. 
Laubarée. 
Les  Rhues. 
Magné. 
Le  Joug. 
Lautremont. 

Aigonnay. 

» 

» 
» 

» 

» 

» 

V.  —  Églsie  de  Prailles  (4). 

De  Prailles  .  .  .  . 

Le  dit  Bourg. 
Le  Breuil. 

Prailles. 

Prailles. 

(1)  Lièvre,  flist.  des  Prot.  du  Poitou,  II,  212. 

(2)  Bull,  IV,  227.  —  L1V,  384.  —  Journal  J.  Migault, 
Poitou,  11,  489.  Martyrs  Poitevins,  y.  185. 

(3)  Lièvre.  Martyrs  Poitevins,  p.  2G9. 

(4)  Bull.,  XLII,  592.  —  XLÏII,  130  ss. 

p.  176.   —  Lièvre,    flist.  des  Prot.  du 

DOCUMENTS 


339 


QUARTIERS 

VILLES,  BOURGS,  VILLAGES 

HAMEAUX  ET  FERMES 

COMMUNE 

.  ACTUELLE 

ÉGLISE 

ACTUELLE 

lie  urlOb  DUla  [*■)•  • 

Le  dit  Village. 

Prailles. 

Prailles. 

Saint-Martin. 

» 

Biard. 

» 

u  ;         >>•  'd'im 

La  Cri  ère. 

)) 

Le  Bouchet. 

» 

La  Sihaiid iftrfi 

)) 

Villebeurre. 

» 

» 

De  Maisoncelle  .  . 

Le  Coussat. 

';  .      »  i 

» 

Pi  Prl -T^nn  1  fi  vcl 

La  Pelletrie. 

» 

)) 

Le  Pinier. 

» 

)) 

De  Vitré  (2).  .  .  . 

Le  dit  Bourg. 

Vitré. 

Baussais. 

La  Bertramière  (3). 

» 

» 

L'Infirmerie. 

» 

» 

De  Grois-d'Abbé.  . 

Les  Omb rails. 

Celles. 

Celles. 

Ripailles. 

» 

» 

flîl  VAf*Vl  Pt 

La  Cigogne. 

Thorigné. 

Thorigné. 

Conzais, 

» 

La  Forêt. 

Thorigné. 

» 

Tauché 

Sainte -Blandine 

Celles. 

Escoulois. 

» 

Thorigné. 

La  Juinière. 

» 

» 

De  Thorigné  (4) .  . 

Le  dit  Bourg. 

» 

Jadré. 

» 

La  Grouzille. 

» 

» 

Couteaux. 

>> 

Richet. 

(1)  Lieu  d'Assemblées  jusqu'à  la  construction  du  Temple  de  Prailles,  1858. 

(2)  Bull.,  XXXVIII,  216.  —  XLII,  597.  —  Lièvre.  Martyrs  Poitevins,  p.  259. 

(3)  Lièvre.  Martyrs  Poitevins,  p.  257. 

(4)  Bull.,  LIV,  399.  —  Journal  J.  Migault  (1840),  p.  52.  —  Lièvre.  Martyrs  Poitevins,  239,  291. 


MO 


DOCUMENTS 


QUARTIERS 


BeThorigné.  ..  . 
De  BesseU  .  ..  . 


De  Chateauneuf  (2; 


VILLES,  BOURGS,  VILLAGES 

HAMEAUX  ET  FERMES 


La  Chimbaudière. 

Les  Touches,  village 
et  moulin  (1). 
Le  Clouzeau. 
Le  Vigneau. 
Monteil. 

Le  dit  Village. 
La  Gaillaudière. 

La  Chaize. 
Pied-d'Ouaille. 
La  Guignerai e. 
Verruies. 


COMMUNE 

ACTUELLE 


Thorigné. 


[Aigonnay. 
Prailles. 
Aigonnay. 

Vitré. 
Thorigné. 
)) 

Prailles. 
Thorigné. 


ÉGLISE 

ACTUELLE 


Thorigné. 


Prailles, 


Baussais. 
Thorigné. 

» 

Prailles. 
Thorigné. 


VI.  —  Église  de  Melle  (3). 


La  Bonnaudrie. 

Vitré. 

Baussais. 

La  Bessière  (5). 

» 

La  Poupaudière. 

» 

» 

Le  Vau. 

» 

» 

La  Renaudière. 

» 

» 

Eclopegenet. 

(Des  Chaumes.  .  r 

Les  deux  métairies  du 

Courtiou. 

Baussais. 

*  • 

Logis  et  bourg  de 

Baussais  (6). 

(l)  Li-eu  de  naissance  de  J.  Migault.  Bull.,  LIV.  337. 
|     i(2)  Bull.,  XLIJ,  596.—  Lièvre.  Martyrs  Poitevins,  p.  291. 

•  {3-)-SulL,  IV,  231.  352.  —  XV,  518.  —  XXI,  238.  —  XXV,  61,  109.  —  XXXIII.  186.  —  XXXV11I, 
£16.  —  XLI1I,  127,  130,  137.  —  XLIV,  429.  —  L,  590.  —  LI,  92.  —  LIV,  331  ss,  349,  398. 

m  BulL,  XLIIl,  131. 
1    m  Journal  de  J.  Migavlt,  p.  29,  32,  53,  66. 

Ij  (6)  DhIL  XXVIII,  170.  —  XLI1I,  147  ss.  —  XLVIII,  341.  -  Liovre,  Hist.  des  Prot.  du  Poitou",  II, 
381.  —  Martyrs  Poitevins,  p.   87,  295. 


DOCUMENTS 


QUARTIERS 

jVlLLES,  ROURGS,  VILLAGES 

HAMEAUX  ET  FERMES 

COMMUNE 

A  C  T  U  E  L.L  E 

É  GLISE 

A  C  TUELLE 

Des  Chaumes  .  . 

Le  Village  de  Crouzon  (1). 

Baussais. 

i  Baussais. 

Le  Village  de  Moinard. 

» 

Six-Chiens. 

Faugeré. 

La  Couarde. 

La  Motte 

S1  Héray. 

Fonchâtré. 

Baussais. 

Baussais. 

De  La  Touche.  .  . 

Village  de  LaChollerie. 

/■'■;■:    »,        :  - 

Fonbelle  (2) 

'  ■■    ■      ■  » 

F,p«;  ri  put  m^fairifiK  dft 

La  Touche. 

» 

p> 

Le  village  de  Mortaigre. 

» 

»> 

U\j  Ijtl  VJCll  LC  ,  .  ... 

LjC  Village  UtJ   Lia  XiUll/it;  ^Oj  cl 

V  cl  1 111  \CS. 

-,     V  p  rvîn  p-c? 

trois  métairies. 

ï  p  villa erp  rlp  T. a  fiar7Pllp 

» 

La  Revétison. 

Celles. 

Celles. 

Le  village  de  La  Carte. 

Vitré. 

Baussais. 

Les  deux  métairies  de 

La  Bessière. 

Vitré* 

Baussais.  | 

Le. logis  et  village  de 

Villermat  (4). 

Baussais. 

IS 

La  métairie  de  Faugeré  (5). 

» 

)* 

La  métairie  de  Virleban  (6/- 

1           ■  )>• 

De  Chironail  .  .  . 

Follet. 

» 

9 

Parsay. 

» 

La  Mouline. 

» 

Bois-Renaud. 

» 

!  » 

Viré. 

;  •» 

Le  village  de  Bonneuil. 

1  ». 

La  métairie  de  Feux. 

y»  M 

(V)  Bull,  XL[II,  131,  133. 

(2)  Bull.,  XLIII,  141. 

(3)  Lieu  de  naissance  du  pasteur  Jean  Marteau,  vers  1760. 

(4)  Journal  de  J.  Migault. 
(b)  Bull.,  XLVIII,  338. 

(6)  Lièvre.  Martyrs  Poitevins,  p.  260. 


342 


DOCUMENTS 


QUARTIERS 

VILLES,  BOURGS,  VILLAGES 

HAMEAUX  ET  FERMES 

COMMUNE 

ACTUELLE 

ÉGLISE 

ACTUELLE 

::  De  Chironail  .  .  . 

Mortefont. 

Baussais. 

Baussais-. 

;  De  La  Caillaudrie  . 

Le  village  de  Nègresauve  (1) 

Verrines. 

Verrines. 

La  Brousse. 

» 

La  Grand-Rue. 

» 

La  Brissonnerie. 

» 

Le  Lucq. 

» 

» 

De  La  Nègrerie  .  . 

Le  village  de  La  Roche. 

Melle, 

Melle. 

La  métairie  de  La  Vergne. 

» 

La  métairie  au  Moine. 

» 

» 

Le  village  du  Bouchet. 

Thorigné. 

Thorigné. 

La  métairie  de  La  Vau. 

Celles. 

Celles. 

La  métairie 

des  Maisons-Neuves. 

» 

» 

La  métairie  de  Madré. 

Melle. 

Melle. 

La  métairie  du  Nac. 

» 

VII.  —  Église  de  La  Brousse  (2). 

:  De  Tublier  .  .  .  . 

Village  de  La  Jaunetière. 

Sepvret. 

Sepvret. 

Logis  de  Bocelay. 

» 

La  métairie  du  Breuil. 

Baussais. 

Baussais. 

La  métairie  de  LaPoinière. 

» 

La  métairie  de  Javarzais. 

» 

» 

La  métairie  du  Tublier. 

L'Enclave 

Melle.  s 

La  métairie  du  Quaireux. 

» 

» 

Du    Breuil   de  la 

Village  de  L'Orberie. 

» 

i'  Fragnée  

L'Epine. 

Sepvret. 

Sepvret. 

Le  Bignon. 

L'Enclave. 

Melle. 

Les  Quatre-Vents. 

(1)  Lièvre.  Martyrs  Poitevins,  p.  273. 

(#)  La  Brousse-du-Cerf,  commune  do  Choy.  —  Bull...  XXXVIII.  219, 

DOCUMENTS 


343 


QUARTIERS 

VILLES,  BOURGS,  VILLAGES 

HAMEAUX  ET  FERMES 

G  (J  M  M  U  JN  L 

ACTUELLE 

Tjl  /"i  t  TOT? 

liGLISE 

ACTUELLE 

Du   Breuil   de  la 

La  Vinière. 

L'Enclave. 

Melle. 

Fragnée  .  .  .  . 

La  Guillotière. 

» 

La  métairie  de  La  Vacherie. 

": ~:>>»r.  :./.'. 

Le  Crapaud. 

» 

De  la  Martinière  . 

La  Bertramière. 

» 

L'Epinière* 

»  * 

L'Aubonnière.. 

» 

» 

La  Morillonnière. 

» 

» 

La  Mouchetune. 

Saint-Léger. 

» 

Fayette. 

L'Enclave. 

La  Fain. 

» 

.  ",i 

Tit»  I  r»  TPmi^Tip 

,  JL»C   J_j<X    lUUtllC.  . 

La  Brousse. 

Chey.- 

Chey. 

La  Sauzée. 

Saint-Léger. 

Melle. 

Le  Coudray. 

Sepvret. 

Sepvret. 

Le  Chatellier. 

» 

» 

La  Barre-Clairin(l). 

» 

La  Touche-Esnard. 

Lezay. 

Lezay. 

La  Touche. 

Chey. 

Chey.  ; 

La  Richardière. 

» 

Pré-Conseil. 

» 

Lid  rouiiic, 

)) 

» 

JUC  l^lUlltell. 

Lezay. 

Lezay. 

(~*  ri  n  \\  d  e  c  o  n  n 

IjllClJJ  U  BS  C  Cl  U. . 

LfC    Là  X1UUI11CC.  . 

T  o    flrtinrlo   ɻt    ln  PptltA 
Ijd   ulclllU."  CL    ici  renie 

Foye  (2). 

L'Houmée. 

)) 

» 

La  Cailletière. 

» 

» 

La  Lambertière. 

Sl  Vincent. 

Melle. 

Moissac. 

» 

Miseré. 

» 

La  Rimbaudière. 

Lezay. 

Lezay. 

(1)  Lieu  de  naissance  du  pasteur  P.  Gamin.  14  août  1715.  - 
!2)  Lièvre.  Hist.  des  Prot.  du  Poitou.  II.  260,  293. 

-  Lièvre  Martyrs  Poitevins,  p.  299. 

U6 


DOCUMENTS 


QUARTIERS 

VILLES,  BOURGS,  VILLAGES 

11AiMc.AU  a  1j  1  rJCinlvilLo 

COMMUNE 

A  PTTTT7T  T  V 

ÉGLISE 

A  f  T  TT      T  T  Ï7 
A  'j  L  U  1,  L  L  l 

La  Mauvaitière  (1). 

)) 

De  Gerolour  .  .  . 

Puy-Richard. 

Saint-Coutant. 

Saint  Coûtant. 

Le  Souil. 

» 

» 

Le  Magnou. 

Lezay. 

Leray. 

Saint-Aubin. 

Saint-Coutant. 

Saint-Coutant. 

Ruisseau. 

Lezay. 

Leray. 

Le  Chantiveau. 

» 

» 

Les  métairies  de  Lezay. 

» 

» 

Saint-Coutant. 

Saint-Coutant. 

Saint-Coutant. 

VIII.  —  Église  de  Chay  (2). 

DePiébaché.  .  .  . 

Les  Branges. 

Exoudun. 

Exoudun. 

Fonblanche  .- 

-, ,  -    -    »  .  ['■:  ' 

» 

Les  Maisons-Neuves. 

Sepvret. 

Sepvret. 

Le  Pinier. 

»  - 

Gircé. 

» 

La  Bourellière. 

» 

» 

La  Grosse-Talle. 

» 

Le  bourg  et  la  métairie  de 

Sepvret.  (3) 

Pillac. 

» 

Fonbedoire  (4). 

La  Tremellière. 

» 

>> 

La  Reverserie. 

» 

Tarouenne. 

» 

De  Bagneaux(5).  . 

Qui  comprend  ledit  village. 

Exoudun. 

Exoudun. 

(1)  Lieu  d'Assemblées. 

(2)  BulL,  XXXVII,  170.  -  XXXVII,  218. 

(3)  Bull.,  XI,  245.  —  XII,  235. 

(4)  Bull,  IV  937.  —  Lièvre.  Les  Martyrs  Poitevins,  273,  280. 

(5)  Bull,,  XXXVI,  484.  —  XLII1,  147,  221.  —  LV,  0.  —  Lièvre.  ttist.  des  Prot .  du  Poitou,  IL  1V>9. 
—  Les  Martyrs  Poitevins,  298. 

DOCUMENTS  347 


VILLES,  BOURGS,  VILLAGES 

HAMEAUX  ET  FERMES 

COMMUNE 

ACTUELLE 

ÉGLISE 

ACTUELLE 

JUtî  Ull  Village- • 

JiXOuuUil. 

T  p<;  TCninpç 

Chev 

Chpv 

Dn  Pir 

La  DaDinicie. 

)) 

La  Tlrirlprip 

T   r\         n  n/li  v"\  O  11  Tt  1  O  J1  û 

JLci  LiaraiiicLuaitii  e. 

Ta  RnnfHÎTiîAvc 

I  j  U    UUU1  UI11IC1  U* 

» 

La  Grange. 

)) 

>)  !" 

La  Grange-Neuve. 

)) 

La  Malbran  chère. 

)) 

Logis  et  village  de  la  Forêt. 

)) 

La  Coudre. 

)) 

»  j; 

Le  bourg  de  Chay. 

)) 

» 

Le  logis  et  les  métairies  de 

!; 

Bois-Couteau. 

)) 

))  , 

jju  r\oyei  .  .  .  .  . 

Lezay. 

JUCtitlj. 

jLd  Ldioionnitîre. 

-  » 

)) 

La  Jolonniere. 

)) 

r  iea-  v  erain. 

cney. 

cney.  j 

» 

La  Magnonnerie. 

» 

» 

JbOIlJUu.lltî. 

Lezay. 

Lezay. 

Beauvoir. 

»  ;■■■/ 

»  M 

La  Clielle 

 ))■    ;■■  • 

»  ii 

La  Gauit. 

)) 

Puy-Limousin. 

'..»■ :   ■ 

La  Bouterie. 

» 

L'Anguillerie. 

» 

Le  Petit-Marais. 

» 

Butré . 

/  » 

)> 

Ripailles. 

» 

Le  Moulin  Tuit. 

»  i 

Le  Grand-Marais. 

(1)  Bull,  XXXVIII,  218.  —  XLIII,  380.  -  LIV,  399,  401. 

348 


DOCUMENTS 


QUARTIERS 

VILLJiiO,  BUURGb,  VILLAGES 

HAMEAUX  ET  FERMES 

r\  A  f  A  T  T  '  AT  T? 

COMMUNE 
ACTUELLE 

E  G  L 1  b  E 

ACTUELLE 

Du  Noyer  .... 

Bourchenin. 

Lezay 

Lezay 

BoUhas. 

» 

La  Mignonnerie. 

Clochet, 

» 

De  Chasse-André . 

Faugerit. 

Sepvret. 

Sepvret. 

Le  Petit-Moulin  de  Circé. 

)> 

» 

- 

La  Ripaudière. 

Chev 

Chev. 

La  Serpe  (i). 

Le  Logis  et  la  métairie  de 

Bregion. 

)> 

» 

Foucault. 

Sepvret. 

Sepvret. 

La  Maisonnière. 

» 

Lussaudière. 

» 

La  Granerie. 

» 

» 

IX.  —  Église  de  Saint- Sauvant. 

De  Bois-le-Bon  .  . 

La  Coiraudière. 

Rom. 

Rom. 

Fontaine. 

» 

» 

Balzant. 

» 

La  Roche-Rimbaud. 

La  Chaussée. 

La  métairie  de  Brejeuille. 

» 

» 

Le  Plaisir. 

? 

La  Roche-Goupilleau. 

Rom. 

Chassignolles. 

De  Vançais  (2).  .  . 

Le  dit  bourg  de  Vançais. 

Vançais. 

Vançais. 

Le  village  des  Brousses. 

» 

Lais. 

» 

» 

(1)  Lieu  de  naissance  du  pasteur  Jean  Bellivier,  le  28  déccmbro  1787.  Décédé  à 
1859. 

(2)  Lièvre.  Martyrs  Poitevins,  p.  277. 

Chev,  80  Février 

DOCUMENTS  349 


!  QUARTIERS 

VILLES,  BOURGS,  VILLAGES 

HAMEAUX  ET  FERMES 

COMMUNE 

ACTUELLE 

ÉGLISE 

ACTUELLE 

çais  .... 

La  métairie  de  Chabannes. 

Rom. 

Rom. 

Les  Eclouzettes. 

))  " 

)) 

Le  moulin  de  Bonneuil. 

Sainte-Soline. 

Saint-Coutant. 

Les  deux  métairies  des  Coûts. 

Vançais. 

Vançais. 

Le  Clouzeau. 

» 

» 

Vausage. 

» 

De  Grandchamp.  . 

La  métairie  de  Villeneuve. 

Lezay. 

Lezay. 

Régné. 

» 

» 

De  Teillé.  (1).  .  . 

Le  dit  Village. 

» 

» 

Bignault  (Bignet) 

» 

» 

La  Baronnière. 

Vançais. 

Vançais. 

La  Miolière. 

Lezay. 

Lezay. 

La  Métairie  de  laBacherie. 

» 

» 

La  Pierre. 

» 

» 

De  Courge  .... 

Le  dit  Village. 

Vançais  et 

Vançais  et 

Chenay. 

Chenay. 

Les  deux  métairies  de 

Taizé. 

» 

» 

Des  Bourdellières  . 

Les  Hautes-Bourdëllières. 

» 

Les  Basses-Bourdelières. 

•  *)  "  \  .        '  '■: 

Du  Breuil  de 

Le  dit  bourg  de  Chenay. 

>>  ' 

Chenay  .  .  . 

Le  village  du  Breuil  de 

Chenay. 

(1)  Lieu  d'Assemblées. 


DOCUMENTS 


QUARTIERS 


VILLES,  BOURGS,  VILLAGES 

HAMEAUX  ET  FERMES 


COMMUNE 

ACTUELLE 


EGLISE 

ACTUELLE 


Église  de  Lusignan  (1). 


Du  Grand-Breuil 


De  l'Épine  . 


Des  Chaumes 


Le  dit  Village. 
Le  village  de  Venours  (2). 
La  Métairie  de  la  Bouque- 
tière. 

Le  village  des  Touches. 

Le  dit  Village. 
Le  village  de  Martran. 
Le  village  de  la  Sauvagère. 

Le  village  de  Brantelay. 
La  métairie  de  la  Renoncière. 

La  Poinière. 
Le  village  de  laGautelière. 
Le  village  d'Etournelière. 
La  Chatonnière. 
Le  village  de  Crieuil. 
Le  village  de  la  Garnaudière. 

Le  village  de  Saugou. 
Le  village  de  la  Charanton- 
nière. 

La  métairie  de  la  Ragottière. 
Le  village  de  l'Andraudière. 
Le  village  de  Breuilté. 

Le  village  de  la  Chaurière. 

La  métairie  "des  Amilières. 

Le  village  de  la  Gauvannière. 
La  métairie  de  la  Coudre  (3) 


Rouillé. 


Jazeneuil. 


(1)  Bull.,  IV,  232,  821.  -  XV,  518.  —  XXI,  109.  —  XXXVI11,  219.  -  XLIIT,  126.  -  LU,  412.  — 
LIV,  331,  348,  356. 

(2)  Bull.,  XI,  93.  —  XXVII,  518  SS.  —  XXXIX,  328.  -  XLIII,  126.  -  L.  277.   -  LIV,  339.  8*7, 
Lièvre.  Les  Martyrs  Poitevins,  p.  111,  164. 

(3)  Aujourd'hui  démolie. 


DOCUMENTS 


351 


VILLES,  BOURGS,  VILLAGES 

HAMEAUX  ET  FERMES 

COMMUNE 

ACTUELLE 

ÉGLISE 

ACTUELLE 

Des  Chaumes  .  .  , 

Le  village  de  la  Jarillière. 

Houille. 

Rouillé. 

Le  village  de  la  Terraudière. 

»        .  . 

.    -  )) 

Le  village  de  la  Bruyère. 

)) 

Le  village  de  laGroussinière. 

» 

» 

La  métairie  de  la  Georgi- 

nière. 

» 

La  métairie  de  la  Lande. 

» 

» 

La  métairie  de  la  Chaume- 

lière. 

Jazeneuil  (1) 

Lusignan. 

La  métairie  de  la  Mimau- 

dière. 

» 

Rouillé. 

La  métairie  du  Bois-d'Au- 

gère.        *  * 

nouille. 

» 

La  métairie  du  Courtiou. 

» 

r> 

Le  village  des  Chaumes. 

» 

»  ■  ! 

Le  village  du  Breuil. 

Jazeneuil. 

Lusignan. 

Le  village  de  la  Basse-Vallée. 

» 

» 

De  Saint-Sauvant  . 

Le  dit  bourg. 

Sl-Sauvant. 

S'-Sauvant. 

Le  village  de  Chiré. 

» 

Le  village  de  l'Eterpe. 

» 

Nillé. 

La  Chapelatière  (2). 

S'-Sauvant  et 

Sl-Sauvant  et 

Rouillé, 

Rouillé. 

Maisoncelle. 

Lusignan . 

Lusignan. 

La  Lotière  (La  Litière). 

S-Saurant. 

S'-Sauvant. 

La  Forêt. 

'        :  .    .»■■  ■  . 

Le  Serret. 

)> 

La  Broussé  (Portron). 

»  . 

» 

La  Bonnetière. 

» 

Mauprié. 

Lusignan. 

Lusignan. 

La  Touche. 

Cloué.  * 

» 

La  Fuye. 

Lusignan. 

La  cour  de  Verné. 

S'-Sauvant. 

St-Sauvant. 

(1)  Lièvre.  Hist.  des  Prot.  du  Pbitoii,  T,  150.  —  II,  300.  — 

(2)  Bnll..  XLVI1I,  351,  note. 

III,  323,  356. 

352 


DOCUMENTS 


Q  UARTIERS 

VILLES,  BOURGS,  VILLAGES 

HAMEAUX  ET  FERMES 

COMMUNE 

ACTUELLE 

ÉGLISE 

ACTUELLE 

- 

Des  Touches- 
Moreau.  .  ,  . 

Le  village  de  la  Chevraise. 
Longe. 
Les  .Héraults. 

Saint-Sauvant. 

Saint-Sauvant. 

» 

Vitré. 

» 

La  Teillée. 

Les  Marzelières. 

» 

» 

Pouzeau. 

» 

» 

Le  Coudre  de  l'Épine. 

» 

» 

La  Forêt. 

Rom. 

Rom. 

F Ton  rJhps— Morpflii 

Sain  t,-Sau  va  n  t, . 

Saint-Sauvant 

Les  Bois-de-Luché. 

» 

» 

La  Fiole. 

Rom. 

Rom. 

De  La  Brousse- 
!     (Motheau).  9i  .  . 

Le  Village. 
La  métairie  de  Faljoie. 
Le  Breuil-Cartais. 

Saint  Sauvant. 

» 
» 

Saint  Sauvant. 

» 

Le  Poyau  (1). 
Les  Molles. 

» 
» 

» 
» 

XI.  —  Église  de  Pamproux  (2). 

De  Bougon  .  .  .  „ 

La  métairie  de  la  Chapelle. 
Le  Petit-Moulin. 

Bougon. 

)> 

Bougon  (3). 

» 

La  métairie  de  Riberolles. 

Salles. 

Soudan. 

La  métairie  de  BougOntet. 
Le  village  de  La  Roche. 

Bougon. 

» 

Bougon . 
» 

Le  village  du  Grand-Javarzay. 

» 

?  De  Pamproux  .,  «.  ; 

Le  moulin  de  Pouillet. 
Le  moulin  de  La  Ronce. 

Pamproux. 

)> 

Pamproux. 

(1)  Bull.,  XLI1I,  351. 

(2)  Bull.,  XXXIV,  556.  —  XLIII,  134  ss.  —  XLIX,  288.  —  LUI,  46.  —  Lièvre,  flist.  Us  Proi.  du 
Poitou,  II.  286,  295.  —  Lieu  do  naissance  du  pasteur  Pierro  Poupot,  21  ociobro  1798,  décédé  à 
Poitiers,  21  nov.  1863. 

(3)  Bull.,  XLIX,  283. 

DOCUMENTS 


353 


QUARTIERS 

vn  t      TiOTTRrm  vttta(^f<:s 

V  JLIjIjILOj  DUUAuij,    V  LXjLii\  UILiO 

II  A  MITA  1TV     W  TrtrDTVlTJC 

f!  fl  M  M  TT  M  TT 

A   P  T  rT  f  f    T  17 

A  ( ,  I  1)  Il  1j  L  h 

ACTUELLE 

De  Pamproux.  .  . 

Le  moulin  La  Liborlière  (1). 

Pamproux. 

Pamproux. 

Le  moulin  Pié-Frouin  (J). 

)> 

» 

La  métairie  du 

Grand-Goureau. 

Salles. 

Soudan. 

Le  moulin  du  Petit-Coureau. 

Pamproux. 

Pamproux. 

Le  moulin  de  Mouré. 

Salles. 

Soudan. 

La  métairie  de.Puy-Bernaud. 

» 

Le  village  du  Souci. 

Soudan. 

» 

Le  village  delaPoitière. 

Pramproux. 

Pamproux. 

Le  village  de  la  Gonnonière. 

» 

La  métairie  df»  Mnrtpffmt 

» 

Le  village  de  Nerbonneau. 

» 

)> 

Le  village  de  Vielpain. 

» 

» 

Le  village  de  la  Villedieu  (2). 

La  métairie  de  la  Jarrie. 

» 

» 

La  métairie  de  la  Bourrelière. 

>> 

La  Grange-au-Prieur. 

» 

» 

De  Souillaud  (3).  . 

La  métairie  de  la  Petite  Bou- 

taudière. 

Rouillé 

Rouillé. 

»  La  Grande  Boutaudière. 

»  j; 

Le  village  de  Boisgrollier. 

» 

La  métairie  de  la  Poinière. 

^         •"$  1 

Le  village  deNardaine. 

»        ";î  1 

Le  village  de  la  Goulombière. 

^    ...  )) 

»    ■''  1 

La  métairie  de  Chauday. 

» 

)>  1 

Le  village  du  petit-Breuil- 

Boussit. 

)> 

)> 

De  Parondeau.  .  . 

Le  bourg  d'Avon. 

Avon. 

Bougon. 

Le  village  de  la  Roche  d'A- 

von. 

»  j 

Le  village  d'Aintré. 

(1)  Lieu  d'Assemblées.  { 

(2)  La  Villedieu-du-Perron. 

(3)  Bull.,XLlK,  283. 

23 


354 


DOCUMENTS 


QUARTIERS 

VILLES,  BOURGS,  VILLAGES 

HAMEAUX  ET  FERMES 

COMMUNE 

A  CTUELLE 

ÉGLISE 

A  CTUELLE 

De  Parondeau.  .  . 

Le  village  de  Parondeau. 

Pamproux. 

Pamproux. 

Le  bourg  de  Saint-Martin. 

)> 

» 

De  Thorigné  d'A- 

La  métairie  de  Mellier. 

Avon. 

Bougon. 

Les  deux  métairies  deBrioux. 

» 

» 

La  métairie  de  laCrouzillère. 

» 

Le  village  des  Ouches. 

» 

>) 

Champ-Roy. 

Rouillé. 

Rouillé. 

La  métairie  de  Boësse  (1). 

Avon. 

Bougon. 

De  Loubigné.  . 

Bourleuf. 

» 

» 

Petit  Javarzay. 

Bougon. 

» 

Les  Gourjaudières. 

Chenay. 

Chenay. 

Loubigné  (2). 

Exoudun. 

Exoudun. 

XII. 


Église  de  Sainte-Eanne. 


De  Soignon.  . 


De  Geay. 


Le  faubourg  Charrault  (3). 

Lorpoitiers. 
La  Fragnée. 

Mounée. 

Chiloup. 
Le  Grand  et  le  Petit  Geay. 
Bois-Dureau. 

La  .lasse. 
Les  Rivières. 

Salles. 
Le  Breuil. 


Saint-Maixent. 
Saint-Martin  de 
Saint  Maixent. 


Sainte  Eanne. 


Souvigné. 


Sainte-Eanne. 

Salles. 
Sainte-Eanne. 


Saint  Maixent. 


LaMothe  Saint  - 
Héray. 

Souviçné. 


La  Mot  lie 
Soudan. 
La  Mothe 


(1)  Lièvre.  JTist.  des  Prot.  du  Poitou,  II,  295.    -  Martyrs  Poitevins,  p.  293. 

(2)  Lieu  de  naissance  du  pasteur  Pierre  Souche,  7  avril  1803,  décédé  |   LùsiglàftQ,  le  15 

(3)  Faubourg  de  Saint-Maixont. 


DOCUMENTS 


AT!  i   D  TT  UD  Ç 

VILLES,  BOURGS,  VILLAGES 

HAMEAUX  ET  FERMES 

COMMUNE 

ACTUELLE 

ÉGLISE 

ACTUELLE 

Les  Bourdelleries. 

Samte-Eanne. 

La  Mothe. 

LeGhatelier. 

.;-))  1  '■■ 

» 

Moulin-Neuf. 

))  - 

» 

Vergor  (1). 

ÇîiIIpq 

OClliCO.  » 

Crtn  /Ton 

AVtil  Ildll . 

)) 

)) 

Gauvin. 

r  n  Mrtl  Vl  P 

T  a  Mntl i  p 

La  Rocne-ricner  (-2). 

^  n  î  n  1  p  .  \?  n  n  n  p 

La  Ronce. 

)) 

Les  Chassaignes. 

• 

Samte-Eanne . 

)) 

De  Bois-Bourdet.  . 

Galmantier. 

Souvigné.  -  - 

Souvigné. 

Souvigné  (3). 

» 

Fonfréroux  (4). 

» 

» 

Bois-Guérin. 

»     .  .. 

» 

La  Garennerie. 

» 

Chàteau-Tison. 

» 

)> 

Les  Essarts. 

La  Mothe. 

La  Mothe. 

La  Vinaterie. 

Souvigné. 

Souvigné. 

Fer  chat. 

» 

»  -i 

Les  Fontaines. 

La  Mothe. 

La  Mothe. 

Boutecule. 

La  Mothe  et 

» 

La  Villedieu  (de  Comblé). 

Sainte-Eanne. 

v,    ...  ,        »    .  '>! 

Paille. 

Souvigné. 

Souvigné. 

Les  Pierrières. 

Salles. 

Soudan. 

Bois-Pineau. 

Souvigné. 

•Souvigné. 

Le  Courtiou. 

»  - 

j        (1)  Lièvre  Hist.  des  Prot.  du  Poitou,  II,  220. 
!        (2)  Bull.,  XLIX,  283,  note  1. 

(3)  Bull,  XLIII,  132.  —  LU,  575.  —  LIV,  387,  —  Lièvre.  Martyrs  Poitevins,  p. 

(4)  Bull.,  XLIII,  141. 

273. 

356 


DOCUMENTS 


VILLES,  BOURGS,  VILLAGES 

COMMUNE 

ÉGLISE 

ATT  A  T)  TTT  D  C 

HAMEAUX  ET  FERMES 

ACTUELLE 

ACTUELLE 

- 

XIII.  —  Église  de  Ré 

gné  (1). 

J-JC  LXê  il.     Il  1     .     t  . 

Rrplnmr 

MJk  CAU  UA  . 

T  a  CtppIip 

Epervier. 

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» 

La  Guiberterie. 

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» 

T  a  Cr^riî  ti  ïptp 

LiC  Uld.llU.~lTlUU.llll. 

l 

Sai  ntp-Npnnri  ^p 

S'e.TVpnmavp 

O  ilCUlllCljCi 

D'Aiript.  (2)  .  ,  . 

Goise. 

Aigonnay. 

Prailles. 

Villeneuve. 

» 

» 

Dp  T    P  M) 

Les  UULllt;&. 

O  -i>c01IlcLyc. 

^le_!V4nm  a  vp 

Les  Fontenelles. 

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JLtIIcIUIcIj  W/* 

Tî  nm  a  r» 
HUllldll. 

O  "iicuinajc. 

T  n  nTîinfTP 
JU cl  Ulctllgc. 

La  Vienne.^ 

» 

» 

De  Tinefort .... 

Roman  (4). 
Le  Vieux  Roman. 

Roman. 

» 

» 

La  Guigneraye. 

)) 

La  Petite-Garde. 

» 

La  Cour  de  La  Garde. 

» 

î^e  Liinedu. 

» 

D'Argentière  .  .  . 

Douhault. 

Prailles. 

Prailles. 

Régné. 

Souvigné. 

Souvigné. 

Gourdon. 

» 

La  Règle. 

(1)  Bull.,  XXXII,  182.  —  XXXIII,  526. 

(2)  Lieu  de  naissanco  du  pasteur  Louis  Gibaud,  15  août  1790.  Décédé  à  la  Molho  Sami-Horay  le 

6  juin  1863. 

(3)  Bull.,  XXXIII,  527.  —  LIV,  309.  —  Lièvre.  Hist.  des  Prot.  du  Poitou,  11,  313,  316,  —  Martyr 

Poitevins,  p.  300. 

(4)  Bull.,  LIV,  350. 

DOCUMENTS 


357 


QUARTIERS 

VILLES,  BOURGS,  VILLAGES 

HAMEAUX  ET  FERMES 

COMMUNE 

ACTUELLE 

ÉGLISE 

ACTUELLE 

cTInsay  

La  Brousse. 

Romans. 

Ste  Néomaye. 

De  La  Perjellerie 

La  Pauvrenière. 
La  Ghevallerie. 
Le  Ratou  (1). 
La  Pergellerie. . 

D'Houmeau. 

Souvigné. 

» 

S'-Martin 
de  S'-Maixent. 

Souvigné. 

» 

S-Maixent. 

De  Ghauvet .... 

Rochetant. 

Boisne. 
Cherchenay. 
La  Corbelière. 
Recoupettes  (Ricou). 

Bois-Gentray. 

» 
» 
» 

Azay-le-Brûlé. 

» 

Sl-Martin 
de  S'-Maixent. 

» 

Azay. 

» 

S'-Maixent. 

XIV.  - 

-  Église  de  La  Mothe -Saint- Héray  (2). 

Du  Souil  ..... 

Le  Souil. 
Le  bourg  de  La  Mothe. 

Exoudun . 
La  Mothe 
S'-Héray. 

Exoudun.  1 
La  Mothe 
S'-Héray. 

D'Exoudun(3).  .  . 

Tous  les  moulins  entre 
Exoudun  et  la  Mothe. 

La  métairie  de  Plamé. 

La  métairie  de  Bel-Air. 
Le  Prieuré  d'Isernay. 
Le  Logis  de  Petousse  (4). 

Le  Logis  de  La  Lande. 

Exoudun. 

Exoudun. 
» 

(1)  Lièvre.  Hist.  des  Prot.  du  Poitou,  II,  201. 

(2)  Bull..  III,  232.—  IV,  228,  352.  —  V.  309.  —  XV,  518.  —  XXI,  375.  —  XL,  596.  —  XLII1, 126, 
139.  —  XL1X,  291.  —  LU,  399.  —  LIV,  356,  333,  396. 

(3)  Bull..,  IV,  229,  322.  —  iX,  297.  —  XV,  518.  —  XXVIII,  170.  —  XXXVIII,  112.—  XLIII,  126, 
217.  —  XLV1,  455.  —  XLIX,  311.  —  LIV,  330,  333,  395. 

(4)  Bull.,  XXXVIII,  170.  —  Journal  de  J.  Migault,  p.  134. 

358 


DOCUMENTS 


QUARTIERS 

VILLES,  BOURGS,  VILLAGES 

HAMEAUX  ET  FERMES 

COMMUNE 

ACTUELLE 

ÉGLISE 

ACTUELLE 

d'Exoudun  .... 

La  métairie  de  La  Tresse. 

Exoudun. 

Exoudun. 

La  métairie  de  Massien. 

)) 

» 

La  métairie  du  Quéreau. 

» 

Le  village  deLaBourdonnerie 

» 

La  métairie 

desPrinchardries. 

» 

» 

Le  village  de 

La  Villedieu-des-Couts  (1). 

La  Mothe. 

La  Mothe. 

La  métairie  de  Fonmorte. 

» 

» 

Les  deux  métairies  de 

» 

La  Ghapronnière. 

» 

Lia,  Hlcld.ll.lt?  U.U  Jrlli. 

Le  village  de  Barbecane. 

Trémont. 

» 

» 

De  L'Hermitain  (2). 

L'Hermitain. 

La  Couarde. 

>> 

» 

La  métairie  du  Fontagnou. 

La  Mothe. 

La  Mothe 

La  Mothe 

Les  deux  métairies  du  Pairé. 

etSouvigné. 

et  Souvigné. 

Le  village  de  Savrelle. 

Souvigné. 

Souvigné. 

Le  village  de  FHermitain. 

»     ■  -  - 

.  .  » 

Lamétairie. 

de  La  Cabournerie. 

Le  village  du  Rivaud. 

La  Couarde. 

La  Mothe. 

Le  village  de  La  Couarde  {S). 

» 

Le  village  de  LaFontauzelière. 

Souvigné. 

Souvigné. 

D'Hurit  

Hurit. 

Prailles. 

Prailles. 

La  métairie  de 

La.  Grange  d'Oiré. 

Souvigné. 

Souvigné. 

La  Gratonnerie. 

Prailles. 

Prailles. 

Le  village  de  LaGravette  (4). 

(1)  Bull.,  XLII1,  135,  143. 

(2)  Bull.,  LIV,  381  ss.  —  Liôvro.  Martyrs  Poitevins,  p.  281,  291. 

(3)  Bull,,  LIV,  360. 

(4)  Bull.,  LIV,  386. 

DOCUMENTS  359 


QUARTIERS 

VILLES,  BOURGS,  VILLAGES 

HAMEAUX  ET  FERMES 

COMMUNE 

ACTUELLE 

ÉGLISE 

ACTUELLE 

(THurit  

Le  moulin  de  Roussillon. 

Prailles. 

Prailles. 

Le  village  de  La  Justice. 

La  Couarde. 

La  Mothe. 

Lie  Village  Dell  mil. 

a  1  cliiica . 

Jrl  dlllcb. 

De  Caunay.  .  .  . 

Caunay. 

La  Couarde. 

La  Mothe. 

La  métairie  de  La  Berlière. 

» 

» 

Le  village  de  la  Bertaudière. 

» 

» 

La  métairie  de  Maupertûis(l). 

» 

La  métairie  de  la 

Perjaudière. 

» 

» 

Le  village  de  la 

Boucquetière. 

» 

Le  village  de  La  Maison- 

Rouge. 

» 

Le  village  de  La 

Rani «ssi  ptp  (Q\ 

Baussais. 

Raillai  s 

T  p  lncnc  dp  T.no.G.anrliprp  ("\\ 

Prailles. 

Praillps 

Le  village  de  Lussaudière. 

» 

» 

La  métairie  de  L'Homellerie. 

La  Couarde. 

La  Mothe. 

T  o  irîllnorf»  rl n  CTiptip 
1  j C    VlllCliiv/  U.  U,  V_^11C  11  c  . 

Prailles. 

Praill  ps 

F  a  mptairip  rlp  Mftnlav 

AjCl   IllClCtlllO     U.C  1T1UU.1CXJ. 

La  Gaucherie. 

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T  a  RanHmipllp 

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JuC    VlllclfcC   L1C   JJ v/  Lll  11  v;  Lll  * 

)) 

»  i 

Des  Côtes  (4) .  .  . 

Les  Côtes. 

La  Couarde. 

La  Mothe. 

La  métairie  de  Vilfa. 

)>  i 

Le  village  de  Vigneau. 

>)  il 

La  Chaume. 

» 

» 

Le  Souci. 

La  Gandissière. 

» 

» 

Pied-Limousin. 

» 

(1)  Bull. ,  LIV,  386. 

(2)  Lièvre.  Hist.  des  Prot.  du  Poitou,  11,  204. 

(3)  Bull,  XLII,  594. 

(4)  Bull.,  LIV,  385. 

360 


MÉLANGES 


QUARTIERS 

VILLES,  BOURGS,  VILLAGES 

HAMEAUX  ET  FERMES 

COMMUNE 

ACTUELLE 

ÉGLISE 

ACTUELLE 

Des  Côtes  

La  Bosse  (1). 

La  Couarde. 

La  Mothe. 

Aiglemier. 

» 

» 

Le  gros  bourg  de  Goux  (2). 

» 

» 

Le  village  de  La  Foye. 

» 

Le  village  de  L'Erable.  (3). 

La  Passe-Bernière. 

» 

)) 

(1)  Bull.,  LIV,  389. 

(2)  Bull.,  LIV,  389. 

(3)  Bull.,  XL11I,  141, 

142. 

Mélanges 


AVANT  ET  APRÈS  LA  RÉVOCATION 
DE  L'ÉDIT  DE  NANTES 

Chronique  des  événements  relatifs  au  Protestantisme 
de  1682  à  1687  (1) 

A  Paris,  le  13e  Mars  1686. 

...Le  Pape  a  donné  audience  au  Gouverneur  de  Rome  qui  ne 
i'avoit  point  eue  depuis  5  mois,  quoyque  ce  soit  un  des  officiers  à 
-qui  il  seroit  plus  nécessaire  de  communiquer  souvent.  L'on  pré- 
tend qu'il  tiendra  bientost  un  consistoire  où  il  fera  une  promo- 
tion. L'Abbé  d'Enoff  sera  nommé  Cardinal  pour  la  Pologne,  le  Roy 
s'estant  désisté  de  la  nomination  qu'il  avoit  faite  de  l'Ëvêque  de 
Beauvais.  Cet  abbé  estoit  allé  au  despens  de  cet  évêque  à  Rome 
pour  luy  soliciter  le  chapeau. 

A  présent  que  les  troupes  du  Milanez  sont  en  partie  licentiées 
et  en  partie  envolées  aux  Vénitiens,  le  Gouverneur  de  Milan  a 
esté  allarmé  de  la  marche  de  quelques  troupes  sorties  de  Casai 
par  les  ordres  de  Mr  de  Catinat  pour  secourir  le  duc  de  Savoye 
contre  les  Religionnaires  ;  mais  l'on  apprend  qu'une  partie  de  ces 
gens-là  se  sont  faits  catholiques  et  que  l'autre  a  passé  en  Suisse, 
le  Duc  leur  ayant  donné  passage. 

...Le  prince  d'Orange  fait  prêter  le  serment  de  fidélité  à  tous 
les  officiers  françois  qui  pour  cause  de  Religion  se  sont  retirez  en 
Hollande.  C'est  plûtost  pour  luy  que  pour  les  Ëstats  Généraux. 

A  l'exemple  du  Roy,  celuy  d'Angleterre  va  faire  un  camp  de 
ses  troupes  au  commencement  du  mois  de  may,  auprès  de. Wind- 
sor, afin  de  les  discipliner.  Il  envoyé  des  troupes  en  Escosse  à 
•cause  de  la  dernière  émotion  qui  s'est  faite  à  Edimbourg,  pour 
soûtenir  les  commissaires  qui  font  le  procès  aux  séditieux.  Il  va 
aussi  faire  publier  de  rigoureures  deffenses  contre  les  duels  ;  car 
il  y  en  a  eu  depuis  peu  quelques-uns  fort  considérables.  Un  des 
professeurs  de  Théologie  de  l'Université  d'Oxford  s'est  déclaré 
catholique  avec  tous  ses  Ecoliers;  il  a  esté  excommunié. 
(Fol  116). 

Il  y  a  eu  de  nouveaux  désordres  dans  les  Sevennes.  On  y  a  fait 
le  presche  et  la  Cène  dans  une  grange  et  dans  une  vigne.  Mr  de 

(1)  Voyez  plus  haut  pp.  254-261. 


362 


MÉLANGES 


Boufflers  et  l'Intendant  de  la  province  y  sont  allez.  Quelques  uns 
ont  esté  pendus  et  les  autres  envoyez  aux  Galères. 

Le  Père  Bourdaloue  fait  de  grands  fruits  à  Montpelier  où  il 
presche  le  Caresme  (1). 

Deux  sœurs  de  Mr  Danjau  (2)  ont  esté  arrêtées  auprès  de 
Blois.  On  les  amène  icy  en  des  convents. 

Trois  jeunes  Dames  de  la  Religion  ont  esté  arrêtées,  habillées 
en  Cavaliers.  Ce  sont  Madame  de  la  Sablière  et  mesdemoiselles  de 
Forest  et  de  Chais.  Madlle  de  la  Force  s'est  faite  catholique. 

Mr  de  Bercy,  ayant  esté  tiré  de  l'Intendance  de  Lion  pour  un 
autre  employ  (3),  on  a  mis  en  sa  place  Mr  de  Brest  qui  l'estoit  à 
Grenoble  auquel  a  succédé  M.  de  Bouchu...  (Fol.  116  v°). 

A  Paris  le  il  6e  Mars  1686. 

...Le  Duc  de  Savoye  a  encore  prolongé  le  délay  à  ceux  des 
vallées  pour  leur  donner  le  temps  de  se  faire  catholiques  ou  de 
vuider  de  ses  Estats.  L'on  dit  que  le  Régiment  de  la  Croix 
Blanche  ayant  voulu  tenter  la  descente  dans  la  vallée  de  Luserne 
a  esté  repoussé. 

Le  Duc  de  Savoye  n'a  pas  accordé  à  l'Empereur  les  secours 
qu'il  luy  demandoit,  ne  se  trouvant  pas  en  estât  de  cela. 

Castelmen,  ambassadeur  d'Angleterre  à  Rome,  est  allé  s'embar- 
quer à  Marseille  et  descendre  à  Livourne;  de  là  il  continuera  son 
chemin  à  Rome. 

...Ce  n'est  pas  au  nom  des  Estats  que  le  prince  d'Orange  a  fait 
prêter  le  serment  de  fidélité  aux  officiers  françois  qui  pour  cause 
de  Religion  s'estoient  retirez  en  Hollande,  mais  en  son  nom.  On  a 
esté  surpris  d'un  coupaussy  hardy. 

Les  deux  jeunes  Bosc,  de  Montpellier,  beaufrères  du  jeune 
Duquesne,  qui  à  cause  de  la  Religion  s'estoient  retirez  comme 
les  autres  en  Hollande,  ont  pris  résolution  de  revenir  en  France. 
Le  prince  d'Orange,  a,  de  son  authorité,  fait  saisir  tous  leurs 
effets.  On  leur  a  accordé  des  représailles  sur  tous  les  biens  que 
ce  prince  a  en  France. 

Le  Roy  d'Angleterre  a  dépossédé  un  officier  de  l'Echiquier  pour 

(1)  Sur  la  mission  de  Bourdaloue  à  Montpellier,  voir  mon  Histoire  critique 
de  la  Prédication  de  Bourdaloue,  t.  I,  aux  années  1685  et  1686. 

Louvois,  demeuré  en  relations  avec  le  jésuite  qui  lui  avait  servi  de  répé- 
titeur au  collège,  s'était  chargé  d'aider  à  son  voyage,  comme  l'indique  notre 
chronique,  et  comme  le  confirment  les  fragments  de  la  correspondance  du 
ministre  avec  son  ancien  maître,  retrouvés  récemment.  Cf.  Études  du  5  juillet 
1909,  p.  704. 

(2)  Mesdemoiselles  Charlotte  et  Hélène  de  Courcillon  de  Dangeau. 

(3)  Cet  emploi  était  celui  d'  «  intendant  du  commerce  des  doux  mors  », 
(Sourches,  t.  I,  p.  365).  Sourches  attribue  cet  avancement  à  la  faveur  de 
M.  de  Seignelay,  car  outre  que  cette  nomination  étoit  de  son  district.  Mm'  de 
Seignelay  était  nièce,  à  la  mode  de  Bretagne,  de  M.  de  Bercy.  »  ^p.  SfiÔ 


MÉLANGES 


36$ 


quelque  faute  qu'il  a  faite  et  a  mis  en  sa  place  un  catholique. 
(Fol.  117). 

Mr  le  maréchal  de  Schomber  a  pris  le  congé  du  Roy. 

Les  habitans  du  village  de  Mer,  prés  de  Blois,  qui  estoient  cy 
devant  de  la  Religion,  s'avisèrent  le  jour  de  Carnaval  d'aller  dans 
l'Eglise  avant  vespres  et  chanter  le  psalme  128  qu'ils  avoient 
acoûtumé  de  chanter  devant  leur  Temple,  sans  que  le  Curé  ny 
les  paroissiens  l'ayent  jamais  pû  empêcher.  L'on  informe  contre» 
eux.  Ceux  qui  ont  esté  de  la  Religion  ne  veulent  pas  estre  appelez, 
nouveaux  convertis,  mais  réunis. 

...La  comtesse  deSoissons  s'est  embarquée  àOstende  avec  son. 
fils  le  prince  Eugène,  pour  aller  à  Madrid.  Ce  Prince  espère  que 
le  Roy  d'Espagne  luy  pourra  donner  le  Grand  Prieuré  de  Castille^ 
de  l'ordre  de  Malte. 

L'affaire  de  l'Estang  (1),  a  esté  jugée  aux  Requestes  de 
l'Hostel.  Il  est  condamné  à  5  ans  de  bannissement  et  à  15  mille 
livres  de  réparations  civiles.  Le  chevalier  d'Hoquincour  doit 
servir  le  Roy  cinq  ans  à  ses  dépens,  Saché,  banny  pour  3  ans  ;  un 
autre  absous  de  l'accusation.  La  Pipane  et  Rouillier  sont  condamnez; 
a  avoir  le  col  coupé.  Il  n'y  a  que  de  l'Estang  qui  soit  prisonnier. 

Le  cabaretier  qui  avoit  tué  Mr  Petit,  Chanoine  de  St  Germain 
de  l'Auxerois  a  esté  condamné  aux  Galères  à  perpétuité  et  est 
party...  (Fol.  117  v°). 

A  Paris  le  20*  Mars  1686. 

Le  voyage  que  fait  la  comtesse  de  Soissons  en  Espagne  est  afin 
d'assurer  et  mesme  augmenter  ses  pensions  qui  n'estoient  pas 
trop  bien  payées  aux  Pays  bas,  les  fonds  manquant  le  plus  sou- 
vent. L'on  dit  aussi  qu'elle  est  assurée  d'y  marier  le  prince; 
Eugène,  son  fils,  avec  une  très-riche  héritière.  La  princesse, 
Colonne  sa  sœur,  qui  fut  mise  dans  un  convent  à  Madrid  dans  le 
temps  que  son  mary  y  estoit,  estant  sortie  pour  quelques 
visites,  au  retour  voulant  r'entrer,  la  porte  du  convent  luy  fut 
refusée.  Les  Religieuses  estant  depuis  long-temps  fort  mécon- 
tents d'elle,  crûrent  avoir  trouvé  le  moyen  de  s'en  deffaire.  Cette/ 
Dame  employa  tous  les  moyens  pour  r'entrer.  Le  Nonce  qui  a 
grand  pouvoir  et  mesme  jurisdiction  en  ce  pays  là,  interposa 
sonauthorité,  mais  sans  eflet.  On  eût  recours  à  l'autorité  du  Roy  ;, 
mais  ceux  qu'on  y  envoya  furent  encore  refusez.  Sa  M.  fut  obli- 
gée d'y  envoyer  un  Alcaïde  accompagné  de  plusieurs  Alguasils  et 
autres  ministres  de  justice  qui  enfoncèrent  les  portes,  mais  à 
quelques  pas  de  là  ils  trouvèrent  un  retranchement  qu'ils  furent 
obligez  d'enfoncer;  et  de  cette  manière  la  connétable  trouva  les 
moyens  de  r'entrer  dans  son  appartement. 

(1)  Cf.  plus  haut,  p.  175,  au  13  février  1686. 


MÉLANGES 


Le  Pape  a  congédié  son  médecin  et  luy  a  donné  pour  récom- 
pense un  bassin  d'argent  rempli  de  chocolat.  Il  n'a  plus  avec  lui 
que  son  chirurgien  qui  luy  a  fait  l'opération,  ayant  une  fistule. 
Il  a  refusé  au  cardinal  Mellini  qui  luy  a  fait  de  fort  beaux  présents 
revenant  d'Espagne,  une  petite  charge  une  fort  petite  charge  qu'il 
luy  avoit  demandée  pour  son  neveu.  Il  ne  veut  pas  que  le  Cardi- 
nal Cibo,  légat  d'Avignon,  remplisse  les  charges  de  cet  Estât.  Il  a 
mandé  au  vice  légat  qui  est  sur  les  lieux  d'y  pourvoir  sans  parti- 
cipation de  cette  Eminence.  Il  ne  faut  point  espérer  de  promo- 
tion. Il  a  trouvé  le  moyen  d'empêcher  que  les  Jacobins  n'élussent 
un  général  françois.  Il  a  supprimé  un  Mont  pour  un  profit  fort 
modique  que  la  Chambre  Apostolique  en  retire.  Le  secours  qu'il 
a  résolu  d'envoyer  au  Roy  de  Pologne  est  de  300  ducats  romains 
qui  font  un  million  monnayé  de  France...  (Fol.  H 8). 

A  Ratisbonne  dans  un  festin  qu'a  donné  le  principal  commis- 
saire de  l'Empereur  à  plusieurs  Députez  des  Estats  de  l'Empire. 
Mr  de  Torcy  en  fut  convié.  Au  milieu  du  repas,  après  avoir  beû  la 
•santé  de  l'Empereur,  on  beût  aussi  celle  des  3  Roys  d'Angletterre, 
•de  France  et  Espagne.  Quand  ce  fut  au  tour  de  Mr.  de  Torcy,  il 
nomma  le  Roy  de  France  seul  et  le  premier  et  les  deux  autres 
«ensemble,  ce  qui  fit  honte  à  quelques-uns  qui  avoient  beû  avant 
luy  qui  les  avoient  nommez  tous  trois  ensemble.  Ensuite  on 
recommença  à  boire  de  la  manière  qu'elle  avoit  esté  commencée. 

Les  Estats  Généraux  ont  fait  des  deffenses  fort  expresses  de 
parler  à  l'avenir  dans  aucun  écrit  de  la  conduite  que  l'on  tient 
présentement  en  France  à  l'égard  des  Protestans. 

Le  Roy  d'Angleterre  a  osté  la  charge  de  Grand  Trésorier  d'Es- 
•cosse  aumylordde  Guisbury,  aussi  bien  que  le  gouvernement  du 
•chasteau  d'Edimbourg.  Il  a  donné  l'administration  des  finances 
de  ce  royaume  à  A  ou  5  personnes  et  le  gouvernement  du  chas- 
teau à  Milord  Gourdon  qui  est  catholique.  Il  est  certain  que  milord 
Guisbury  a  suscité  la  dernière  émotion  à  Edimbourg,  estant  un 
rzelé  protestant  et  ennemi  du  chancelier  d'Escosse. 

Madame  d'ïïervart  et  la  marquise  de  Gouvernay  sa  fille  sont 
parties  pour  se  retirer  en  Angleterre,  suivant  la  permission  qu'elles 
■en  avoient  obtenu  du  Roy  (1). 

L'on  a  levé  les  défenses  que  l'on  avoit  faites  de  débiter  les  livres 
de  Mr.  Le  Tourneux  qui  sont  d'une  grande  édification  aux  Nou- 
veaux Catholiques.  L'on  en  a  seulement  changé  le  canon  de  la 
messe. 

...L'on  juge  présentement  Mr  Vedeau,  conseiller  à  la  cour  :  on 
•en  dira  le  détail  au  premier  jour. 

L'on  vend  en  détail  la  bibliothèque  de  feu  M.  le  chancelier 
:Séguier. 

(1)  Voir  plus  haut,  p.  255,  au  20  février  1686. 


MÉLANGES 


365 


Il  y  a  eû  une  banqueroute  en  Provence  de  huit  cent  mille 
livres  ;  les  banqueroutiers  sontarrétéz.  (Fol.  118  v°.) 

A  Paris  le  23e  Mars  1686. 

...La  Reine  de  Suède  avoit  résolu  de  faire  un  Opéra  chez  elle  ce- 
Carnaval;  mais  à  cause  de  l'indisposition  du  Pape,  elle  n'a  pas- 
voulu  permettre  qu'on  fit  aucunes  réjouissances.  Le  peuple  de 
Rome  n'en  n'a  pas  usé  de  mesme,  car  après  qne  le  Gouverneur  de 
Rome  a  représenté  à  S.  S.  que  le  peuple  vouloit  marquer  la  joye 
qu'il  avait  de  sa  convalescence,  l'on  a  permis  aux  Dames  et 
mesme  aux  courtisanes  de  se  masquer. 

Le  Roy  de  Pologne  s'est  entièrement  déporté  de  la  nomination 
qu'il  avoit  faite  de  l'Evêque  de  Beauvais  au  cardinalat,  sçachant 
l'aversion  que  S. S.  a  pour  ce  prélat  II  a  nommé  en  sa  place  un 
Barberin. 

Le  Duc  de  Savoye  est  campé  avec  ses  troupes  auprès  des- 
vallées, et  Catinat  avec  celles  de  France  est  prest  à  le  joindre. 

L'on  tient  que  le  Roy  de  Pologne  commandera  luy-mesme  son. 
armée.  (Fol.  119). 

...Le  Prince  d'Orange  arme  6  vaisseaux  à  ses  dépens.  Le  secré- 
taire de  l'ambassadeur  de  Hollande  qui  est  icy  a  esté  révoqué- 
L'on  n'estoitpas  content  de  luy  icy  non  plus  qu'en  Hollande. 

L'on  fait  le  procès  à  Pépin,  officier  de  marine,  pour  avoir  faci- 
lité l'évasion  de  plusieurs  Religionnaires.  Quelques  Intendants» 
ont  fait  publier  des  Ordonnances  par  lesquelles  ils  enjoignent  aux 
Nouveaux  Catholiques  d'entendre  la  messe  sous  de  grosses 
amendes, 

Le  maréchal  de  Schomber  est  party  au  regret  de  toute  la  cour. 
Sa  Majesté  en  a  témoigné  beaucoup  de  chagrin.  Elle  le  fît  r'entrer 
deux  fois  dans  sa  chambre  pour  luy  dire  adieu.  Monseigneur 
l'embrassa;  Madame  la  Dauphine  luy  dit  des  choses  fort  obli- 
geantes. Il  s'ira  embarquer  avec  madame  la  maréchale  sa  femme 
dans  un  vaisseau  que  le  Roy  leur  donne  pour  cela  à  la  Rochelle. 

L'arrest  contre  Mr  Vedeau  porte  un  bannissement  de  9  ans, 
■4  mille  livres  envers  le  Roy,  de  se  deffaire  de  sa  charge  dans 
6  mois,  qu'autrement  elle  demeurerera  impetrable,  incapable 
d'exercer  aucunes  charges  à  l'avenir,  l'arrest  sera  écrit  où  le 
registre  a  esté  falsifié.  Son  secrétaire  est  aussi  condamné  au 
bannissement  pour  9  ans,  le  nottaire  à  une  année  d'interdiction, 
et  le  Gentil'homme  r'envoyé  absous...  (Fol.  119  v°). 

A  Paris  le  27°  Mars  1686. 

Il  y  avoit  eû  quelque  sujet  d'altération  entre  le  Duc  de  Savoye 
et  Madame  Royale  sa  mère  pour  quelques  prétentions  (sic)  qu'elle 
avoit  contre  luy.  Le  marquis  d'Arcy,  ambassadeur  de  France,  s'est 
entremis  pour  les  accommoder  et  l'a  fait  avec  tant  d'addresse  qu'il  a 


366 


MÉLANGES 


terminé  l'affaire  au  contentement  de  l'un  et  de  l'autre,  dont 
Madame  Royale  a  fait  faire  des  remerciments  au  Roy. 

Les  Religionnaires  des  vallées  se  sont  retirez  dans  le  haut  des 
montagnes  en  des  lieux  inaccessibles  où  il  est  presqu'impossible 
de  les  attaquer. 

Il  paroit  que  le  Duc  de  Mantoue  évite  de  rendre  réponse  à 
l'envoyé  de  l'Empereur  qui  est  allé  pour  solliciter  la  liberté  de 
deux  de  ses  officiers,  son  capitaine  des  gardes  et  son  premier 
ministre,  accusez  d'avoir  voulu  atten  ter  à  la  personne  du  prince  et 
de  l'Estat. 

Le  Roy  d'Angleterre  a  très  bien  reçu  le  marquis  de  Ruvigny, 
aussi  bien  que  toute  sa  cour.  (1)  S.M.B.  a  fait  une  4e  compagnie 
de  ses  Gardes  à  cheval,  dont  Milord  Douvre  est  capitaine. 

L'on  tient  que  le  Parlement  d'Escosse  sera  un  préj  ugé  de  ce  que 
l'on  doit  espérer  de  celuy  d'Angleterre,  et  que  les  catholiques  y 
seront  fort  bien  traitez.  Le  Roy  a  permis  une  collecte  en  faveur  des 
Réfugiez  de  France.  L'Archevêque  de  André  et  l'Evêque  d'Edim- 
bourg sont  arrivez  à  Londres.  On  ne  sçait  pas  encore  le  sujet  de 
leur  voïage.  L'on  a  permis  aux  ministres  des  princes  catholiques 
qui  sont  à  Londres  de  faire  prêcher  dans  leurs  chapelles  en 
langue  angloise  où  tous  les  anglois  catholiques  pourront  aller. 
(Fol.  120). 

...Les  Hollandois  font  un  puissant  armement  par  mer.  Outre  ce 
qui  avoit  déjà  esté  résolu,  ils  arment  encore  12  vaisseaux  de 
guerre  et  6  frégates.  Les  Corsaires  d'Alger  ont  déclaré  la  guerre 
aux  Estats  Généraux. 

Un  nommé  Texier  (2),  viguier  d'une  petite  ville  des  Sevennes, 
a  esté  pendu  avec  un  autre,  comme  autheurs  de  la  nouvelle  sédi- 
tion que  les  Nouveaux  Catholiques  avoient  faite. 

Le  marquis  de  Langey  et  son  fils  ont  esté  mis  à  la  Bastille,  et 
sa  femme  et  sa  fille  chacune  dans  un  convent. 

L'on  verra  dans  peu  de  temps  un  manifeste  ou  Déclaration  du 
Roy  par  laquelle  S. M.  fera  voir  les  raisons  qu'elle  a  eues  de 
presser  les  Religionnaires  de  France  à  se  faire  catholiques.  Outre 
les  raisons  de  pieté  et  de  religion,  elle  a  encore  celle  qu'ils  ont 
voulu  troubler  en  toutes  rencontres  la  paix,  S. M.  ayant  entre  les 
mains  les  originaux  des  Traitez  qu'ils  ont  fait  avec  les  Princes 
Protestans  pour  faire  des  soulèvemens.  (Fol.  120  v<>). 

A  Paris  le  30e  Mars  1686. 

...Le  Pape  s'est  r'enfermé  jusqu'à  Pasques.  C'est  son  chirurgien 
qui  le  gouverne  et  qui  a  le  plus  de  pouvoir  auprès  de  luy. 

Les  voisins  du  Duc  de  Mantoue  prennent  beaucoup  de  jalousie 

(1)  Voir  plus  haut,  p,  266  au  28  nov.  1685  et  p.  116,  au  16  février  1686, 
,(2)11  s'agit  de  Teissier  viguier  de  Durfort,  cf.  plus  haut,  p.  169  (note)  au 
26  janvier  1686.  1 


MÉLANGES  367 

de  la  manière  dont  en  use  ce  Duc,  appréhendans  qu'il  ne  remette 
ses  Estats  entre  les  mains  des  François,  persuadez  qu'ils  sont 
qu'il  a  fait  un  traité  avec  le  Roy. 

La  diette  que  les  Suisses  tenoient  à  Basle  est  terminée.  Ils  y 
ont  résolu  de  secourir  cette  ville  et  le  canton  de  toutes  leurs 
forces  si  quelque  puissance  les  attaquoit.  On  leur  a  voulu  faire 
accroire  que  l'on  avoit  de  mauvais  desseins  contre  la  liberté  de 
cette  ville  et  contre  celle  de  Genève;  mais  on  n'a  rien  voulu 
statuer  à  l'égard  de  celle-cy.  Aussy  elle  n'est  alliée  que  fort  peu 
des  cantons  :  mais  il  est  certain  qu'on  n'a  aucun  dessein  ny 
contre  l'une  n'y  contre  l'autre. 

Van  Beuning  s'est  entièrement  démis  de  tous  ses  emplois  et 
veut  vivre  à  l'avenir  dans  Amsterdam  comme  un  autre  parti- 
culier. 

Le  Roy  d'Angleterre  ne  fera  qu'un  médiocre  armement  de 
vaisseaux  cette  année.  L'on  a  depuis  peu  imprimé  et  publié  à 
Londres  par  autorité  du  Roy  un  catéchisme  qui  contient  tous  les 
dogmes  de  l'Église  Romaine.  Ce  livre  n'a  pas  plûtost  paru  que 
l'Évêque  de  Londres  en  a  fait  débiter  un  autre  qui  contient  tous 
les  dogmes  de  l'Église  Anglicane.  Ce  n'est  pas  la  première  fois 
que  ce  Prélat  en  a  usé  de  mesme.  L'on  a  frappé  depuis  peu  une 
médaille  à  Londres.  D'un  costé  est  la  teste  du  roy  avec  cette 
légende  :  un  Dieu,  un  Roy,  une  foy;  et  de  l'autre  costé  est  un 
soleil,  de  la  manière  que  l'on  représente  le  Saint-Sacrement  dans 
les  églises  catholiques. 

Les  deux  fils  de  madame  de  Gouvernet  (1)  se  sont  faits  catho- 
liques. 

L'on  a  arrêté  plusieurs  personnes  en  Languedoc,  les  uns  soup- 
çonnez et  les  autres  convaincus  d'avoir  voulu  émouvoir  une 
sédition. 

L'on  a  envoyé  une  partie  du  régiment  des  Gardes  Suisses  en 
Picardie  pour  en  relever  d'autres,  qui  ont  ordre  de  marcher  en 
Normandie  afin  de  contenir  les  Nouveaux  Catholiques  dans  leur 
devoir. 

L'Électeur  de  Brandebourg,  conjointement  avec  l'Envoyé 
d'Angleterre  ont  fait  icy  de  grandes  instances  afin  que  le  prince 
d'Orange  ait  main  levée  de  sa  principauté;  mais  on  ne  void  pas 
que  cela  fasse  un  grand  effet.  (Fol.  121). 

Mr  des  Marais,  cy-devant  Intendant  des  finances  a  eû  la  per- 
mission de  revenir  icy  avec  toute  sa  famille. 

Le  Prince  Électoral  de  Saxe  a  vû  le  Roy  incognito,  parce  qu'il 
se  prétendoit  couvrir  devant  S. M.  s'il  l'eût  veû  publiquement.  Ç'a 
esté  Madame  la  Dauphine  qui  l'a  présenté. 

L'Archevêque  de  Rouen  a  donné  la  cure  de  Saint-Gervais  à 

(i)  C'était  la  fille  de  Mme  d'Herwart,  cf.  plus  haut  p.  255,  au  20  février  1686. 


368 


MÉLANGES 


Mr  Feu,  qui  en  a  pris  possession.  Mr  de  Brillac,  Indultaire  sur 
l'Abbaye  du  Becq  prétend  emporter  ce  Bénéfice.  Le  défunt  Curé  a 
fait  pour  plus  de  30  mille  escus  de  fondations  à  de  pauvres  écoliers 
et  à  la  communauté  de  prestres  et  aux  filles  de  Sainte-Croix. 

Le  Roy  a  approuvé  l'arrest  que  le  Parlement  a  donné  pour 
l'affaire  de  Mr  Vedeau. 

L'on  dit  qu'il  y  a  un  Arrest  du  Conseil  qui  ordonne  que  les 
propriétaires  des  maisons  de  la  paroisse  S*  Sulpice  payeront 
le  double  de  ce  qu'ils  ont  coutume  de  payer,  afin  d'amortir  les 
debtes  de  la  fabrique  de  cette  paroisse  et  achever  le  bâtiment. 

...Le  Roy  entend  que  ceux  qui  ont  esté  pourveûs  en  régale  dans 
le  chapitre  de  Pamiers  ayent  à  se  faire  religieux  de  S1  Augustin 
comme  est  tout  le  chapitre  de  cette  église,  à  faute  de  quoi  leurs 
Bénéfices  seront  impétrables.  (Fol...  121  v°). 

A  Paris  le  3e  Avril  1686. 

..  .L'on  perd  l'espérance  que  le  Pape  fasse  jamais  des  Cardinaux. 
Ceux  qui  luy  sont  présentez  par  les  couronnes  sont,  dit-il,  des 
sujets  qui  ne  méritent  pas  cette  dignité. 

Le  marquis  de  Blanchefort,  fils  du  maréchal  de  Créquy,  a  esté 
reçû  à  l'audience  de  S.  S.  parce  qu'elle  a  sçû  qu'il  alloità  la  guerre 
d'Hongrie.  11  Ta  comblé  de  bénédictions  et  d'indulgences  et  l'a 
extrêmement  loué  d'un  dessein  si  chrétien.  S.  S.  a  fait  tenir  le 
chapitre  général  des  Carmes  des-chaussez  à  Bologne,  afin  d'empê- 
cher les  solicitations  de  l'ambassadeur  de  France  pour  que  l'on 
ne  nommast  pas  un  sujet  qui  fut  Général  et  désagréable  icy. 

Le  Duc  de  Savoye  a  fait  réponse  aux  envoyez  des  Suisses 
qu'ils  ne  s'estoit  point  mêlé  des  affaires  qui  estoient  arrivées  en 
leur  pays  au  sujet  de  la  Religion,  qu'il  vouloit  vivre  en  bon  voisin 
avec  eux,  mais  que  ce  n'estoit  pas  à  eux  à  se  mêler  de  ce  qu'il 
faisoit  dans  ses  estats  avec  ses  sujets,  qu'il  estoit  leur  souverain 
et  vouloit  estre  obeï. 

Les  Religionnaires  des  vallées  s'estoient  retirez  en  des  lieux 
qu'ils  prétendoient  inaccessibles  ;  mais  la  veue  des  troupes  de 
France  leur  a  fait  perdre  toute  espérance.  Il  faut  qu'ils  changent 
de  religion  ou  bien  qu'ils  abandonnent  le  pays;  on  leur  avoit 
donné  dix  jours  pour  se  résoudre.  (Fol.  422.) 

L'Electrice  douairière  Palatine,  mère  de  Madame  et  du  dernier 
Electeur  Palatin,  est  morte  et  le  prince  palatin  est  fort  malade, 

Le  Duc  de  Nortomberlan,  fils  naturel  du  feu  Roy  d'Angleterre, 
s'est  marié  clandestinement  à  une  femme  de  basse  naissance.  Ces 
sortes  de  mariages  ne  se  cassent  pas  en  Angleterre. 

Le  Roy  a  licencié  cent  officiers  de  ses  troupes  d'Irlande  el  a 
mis  cent  catholiques  en  leur  place. 

L'Evêque  de  Bath  a  fait  un  sermon  tout  catholique  devant  Le 
prince  et  la  princesse  de  Danemark.  Le  ministre  de  Posné,  à 


MÉLANGES 


369 


deux  milles  de  Londres,  s'est  déclaré  catholique  à  la  fin  de  son 
presche. 

Mr  de  Barillon  fait  prescher  à  Londres  pendant  le  Garesme 
•dans  sa  chapelle  3  fois  en  François  et  4  fois  enAnglois.  Les  autres 
ministres  des  princes  catholiques  en  usent  de  mesme. 

Mr  de  St  Martin,  cy  devant  conseiller  à  la  Cour,  de  la  Reli- 
gion, a  esté  mis  à  la  Bastille  parce  qu'il  vouloit  dogmatiser.  La 
femme  et  la  fille  de  Chardon  se  sont  faits  catholiques. 

Mr  Dangeau  a  épousé  Madlle  de  Levestin  la  nuit  du  dimanche  au 
lundy.  Mr  le  Duc  et  madame  la  Duchesse  donnèrent  la  chemise. 
Les  fiançailles  furent  faites  dans  la  chambre  de  madame  la  Dau- 
phine  par  Mr  Fléchier  Évêque  de  Lavaur.  (Fol.  123). 

A  Paris,  le  6e  Avril  4686. 

...Les  Députez  des  cantons  de  Zurich  et  de  Bern  ont  fait  sçavoir 
aux  Gens  de  vallées  qu'ils  ne  doivent  attendre  aucun  secours  de 
leurs  supérieurs.  Cependant  on  vient  d'apprendre  qu'ils  sont  en 
volonté  de  se  deffendre  contre  le  duc  de  Savoye.  L'ambassadeur 
•de  France  en  Suisse  avoit  fait  sçavoir  de  la  part  du  Roy  que 
S.  M.  prendroit  pour  infraction  et  rupture  d'alliance  s'ils  prenoient 
la  résolution  d'assister  les  ennemis  ou  rebelles  de  quelque 
prince  que  ce  puisse  estre  qui  fust  de  ses  alliez,  leur  faisant 
-connoistre  par  là  que  c'estoit  le  Duc  de  Savoye  dont  il  vouloit 
parler.  L'on  dit  que  les  Suisses  veulent  faire  cet  esté  deux  camps 
de  toutes  leurs  meilleures  troupes. 

...Les  troupes  que  le  Roy  de  Suède  a  fait  passer  en  Poméranie 
donnent  beaucoup  d'inquiétude  à  l'Electeur  de  Brandebourg. 

Le  Roy  a  fait  délarer  aux  Hollandois  qu'il  n'avoit  aucun  dessein 
de  troubler  la  paix  ny  défaire  aucune  entreprise  sur  les  Estats 
■du  Roy  d'Espagne  ;  qu'il  ne  demandoit  autre  chose  que  la  resti- 
tution de  ce  que  l'on  avoit  indeuement  pris  à  ses  sujets;  que  si 
après  cette  déclaration,  ils  se  mêloient  d'assister  le  roy  d'Espagne, 
il  prendroit  cela  pour  une  infraction  à  la  trêve.  On  tient  que  cela 
a  fait  cesser  l'armement  de  mer  qu'ils  faisoient,  d'autant  plus 
que  chaque  fois  qu'ils  augmentaient  le  nombre  de  leurs  vaisseaux, 
le  Roy  augmentoit  le  sien  au  double  (1). 

(1)  Pour  les  affaires  d'Espagne,  occasionnées  par  les  vaisseaux  confisqués 
à  Cadix,  il  est  trop  long  de  tout  reprendre;  ce  serait  l'objet  d'un  extrait  spé- 
cial et  intéressant.  Voici  ce  qu'on  lit  au  3  avril  : 

«  L'on  a  envoyé  un  courrier  à  Patoulet  qui  est  à  Madrid  pour  l'interest  du 
négoce.  On  ne  sçait  pas  précisément  quels  ordres  il  porte  ;  mais  Patoulet  doit 
revenir  dans  peu  s'il  ne  reçoit  pas  une  réponse  positive  pour  satisfaire  nos 
négociants.  Le  Roy  ne  veut  point  que  la  restitution  de  l'argent  qui  a  esté  pris 
dans  le  vaisseau  saisy  à  la  Corogné  se  fasse  par  les  mains  du  Nonce  qui  est 
en  Espagne,  mais  qu'elle  soit  faite  par  les  ordres  du  Roy  d'Espagne. 

«Le  dessein  des  Espagnols  et  des  Hollandois  joints  ensemble  est  de  ruiner 
le  traffic  de  France.  Geux-cy  ont  fait  cultiver  grande  quantité  de  chanvres  et 

24 


370 


MÉLANGES 


Les  Estats  Généraux  ont  ordonné  la  démolition  d'une  grande 
partie  des  fortifications  de  Mastrick,  qui  sont  d'une  trop  grande 
garde 

Par  ordre  du  Roy  d'Angleterre,  les  Evesques  ont  envoyé 
défense  de  prescher  des  controverses.  Mr  de  Barillon  travaille 
présentement  à  un  traité  de  commerce.  Il  s'en  fait  un  pareil  entre 
l'Angleterre  et  le  Danemark. 

...L'on  poursuit  fortement  les  maires  et  échevins  des  villes  et 
autres  lieux  qui  ont  touché  les  deniers  des  estapes,  qui  ont  fait 
beaucoup  de  friponneries.  (Fol.  123  v°.) 

A  Paris  ce  10*  Avril  1686. 

...Le  pape  a  tenu  un  consistoire  qui  a  duré  peu  de  temps,  les 
cardinaux  ayant  esté  avertis  de  ne  pas  tenir  un  long  discours.  On 
y  a  seulement  fait  quelques  propositions  d'Evêchés.  S.  S.  y  a  fait 
lecture  de  l'éloge  qu'elle  a  fait  du  Roy  en  conséquence  des  révo- 
cations des  édits  de  Nantes  et  de  Nisme,  comme  fit  Urbain  8  de 
Louis  13  après  la  prise  de  la  Rochelle.  Le  cardinal  d'Éstrées  et 
le  Duc  son  frère,  ont  supplié  S.  S.  de  leur  en  donner  coppie  pour 
l'envoïer  au  Roy.  S.  S.  a  remis  au  prochain  consistoire  qui  (se) 
tiendra  après  Pasques,  de  donner  le  chapeau,  et  fermer  la  bouche 
au  cardinal  Méllini. 

L'on  a  crû  que  l'accommodement  des  gens  des  vallées  de 
Piedmont  avec  le  Duc  de  Savoye  estoit  fait,  que  les  temples 
seroient  abbatus  et  les  ministres  chassez  ;  que  ceux  qui  voudroient 
rester  le  pou'rroient  faire  en  se  faisant  catholiques,  et  que  les 
autres  seroient  obligez  dans  un  certain  temps  de  vuider  le  pays  ; 
mais  par  des  lettres  du  2  de  ce  mois,  on  apprend  que  les  troupes 
françoises  jointes  à  celles  du  Duc  de  Savoye,  sont  entrées  dans 
les  vallées.  Ainsi  cela  fait  connoitre  qu'il  n'y  rien  de  fait. 

...La  Diète  de  Ratisbone  a  déclaré,  ainsi  que  le  Roy  le  deman- 
doit,  que  la  prise  de  possession  qu'avoit  fait  le  nouveau  Electeur 

de  lins  dans  la  Silésie,  dont  ils  ont  fait  faire  des  toiles  de  différente  qualité 
afin  de  les  débiter  aux  Indes  occidentales,  dont  le  débit  se  faisoit  à  bien  plus 
bas  prix  que  celles  de  France  ;  mais  ils  n'ont  pas  eu  le  succès  qu'ils  en  espé^ 
roient;  car  une  fois  blanchies  elles  se  sont  trouvées  dures  et  cassantes  et 
d'un  fort  méchant  usage.  Ainsi  les  habitans  des  Indes  ne  s'en  peuvent  plus 
servir  et  des  plus  belles  on  n'en  trouveroit  que  fort  peu  de  chose,  et  on  sera 
encore  contraint  de  revenir  à  celles  de  France.  »  (fol.  122.) 

On  lisait  au  16  mars  :  «  L'on  attend,  avant  que  d'envoïer  les  derniers 
ordres  pour  nos  nouveaux  armemens  de  mer,  que  Patouillet  ^en  marge, 
ou  Patoulet)  qui  a  passé  en  Espagne  au  nom  des  marchands  françois,  soit 
de  retour  afin  de  sçavoir  quelle  résolution  le  conseil  d'Espagne  aura  pris  et 
de  quelle  manière  on  prétend  les  satisfaire.  Deux  marchands,  l'un  de  Rouen 
et  l'autre  de  St  Malo,  ont  ordre  de  venir  icy  pour  instruire  nos  ministres  de 
quel  interest  le  commerce  d'Espagne,  et  principalement  dos  Indes  peut  estre 
pour  la  France.  »  (fol.  117). 


MÉLANGES 


371 


Palatin  des  lieux,  places  et  Seigneuries  et  des  meubles  prétendus 
par  Madame  dans  la  succession  des  deux  Electeurs  Palatins,  son 
père  et  son  frère,  ne  luy  pourroit  préjudicier,  ny  à  Mr  le  Duc  de 
Chartres,  son  fils,  non  plus  que  cette  présente  Déclaration  ne 
pourra  nuire  aux  droits  de  l'Electeur  Palatin.  (Fol.  124). 

Le  Roy  d'Angleterre  a  fait  pressentir  le  pape  s'il  approuve roit 
qu'il  fût  couronné  à  Edimbourg  comme  Roy  d'Escosse  par  les 
Evesques  protestans  comme  il  a  fait  pour  le  Royaume  d'Angleterre 
à  Londres.  La  Cour  de  Rome  a  esté  contraire  à  cette  demande. 

Le  Prince  d'Orange  a  fait,  de  sa  propre  autorité,  armer  6  vais- 
seaux. On  ne  doute  pas  que  ce  ne  soit  pour  assister  le  Roy  d'Es- 
pagne. Il  en  donnera  le  commandement  au  comte  Stirum ,  ausquels 
doivent  je  joindre  6  autres  vaisseaux  de  convoy. 

Le  comte  de  Théaubon  et  autres .  de  la  Religion  qui  s'estoient 
embarquez  à  Dieppe  et  si  bien  cachez  que  ceux  qui  visitèrent  le 
vaisseau  ne  les  purent  découvrir,  pensant  estre  en  sûreté,  ils  mon- 
tèrent sur  le  tillac  et  se  mirent  à  se  réjouir,  se  faisant  servir  par 
un  laquais  habillé  de  jaune.  Les  visiteurs  qui,  estans  dans  un 
autre  bastiment,  remarquèrent  qu'ils  n'avoient  point  vu  cette 
livrée,  ce  qui  les  obligea  de  courir  après.  Ils  r'amenèrent  le  vais- 
seau et  ont  tout  mis  en  prison. 

La  comtesse  de  Roye  est  partie  lundy  pour  aller  trouver  son 
mary  en  Danemark.  Elle  a  esté  conduite  quelques  jours  par  le 
maréchal  Duc  de  Duras,  son  frère. 

...L'on  a  levé  les  deffences  de  débiter  la  traduction  qu'a  fait 
Mr  le  Tourneux  du  Canon  de  la  messe.  Le  Roy  n'a  pas  trouvé 
bon  qu'on  l'ait  fait  sans  luy  en  avoir  parié  (1).  (Fol.  124  v°.) 

.  A  Paris  le  1 3e  Avril  1686. 

...Le  Pape  se  rendra  plus  visible  quand  le  temps  auquel  on  luy  a 
dit  qu'il  devoit  mourir  sera  passé,  un  Astrologue  luy  ayant 
prédit  qu'il  seroit  pape  pendant  16  ans,  et  comme  peu  s'en  fallut 
qu'il  ne  fut  élu  au  lieu  de  Clément  X,  il  compte  depuis  ce  temps 
là,  ce  qui  fait  à  peu  près  les  16  années. 

Comme  l'éloge  que  S. S.  a  fait  en  faveur  du  Roy  et  que  le  car- 
dinal d'Estrées  a  envoyé  icy,  est  mis  dans  la  Gazette,  il  n'en  sera 
point  parlé  dans  cet  écrit  ;  mais  seulement  que  c'est  un  appelé 
Colonis  qui  l'a  composé  (2). 

(1)  Voir  plus  haut,  p.  364,  au  20  mars  1686. 

(2)  L'allocution  faite  au  consistoire  du  18  mars  est  en  effet  citée  dans  le 
numéro  15  de  la  Gazette,  paru  le  13  avril  16S6.  On  y  lit  :  «  Hier  il  (le  Pape) 
tint  Consistoire  :  après  avoir  donné  part  aux  Cardinaux  de  ce  que  le  Roy  Très 
Chrétien  avoitfait  pour  la  réunion  de  ses  Sujets  à  l'Église  catholique,  il  leur 
a  dit  en  subsistance,  Que  par  l'amitié  qu'il  avoitpour  ce  grand  Prince  et  pour 
le  très  florissant  Royaume  de  France,  il  avoit  une  extrême  joye  de  ce  que 
Dieu  luy  avoit  réservé  la  puissance  nécessaire  pour  extirper  l'Hérésie,  et  pour 
délivrer  son  Royaume,  en  si  peu  de  temps,  de  la  fausse  Religion  qui  y  avoit 


372 


MÉLANGES 


S.  S.  a  refusé  les  décimes  des  biens  ecclésiastiques  aux  Véni- 
tiens ;  ce  qui  leur  tait  beaucoup  de  chagrin  et  les  pourroit  por- 
ter à  écouter  les  propositions  qui  leur  sont  faites  de  la  part  des 
Turcs,  quoiqu'il  fassent  un  puissant  armement  pour  la  campagne 
prochaine...  ; 

...Les  protestans  des  Vallées  sont  enfin  soumis  aux  volontez  de 
deur  souverain  le  Duc  de  Savoye  (1). 

Le  Roy  de  Pologne  sera  à  la  teste  de  ses  troupes  au  commen- 
cement de  Juin.  Le  courier  qu'il  a  envoyé  à  Rome  a  rapporté  que 
S. S.  a  promis  de  lui  envoyer  encore  un  million,  monnoye  de 
Pologne,  afin  de  soûtenir  la  guerre.  L'on  a  nouvelle  par  lamesme 
voye  de  Pologne,  que  les  Tartares  Kalmuch  ont  déclaré  la  guerre 
aux  Moscovites. 

Le  duc  de  Northumberland,  fils  naturel  du  feu  roy  d'Angle- 
terre, a  fait  passer  sa  nouvelle  épouse  en  Flandres  dans  uu  convent. 
C'est  la  fille  d'un  marchand  de  volaille  (2).  S.  M.  B.  estoit  en  parole 
4e  le  marier  avec  la  fille  du  duc  de  Neufscatel,  la  plus  riche  héri- 
tière d'Angleterre. 

Le  Parlement  d'Escosse  est  retardé  de  15  jours.  Tout  le  monde 
€roid  en  Angleterre  qu'il  y  a  un  traité  d'alliance  avec  la  France  ; 
mais  ce  n'est  que  pour  le  traffic,  principalement  pour  celuy  de 
l'Amérique.  (Fol.  125.) 

...Le  Divan  d'Alger  a  déclaré  la  guerre  aux  Hollandois.  Cela 
obligera  ceux-cy  d'envoyer  une  partie  de  leurs  vaisseaux  dans  la 
Méditerranée. 

L'on  apprend  tous  les  jours  que  plusieurs  personnes  de  la  Reli- 
gion se  retirent  hors  de  France  et  qu'ils  se  vont  embarquer  en 
des  ports  détournez  ce  qui  oblige  à  mettre  des  gardes  de  costes 
<en  ces  lieux-là... 

Mr  le  Chancelier  a  fait  sçavoir  aux  principaux  des  collèges 
-qu'ils  fissent  les  classes  plus  fortes,  parce  que  les  escoliers  en 
sortoient  fort  ignorants. 

Les  Espagnols  veulent  s'excuser  de  donner  les  Galères,  qu'ils 
ont  promises  aux  Vénétiens,  sous  prétexte  de  la  guerre  qu'ils 
appréhendent  d'avoir  contre  nous.  (Fol.  125  v°.) 

«ss té  introduite  au  siècle  passé...  Que  le  Roy  Très  Chrétien  avoit  supprimé 
ies  Édits  que  les  Hérétiques  rebelles  avoient  extorquez  des  Roys  ses  prédé- 
cesseurs... et  que  Dieu  bénissant  l'ouvrage  de  Sa  Majesté,  avoit  donné  à  ses 
sujets  de  la  Religion  Prétendue  Réformée,  un  cœur  nouveau  pour  les  faire 
a-entrer  dans  le  sein  de  l'Église...  Que  comme  le  zèle  et  la  piété  du  Roy  Très 
Chrétien  avoit  extraordinairement  éclaté  dans  cette  action,  il  dcvoit  dès  à 
présent  luy  donner  les  louanges  que  la  prostérité  luy  donnera  toutes  les  fois 
-qu'elle  pensera  à  une  entreprise  si  grande  et  si  glorieusement  exécutée...  » 
(p.  174-175.) 

(1)  Cette  nouvelle  était  inexacte  et  sera  démentie  dès  le  Courrier  du 
21  avril. 

.  v(2)  Voir  plus  haut,  p.  368,  au  3  avril  1686. 


MÉLANGES 


A  Paris,  le  1  7°  Avril  1686. 

...L'indisposition  du  Pape  et  l'incommodité  qu'a  eue  le  duc 
d'Estrées  ont  esté  cause  que  S.  S.  a  remis  après  Pasques  à  tenir 
chapelle  papale  en  action  de  grâces  de  ce  que  le  Roy  a  fait  pour 
chasser  l'hérésie  de  son  Royaume.  Cette  feste  se  fera  avec  une 
grande  pompe  et  cérémonie.  S. S.  y  entonnera  elle  mesme  le 
Te  Deum  ;  le  canon  tirera  et  il  y  aura  des  feux  par  toute  la  ville 
et  une  girandole  au  chasteau  St  Ange.  Le  lendemain  nostre 
Ambassadeur  fera  encore  une  grande  feste  chez  luy,  et  des  feux 
à  la  Trinité  du  Mont. 

On  se  flatte  toujours  de  l'espérance  d'une  promotion.  On  croid 
mesme  que  l'Electeur  de  Cologne  sera  fait  cardinal  à  la  nomina- 
tion de  l'Empereur  (t).  Pour  ce  qui  est  du  prince  Reinalt  d'Esté,  S~ 
S.  refuse  absolument  de  luy  donner  le  chapeau,  quoyque  le  Roy 
d'Angleterre  le  demande.  Il  n'y  a  pas  encore  de  nouvelle  que 
le  comte  Castelmen,  Ambassadeur  de  S.  M.  B.  soit  arrivé  à  Rome- 
Quelques  instances  qu'ait  pu  faire  l'envoyé  de  l'Empereur,  il 
n'a  pu  obtenir  du  Duc  de  Mantoue  la  liberté  de  son  premier  mi- 
nistre et  du  capitaine  de  ses  Gardes,  accusez  d'avoir  esté  gagnez, 
par  le  comte  de  Melgar  pour  mettre  ce  prince  au  pouvoir  des- 
Espagnols  ;  ce  qui  augmente  extrêmement  le  soupçon  qu'on  a 
qu'il  ne  se  soit  accommodé  avec  ,  les  françois;  cela  donne  beau- 
coup de  jalousie  aux  princes  d'Italie  qui  sont  fâchez  de  ce  que  le 
comte  de  Melgar  a  engagé  la  plus  grande  partie  de  ses  troupes  au» 
service  des  Vénitiens... 

...L'empressement  que  les  Hollandois  avoient  de  faire  cette 
année  un  grand  armement,  a  beaucoup  diminué,  soit  que  les 
fonds  manquent  ou  bien  qu'il  appréhendent  d'irriter  une  puis- 
sance plus  forte  que  la  leur. 

Le  Gouverneur  de  Douvre  estant  mort,  le  Roy  d'Angleterre  -a» 
donné  ce  gouvernement  à  Milord  Douvre,  qui  est  catholique  et  que- 
S.M.Brit.  avoitdepuis  peu  fait  milord  eU3  capitaine  de  ses  gardes. 

L'envoyé  du  prince  palatin  faisant  bastir  une  chapelle  dans: 
son  palais,  Milord  Maire  l'en  voulut  empescher.  Le  Roy  d'Angle- 
terre luy  en  a  fait  une  forte  réprimande  et  luy  a  dit  d'en  aller 
faire  les  excuses  à  ce  ministre  (Fol.  126)  (2). 

Les  supposts  de  l'Université  d'Oxford  ayant  voulu  chasser  le 
docteur  Valtier,  parce  qu'il  n'assistoit  point  aux  prières  com- 
munes, le  Roy  a  envoyé  faire  des  deffenses  de  l'inquiéter  e% 
qu'il  l'en  avoit  dispensé. 

Les  mal-convertis  en  Languedoc  s 'estant  assemblez  en  un* 

(1)  L'information  du  10  avril  (fol.  124  v°)  se  rapporte  peut-être  â  ces  nou^ 
velles  ou  espérances  :  «  L'Evesque  de  Strasbourg  partit  lundy  en  grande  dili- 
gence pour  se  rendre  auprès  de  l'électeur  de  Cologne,  où  des  affaires  de  la- 
dernière  conséquence  l'appellent.  » 

(2)  Cf.  plus  bas,  au  18  mai  1686. 


374 


MÉLANGES 


champ  auprès  de  Pin,  au  nombre  de  quatre  à  cinq  cents,  ils  ont 
imposé  les  mains  à  un  proposant  et  l'on  reconnu  pour  ministre.  Il 
les  a  preschez  et  donné  la  cène;  mais  on  les  a  poursuivis  et  mis 
plusieurs  en  prison.  On  a  trouvé  sur  un  fugitif  un  mereau  de  plomb 
qui  avoit  d'un  costé  une  ancre  et  de  l'autre  un  agneau  pascal. 
G'estoit  la  marque  pour  se  reconnoitre  ;  car  on  a  trouvé  chez  un 
ministre  prétendu  converty  à  Manosque  plus  d'un  boisseau  de 
ces  mereaux  (1). 

Eugène  Griselle. 

(A  suivre.) 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


LE  JUBILÉ  DE  CALVIN 

En  Angleterre,  aux  États-Unis,  en  Allemagne,  en  Suisse, 
en  France  et  à  Genève. 
Livres,  brochures  et  articles. 


En  Angleterre,  aux  États-Unis  et  en  Allemagne. 

Le  jubilé  de  Calvin  a  pris  les  proportions  d'un  événement 
international  auquel  se  sont  associés,  en  beaucoup  de  lieux,  des 
représentants  de  toutes  les  dénominations  protestantes  (2),  ainsi 
que  les  autorités  civiles  et  les  corps  universitaires. 

(1)  Voir  le  Bulletin  du  15  avril,  15  juin,  15  juillet  et  15  sept.  1888  (art.  de 
M.  E.  Delorme);  celui  du  15  déc.  1893,  page  659,  note  3;  celui  du  15  janvier 
1894  :  Les  Me'reaux  du  Temple  de  Charenton,  p.  46  à  51,  et  surtout  l'article  : 
Le  Méreau  dans  les  Églises  réformées  en  France  paru  dans  les  Mémoires  de  la 
Société  de  statistique  des  Deux-Sèvres,  cité  ibicl.,  p.  50.  Ce  méreau  semble,  non 
seulement  inédit  (on  en  connaît  de  l'époque  du  Désert,  portant  une  ancre, 
mais  sans  revers),  mais  d'autant  plus  intéressant  qu'il  se  présente,  comme 
date,  entre  l'époque  précédant  l'édit  de  Nantes,  et  la  réapparition  du  méreau, 
après  1740.  Cf.  M.  H.  Gelin,  Op.  cit.,  p.  53  :  «  Nous  ne  connaissons,  écrit-il, 
aucun  écrit  antérieur  à  cette  date  et  portant  mention  expresse  de  l'emploi  du 
méreau  depuis  la  Révocation.  »  Notre  chronique  comble  donc  une  lacune  de 
l'histoire  du  méreau  dans  les  Églises  réformées  de  France. 

(2)  Le  Protestantenblalt  du  21  juillet  1909  ne  signale  qu'une  seule  note 
discordante  :  Une  feuille  luthérienne  du  Schleswig-Holstein  (Die  Perle,  La 
Perle),  sous  le  titre  de  Calvin  Vennemi  héréditaire  des  Eglises  luthériennes 
en  Allemagne,  a  écrit  entre  autres  :  «  On  place  Calvin  au  nombre  des  réfor- 
mateurs. Cela  peut  être  vrai  dans  ce  sens  que  par  un  enseignement  nouveau, 
il  a  détaché  de  Rome  un  grand  nombre  d'âmes,  mais  nullement  dans  le  sens 
qu'à  l'instar  de  Luther,  il  aurait  remis  en  pleine  lumière  l'Évangile  de  Jésus- 
Christ...  etc.  »  D'autre  part,  à  Genève,  le  président  de  la  Confédération  et 
d'autres  catholiques  n'ont  pas  craint  de  reconnaître  les  services  rendus  pat 
la  Réforme. 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


375 


Nous  avons  déjà  mentionné,  dans  notre  précédent  Bulletin 
(p.  266)  quelques  commémorations,  en  Allemagne,  Écosse  et 
Hongrie.  En  voici  d'autres  :  à  Londres,  le  8  mai,  le  Synode  de 
l'Église  presbytérienne  anglaise  clôtura  ses  séances  par  une 
grande  réunion  publique  à  l'église  de  Marylebone  à  laquelle,  après 
une  exposition  des  principales  idées  de  1 Institution  par  le  docteur 
Bavinck,  d'Amsterdam,  prirent  part:  MM.  OswaldDykes,  principal 
emeritus  du  Westminster  collège  de  Cambridge  et  le  Rev.  Syl- 
vester  Horne  du  Tabernacle  congrégationaliste  de  Whitfield. 

Aux  Etats-Unis,  le  neuvième  concile  de  l'Alliance  universelle 
des  Églises  presbytériennes,  qui  représente  près  de  6.000.000  de 
membres  et  qui  siégea  à  New-York  du  15  au  25  juin,  a  également 
payé  un  tribut  de  reconnaissance  émue  à  la  mémoire  de  Calvin 
(voir  le  Quarterly  Régis  ter  d'août  1909  et  Y  Echo  des  Vallées  (Vau- 
doises)  du  30  juillet). 

En  Allemagne,  le  6  juin,  à  Brunswick,  après  l'ouverture  du 
Synode  de  la  confédération  des  Églises  réformées  de  la  basse  Saxe, 
en  présence  des  autorités  civiles  et  ecclésiastiques,  le  professeur 
D.  Mirbt,  de  Marbourg,  démontra  comment  et  pourquoi  Calvin 
n'appartient  pas  seulement  à  l'Église  réformée,  mais  au  protes- 
tantisme tout  entier  (1). 

Le  8  juin,  à  la  conférence  pastorale  de  Strasbourg  en  Alsace, 
le  pasteur  R.  Will  exposa,  en  un  travail  solide  et  bien  documenté,  la 
valeur  de  Calvin  pour  le  temps  présent  (Calvins  Bedeutung  fur 
unsereZeit,  une  brochure  de  38  pages  in-8°.  Strasbourg,  Heit£,  1909) . 

Un  travail  analogue  et  non  moins  remarquable  fut  présenté 
le  14  juin,  par  M.  le  professeur  P.  Wernle  de  Baie  à  la  Société 
"pastorale  suisse,  réunie  à  Saint-GalL  Un  résumé  de  ce  rapport 
a  été  publié  par  l'a  Semaine  religieuse  de  Genève  du  19  juin 
•(supplément  au  n°  25)  sous  le  titre:  Calvin  et  le  temps  présent.  On 
y  trouve  un  tableau  du  christianisme  calviniste  et  de  la  réaction 
anti-calviniste,  suivi  d'une  série  d'appréciations  personnelles. 

Les  Églises  réformées  française  et  allemande  de  Francfort- 
sur-Main  rappelèrent  solennellement  la  mémoire  du  réformateur 
le  1 3  juin.  —  A  Erlangen  la  même  fête  eut  lieu  le  15  juin,  veille  de 
la  51e  session  du  Synode  de  l'Église  réformée  de  Bavière.  La 
séance  fut  présidée  par  le  professeur  K.  Millier  et  le  discours  pro- 
noncé par  le  pasteur  Lang  de  Nuremberg  (voir  Beformirte  Kir- 
chenzeitung  de  1909,  n°  27). 

Le  26  juin,  ce  fut  le  tour  de  Breslau  où  la  séance  commémo- 
rative  eut  lieu  sous  les  auspices  de  l'Association  évangélique,  et 
avec  la  participation  du  professeur  docteur  D.  Cornill.  A  Buckeburg 
elle  fut  présidée,  le  27  juin,  par  le  prédicateur  de  la  cour 

(1)  Cette  conférence  a  paru  :  Verlag  des  ev.  Bundes  zu  Halle  a/S.  Flug- 
schriften,  Heft  272  (n.  8  der  23  Reihe),  sous  le  titre  de  Johannes  Calvin,  von 
Prof.  D.  Cari  Mirbt-Marburg. 


376 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


Dr  Brandes,  et,  le  même  jour,  elle  eut  lieu  avec  une  grande  solen 
nité  à  l'église  réformée  allemande  de  Magdebourg  avec  le  concours 
de  représentants  de  toutes  les  autres  Églises,  et  du  docteur  Her- 
mann  Dalton  (1).  [Ibid.  nos  30  et  31).. 

Les  universités  de  Vienne  en  Autriche,  de  Berlin,  Breslâu,. 
Halle,  Heidelberg,  Strasbourg  et  Giessen  s'associèrent  à  ce  jubilé 
par  des  séances  académiques  solennelles  qui  eurent  lieu  à  Vienne 
le  9  juillet,  à  Berlin,  Breslau,  Halle,  Heidelberg,  et  Strasbourg 
le  10  juillet,  enfin  à  Giessen  le  16.  On  y  entendit  le  doyen  Dr 
Beth,  et  les  professeurs  Holl,  Loofs,  D.  Arnold,  H.  de  Schubert 
et  Eck,  dont  les  discours  seront  sans  doute  publiés  (2).  A  Stras- 
bourg le  professeur  D.  P.  Lobstein,  dont  nous  avons  déjà  cité 
l'étude  d'histoire  et  de  dogmatique  sur  la  Connaissance  religieuse- 
(expérimentale)  d'après  Calvin  (tirage  à  part  de  64  pages  in-8° 
Paris,  Fischbacher;  Lausanne,  Bridel,  1909),  compara,  en  un  paral- 
lèle original,  l'idéal  chrétien,  moral  et  social  de  Calvin  à  l'idéal 
payen  et  essentiellement  égoïste  de  son  compatriote  et  contem- 
porain Montaigne  {Calvin  und  Montaigne,  une  brochure  de- 
20  pages  in-8°  Strasbourg,  E.  van  Hauten,  1909). 

Enfin,  le  11  juillet,  dans  un  très  grand  nombre  d'églises  d'Alle- 
magne et  de  Suisse,  le  souvenir  du  réformateur  a  été  rappelé- 
conformément  à  l'invitation  du  conseil  supérieur  de  l'Église^ 
évangélique  unie  de  Prusse  et  des  autorités  ecclésiastiques  des» 
Cantons  Suisses  (3). 

En  France. 

En  France  il  y  a  eu  quelques  manifestations  isolées.  Ainsi,  à 
l'église  de  l'Oratoire  à  Paris,  le  service  du  27  juin  fut  spécia- 
lement consacré  à  Calvin.  Les  trois  pasteurs,  MM.  Viénot, 
W.  Monod  et  Roberty  y  prirent  successivement  la  parole.  On  trou- 
vera dans  la  Revue  Chrétienne  du  1er  août  un  résumé  des  deux  pre- 
mières allocutions.  Nous  croyons  savoir  qu'un  grand  nombre 
d'églises  se  proposent  de  consacrer  à  ce  jubilé  le  service  de  la 
Fête  de  la  Réformation  du  mois  de  novembre  prochain. 

(1)  A  l'occasion  de  cet  anniversaire,  le  docteur  Dalton,  bien  connu  par  ses  .. 
travaux  sur  la  Réforme  en  Pologne,  a  fait  don  de  sa  bliblîothèque,  toute  cata- 
loguée, au  séminaire  de  l'Église  réformée  à  Elberfeld. 

(2)  La  Faculté  de  théologie  de  l'université  de  Halle  a  conféré  le  doctorat 
honoraire  au  prédicateur  du  dôme  Aug.  Lang,  auteur  de  la  biographie  de  Cal- 
vin dont  nous  avons  parlé  (p.  266),  et.  à  M.  A.  Bœgner  directeur  de  la  Société 
des  Missions  de  Paris.  L'université  de  Giessen  a,  de  son  côté,  nommé  doc- 
teur en  philosophie  M.  le  doyen  E.  Doumergue  et  docteur  en  théologie  le  pas- 
teur Ch.  Wagner.  M.  A.  Lang  a,  en  outre,  été  tnommé  professeur  à  Halle. 

(3)  A  Lausanne  le  public  fut  invité  à  une  séance  commomorative  le 
4  juillet  au  soir  à  l'église  S'-François;  MM.  Secrctan,  Herzog  et  le  soussigné 
y  prirent  la  parole.  On  rappela  surtout  les  nombreuses  relations  de  Calvin 
avec  Lausanne  où  était  P.  Viret.  Le  Dr  Barth  et  le  lie.  lladorn.  de  Berne,  ont 
parlé  de  l'influence  de  Calvin,  le  premier  à  Berne  et  le  second  à  Francfort. 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


377 


Toutefois,  quelques-uns  d'entre  nous  n'ont  pas  voulu  attendre 
cette  époque,  généralement  encombrée  par  la  rentrée  des- 
vacances, pour  faire  un  pèlerinage  à  Noyon.  Non  que  la  petite 
cité  de  7.336  habitants  se  soucie  beaucoup  du  plus  illustre  de  ses 
fils  qu'elle  vit  naître  le  10  juillet  1509,  sans  se  douter  que  qua- 
rante ans  plus  tard  il  entraînerait  à  Genève  l'élite  de  sa  population^ 
et  sur  lequel  elle  a  depuis  lors  fait  le  silence.  Mais  il  nous  a? 
semblé  qu'avant  d'aller  à  Genève,  nous  devions  voir  les  lieux  oh 
le  futur  réformateur  reçut  les  premières  impressions  qui  sont  si 
profondes  et  durables. 

Si,  à  bien  des  égards,  la  petite  cité  picarde  est  restée  inféodée 


Noyon,  la  cathédrale,  la  maison  de  Calvin  et  les  environs.  * 


au  moyen  âge  dont  son  admirable  cathédrale  est  au  milieu  d'elle* 
le  témoin  éloquent  et  significatif,  il  semble  pourtant  qu'à  l'en- 
droit de  Calvin  il  s'y  manifeste  quelque  chose  qui  ressemble 
à  un  revirement  d'opinion.  On  sait  qu'un  Noyonnais,  descen- 
dant de  la  famille  de  la  mère  du  réformateur,  H.  Abel  Lefrancr 
aujourd'hui  professeur  au  Collège  de  France,  en  renouvelant,, 
en  1888,  l'histoire  de  la  Jeunesse  de  Calvin,  a  tracé  de  l'étudiant 
de  Paris,  Orléans  et  Bourges  un  portrait  bien  différent  de  celui 
qui  avait  cours  dans  les  milieux  bien  pensants.  Le  premier  indice- 
de  ce  revirement  parut  il  y  a  quinze  ans,  lorsque  quelques 
citoyens  noyonnais  proposèrent  de  donner  le  nom  de  Calvin  à 
une  rue  située  derrière  le  bloc  de  maisons  qui  renferme  celle 
où  il  naquit.  La  proposition  ne  passa  pas,  comme  bien  l'on. 


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9]tuit[  B|  suBp  ^jgmboB  9HÎA      9p  9nb9qioi]qTq  B{  imj/pjnofriy 
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JROd  B}lJOjd  U9  UO  SIBU1  'SU0i;BÎS9;0jd  S9TlblSa9U94P  SUBS  '9SU9CÏ 


380 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


manger  de  l'hôtel  de  France  élevé  sur  l'emplacement  de  la  partie 
de  la  maison  de  Calvin  qui  faisait  face  à  l'ancienne  place  au  Blé 
et  à  la  petite  église  de  Sainte-Godeberte  où  il  fut  baptisé  et  qui 
n'existe  plus  (Voy.  Bull.  1888,  p.  45  et  1897,  p.  375).  Cette  salle  à 
manger  a  été  agrandie  récemment,  derrière  l'hôtel,  par  une 
annexe  qui  occupe  presque  toute  la  cour  laquelle  naguère  séparait 
l'hôtel  du  bâtiment  du  quinzième  siècle,  lui  appartenant,  et  qui 
renferme,  au  premier  étage,  à  gauche,  la  chambre  dite  de  Calvin, 
parce  qu'une  tradition  constante  affirme  qu'il  y  est  né.  Nous 
étions  donc  réunis  sur  le  sol  même  de  l'ancienne  cour  que  le 
jeune  fils  de  Gérard  Cauvin,  «  scribe  de  la  Court  spirituelle  de 
Noyon  »,  et  de  Jeanne  le  Franc,  devait  traverser  toutes  les  fois 
qu'il  se  rendait  à  l'école  des  Capettes  (1).  Le  déjeuner  fut  présidé 
par  M.  le  député  E.Réveillaud.  On  y  émit  le  vœu  qu'un  monument, 
ou  du  moins  une  plaque  commémorative,  rappelât  au  visiteur 
de  ces  lieux  le  nom  de  Calvin,  et  que  ce  qui  reste  de  sa  maison 
soit  conservé,  comme  ont  été  conservées  les  maisons  de  Luther, 
de  Zwingli  et  de  Knox. 

Après  le  déjeuner  la  petite  troupe  s'achemina  vers  la  cathédrale 
qui  fut  visitée  dans  tous  ses  détails  et  du  haut  de  laquelle  nous 
pûmes  contempler  le  gracieux  paysage,  ondulé  et  boisé,  qui  en- 
toure la  ville.  J'ai  pu,  au  cours  de  cette  visite,  préciser  l'emplace- 
ment de  la  chapelle  dite  «  de  la  Gésine  »,  dont  le  bénéfice  fut 
attribué  en  1521  au  jeune  écolier,  alors  âgé  de  l!2  ans  et  dont  on 
savait  seulement  qu'elle  était  proche  du  chœur.  En  regardant  une 
pierre  tombale  sur  un  côté  du  transept  de  droite,  quand  on  est 
entré  par  le  porche  principal,  j'y  lus,  en  effet,  ces  lignes  :  «  Hic 
jacet  magister  Thomas  Carteron,  presbiter  parisinus,  ad  altare 
sub invocatione  bealœ  Virginis  puerperœ,  in  hac  ecclesia  per  40  et 
amplius  annos  capellanus...  1714,  —  dont  voici  la  traduction  :  «  Ci 
gît  maître  Thomas  Carteron,  prêtre  parisien,  devant  l'autel  érigé 
sous  l'invocation  de  la  bienheureuse  Vierge  des  femmes  en  cou- 
ches, lequel  fut  chapelain  de  cette  Eglise  pendant  plus  de 
40  ans...  1714».  Il  y  eut  donc  dans  ce  transept,  au  moins  jusqu'au 
xvme  siècle,  en  face  de  la  porte  par  laquelle  on  y  pénètre  du  côté 
de  l'abside  et  qu'on  voit  sur  la  reproduction  ci-contre  d'une 
carte  postale  de  M.  Compiègne,  de  Noyon,  —  un  autel  consacré  à 
la  Vierge  des  femmes  en  couches,  c'est-à-dire  une  chapelle  de  la 
Gésine,  et  c'est  du  bénéfice  de  cette  chapelle,  située,  en  effet,  près 
du  chœur,  que  le  jeune  Calvin  fut  pourvu  grâce  à  la  faveur  qu'on 
portait  alors  à  son  père  et  aussi  au  fait  qu'il  était  lui-même 
destiné  à  la  carrière  écclésiastique. 

(1)  Voir  une  vue  de  la  cour  et  de  la  maison  du  xvc  siècle  avant  la  cons- 
truction de  l'annexe  de  l'hôtel,  dans  le  Bulletin  de  1897,  p.  373,  et  une  autre, 
de  la  cour  et  de  l'escalier  qui  conduità  la  galerie  et  a  la  chambre  de  Calvin, 
dans  le  Jean  Calvin  de  W.  Walker,  trad.  E  et  N.  Weiss,  p.  18. 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


381 


Après  la  visite  de  la  cathédrale,  de  la  salle  capitulaire,  du  cloître 
où  poussent  des  herbes  folles,  de  la  prison  de  l'officialité  où 
Calvin  fut  enfermé  à  deux  reprises  en  1534,  nous  n'eûmes  que  le 
temps  de  donner  un  coup  d'oeil  à  la  charmante  façade  de  la  Biblio- 
thèque du  Chapitre  où,  en  attendant  les  décisions  des  autorités,  les 
précieuses  archives  de  ce  Chapitre  sont  en  proie  aux  rongeurs  — 
otàcelle,non  moins  intéressante  de  l'Hôtel  de  Ville,  puis  de  repren- 
dre le  train  pour  Paris.  —  Nous  joignons  à  ces  notes  une  petite  carte 
sommaire,  dressée  par  notre  collègue  M.  J.  Pannier,  à  l'usage  de 
ceux  qui,  après  nous,  viendront  entreprendre  le  même  pèlerinage, 
et  nous  voulons  espérer  qu'une  autre  occasion  permettra  aux 
Noyonnais  de  faire  plus  ample  connaissance  avec  le  Calvin,  non 
de  la  légende,  mais  de  l'histoire. 

A  Genève. 

Le  lendemain  de  cette  visite  dont  tous  nous  gardons  le  meilleur 
souvenir,  le  train  emportait  le  signataire  de  ces  lignes  à  Genève, 
où  il  arriva  juste  à  temps  pour  se  glisser  dans  la  foule  qui,  à 
Saint-Pierre,  écoutait  la  conférence  du  doyen  E.  Doumergue  sur 
Calvin  le  prédicateur  de  Genève. Vour  traiter  ce  sujet,  l'orateur  qui 
occupait  la  chaire  de  Calvin  n'avait  qu'à  puiser  à  pleines  mains 
dans  la  masse  imposante  de  plus  de  2000  sermons  du  réformateur 
qu'au  pied  de  cette  même  chaire  des  auditeurs  qui  étaient  de 
vrais  sténographes,  avaient  recueillis  mot  à  mot.  Il  a  pu  ainsi  nous 
donner  une  idée  prise  sur  le  vif  d'une  parole  dont  l'austère  sim- 
plicité et  la  sincérité  familière  produisirent  sur  les  contemporains 
une  impression  dont,  plus  tard,  la  prétendue  «  éloquence  de  la 
chaire  »,  si  en  honneur  jusqu'à  nos  jours,  ne  parvint  pas  à  effacer 
le  souvenir  (1). 

Mais  comment  donner  une  idée  de  ces  fêtes  qui  furent  inaugu- 
rées par  ce  discours  et  par  les  beaux  psaumes  qui  l'encadrèrent? 
Car  même  si  nous  nous  bornions  à  énumérer  ce  qui  remplit,  on 
peut  dire  chaque  heure  de  cette  semaine  héroïque,  ce  Bulletin  n'y 
suffirait  pas. 

Ceux  qui  voudront  la  revivre  en  imagination  ont  d'ailleurs  à 
leur  disposition,  en  premier  lieu  la  belle  publication  de  la  maison 
Atar  intitulée  Les  Jubilés  de  Genève  en  1909,  que  nous  avons  déjà 
annoncée.  Les  cent  pages  du  troisième  et  dernier  fascicule  donnent 
un  aperçu  aussi  pittoresque  que  vivant  de  ces  «  Journées  »  désor- 
mais historiques.  Il  y  a  là  une  série  de  notes  enlevées  au  courant 
de  la  plume,  qui  donnent  la  sensation  de  l'instantané,  et  des  photo- 
graphies multiples  et  d'autant  plus  remarquables,  que  le  soleil 

(1)  Le  texte  entier  de  cette  conférence  vient  d'être  publié  par  la  maison 
Atar  (Corraterie  12,  Genève)  sous  ce  titre  :  Prof.  E.  Doumergue,  Calvin  le  pré- 
dicateur de  Genève,  une  brochure  de  29  pages  in-16,  prix  1  fr. 


382 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


n'en  a  favorisé  aucune.  Puis  il  y  a  les  comptes  rendus  quotidiens 
du  Journal 'de  Genève  (3  au  15  juillet),  de  La  Tribune  (1er  au  10  juil- 
let) ;  enfin,  last  but  not  least,  les  25  paragraphes,  supérieurement 
rédigés,  du  travail  de  M.  Francis  Chaponnière  intitulé  les  Jubilés 
Calviniens  et  publié  dans  la  Semaine  religieuse  de  Genève  .des 
10,  17  et  2  4  juillet; 

Nous  nous  bornerons  à  noter  ici  quelques  impressions  person- 
nelles. Et  tout  d'abord,  le  soin,  la  précision  avec  laquelle  tout 
fut  organisé  jusque  dans  les  moindres  détails.  Il  y  eut  trois  jubilés 
proprement  dits,  celui  de  Y  Eglise  (du  2  au  4  et  du  6  au  7),  celui  du 
Collège  (le  5),  et  celui  de  YUniversité  (du  7  au  10);  enfin,  entre  le 
second  et  le  troisième  (du  5  au  7)  et  à  cheval  sur  la  fin  du  premier, 
ce  qu'on  pourrait  appeler  la  Commémoration  monumentale  qui  fut  le 
point  de  départ  et  le  centre  des  trois  jubilés  puisque  le  monument 
rappelait  à  la  fois  la  naissance  du  réformateur  et  le  fondateur  de 
l'Église  et  de  l'université.  On  ne  pouvait  guère  empêcher  ces  quatre 
comités  d'empiéter  quelque  peu  les  uns  sur  les  autres,  mais  le 
public  qu'ils  se  sont  passé  les  uns  aux  autres  ne  s'est  aperçu 
d'aucune  friction.  En  somme  il  n'y  eut  guère  qu'une  journée,  celle 
de  6  juillet  où  il  eût  fallu,  outre  une  certaine  force  de  résistance, 
le  don  d'ubiquité  pour  participer,  successivement  ou  simultané- 
ment: 1°  à  la  séance  solennelle  des  délégués  et  invités  à  Saint-Ger- 
vais;  2°  au  défilé  se  rendant  à  la  promenade  des  Bastions  ;  3°  à  la  pose 
delà  première  pierre  du  monument  et  aux  nombreux  discours  qui 
l'accompagnèrent;  4°  au  déjeuner  au  palais  Eynard  suivi  de  toasts 
abondants  et  prolongés;  5°  à  la  visite  des  expositions  historiques  ; 
(6,  7,  8)  à  une  soutenance  de  thèse  présidée  par  M.  Boutroux,  à  la 
réception,  à  l'hôtel  National,  des  délégués  des  universités  étran- 
gères, pendant  que  le  soussigné  donnait  à  l'Aula  une  conférence 
sur  la  Réforme  et  la  Pensée  moderne;  enfin  (9  et  10),  à  la  réconfor- 
tante réception  de  Madame  Th.  de  Saussure  à  la  Tertasse  et  au 
concert  du  soir  au  kiosque  des  Bastions,  pendant  que  la  pluie  inon- 
dait les  préparatifs  de  ces  deux  dernières  réceptions. 

Eh  bien!  pour  employer  une  expression  favorite  de  Calvin, 
«  comme  on  dit  »,  il  y  eut  du  monde  partout  et  en  foule,  malgré 
cette  pluie  qui,  après  les  deux  ou  trois  premières  journées  (à  peu 
près  passables)  semblait  prendre  plaisir,  mais  sans  y  réussir  d'ail- 
leurs, à  contrarier  la  bonne  volonté,  l'inaltérable  bonne  humeuiv 
l'entrain  des  Genevois. 

#  * 

En  effet,  et  c'est  là  le  deuxième  trait  que  je  tiens  à  relever,  les 
Genevois  et  leurs  hôtes,  dont  il  est  impossible  de  dire  le  nombre, 
les  Genevois  surtout  qui  doivent  pourtant  être  blasés  sur  les  con- 
grès (y  a-t-il  un  congrès  qui  ne  se  soit  pas  tenu  à  Genève?)  —  y 
sont  allés  cette  fois  de  tout  cœur.  Il  fallait  voir,  le  lundi  5  juillet, 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


383 


avec  quelle  unanimité  et  quel  goût  ils  pavoisèrent  toutes  les  mai- 
sons des  rues  basses,  de  la  Gorraterie  et  en  général  tous  les  coins 
du  vieux  Genève  et  de  Saint-Gervais.  Il  fallait  voir  avec  quel  en- 
thousiasme débordant  protestants,  catholiques  et  libres  penseurs 
célébrèrent  le  jubilé  du  Collège  sur  les  bancs  duquel,  depuis  tant 
d'années,  ils  avaient  tous  appris,  dans  la  diversité  des  tempéra- 
ments, des  intelligences  et  des  traditions,  à  se  considérer  comme 
les  enfants  joyeux  et  reconnaissants  d'une  même  famille  spiri- 
tuelle. Il  fallait  les  voir  écouter  et  applaudir  orateurs  et  conféren- 
ciers! 

Et  c'était  un  spectacle  réconfortant  que  celui  des  autorités 
civiles,  administratives,  cantonales  et  fédérales  (j'en  oublie  cer- 
tainement), accompagnées  des  huissiers  en  manteaux  rouges  et 
jaunes,  fraternisant  aussi  bien  avec  les  représentants  des  Eglises 
qu'avec  ceux  des  universités.  Ceux  qui  venaient  d'un  pays  où  le 
moindre  personnage  officiel  se  croit  tenu,  sous  peine  de  nuire  à  son 
avancement,  de  s'abstenir  comme  du  feu,  de  toute  participation  à 
une  cérémonie  religieuse  quelconque  (1),  ont  eu  cette  impression 
inoubliable  :  Les  luttes  d'autrefois  n'ont  pas  réussi  à  rompre,  à 
Genève,  les  liens  sacrés  qui  unissent  le  présent  au  passé  et,  sans 
rien  sacrifier  de  sa  liberté  individuelle,  personne  ne  se  croit  obligé 
de  répudier  l'héritage  de  ce  passé. 

Cet  esprit  de  solidarité  profonde,  uni  à  la  plus  entière  liberté 
individuelle,  a  été  particulièrement  saisissant  et  bienfaisant  sur  le 
terrain  religieux.  Il  s'est  manifesté  dans  une  grande  diversité 
d'appréciations  de  l'œuvre  de  la  Réforme  et  d'expressions  de 
sentiments  individuels  ou  collectifs,  à  la  séance  solennelle  de 
réception  des  délégués  ecclésiastiques  à  la  grande  salle  de  la 
Réformation  le  samedi  3  juillet,  à  celle  de  l'Association  du 
monument  international,  le  6  juillet  à  Saint-Gervais,  enfin  et 
surtout, Je  dimanche  4  juillet,  à  huit  heures  du  matin,  au  culte 
émouvant  et  à  la  communion à  Saint-Pierre  à  laquelle  participèrent 
plus  de  1.800  protestants  de  tous  pays,  de  toute  langue  et  venus- 
des  points  les  plus  opposés  de  l'horizon  ecclésiastique. 

Involontairement  on  se  représentait  Calvin,  le  Calvin  de 
l'histoire,  élevé  à  l'école  du  moyen  âge,  mais  entrevoyant  les 
temps  modernes  et  en  posant  les  fondements,  involontairement, 
dis-je,  on  se  représentait  Calvin  assistant à  ces  séances  mémorables,, 
écoutant  ce  qu'on  disait  de  lui  et  voyant  ce  qu'on  faisait  en 
mémoire  de  lui.  Certes  s'il  avait  été  là,  sans  avoir  rien  appris 

(1)  Voici  un  symptôme  caractéristique  de  cet  état  d'âme  :  Au  congrès  des 
Petites  amicales  laïques  (œuvres  postscolaires;  tenu  au  Havre  les  16,  17  et 
18  juillet  1909,  un  des  organisateurs,  au  cours  d'une  discussion,  proféra  cette 
phrase  qui  a  dû  lui  faire  l'effet  d'une  véritable  trouvaille  :  «  Je  vous  ai 
écouté,  je  ne  dirai  pas  religieusement,  car  le  mot  serait  déplacé  ici,  mais- 
avec  une  très  grande  attention  »!  ! 


384 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


depuis  350  ans,  il  n'aurait  pu  prendre  part  à  la  communion  de 
Saint-Pierre,  pas  plus  qu'il  n'aurait  admis  que  son  nom  figurât  sur 
la  pierre  de  Champel,  lui  qui  croyait  fermement  à  la  nécessité 
■de  la  suppression  de  l'hérétique  et  n'admettait  la  communion  des 
âmes  que  dans  leur  soumission  sans  réserve  à  une  profession  de 
foi,  identique  pour  tous.  Et  pourtant,  ceux  qui  le  connaissent  tant 
<soit  peu,  sentent  que  s'il  avait  pu  vivre  les  350  années  qui  nous 
séparent  de  son  ministère  terrestre,  lui  l'humble  esclave  de  la 
vérité  en  marche,  il  l'aurait  saluée  comme  nous,  comme  nous  il 
l'aurait  adorée  sous  ces  formes  si  différentes  de  celles  sous  les- 
quelles il  la  concevait! 

Mais  si  Calvin  avait  pu,  comme  nous,  voir  en  combien  de  lieux 
«divers  la  semence  répandue  «  en  pleurant,  »  avait  produit  une 
moisson  inespérée  ;  s'il  avait  pu  faire  le  compte  approximatif  de 
ceux  qui,  dans  l'univers  dont  il  ne  connaissait  qu'une  minime 
partie,  se  réclament  de  lui  ou  plutôt  de  la  cause  qu'il  a  servie  — 
je  crois  qu'il  aurait  approuvé  l'hospitalité  grandiose  de  Genève  à 
l'occasion  de  ces  jubilés. 

Un  des  premiers  buts  qu'il  poursuivit  et  qu'il  réalisa  malgré 
>une  opposition,  très  vive  parfois,  ce  fut  de  faire  de  Genève  une 
cité  —  disons  mieux,  la  cité  du  Refuge.  Gela  entraîna  des  difficul- 
tés diplomatiques,  des  menaces  de  la  part  des  gouvernements 
voisins,  mais  cela  entraîna  surtout  de  grands  sacrifices  de  la  part 
-de  la  ville  et  du  public.  C'est  ainsi  que  Calvin  enseigna  aux  Gene- 
vois l'hospitalité.  S'ils  lui  firent  grise  mine,  surtout  lorsqu'ils 
-constatèrent  que  ces  réfugiés  lui  étaient  —  tout  naturellement  — 
j)lus  dévoués  qu'eux-mêmes,  il  faut  reconnaître  que  sur  le  ter- 
rain de  l'hospitalité,  depuis  le  xvie  siècle  jusqu'à  nos  jours,  ils 
•©nt  égalé,  sinon  dépassé  celui  qui  leur  avait  donné  l'exemple. 

Qui  ne  se  rappelle  avec  quelle  largeur  de  cœur,  au  milieu  du 
xvie  siècle,  la  petite  cité  pauvre  et  souvent  presque  à  bout  de  res- 
sources accueillit  ceux  qui  ailleurs  avaient  vu  les  portes  et  les 
cœurs  se  fermer?  Qui  ne  sait  qu'encore  aujourd'hui  le  Jeûne  fédé 
rai  est  le  témoin  annuel  de  l'hospitalité  accordée  aux  réchappes 
de  la  Saint-Barthélemy?  Et  qui  peut  oublier  qu'à  partir  de  la  Révo- 
cation, le  flot  de  la  grande  tribulation  européenne  se  déversa  sur 
'Genève  pendant  près  d'un  siècle? 

Or  on  peut  dire  que  les  Genevois  de  1909  ont  été  à  la  hauteur 
de  ceux  de  1572  et  de  1685.  Les  quatre  ou  cinq  comités  qui  s'étaient 
^partagé  ces  quatre  jubilés  n'ont  pu  mener  à  bien  une  tâche  aussi 
«écrasante  que  grâce  au  concours  bénévole  de  toute  la  population. 
-Je  ne  crois  pas  qu'aucun  gouvernement  d'Etats  beaucoup  plus 
puissants  aurait  pu  recevoir,  pendant  dix  jours,  tant  de  centaines 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 

d'hôtes  comme  on  le  fit  à  Genève,  précisément  grâce  à  l'active- 
et  sympathique  collaboration  du  public. 

Ici  je  ne  parle  pas  seulement  des  banquets  officiels  ou  offi- 
cieux —  ils  furent  légion  et  nulle  part  aucun  de  nous  n'avait  vo 
une  série  aussi  importante  d'agapes  aussi  formidables  —  mais 
surtout  des  réceptions  particulières  —  de  M.  et  Mme  Perrot  de 
Montmollin  et  de  M.  et  Mme  H.  Berguer  à  Chambésy  (3  juillet);  — 


Coin  de  la  Corraterie  et  de  la  promenade  des  Bastions. 


de  M.  et  Mme  Bernard  Bouvier  (5  juillet)  ;  —  de  M.  et  Mme  Alexan- 
dre Glaparède;  de  Madame  Théodore  de  Saussure  (6  juillet);  — 
de  M,  et  Mme  Casimir  de  Gandolle  au  Vallon  (8  juillet)  ; — de- 
MM.  et  Mmes  Ferdinand,  Léopold  et  René  de  Saussure  au  creux  de 
Genthod  (9  juillet)  ;  —  sans  parler  d'un  grand  nombre  d'invitations 
plus  intimes  et  surtout  des  deux  bateaux  qui  pendant  toute  la 
journée  du  7  juillet,  sous  le  discret  patronage  de  M.  et  Mme  Lucien 
Gautier  firent  faire  le  tour  du  lac  à  plus  de  1500  convives  en  les 
réconfortant  matériellement  et  spirituellement  à  Villeneuve  et  à 
Chillon.  Presque  chacune  de  ces  réceptions,  organisées  dans  des* 

25> 


386 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


cadres  merveilleux,  faillit  être  compromise  par  la  persistance  du 
mauvais  temps,  mais  l'inaltérable  bonne  grâce  des  hôtes  aidant, 
elles  ne  laissèrent  aux  invités  que  les  plus  gracieux  souvenirs. 

Puisque  je  parle  de  la  concurrence  redoutable  faite  par  les 
Genevois  à  la  locution  proverbiale  de  l'hospitalité  écossaise,  il 
faut  au  moins  mentionner  la  manière  délicate  avec  laquelle  l'Uni- 
versité a  exercé  ses  devoirs  de  maître  de  maison.  Elle  a  voulu 


Le  Collège  de  Genève. 


associer  au  jubilé  qu'elle  célébrait  des  représentants  de  la  haute 
culture  dans  le  monde  entier.  On  a  vu  défiler  à  Saint-Pierre,  le 
8  juillet,  des  délégués  de  toutes  les  contrées,  non  seulement  de 
l'Europe  et  des  Etats-Unis,  mais  encore  de  l'Afrique,  du  Brésil,  du 
Mexique,  de  la  République  argentine,  de  l'Inde  et  de  l'Australie, 
—  et  rien  n'était  pittoresque  et  suggestif,  en  un  tel  lieu,  comme 
cette  réunion  de  costumes  variés  encadrés  par  des  centaines 
d'étudiants  groupés  en  grande  tenue  autour  de  leurs  bannières. 

Mais,  outre  cette  marque  de  déférence  par  laquelle  la  Genève 
universitaire  accentuait  le  caractère  international  de  l' Académie 
de  Calvin,  elle  a  voulu  s'associer  plus  étroitement  encore  un  cer- 
tain nombre  de  ceux  qui  dans  les  domaines  les  plus  divers,  et 
sans  égard  pour  leurs  titres  universitaires,  avaient  rendu  quelque 
service,  soit  à  la  science,  soit  à  l'humanité.  Elle  a  donc,  d'un  seul 
coup,  créé  cent  cinquante  docteurs  honoris  causa,  dont  tes  noms 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE  387 

ont  été  proclamés  et  souvent  acclamés  le  vendredi  9  juillet,  à  la 
séance  solennelle  du  Victoria-Hall  (1). 


Un  coin  de  Saint-Pierre. 


Je  regrette  que  le  temps  et  l'espace  me  manquent  pour  parler, 
et  de  l'exposition  calvinienne  que  M.  F.  Gardy,  conservateur  de  la 

(1)  Cinq  membres  de  notre  Comité  se  trouvent  sur  la  liste  qu'a  donnée  le 
Journal  de  Genève  des  8  et  9  juillet,  savoir  :  MM.  F.  Buisson,  Th.  Dufour  et 


388 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


Bibliothèque  de  Genève,  organisa  avec  tant  de  soin  (1);  et  de  la 
séance  populaire  de  la  grande  salle  de  la  Réformation,  du  jeudi 
soir,  où  figurèrent  les  représentants  de  80  familles  de  la  Genève 
du  temps  de  Calvin  et  où  M.  Edouard  Favre,  descendant  de  l'une 
de  celles  qui  firent  le  plus  d'opposition  au  réformateur,  montra 
qu'au  fond  les  libertins  étaient  autre  chose  que  ce  qu'on  entend 
communément  par  ce  mot  (2);  — enfin  du  fameux  cortège  histo- 
rique à  la  difficile  reconstitution  duquel  s'était  depuis  longtemps 
consacrée  une  phalange  de  Genevois  compétents  et  dévoués.  Cette 
curieuse  et  impressive  leçon  de  choses  fut  malheureusement,  de 
toutes  les  manifestations  de  ces  jours  de  fête,  celle  qui  eut  le 
plus  à  souffrir  de  la  pluie.  Il  n'en  faut  féliciter  que  plus  chaude- 
ment ceux  qui  en  la  bravant  courageusement,  donnèrent,  pour 
terminer,  une  leçon  qui  n'est  jamais  superflue. 

Je  devrais  aussi  remercier,  du  moins  au  nom  des  Français,, 
ceux  qui  derrière  et  au  milieu  des  rouages  de  cette  grosse  entre- 
prise, furent  exceptionnellementà  la  peine  et  que  personne  n'a  re- 
merciés comme  il  auraitfallu.  Tels  MM.  Lucien  Gautier,  et  Charles 
Borgeaud  dont  les  allocutions  pleines  de  tact  laissaient  deviner 
combien  cette  rare  vertu  leur  avait  été  nécessaire  (3)  ;  —  MM .  le  pas- 
teur Alexandre  Guillot  et  Louis  Cramer-Micheli  dont  tous  nous  con- 
naissons maintenant  l'écriture  ;  —  les  reporters  de  journaux, 
vraiment  à  plaindre,  vu  le  nombre  prodigieux  de  discours  qu'ils 
durent  écouter  et  résumer  séance  tenante;  —  M.  Guillaume  Fatio 
dont  l'étranger  en  quête  de  son  chemin,  d'un  renseignement,  voire 
d'un  secours,  rencontrait  invariablement  le  regard  rassurant  et 
l'inépuisable  obligeance...  Mais,  que  le  lecteur  genevois,  à  son 
tour,  se  rassure  ;  je  me  garderai  bien  de  me  lancer  dans  une  énu- 
mération  fatalement  inexacte  et  qui  —  fût-elle  complète  —  ne 
pourrait  donner  la  mesure  de  notre  gratitude. 

Publications. 

Essayons  d'ajouter  encore  quelques  notes  bibliographiques 
à  celles  de  notre  dernier  Bulletin. 

A  tout  seigneur  tout  honneur.  Nous  avons  reçu,  avec  recon- 
naissance, de  la  part  de  l'université  de  Genève  le  beau  volume  de 

G.  Monod  (Faculté  des  lettres),  F.  de  Schickler  et  N.  Weiss  (Faculté  de  théo- 
logie. Les  quatre  biographes  de  Calvin,  MM.  A.  Lefranc,  E.  Doumergue. 
A.  Lang  et  W.  Walker  ont  aussi  été  nommés,  le  premier,  docteur  ès  lettres, 
les  trois  autres,  ainsi  que  le  Dr  Loesche,  de  Vienne,  et  P.  Frédéricq,  l'historien 
de  l'Inqui-sition  aux  Pays-Bas,  docteurs  en  théologie. 

(1)  Voy.  Semaine  religieuse  du  3  juillet. 

(2)  Voir  la  Seryiaine  religieuse  du  24  juillet. 

(3)  Journal  de  Genève  des  7  et  13  Juillet. 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE  389 

M.  Ch.  Borgeaud  Y  Académie  de  Calvind'ans  V  Université  de  Napoléon 
(VIII-252  p.  in-4°,  Index,  avec  16  planches  hors  texte,  Genève 
Georg,  1909),  qui,  pour  le  fond  et  la  forme,  ne  le  cède  en  rien  à 
son  aîné  intitulé  VA cadémie  de  Calvin  i 559-17 98 .  Il  fauthaute- 
ment  féliciter  et  remercier  l'auteur  d'avoir,  à  travers  tout  ce  que, 
depuis  des  mois,  il  a  dû  donner  de  son  temps  et  de  ses  forces,  soit 
àl'Association  du  Monument,  soit  à  l'Université —  su  mènera  bien 
ce  livre  pour  lequel  il  a  fallu  combler  les  graves  lacunes  des  docu- 
ments officiels  par  des  recherches  multiples  dans  des  archives 
privées.  La  lecture  en  est  singulièrement  attachante.  On  voit  l'an- 
cienne université  de  Genève  aux  prises  avec  l'absolutisme  ombra- 
geux de  Napoléon,  obligée  de  se  suffire  à  elle-même  et  de  lutter 
ù  armes  inégales  contre  des  influences  occultes  qui  avaient  juré 
sa  ruine.  Grâce  aux  traditions  d'indépendance,  d'abnégation  et 
tie  prudence  qu'elle  avait  héritées  du  passé,  grâceaussi  à  des  con- 
cours individuels  de  Genevois  et  de  Genevoises  haut  placés,  elle 
réussit  à  tenir  tête  à  l'orage  et  à  remporter  la  victoire,  au  moment 
même  où  le  curé  Vuarin  croyait  toucher  au  but  de  ses  menées 
déloyales  et  ténébreuses  et  voyait  s'effondrer  celles-ci  dans  la 
déroute  de  Napoléon. 

Le  livre  du  Collège,  de  dimensions  beaucoup  plus  restreintes 
fm-16  de  XVI-270  p.  Genève,  Jullien,  1909),  est  une  compilation 
extrêmement  intéressante  de  textes  de  toutes  les  époques  et  prove- 
nances donnant  une  idée  complète  et  souvent  amusante  de  ce  que 
voulut  être  et  de  ce  que  fut  le  collège  de  Genève  à  travers  les 
âges.  Une  quinzaine  d'anciens  élèves  collaborèrent  à  ce  recueil  qui 
s'ouvre  et  se  ferme  par  une  préface  et  un  article  plein  de  faits,  de 
finesse  et  de  verve,  de  l'écrivain  aussi  connu  chez  nous  qu'à 
•Genève,  Philippe  Monnier. 

On  sait  que  de  tous  les  calvinistes  de  tout  le  monde  entier, 
qui  participèrent  aux  jubilés,  les  Hongrois  furent  les  plus  nom- 
breux et  les  plus  enthousiastes.  Il  fallut  organiser  pour  eux  un 
culte  en  langue  hongroise  à  Saint-Pierre  le  4  juillet  à  midi  (1)  et 
une  séance  le  lundi  5  à  l'Auditoire,  en  langue  française,  suivie  de 
4a  réception  de  M.  Alex.  Claparède.  Ce  dernier,  qui  s'était  spé- 
cialement consacré  aux  compatriotes  de  Madame  Claparède,  a 
publié  à  cette  occasion  une  fort  instructive  brochure  (72  p.  in-8°, 
^Genève,  Jullien,  1909),  intitulée  :  L'Église  réformée  hongroise, 
coup  d'œil  jeté  sur  son  passé  et  son  état  actuel,  avec  un  abrégé  de 
ses  lois  ecclésiastiques  et  une  carte. 

A  la  base  de  la  constitution  de  cette  remarquable  Eglise,  plus 
■démocratique  que  celle  de  Calvin,  il  y  a  l'appel  et  l'élection  des 
pasteurs,  directement  par  le  peuple  —  et  non  la  présentation  aux 

(1)  Voir  les  photographies  du  2°  fascicule  des  Jubilés,  p.  152. 


390 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


électeurs  par  une  autorité  ecclésiastique,  d'un  ou  de  plusieurs 
candidats.  —  C'est  ce  qui  explique  que  l'Eglise  hongroise  a  su» 
mieux  que  d'autres  Eglises  réformées  du  continent,  résister  aux 
influences  adverses  et  rester  intimement  unie  aux  destinées  du 
peuple  magyar  (1). 

*  * 

Passons  aux  publications  plus  spécialement  calviniennes.  La 
Compagnie  des  Pasteurs  de  Genève  a  fait  paraître  en  un  vol.  de 
432  p.  pet.  in-8°  (Jullien)  les  Œuvres  choisies  de  Calvin,  accompa- 
gnées de  deux  portraits.  MM.  E.  Choisy  et  Th.  Dufour  ont  préparé 
ce  choix  d'écrits  français  précédés  de  courtes  notes  explicatives, 
et  qui  remplacera  avantageusement  celui  du  bibliophile  Jacob, 
devenu  d'ailleurs  introuvable.  Ce  volume  prendra  place  à  côté  de 
la  réimpression  de  Y  Institution  de  1541,  dont  la  première  partie  a 
pu  être  présentée  à  l'Association  du  Monument  et  à  l'Université 
de  Genève  par  MM.  J.  Pannier  et  G.  Monod,  de  la  part  de  l'une  des 
hautes  écoles  de  cette  même  Sorbonne  qui  avait  fait  brûler 
l'original  exactement  367  ans  auparavant.  Nous  espérons  qu'un  jour 
ou  l'autre  ces  textes  publiés  par  la  Compagnie  des  pasteurs 
pourront  être  complétés* par  un  recueil  d'extraits  caractéristiques 
des  registres  du  Consistoire  qui  nous  donneraient  en  quelque 
sorte  l'application  pratique  des  écrits  du  réformateur  (2). 

Nos  lecteurs  savent  depuis  longtemps  que  M.  le  doyen 
E.  Doumergue  préparait  pour  cette  année  une  Iconographie  calvi- 
nienne. Elle  a  paru,  chez  G.  Bridel  à  Lausanne.  C'est  un  petit 
in-folio  de  VII-280  pages  qui  se  compose,  outre  la  dédicace  et 
l'Introduction,  de  deux  parties,  consacrées  aux  portraits  et  aux 
caricatures,  et  complétées  par  un  catalogue  descriptif  des  portraits 
gravés  de  Calvin,  par  le  Dr  H.  Maillart-Gosse  et  par  un  inventaire 
descriptif  des  médailles  concernant  Calvin,  par  le  Dr  E.  Demole. 
Il  y  a  76  gravures  dans  le  texte  et  26  planches  en  phototypie.  La 
publication  est  très  soignée,  comme  tout  ce  qui  sort  de  la  maison 
Bridel  et  les  deux  inventaires  méthodiques  ont  été  rédigés  avec  la 
plus  grande  précision.  —  Quant  au  fond,  il  y  aurait  beaucoup  à 
dire  sur  les  appréciations,  classifications,  etc.  Je  me  bornerai  à 
quelques  remarques  sommaires. 

Les  deux  seuls  portraits  vraiment  nouveaux  que  nous  donne 
l'iconographie,  sont  celui  de  Rotterdam  (pl.  III)  qu'un  expert 

(1)  Cf.  les  articles  de  MM.  S.  P.  Jœrimann  et  A.  Maday  dans  la  Semaine 
religieuse  du  3  juillet  et  le  Journal  de  Genève  du  8. 

(2)  Pourquoi  ne  pas  avoir  terminé  le  recueil  par  les  deux  discours  d'a- 
dieu de  Calvin?  Bien  que  sortis,  non  de  sa  plume  mais  de  sa  bouche,  et 
fidèlement  transcrits,  ils  sont  très  caractéristiques  et  auraient  heureusement 
complété  les  quelques  renseignements  autobiographiques  que  renferme  la 
préface  des  Psaumes. 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE  391 

affirme  être  du  xvie  siècle  et  celui  de  la  collection  Tronchin 
(pl.  VIII)  qui  est  sans  aucun  doute  celui  que  Calvin  donna  à 
Th.  de  Bèze.  Ce  dernier  portrait  est  évidemment  l'effigie  la  plus 
authentique  du  réformateur.  Plus  on  la  regarde,  plus  on  l'y 
retrouve  tel  qu'il  nous  apparaît  dans  ses  écrits  si  nombreux  et  si 
divers  et  surtout  dans  son  œuvre,  l'œuvre  prodigieuse  de  sa  matu- 
rité. Ce  qui  jusqu'ici  nous  a  tous  empêchés  de  voir  Calvin  tel  à 
peu  près  qu'il  apparut  à  ses  contemporains,  c'est  la  mauvaise  copie 
de  cette  peinture  qui  est  à  la  Bibliothèque  de  Genève  et  qui  seule 
était  accessible  au  public,  et  aussi  le  fait  qu'on  semblait  faire  peu 
de  cas  de  la  gravure  sur  bois  des  Icônes  que,  pour  ma  part,  j'avais 
toujours  considérée  comme  le  meilleur  portrait  du  réformateur  et 
qui  est  effectivement  une  copie  gravée  de  celui  de  la  collection 
Tronchin,  bien  supérieure  à  la  peinture  de  la  Bibliothèque. 

J'avoue  que  je  ne  partage  pas  l'opinion  de  M.  Doumergue  sur 
le  portrait  de  Rotterdam.  Le  grand  reproche  que  je  lui  adresse, 
c'est  de  manquer  absolument  d'expression.  On  convient  qu'il  res- 
semble beaucoup  à  celui  de  Baie  (pl.  IV,  Cf.  Bulletin  1902,  p.  384) 
qu'un  autre  expert  affirme  catégoriquement  être  du  xvme  siècle. 
Si  ce  dernier  est  une  copie  du  même  original  qui  a  été  reproduit 
par  celui  de  Rotterdam,  il  en  est  certainement  une  copie  plus 
exacte  (comparer  le  dessin  de  la  bouche)  et  moins  banale.  Mal- 
heureusement la  phototypie  de  ce  portrait  de  Baie  est  tellement 
noire  qu'on  n'y  distingue  guère  que  la  partie  supérieure  du 
visage. 

Quant  aux  portraits  gravés,  je  placerais  en  première  ligne  celui 
qui  a  été  retouché  par  Tscherning  (71  et  70)  et  dont  la  plus 
ancienne  reproduction  est  une  gravure  hollandaise  qui  porte  la 
date  de  1616  mais  qui  remonte  peut-être  au  xvie  siècle  (p.  72).  Il 
me  semble  peu  probable,  en  effet,  que  Tscherning  (est-on  sûr 
qu'il  n'y  avait  pas  déjà  un  imagier  de  ce  nom  au  xvie  siècle?)  ait 
inventé  la  date  de  1539  et  vraisemblable  qu'à  Strasbourg  il  ait 
existé  une  effigie  de  cette  époque.  Puis  viennent  les  portraits 
de  1559  (pl.  V),  —  dont  le  seul  exemplaire  connu  se  trouve  à  la 
Bibliothèque  de  notre  Société  —  et  de  1562  (René  Boivin,,pl.  VI), 
qui  ont  l'un  et  l'autre  rajeuni  les  traits  de  Calvin  à  cette  époque; 
ceux  de  Woeiriot  (pl.  XIV),  dont  il  existe,  si  je  ne  fais  erreur, 
des  exemplaires  moins  frustes  que  ceux  de  M.  D.  a  fait  reproduire 
(cf.  Bull.  1905,  445)  ;  enfin  celui  des  Icônes  ou  des  Vrais  Pour  traits.  . 

M.  Doumergue  a  aussi  donné  le  portrait  supposé  d'Idelette 
de  Bure  que  le  Bulletin  a  fait  connaître  en  1907  (p.  222).  Il  rac- 
compagne d'un  point  d'interrogation  (voir  planche  XV  et  p.  91)  et 
de  deux  notes,  l'une  de  M.  Rùtgers,  professeur  d'histoire  ecclé- 
siastique à  Amsterdam,  qui  écrit  :  «  J'ai  eu  tout  d'abord  l'impres- 
sion que  l'inscription,  femme  de  Jan  Caluein,  ne  peut  être  exacte  ». 
L'autre  est  de  M.  E.  W.  Moes,  directeur  du  musée  des  estampes. 


392 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


•Ce  dernier  écrit  :  «  La  dame  dont  vous  m'avez  montré  le  portrait 
sphot  ographié  ne  peut  aucunement  représenter  la  femme  de  Cal- 
vin, ïl  serait  déjà  singulier  de  la  voir  dans  un  tel  habillement; 
«iais  il  est  tout  à  fait  inadmissible  qu'une  femme  se  soit  parée 
«d'un  costume  qui  ne  devait  être  en  usage  que  plus  tard;  Or 
idele  tte  de  Bure  est  décédée  le  31  mars  1549  et  le  portrait  en  ques- 
tion présente  une  dame  passablement  jeune,  de  la  haute  société, 
«d'environ  1560  à  1565.  La  mode  des  manches  inférieures  trans- 
parentes sur  les  avant-bras  nus,  ne  permet  pas  de  s'éloigner 
ieaucoup  de  la  période  nommée.  On  peut  se  servir  pour  type  de 
comparaison  d'un  portrait  d'Emilie  Walburg,  comtesse  de  Maurs, 
la  femme  du  comte  Hoorne,  décapité  en  1568,  portrait  dont  l'ori- 
ginal se  trouve  à  Chantilly  et  dont  une  photographie  est  au  musée 
d'Amsterdam.  » 

J'ai  tenu  à  reproduire  toute  l'argumentation  du  savant  direc- 
teur du  musée  des  estampes  d'Amsterdam  —  à  titre  de  docu- 
ment complémentaire  de  celui  que  constitue  la  peinture  du  musée 
■de  Douai,  non  toutefois  parce  que  cette  argumentation  me  parait 
irrésistible- et  de  nature  à  classer  définitivement  cette  peinture 
dans  la  catégorie  des  légendes. 

En  effet,  la  première  objection  :  «  Il  serait  déjà  singulier  de 
voir  la  femme  de  Calvin  dans  un  tel  habillement  »,  tombe  d'elle- 
même.  Je  n'ai  jamais  eu,  ni  exprimé  la  pensée  que  la  personne 
^ainsi  vêtue  pût  représenter  la  femme  de  Calvin.  En  donnant  ce 
litre  à  mon  article  j'ai  simplement  voulu  reproduire  la  légende 
de  la  peinture.  Cette  légende,  je  le  répète,  ne  s'explique  que  si 
«elle  a  été  inscrite,  soit  sur  une  copie  de  l'original  exécutée  lorsque  la 
personne  représentée  fut  devenue  la  femme  du  réformateur,  soit 
-sur  Foriginai  lui-même,  mais  postérieurement  à  son  exécution,  par 
(les  soins  de  quelqu'un  qui  connaissait  ce  fait,  sinon  la  personne 
«Ile-même.  Ce  qui  me  ferait  croire  à  une  copie  de  l'original  exé- 
cutée lorsque  la  veuve  de  Jean  Stordeur  devint  l'épouse  de  Calvin, 
c'est  que  le  peintre  chargé  de  copier  ce  tableau  pour  le  musée  de 
Liège,  a  découvert,  dans  l'angle  opposé  à  celui  où  se  trouvent  les 
;mots  «  femme  de  Jan  Caluein  »,  mais  de  la  même  main  et  couleur, 
deux  chiffres  dont  le  second  est  certainement  un  7  et  le  premier, 
peu  visible,  un  2  ou  un  3.  Ces  deux  chiffres  indiquent  sans  doute 
£'âge  de  la  personne,  soit  27  ou  37  ans. 

La  deuxième  objection  se  résume  en  cette  proposition  :  Le 
costume  ne  peut  être  antérieur  à  1560,  dit  M.  Moes,  — à  la  fin  du 
Tègne  de  Henri  II,  disent  les  conservateurs  des  estampes  de  la 
Bibliothèque  nationale  de  Paris  et  d'autres  (t).  Remarquons 
d'abord  que  l'expression  «  la  fin  du  règne  de  Henri  II  »  —  tué  le 
10  juillet  1559  —  nous  permet  de  remonter  un  peu  plus  haut 

(1)  M.  A.  Boghaert- Vaché,  dans  le  Petit  Bleu  de  Bruxelles.  N°  du  6  M>Ù1 
1909. 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


393 


que  1560  — disons  aux  environs  de  1555.  Mais,  est-on  bien  sûr  que 
ce  costume  n'ait  pas  été  porté  avant  ces  dernières  années  de 
Henri  II?  M.Boghaert  donne  des  échantillons,  notamment  d'après 
Tortorel  et  Perissin,  etc.  de  ce  costume,  en  vogue  entre  1559  et 
1 572,  et  M.  Moes  cite  le  portrait  d'Emilie  Walburg,  femme  du 
comte  de  Hoorne  (décapité  en  1568)  qui  se  trouve  à  Chantilly. 
Fort  bien,  mais  pour  entraîner  ma  conviction,  il  faudrait  me 
montrer  des  costumes  liégeois,  de  1535  à  1545  par  exemple, 
absolument  différents  de  ceux-là.  J'ai  peine  à  croire  que  pour  le 
xvie  siècle,  époque  de  transition  et  de  grande  variété,  où  l'Europe 
était  encore  partagée  en  une  foule  de  petits  États  qui  avaient  leur 
vie  propre  et  surtout  leurs  costumes,  très  différents  les  uns  des 
autres,  on  puisse  affirmer  que  telle  mode,  —  mettons  celle  des 
manchettes  transparentes  — n'ait  fait  son  apparition  qu'à  une 
date  précise,  ou  que  si  on  fournit  cette  date  pour  une  certaine 
région,  il  faille  en  conclure  qu'elle  n'existait  pas  ailleurs  aupara- 
vant. 

Enfin,  dans  quel  butun  peintre  aurait-il  mis  cette  légende  sur  un 
portrait  postérieur  au  moins  d'une  vingtaine  d'années  à  l'époque 
où  vivait  la  personne  qu'il  représentait? 

En  attendant  des  arguments  plus  probants,  nous  savons  (Fr. 
Prot.  Z*  éd.  IV,  913),  qu'il  y  avait  à  Douai,  où  probablement  le  Dr  Es- 
callier  a  trouvé  ce  tableau  —  une  famille  Gommelin,  dont  deux 
membres  se  réfugièrent  à  Genève  où  Antoinette;  la  fille  de  l'un 
d'eux,  Toussaint  Gommelin,  épousa,  ensecondes  noces,  Antoine,  le 
frère  de  Calvin.  Il  y  avait  donc  alors  des  relations  entre  Genève  et 
Douai  où  l'on  connaissait  Calvin,  et  on  se  demande  tout  naturel- 
lement si  ce  portrait  n'a  pas  appartenu  à  un  membre  de  cette 
famille  Commelin. 

Je  n'ai  pas  la  prétention  de  conclure,  mais  je  crois  que  la 
question  reste  ouverte. 

Sur  la  planche  XVII  de  Y Iconographie,  qui  représente  deux 
faux  portraits  de  Calvin,  il  faut  intervertir  les  légendes.  M.  Dou- 
mergueauraitdû  citer  aussi  un  beau  portrait  de  Jean  Bugenhagen, 
au  musée  Condé  à  Chantilly,  daté  de  1538,  sur  lequel  on  lit  :  Cal- 
vinus  setatis  44. 

Page  64,  lisez  au  lieu  de  Dédicace  à  Mazure,  — à  Desmazures; 
—  p.  73,  manque  la  note  2.  —  Enfin  p.  154,  la  gravure  d'Abraham 
Bosse  ne  représente  nullement,  comme  se  l'est  imaginé  l'inconnu 
qui  y  amis  une  note  manuscrite,  Calvin  travesti.  C'est  tout  simple- 
ment un  petit  tableau  de  genre  représentant  la  saison  de  l'hiver. 
D'ailleurs  Abraham  Bosse  était  protestant,  et  peut-être  Le  Blond 
aussi. 

Outre  Y Iconographie,  M.  E.  Doumergue  a  publié  encore,  en  guise 
-de  Souvenir  du  jubilé,  Lamaisonde  Calvin,  une  plaquette  de  40  pa- 
ges in-4°  (Genève,  Atar)  ornée  de  vingt  photographies  et  de  deux 


394 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


portraits  de  Calvin.  C'est  en  partie  la  reproduction,  avec  de  très 
bellesgravures,  dece  qui  se  trouve  déjà,  sur  le  même  sujet,  dans 
la  Genève  calviniste  du  même  auteur  (1). 

..  ...  ^         ■/.'..:-,,;■,:  #     *        .  ■  _        •      •  '        ■    .-  :r  y-t   <.  . 

M.  le  professeur  A.  Schroeder,  de  Lausanne,  a  aussi  écrit, 
sous  le  titre  Jean  Calvin,  esquisse  de  sa  vie  et  de  son  œuvre  (ornée 
du  portrait  de  Tscherning),  une  courte  brochure  de  32  p.  in-16 
(Lausanne  G.  Bridel).  C'est  peut-être  ce  qui  a  paru  de  plus  com- 
plet et  de  plus  précis  en  français  sous  un  volume  aussi  réduit. 
L'auteur  résume  à  grands  traits  la  vie  de  Calvin,  sans  rien  omet- 
tre d'essentiel,  puis  il  expose  et  discute,  avec  non  moins  de  net- 
teté, de  vigueur  et  de  concision  les  principales  idées  qui  sont  à  la 
base  de  l'œuvre  religieuse  et  sociale  du  réformateur. 

Enfin,  nous  avons,  grâce  à  la  librairie  Delagrave,  dans  le  tome  Ier 
de  Y  Histoire  de  la   littérature  française   classique  (1515-1630) 
par  Ferdinand  Brunetière  (VI-640  p.  in-8°),  les  trente  et  quelques 
pages  qu'il  a  écrites  sur  -Y  œuvre  littéraire  de  Calvin.  Ce  sont  les 
pages  191  à  230  de  ce  volume  qui  va  de  Marot  à  Montaigne  (1515- 
1595).  On  y  retrouve  les  qualités  de  style  et  de  composition  et 
aussi  les  défauts  du  célèbre  littérateur,  c'est-à-dire  son  parti  pris 
et  ses  sophismes  lorsqu'il  aborde  le  sujet  de  la  Réforme.  Il 
commence  par  opposer  la  Renaissance  à  la  Réforme,  «  la  seconde 
ne  s'étant  établie  que  sur  les  ruines  de  la  première»  (p. 125),— 
comme  si  l'une  et  l'autre  n'avaient  pas,  en  réalité,  la  même 
origine  et  comme  si,  malgré  que  beaucoup  d'humanistes  se  soient 
détournés  de  la  Réforme,  d'autres,  à  commencer  par  Lefèvre 
d'Etaples  et  Calvin  ne  l'avaient  pas  embrassée.  —  Puis,  reje- 
tant les  causes  «  philologiques  »  (?),  théologiques  et  morales, 
il  ne  veut  admettre,  pour  la  conversion  de  Calvin,  que  des 
causes  «historiques  »  (p.  200),  c'est-à-dire  sa  répugnance  pour  la 
tradition —  comme  sien  théologie  et  en  morale,  il  n'y  avait  pas 
une  différence  radicale  entre  les  principes  du  réformateur  et  ceux 
du  catholicisme.  Enfin,  M.  Brunetière  conteste  que  ces  principes, 
Calvin  les  fonde  sur  l'Ecriture  (p.  228).  Celui-ci  «  met  l'individua- 
lisme et  le  subjectivisme  à  la  base  de  sa  morale  comme  de  sa 
théologie  et  transforme  la  religion  elle-même,  d'une  institution 
sociale  en  une  affaire  personnelle  »,  —  comme  si  le  calvinisme, 

(1)  Cette  plaquette  a  été  presque  aussitôt  épuisée.  Mais  on  peut  encore  se 
la  procurer,  au  prix  de  6  fr.,  chez  G.  Bridel,  à  Lausanne. 

Citons  aussi,  dans  le  même  ordre  d'idées,  et  aussi  chez  Atar,  de  M.  Dou- 
mergue,  Autrefois  et  aujourd'hui,  très  intéressant  Guide  historique,  et 
pittoresque  de  l'étranger  à  Genève,  joli  volume  illustré  de  plus  de  i 00  p. 
in-18,  qui  a  été  gracieusement  offert  à  beaucoup  de  délègues  aux  Jubiles. 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


395 


partout  où  il  a  triomphé,  n'avait  pas  créé  un  véritable  état  social 
fort  différent  de  celui  des  pays  restés  catholiques. 

D'autre  part,  M.  Brunetière  convient  (p.  227)  que  «  l'Institution 
chrétienne,  par  sa  date,  est  le  premier  de  nos  livres  que  l'on 
puisse  appeler  classique.  Elle  l'est  également  — par  la  sévérité  de 
la  composition,  par  la  manière  dont  la  conception  de  l'ensemble  y 
détermine  la  nature  et  le  choix  des  détails.  Elle  l'est,  — par  cette 
inclination  de  convaincre  ou  d'agir  qui,  comme  elle  en  est  la  cause  , 
en  fait  le  mouvement  intérieur,  l'anime  de  son  allure  ou  de 
son  rythme  oratoire.  Elle  l'est  encore,  — par  la  gravité  soute- 
nue d'un  style  dont  on  a  pu  voir  que  la  «  tristesse  »  n'est  pas 
le  seul  caractère.  Elle  l'est  enfin,  — pour  cette  «  libéralité  »,  si  je 
puis  ainsi  dire,  toute  nouvelle  alors,  avec  laquelle  Calvin  y  a  mis 
à  notre  portée  les  matières  qui  ne  s'agitaient  jusqu'alors  que  dans 
les  écoles  de  théologiens...  S'«il  faut  qu'il  y  ait  des  hérésies  », 
celle  de  Calvin  n'a  pas  été  tout  à  fait  inutile,  je  dis  :  à  l'Eglise 
même;  et  pour  ne  pas  sortir  ici  du  domaine  de  la  littérature,  je 
ne  sais,  sans  Calvin,  si  Pascal,  peut-être,  et  Bossuet,  certainement, 
seraient  tout  ce  qu'ils  sont —  ou  plutôt,  j'ose  dire  qu'ils  ne  le 
seraient  point.  » 

Quelque  signifiatifs  et  honorables  que  soient  ces  aveux,  que 
le  Manuel  de  V histoire  de  la  Littérature  française  du  même  auteur 
ne  laissait  pas  prévoir  (1),  ils  sont  loin  de  donner  une  idée  com- 
plète des  mérites  littéraires  de  Calvin.  Je  recommanderai  à  cet 
égard,  à  ceux  qui  auraient  lu  Brunetière,  de  lire  les  pages  écrites 
sur  le  même  sujet,  il  y  a  70  ans,  par  M.  A,  Sayous,  dans  ses  Etudes 
littéraires  sur  les  écrivains  français  de  la  Ré  formation  {%). 

Il  me  reste  à  citer  un  assez  grand  nombre  d'articles  et  de  bro- 
chures auxquels  le  centenaire  de  Calvin  a  donné  naissance  et  dont 
il  vaut  la  peine  de  conserver  la  trace. 

Je  signalerai,  en  premier  lieu,  l'excellent  Coup  d'oeil  historique 
sur  V Église  de  Genève  duxvi*  siècle  à  nos  jours,  illustré  de  nombreux 
portraits  et  vues,  par  lequel  M.  Alexandre  Guillot  a  ouvert  le  pre- 
mier fascicule  des  Jubilés  de  Genève  (3)  (p.  1  à  12).  A  côté  de  cet 
aperçu  se  placent  les  articles  du  2e  fascicule  sur  V Académie  et  le 

(1)  Voy.  Bull.  1898,  p.  161.  La  principale  différence  entre  le  Manuel  et  l'His- 
toire, c'est  que,  dans  cette  dernière,  Brunetière  reconnaît  que  la  Réforme 
n'est  pas  une  importation  germanique,  mais  qu'il  y  a  une  Réforme  française. 
Il  est  vrai  qu'il  fait  de  Lefèvre  d'Etaples,  qui  n'était  qu'un  humaniste  chrétien 
épris  de  Réforme,  un  réformateur. 

(2)  L'étude  sur  Calvin  parut  à  part,  à  Genève  et  à  Paris,  chez  Cherbuliez, 
dès  1839  (123  p.  in-8°).  Elle  fut  retouchée  dans  l'ouvrage  de  1841. 

(3)  Le  même  fascicule  renferme,  tout  aussi  abondamment  illustrée,  l'His- 
toire de  la  genèse  du  Monument. 


396 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


Collège,  celui  de  M.  le  recteur  Chodat  sur  les  hommes  de  science  à 
V Académie  et  à  V Université  de  Genève  au  xixe  siècle  (ibid.),  à  lire 
après  les  pages  de  M.  Emile  Yung,  la  Genève  savante,  insérées 
-dans  le  Journal  de  Genève  du  4  juillet  et  auxquelles  il  faut  joindre 
une  fort  intéressante  notice  de  M.  H.  Aubert,  A  propos  de  la  disci- 
pline morale  dans  l'ancienne  Académie,  notice  qui  renferme  quel- 
ques lettres  inédites  de  et  à  Théodore  deBèze  {ibid.,  n°  du  7  juillet). 
—  M.  Paul  Frédéricq  a  aussi  envoyé  au  même  journal  (10  juillet) 
un  article  plein  d'aperçus  nouveaux  sur  Le  self-government  et  le 
Calvinisme  (1). 

Pour  l'Allemagne  j'ai  à  compléter  les  indications  de  ma  précé- 
dente chronique  en  ajoutant  aux  écrits  populaires  que  j'y  ai  cités, 
•ceux  de  W.  Conrad  (Johan  Calvin,  ein  Lebensbild  zum  400  Jahres- 
tage  der  Geburt  des  Reformators,  56  p.  Gummersbach,  Fr. 
Luyken);  —  W.  Stark  (Calvin,  ein  Lebensbild,  ein  Gedenkblatl 
zu  seinem  400  Geburtstage),  que  le  consistoire  de  Posen  a  fait 
répandre  dans  les  écoles  et  les  familles  (32  p.  in-8°,  Posen,  Verlag 
der  ev.  Vereinsbuchhandlung)  ;  — enfin  le  petit  volume  de  90  p. 
in-8  (Johannes  Calvin,  ein  Bild seines  Lebens  fur  das  christeiche  Volk 
dargestellt,  Basel, Missionsbuchhandlung),  dans  lequel  M.W.  Schlat- 
ter  a  surtout  fait  ressortir  les  côtés  les  plus  humains  et  les  moins 
connus  de  Calvin,  en  les  illustrant  de  gravures  (2)  empruntées  aux 
volumes  de  M.  E  Doumergue.  J'ai  vu  citer  aussi  un  recueil  d'études 
•sur  Calvin  paru  à  Elberfeld  :  Lie  Dr  S.  Bohatec,  Calvinstudien  (3). 

Si  nous  passons  maintenant  aux  articles  parus  en  allemand, 
on  lira  avec  plaisir  et  profit  une  série  d'études  sur  les  amis  de 
Calvin,  avec  de  nombreux  et  frappants  extraits  de  ses  lettres,  par 
le  traducteur  de  ces  dernières,  M.  R.  Schwarz.  Ces  articles  inti- 
tulés Calvins  Freundschaft  ont  paru  dans  les  nos  12  à  16  (21  mars- 
25  avril  1909)  de  la  Reformirte  Kirchenzeitung ,  et  mériteraient 
d'être  tirés  à  part.  Le  môme  auteur  a  tracé  pour  le  Sonntagsblatt 
der  Basler  Nachrichten  (4  et  11  juillet)  une  esquisse  du  réforma- 
teur et  essayé  de  caractériser  sa  valeur  actuelle  (Kirchenblatt  fur 
die  Réf.  Schweiz,  N°s  27,  28  et  29). 

(1)  Le  même  journal  a  publié  un  n°  (176)  des  Jubilés  où  MM.  A.  Borgeaud, 
$>.  Seippel  et  G.  Vallette  ont  écrit  pour  le  grand  public  quelques  pages  sur 
^Calvin  et  Genève,  la  Schola  genevensis  et  le  livre  du  Collège. 

(2)  Un  petit  volume  qui,  racontant  surtout  le  rôle  de  Calvin  à  Genève, 
-complète  heureusement  la  plupart  de  ceux  ci-dessus  énumérés,  a  déjà  paru 
il  y  a  une  vingtaine  d'années:  E.  Langhans,  Johan  Calvin  und  die  Re forma- 
tion in  G<m/Y114p.in-8%  Zurich,  A.  Frik,  1888). 

(3)  Presque  toutes  ces  publications  ont  été  l'objet  de  compte-rendus,  de  la 
part  de  M.  le  past.R.  Schwarz,  dans  le  Kirchenblatt  fur  die  reformirte  Schweiz 
n0"  9,  10,  16,  23  et  25  de  1909.)  J'ai  relevé  aussi,  Lie.  W.  Lùttge,  Die  Rechifer- 
tigungslehre  Calvins  und  ihre  Bedeutung  filr  seine  Frommiykcil  Berlin»  Hou 
ther  u.  Reinhard.  —  Dr  F.  Barth,  Calvms  Personlichkeit,  Bern,  A.  Franko. 
24  p.  et  Dr  W.  Hadorn,  Calvins  Bedeutung,  Ncukirchcu,  24  p. 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


397 


Le  journal  religieux  spécialement  destiné  aux  classes  cultivées 
de  l'Allemagne,  Die  christliche  Welt  a  consacré  tout  son  numéro 
du  8  juillet  et  une  partie  de  celui  du  15  juillet  (28  et  29)  à  Calvin. 
Il  y  a  là  une  série  de  notices  écrites  par  quelques-uns  des  histo- 
riens ou  des  théologiens  les  plus  compétents  :  MM.  Brieger  [Cal- 
vins  Bedeutung  fur  den  Protestantismus  des  sechzehnten  Iahrhun- 
derts,  Calvin  et  le  Protestantisme  au  xvie  siècle)  ;  — F.  Kattenbusch 
(Das  bedeutende  Moment  in  Calvins  Lehre,  Ce  qu'il  y  a  de  plus» 
important  dans  son  enseignement)  ;  —  A.  Julicher  {Calvin  ah 
Schriftausleger,  Calvin  exégète)  ;  —  E.  Simons  [Geint  und  Formr 
Le  fond  et  la  forme);  —  M.  Schulze  [J  enseitshoffnung  und  Sittlich- 
keit  bei  Calvin,  Calvin  et  ses  idées  sur  l'au-delà  et  sur  la  morale)  ; 
—  P.  Wernle  [Zu  Gottes  Ehre,  A  la  gloire  de  Dieu)  ;  —  K.  Benrath 
[Calvinin  Ferrara  1536,  Calvin  à  Ferrare);  —  P.  Lobstein  et  Joh. 
Ficker  [Zu  Calvins  Aufenthalt  in  Strassburg  et  Calvin  und  Strass- 
burg,  Calvin  à  Strasbourg)  ;  —  K.  Sell  [Calvin  und  der  Reformka- 
tholizismus,  Calvin  et  la  Réforme  Catholique);  —  K.  Holl  [Calvin- 
Briefe,  la  Correspondance  de  Calvin,  suivie  de  quelques  extraits 
topiques);  —  enfin  E.  Trœltsch  [Calvinismus  und  Luthertum,  Le 
calvinisme  et  le  luthéranisme,  résumé  très  précis  des  pages  528 
à  587  de  l'histoire  de  la  religion  chrétienne  —  Geschichte  der  christ- 
lichen  Religion  —  qui  forme  la  4e  partie  (t.  I)  du  grand  ouvrage 
publié  par  Paul  Hinneberg  sous  le  titre  de  Die  Kultur  der  Gegen- 
toart,  La  culture  moderne  (1). 

#  # 

Je  terminerai  cette  trop  rapide  et  pourtant  —  malgré  se» 
lacunes  —  longue  revue,  en  complétant  mes  notes  (Bull.  1908„ 
387  et  1909,  6)  sur  Servet. 

M.  D.  Fritz  Barth,  professeur  d'histoire  ecclésiastique  à  l'uni- 
versité de  Berne,  a  publié  une  conférence  qu'il  y  a  donnée  sur  Cal- 
vin et  Servet  [Calvin  und  Servet,  brochure  de  24  p.  in-8°,  A.  Franke, 
Bern  1909)  qui  est  peut-être  le  résumé  le  plus  concis,  le  plus- 
objectif  et  le  plus  impartial  qui  existe  actuellement  sur  cette 
question.  Je  ne  m'en  écarterais  que  sur  un  seul  point  qu'a  d'ail- 
leurs déjà  relevé  M.  Schwarz  [Kirchenblatt  fur  die  reformierte 
Schweiz,  1909,  p.  92),  celui  où  M.  Barth  dit  (p.  12),  que  de  Trie  n'a 
certainement  pas  écrit  la  première  de  ses  lettres  (26  février  1553) 
à  A.  Arneys  (2),  sans  que  Calvin  en  ait  eu  connaissance,  vu  l'étroite 

(1)  Un  vol.  de  X-792  pages  grand  in-8°  (index),  Berlin  et  Leipzig,  Teubner, 
2e  éd.  1909.  Ce  vol.  a  été  rédigé  par  F.  Wellhausen,  A.  Julicher,  A.  Harnack, 
N.  Bonwetsch,  K.  Mûller,  A.  Ehrhard  et  E.  Troeltsch.  Il  y  a  aussi  un  article 
sur  l'attitude  de  Calvin  à  l'égard  des  Juifs,  de  W.  Rotscheid  [Calvins  Slellung 
zu  den  Juden)  dans  la  Reformirte  Kirchenzeitung ,  n°  31  (1909). 

(2)  Dans  laquelle,  pour  protester  contre  le  reproche  adressé  à  Genève,  de 


398 


CHRONIQUE  LITTERAIRE 


amitié  qui  existait  entre  eux.  Je  réponds,  cela  est  possible,  mais 
cela  n'est  pas  prouvé.  Ce  qui  est  certain  c'est  que  de  Trie  a  pro- 
testé, dans  cette  même  lettre  qu'il  «  avoit  esté  quatre  fois  plus  loin 
qu'il  ne  pensoit  »  (t),  c'est-à-dire  qu'il  n'avait  pas  l'intention  de 
parler  de  Servet,  mais  y  avait  été  entraîné  par  le  besoin  de  se 
justifier  des  reproches  qu'on  lui  avait  adressés  de  ne  s'être  réfugié 
à  Genève  que  pour  y  vivre  licencieusement.  Admettons  toutefois 
ce  qui,  je  le  répète,  n'est  et  ne  peut  être  prouvé,  que  Calvin  ait  eu 
connaissance  de  cette  lettre  de  son  ami  et  que  cette  phrase  puisse 
être  interprétée  autrement.  Une  chose  est  certaine,  cette  lettre  n'a 
pas  été  écrite  pour  être  communiquée  à  l'Inquisition,  ou  pour  faire 
dénoncer  Servet.  De  Trie,  en  effet,  on  s'en  souvient,  lorsqu'un 
mois  plus  tard  il  apprend  que  l'inquisiteur  a  été  mis  au  courant 
de  ce  que  lui,  de  Trie,  avait  appris  à  Antoine  Arneys,  —  écrit  à  ce 
dernier  :  «  je  ne  pensois  point  que  la  chose  deust  venir  si  avant... 
vous  avez  déclaré  ce  que  j'avois  entendu  escripre  privément  à  vous 
seul...  » 

Dans  cette  phrase  qui  n'a  certainement  pas  été  écrite  pour  la 
postérité,  —  ou  bien  de  Trie  dit  la  vérité,  dans  ce  cas  il  faut 
admettre  qu'il  ne  songeait  pas  à  l'Inquisition  quand,  pour  se  jus- 
tifier, il  parla  à  son  cousin  de  Servet,  et  Calvin  a  dit  vrai  en  pro- 
testant qu'il  n'avait  eu  aucune  relation,  ni  directe,  ni  indirecte 
(commele  prétend  M.  Barth),  avec  le  tribunal  catholique.  —  Si  de  Trie 
ment  et  si,  par  voie  de  conséquence,  Calvin  joue  sur  les  mots,  il 
faut  que  ceux  qui  le  croient  en  fournissent  la  preuve. 

Si  l'on  objecte  que,  malgré  sa  surprise,  de  Trie,  non  seulement 
prend  vite  son  parti  des  conséquences  imprévues  de  sa  confi- 
dence, mais  s'associe  à  la  dénonciation  de  son  cousin,  en  lui 
fournissant,  le  2b  mars,  de  nouveaux  documents,  je  réponds  qu'il 
était  dans  la  situation  d'un[homme[qui  ne  pouvait  plus  se  déjuger,  à 
moins  d'être  pris  pour  un  étourdi  ou  un  lâche.  Et  si,  comme  je  le 
soupçonne,  il  avait  intérêt  à  se  justifier  des  imputations  de  son 
cousin,  on  comprend  qu'il  ait  insisté  auprès  de  Calvin  jusqu'à  ce 
qu'il  eût  obtenu,  faute  du  livre  de  Servet  (où  elles  étaient  impri- 
mées), une  partie  des  lettres  manuscrites  de  Servet  à  Calvin. 

Calvin  aussi,  en  se  laissant  faire  violence  pour  ne  pas  abandon- 
ner son  ami  dans  cette  conjoncture,  s'est  associé  à  cette  dénon- 
ciation. Il  a  commis  un  acte  pour  le  moins  indélicat  puisque  Ser- 
vet était  son  ennemi  et,  à  ses  yeux,  le  démon  qui  voulait  détruire 
ce  qu'il  avait  enseigné  comme  venant  de  Dieu.  Or  j'ai  montré, 
puisque,  au  moment  où  il  les  livrait  à  de  Trie,  ces  lettres  de  Ser- 

ïavoriser  le  libertinage,  il  dit  qu'on  laisse  Servet  organiser  secrètement  A 
Vienne  une  propagande  religieuse  subversive. 

(1)  Voy.  pour  les  renvois,  mon  article  dans  le  Bulletin  de  1908,  p.  3S1. 
Prière,  à  la  page  397,  première  ligne,  de  lire  Antoine  au  lieu  de  Claude. 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


399 


vet  étaient  déjà  imprimées  (1)  par  les  soins  deServet  lui-même,  que 
Calvin  a  pu  croire  licite  de  les  communiquer.  Il  n'en  reste  pas 
moins  qu'il  a  eu  le  sentiment  de  la  faute  qu'il  commettait,  puisque 
de  Trie  écrit  «  qu'il  luy  semble  que  son  debvoir  est  quant  à  lui 
(Calvin)  qui  n'a  point  de  glaive  de  justice,  de  convaincre  plustost 
les  hérésies  par  doctrine,  que  de  les  poursuivre  par  tel  moyen, 
mais  qu'il  (de  Trie)  l'a  tant  importuné...  qu'à  la  fin  il  s'est  accordé 
à  les  lui  bailler.  » 

La  faute  de  Calvin  est  donc  évidente.  Mais  je  répète  qu'en  pré- 
sence de  son  affirmation  et  de  celle  de  son  ami,  nous  n'avons  pas 
le  droit  de  transformer  cet  acte  de  faiblesse  —  accompagné  de 
circonstances  atténuantes  —  en  un  acte  prémédité  de  lâche  trahi- 
son justifié  après  coup  par  une  équivoque. 

Si  j'insiste  c'est  que  tout  récemment  j'ai  été  entraîné  dans 
une  polémique  dont  il  n'est  pas  inutile  de  dire  ici  quelques 
mots  :  Le  journal  religieux  La  Vie  nouvelle  du  1er  mai,  citait  cette 
phrase  d  Orpheus,  Histoire  générale  des  Religions,  par  Salomon 
Reinach  (1909,  p.  465)  :  «  Calvin  eut  par  trahison  les  feuilles  d'un 
ouvrage  que  Servet  faisait  imprimer  secrètement.  Il  les  envoya  à 
Lyon,  avec  les  lettres  qu'il  avait  reçues  de  lui,  action  qui  suffirait 
à  le  déshonorer  à  jamais.  Calvin  fit  accuser  Servet  par  un  émis- 
saire :  quel  rôle  pour  un  apôtre  »  !..  —  et  me  priait  d'y  répondre. 

Je  répondis,  entre  autres  (  Vie  nouvelle  1  o  mai)  :  «  Ce  n'est  pas  par 
trahison  que  Calvin  obtint  l'ouvrage  que  Servet  avait  -fait  impri- 
mer secrètement  mais  c'est  Servet  qui  le  lui  fit  parvenir.  Puis 
aucune  «  feuille  »  de  cet  ouvrage  (sauf  le  titre)  ne  fut  envoyée  à 
Lyon,  mais  seulement  deux  feuillets  de  YInstitution  annotés  par 
Servet  ;  —  et  cet  envoi  ne  fut  pas  fait  par  Calvin,  mais  par 
Guillaume  de  Trie  qui  tenait  à  se  justifier  d'avoir  sans  prémédita- 
tion, spontanément  dénoncé  Servet,  lequel  n'a,  par  conséquent, 
pas  été  accusé  par  un  émissaire  de  Calvin  »,  etc.. 

Cette  lettre  fut  réimprimée  par  le  Signal  de  Genève  (5  juin) 
sous  le  titre  :  Calvin,  Servet  et  M.  Salomon  Reinach,  C'est  ainsi  que 
M.  S.  Reinach  en  eut  connaissance.  Il  écrivit  au  Signal  (19  juin)  : 
«  Dans  l'édition  prochaine  d' Orpheus  (en  anglais)  dont  je  corrige 
actuellement  les  épreuves,  je  rectifierai,  après  m'être  reporté  aux 
sources,  les  assertions  qui  ont  ému  M.  Weiss,  mais  ces  assertions 
font  partie  d'un  texte  de  Voltaire  (Essai  sur  les  mœurs),  imprimé 
entre  guillemets  et  sous  son  nom  ;  à  la  place  de  M.  Weiss  je  n'au- 

(1)  Voici  comment  elles  étaient  intitulées,  à  la  fin  (p.  577)  de  la  Restitutio  : 
Epistolae  triginla  ad  Ioannem  Calvinum  Gebennensium  concionatôrem.  Si  l'on 
objecte  qu'après  tout  elles  étaient  anonymes,  je  ferai  remarquer  que  la  Resti- 
tutio se  termine  p.  734,  par  ces  trois  initiales  M.  S.  V.,  sous  lesquelles  ceux 
qui  depuis  longtemps  connaissaient  le  De  Trinitatis  erroribus,  per  Mi- 
chaelem  Serveto...  1531,  ou  Dialogorum  de  Trinitate  libri  duo,per  Michaelem 
Serveto...  1532,  pouvaient  facilement  retrouver  le  nom  de  Servet. 


400  CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 

rais  pas  omis  ce  détail  ».  Pais  M.  Salomon 
rapport  avec  moi,  je  lui  envoyai  mon  article,  nous  échangeâmes 
quelques  lettres  et  finalement  la  discussion  se  poursuivit  dans  le 
Signal  du  26  juin  où  M.  R.  répondit,  en  substance  :  «  Calvin  a 
nié  avoir  dénoncé  directement  Servet  à  l'Inquisition...  mais  ne 
réfute  pas  l'accusation  d'avoir  fait  dénoncer  Servet  ;  il  répond  à 
côté  et  sans  bonne  foi.  C'est  donc  qu'il  se  sent  coupable  ». 

On  trouvera  ma  réponse,  basée  sur  les  mêmes  faits  que  je  viens 
d'exposer,  dans  le  Signal  du  3  juillet,  enfin,  dans  celui  du  17  juil- 
let, une  nouvelle  lettre  de  M.  Reinach,  maintenant  son  interpréta- 
tion dont  je  conteste  le  bien  fondé  dans  une  dernière  réplique  (1). 

Le  même  sujet  a  encore  été  traité,  en  réponse  à  des  objections 
faites  au  Comité  américain  du  Monument,  par  M.  Edwin  D.  Mead 
de  Boston,  dans  un  long  article  du  Boston  evening  transcript,  du 
12  juin  1909  {part  three),  dans  lequel  l'auteur  montre,  par  de  nom- 
breux faits  tirés  en  particulier  de  l'histoire  religieuse  de  l'Angle- 
terre, combien  le  protestantisme  a  mis  de  temps  à  répudier  l'into- 
lérance que  le  catholicisme  lui  avait  léguée  et  qui  dès  les  premiers 
jours  de  la  Réforme,  avait  scandalisé  quelques  esprits  illuminés 
par  l'Évangile,  mais  trop  peu  nombreux  pour  combattre  efficace- 
ment des  idées  et  des  pratiques  séculaires. 

On  se  demandait  si  les  promoteurs  du  monument  de  Servet  à 
Vienne,  qui  devait  être  inauguré  au  mois  d'août,  rendraient  hom- 
mage à  la  vérité,  en  s'abstenant  d'exploiter  contre  le  protestan- 
tisme, ou  contre  le  christianisme,  le  supplice  du  malheureux 
espagnol,  martyr,  non  de  la  libre  pensée,  mais  de  la  foi  libre,  — 
lorsqu'on  apprit  par  les  journaux  que,  le  sculpteur  ne  pouvant  être 
prêt,  ces  fêtes  de  Vienne  étaient  remises  à  l'année  prochaine. 
Cette  circonstance  imprévue  aura  du  moins  l'avantage  de  ne  pas 
les  faire  passer  pour  la  contre-partie  de  celles  de  Genève. 

N.  Wèiss. 


(1)  L'Action  radicale,  de  Genève,  des  10  et  24  juillét,  a  naturellement 
exploité,  contre  moi,  les  articles  de  M.  Reinach  (celui  du  24  est  même 
intitulé,  dans  une  intention  visible  de  me  déshonorer,  la  bonne  foi  du  salarié, 
d'où  je  conclus  que  les  écrivains  de  Y  Action  vivent  tous  de  leurs  rentes,  ce 
que  j'ignorais  absolument).  Au  même  moment  on  répandait  à  Genève  un 
placard  intitulé  Sonneries  de  cloches,  où  l'on  traite  Calvin  de  «  meurtrier,  de 
délateur,  de  desposte  cruel  »,  etc.  etc. 


Le  Gérant  :  Fiscrbacher. 


ch  se  mit  en 


Paris.  —  Typ.  Ph.  Rhnouaud,  19,  rue  des  Saints-Pères.  —  ??3:*. 


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^Fîschbacher.  4"908  ec  1909.  • 

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..*4^hôur^.rnf>nt L'expédition  se  fera'  dan?  «les'  J4eux 

ront  le  présent  avis.  /      -   '    ;     *  _         t    ,    ,       ^  ,       ,  „ 


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i  rrû:eî§  qui-  suivx'on 

bSèêbSèëëëbBËBêbum 


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L'HOMME  ET  L'OEUVRE 
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L'UNION 


Compagnies  d  Assurances  contre  l'Incendie  Fondée  en  1828 
et  sur  la  Vie  humaine 

Entreprise  privée  assujettie  au  Contrôle  de  l'État,  fondée  en  1829 
SIÈGE  SOCIAL  :  9,  Place  Vendôme,  PAlllS 


UNION  INCENDIE 

Garanties  au  31  Décembre  1908  : 

Capital  social   10.000.000 

Réserves   17.877.862 

Primes  à  recevoir  110.731.460 

Sinistres  payés. 

DEPUIS  L'ORIGINE  DE  LA  COMPAGNIE  : 

363  MILLIONS  1/2 

MM.  Cerise  (baron  G.),         ancien   Inspecteur   des  Fi- 
nances, Directeur. 
Alby,  Directeur-Adjoint 

CONSEIL  JDyJ±3D 

MM.  S.  DervilléC.  Présidentde  la  Compagnie  des  chemins 
de  fer  de  Paris  à  Lyon  et  à  la 'Méditerranée,  Régen 
de  !a  Banque  de  France,  Administrateur  de  la 
Compagnie  Universelle  du  Canal  maritime  de  Suez, 
ancien  Président  du  Tribunal  de  Commerce  de  la 
Seine,  Président. 

A.  Mirabaud,  de  la  Maison.- Mirabaud  et  Cie,  Ban- 
quiers .Administrateur  de  la  Compagnie  des  Che- 
mins de  fer  de  Paru  à  Lyon,  es  à  la  Méditérranée, 
de  la  Banque  Impériale  -Ottomane  et  de  la  Compa- 
gnie Algérienne,  Vice-Président. 

Eug.  Guët  de  la  maison  Guet  et  Cie,  banquiers. 


UNION  VIE 

GARANTIES  :  182  M  I  L  L  I  0 

Assurances  Vie  entière,  Mixtes,  Dotales,  etc. 
Assurances  populaires. 


AUGMENTATION  DU  REVENU 

RENTES  VIAGÈRE 


MM. 


DIRECTIOIT 

Montferrand  (comte  Ch.  de),  îfe,  ancien  Insj 

des  Finances,  Directeur. 
Le  Senne  (Eugène),  Dirèceur-Adjoint. 

MIITISTRATIOIT 

MM.   C.  Jameson,  ancien  associé  de  la  maison  Hot 
et  Cie,  Banquiers. 
6.  Mallet  de  la  maison  M  ail  et  Frères  et  Cie,  Banc 
J.  Marcuard  de  la  maison  Marcuard  et  Cie,  Bag 
G.  Sohier  O  ^.Administrateur  du  Crédit  Font 
France  et  de.  la  Compagnie  des  chemins  de 
Paris  à  Lyon  et  à  la  Méditerranée,  ancien  Pn 
du  Tribunal  de  Commerce  de  la  Seine. 
A.  Thurneyssen,  Administrateur  de  la  Cie  des  CI 

de  fer  des  Landes. 
F.  Vernes,  de  la  Maison  Vernes  et  Cie,  ban 
Administrateur  de  la  Compagnie  du  Cheminé 
du  Nord  et  de  la  Banque  Impériale  Ottoman 


CHEMINS  DE  FER  DU  MIDI 


Billets  d'aller  et  retour  individuels 

Pour  les  stations  hivernales  et  balnéaires  des 
Pyrénées. 

Billets  délivrés  toute  l'année  avec  réduction  de  25  p.  100 
en  1«  classe  et  20  p.  100  en  2»  at  3°  classe  dans  les  gares 
des  réseaux  du  Nord  (Paris-Nord  excepté),  de  l'Etat,  d'Or- 
léans et  dans  les  gares  du  Midi  situées  à  60  kilomètres  au 
moins  de  la  destination.  —  Durée  :  33  jours,  non  compris  les 
jours  de  départ  et  d'arrivée. 

Faculté  de  prolongation  moyennant  supplément  de  10  p.  100. 

Ces  billets  doivent  être  demandés  3  jours'  à  l'avance  à  la 
gare  de  départ. 

Un  arrêt  facultatif  est  autorisé  à  l'aller  et  au  retour  po"r 
;. tout  parcours  de  plus  de  400  kilomètres 

Billets  de  famille 

Pour  les  stations  hivernales  et  balnéaires  des 
Pyrénées. 

Billets  délivrés  toute  l'année  dans  les  gares  des  réseaux 
du  Nord  (Paris-Nord  excepté),  de  l'Etat,  d'Orléans,  du  Midi 
et  de  Paris-Lyon-Méditerranée  suivant  l'itinéraire  choisipar  le 
voyageur,  et  avec  les  réductions  suivantes  sur  les  prix  du  tarif 
général  pour  un  parcours  (aller  et  retour  compris)  d'au  moins.300 
kilomètres.  —  Pour  une  famille  de  2  personnes  20  p.  100,  de  3 
personnes  25  p.  100,  de  4  personnes  30  p.  100,  de  5  personnes  35 
p.  100,  de  6  personnes  ou  plus  40  p.  100- 

Exceptionnellement  pour  les  parcours  empruntant  le  réseau  de 
Paris-Lyon-Méditerranée,  lesjbillets  ne  sont  délivrés  qu'aux  fa- 
milles d'au  moins  quatre  personnes  et  le  prix  s'obtienten  ajou- 
tant au  prix  de  6  billets  simples  ordinaires  le  prix  d'un  de  ces 
billets  pour  chaque  membre  de  la  famille  en  plus  de  trois. 

Arrêts  facultatifs  sur  tous  les  points  du  parcours  désignés  sur 
la  demande- 
Durée  :  33  jours  non  compris  les  jours  de  départ  et  d'arrivée. 
Faculté  de  prolongation  moyennant  supplément  de  10  p.  100. 
Ces  billets  doivent  être  demandés  au  moins  4  jours  à  l'avance 


CHEMINS  DE  FER  DU  NOR 


Saison  des  Bains  de  mer  (Billets  a  prix  rédi 

Pendant  la  saison  de  la  veille  de  la  fête  des  Ram 

au  31  Octobre5  toutes  lesgavés  du  chemin  de  ferduNof 
vrent  des  billets  de  lté,  2«  et  3«  classe  à  destination  des  s' 
balnéaires  suivantes  :  BERCK  tstation  du  chemin  de  fer. 
rèt  local),  BOULOGNE- VILLE  ou  TINTELLERIES  (Leï 
CALAIS.  CA YEUX  (station  du  chemin  de  fer  d'intérèïf 
CONCHIL-LE-TEMPLE  (plage  de  Fort-Mahon).  DA 
C  AM  1ER  S  (plage  Sainte-Cécile  ou  Saint-Gabriel).  DUNKB3 
(plagè  de  Mâlo-les-Bains  et  de  Rosandael),  ETAPLES  (Paris 
station  du  chemin  defer  électrique), EU  (plage du  Bourg-j 
et  d'Onival),  GHYVELDE  .Bray.-Dunes),  GRa VELINES 
Fort-Philippe)  LE  CRÔTOY  (chemin  de  fer  d'intérêt  loi 
Noyelles),..  LEFRINCKOUCKE  (plage  de  Mâlo-Terininàs 
TREPORT-MERS,  LOON-PLaGE,  MARQU1SE-RIN: 
(plage  de  Wissant),  NOYELLES,  QUEND-FORT-MAHON( 
de  Quend  et  de  Fort-Mahon),  ST-VALERY-sur-SOMMË 
MILLB-WIMEREUX  (plages  de  Wimereux,  Audresselles  e£ 
blèteuse),NOINCOURT  (plages  du  bourg  d'Aultetd'Onival),^ 
COOTE  (Nord  Plage).  Il  existe  trois  catégories  debillets 

1°  Billetsdesaison  (1)  delr«,  2«,  et  3»  classe,  valabïei 
dant  33  jours,  non  compris  le  jour  de  l'émission,  avecfaoijk 
prolongation  pendant  plusieurs  périodes  de  16  jour? 
condition  d'effectuer  un  parcours  minimum  de  100  kil.  i 
retour.  Ces  billets,  créés  pour  les  familles,  sont  numinatH 
collectifs.  Il  est  accordé  une  réduction  de  SO  0/0  à  chaque  w 
de  là,  famille  en  plus  du  troisième  -  les  billets  dont  il  s'a|| 
vent  être  demandés  au  inoins  4  jours  àl'avance,  à  la 
voyage  doit  commencer. 

2°  Billets  hebdomadaires  et  carnetsd'aller 
tour(l.)de  1",  2«  et3«classe.  Lesblllets  hebdomadaires  sa 
labiés  pendant  5  jours,  du  vendredi  au  mardi  et  de  l'avant 
au  surlendemain  des  fêtes  légales.  Ces  billets  et  carnets  sot 
viduels.  Les  prix  varient  selon  la  distance  et  présentent  de* 
lions  de  25  .à  40  0/0. 

Les  carnets  contiennent  cinq.billets  d'aller  et  retour  etpi 
être  utilisés  à  une  date  quelconque  dans  le  délai  de  33  ourj 
compris  le  jour  de  distribution. 

■  3»  Billetsd'excursîon(2)  ne  2«  et  3e  cl.,  desdimaij' 
jours  de  fêtes  légales,  valables  pendant  une  journée.  Ces  1 
sont  individuels  ou  de  famille.  Pour  les  familles  (aecendi 
descendants),  il  est  accordé  une  nouvelle  réduction  sur  1 
des  billets  individuels  d'excursion,  allant  de  5  à  25  p.  100^ 


SOCIÉTÉ  DE  L'HISTOIRE 

1  du 

Protestantisme  Français 

Reconnue  d'utilité  publique  par  Décret  du  18  juillet  1870 


'Bulletin 

PARAISSANT  TOUS  LES  DEUX  MOIS 

r 

Etudes,  Documents,  Chronique  littéraiie 

LVIII*  ANNÉE 

SEPTIÈME    DE    IL.  -A»     5*  SÉRIE 

Septembre-Octobre  1909 


PARIS 

Au  Siège  de  la  Société,  54,  rue  des  Saints-Pcrcs 

LIBRAIRIE  FISCHBACHER  (Société  anonyme) 

33,  rue  de  Seine,  33 


SOMMAIRE 

ÉTUDES  HISTORIQUES. 

A.  de  Cazenove.  —  Un  Syndicat  en  Bréaunèze  en  1651 ....  40i 
DOCUMENTS. 

N.  W  —  Calvin  et  Marie  Stuart  (4554). 

L.  Bastide.  —  Locke  et  les  protestants  du  Languedoc  .  .  .  .  417 

G  Dumons.  —  Madame  de  Brail  de  Moulens.  .........  421 

Bne  de  Chamisay.  —  L'origine  du  soulèvement  des  Camisards 
au  Bas-Languedoc.  —  L'affaire  du  prieur  de  Valérargues  racon- 
tée par  un  témoin  catholique.  425 

Lodis  Ftjzier.  —  Cinq  lettres  inédites  de  Rabaut  S*-Etienne.  .  443 
MÉLANGES. 

A.     Galland.  —   L'ancienne    Eglise  réformée  de  Pontor- 
son-Cormeray,  d'après  un  registre  d'état  civil  inédit  .  .  .  448 

CHRONIQUE  LITTÉRAIRE. 

N.  W.  —  Le  350e  anniversaire  de  la  fondation  de  l'Eglise 
réformée  de  Chalon-sur-Saône.   464 

G.  Dumons.  —  A  propos  d'une  étude  sur  les  fugitifs  du  Lan- 
guedoc.  ....  466 

De  Richemond.  —  Correspondance  de  Samuel  Robert.  —  His- 
toire de  Saint-Jean-d'Aiigely    ,  .  .  473 

G.  Bonel-Maury.  —  Le  bicentenaire  de  l'Eglise  française  de 
New -Rochelle  

CORRESPONDANCE.  4 

G.  D.  —  Famille  de  Caumont-Monbbeton.  —  Naves  .  .  .  .  .477 
Jean  Meyhoffer.  —  Didier  Abrie.  "  478 

H.  Dannreuther.  —  La  mort  de  Jean  Cousin  .  .  .  .  .  479 
Souscription  au  Monument  international  de  la  Réformation  480 

ILLUSTRATIONS. 

Vues  de  Valérargues ,  d'Uzès,  de  la  basse-cour  du  prieur  et  de  ce  qui  reste 

du  pilori  du  roi  à  Uzès,  d'après  des  photographies  427, 429,  435  et  437 

Carte  de  la  région  de  Pontorson-Cormeray .  449 

Plaque  apposée  dans  l'Église  réformée  de   Chalon-sur-Saône,  d'après 
une  photographie  de  M.  A.  Auquier  .  .   .  *  .  .  465 


RÉDACTION  ET  ABONNEMENTS 


Tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  du  Bulletin  doit  être  adressé  à  M.  N.  WRiss,  secrétaire  de  la 
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histoire,  dont  deux  exemplaires  seront  déposés  à  cette  adresse.  Un  seul  exemplaire  donne  droit  à  une 
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ger  [  —  6  fr.  pour  les  pasteurs,  instituteurs,  etc.,  de  France  et  des  colonies  françaises  ;  10  fr.  pour 
les  pasteurs  de  l'étranger.  —  Prix  d'un  numéro  isolé  de  l'année  courante  et  de  la  pifoMcntc  2  fr. 
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Nous   ne  saurions  trop   engager   nos  lecteurs  à  éviter  tout  intrrtn/diaitr,  rifme  relui  dit  Ithrairn, 

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OLE,  AVÈC  AUGMENTATION,  POUR  FRAIS  DE  Recouvrement,  DE  :  i  fr.  pour  les  départements  ;  t  fr.  50  pour 


Études  Historiques 


UN  SYNDICAT  EN  BRÉAUNÈZE  EN  1651 

Par  un  vieux  reste  de  féodalité,  qui,  à  distance, 
nous  paraît  tout  spécialement  un  apanage  des  seigneurs 
catholiques,  il  se  rencontrait,  encore  au  xvne  siècle,  un 
certain  nombre  de  familles  chevaleresques  qui  méritaient, 
par  leurs  procédés  envers  leurs  paysans,  l'idée  que  nous 
attachons  aujourd'hui  à  ce  mot.  Le  pillage  des  cam- 
pagnes, les  exactions  et  les  violences  étaient  encore,  à 
cette  époque,  dans  les  mœurs  de  beaucoup  de  seigneurs, 
quoique  fût  close  l'ère  des  grandes  guerres  protestantes, 
et  il  fallut  les  jugements  des  cours  souveraines  et  les 
Grands  Jours  d'Auvergne  pour  amener  les  maisons  féo- 
dales à  une  conception  plus  moderne  de  la  civilisation,  et 
des  droits  de  leurs  vassaux. 

Dans  le  grand  procès  qu'eurent,  au  Vigan,  à  partir  de 
1607,  les  Ginestous  et  leurs  descendants,  sous  les  noms 
de  Montdardier,  la  Rouvière  ou  Cabanis,  procès  qui  se 
termine  par  le  rasement  du  château  de  Montdardier,  il 
est  constamment  question  de  «  mille  voleries  et  brigan- 
dages commis  sur  Jes  pauvres  paysans  qui  seroient  con- 
traints, si  iesdites  voleries  étaient  de  durée,  de  quitter 
le  pays  et  de  se  retirer  ailleurs  ». 

Un  cas  analogue  se  produisit  au  milieu  du  xvne  siècle 
dans  les  environs  du  Vigan.  Les  Montfaucon  (1),  sei- 

(l)Grande  famille  féodale  possessionnée  dès  le  moyen  âge  dans  la  viguerie 
du  Vigan  et  les  Gausses  environnants.  Elle  devait  d'ailleurs  bientôt  sortir  de 
sa  région  natale,  puisqu'en  1525  elle  possédait  Calviac,  près  Lasalle,  Gard,  à 
40  k.  de  son  lieu  d'origine.  Elle  avait  possédé  Avèze  de  1252  à  1490,  elle 


Septembre-octobre  1909. 


26 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


gneurs  de  Vissée  et  du  Clos,  avaient,  comme  barons 
d'Hierles,  autorité  sur  la  partie  haute  de  la  viguerie  du 
Vigan  :  d'autre  part,  ils  mettaient  leur  mépris  du  paysan 
au  service  et  au  compte  de  leur  haine  religieuse.  Restés 
obstinément  catholiques,  ils  se  vengeaient  par  leurs  exac- 
tions de  leurs  sujets  devenus  protestants. 

Mais,  à  partir  de  4  650,  ils  se  heurtent  à  un  pouvoir 
nouveau,  dont  ils  n'ont  pas,  jusque-là,  soupçonné  l'im- 
portance :  l'opinion  publique  est  née,  les  peuples,  au 
contact  de  la  Réforme  et  des  lumières  qu'elle  dégage,  se 
sont  ressaisis,  ont  pris  conscience  d'eux-mêmes,  et,  en 
face  du  seigneur  féodal  appuyé  sur  la  force,  se  dresse  le 
syndicat  de  ses  vassaux,  ètayé  sur  le  droit. 

En  l'année  1651,  les  habitants  d'Aulas,  Arphi,  Rréau, 
Bréaunèze  (1),  composant  une  même  paroisse  dépendant 
de  l'autorité  du  baron  de  Vissée,  se  forment  en  syndicat 
contre  leur  seigneur,  Christophe  de  Montfaucon,  baron 
de  Vissée  et  d'Hierles.  Les  membres  du  syndicat  furent  : 
MM.  d'Espinasse,  Mahistre,  Quatrefages,  de  Caladon 
et  Dunal.  Leur  premier  acte  consiste  en  un  emprunt  de 
742  livres  pour  pouvoir  mènera  bien  les  poursuites  qu'ils 
intentent  contre  leur  seigneur. 

Les  «  violements,  roberies,  meurtres  et  autres  dom- 
mages »  exercés  par  Christophe  de  Montfaucon  et  son  fils 
Pierre  avaient  été  tellement  criants  que,  dès  1649,  la  cour 
souveraine,  séant  à  Castres,  avait  condamné  à  mort 
Pierre  de  Montfaucon, et  requis  tous  les  consuls  et  habi- 
tants des  villes  etlieux  des  environs  du  château  de  Vissée 
pour  prêter  main-forte  pour  l'exécution  de  cet  arrêt;  «  ce 
que,  dit  un  vieil  acte  notarié,  ils  auroient  faict  soudain, 
sans  remise,  ayant,  les  consuls  d'Aulas  ethabitans  d'icelle 
communauté  capables  de  porter  armes,  accompagné  le 

acquit  au  xiv°  siècle  la  baronnie  d'Hierles  et  tenait  encore  au  début  du  xvu*  siècle 
Vissée  et  Molières  où  était  le  château  seigneurial. 

(1)  On  entendait  par  «  Bréaunèze  »  la  partie  de  la  viguerië  du  Vigan  qui 
avoisinait  Bréau  :  cette  petite  circonscription  est  sise  au  Nord  OÀïeSl  de  la 
ville  du  Vigan,  sous-préfecture  du  département  du  Gard.  I,n  plupart  dos  vil- 
lages cités  Aulas,  Arphi,  etc.,  sont  également  situés  au  N.-O.  du  Vigan  el  à 
une  faible  distance  de  cette  ville. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


sergent  de  Vissée  chargé  de  signifier  cet  arrêt  par  tout  le 
causse,  ès  toutes  ses  métairies,  en  telle  sorte  que  la  force 
en  est  demeurée  au  Roy  et  à  sa  justice. 

«  Et  d'autant  que  ladite  communauté  et  habitans 
d'Aulas  se  sont  constitués  en  grands  frais  et  despenses, 
outre  l'extraordinaire  peine  qu'ils  ont  prise,  ledit  sergent 
de  Vissée,  désirant  en  quelque  façon  les  indemniser,  leur 
a  donné  tout  le  blé  qu'ils  pourraient  recueillir  de  la  ré- 
colte pendante  dans  les  terres  du  sieur  d'Assas.  »  Par 
une  singulière  anomalie,  le  baron  d'Hierles  et  son  fils  du 
Clos  contresignent  leur  propre  spoliation. 

Le  14  avril  1652,  le  procès  est  porté  devant  le  roi.  Noble 
Étienne  Dunal,  Pierre  de  Quatrefages  (1),  sieur  Pierre 
Mahistre,  fils  àfeu  Pierre,  du  lieu  de  Bréau,  rappellent  que, 
le  26  septembre  1651,  ils  ont  obtenu  acte  de  ratification  et 
d'approbation  du  syndicat  créé  pour  poursuivre  le  procès 
criminelcontre  les  Montfaucon,  syndicat  dont  les  membres 
étaient  :  le  sieur  Mahistre,  noble  Jacques  de  Caladon, 
sieur  de  Lacaze,  fils,  Pierre  de  Quatrefages,  Estienne 
Dunal  et  Charles  d'Albignac,  seigneur  d'Arre.  Les  sommes 
empruntées  jusqu'ici  pour  la  constatation  et  répression 
des  crimes  ont  été  insuffisantes,  «  les  poursuites  vont 
donc  demeurer  suspendues  et  sans  punition  »,  les  mem- 
bres du  syndicat  ont  donc,  «  d'une  commune  voie  et  opi- 
nion, décidé  qu'il  sera  emprunté  la  somme  de  1642  livres, 
du  recouvrement  de  laquelle  les  sieurs  Dunal,  de  Quatre- 
fages et  Mahistre,  sont  chargés,  sous  l'obligation  de  leurs 
biens  propres,  solidairement  et  l'un  pour  l'autre  ». 

La  personnalité  dunotairequi  reçoit  l'acte,  Parlongue, 
homme  intelligent,  actif  et  animé  d'une  haine  particulière 
contre  les  Montfaucon  et  la  personnalité  des  témoins, 
entre  autres  Daniel  de  Montcalm,  sieur  de  la  Baume 

(1)  Ce  Pierre  de  Quatrefages  était  le  fils  de  François  Quatrefages  et  de 
Marie  Balsin  parente  proche  de  Jean  Balsin,  second  consul  du  Vigan  en  1621. 
Pierre  épousa  par  contrat  du  23  octobre  1624  Magdelaine  de  Cayrol.  Un  de 
leurs  fils,  également  nommé  Pierre,  dont  il  est  question  plus  loin,  épousa 
Suzanne  des  Hours  (26  mars  1672),  fille  de  Charles  des  Hours  de  Calviac,  et  de 
Diane  de  Sarret.  Cette  dernière  était  dame  de  Saint-Jean  de  Védas,  près  de 
Montpellier,  un  des  derniers  châteaux  où  se  célébra  le  culte  protestant  avant 
la  Révocation. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


Saint- Véran,  Fulcran  d'Aubignac,  seigneur  de  Madié- 
rès,  etc.,  témoignent  qu'il  va  s'agir  d'un  procès  sérieux 
dont  les  auteurs  ne  reculeront  devant  aucun  sacrifice 
pour  arriver  à  le  mener  à  bien. 

De  son  côté,  Montfaucon  ne  s'endormait  pas.  En  1651, 
il  présentait  une  requête  contre  les  syndiqués  à  messei- 
gneurs  du  Parlement.  11  les  suppliait  de  considérer  que 
Charles  d'Aubignac,  sieur  d'Arre,  Fulcran,  sieur  de  Récol- 
lette, frères,  Jean  François  de  Lavalette,  sieur  de  la 
Condamine,  ayant  conçu  une  haine  mortelle  contre  lui, 
avaient  résolu  de  le  prendre,  «  de  l'assassiner  par  toutes 
sortes  de  moyens,  avaient  fait  plusieurs  assemblées  et 
embûches  en  chemin  pour  le  tuer  ».  Sous  la  menace  de 
cette  haine, en  vertu  des  provisions  qu'il  avait  obtenues, 
il  s'était  mis,  lui  et  ses  domestiques,  sous  la  protection  et 
sauvegarde  du  Roi  (1)  et  de  la  cour,  et  avait  obtenu 
droit  de  prise  de  corps  contre  ses  ennemis.  Néanmoins, 
Etienne  Mahistre,  Gabriel  et  Etienne  Unal,  Quatrefages, 
Caladon,  etc.,  la  plupart  armés  d'épées,  fusils,  pistolets 
et  autres  armes,  attroupés  en  forme  de  gens  de  guerre, 
enseignes  déployées,  seraient  allés,  le  13e  jour  du  présent 
mois  en  la  ville  du  Yigan,  en  plein  jour,  à  dessein  de  le 
tuer. 

L'embuscade  qu'ils  lui  avaient  tendue  ayant  été 
éventée  et  «  leur  pernicieux  dessein  manqué,  ils 
auraient  tiré  plusieurs  coups  de  fusil  et  de  mousquet, 
l'auraient  injurié,  avec  plusieurs  blasphèmes  exécrables 
du  saint  nom  de  Dieu,  par  haine  de  l'ordonnance  de  la 
cour  »,  qui  le  sauvegardait  contre  leur  fureur. 

Le  23  septembre  1651,  Louis  XIV,  par  arrêt  du  Par- 
lement, le  prend  de  nouveau  sous  sa  sauvegarde.  Il  est 
évident  qu'il  y  avait  là,  déjà  à  cette  époque,  une  tendance 
particulière  à  faire  aux  seigneurs  catholiques  en  compéti- 
tion avec  leurs  sujets  protestants,  un  régime  de  partialité 
et  de  spéciale  faveur. 

Entre  temps,  Pierre  de  Quatrefages,  docteur  et  avocat, 

(1)  Le  jugement  prononce  môme  la  peine  de  mort  contre  les  ennemis  de 
Montfaucon, 


ÉTUDjES  HISTORIQUES 


-405 


qui  nous  paraît  l'âme  du  syndicat  de  la  Bréaunèze,  vint  à 
disparaître.  Sa  veuve,  demoiselle  Magdelaine  de  Cayrol,  le 
remplace  dans  le  syndical,  avec  l'énergie  qu'ont  déployée,  à 
plusieurs  époques  de  notre  histoire,  les  femmes  hugue- 
notes. Le  17  juillet  1652,  nouvelle  instance  ouverte  en  la 
chambre  de  l'édit  de  Castres.  Jacques  de  Caladon,  sieur 
de  Lacaze,  syndic  particulier  des  habitants  de  la  Bréau- 
nèze et  de  la  baronnie  d'Hierles,  Etienne  Mahistre, 
écuyer,  demoiselle  Magdelaine  de  Cayrol,  Charles  et  Fui- 
cran  d'Aubignac,  sieurs  d'Àrre  et  de  Madières,  Daniel  de 
Montcalm,  sieur  de  la  Baume  St-Véran,  Pierre  deQuatre- 
fages,  maîtres  Etienne  et  Gabriel  (Jnals,  Jacques  Reilhan 
et  Jean  Anterrieu,  se  portent  partie  contre  les  Montfau- 
con.  Ces  derniers  sont  représentés  par  le  baron  d'Hierles, 
fils  de  Christophe,  son  procureur  Siméon,  dit  la  Plume, 
ses  domestiques,  chambriers  et  palefreniers,  Louis  du 
Clos,  sieur  de  la  Baume,  le  capitaine  Jean  Surville  et  Jean- 
François  de  la  Valette  Combecalde. 

Tous  les  partisans  de  Montfaucon  sont  convaincus  de» 
crimes  à  eux  imputés,  pour  réparation  desquelsils  devront 
être  appréhendés,  amenés  sous  bonne  et  sûre  garde  aux 
prisons  de  la  conciergerie  delachambrede  Castres,  etmis 
en  mains  de  l'exécuteur  delà  haute  Justice.  Ce  dernier  les 
fera,  «  les  jours  accoutumés,  promener  par  les  rues  et 
carrefours  de  ladite  ville,  et,  sur  un  échafaud  qui  y  sera 
dressé,  rompra  et  brisera  les  membres  au  dit  Pierre  de  Mont- 
faucon,  baron  d'Hierles,  et,  après  son  corps  mis  sur  une 
roue  hors  de  la  ville,  à  un  des  carrefours,  pour  y  demeurer 
jusqu'à  être  consumé,  et  sur  une  potence,  qui  y  sera  aussi 
plantée  seront  pendus  et  étranglés  jusqu'à  ce  que  mort 
naturelle  s'ensuive  :  Siméon  la  Plume,  le  capitaine  Sur- 
ville »  et  tous  les  affidés  du  baron  d'Hierles. 

Le  même  arrêt  déclarait  leurs  biens  acquis  etconfisqués 
à  qui  de  droit,  en  réservant  seulement  la  troisième  partie 
pour  leurs  femmes  et  enfans,  sans  préjudice  de  la  somme 
de  10.000  livres  d'amende  à  partager  entre  Caladon, 
Quatrefages  et  les  syndics  qui  avaient  intenté  le  procès. 

Cet  arrêt  spécifie  nettement  le  droit  de  ces  derniers, 


40  6  ÉTCJ  DES   [  IJ  STO  H  JQ  UES 

y  compris  Magdelaine  de  Cayrol,  veuve  de  Quatrefages,  le 
droit  de  prendre  et  de  saisir  au  corps,  en  quelque  part 
qu'ils  pourront  se  trouver  dans  le  royaume,  Montfaucon 
et  ses  complices,  il  est  enjoint  à  tous  magistrats,  gen- 
tilshommes, consuls,  prévôts,  etc.  de  prêter  main-forte  à 
l'exécution  de  cet  arrêt. 

fl  en  résulta  :  d'abord  la  confiscation  effective  des  biens 
du  baron  d'Hierles,  dont  une  partie  fut  donnée  en  1653, 
en  considération  de  ses  services,  à  Claude  d'Assas,  le 
bisaïeul  du  héros  de  Clostercamp.  Il  en  résulta  encore  cette 
chose  tout  à  fait  anormale  pour  l'époque,  une  réunion 
de  notables  et  de  bourgeois  de  la  baronnie  d'Hierles,  se 
syndiquant  après  avoir  fait  les  frais  d'un  procès  retentis- 
sant, pour  lever  les  troupes,  assiéger  le  château  de  leur 
seigneur,  en  vertu  des  ordres  royaux,  et  en  saisir  la  gar- 
nison. 

Ces  actes  d'énergie  n'étaient  d'ailleurs  possibles  sous  le 
règne  du  Roi-Soleil,  qu'à  l'époque  où  Mazarin  écrivait  : 
«  Le  petit  troupeau  broute  une  mauvaise  herbe  mais  ne 
s'écarte  point.  »  Cet  acte,  par  lequel  des  bourgeois  se 
substituaient  à  l'autorité  légale  ,  par  lequel  des  protestants 
mettaient  la  main  sur  des  catholiques,  ne  devaient  pas 
avoir  d'analogues  dans  les  années  qui  suivirent  la  majorité 
de  Louis  XJV. 

Le  coup  de  main  une  fois  réussi,  â  la  réserve  pourtant 
de  Pierre  de  Montfaucon,  qui  s'échappa,  qu'est-ce  que  les 
habitants  de  la  Bréaunèze  allaient  faire  de  leurs  prison- 
niers ? 

La  route  était  longue,  d'Aulas  jusqu'à  Castres.  Elle 
passait  sur  les  terres  de  bien  des  seigneurs  catholiques, 
qui  pourraient  avoir  la  tentation  de  délivrer  leurs  coreli- 
gionnaires. Il  fallut  aviser  aux  moyens  de  les  escorter  avec 
sûreté,  de  les  nourrir  en  route  et  de  les  amener  sans 
encombre  aux  conciergeries  de  la  chambre  mi-partie.  De 
là  nouveaux  frais,  énumérés  dans  un  rapport  de  Jacques 
Mahistre,  chargé  de  l'escorte,  rapport  consciencieusement 
épluché  par  les  membres  du  syndical,  lorsque  Mahistre 
revint  à  Aulas,  sa  mission  heureusement  terminée. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


Etienne  Quatrefages  (1),  consul  deBréau,  lui  avait  remis 
au  départ  la  somme  de  500  livres,  qu'il  dépensa  pres- 
que entièrement.  Ses  étapes  furent,  par  l'Espérou  :  le  logis 
de  M.  de  Sumène,  St-Maurice,  Millau,  laNuéjols,  le  logis 
deFitou,  Vabres,  St-Cernin,  Montfranc,  la  Triballe,  laBeys- 
sonié,  etc.  11  était  escorté  par  50  soldats  de  Bréau  etBréau- 
nèze,  pour  chacun  desquels  il  paie  4  sous  par  nuitée  ; 
à  chaque  ville  protestante,  St-Affrique,  Milhau,  etc.  Il  est  re- 
joint par  des  volontaires  qui  grossissent  ou  remplacent  l'es- 
corte, et  qu'il  s'agit  de  nourrir  aussi.  Aune  ou  deux  étapes 
à  l'est  de  Castres,  un  avocat  général  de  la  cour  se  détache 
à  la  rencontre  du  convoi.  Malgré  les  accidents  prévus, 
chevaux  déferrés,  mulets  de  litière  qui  ont  rompu  leurs 
bats,  le  voyage  ne  dure  que  5  jours,  et  Mahistre,  aussi  bon 
chef  de  convoi  que  scrupuleux  comptable,  ne  demande 
pour  sa  peine  qu'une  solde  de  15  livres  pour  ses  dix  jours 
de  route. 

Il  y  eut  des  faux  frais  néanmoins,  auxquels  durent 
participer  les  habitants  des  lieux  circonvoisins,  depuis 
Ganges  jusqu'à  la  Nuéjols,  et  qui  furent  payés,  le  20 mars 
1653,  suivant  un  état  signé  par  Pierre  Goubert,  François 
Quatrefages  (2)  ,  Guillaume  Brunei,  Etienne  Villaret,  consul 
moderne  d'Aulas,  Arphi  de  Bréaunèze,  Pierre  Mahistre 
Pierre  Boisson,  Pierre  Mazel  et  Pierre  Galari,  députés 
du  syndicat,  et  qui  aboutirent  au  remboursement,  au  comp- 
table Mahistre,  de  la  somme  de  342  livres. 

Mais  le  coup  de  force  réussi  par  les  protestants  de  la 
Bréaunèze  n'avait  pas  intimidé  le  baron  de  Vissée. 
Appuyé  sur  ses  hautes  relations,  allié  d'ailleurs  à  un  grand 
nombre  de  familles  illustres  du  pays,  les  du  Poujol 
d'Olargues,  les  la  Farre  etc.  il  tentait  d'intimider  les 
protestants  et  de  surprendre  l'impartialité  de  la  cour  mi- 
partie.  Sur  les  instances  des  syndiqués,  deux  conseillers 
de  Castres  furent  députés  pour  venir  étudier  sur  place  les 

(1)  Sans  cloute,  oncle  de  Pierre  de  Quatrefages,  mari  de  Magdelaine  de 
Cayrol. 

(2)  Cousin  de  Pierre  de  Quatrefages  de  Cayrol,  il  avait  épousé  Marie 
Mazel,  d'une  famille  protestante  de  Sumène, 


408 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


origines  de  ce  procès,  qui  remontait  déjà  à  plus  de 
cinq  années.  MM.  de  Jullien  et  de  Commerre  furent 
désignés  à  cet  effet  :  l'un  d'eux  au  moins  étaient  protestant, 
M.  de  Jullien  sans  doute,  d'une  famille  qui  eut  plus  tard  la 
terre  de  Scopon,  près  de  Toulouse,  les  possessions  pro- 
testantes  des  la  Tour  de  Pin,  de  la  branche  de  Maleyrar- 
gues,  et  culmina,  en  1753,  en  la  personne  du  marquis  de 
Pégueirolles  (j  ),  premier  président  à  Toulouse. 

Une  supplique  fut  adressée  à  la  chambre  de  l'Édit,  par 
laquelle  Jacques  de  Caladon-Lacaze  et  Pierre  de  Quatre- 
fages,  deux  des  syndics  des  habitants  d'Aulas  et  de  Bréau, 
dépendant  de  la  baronnie  d'Hierles,  se  plaignaient  des 
grands  frais  qu'ils  avaient  supportés  pour  faire  transpor- 
ter sur  les  lieux  MM.  de  Commerre  et  de  Jullien,  con- 
seillers en  la  cour  de  Castres,  députés  par  elle  pour  par- 
faire le  procès  à  28  prévenus,  soldats  du  baron  de  Vissée, 
ce  à  raison  de  plusieurs  crimes  capitaux,  par  eux  commis  ». 
Pour  empêcher  le  jugement  de  ce  procès,  Vissée  exerce 
toutes  les  chicanes  imaginables,  récuse  la  juridiction  delà 
cour  de  Castres,  au  point  que  les  deux  syndics  sont  obli- 
gés a  d'aller  à  la  suite  du  Roi,  à  grand  frais,  pour  faire 
renvoyer  la  cause  en  ladite  cour  ».  Vissée  s'étant  pourvu 
auprès  du  privé  conseil  de  Sa  Majesté,  le  Roi  fait  évoquer 
l'instance  devant  lui.  Une  nouvelle  procédure  en  résulta 
c'est-à-dire  nouveaux  frais,  80  écus  entre  autres,  au  sujet 
desquels  les  impétrants  exposent  qu'ils  sont  ruinés  en 
cette  poursuite.  «  Il  n'est  pas  juste,  ajoutent-ils,  que  les 
dits  suppliants  puissent  être  obligés  de  payer  ces  80  écus  : 
il  n'est  pas  juste  non  plus  que  le  crime  dont  il  est  ques- 
tion demeure  impuni,  faute  de  remettre  la  dite  procé- 
dure en  la  chambre  de  l'Édit  de  Paris.  » 

Il  semble  que  justice  fut  faite  à  la  recommandation 
des  suppliants.  En  tout  cas,  Antoine  de  Commerre  et 
Pierre  de  Jullien  évoquent,  le  7  juillet  1656,  devant  la 

(1)  Les  Julien  sont  sorti •=  du  Levezou  (Àveyron),  et  ont  été  protestants 
pendant  une  partie  du  xvir  siècle.  Us  avaient  dans  le  Gard  actuel,  Mons 
Maleyrargues,  Saint-Just  et  Vacquières;  ces  dernières  terres  appartenaient 
avant  1688  aux  La  Tour  du  Pin  qui  y  maintenaient  la  religion  protestante  Bl 
y  encourageaient  les  assemblées. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


409 


chambre  de  l'édit  de  Castres,  le  représentant  des  syndics 
de  la  Bréaunèze.  Ce  procureur,  nommé  Randon,  se  pré- 
sente pour  Jacques  de  Caladon-Lacaze  et  Pierre  de  Quatre- 
fages,  syndics  des  habitants  faisant  profession  de  la  R.  P.  R 
des  villages  d'Aulas  et  de  Bréau.  Mais  Randon  a  besoin, 
pour  appuyer  ses  dires,  des  quittances  des  communautés 
qui  ont  concouru  avec  Àulas  à  la  prise  et  à  l'escorte  des 
complices  du  baron  d'Hierles.  Or,  les  notaires  de  la  région 
du  Vigan,  soupçonneux  et  pratiques,  ont  craint  que  des 
copies  qu'ils  délivreraient  de  ces  comptes  ne  les  compro- 
missent ou  ne  leur  fussent  pas  payées,  et  ont  refusé  de 
les  minuter.  Randon  obtient  qu'ils  seront  contraints  par 
toute  voie  raisonnable,  d'expédier  ces  copies,  à  peine  de 
de  500  livres  d'amende  et  d'y  être  contraints  par  corps. 
Les  huissiers  chargés  de  signifier  ce  mandement  se  heurtent 
naturellement  à  un  refus  des  communautés  dont  la  plu- 
part, Mon  tdardier  entre  autres,  pourtant  si  intéressé  à  se 
venger  du  baron  d'Hierles,  affirment  n'avoir  aucun 
compte  ou  délibération  ayant  trait  à  la  question. 

Entre  temps,  Yissec  s'occupe  de  ses  affaires  comme 
s'il  n'avait  pas  déjà  été  roué  en  effigie  sur  le  carrefour 
de  Castres.  Le  12  août  1656,  il  vend  sa  terre  et  seigneurie 
de  Rogues  à  noble  d'Albignac,  sieur  de  Madières,  pour 
la  somme  de  1050  livres.  11  use  néanmoins  d'un  certain 
stratagème,  fait  cette  vente  au  nom  de  sa  femme,  Félice 
du  Poujol,  et  fait  remettre  à  cette  dernière  la  somme 
dont  il  s'agit. 

Il  a  besoin  d'argent  pour  continuer  un  procès  aussi 
coûteux  et  aussi  long,  et  donne  pouvoir  à  sa  femme  de  tout 
négocier  en  son  nom. 

Les  délibérations  de  la  Bréaunèze  se  multiplient  pour 
arriver  à  une  solution,  pour  obtenir  l'exécution  de  l'arrêt 
rendu  en  sa  faveur,  et  surtout  pour  se  libérer  des  charges 
écrasantes  qu'entraîne  la  lenteur  du  procès. 

Le  10  février  1661,  les  habitants  de  la  région  se  réu- 
nissent en  conseil  général  dans  le  temple  de  Bréau,  en  pré- 
sence et  sous  la  direction  de  maître  Jean  de  Cayrol,  sieur  de 
Randonnières,  docteur  es  droit,  juge  td'Aulas  et  de  la  Bréau- 


HO  ÉTUDES  HISTORIQUES 

ncze,  beau-frère  de  Pierre  de  Quatrefages,  l'ardent  cham- 
pion des  huguenots,  alors  décédé.  Les  membres  de  l'assem- 
blée sont  :  Pierre  Mahistre  et  Pierre  Boudes,  consuls  de 
Bréau  et  Bréaunèze,  noble  Jacques  de  Caladon  et  sieur 
Pierre  de  Quatrefages,  syndic  des  habitants  d'Aulas  et 
de  Bréau,  François  etEtienne  Quatrefages,  Pierre  Poujade, 
Pierre  Mazel,  François  Doue,  Jacques  Mahistre  et  André 
Nadal,  habitants  de  Bréau  et  Bréaunèze.  La  réunion  est 
motivée  par  les  lettres  d'amnistie  (en  Viganais  «  de 
mixtî  )>),  que  le  baron  d'Hierles  dit  avoir  obtenues  de  la 
cour  de  Paris,  et  qui  sont  confirmées  par  le  député  que  la 
Bréaunèze  a  envoyé  à  la  cour  pour  poursuivre  le  procès. 
L'assemblée  décide  d'envoyer  un  nouveau  député,  «  exprès 
pour  solliciter  et  être  au  jugement,  pour  conserver  notre 
droit  et  demander  réparation  des  crimes  commis  ».  Mais 
il  est  nécessaire  d'emprunter  300  livres  pour  éviter  les 
avantages  que  Vissée  pourrait  obtenir  contre  la  commu- 
nauté. Après  avoir  mûrement  réfléchi,  l'assembléedécide, 
d'une  commune  voix  et  «  sans  discrépance  »,  que  comme 
elle  n'a  aucune  rente  ni  revenu,  elle  délègue  les  deux 
consuls,  Mahistre  et  Boucles,  pour  emprunter  comme  ils 
pourront  la  somme  nécessaire. 

Le  12  mars  de  la  même  année,  nouvelle  réunion 
dans  le  temple,  nouvelle  lettre  de  Senebier,  le  député  de 
la  communauté  à  Paris,  réclamant  les  300  livres  qui  sont 
indispensables  pour  suivre  le  procès.  Pierre  Mahistre 
et  Boudes  sont  encore  chargés  de  se  procurer  cette 
somme. 

Le  21  mars,  la  même  formalité  se  renouvelle  au  même 
lieu.  L'assemblée  est  plus  considérable  encore.  Aux 
membres  déjà  nommés  s'ajoutent  noble  Henri  de  Sur- 
ville, sieur  de  Puechméjan,  François  Quatrefages  (1), 
sieur  de  la  Boquette,  Jean  de  Peyre,  Etienne  Balsin,  le 

(1)  La  descendance  des  Laroquette  quitta  les  Cévennes  pour  passer  on 
Lyonnais  avec  Louis,  directeur  des  fermes  de  Roanne  en  1 7 5 1> ,  et  Pierre 
conseiller  secrétaire  du  Roi  à  Lyon  en  11  Vt  dont  le  petit  lils  .Iran  Rodolphe 
seigneur  de  Lîmonest,  de  Saint-André  du  Coing  et  de  Saint  Didier,  premier 
président  du  bureau  des  finances  de  la  généralité  de  Lyon,  fut  membre  dé 
l'assemblée  de  la  noblesse  de  la  sénéchaussée  de  Lyon  en  1189, 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


descendant  du  fondeur  de  canons  de  Rohan,  Jacques 
Quatrefages,  enfin  la  plus  grande  partie  des  habitants  de 
Bréau  et  de  la  Bréaunêze. 

Cette  fois-ci,  c'est  un  véritable  réquisitoire  que  fait  le 
premier  consul  :  il  s'élève  contre  tous  ceux  qui,  depuis 
«  depuis  10  ans  en  ça  »,  ont  géré  les  affaires  dansla  com- 
munauté. Il  leur  reproche  de  refuser  de  donner  les 
comptes  de  leur  administration,  «  à  cause  qu'ils  ont  en 
leur  pouvoir  denotables  somme  dedeniers,  qu'ils  refusent 
de  délivrer  pour  être  employées  aux  affaires  delà  commu- 
nauté ».  L'assemblée,  émue  de  cette  vibrante  accusation, 
donne  aux  consuls  Mahistre  et  Boucles,  procuration 
pour  poursuivre,  par  toutes  voies  utiles,  tous  ceux  qui 
ont  eu  part  à  la  gestion  des  affaires,  et  refusent  de  mon- 
trer leurs  comptes. 

En  1672,  Etienne  Quatrefages  est  consul  de  Bréau.  11 
reçoit  à  ce  titre  des  lettres  du  député  Senebier,  qui  nous 
apprennent  que  Vissée  est  enfin  incarcéré,  que  la  justice 
a  fini  par  suivre  son  cours,  et  qu'il  gémit  sur  la  paille  de 
la  Conciergerie  de  Paris.  Mais  ce  merveilleux  intrigant  est 
sur  le  point  de  se  tirer  d'affaire.  11  a  pu  réunir  une 
somme  de  1  500  livres,  et,  par  ses  intelligences  avec  le 
geôlier  de  la  Conciergerie,  tente  de  s'évader.  Mais  il  a 
manqué  son  coup  :  et,  se  retournant  avec  sa  dextérité 
habituelle,  il  a  donné  requête  à  la  chambre  de  l'Édit  et  a 
exposé  qu'au  mois  de  juillet  1651,  les  accusations  qu'il 
avait  formulées  contre  ceux  qui  le  poursuivaient  n'avaient 
pas  été  suivies  d'effet.  11  a  donc  demandé  la  révision  de 
cette  procédure. 

Cette  argumentation  paraît  avoir  réussi,  et  certaine- 
ment Vissée  fut  mis  peu  après  en  liberté.  Par  un  revire- 
ment bien  humain,  ceux  qui  s'étaient  réunis  pour  le 
poursuivre  se  tournèrent  les  uns  contre  les  autres.  Une 
fois  leur  entreprise  avortée,  pour  essayer  d'éviter  les  frais 
immenses  de  ce  procès.  Le  21  décembre  1665,  Jacques  de 
Caladon  témoigne  en  justice  qu'il  a  été  fait  syndic  en 
1651  des  habitants  de  la  Bréaunêze  pour  poursuivre  la 
réparation  des  plusieurs  a  foulles,  extorsions,  violements, 


412 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


assassins,  concussions  et  autres  crimes  commis  contre  les- 
dits  habitants  par  le  baron  de  Vissée  ».  Il  énumère  les 
arrêts  qu'il  a  obtenus  en  la  chambre  de  Castres,  au  Séné- 
chal de  Nîmes,  au  conseil  privé  du  Roi,  en  la  chambre 
de  l'Édit  du  parlement  de  Paris.  11  expose  les  dépenses 
qu'il  a  faites  en  considération  dusyndicat.il  explique  qu'il 
a,  depuis  longtemps,  «  requis  les  syndiqués  de  procédera 
l'ouïe  de  ses  comptes,  mais  ces  derniers  n'ont  accepté 
qu'une  partie  de  ses  comptes,  et  comme  le  roi  a  établi  des 
commissaires  pour  la  révision  des  dettes  des  communautés 
il  se  pourvoit  devant  ces  derniers  pour  obtenir  l'examen 
de  ses  comptes  et  le  remboursement  de  ses  avances. 

Deux  procédés  se  présentent  :  ou  bien  les  consuls  de 
la  Bréaunèze  accepteront  la  discussion  immédiate  de  la 
comptabilité  ou  bien,  ils  la  porteront  au  greffe  de  la  com- 
mission royale,  à  Pézenas,  pour  être  examinée  par  les 
commissaires  de  Louis  XIY. 

Que  lit  alors  le  syndicat  de  la  Bréaunèze,  si  puissam- 
ment uni  jusque-là  et  si  fortement  constitué  par  l'acte 
juré,  le  26  septembre  1652,  par-devant  M.  de  Cassagne, 
conseiller  au  sénéchal  de  Nîmes?  Il  préféra  porter  ses 
comptes  devant  le  greffier  de  Pezenas.  On  constata  qu'en 
1652,  800  livres  avaient  été  empruntées  à  Jean  Arbousse, 
que 255  livres  dues  à  divers  furent  rayées  en  1668,  à  faute 
de  justifier  de  l'emploi,  que  cette  somme  fut  rétablie  le 
19  janvier  1659,  et  enfin  payée  par  la  Bréaunèze  vers  cette 
époque. 

Le  syndicat  avait  encore  emprunté  :  à  Jacques  Baumes, 
200  livres;  à  M.  Roussy,  855 livres,  qui  furent  acquittées 
par  Aulas,  dans  les  dernières  années  du  xvnR  siècle. 

A  Pierre  Sales,  on  emprunta  225  livres,  dont  il  restait 
encore  une  dette  de  146  livres  dans  les  premières  années 
du  xviii0  siècle,  742  livres  furent  empruntées  à  Etienne 
Mahistre,  Estienne  Quatrefages,  Pierre  Esticnne  et  Pierre 
Mazel.  Aulas  devait  encore,  en  1680,  127  livres  sur  ce 
total.  Quant  à  Caladon,  on  lui  emprunta  800  livres,  qui 
lui  furent  rendues,  mais  comme  il  ne  fut  pas  payé  dos 
dépenses  accessoires  qu'il  avait  faites  pour  le  procès, 


ETUDES  HISTORIQUES 


413 


on  transigea  encore  en  faveur  de  son  fils,  M.  duCaylou,  à 
qui  la  Bréaunèze  paya  363  livres. 

Mais  à  cette  époque,  les  communautés  de  la  Bréaunèze 
entrent  dans  une  phase  plus  misérable  encore.  Les  dra- 
gonnades de  1683  font  loger  à  Bréau  deux  compagnies  du 
régiment  colonel-général  et  50  places  d'état-major.  Aulas 
logea  la  compagnie  de  Grandval,  Bréau  la  compagnie  de 
Gouhas.  Les  dépenses  qui  en  résultent,  ayant  excédé  ce 
que  la  communauté  devait  dans  la  répartition  générale 
imposée  à  la  viguerie,  le  surplus  servit  à  amortir  les  dettes 
de  la  Bréaunèze.  De  nouveaux  frais  sont  d'ailleurs  venus 
absorber  par  avance  cet  excédent  ;  le  père  Bougas,  ins- 
pecteur de  la  bâtisse  des  églises,  a  fait  élever  une  chapelle 
catholique  à  Bréau,  acheter  pour  355  livres  aux  du  Caylou, 
Puech-Méjan,  Pierre  Martin  et  Survilie  le  terrain  néces- 
saire et  payer  au  sieur  Fulcran  Finiels  «  le  clocher  et 
glacis  de  la  dite  église  »,  «  accordée  »  (quel  mot  déli- 
cieux !)  par  Monsieur  l'Intendant. 

Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  bien  des  causes  se 
réunissaient  pour  ruiner  d'une  façon  définitive  les  habi- 
tants de  la  Bréaunèze. 

Que  devenait  pendant  ce  temps-là  Pierre  de  Montfaucon  ? 
Le  10  mai  1670,  le  procès  était  encore  pendant.  Quelques 
mois  auparavant,  le  6  février,  les  procureurs  et  syndics  delà 
Bréaunèze  se  présententdevant  le  château  du  baron  de  Vis- 
sée pour  lui  signifier  les  arrêts  de  la  chambre  de  l'Edit  de 
Paris.  Le  10  mai,  Bicard,  chargé  à  Paris  des  affaires  des 
syndiqués,  donne  avis  à  ses  commettants  de  faire  diligence 
pour  envoyer  de  l'argent,  afin  de  poursuivre  vigoureuse- 
ment et  obtenir  arrêt  du  Parlement.  Le  procès  contient 
d'ailleurs  plus  de  4300  articles.  L'avocat  remarque  du 
reste  que  Montfaucon  voit  assurément  sa  cause  perdue  et 
que  sa  tactique  consistera  plutôt  à  empêcher  que  l'arrêt 
ne  soit  rendu,  qu'à  y  faire  opposition. 

Qui  se  lassa  le  premier,  du  syndicat  ou  du  baron  de 
Vissée?  Ce  dernier,  encore  qu'il  jouât  sa  tête  et  qu'il 
eût  fait  effectivement  quelques  années  de  prison,  semble 
avoir  trouvé,  dans  sa  situation  sociale  d'abord,  dans  sa 


414 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


qualité  de  catholique,  ensuite,  le  moyen  d'échapper  aux 
foudres  de  la  justice.  Le  procès  qui  se  traînait  depuis  1651, 
et,  comme  nous  venons  de  le  voir,  renaissait  de  ses  cen- 
dres au  milieu  de  1670,  ne  dut  pas  aboutir.  Les  28  soldats 
enfermés  dans  les  prisons  de  Castres  pour  avoir  commis 
d'affreux  briga.ndages  et  tendu  des  embûches  aux  passants 
inoffensifs  dans  les  fossés  du  château  de  Molières,  échap- 
pèrent sans  doute  au  gibet  qui  les  menaçait.  Les  événe- 
ments qui  se  précipitaient,  la  suspicion  qui  environnait 
les  protestants,  leur  mise  hors  la  loi,  qui  se  dessinait 
d'une  façon  précise  entre  1675  et  1685,  n'étaient  pas  des 
circonstances  favorables  pour  leur  faire  rendre  justice,  et 
les  juges  qui  avaient  leur  procès  entre  les  mains  n'étaient 
plus  assez  impartiaux  pour  leur  faire  droit.  Un  seul 
résultat  est  acquis  :  le  baron  de  Vissée  n'ose  plus  repa- 
raître dans  le  pays,  quoique  la  sanction  suprême  soit  refu- 
sée aux  protestants,  sanction  qui,  au  début  du  siècle, leur 
avait  été  accordée,  lorsque,  en  1608,  le  château  de  Mont- 
dardier  fut  rasé  pour  punir  les  déportements  de  ses 
seigneurs. 

Où  sont  les  sacs  de  notre  procès  ?  Sont-ils  à  la  con- 
ciergerie de  Paris?  Sont-ils  au  greffe  de  Toulouse,  dans 
ce  grenier  immense  où  s'entassent  50  000  procès  réunis 
en  forme  de  moellons  figurant  une  forteresse  avec  des 
créneaux,  ses  bastions  et  ses  embrasures  ? 

Que  reste-t-il  de  cette  poussière,  sinon  le  souvenir 
d'un  des  premiers  syndicats,  de  la  lutte  des  notables  d'un 
petit  pays  contre  leur  puissant  seigneur,  le  témoignage 
de  l'énergie  qu'ont  déployée  nos  ancêtres  pour  dé- 
fendre leurs  droits  et  maintenir  leur  liberté  de  conscience. 
Nous  repensons,  en  remuant  ces  poudreuses  archives, 
au  laboureur  de  Virgile,  dont  la  charrue  éventre  des  tom- 
beaux antiques,  et  qui 

Pâlit  de  la  grandeur  des  ossements  romains  : 
Grandiaque  effbssis  mirabitur  ossa  sepulcris. 

A.  DE  Cazenove 


Documents 


CALVIN  ET  MARIE  STUART 

Il  n'est  question  que  deux  ou  trois  fois  de  Marie  Stuart 
dans  la  correspondance  de  Calvin,  par  exemple  lorsque 
Knox  ou  un  correspondant  anonyme  l'informent  qu'elle 
fait  célébrer  la  messe  dans  son  palais,  bien  que  son  peuple 
eût  embrassé  laRéforme  (Opéra  Calmni  Epislolœ  N°*  3584 
et  3612).  Il  ne  semble  pas  que  le  réformateur  français  ait 
jamais  été  en  contact  direct  avec  la  belle  nièce  des  Lor- 
rains. Pourtant,  il  ressort  d'un  texte  qu'on  va  lire  que 
celle-ci,  non  seulement  savait  qui  était  Calvin,  mais  avait 
de  bonne  heure  été  mise  en  garde  contre  son  enseigne- 
ment que  Knox,  un  des  plus  grands  admirateurs  de  la 
Réforme  genevoise  propageait  avec  tant  de  zèle  en  Ecosse. 

Parmi  les  curiosités  de  la  Bibliothèque  nationale  se 
trouve  un  recueil  de  thèmes  écrits  par  la  jeuue  princesse. 
D'après  M .  A.  de  Montaiglon  qui  a  publié  ce  manuscrit,  il  y  a 
plus  d'un  demi-siècle,  dans  un  recueil  anglais  peu  accessible 
(Warton  Club  1855)le  précepteur  qui  dirigea,  c'est-à-dire 
dicta  ou  inspira  ces  exercices  de  langue  et  de  style  était  un 
M.  de  Saint-Estienne.Ildictaitsans  doute  ou  faisait  rédiger 
les  textes  français  que  Marie  devait  traduire  en  latin.  Ce  sont 
généralement  des  lettres,  hypothétiquement  ou  réellement 
adressées  à  des  parents  ou  amis  de  la  princesse,  auxquels 
peut-être  quelques-unes  d'entre  elles  furent  effectivement 
envoyées  pourdonner  uneidée  des  progrès  de  la  jeune  reine. 

Au  milieu  de  ces  pages  sans  grand  intérêt  on  en  trouve 
tout  à  coup  une,  le  thème  XVIII,  qui  est  adressée  à  Calvin 
et  porte  la  date  de  1554.  On  verra  qu'il  reproche  au  réfor- 
mateur, à  grand  renfort  de  citations  plus  ou  moins  pro- 
bantes, de  nier  le  Purgatoire.  Comme  M.  de  Montaiglon 
Ta  déjà  remarqué,  il  est  peu  probable  que  cette  prétendue 
lettre  ait  jamais  été  envoyée  à  Genève,  mais  elle  prouve 
que  dans  l'entourage  de  la  jeune  reine  on  parlait  de  Calvin 
et  on  combattait  son  enseignement.  Cela  n'est  pas  surpre- 


416 


DOCUMENTS 


nant  lorsqu'on  sait  que  celui  qui  dirigeait  l'éducation  de 
la  jeune  Marie  était  le  fameux  cardinal  de  Lorraine. 

Nous  ne  pensons  pas  qu'il  faille  faire  grand  état  de  la 
date  de  1554,  si  ce  n'est  parce  qu'elle  coïncide  avec 
l'année  où  Calvin  atteignit  le  point  culminant  de  sa  renom- 
mée. Parle  supplice  de  Servet  sa  situation  avait  été  défini- 
tivement consolidée  à  Genève  et  l'on  réimprimait  d'année 
en  année  Y  Institution,  c'est-à-dire  le  livre  qui  à  cette  épo- 
quebattit  en  brèche  avec  le  plus  de  succès  le  papisme.  Ainsi 
en  1 553  et  1 554  il  n'y  eut  pas  moins  de  trois  éditions  de  Y  Ins- 
titution, une  latine  et  deux  françaises.  Ladernière  sortit  des 
presses  de  Philbert  Hamelin,  l'apôtre  de  la  Saintonge,  qui 
allait  aussitôt  la  répandre  lui-même  en  France,  en  attendant 
d'être  brûlé  à  Bordeaux  à  cause  de  cette  propagande.  N.W. 

XVIII 

Socratee  disoit  qu'il  i  avoit  deus  voies  par  lesquelles  les  esprits 
sortent  du  corps.  Carceus  qui  se  sont  gardés  chastes  et  entiers,  et 
qui  aus  corps  humains  ont  ensuivi  la  vie  des  Dieus,  ils  retornent 
facilement  à  eus.  Et  ceus  qui  se  sont  du  tout  souillés  de  vie,  ont 
un  chemin  détorné  du  conseil,  et  de  la  présence  des  Dieus.  Maisles 
esprits  de  ceus  qui  se  sont  quasi  fais  serviteurs  des  voluptés,  et 
non  toutefois  du  tout,  sont  longtemps  à  errer  par  la  terre  avant 
que  de  retorner  au  ciel.  Tu  vois  donc  que  Socrate,  Platon,  et  plu- 
sieurs autres  philosophes  ethniques,  ont  eu  cognoissance  du 
purgatoire  que  toi,  doué  de  la  loi  de  grâce,  misérablement  et  à  ta 
perte  tu  nies.  Jésuchrist  le  fils  de  Dieu  te  vueille  rappeler,  Calvin. 
De  Gompienne  18  d'Aoust. 

XVIII 

M.  S  C.  R.  CALVINO  S.  D.  P. 
Socrates  dicabatduplices  esse  vias  quibus  anima?  exeunt  e  cor- 
pore,  nara  illi  qui  se  servarunt  castos  et  integros,  et  qui  in  eorpo- 
ribus  humanis  imitati  sunt  vitam  deorum  redeunt  facile  ad  oos. 
Illi  vero  qui  se  totos  contaminarunt  vitiis  habent  viam  seclusani  a 
consilio  et  prœsentia  deorum.  Sed  eorum  animi  qui  se  prsebue- 
runt  quasi  ministros  voluptatum,  et  non  tamen  omnino,  diu  errant 
circa  terram  antequam  redeant  in  cœlum.  Tu  vides  ergo  quod 
Socrates  et  Plalo  et  plurcs  alij  philosophi  ethnici  habent  notitiam 
purgatorii,  quod  tu,  miseri  et  tuo  damno  negas,  eu  m  sis  dotatus 
lege  gratise.  Christus  filius  Dei  te  avocet  Calvine,  intérim  cura  ut 
recte  et  pie  sapias. 


DOCUMENTS 


417 


LOCKE  ET  LES  PROTESTANTS  DU  LANGUEDOC 
(1676-1677). 

Les  notes  qui  suivent  sont  traduites  du  Journal  de 
Locke.  Le  manuscrit  aujourd'hui  conservé  au  Musée  bri- 
tannique, fut  publié  en  1829  par  un  descendant  du  philo- 
sophe, lord  King,  dans  :  The  Life  and  Lelters  of  John 
Locke,  Londres.  2  vol.  in-8. 

30  décembre  4  675  (N.S.).A  trois  lieues  de  Pont-Saint-Esprit, 
nous  arrivons  à  Orange,  petite  ville  entourée  de  murs  en  quadri- 
latère, moins  considérable  que  Bath.  Les  demi-lunes  à  l'entrée 
des  portes  sont  démolies  par  le  roi  de  France,  ainsi  que  les 
châteaux-forts  qui  se  trouvaient  sur  un  rocher  juste  au-dessus... 
Ici  je  vois  de  quelle  façon  l'on  dévide  la  soie  au  moyen  d'une  ma- 
chine qui  fait  tourner  en  même  temps  cent-trente-quatre  bo- 
bines ;  elle  est  trop  compliquée  pour  que  je  la  décrive  sur  un  simple 
coupd'œil  ;  une  vieille  femme  les  fait  toutes  tourner;  elles- tordent 
et  dévidentla  soie  d'un  même  mouvement.  La  population  de  la  ville 
compte  douze  protestants  pour  neuf  papistes;  deux  consuls  sont 
protestants  et  deux  papistes;  il  y  a  deux  églises  protestantes  ;  l'une 
d'elles  que  nous  sommes  allés  voir  est  une  manière  de  jolie  cons- 
truction, une  seule  arche  de  pierre,  pareille  à  un  pont,  embras- 
sant toute  la  longueur  de  l'église  et  soutenant .  les  chevrons, 
comme  la  poutre  maîtresse  dune  maison;  c'est  pour  une  pareille 
salle  une  façon  de  bâtir  nouvelle  et  non  sans  avantages. 

Nismes,  3  janvier  1616.  Les  protestants  de  Nismes  n'ont  plus 
maintenant  qu'un  seul  temple,  l'autre  ayant  été  démoli  par  ordre  du  . 
roi  il  y  a  environ  quatre  ans.  Deux  des  consuls  sontpapistes  et  deux 
protestants,  mais  ceux-ci  n'ont  plus  comme  autrefois  le  droit  de 
communier  en  robe.  Les  protestants  avaient  bâti  un  hôpital  pour 
leurs  malades,  mais  on  le  leur  a  enlevé:  onleur  y  a  laissé  une  seule 
salle  pour  leurs  malades,  mais  ils  ne  s'en  servent  point,  parce  que 
les  prêtres  les  tourmentent  quand  ils  y  vont.  Malgré  leur  découra- 
gement, je  ne  trouve  pas  que  beaucoup  d'entre  eux  passent  au 
papisme  :  l'un  d'eux  me  dit,  quand  je  lui  pose  la  question,  que 
les  papistes  n'obtiennent  rien,  sinon  par  la  force  ou  par  l'argent. 

4  janvier.  Nous  sommes  arrivés  à  Montpellier  à  une  heure 
avancée  de  la  nuit,  ayant  dîné  dans  une  auberge  protestante,  à 

27 


418 


DOCUMENTS 


Lunel,  à  trois  lieues  de  Montpellier,  et  où  nous  avons  été  bien 
traités. 

Î8  janvier.  Vers  9  heures  ce  matin,  je  suis  allé  à  l'hôtel  de 
ville  (town-hall)  où  les  états  du  Languedoc  alors  assemblés 
dans  la  ville,  tiennent  leurs  séances.  La  salle  est  belle.  Au  fond 
se  trouve  un  siège  plus  élevé  que  les  autres  pour  le  duc  de  Ver- 
neuil,  gouverneur  de  la  province,  quand  il  vient  à  l'assemblée, 
ce  qui  est  rare  et  seulement  quand  il  a  quelque  chose  à  proposer. 
D'ordinaire  le  cardinal  Bonzi,  archevêque  de  Narbonne,  prend  ce 
siège  d'honneur  sous  le  dais;  à  sa  droite  sont  les  évêques,  au 
nombre  de  vingt-deux,  et  les  barons, au  nombre  de  vingt-cinq;  les 
députés  de  la  ville  sont  au  nombre  d'environ  quarante- quatre. 
Vers  10  heures  ils  commencent  à  arriver  dans  la  salle  où  les 
évêques  mettent  leurs  vêtements  d'apparat,  ornés  de  riches 
dentelles:  le  cardinal  est  en  rouge;  dès  qu'il  arrive,  ils  vont  tous 
entendre  la  messe  à  Notre-Dame,  une  église  tout  près  de  là,  et 
vers  11  heures  ils  sont  de  retour  et  commencent  à  siéger,  termi- 
nant à  midi  et  siégeant  rarement  dans  l'après-midi,  à  moins  d'une 
occasion  extraordinaire.  La  session  dure  quatre  mois  par  an, 
commençant  en  octobre  et  se  terminant  en  février. 

19  janvier.  Uzès,  ville  de  la  province  située  à  peu  de  distance 
de  Nismes,  envoyait  tous  les  ans  un  député  protestant  à  l'assem- 
blée des  états  de  Montpellier,  comme  la  population  est  en  majorité 
protestante  ;  on  le  leur  a  interdit  cette  année;  et  cette  semaine  les 
protestants  ont  reçu  ordre  du  roi  de  ne  plus  choisir  des  consuls  de 
la  ville  de  leur  religion;  leur  temple  doit  être  démoli,  c'est  le 
seul  qui  leur  reste,  bien  que  la  ville  soit  aux  trois  quarts  protes- 
tante. On  allègue  comme  prétexte  que,  le  temple  étant  trop  près  de 
l'église  papiste,  le  chant  des  psaumes  trouble  les  offices. 

1er  février.  Les  protestants  sont,  d'ordinaire,  traités  impar- 
tialement par  les  juges,  à  moins  qu'ils  ne  plaident  contre  un 
nouveau  converti,  auquel  cas  on  cherche  à  favoriser  celui-ci.  Les 
protestants  ne  paient  pas  de  taxes  plus  lourdes  que  leurs  voisins, 
mais  ils  sont  incapables  d'exercer  des  charges  publiques.  Dans 
les  dix  dernières  années  on  leur  a  démoli  au  moins  cent- 
soixante  églises.  Dans  cette  région,  ils  vivent  en  assez  bons  termes 
avec  les  papistes  laïques;  tantôt  ils  gagnent  et  t  an  loi  ils 
perdent  des  prosélytes.  On  ne  fait  rien  à  ceux  qui  se  convertissent 
à  la  religion  réformée,  à  moins  qu'étant  auparavant  devenus 
papistes,  ils  ne  soient  relaps;  alors  on  les  poursuil  en  justice 
quelquefois.  Le  nombre  des  protestants  dans  ces  dernières 
années  ne  s'est  poinl  accru  et  n'a  pas  beaucoup  diminué.  Ceux 
qui  passent  à  l'Eglise  de  Home  sont  généralement  séduits  par 
de  belles  promesses,  lesquelles  communément  ne  sont  point 


DOCUMENTS 


419 


tenues.  Les  protestants  ne  mènent  pas  meilleure  vie  que  les 
papistes. 

13  février.  Je  visite  M.  Birto.  Les  protestants  n'ont  pas  eu  de 
synode  général  depuis  dix  ans  :  ils  ont  naturellement  un  synode 
provincial  du  Languedoc  tous  les  ans,  mais  non  sans  la  permis- 
sion du  roi.  Ils  y  font  les  lois  ecclésiastiques  pour  la  province,  à 
la  condition  de  ne  pas  contrevenir  aux  lois  faites  par  le  synode 
national.  Le  synode  comprend  environ  cinquante  pasteurs  et  autant 
de  diacres  ou  d'anciens.  Il  a  le  pouvoir  de  réprimander  ou  de  destituer 
un  pasteur  qui  fait  scandale  ;  il  admet  aussi  les  candidats  à  la  consé- 
cration et  à  être  pasteurs  dans  certaines  Églises,  nul  n'étant  admis 
dans  les  ordres  à  moins  d'avoir  un  poste.  Voici  comment  les 
choses  se  passent  :  quand  une  Église  veut  un  pasteur,  comme 
par  exemple  Montpellier,  si  l'un  des  quatre  pasteurs  est  mort  ou 
parti,  les  candidats  s'adressent  au  consistoire  de  cette  Église» 
Celui  que  le  consistoire  préfère,  reçoit  l'ordre  deprêcher  devant  la 
congrégation  ;  s'il  est  agréé,  le  candidat  se  présente  au  prochain 
synode  ;  quatre  pasteurs  sont  désignés  pour  l'interroger  en 
langues  anciennes,  sur  ses  études  d'université  et  en  théologie. 
Avant  tout  il  doit  exhiber  les  certificats  des  universités  où  il  a 
étudié.  Il  prêche  un  sermon  en  latin  et  un  sermon  en  français 
et,  si  toutes  ces  épreuves  sont  passables,  deux  pasteurs  sont 
désignés  pour  le  consacrer.  Ceux-ci,  après  un  sermon  sur  les 
devoirs  du  ministre,  descendent  de  chaire  et  lisent  devant  le 
candidat  plusieurs  chapitres  des  Epîtres,  où  il  est  question  des 
devoirs  du  ministre  ;  ensuite,  après  une  prière,  il  lui  imposent 
les  mains  en  déclarant  que,  de  par  l'autorité  du  synode,  il  a  pou- 
voir de  prêcher,  de  remettre  les  péchés, de  bénir. les  mariages,  de 
célébrer  la  cène;  ceci  fait,  il  est  ministre  dudit  lieu.  Son  traite- 
ment dépend  du  consistoire. 

Si  quelqu'un  ici  professe  une  doctrine  contraire  à  la  confes- 
sion de  foi  réformée,  le  roi  le  punit,  en  sorte  qu'ici  il  faut  être  de 
l'Église  romaine  ou  de  l'Église  réformée.  Il  n'y  a  pas  longtemps, 
il  arriva  qu'un  homme  d'ici,  inclinant  vers  l'arianisme  et  cherchant 
à  publier  ses  doctrines,  fut  l'objet  d'une  plainte  du  gouverneur 
au  roi.  L'ordre  vint  de  mettre  l'homme  en  jugement,  il  fut  donc 
envoyé  à  Thoulouse;  là,  il  prit  le  parti  de  tout  nier  devant  les 
juges  et  fut  élargi;  s'il  avait  avoué,  on  l'aurait  brûlé  comme  héré- 
tique. 

...Montpellier  compte  30.000  habitants,  parmi  lesquels  il  y  a 
8.000  communiants  à  l'Église  protestante.  Onmeditquele  nombre 
des  protestants  depuis  vingt  ou  trente  ans  a  manifestement  aug- 
menté ici,  et  augmente  encore  quotidiennement,  bien  qu'ils 
perdent  tous  les  jours  quelque  privilège.  Leurs  consistoires  pou- 


DOCUMENTS 


vaient  autrefois  interroger  les  témoins  sous  serment,  il  y  a  dix 
ans  qu'on  leur  a  enlevé  ce  droit. 

/  6  février.  Toute  la  force  de  la  discipline  ecclésiastique  réside 
dans  le  consistoire;  celui  de  Montpellier  comprend  les  quatre 
pasteurs  et  les  vingt-quatre  anciens.  Le  consistoire  décide  à  la 
majorité  de  toutes  les  affaires  de  l'Église,  gère  les  finances, 
ordonne  les  censures,  etc.  C'est  la  majorité  des  voix  qui  l'emporte, 
quand  même  aucun  des  pasteurs  n'aurait  voté  pour.  S'il  s'élève 
entre  eux  quelque  contestation  juridique,  ils  en  réfèrent  à  des  nota- 
bles de  bon  conseil  de  la  ville  ou  à  des  homme  de  loi  protestants. 
Il  y  a  encore  six  conseillers  de  cette  religion,  et  les  avocats  sont 
libres  de  professer  la  religion  qui  leur  plaît. 

Voici  comment  l'on  procède  pour  les  censures  ecclésiastiques  : 
Si  quelqu'un  mène  une  vie  scandaleuse,  on  commence  par  l'exhorter 
en  particulier;  s'il  ne  s'amende  point,  il  est  mandé  par-devant  le 
consistoire  et  admonesté;  si  cette  mesure  ne  donne  aucun  résul- 
tat, on  agit  de  même  avec  lui  devant  la  congrégation  publiquement 
assemblée;  si  malgré  tout  il  reste  incorrigible,  il  est  exclu  de  la 
cène. 

...  19  février.  Mercredi  des  cendres.  Les  censures  publiques 
sont  rares  :  des  deux  derniers  qui  en  furent  l'objet  l'un  avait 
frappé  un  coreligionnaire  à  la  joue  en  pleine  église,  un  jour  de 
communion,  ce  qui  lui  valut  d'être  privé  de  la  cène;  l'autre  avait 
donné  sa  fille  en  mariage  à  un  papiste,  faute  pour  laquelle  il  resta 
excommunié  pendant  six  mois.  L'excommunication  entraine 
simplement  la  privation  de  la  cène,  non  l'exclusion  de  l'Église  et 
du  prêche. 

...21  février.  Le  roi  vient  de  faire  une  loi  qui  défend  les 
mariages  mixtes,  cause  fréquente  de  changement  de  religion, 
surtout  sequioj'is  sexus. 

Aujourd'hui  à  l'église  on  a  beaucoup  toussé. 

24  février.  La  province  de  Languedoc  est  ainsi  gouvernée  : 
le  duc  de  Verneuil,  le  gouverneur,  commande  toute  la  province. 
Il  a  un  pouvoir  assez  semblable  à  celui  du  roi,  bien  qu'il  soit  à 
proprement  parler  lord-licutenant.  Je  n'entends  pas  dire  qu'il 
s'immisce  le  moins  du  monde  dans  les  affaires  judiciaire  s,  soil 
civiles  soit  criminelles.  En  son  absence,  la  province  est  divisée 
en  trois  districts,  ayant  chacun  un  vice-gouverneur  investi  du 
même  pouvoir;  chaque  ville  a  aussi  son  gouverneur,  dont  le 
pouvoir  ressemble  assez  à  celui  d'un  chef  de  garnison.  Montpel- 
lier a  six  consuls,  qui  ont  le  gouvernement  delà  police  munici- 
pale, surveillent  les  poids  et  mesures,  jugent  au  civil  quand  la 
somme  en  litige  ne  dépasse  pas  cinq  livres;  ils  avaient  autrefois 


DOCUMENTS 


441 


une  autorité  considérable,  aujourd'hui  ils  ne  sont  plus  que  les 
serviteurs  du  gouverneur  de  la  ville;  naguère  ils  étaient  trois 
protestants  et  trois  papistes,  mais  les  protestants  ont  été  exclus 
cette  année. 

...  28  mars.  Baptêmes  de  la  religion  à  Montpellier  environ 
300,  enterrements  environ  c260. 

...  /er  mai.  Les  protestants  de  France  sont,  croit-on,  un 
seizième  de  la  population  ;  dans  le  Languedoc  ils  sont  200.000. 

...  Paris.  13  février  1 679.  Depuis  vingt  ans  on  a  démoli  plus 
de  300  églises  protestantes,  depuis  deux  mois  on  en  a  condamné 
quinze  de  plus. 

Locke  garda  longtemps  le  souvenir  de  ce  séjour  en 
Languedoc.  Dans  un  de  ses  ouvrages  philosophiques  écrit 
vers  la  fin  de  sa  vie,  il  rappelle  la  finesse  d'esprit  des 
paysans  languedociens  en  ces  termes  : 

Il  y  a  des  exemples  de  gens  de  condition  très  modeste,  dont 
l'esprit  s'est  haussé  jusqu'à  bien  sentir  et  à  bien  comprendre  la 
religion...  Car,  si  je  ne  me  trompe,  les  paysans  réformés  de  France 
(classe  de  la  société  beaucoup  plus  accablée  par  le  besoin  et 
la  misère  que  les  journaliers  d'Angleterre)  comprenaient  la 
religion  bien  mieux  et  raisonnaient  mieux  là-dessus  que  ceux 
d'une  condition  supérieure  parmi  nous.  »  Works,  III,  p.  207. 

Ch.  Bastide. 


MADAME  DE  BR Al L  DE  M0ULENS 

Le  22  février  1686,  on  arrêtait  à  Agen  plusieurs  reli- 
gionnaires  qui  cherchaient  à  gagner  Bordeaux  et,  de  là, 
une  terre  de  liberté  (1).  Au  nombre  de  ces  prisonniers,  se 
trouvaient  un  gentilhomme  de  Puylaurens,  Jean  de  Brail 
Sr.  de  Moulens,  et  sa  femme  Louise  Dupuy  (2). 

(1)  Ces  fugitifs  étaientles  suivants  :  Jérémie  Dupuy,  de  Caraman;  Etienne 
Malabiou  (ou  Maillabiou),  de  Castres  ;  Jean  Mascarenc  et  sa  femme  Margue- 
rite Salavy,  de  Castres;  Marquis  Caudié  et  sa  femme  Françoise  Rigal,  de 
Bruniquel;  Jean  de  Brail  Sr  de  Moulens,  sa  femme  Louise  Dupuy  et  leur 
valet  lsaac  Lanis.  —  Cf.  Du  Puy,  la  Juste  reconnaissance,  éd.  de  Toulouse; 
Baird,  Réf.  hug.  en  Amérique,  traduction  française  ;  Arch.  du  Tarn  B,  241 
France  Prot.  2e  éd.  111,  74  et  V.  919,  921. 

(2)  Leur  contrat  de  mariage  avait  été  retenu  par  Paul  Tournier  notaire  à 
Saint-Paul  le  4  août  1659.  —  Louise  Dupuy  était  fille  de  Samuel,  docteur  et 
avocat,  Sr  de  la  Bousquetié,  et  de  Marie  Le  Roy. 


Plutôt  que  de  renier  leur  foi,  ils  ont  laissé  dévaster 
par  les  dragons  leurs  métairies  et  leur  château  de  Roque- 
vidal,  ils  ont  enduré  les  fatigues  et  couru  les  dangers  de  la 
fuite.  Mais  maintenant,  devant  la  perspective  des  galères 
ou  de  la  réclusion  perpétuelle,  ils  ont  une  défaillance  -et 
consentent  à  abjurer. 

Mis  en  liberté  le  premier,  M.  de  Moulens  se  rend  à 
Bordeaux  et  s'embarque  pour  l'Angleterre  où  il  «  recon- 
naît »  aussitôt  sa  faute,  et  où  il  est  «  reçu  à  la  paix  de 
l'Église  »  ;  puis  il  passe  en  Allemagne  et  prend  du  service 
dans  les  troupes  de  l'Electeur  de  Brandebourg.  —  Quelques 
années  plus  tard  il  meurt  en  Saxe. 

Quant  à  Louise  Dupuy,  «  n'ayant  pas  été  assez  à  temps 
à  Bordeaux  pour  s'embarquer  avec  son  mari,  elle  fut  prise 
un  soir  sur  le  port  où  elle  devait  s'embarquer  cette  nuit- 
là  pour  le  suivre  ».  Le  document  publié  ci-après  raconte 
les  circonstances  de  cette  arrestation.  Mais  l'ami  inconnu 
qui  a  rédigé,  écrit  et  signé  cette  supplique,  ne  s'est  cer- 
tainement pas  inspiré  des  sentiments  de  la  noble  prison- 
nière, quand  il  lui  fait  demander  la  liber  té  «  afin  de  pouvoir 
faire  l'exercice  de  sa  religion  catholique  »  :  une  lettre  du 
28  août  1686  nous  apprend,  en  effet,  que  «  Madame  de  Mou- 
lens est  à  Tholose  dans  un  cloître  depuis  deux  mois  pour 
ne  vouloir  pas  faire  les  exercisses  »,  et  que  ses  biens  sont 
saisis  en  même  temps  que  ceux  de  son  mari  fugitif. 

Bientôt  d'ailleurs  le  régime  du  couvent  fut  jugé  trop 
doux,  puisqu'il  n'avait  pas  réussi  à  abattre  le  courage  de 
la  recluse,  qui  fut  transférée  dans  les  prisons  de  l'Hôtel  de 
Ville.  Toujours  môme  obstination,  entretenue,  pensa-t-on, 
par  des  visites  ou  des  messages  d'amis  dévoués.  Aussi,  en 
mai  1687,  Madame  de  Moulens  fut-elle  tirée  de  son 
cachot,  éloignée  de  tous  les  siens,  reléguée  en  plein  pays 
catholique  et  confiée  aux...  soins  des  religieuses  de 
Sl-Etienne  en  Forez.  Mais  elle  ne  voulut  jamais  «  faire 
aucune  fonction  de  cette  religion  qu'elle  avait  embrassée 
par  force  ».  Elle  lassa  le  zèle  de  ses  nouveaux  convertis- 
seurs, et  enfin  «  le  roi  la  lit  sortir  lorsqu'il  lit  sortir  tous 
les  confesseurs  qui  étaient  dans  les  prisons  »,  Conduite  en 


DOCUMENTS 


Suisse,  elle  rejoignit  son  mari  en  Allemagne  et  s'établit 
plus  tard  à  Berlin. 

Là  s'arrêtent  nos  renseignements  à  son  égard:  ils  suf- 
fisent à  montrer  ce  que  peut  la  force  de  Dieu  s'accom- 
plissaitt  dans  la  faiblesse  d'une  pauvre  créature  humaine. 

G.  Dumons. 

A  Monseigneur.  Monseigneur  de  De  Lamoignon  cher  conDT  d! Estât 
Jntandant  en  la  province  de  Languedoc. 

Suppie  humblement  dame  Louise  Dupuy,  femme  de  noble  Jean 
de  Brail  sieur  de  Moulins,  disant  qu'à  cause  des  garnisons  extra- 
ordinaires de  diverses  troupes  de  gens  de  guerre  quy  ont  esté 
baillés  aud.  S'  de  Moulens  dans  son  château  de  Roquevidal  près 
Puilaurans  au  diocèse  de  Lavaur,  quy  leur  ont  prins  et  ravagé 
tous  leurs  biens,  bestiaux  et  autres  effets  mobilaires  de  notable 
valleur  et  réduit  la  supliante  et  sond.  mary  à  ne  pouvoir  pas  sub- 
cister,  elle  auroit  été  obligée  de  se  retirer  ailleurs  pour  la  conser- 
vation de  sa  personne,  et  se  transporter  en  la  ville  d'Agen,  où  la 
supliante  adjura  la  R.  P.  R.  entre  les  mains  du  sieur  grand  vicaire 
dud.  lieu  quy  luy  en  expédia  son  certifficat  le  dernier  février  der- 
nier, à  suite  de  quoy  la  supliante  alla  visiter  le  sieur  de  Lupé  son 
beau-frère  et  damlle  Dupuy  (1)  sa  famme  sœur  de  la  supliante, 
habitans  à  leur  maison  de  campagne  à  trois  ou  quatre  lieues  dud. 
Agen  ;  et,  après  y  avoir  fait  quelque  séjour,  elle  s'en  alla  en  la  ville 
de  Bourdeaux  pour  apprendre  des  nouvelles  dud.  sieur  de  Moulens 
son  mary;  mais  elle  feust  arrestée  avec  un  de  ses  parans  habi- 
tant dud.  Bourdeaux,  deux  jours  après  son  arrivée  aud.  Bourdeaux, 
en  s'an  allant  à  la  campagne,  par  des  gens  de  guerre,  de  l'ordre  de 
Monsieur  l'Intandant  de  Guienne  et  des  Consulz  de  lad.  ville,  soubz 
préteste  du  soubçon  qu'ils  avoint,  contre  toutte  apparance,  que 
la  supliante  vouloit  sortir  du  Roiaume,  au  préjudice  des  déclara- 
tions de  Sa  Majesté  et  des  ordonnances.  En  sorte  que  lesd.  consulz 
luy  prindrent  et  enlevèrent  la  somme  de  645  1.  en  quatre  pièces 
de  quatre  pistolles,  quarante  deux  louis  d'or,  un  demy  louis  d'or 
et  une  pièce  de  trante  sols  qu'elle  aportoit,  ensemble  le  certifficat 
de  son  adjuration,  comme  aussy  luy  firent  saisir  et  arrester  dans 
Bourdeaux  les  habits  et  linge  qu'elle  y  avoit.  Et  despuis  la  suppte 
a  esté  conduite  aud.  Puillaurans,  par  quelque  officier  des  troupes 
de  Sa  Majesté  avec  quelques  dragons,  où  elle  arriva  le  trantiesme 
lire  :  treizième)  du  courant  et  a  esté  deslivrée  entre  les  mains 

(1)  Marie  Dupuy  avait  épousé  (contrat  Bosquet  notaire  à  Algans,  5  juillet 
(1666)  Josué  de  Luppé  de  Tillac  S  de  Talbosc  et  habitait  le  Fezensaguet. 


424 


DOCUMENTS 


des  consuls  diid.  Puilaurans,  quy  l'ont  remise  en  celles  de  demlle 
Delaline  directrisse  des  Filles  Dévotes  dud.  Puilaurans  où  elle  est 
détenue,  luy  aiant  seulement  permis  d'aller  voir  la  sainte  messe 
le  16  du  courant,  ainsin  que  résulte  du  certifficat  du  Sr  Gaillard 
pbre  et  curé  de  Puilaurans.  Et  d'autant  qu'il  n'est  pas  juste  qu'elle 
demure  plus  longtemps  dans  la  maison  desd.  Filles  Dévotes,  veii 
mesmes  que  par  vostre  ordce  du  4e  du  courant,  publiée  et  affichée 
aud.  Puilaurans  le  susd.  jour  13e  du  courant,  jour  de  l'arrivée  de 
la  suppliante,  il  est  accordé  délay  de  quinsaine  à  tous  ceux  de  la 
province  quy  ont  abandonné  leurs  maisons  d'y  revenir,  moienant 
quoy  touttes  poursuites  cesseront  à  leur  esgard;  et  attendu  que 
la  supliante  y  a  satisfait,  elle  a  recours  à  vostre  justice  à  ce  que, 
veù  vostred.  ordonnance  et  certifficat  dud.  sieur  curé  de  Puilaurans 
cy  attachés,  il  vous  plaise,  Monseigneur,  ordonner  que  la  supliante 
sera  mise  en  liberté,  à  l'instant  du  commandement  quy  sera  fait 
ausd.  consulz  de  Puilaurans,  à  lad.  Demlle  de  Lalineou  autres  dé- 
tenteurs de  sa  personne,  afin  de  pouvoir  faire  l'exercisse  de  sa 
religion  catholique,  à  paine  d'y  estre  constrains  par  fraction  de 
portes  et  par  corps.  Et,  ce  faisant,  que  les  consulz  ou  jurats  dud. 
Bourdeaux  et  autres  détenteurs  dud.  argent  et  autres  choses  qu'ils 
détiennent  à  la  supliante  le  luy  randront  aussy  à  l'instant  du  com- 
mandement, à  peine  d'y  estre  constrains  par  toutes  voyes  et  par 
corps,  et  la  supliante  priera  Dieu  pour  vostre  santé  et  prospérité. 

(signé)  Blaud. 

Nous  ordonnons  que  lad.  dame  de  Moulins  sera  remise  entre 
les  mains  du  Sr  de  Najac  (1)  à  la  charge  de  faire  les  exercices  de 
la  Religion  catholique,  apostolique  et  romaine.  FaitàPuylaurens, 
le  premier  may  1686. 

(signé)  Delamoignon. 
Par  Monseigr  (signé)  Lesellier. 

L'an  m.  vie  quatre  vings  six  et  le  second  may,  par  moy  Jean 
Bourgues,  huissier  au  domaine  reçu  par  monsieur  le  juge  de 
Puilaurens  y  habitant  soubsné,  à  la  réquisition  de  dame  Louise  dé 
Dupuy  femme  de  noble  Jean  de  Brailh  sieur  de  Moulens,  avons 
intimé  et  signifiée  la  requeste  et  ordonnance  rendue  au  pied  d'icelle 
par  monseigneur  l'Intandant  de  la  présante  province,  à  mon  pré- 
sent exploit  original  attaché,  en  dacte  du  premier  du  courant,  de 
point  en  point,  selon  sa  forme  et  tenur,  à  messieurs  les  consuls 
modernes  dud.  Puilaurens  aux  fins  ne  l'ignorent  ;  parlant  à  Sieur 

(1)  Philippe  de  Gineste  Sr  de  Najac  avait  épousé  en  secondes  noces  (con  - 
trat Vialas  notaire  à  Puylaurcns  22  juin  1613)  Antoinette  Dupuy.  sœur  de 
Mmc  de  Moulens. 


DOCUMENTS 


425 


Pierre  de  Trinquier  sieur  de  la  Plaine  premier  consul  dud.  Puils, 
auquel  trouvé  en  personne  aud.  Puilaurens  luy  ay  baillé,  tant  pour 
luy  que  pour  ses  collègues,  tant  de  lad.  requeste  et  ordonnance 
que  présent  exploit.  En  foy  de  ce 

(signé)  Bourgues. 

Controllé  à  Puilaurens  le  second  may  1686. 

(signé)  Gontier. 


L'ORIGINE  DU  SOULÈVEMENT  DES  CAMISARDS 
AU  BAS -LANGUEDOC 


L'Affaire  du  Prieur  des  Valérargues  (1)  racontée 
par  un  témoin  catholique 

Il  est  un  fait  certain  que  tous  les  nouveaux  documents 
viennent  confirmer;  c'est  que  la  barbarie  de  l'abbé  du 
Chayla  (2)  et  les  supplices  terrifiants  qui  suivirent  son 
assassinat  firent  soulever  les  Cévennes  ;  il  est  aussi  prouvé 
qua  son  tour  le  Bas-Languedoc  fut  entraîné  dans  cette 

(1)  Valérargue  est  un  ancien  petit  village  (259  h.)  du  canton  de  Lussan,  à 
15  kilomètres  d'Uzès  (Gard);  on  le  voit  de  la  grande  route  sur  une  hauteur 
au  milieu  de  la  plaine  et  ses  vieilles  maisons  s'échelonnent  à  travers  des 
arbres  toujours  verts. 

(2)  Voltaire  qui  le  premier  vint  consulter  les  archives  du  ministère  de  la 
guerre  pour  écrire  l'histoire  du  siècle  de  Louis  XIV,  fut  convaincu  de  la  cul- 
pabilité de  l'abbé  du  Chayla,  d'après  les  pièces  officielles  qu'il  étudia  et  dans 
le  chapitre  sur  le  Calvinisme,  il  accuse  l'archiprêtre  des  Cévennes  d'avoir 
provoqué  la  guerre.  Le  baron  d'Aigaliers  dans  ses  Mémoires,  après  avoir 
parlé  de  la  mort  de  l'abbé  du  Chayla,  ajoute  :  «  Voilà  l'origine  des  derniers 
troubles  du  Languedoc,  qu'on  appelé  Camisars,  non  pas  un  projet  de  prendre 
les  armes  concerté  par  les  huguenots,  comme  l'a  voulu  persuader  à  la  cour 
le  clergé,  voulant  excuser  leur  faute,  en  la  rejetant  sur  des  innocens  qui 
n'ont  eu  que  trop  de  complaisances  pour  les  hommes,  puisqu'ils  l'ont  poussée 
jusqu'à  trahir  leur  concience.  » 

Un  cévenol,  Jacques  Morin,  dit  aussi  :  «  que  l'abbé,  ce  cruel  cœur  de  lion, 
acquitta  en  quelques  années  le  grand  nombre  de  dettes  que  son  château  devait 
en  ruinant  les  Cévennes  »  et  le  baron  d'Aigaliers  assure  que  l'archiprêtre 
acquit  à  ce  métier  4.000  livres  de  rente;  ces  sortes  d'accusations  sont  encore 
mentionnées  dans  le  rapport  du  comte  de  Peyre,  Intendant  général  de  la 
Province  (Archives  historiques  de  la  guerre,  Volume  1614,  f°  46).  Voy.  du  reste, 
plus  haut,  pp.  243-253,  l'article  intitulé  Précisions  documentaires  sur  l'histoire 
des  Camisards. 


DOCUMENTS 


révolte  par  la  rigueur  avec  laquelle  on  avait  puni  la  sédi- 
tion de  Valérargues,  le  11  juin  1701.  Les  nouveaux  con- 
vertis du  diocèse  d'Uzès  alors  prêts  à  d'impitoyable  repré- 
sailles attendirent  le  premier  appel  des  Cévenols  pour  se 
joindre  à  eux  et  venger  leurs  martyrs.  Ce  fut  l'origine  de 
la  participation  du  Bas-Languedoc  au  soulèvement  des 
Cévennes,  qui  devint  la  guerre  des  Camisards. 

Ces  deux  répressions  sanglantes  qui  eurent  les  plus 
graves  conséquences,  ne  nous  laissent  aucun  doute  sur  la 
brutalité  et  le  pouvoir  du  clergé  sous  Louis  XIV  pendant 
ces  années  de  persécutions,  comme  aussi  sur  sa  responsa- 
bilité, qui  du  reste  est  affirmée  par  Monsieur  de  Pàratte 
commandant  à  Uzès. 

11  avait  la  hardiesse  d'écrire  à  M.  de  Chamillart  (1)  le 
6  juillet  1704  :  «  Si  j'ozois  vous  dire  Monseigneur  qu'il 
«  seroit  à  propos  pour  le  bien  de  la  Religion  et  du  service 
«  du  Roy  de  retenir  Monsieur  Yévêque  d'Uzès  (2)  où  il 
«  est  s'en  seroit  un  d'y  atirer  l'évêque  d' A  lais  (3)  ;  ces  deux 
«  prélats  sont  en  partie  cause  du  désordre  de  cette  pro- 
«  vince  par  leur  dureté  et  injustice  »  (4). 

Voilà  qui  est  catégorique  ! 

Les  historiens  catholiques  contemporains  des  Cami- 
sards ont  généralement  passé  sous  silence  cette  émotion 
populaire  qui  s'appelle  :  L'Affaire  du  Prieur  de  Valé- 
rargues. 

Bien  au  contraire  un  officier,  le  colonel  de  Marcilly  (5) 
qui  était  venu  combattre  les  Camisards  pendant  la  cam- 
pagne du  comte  de  Broglie  attacha  une  grande  impor- 

(1)  Ministre  de  la  guerre  de  1701  à  1708. 

(2)  Monseigneur  Poncet  de  la  Rivière,  ancien  officier  de  cavalerie  et  plus 
soldat  que  prêtre,  fut  un  persécuteur  implacable.  Il  était  alors  à  Paris. 

(3)  François  Chevalier  de  Saulx,  premier  évêque  d'AIais,  fut  nomme  en 
1694  pour  anéantir  les  huguenots  des  Cévennes.  L'érection  de  cet  évéché 
eut  lieu  dans  ce  but,  «  suivant  les  saintes  intentions  du  Roy  »  écrivait  le  car- 
dinal de  Bonzy  à  l'évêque  de  Montpellier  {Chroniques  du  Languedoc). 

(4)  Archives  historiques  ministère  de  la  guerre,  Volume  1798,  p.  T;8. 

(5)  M.  le  marquis  de  Marcilly,  colonel  d'un  régiment  de  son  nom,  le  com- 
mandait en  Languedoc  en  1703.  Il  tomba  souvent  dans  les  embuscades  des 
Camisards  et  sut  en  tirer  vengeance.  Lorsqu'il  entra  en  vainqueur  à  Genolhac 
(février  1703)  il  s'empara  des  réformés,  tranquilles  dans  leurs  maisons,  et  les 
fît  périr  par  la  main  des  soldats  (Antoine  Court,  t.  [,  page  232), 


DOCUMENTS 


tance  à  cette  manifestation  hostile,  car  il  voyait  en  elle  ce 
feu  qui  couvait  sous  la  cendre  et  d'où  allait  s'envoler 
l'étincelle  qui  embraserait  le  pays. 

Connaissant  les  préoccupations  de  la  Cour  il  envoya 
à  M.  de  Chamillartle  il  novembre  1703,  de  Poncharraen 
Dauphiné  où  il  était  en  résidence,  un  mémoire,  pour  lui 
donner  le  moyen  de  pacifier  le  Midi  et  quoique  mal  ren- 
seigné, aveuglé  par  les  idées  fausses  de  son  temps  et  de 
son  état,  il  donne  aux  faits  qu'il  mentionne  l'importance 
qu'ils  ont  eue. 

Voilà  le  début  de  ce  mémoire  concernant  les  affaires 
du  Languedoc  (1) . 

Trois  choses  principalles  sont  en  partie  cause  de  la  conti- 
nuation de  tous  ces  désordres. 

La  première  —  par  l'impunité  de  la  prophanation  de  l'église  de 
Vallérargue  (2)  diocèse  d'Uzès  arivé  au  mois  de  mai  1701  et  par  le 
massacre  de  l'Abbé  du  Chaila  arivé  au  Pont  de  Montvert  le  24  juil- 
let 1702. 

Voilà  le  commencement  de  tous  ces  désordres. 

La  deuxième  —  pour  avoir  armé  plusieurs  milices  bourgeoises 
qui  se  sont  laissés  battre  et  enlever  des  armes  ce  qui  a  fourny 
la  plus  grande  partie  des  armes  des  rebelles,  et  pour  avoir  mis  la 
plupart  de  ces  bourgeoisies  en  garnison  dans  les  lieux  qui  paroi- 
soient  les  plus  coupables  pour  en  tirer  seulement  de  V argent,  nom- 
mant cette  sorte  de  punition  pure  perte. 

La  troisième  —  pour  n'avoir  pas  connu  ou  voulu  connoitre  de 
quoi  il  s'agit,  à  qui  l'on  avoit  à  faire  et  la  manière  comme  il  faloit 
se  comporter  pour  l'apaisement  de  cette  naissante  révolte  joint  à 
la  mauvaise  disposition  des  troupes,  sans  oublier  les  égards  qu'on 
avoit  pris  pour  les  personnes  recommandées. 

On  verra  par  la  suite  que  ce  que  M.  de  Marcilly 
appelle  l'impunité  était  tout  autre  chose.  L'essentiel  c'est 
qu'il  donne  à  l'affaire  de  Valérargues  une  signification 
prépondérante. 

Le  Président  de  La  Baume  (3)  qui  écrivait  à  l'époque 

(1)  Archives  historiques  du  Ministère  de  la  guerre,  Volume  1708.  pace  239, 

(2)  L'église  n'était  autrefois  qu'une  toute  petite  chapelle  qui  fut  agrandie, 
même  douhléccn  168G  et  qui  ne  fut  remplie  de  fidèles  qu'à  force  [d'amendes, 
d'emprisonnements  et  de  supplices. 

3)  Relation  historique  de  la  révolte  des  Camisards.  page  3."». 


430 


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même  des  troubles  fait  à  peine  allusion  à  celte  émeute 
dans  ces  termes  dont  on  verra  tout  à  l'heure  l'inexacti- 
tude. Voici  son  récit  : 

Daniel  Raouls,  de  la  paroisse  de  Vagnas  en  Vivarais  fut  uirde 
ceux  qui  se  distingua  le  plus  en  fanatisme.  Il  disoit  que  Dieu  lui 
avoit  donné  l'esprit  du  prophète  Daniel. 

11  fit  un  grand  nombre  de  prophètes  et  de  prophétesses.  Ses 
disciples  et  ses  émissaires  (1),  au  mois  de  juillet  de  l'an  1701,  eurent 
l'audace  d'aller  en  plein  jour  à  l'église  de  Vallerargues,  d'en 
rompre  le  tabernacle,  d'en  emporter  les  vases  sacrés  et  de  com- 
mettre plusieurs  autres  désordres.  On  prit  Alexandre  Jaussaud  (2) 
et  quelques  autres  des  plus  coupables  que  Monsieur  de  Basville 
jugea  à  Uzès  le  25  du  même  mois  avec  des  commissaires  du  Pré- 
sidial  de  Nismes. 

Jaussaud  convaincu  d'avoir  brisé  le  tabernacle  fut  brûlé  vif. 

Ces  exemples  n'aiant  pas  arrêté  Raouls,  il  continua  ses  assem- 
blées séditieuses  où  il  engendrait  une  infinité  de  prophètes. 

Dans  le  Fragment  de  la  guerre  des  Camisards  Fauteur 
anonyme  cite  en  passant  seulement  l'horrible  sacrilège 
commis  à  Valleraugue  (3)  comme  si  Valleraugue  et  Valé- 
rargues  étaient  une  même  localité.  Il  donne  ensuite  une 
partie  tronquée  du  jugement.  On  ne  peut  reprocher  à 
Antoine  Court  (4)  que  d'avoir  été  trop  bref;  mais  il  est 
exact  en  s'exprimant  ainsi  : 

Rapportons  quelques  exemples  du  zèle  aveugle  et  barbare  des 
ecclésiastiques. 

Le  Prieur  de  Valeirargues  près  d'Uzès,  ayant  découvert  sur  ses 
pas  un  jeune  berger  à  genoux  faisant  sa  prière,  le  traina  par  les 
cheveux  dans  sa  maison  et  afin  que  Guiraud,  Juge  de  Lussan,  en 
put  dresser  un  procès-verbal,  il  alla  lui-même  demander  du  papier 
marqué  au  fils  du  notaire  nommé  Boulon. 

Celui-ci,  non  seulement  refusa  de  lui  en  donner,  mais  le  taxa 

(1)  Aucun  des  émissaires  de  Daniel  Raouls  ne  vint  à  Valérargues  en  juil- 
let 1701  puisque  dès  le  //  juin  les  prétendus  coupables  avaient  subi  les  sup- 
plices de  la  roue  et  du  gibet.  Autre  erreur  :  les  vases  sacrés  ne  furent  pas 
emportés. 

(2)  Alexandre  Jaussaud  ne  vint  jamais  à  Valérargue  puisqu'il  fui  COD 
damné  le  M  juillet  1701  pour  un  motif  inconnu.  On  voit  combien  il  faut  se 
méfier  de  la  prétendue  exactitude  de  La  baume. 

(3)  Ce  Fragment  a  été  publié  et  annoté  par  Marins  Talon  privas  1867)  qui 

n'a  pas  remarque  L'erreur  de  son  chroniqueur. 

(4)  Histoire  (tes  Camisards,  Livre  I,  p&geS  l2i-'2.ri. 


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de  faux  prophète  et,  par  une  suite  de  la  dispute  qu'ils  eurent 
sensemble,  ce  jeune  homme  courut  à  l'église  du  lieu,  jeta  tous  les 
ornemens  dans  un  puits  et  ne  se  fit  aucune  peine  de  raconter  à 
qui  voulut  l'entendre  ce  qu'il  venoit  de  faire;  il  poussa  même  la 
sécurité  si  loin  qu'il  se  retira  tranquillement  chez  lui  où  il  fut 
arrêté  et  avec  lui  un  nommé  Olimpe  son  voisin,  mais  qui  n'avoit 
eu  aucune  part  à  son  action. 

Ils  furent  conduits  à  Uzès  où  Basville  fit  rouer  le  jeune  Bouton 
après  lui  avoir  fait  couper  le  poing  (1)  et  fit  pendre  Olimpe, 
nonobstant  toutes  les  preuves  qu'il  put  donner  qu'il  avait  même 
ignoré  le  dessein  de  Bouton. 

Les  prêtres  des  autres  cantons  n'en  usoient  pas  avec  plus  de 
douceur  que  le  Prieur  de  Valeirargues. 

Un  bourgeois  d'Uzès  Siméon  Abauzit  qui  vivait  à  la 
fin  du  xvine  siècle,  homme  instruit  et  curieux  qui  eut  le 
loisir  de  recueillir  dans  le  pays  même  les  vestiges  de  ce 
qui  s'était  passé,  raconte  ainsi  dans  ses  Mémoires  le 
tumulte  et  sa  répression. 

En  1701  le  Prieur  de  Valeirargues,  petit  village  près  de  Lus- 
san,  traîna  lui-même  par  les  cheveux  un  jeune  berger  parce 
qu'il  l'avait  rencontré  priant  comme  les  huguenots. 

Il  dénonça  le  fils  du  notaire  Jacques  Bouton  et  le  sieur  Olimpe 
qui  avaient  blâmé  cette  violence.  Bouton  fut  roué  vif  à  Uzès. 
Olimpe  fut  pendu.  La  sentence  fut  exécutée  sur  la  place  publique 
d'Uzès. 

Mais  M.  Weiss  nous  a  communiqué  la  copie  d'un 
document  catholique  anonyme  et  contemporain  qui 
apporte  sur  ce  point  des  révélations  émanant  certaine- 
ment d'un  témoin  oculaire. 

L'auteur  qui  les  consigne  est  très  probablement  l'abbé 
Poncet  de  la  Rivière,  vicaire  général  du  diocèse  d'Uzès  où 
son  oncle  Mgr  Michel  Poncet  de  la  Rivière  était  évêque 
depuis  1678. 

L'abbé  était  tourmenté  par  les  agissements  des  reli- 
gionnaires  et  redoutait  le  sort  qu'ils  réservaient  aux  gens 
d'Église  leurs  plus  infatigables  persécuteurs. 

(1)  Quoique  cette  aggravation  dans  le  supplice  ne  soit  pas  mentionnée  dans 
le  jugement,  elle  est  probable;  c'était  la  punition  des  sacrilèges. 

(2)  Monseigneur  Poncet  de  la  Rivière  mourut  en  1728  et  resta  50  ans  sur 
le  trône  épiscopal  à  persécuter  les  huguenots  et  à  les  ruiner  par  des  amendes 
qu'il  gardait  pour  lui-même  afin  d'augmenter  ses  revenns  déjà  très  considérables  _ 


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Il  écrivait  aisément  (1),  et  entretenait  une  correspon- 
dance suivie  avec  M.  de  Chamillart  et  le  dimanche  8  dé- 
cembre 1702,  il  lui  mandait  ceci  : 

Permettez  moi  aussy,  Monseigneur,  de  vous  représenter  l'état 
où  nous  sommes  icy  par  rapport  à  la  religion.  Nous  voyons  tous 
les  jours  massacrer  nos  prêtres,  brûler  nos  églises,  enlever  nos 
anciens  catholiques  (2)  qu'on  trouve  ensuitte  assassinés  (3)  dans 
les  bois  ou  dans  les  grands  chemins. 

Nous  sommes  déjà  les  plus  faibles  en  nombre  puisqu'on  peut 
dire  que  presque  tous  les  nouveaux  convertis  trempent  directe- 
ment ou  indirectement  dans  ce  désordre  (4). 

Au  témoignage  d'Antoine  Court,  en  avril  1703,  le  même 
abbé  lui  proposait  ce  moyen  radical  de  terminer  le  con- 
flit (5)  : 

Un  enlèvement  est  le  plus  doux  remède  (6)  pour  trois  raisons. 

La  première  qu'il  évite  l'effusion  du  sang  des  sujets  du  roi  et 
la  longueur  des  procédures. 

La  seconde  qu'il  prévient  la  mauvaise  volonté  qu'ont  les  pro- 
testants depuis  un  temps  considérable  de  se  soulever. 

La  troisième  qu'il  assure  les  prêtres  dans  leurs  paroisses  et 
qui  sans  cela  trembleront  toujours  se  voyant  environnés  de  leurs 
ennemis. 

Mais  surtout,  ce  qui  fait  attribuer  ce  récit  à  l'abbé 
Poncet,  c'est  qu'aidant  son  oncle  dans  toutes  les  affaires, 

(1)  L'abbé  avait  une  réputation  d'écrivain  et  d'orateur,  son  oncle  obtint 
qu'il  prononçât  l'oraison  funèbre  du  cardinal  de  Bonzy  dans  l'église  de  Nar- 
bonne  en  1704.  C'est  ce  même  cardinal  qui  fit  bâtir  pour  sa  maîtresse,  la 
comtesse  de  Ganges,  un  hôtel  merveilleux  à  Montpellier,  sur  le  terrain,  con- 
fisqué à  son  profit,  où  avait  été  le  temple  des  huguenots.  (Lettres  de  M""  du 
Noyer.) 

(2)  L'abbé  ne  mentionne  pas  que,  le  17  novembre,  M.  de  Broglie  avait 
enlevé  GO  religionnaires  à  Aigucsvives  et  que  la  cour  de  Nimes  les  avait 
jugés  et  condamnés  (probablement  aux  galères). 

(3)  Il  oublie  aussi  que  le  26  octobre,  le  jour  du  marché  à  la  porte  d'Andu/e. 
on  avait  attaché  la  tête  de  treize  nouveaux  convertis  qui  venaient  d'être 
massacrés  [Fragment  de  la  guerre  des  Camisards,  page  22). 

(4)  Archives  historiques  Ministère  de  la  guerre,  Volume  1614,  page  124. 

(5)  Antoine  Court,  Histoire  des  Camisards,  Livre  1,  page  2,riS. 

(6)  Ce  plus  doux  remède  fut  goûté  par  Montrevel,  Villars  et  leurs  officiers, 
et  autorisé  par  le  roi.  Des  familles  furent  enlevées,  emprisonnées,  et  dans 
leurs  maisons  pleines  de  leurs  biens,  des  anciens  catholiques  furent  installes. 
On  devine  quelle  indignation  soulevaient  de  tels  actes  et  quelles  vengeances 
ils  provoquaient! 


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ambitieux  et  se  mettant  toujours  en  avant,  il  dut  certaine- 
ment  jouer  un  rôle  actif  dans  ce  procès.  11  y  trouvait 
l'occasion  de  venger  un  confrère  insulté  et  en  punissant 
cet  outrage  par  les  plus  horribles  tortures,  il  se  protégeait 
et  augmentait  son  autorité.  Dans  tous  les  cas  celui  qui  a 
écrit  ces  lignes,  vivait  à  Uzès,  était  présent  aux  interroga- 
toires, et  raconte  avec  le  style  et  les  pensées  d'un 
prêtre. 

Les  subdélégués  de  l'intendant  de  Bâville,  MM.  de 
Larnac  (l)'et  Rosier,  s'ils  avaient  résumé  ces  événements, 
auraient  écrit  différemment  avec  d'autres  formules. 

En  somme  la  lettre  de  l'abbé  Poncet  à  M.  de  Chamil- 
lart  et  son  mémoire,  ainsi  que  le  manuscrit  qui  est  une 
sorte  d'histoire  des  Camisards  (2)  émanent  évidemment 
du  même  homme,  on  y  voit  toujours  les  mêmes  craintes, 
e  même  désir  de  les  dissiper  par  tous  les  moyens,  et  les 
plus  injustes  ne  semblent  pas  peser  sur  cette  conscience 
morte. 

Manuscrit  anonyme 
attribué  à  l'Abbé  Poncet  de  La  Rivière 

Toutes  les  diligences  et  les  précautions  qu'on  sceut  joindre 
aux  chatimens  devinrent  si  inutiles  qu'on  vit  dans  le  commence- 
ment de  l'année  1701  si  fort  augmenter  le  nombre  des  fanatiques 
et  surtout  dans  le  diocèse  d'Uzès  qu'à  peine  y  eut-il  un  endroit  qui 
en  fut  exempt  et  la  maladie  devint  si  contagieuse  qu'à  son  intro- 
duction des  communautés  entières  en  estoient  infectées  dans  les- 
quelles il  n'est  point  de  folies  et  d'extravagances  qu'on  y  vit 
ensuite  commettre. 

La  première  qui  paru  la  plus  enfarinée  et  qui  leva  le  masque 
avec  plus  d'hardiesse  fut  celle  de  Valeyrargues. 

Le  Dimanche  de  la  Trinité  1701  (3)  à  Valeyrargues  dans  le  dio- 
cèse d'Uzès  il  se  tint  une  grande  assemblée  au  Cabaret  où  l'on  fit 
tous  les  exercices  du  fanatisme. 

(1)  Rodolphe  de  Larnac,  lieutenant-magistrat  en  la  judicature  royale  de 
la  ville  et  viguerie  d/Uzès  était,  ainsi  que  Rozier,  commissaire  subdélégué 
de  Monseigneur  de  Bàville,  intendant  du  Languedoc. 

(2)  Le  récit  de  l'aiïaire  de  Valérargue  n'en  est  qu'un  épisode  de  quelques 
pages. 

(3)  Ce  dimanche  qui  suit  la  Pentecôte  était,  cette  année-là,  le  22  mai. 

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Le  sieur  Cousin  Prieur  du  lieu,  en  estant  adverti,  s'y  estant 
porté  la  dissipa.  Quelques  jours  après  s'estant  de  nouveau  assem- 
blés et  le  Prieur  les  ayant  encore  surpris  dans  leur  fonction,  après 
en  avoir  arrêté  luy-même  quelques-uns  et  lié  avec  des  cordes,  il 
les  fît  conduire  (1)  dans  les  prisons  d'Uzès  (2). 

Le  lendemain,  jour  de  l'octave  du  Saint-Sacrement  (3),  le  Prieur 
du  lieu  de  Lussan  (4)  avec  son  curé  et  le  juge  estant  venus  à 
Valeyrargues  pour  y  visiter  le  Prieur,  la  première  personne  qu'ils 
y  découvrirent  fut  un  jeune  berger  (5),  âgé  de  15  à  16  ans  tout  au 
plus,  les  mains  jointes,  à  genouil  devant  une  porte  et  comme 
enfoncé  dans  l'oraison,  auquel  ayant  voulu  parler,  leur  dit  en 
propre  terme  : 

«  Je  vous  commande  de  la  part  de  l'Éternel  et  du  Saint  Esprit 
dont  je  suis  rempli  de  vous  retirer  d'icy  au  plus  tôt.  » 

Sur  quoy  ces  messieurs  s'en  estant  saisi  et  l'ayant  conduit 
chez  le  Prieur  (6),  auquel,  sur  le  premier  interrogat  qu'il  lui  fit, 
luy  répondit  : 

Qu'il  venoit  du  Paradis  où.  il  avoit  veu  Dieu  et  les  Anges. 

Et  luy  ayant  demandé  pour  le  faire  parler  :  Comment  est-ce  que 
les  anges  estoient  faits?  de  quoy  estoient-ils  vestus?  et  comment 
leurs  ailes  estoient  faites? 

Il  luy  dit  que  le  tout  estoit  blanc. 

Ses  postures  et  son  raisonnement  l'ayant  fait  envisager  à  bon 
droit  comme  un  sujet  de  distinction  dans  la  société  visionnaire 
obligea  ces  messieurs  de  l'attacher  à  un  arbre  de  la  basse-cour  (7) 
pour  ensuite  le  faire  conduire  à  Uzès  comme  les  autres. 

(1)  Le  Prieur  avait  à  cette  époque  un  pouvoir  absolu;  il  possédait  le  fief 
de  Valérargues  et  se  trouvait  en  même  temps  seigneur  temporel  et  spirituel 
de  son  village.  Ce  Prieuré  de  Saint-Christophe  de  Valérargues,  arrenté  750  livres 
(Chamand,  notaire),  était  à  la  collation  de  l'évêque,  c'est-à-dire  que  ce  prélat 
le  nommait  comme  il  l'entendait  et  le  prêtre  choisi  devenait  sous  cette  dépen- 
dance un  vrai  limier  de  police. 

(2)  Uzès  était  la  résidence  de  l'évêque  qui  possédait  une  des  trois  tours 
féodales,  dont  il  avait  fait  ses  prisons.  La  grande  pièce  du  bas  était  la  salle 
de  l'inquisition. 

(3)  C'étai  t  le  jeudi  2  juin,  la  Fête  Dieu  et  du  Saint-Sacrement  étant  le  26  mai  : 
ces  indications  de  jours  de  fêtes  religieuses  révèlent  un  écrivain  ecclé- 
siastique. 

(4)  Lussan  est  un  gros  village  (100(3  h.)  chef-lieu  de  canton  à  LS  k.  dTz.es  : 
son  Prieur,  comme  celui  de  Valérargues,  était  à  la  collation  de  L'évêque 
d'Uzès;  la  population  étail  protestante,  nouvellement  convertie  comme  son 
seigneur  Jean  d'Audibert  comte  de  Lussan,  prieur  gentilhomme  de  la  chambre 
du  prince  de  Condé. 

(5)  La  version  d'Antoine  Court  et  d'Abauzit  met  le  Prieur  de  Valérargues 
en  contact  avec  le  jeune  berger  dès  qu'il  le  voit  à  genoux. 

(G)  En  le  rudoyant,  dit  la  tradition,  el  en  le  traînant  par  les  cheveux  sur 
la  rue  pierreuse  qui  monte  au  presbytère. 

(7)  La  basse-cour  existe  encore  et  le  vieux  mûrier  qui  L'ombrage  est 
peut-être  le  même. 


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Mais  l'inspiré,  prévoyant  que  tous  ses  prétendus  dons  et  ses 
faveurs  divines  n'estoient  pas  en  estât  de  le  mettre  à  l'abri  du  juste 
jugement  que  son  manège  lui  alloit  attirer,  ayant  sceu  trouver  le 
moyen  de  se  détacher,  il  eutfacilementaprès  celuy  de  se  sauver  (1). 

Ces  messieurs,  croyant  ensuite  ne  pouvoir  esviter  de  verba- 
liser (2)  sur  son  évasion,  le  curé  de  Lussan  alant  pour  cet  esfet 
chez  le  sieur  Bouton  notaire  du  lieu  pour  y  prendre  du  papier 
timbré,  trouvant  sur  ses  pas  Jacques  Bouton  (3)  son  fils  auquel 
ayant  voulu  demander  où  estoit  son  père,  s'approchant  de  luy  en 
secouant  la  teste  et  marmotant  entre  dents,  le  traita  d'idolâtre,  de 
séducteur,  d'ange  de  Satan  et  de  faux  prophète. 

Le  curé  ignorant  pour  lors  son  fanatisme,  surpris  d'ailleurs 
qu'un  homme  qui  luy  avoit  tousjours  paru  estre  de  ses  amis  le 
traita  de  la  sorte,  ne  sceut  s'il  devoit  recevoir  cette  action  comme 
une  insulte  ou  comme  l'osfet  d'une  raillerie;  mais  le  voyant 
pousser  jusques  à  luy  porter  le  poing  sur  le  nez  avec  menasses  et 
des  injures  (4)  encore  plus  atroces,  saisissant  pour  lors  le  furieux 
au  colet,  le  conduisit  chez  le  Prieur  où  il  fanatisa  dès  aussitôt 
soubs  la  figure  et  les  postures  d'un  obsédé,  vomissant  contre 
l'église  et  l'Estat  les  abominations  les  plus  exécrables. 

Ces  messieurs  ne  trouvant  ensuite  personne  pour  le  conduire 
aux  prisons  d'Uzès,  se  croyant  pour  lors  obligé  de  le  faire  eux- 
mêmes,  s'estant  mis  en  chemin,  tout  le  village  complice  à  l'attentat 
et  atteint  du  mesme  mal  (5)  s'estant  ameuté  contre  eux  pour  le 
leur  enlever,  ils  furent  constraint  de  le  leur  abandonner  (6)  et 
trop  heureux  encore  d'eschaper  de  leur  fureur  qu'ils  n'auroient 
sceu  pourtant  esviter,  s'ils  n'eussent  eu  des  fusils  (7)  qui,  en  les 

(1)  La  population  surexcitée  était  massée  devant  l'église  qui  touchait  la 
cure,  la  basse-cour  placée  derrière  la  sacristie  avait  deux  sorties,  une  qui 
donnait  dans  le  haut  du  village  sur  une  traverse  étroite  et  l'autre  sur  la 
campagne;  il  était  plus  facile  de  se  sauver  par  là  et  de  trouver  une  retraite 
sûre  dans  les  cavernes  des  rochers. 

(2)  Leurs  attributions  étaient  de  rédiger  des  accusations  que  l'on  appelait 
«  Les  inquisitions  secrètes  ». 

(3)  Il  avait  fui  la.  manifestation  de  la  rue;  mais  il  ne  put  réprimer  son 
indignation  quand  il  comprit  quelle  serait  la  gravité  du  rapport  de  ce 
prêtre. 

(4)  Ces  menaces  et  injures  sont  extrêmement  exagérées  puisqu'elles  ne 
sont  pas  mentionnées  dans  le  jugement  de  condamnation. 

(5)  En  effet,  converti  par  force,  le  village  était  favorable  aux  meneurs  de  la 
bande.  Dès  ie  xvi°  siècle,  Robert  d'Àlbenas  était  co-seigneurde  Veleyrargues  : 
après  la  Révocation,  ses  descendants  s'établirent  à  Lausarne;  leurs  vassaux 
partageaient  celte  même  foi  ardente,  ce  qui  explique  leur  résistance.  Aujour- 
d'hui il  n'y  pas  une  famille  catholique  à  Valérargues,  L'église  est  transformée  en 

grange, 4e  chœur  en  est  rempli  de  paille,  el  par  les  dons  de  la  population,  un 
temple  protestant  a,  été  bâti.  La  puissance  du  Prieur  s'esl  évanouie. 

(C>)  Cette  foule  exaspérée  n'attaqua,  jamais  les  prêtres,  06  ne  fui  qu'à  la  fin. 

devant  le  danger  que  courait  boulon,  qu'elle  le  délivra, mnls  sans  brutalité, 
(7)  Les  fusils  n'ont  protégé  ni  les  Prieurs  m  le  juge,  l  es  paysans  avaient 


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préservant,   leur  donnèrent  lieu  de  se  retirer  à  Lussan  (l). 

Pour  lors  cette  troupe  séditieuse  dont  Bouton  paraissoit  le 
chef  le  plus  passionné  se  portant  à  l'église  armée  d'haches  et  de 
marteaux,  en  ayant  enfoncé  les  portes,  brisa  le  bénitier,  rompit 
le  tabernacle  où  par  bonheur  le  S*  Cyboire  n'estoit  pas,  jetta  le 
crucifix  de  l'autel,  la  pierre  sacrée,  les  napes,  le  voile  et  tout  le 
reste  dans  le  puis  (2)  du  dit  lieu  et  renversa  finalement  l'autel. 

Et  ayant  ensuite  passé  par  une  porte  de  communication  (3) 
dans  la  maison  du  Prieur,  elle  y  rompit  les  portes,  les  fenestres 
et  générallement  tous  les  meubles  et  jeta  à  la  rue  ses  livres  et  ses 
papiers  après  les  avoir  déchirés  (4). 

Le  jour  suivant  les  prisons  d'Uzès  furent  remplies  de  ces  cou- 
pable sacrilège  que  la  compagnie  bourgeoise  du  lieu  de  S1  Quen- 
tin (6)  envoyée  à  Valeyrargues  immédiatement  après  les  désordres 
avoit  capturé,  au  nombre  desquels  se  trouva  heureusement  le  dit 
Bouton  qui,  en  y  entrant,  commença  de  dire  au  nommé  Euzeby 
huissier  du  Présidial  qu'il  estoit  prophète  et  que  pour  l'en  con- 
vaincre il  l'aloit  rendre  témoin  d'un  grand  miracle  qui  estoit  de 
luy  faire  voir  le  père  Éternel  avec  tous  les  anges.  Et,  ayant  fanatisé 
soubs  une  figure  horrible,  se  voyant  moqué  après  par  le  dit 
Euzeby  aussi  bien  que  par  les  autres  assistans  de  ce  qu'il  ne  leur 
avoit  pas  fait  voir  ce  qu'il  leur  avoit  promis,  il  leur  respondit  : 

«  Vous  n'avez  pas  lafoy,  vous  n'avez  pas  la  foy!  la  foudre  vous 
confonde,  oui,  oui,  c'est  la  vérité»  ! 

Le  concierge  le  pressant  pour  lors  de  s'asseoir  pour  luy  mettre 
les  fers  aux  pieds,  après  une  petite  espace  de  temps,  joignant  les 
mains,  il  se  mit  à  dire  en  tremblotant  et  branlant  les  bras  : 

des  haches  et  des  marteaux  et  n'ont  pas  voulu  s'en  servir.  On  sait  que  les 
Camisards  ont  remporté  les  premières  victoires  sur  les  armées  du  roi  sans 
aucune  arme.  Le  maréchal  de  Montrevelécrivaitle  31  mars  1704  àM.  de  Chamil- 
lart,  après  la  défaite  du  sieur  de  la  Jonquière  :  «  Une  partie  n'avait  que  des  four- 
ches et  les  autres  de  grands  hâtons  ».  Les  prêtres  seuls  étaient  armés  et  c'était 
une  honte  de  les  voir  menaçants  au  milieu  de  leur  troupeau  ou  courant  la 
campagne  armés  comme  les  dragons  du  Roi.  » 

(1)  Lussan  posé  sur  un  mamelon  était  une  véritable  forteresse,  de  gros 
murs  élevés,  restés  en  partie  debout,  entouraient  le  village  et  le  château;  les 
portes  fermées  les  prêtres  s'y  trouvaient  en  sûreté. 

(2)  Le  puits,  est  intérieurement,  à  L'entrée  de  l'église  dans  un  coin  sombre, 
délabré  et  garde  au  milieu  des  ces  ruines  un  aspect  tragique. 

(3)  Cette  porte  existe  toujours  et  donne  accès  de  l'église  dans  la  maison 
qui  fut  le  presbytère. 

(4)  Cela  se  comprend,  ces  paysans  voulaient  anéantir  les  charges  du 
fief  et  les  procédures. 

(5)  11  y  avait  à,  Uiiès  outre  les  prisons  de  l'évôque  celles  du  roi  dans  son 
château,  et  sa  tour,  celles  des  consuls  dans  la  tour  Banastière  et  relies  du 
Duché. 

(6)  Saint-Quentin  est  un  village  important  du  diocèse  d'Uzès,  il  était  en 
grande  partie  catholique,  sa  bourgeoisie  était  fanatique  cl  le  peuple  peu 
éclairé. 


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«  Non,  l'esprit  me  dit  :  Non,  mon  fils,  demeure  là  et  les  luy 
ayant  mis  dans  cet  estât,  il  pria  dès  aussitôt  le  dit  Euzeby  de 
les  faire  oster.  » 

Sur  quoy,  luy  ayant  dit  qu'estant  prophète  et  favorisé  de  si 
grands  dons,  il  pouvoit  luy  mesme  sans  le  secours  de  personne 
se  les  tirer,  à  quoy  il  respondit  qu'il  le  pouvoit  si  bien,  que  c'es- 
toit  là  le  moindre  de  ses  pouvoirs  et  qu'il  n'avoit  qu'à  venir  sur 
le  soir  qu'il  l'en  verroit  deslivre'.  Le  soir  venu,  toujours  chargé  de 
ses  fers  au  préjudice  de  ce  qu'il  avoit  si  bien  assuré,  estant  con- 
duit au  commissaire  pour  procéder  à  son  audition,  au  premier 
interrogat  qui  luy  fit  sur  son  nom  et  surnom,  en  tremblotant  de 
tout  son  corps,  il  luy  respondit  : 

«  Oui  je  suis,  je  suis  Jaques  Bouton,  Jaques  Bouton.  »  Inter- 
rogé ensuite  sur  sa  capture,  il  dit  que  l'Abé  Cousin,  Prieur  de 
Valeyrargues,  l'ayant  constitué  prisonnier  avec  des  autres  prêtres 
estant  au  chemin  de  Lussan,  l'esprit  luy  avoit  dit  : 

«  Va  mon  fils,  ne  crains  point,  quand  tu  seras  à  un.  buisson  tu 
n'as  qu'à  tenir  le  pied  ferme  et  tu  seras  délivré.  » 

En  effet  il  le  fut  comme  j'ay  desja  dit  par  l'enlèvement  qu'en 
firent  les  habitans  du  dit  lieu  (1),  à  la  sollicitation  du  nommé 
Jaques  Olimpe  exécuté  avec  lui  à  Uzès  (2). 

Il  dit  ensuite  que  l'esprit  l'avoit  obligé  d'aler  à  l'église  et  d'y 
faire  tout  ce  qu'il  y  avoit  fait. 

Le  Mardi  suivant  (3)  de  sa  prise,  se  voyant  frustré  des  secours 
dont  il  s'estoit  flaté  dans  ses  visions,  au  contraire  prévoyant  la 
juste  punition  que  ses  impiétés  et  ses  extravagances  lui  aloient 
attirer,  poussé  d'un  sentiment  de  repentir  ou  de  politique,  il  pria 
le  dit  Euzeby  de  luy  faire  venir  un  capucin  pour  le  consoler  et  le 
faire  mourir  catholique  (4),  disant  qu'il  croyoit  qu'on  luy  avoit 
donné  quelquechose  le  matin  du  désordre  de  Valeyrargues  qui  l'a 
porté  à  faire  toutes  ces  figures  et  à  commettre  ces  sacrilèges  dans 
l'église  et  qu'il  souhaitoit  de  voir  Monsieur  le  Prieur  pour  lui 
demander  pardon. 

Le  Samedi  suivant  onzième  Juin,  estant  condamné  par  le  Pré- 
sidial  de  Nismes  qui  estoit  à  Uzès  (5)  à  estre  rompu  vif,  après 

(1)  Cette  délivrance  miraculeuse  pouvait  faire  espérer  à  Jacques  Bouton 
d'être  délié  de  ses  liens. 

(2)  Ce  fut  cet  acte  de  courage  qui  le  fit  brûler  vif. 

(3)  Ce  mardi  était  le  1  juin. 

(4)  Si  Bouton  a  voulu  se  confesser,  faisant  croire  in  extremis  à  une  con- 
version soudaine,  c'était,  sans  doute,  afin  de  sauver  sa  femme  et  son  père  des 
rigueurs  de  l'évêque,  pour  les  laisser  vivre  et  mourir  en  paix. 

(5)  L'intendant  de  Bâville,  «  ce  funeste  roy  du  Languedoc  »  était  alors  à 
Uzès  l'hôte  de  l'évêque,  logé  dans  le  palais  épiscopal,  demeure  somptueuse 
où  le  prélat  tenait  un  grand  état  de  maison.  Grand  mangeur  et,  comme 
bourguignon,  grand  buveur,  sa  table  était  des  plus  recherchées.  Il  entrete- 
nait des  musiciens  qui  lui  coûtaient  fort  cher,  sa  musique  avait  une  grande 


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avoir  escrit  à  sa  femme  pour  quelques  affaires  particulières,  il  se 
confessa  bien  ou  mal,  il  escouta  avec  plaisir  le  capucin  qui  l'ex- 
hortoit  où  il  en  fil  semblant,  il  baisa  le  crucifix  qu'on  luy  présenta 
de  cœur  ou  peut-estre  seulement  de  bouche  et  donna  finalement 
des  marques  extérieures  de  conversion  auxquelles  tout  le  monde 
n'adjouta  pas  foy  et  moy  moins  que  personne. 

L'aveu  que  Bouton  fit  avant  mourir  de  ses  folies  et  la  punition 
exemplaire  qu'on  fit  ne  servirent  encore  qu'à  rendre  celles  de  ses 
confrères  plus  communes  et  plus  générales,  elles  se  respan- 
dirent  pour  lors  dans  les  communautés  des  diocèses  de  Nismes, 
d'Alais  et  de  Mande  également  que  dans  celles  de  celuy  d'Uzès. 

Voilà  bien  l'aveu  de  l'extension  de  l'exaltation  reli- 
gieuse provoquée  par  des  exécutions  aussi  injustes  que 
cruelles.  Nous  donnons  ci-après  le  jugement  officiel  auquel 
nous  avons  ajouté  quelques  notes.  L'original  fait  partie  du 
recueil  Séguier  n°  200  à  la  Bibliothèque  de  Nîmes. 

11  Juin  1761. 

Jugement  Présidial  de  condamnation  à  mort  contre  Bouton  et 
Olimpe  et  des  Galères  contre  Serre,  de  Valér argues. 

Les  deux  premiers  exécutés  à  la  place  publique  dTTzès,  savoir 
le  dit  Bouton  rompu  vif  et  Serre  pendu. 

Jugement  rendu  par  le  Présidial  de  Nismes  contre  lesaulheurs 
du  sacrilège  commis  dans  l'église  de  Valérargues. 

Les  commissaires  députés  du  Présidial  de  Nismes  au  premier 
huissier  requis  sçavoir  faisons  que  par  écrit  cejourd'hui  entre  le 
procureur  du  Roy  demandeur  en  réparation  du  crime  de  Sacrilège 
fait  avec  effraction  et  émotion  populaire  dans  l'église  du  lieu  de 
Valérargues  d'une  part,  et  Jacques  Bouton  laboureur  de  terre  du 
lieu  de  Valérargues  fils  d'Antoine  Bouton  notaire  du  dit  lieu, 
Jacques  Olimpe  cardeur  de  laine  du  dit  lieu  et  Hiérome  Serré  isolé 
du  dit  lieu  de  Valérargues,  accusés,  prisonniers,  défenseurs 
d'autre. 

Veu  le  jugement  de  compétence  par  nous  donné  le  huitième 

réputation.  Ainsi  dans  les  délices  de  la  vie,  se  préparaient,  les  jugements  impî 
toyables. 

C'est  Antoine  Court  et  La  Baume  <pii  nous  Informent  de  la  \enuc  de 
Mville  à  Uzès  pendant  le  procès. 


DOCUMENTS 


de  ce  mois  ensemble  les  actes  et  procédures  interrogatoires  et 
réponses  des  dits  accusés  sur  lesquelles  le  dit  jugement  a  esté 
rendu  avec  l'exploit  de  signification  au  dos,  faits  à  Jacques  Bou- 
ton, l'un  des  dits  accusés  du  9  et  10  de  ce  mois;  autre  cahier  de 
confrontations  faites  à  Hiérome  Serre  du  9  de  ce  mois,  ensemble  les 
conclusions  du  Procureur  du  Roy. 

Les  dits  commissaires  députés  du  Présidial  de  Nismes,  jugeant 
en  dernier  ressort  ont  déclaré  le  dit  sieur  Jacques  Bouton  atteint 
et  convaincu  du  crime  sacrilège  avec  effraction  et  émotion  popu- 
laire dans  l'église  de  Valérargues,  pour  réparation  duquel  l'ont 
condamné  à  faire  amende  honorable  pieds  et  tête  nus  en  chemise, 
la  corde  au  col,  tenant  en  mains  une  torche  de  cire  ardente  du 
poids  de  deux  livres,  au  devant  de  la  porte  de  l'église  cathédrale 
de  cette  ville  (1)  où  il  sera  conduit  à  cet  esfait  par  l'exécuteur  de  la 
haute  justice,  ayant  un  écriteau  devant  et  derrière  avec  ce  mot 
«  Sacrilège  »  et  là  il  déclarera  que  méchamment  il  a  commis  le 
dit  sacrilège  dont  il  se  repent  et  en  demande  pardon  à  Dieu,  au 
Roy  et  à  sa  justice. 

Et  ensuite  sera  mené  (2)  parle  dit  exécuteur  à  la  place  de  cette 
ville  (3)  où  il  sera  rompu  tout  vif  sur  Téchafaud  qui  sera  fait  à 
cet  efait  où  il  restera  jusqu'à  ce  que  mort  naturelle  s'ensuive  et 
ensuite  (A)  son  corps  mort  porté  aux  Fourches  Patibulaires  (5) 
sur  une  roue  qui  sera  à  cet  efait  dressée  (6). 

Comme  aussi  ont  déclaré  le  dit  Jacques  Olimpe  atteint  et  con- 
vaincu d'avoir  participé  au  dit  sacrilège,  pour  réparation  de  quoi 
condamnons  le  dit  Olimpe  a  estre  pendu  et  étranglé  à  une  potence 

(1)  L'église  cathédrale  attenante  au  Palais  épiscopal  s'élève  sur  une  large 
terrasse  qui  était  alors  entourée  par  les  maisons  des  chanoines  et  titulaires 
du  diocèse;  mais  d'un  côté,  à  droite,  au-dessus  des  remparts,  la  vue  des  gar- 
rigues pierreuses,  des  oliviers  épars,  devenait  à  cette  heure  un  symbole  en 
rappelant  le  Golgotha. 

(2)  Le  cortège  suivit  l'étroite  rue  de  l'officialat,  petite  ruelle  solitaire  qui 
semble  garder  dans  sa  tristesse  le  souvenir  de  ces  pauvres  patients. 

(3)  Cette  place  était  le  centre  de  la  cité;  elle  est  telle  aujourd'hui  qu'à 
cette,  époque,  les  arceaux  et  les  piliers  qui  soutiennent  les  maisons  sont  tou- 
jours les  mêmes. 

11  y  manque  seulement  un  îlot  de  bâtisses  démoli  depuis  quelques  années 
et  justement  derrière  l'endroit  appelé  «  Le  Costel  ». 

Là,  les  Consuls  étaient  les  maîtres  depuis  un  temps  immémorial  et  les 
jours  d'exécutions  ils  y  faisaient  dresser  Léchafaud. 

Pour  avoir  cette  justice  à  cette  place  et  les  douze  pas  à  l'entour,  ils  s'étaient 
engagés  à  payer  au  Roy  comme  albergue  une  maille  d'or  par  an. 

(4)  Les  bourreaux  brisaient  avec  une  barre  de  fer  les  membres  du  con- 
damné, puis  ils  le  laissaient  mourir  de  douleur! 

(5)  Les  fourches  patibulaires  étaient  formées  de  trois  piliers;  un  seul  reste 
debout,  il  est  fait  de  larges  dalles  superposées  et  s'élève  encore  à  une  certaine 
hauteur;  mais  les  pierres  s'écroulent,  et  lentement  disparaît  ce  qui  reste  de 
cette  effroyable  justice. 

(6)  Au  milieu  des  pierres  est  encore  le  vide  où  l'on  plaçait  la  roue. 


DOCUMENTS 


qui  sera  à  cet  effait  dressée  à  la  dite  place  publique  jusques  à  ce 
que  mort  naturelle  s'en  suive  et  ensuite  son  corps  mort  porté  au 
dites  fourches  patibulaires  (1). 

Les  biens  des  dits  Bouton  et  Olimpe  acquis  et  confisqués  à  qui 
de  droit  apartiendra(°2),  distraitpréalablementsuryceuxlatroizième 
partie  pour  leurs  femmes  et  enfans  s'ils  en  ont.  *  - 

La  somme  de  cens  livre  d'amende  pour  chacun  envers  le  Roy 
si  la  confiscation  n'a  lieu  au  profit  de  sa  majesté. 

Les  dits  Bouton  (3)  et  Olimpe  (4)  préalablement  appliqués  à  la 
question  ordinaire  pour  la  révélation  de  leurs  complices;  et  à 
l'égard  de  Hiérome  Serre  (5),  veu  les  actes  de  genne  (6)  du  dit 
Bouton  etOlimpe,  estre  ordonnécontre  luy  ainsy  qu'il  appartiendra, 
condamnant  le  dit  Bouton  et  Olimpe  au  fres  de  la  justice,  en  faveur 
de  ceux  qui  lés  ont  exposés. 

Signé  : 

Montclus,  Président,  nous  Lieutenant  principal. 
Gévaudan  (7),  Rapporteur  Isabeau,  Maillan,  Galepin. 
De  Varangles,  commissaire. 

Donné  à  Uzès  le  onzième  Juin  mil  sept  cent  un. 

Signé  :  Martel,  Greffier. 

(1)  Quand  le  jour  eut  baissé  Bouton  et  Olimpe  furent  enlevés  de  la  place 
et  portés  hors  de  la  ville  par  des  bourreaux  qui,  de  la  petite  bourgade,  sui- 
virent une  traverse  étroite  bordée  par  des  murs  bas  qui  enclosent  des  jardins, 
des  champs  d'oliviers  et  des  vignes.  Le  chemin  monte  et  domine  une  cam- 
pagne fraîche  et  ombragée;  tout  en  haut  s'élève  ce  grand  pourrissoir  :  «  Le 
pilori  du  Roy  ». 

Il  y  en  avait  trois  à  Uzès  appartenant  à  chaque  justice.  Celui  des  évêques 
au  quartier  St-Ferréol. 

Celui  des  consuls  dans  l'enclos  de  la  cité  à  la  place  du  Costel,  et  celui  de 
la  justice  royale  en  dehors  des  faubourgs,  sur  la  hauteur  au-dessus  du  che- 
min de  Nîmes  et  de  la  vieille  petite  ville  d'Uzès.  Les  cadavres  restaient  long- 
temps à  la  cime  de  ces  colonnes;  puis  le  dernier  acte  de  ces  tragédies  se 
terminait  dans  une  sorte  de  cahute  en  pierre  appelée  «  Capitèle  »  où  l'on  jetait 
dans  un  brasier  les  lambeaux  de  chair  tombés  à  terre  et  qui  empestaient  l'air. 

(2)  Naturellement  l'intendant  et  l'évêque. 

(3)  La  famille  de  Bouton  est  éteinte;  elle  datait  du  xvi°  siècle;  elle  était 
très  honorable  :  En  1713  Anthoine  Bouton,  le  père  du  supplicié  :  avancé  en 
âge  dicta  son  testament;  n'ayant  eu  qu'un  fils  unique,  mort  sans  enfants 
à  peine  marié,  il  donna  une  partie  de  ses  biens  à  une  nièce  de  sa  femme 
Françoise  du  lieu  de  Lussan,  qui  était  venue  le  soigner  ayant  compassion  de 
sa  veillesse  et  fit  son  héritière  Alix  Françoise,  son  épouse  bien  aymée.  Les 
témoins  étaient  Messire  Guillaume  Vezins,  Prieur  du  Belvezet  et  Jacques 
Gourand,  Prêtre  dudit  Valérargues  (Chamand,  notaire).  Le  Prieur  Cousin  Hait 
mort:  mais  craintif  le  vieux  Bouton  restait  entre  les  mains  des  prêtres. 

(4)  Il  y  a  encore  à  Valérargues  des  habitants  qui  s'appellent  Olimpe. 

(5)  Les  Serre  sont  restés  nombreux  et  riches. 

(6)  Les  actes  de  Géhenne  sont  malheureusement  perdus. 

(7)  Gévaudan  était  le  frère  de  la  maîtresse  du  cardinal  de  Boiuy. 


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Prononcé  et  exécuté  le  dit  jour  dans  la  place  publique  de  la 
ville  d'Uzès. 

Signé  :  Martel,  Greffier. 

Par  jugement  du  lw2me  du  même  mois  Hiérome  Serre  a  esté 
condamné  aux  galères  perpétuelles. 

Voilà  comment  s'appliquait  ce  qu'on  appelait  la  justice 
il  y  a  deux  cents  ans,  pendant  le  grand  siècle.  C'est  ce  qui 
explique  suffisamment  les  violences  qui  furent  com- 
mises plus  tard  et  que  l'on  reproche  injustemeut  aux  Ca- 
misards,  car  dans  leurs  lentes  représailles,  ils  furent  tou- 
jours au-dessous  des  misérables  qui  leur  avaient  fait  con- 
naître les  pires  cruautés. 

Bne  de  Charntsay. 


CINQ  LETTRES  INÉDITES  DE  RABAUT  ST-ÉTIENNE 

Les  lettres  ci-dessous  qui  font  partie  de  notre  col- 
lection de  documents  sur  le  Vivarais  sont  adressées  à 
Louis  Mariton,  le  père  de  mon  arrière-grand'mère,  Anna 
Mariton,  épouse  de  François  Fuzier. 

Louis  Mariton,  né  à  La  Voulte-sur-Rhône,  le  22  juin 
1727,  y  mourut  le  17  prairial  an  II  :  il  avait  épousé  à 
Beauchastel,  le  16  février  1749  Madeleine  Menet,  fille  de 
François  Menet  et  de  Marie  Torras,  et  sœur  d'Isabeau 
Menet.  Sa  sœur  Marie-Elizabeth  Mariton,  née  le  2  mars 
1734,  décédée  en  février  1812,  avait  épousé  Alexandre 
Vernetné  à  Annonay  et  décédé  à  La  Voulte-sur-Rhône,  où 
il  résidait,  le  1er  germinal  an  ÏX,  âgé  de  73  ans.  On  conserve 
dans  nos  archives  municipales  le  registre  des  mariages 
bénis  par  le  pasteur  Vernet  :  le  premier  est  du  19  novem- 
bre 1752,  le  dernier,  qui  porte  le  numéro  1579  est  du 
10  décembre  1780. 

Louis  Fuzier, 


AU 


DOCUMENTS 


Nîmes.  3  Février  1773. 

Monsieur 

Le  peu  de  connoissance  que  j'ai  formée  avec  vous  dans 
votre  passage  à  Nîmes,  est  moins  ce  qui  m'autorise  à  vous 
écrire,  que  l'idée  que  ceux  qui  ont  l'honneur  de  vous  connaître 
m'ont  donnée  de  votre  disposition  à  obliger  :  car  c'est  un  service 
que  je  viens  vous  demander.  —  Je  Tais  imprimer  un  ouvrage 
intitulé  :  Le  Manuel  des  Malades,  ou  Recueil  de  lectures  édifiantes  à 
l'usage  des  malades,  des  vieillards  et  des  infirmes.  Cet  ouvrage, 
Monsieur,  est  fait  pour  suppléer  aux  visites  des  Pasteurs  qui  sont 
rares,  ce  livre  manque  absolument  à  la  piété  et  à  la  consolation 
des  fidèles,  car  on  n'a  que  le  livre  de  M.  Drelincourt,  qui  n'est  pas 
précisément  ce  qu'il  faut.  J'ai  pensé,  Monsieur,  qu'il  pourrait 
s'en  débiter  clans  le  Vivarais  et  que  vous  voudriez  bien  vous 
prêter  à  fournir  un  débouché  favorable  autant  que  cela  ne 
vous  exposerait  pas,  ce  que  je  ne  présume  point.  Il  s'agirait 
d'introduire  3  ou  4  cens  exemplaires  de  cet  ouvrage  et  de  le  dis- 
perser dans  vos  Eglises,  en  choisissant  d'honnêtes  gens  pour 
dépositaires.  L'impression  m'a  coûté  beaucoup  de  fraix  qu'il 
serait  toujours  désagréable  de  perdre.  Je  donnerai  ces  ouvrages  à 
un  prix  sur  lequel  les  personnes  qui  le  débiteront  pourront  trou- 
ver un  honnête  bénéfice  :  il  pourrait  se  trouver,  Monsieur,  un 
honnête  homme  que  vous  voudriez  obliger  et  qui  gagnant  de  six 
à  huit  sols  par  exemplaire  y  ferait  ainsi  quelque  profit.  Ayez  la 
bonté  de  me  dire  en  réponse  si  je  n'ai  pas  été  trop  indiscret  de 
m'adresser  à  vous  pour  une  commission  pénible,  et  au  cas  que 
vous  ne  puissiez  pas  'vous  en  charger,  à  qui  je  pourrais  m'adres- 
ser pour  cela.  Je  me  chargerai  de  faire  rendre  mes  exemplaires  au 
Bourg  St-Andéol,  aune  adresse  sûre,  il  m'est  impossible  de  les 
faire  monter  plus  haut  n'y  connaissant  personne;  mais  du  Bourg 
on  les  ferait  randrechez  vous  à  l'adresse  sûre  que  vous  donneriez. 
Encore  une  fois,  Monsieur,  je  vous  prie  d'excuser  la  liberté  que 
j'ai  prise,  et  d'être  bien  persuadé  que  si  je  pouvais  vous  randre 
quelque  service  dans  ce  pays-ci,  je  m'y  employerais  avec  zèle.  Je 
suis  avec  beaucoup  de  considération, 

Monsieur, 

Votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur. 

De  St-Etiknne. 

Mon  adresse  esta  Messieurs  Lapierre  frères  pour  M.  Brunei  à  Nîmes. 


DOCUMENTS 


Nîmes,  3  Mars  1773. 

Monsieur. 

Agréez,  je  vous  prie,  mes  sincères  remercimens  pour  la 
peine  que  vous  avez  bien  voulu  prendre  à  cause  de  moi.  Je  sui- 
vrai de  point  en  point  les  indications  que  vous  me  donnez  ;  et  comme 
je  ne  puis  point  faire  encore  cette  expédition,  j'aurai  soin  de  vous 
en  donner  avis  dans  le  tems,  ce  qui  n'ira  pourtant  pas 
plus  tard  que  la  fin  du  mois.  En  attendant,  obligez-moi,  Monsieur, 
d'en  parler  clans  l'occasion  aux  personnes  qui  pourraient  favo- 
riser le  débit  de  cet  article.  Je  vous  réitère  ici  mes  remer- 
cimens, et  les  assûrances  d'une  reconnaissance  entière.  J'ai  l'hon- 
neur d'être  dans  ces  sentimens 
Monsieur, 

Voire  très  humble  et  très  obéissant  serviteur, 

De  Saint  Étienne. 

Nîmes,  2  Avril  1773. 

Monsieur, 

J'ai  l'honneur  de  vous  écrire  de  nouveau  pour  vous  prévenir 
que  dans  peu  vous  recevrez  deux  cens  exemplaires  de  l'ouvrage 
que  je  vous  ai  annoncé,  avec  les  précautions  convenables.  Je  vous 
prie  de  vouloir  bien  en  payer  le  port  de  Bourg  St-Andéol  chez 
vous,  et  de  vous  rembourser  sur  la  vente  des  premiers  exem- 
plaires. C'est  une  bonté  que  vous  joindrez  à  celles  que  vous 
m'avez  déjà  témoignées,  et  dont  je  conserverai  toujours  une  infi- 
nie reconnoissance.  Agréez,  je  vous  prie,  mes  très  sincères 
remercimens.  J'ai  l'honneur  d'être,  Monsieur,  votre  très  humble 
et  très  obéissant  serviteur, 

De  Saint  Etienne. 

Nîmes,  26  Avril  1773. 

Monseur, 

J'ai  été  surpris  que  les  livres  que  je  vous  ai  annoncés  ne  vous 
soyent  pas  parvenus,  et  j'ai  écrit  pour  cet  objet.  Quand  je  vous  ai 
dit  qu'ils  vous  viendraient  do  Bourg,  c'est  qu'ils  y  ont  été  impri- 
més; ceci,  monsieur,  doit  rester  entre  vous  et  moi  pour  la  sûreté 
de  l'imprimeur.  Il  s'est  chargé,  de  vous  en  faire  passer  deux  cens 
exemplaires,  et  je  lui  écris  par  ce  même  courrier  pour  l'en  faire 
souvenir.  Si  vous  aviez  vous  même,  monsieur,  quelque  occasion 
sûre  à  lui  fournir  vous  m'obligeriez  beaucoup  de  la  lui  indiquer  : 
il  s'appelle  Guiremand,  et  il  est  libraire  et  imprimeur  au  Bourg. 


m 


DOCUMENTS 


Je  prends  la  liberté  de  vous  prier  encore  de  lui  rembourser  les 
fraix  que  pourra  coûter  le  transport  du  ballot  chez  vous,  ou  les 
payer  vous  même  au  voiturier  :  —  vous  vous  payerez  vous-même 
sur  le. produit  des  premiers  exemplaires  qui  se  vendront.  Je  ne 
pourrai  pas  les  laisser  à  moins  de  trente  sols,  ce  qui  est  assez 
cher  pour  un  pays  pauvre,  mais  vous  sentez,  monsieur,  qu'il  fau- 
dra donner  un  bénéfice  à  ceux  qui  se  donneront  des  peines  pour 
le  vendre  :  je  les  passerai  à  ces  personnes-là  vingt-six  ou  vingt- 
quatre  sols,  selon  les  lieux  et  leur  distance  de  la  Voûte  afin  qu'elles 
puissent  y  trouver  un  certain  profit.  Vous  taxerez  vous-même, 
monsieur,  ce  qu'il  sera  juste  de  leur  faire  gagner,  je  suis  trop 
loin  pour  en  pouvoir  juger.  La  coutume  de  donner  tant  par  exem- 
plaire est  la  meilleure  parce  qu'elle  engage  le  marchand  à  se  don- 
ner plus  de  mouvement  pour  le  débit. 

Ce  dont  on  vous  a  parlé,  Monsieur,  de  ce  qui  s'est  passé  en 
Provence,  se  réduit,  grâce  à  Dieu,  à  peu  de  choses.  Quelques 
cavaliers  de  la  maréchaussée  déguisés  furent  faire  une  descente 
chez  M.  Pic  qu'ils  ne  trouvèrent  pas  :  c'est  à  Lourmarin.  Cepen- 
dant M.  Pic  qui  s'y  manifeste  publiquement  n'est  pas  un  homme 
difficile  à  trouver;  on  n'a  donc  voulu  que  lui  faire  peur  et  l'enga- 
ger à  plus  de  ménagement.  Il  y  a  apparence  que  l'échevin  de 
Marseille  qui  a  tant  persécuté  les  Protestants  de  cette  ville  a  sol- 
licité des  ordres  contre  M.  Pic  qui  va  de  temps  en  temps  y  faire 
des  assemblées.  Vous  savez  peut-être,  Monsieur,  qu'on  a  fait  plu- 
sieurs descentes  chez  les  trois  Pastrs  du  Béarn  et  chez  quelques 
particuliers  qui  prêtaient  leurs  maisons  ou  pour  les  Min:  ou  pour 
les  assemblées  :  cela  ne  prouve  pas  que  la  Cour  veuille  persécu- 
ter, mais  cela  prouve,  je  crois,  que  si  quelques  subalternes  veuleut 
nous  inquiéter,  on  n'aura  pas  la  force  de  les  refuser  entièrement: 
il  faut  donc  encore  bien  des  ménagemens.  Mon  cher  Père  à  qui  j'ai 
communiqué  la  question  que  vous  lui  faites  au  sujet  de  la  maison 
que  M.  V.  doit  faire  bâtir,  ne  croit  pas  qu'il  y  ait  des  inconvé- 
niens  à  le  faire,  pourvû  que  ce  soit  sans  éclat,  et  surtout  sans 
avoir  l'air  de  morguer  les  prêtres  qui  sont  un  peu  écoutés.  Il  y  a 
apparance  que  les  Moines  ne  le  seront  plus,  car  on  assure  que  le 
Roi  s'empare  de  leurs  revenus,  et  les  taxe  à  4001-  de  pension  pour 
ceux  de  Paris,  et  3001-  pour  ceux  de  Province  :  on  m'a  assuré  que 
l'Edit  allait  être  enregistré  au  Conseil  Supérieur.  Une  sentence  de 
notre  sénéchal  nous  donne  de  grandes  espérances  sur  la  tranquil- 
lité de  nos  mariages.   Un  homme  Prot.  de  quelque  coin  des 
Cevennes  ou  du  Vivarais  marié  au  désert,  mourut  après  avoir  fait 
son  testament.  Un  de  seslils  voulant  engloutir  toute  la  succession 
obtint  du  roi  des  lettres  de  légitimation,  au  moyenMesquelles  il 
se  présenta  comme  unique  héritier  et  demanda  la  cassation  du 
testament  de  son  Père  :  procès  :  il  le  gagne  aux  ordinaires  :  appe 


DOCUMENTS 


ui 


au  Sénéchal  de  Nîmes  où  il  a  été  débouté  et  condamné  aux  dépens, 
et  le  testament  confirmé.  Les  juges  l'ont  traité  avec  le  mépris 
qu'il  mérite;  ils  sont  persuadés  que  le  conseil  supérieur,  si  l'on  y 
appelle,  jugera  comme  eux  :  cet  exemple  effraiera  peut-être  les 
mal-intentionnés.  Voilà,  Monsieur,  de  bonnes  et  de  mauvaises 
nouvelles,  c'est  une  image  de  notre  état,  où  il  y  a  pourtant  très 
peu  de  bon  sur  beaucoup  de  mauvais.  Je  vous  prie  de  présenter 
mes  respects  à  M.  V.  Quand  les  livres  seront  arrivés  vous  en  tire- 
rez deux,  s'il  vous  plait,  un  pour  M.  Vernet  et  un  pour  vous.  Mon 
G.  Père  vous  présente  à  l'un  et  à  l'autre  les  assurances  de  son  atta- 
chement et  et  de  son  sou  venir.  Pour  moi,  Monsieur,  je  vous  dois 
beaucoup  de  reconnaissance,  je  vous  l'offre  avec  mes  services,  et 
tout  ce  qui  dépendra  de  moi  pour  vous  témoigner  que  je  suis 
très  réellement,  Monsieur,  votre  très  -humble  et  très  obéissant 
serviteur, 

De  St-Etienne. 

Nîmes,  1er  Septembre  1773. 

Monsieur, 

Je  vous  annonçai,  il  y  a  quelque  temps,  l'arrivée  de  quelques 
livres,  et  vous  eûtes  la  bonté  de  me  promettre  de  vous  donner 
des  soins  pour  en  faciliter  le  débit.  On  a  prodigieusement  tardé 
de  les  faire  passer  chez  vous,  cependant,  Monsieur,  j.e  les  crois  à 
la  veille  d'arriver,  et  j'ai  l'honneur  de  vous  écrire  pour  vous  en 
donner  avis.  Ce  délai,  Monsieur,  et  la  cherté  du  livre,  et  la  pau- 
vreté des  campagnes  me  décident  à  les  laisser  à  24  sols.  C'est  à  ce 
prix-là,  Monsieur,  que  je  vous  prie  de  dire  qu'il  faut  le  vendre  ; 
et  les  personnes  qui  voudront  bien  se  charger  du  débit  trouve- 
ront le  bénéfice  que  vous  voudrez,  et  que  vous  jugerez  raison- 
nable. Elles  peuvent  gagner  quatre  ou  cinq  ou  six  sols  par  exem- 
plaire à  proportion  de  la  peine  qu'elles  auront.  Pourvu  qu'ils  me 
reviennent  à  dix  huit  sols  tout  quitte  pour  moi,  je  n'y  perdrai  pas 
si  je  n'y  gagne  point.  Je  souhaite  que  les  autres  y  gagnent.  Je  vous 
prie,  Monsieur,  d'en  prendre  deux  exemplaires  un  pour  vous,  et 
un  pour  M.  Vernet  à  qui  je  présente  les  assurances  de  mon  res- 
pect, j'ai  l'honneur  d'être  avec  beaucoup  de  reconnaissance, 
Monsieur, 

Votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur. 

De  St-Etienne. 


Mélanges 


L'ANCIENNE  ÉGLISE  RÉFORMÉE  DE  PQNTORSÛN-CORMERAY, 
D'APRÈS  UN  REGISTRE  D'ÉTAT  CIVIL  INÉDIT  (0. 

Ponlorson,  chef-lieu  de  canton  de  l'arrondissement 
d'Avranches  (Manche),  est  une  petite  ville  de  2  700  habi- 
tants, bien  connue  comme  tête  de  ligne  du  tramway  qui 
mène  au  Mont-Saint-Michel. 

Au  moyen  âge  et  à  l'époque  des  guerres  de  religion, 
elle  eut  une  certaine  importance  stratégique.  Par  son 
château,  elle  commandait  le  pont  du  Couesnon,  petit 
fleuve  côtier  séparant  la  Normandie  de  la  Bretagne.  Du 
Guesclin  l'avait  défendue  avec  succès  contre  les  Anglais. 
Mais  Gabriel  II  de  Montgomery  (2),  fils  du  meurtrier 
involontaire  d'Henri  II,  réussit  à  la  prendre  (1590)  (3)  ; 
il  en  resta  gouverneur  au  nom  d'Henri  IV.  Dès  lors,  Pon- 
torson  fut  l'une  des  places  de  sûreté  des  réformés  bas- 
normands.  En  vertu  de  l'édit  de  Nantes,  son  Église  fut 
confirmée  à  titre  personnel,  comme  fief  des  Montgo- 
mery. 

Or,  c'est  moins  de  deux  ans  après  l'Édit  que  s'ouvre 
le  registre  d'état  civil  mentionné  dans  notre  sous-titre. 
Ce  registre,  contenant  les  «  baptesmes  administrés  par 
M.  Pierre  Paris  pasteur  de  l'Église  Réformée  de  Pontorson 

(1)  Ce  registre  se  trouvait  mêlé,  nous  ne  savons  comment,  aux  papiers  d'un 
de  nos  oncles  par  alliance,  récemment  décédé.  Nous  en  avons  fait  don  à  la 
bibliothèque  de  la  Société. 

Nous  regrettons  de  ne  pas  en  avoir  eu  connaissance,  lorsque  nous  préparions 
notre  Essai  swr  VliisLoire.  du  Protestantisme  en  Basse-Novmandie,  publié 
en  1898. 

(2)  Bien  que  notre  registre  donne  Mongommery}  nous  adoptons,  comme  en 
1898,  la  forme  Mon/gomer;/,  d'après  M.  Léon  M.ulet  [Le  comte   de  M 
mery,  1890). 

(3)  Il  est  vrai  qu'il  échoua  l'année  suivante  contre  le  Mont  Saint 
Michel. 


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450 


MÉLANGES 


et  par  quelques  autres  pasteurs  en  icelle  Église  »,  va  du 
10  décembre  1599  au  6  octobre  1669,  sauf  une  interrup- 
tion de  1623  à  1627,  déterminée  par  les  troubles  du 
règne  de  Louis  XIII. 

Nous  allons  voir  d'abord  les  réformés  de  Pontorson 
célébrant  leur  culte  dans  cette  ville.  Puis nousles  suivrons 
à  Cornieray,  village  voisin,  où  ils  durent  «  se  recueillir  » 
a;:rès  1627.  Nous  dirons  enfin  comment  la  Révocation  les 
dispersa  sans  retour. 

I 

Le  temple  de  Pontorson  était  situé  «  au  midi  de 
l'église,  et  près  du  château  »  (1).  C'est  à  ce  temple  que  les 
baptêmes  sont  presque  toujours  administrés,  et  de 
préférence  les  dimanches  et  jeudis,  jours  de  cultes  régu- 
guliers. 

Le  registre  ne  donne  que  des  actes  de  baptême,  sans 
digression.  Toutefois,  à  plusieurs  reprises,  il  signale  des 
services  de  Cène,  notamment  le  dimanche  24  octobre  1621 
et  le  dimanche  15  janvier  1623.  On  peut  en  inférer  qu'à 
Pontorson,  comme  à  Caen  (2),  la  Cène  se  célébrait  tous 
les  trois  mois. 

Jusqu'en  1622,  le  pasteur  de  l'Église  est  Pierre  Paris  (3), 
marié  d'abord  à  Ester  Guyneau,  puis  en  secondes  noces 
à  Marie  Ravenel. 

Souvent  il  fait  échange  avec  son  collègue,  tout  voisin, 
de  Ducé  (4),  autre  fief  des  Montgomery.  Ce  pasteur  de 
Ducé  est  «  Anthoine  Philponneau  (ou  Philiponneau) , 
escuier.,  sieur  de  la  Fleur-Argier  »,  marié  à  Judith  d'Au- 

(1)  Voir  deux  articles  sur  le  Protestantisme  dans  UAvranchin,  publiés  par 
M.  Le  Breton,  notre  ancien  et  regretté  proviseur,  dans  le  Nouvelliste  rf'Jvran- 
chesdes  22  et  29  décembre  1900.  Kien  ne  reste  du  château  de  Pontorson.  Mais 
des  Pontorsonnais  se  rappellent  avoir  connu,  entre  l'église  et  la  grande  rue 
du  Couesnon,  une  rue  du  Prêche,  aujourd'hui  englober  dans  un  clos 
privé. 

(2)  Voir  notre  Prot.  en  B.  Norm.,  p.  82. 

(3)  11  y  avait  des  Paris  protestants  à  Caen  {Ibid.  276,  401). 

(4)  Chef-lieu  de  canton  de  l'arrond.  d'Avranehes,  à  14  kilom.  au  N.  K.  do 
Pontorson. 


MÉLANGES 


451 


teville.  Pierre  Paris  va  baptiser  à  Ducé  leurs  enfants  : 
Jean  (12  juin  1612),  Suzanne  (25  mars  1614)  et  Natha- 
naël  (28  juillet  1618).  En  revanche,  Philiponneau  vient 
baptiser  à  Pontorson,  le  22  janvier  1606,  Suzanne,  fille 
de  Pierre  Paris  et  d'Ester  Guyneau. 

De  1599  à  1623,  sont  désignés  sur  le  registre  comme 
anciens  : 

André  Audebert, 

Antoine  de  Grigny, 

David  Guérard, 

Henry  de  la  Fosse, 

Jean  Lebret  Lescu  (ou  sieur  de  Lescu), 
Joacim  Le  Roux, 

Jacques  Suppliau  (ou  Suppligeau),  dit  Le  Bignon. 

Dans  cette  première  partie,  les  actes  de  baptême  sont 
rédigés  sous  une  forme  très  sèche  ;  la  date  de  naissance 
n'est  pas  régulièrement  indiquée  ;  souvent  des  prénoms, 
voire  des  noms  restent  en  blanc.  Mais  il  est  un  fait  qu'on 
ne  peut  s'empêcher  d'observer  :  c'est  que,  de  1601  à  1603, 
et  surtout  de  1604  à  1606,  la  mortalité  est  effrayante. 
Quatre  actes  consécutifs  de  baptême,  du  3  juin  1604  au 
4  août  1605,  se  terminent  par  la  même  mention,  sorte  de 
glas  funèbre:  «  dempuis décédé  ».  Le  2  octobre  1605,  un 
autre  enfant  meurt  «  incontinent  après  le  baptesme  ». 
Par  les  dates  ci-dessus,  on  voit  que  ces  décès  se  produi- 
sent même  dans  la  belle  saison.  Sans  nul  doute,  il  y  eut 
alors,  à  Pontorson,  une  épidémie  sur  les  nouveau- 
nés. 

Si  nous  comptons  les  baptêmes  des  années  1600  à 
1621  inclusivement  (années  complètes),  nous  trouvons  un 
total  de  241,  ce  qui  donne,  pour  22  années,  une  moyenne 
annuelle  de  10,  9  ;  soit  bien  près  de  11  baptêmes  par  an. 
Admettons  1000  habitants  à  raison  de  30  baptêmes;  nous 
aurons  pour  Pontorson,  entre  1599  et  1621,  un  chiffre 
approximatif  (et  peut-être  inférieur  à  la  réalité)  de 
366  fidèles. 

Les  mariages  qu'ils  contractent  sont,  pour  la  plupart, 
très  féconds  :  nous  le  verrons  par  plusieurs  exemples.  En 


452 


MÉLANGES 


outre,  leurs  mœurs  doivent  être  pures  :  d'un  bout  à 
l'autre  du  registre,  on  ne  relève  aucune  naissance  illégi- 
time. 

A  la  tête  du  troupeau,  parade  «  haut  et  puissant  sei- 
gneur »  le  comte  Gabriel  II  de  Montgomery.  Il  porte 
«  écartelé  de  gueules,  au  premier  et  quatrième  quartier 
chargé  de  trois  coquilles  d'or,  au  deuxième  et  troisième  de 
trois  fleurs  de  lys  d'or  »  (1).  Il  est  «  chevalier  des  ordres  du 
Roy,  gentilhomme  ordinaire  de  sa  chambre,  capitaine 
de  50  hommes  d'armes  de  ses  ordonnances,  sieur  chaste- 
lain  de  Ducé,  Cherencez  (2),  Champcervon  (3),  et  gouver- 
neur des  ville  et  chasteau  de  Pontorson  »  (4). 

En  1600,  il  a  été  salué  par  Jean  Brouault  (5)  comme 
«  le  principal  et  le  plus  sûr  appui  »  des  réformés  du 
Cotentin,  par  «  le  rocher  non  esbranlé  de  sa  ferme  foi  en 
l'Evangile  ». 

Sa  femme  est  Suzanne  de  Bouquetot,  fille  de  Jean  du 
Breuil,  sieur  de  Vaux. 

Déjà  sont  venus  au  monde  :  leur  fils  aîné,  Gabriel  IIL 
marié  plus  tard  à  Aimée  de  Ghastenay,  et  leur  fille  aînée 
Louyse,  qui  épousera  en  1614  Jaques  de  Vassy,  seigneur 
de  la  Forest,  baron  de  Brecey  (6). 

Après  1599,  ils  font  baptiser  à  Pontorson  six  autres 
enfants  ; 

En  1600,  le  M  février  :  Suzanne,  présentée  et  nommée 
par  «  noble  homme  »  Jean  de  Glay,  sieur  de  la  Costa r- 
daye,et  dame  Charlotte  de  Mongommery,  femme  de  noble 
homme  Daniel  de  la  Tousche,  sieur  de  la  Ranardière  ; 

(1)  Généralité  de  Caen  :  Recherche  delà  noblesse,  en  1666  et  ann.  suivantes, 
par  Messire  Chamillarl,  intendant  (Caen,  Delesques,  1887),  p.  206. 

(2)  Chérencé  le  Héron,  c.  de  Villedieu,  arr.  d'Avranchcs,  ou  Chércncc  le 
Roussel,  c.  de  Juvigny,  arr.  de  Mortain. 

(3)  C.  du  c.  de  La  Haye-Pesnel,  arr.  d'Avranchcs. 

(4)  Reg.  passim,  ann.  1599  à  1623. 

(5)  Polémiste  de  Carcntan.  (Voir  notre  Prot.en  R.  Norm.,  p.  53). 

(6)  Brecey  est  un  canton  de  l'arr.  d'Avranchcs.  —  Sont  baptisés  m  Pon- 
torson deux  des  enfants  de  Jaques  de  Vassy  :  le  6  novembre  161».  (iabnel. 
présenté  et  nommé  par  Gabriel,  comte  de  Montgomery,  baron  d'Escouché 
(Orne);  —  le  14  septembre  1616  :  Jaques,  qui  B  pour  parrain  le  ^i<nir  du 
Bord  âge . 

(7)  Le  prénom  est  en  blanc  dans  le  registre  . 


MÉLANGES 


En  1602,  le  3  février  :  Louis,  futur  sieur  de  Dueé  ;  son 
parrain  est  «  noble  homme  (7)  deMornay,  sieur  de  Bauves, 
fils  de  noble  homme  Philippe  de  Mornay,  sieur  duPlessis, 
gouverneur  de  Saumur  ; 

En  1603,  le  27  novembre  :  Elizabeth,  née  le  20dudit 
mois,  présentée  et  nommée  par  noble  homme  Isaac  de 
Pienne,  sieur  de  Bricqueville  (1). 

En  1605,  le  11  décembre  :  Jean  (2),  futur  sieur  du 
Breuil,  présenté  et  nommé  par  son  grand-père  Jean  du 
Breuil,  et  par  Suzanne  de  Refuge,  femme  de  (3)  Froté, 
sieur  de  Sey  ou  Sai  (4)  ; 

En  1607,  le  28  juin  :  Charlotte,  née  le  21  juin,  pré- 
sentée par  noble  homme  Jacob  du  Désert,  sieur  de 
Villelou,  et  nommée  par  Louyse  de  Montgomery  sa 
sœur; 

En  1609,  le  22  octobre  :  Jfacques,  futur  sieur  de  Lor- 
ges,  présenté  par  Anthoine  de  Gaillardy,  et  nommé  par 
Louyse  de  Montgomery. 

Souvent  Gabriel  Tï,  sa  femme,  ses  fils  et  ses  autres 
filles  acceptent  d'être  parrains  ou  marraines  ;  mais  (sauf 
exceptions)  ils  se  contentent  de  «  nommer  »  l'enfant,  sans 
le  «  présenter  ». 

Notre  registre  laisse  entrevoir  ce  qu'était  l'entourage 
d'un  seigneur  protestant,  chef  d'une  place  de  sûreté. 

En  l'absence  de  Montgomery,  le  château  de  Pontorson 
est  commandé  par  Benjamin  de  Pieres,  sieur  de  Saint- 
Sonnin.  Sont  désignés  comme  étant  «  de  l'ordonnance 
du  chasteau  »  : 

Jacques  Suppliau  (ou  Suppligeau),  dit  le  Bignon  (ou 
sieur  de  Bignon) ,  «  sergeant  »  ; 

(1)  Châtelain  d'Isigny. 

(2)  Donc,  par  ordre,  de  naissance  les  deux  fils  cadets  de  Gabriel  II  sont  Jean 
et  Jacques,  et  non  Jacques  et  Jean,  comme  le  dit  la  France  protestante, 
l'°  éd.,  VII,  483,  484. 

(3)  Le  prénom  est  en  blanc  au  registre  . 

(4)  Le  15  octobre  1601,  sont  baptisées  à  Pontorson  deux  filles  de  Guillaume 
Martin,  sieur  d'Esselme  (?),  et  de  Marie  Froté. 

Ces  Froté  doivent  être  des  aïeux  de  Louis  de  Frotté,  le  fameux  chef  de 
chouans.  Sur  Tes  de  Frotté  protestants,  voir  M.  de  la  Sicotière,  Louis  de 
Frotté,  I,  1  16,  et  notre  Prot.  en  B.Norm.,  p.  476,  478). 


454 


MÉLANGES 


Urbain  Bysson,  sieur  de  la  Cousture,  «  sergeant »  ; 
Jacques  Bysson,  dit  Laillerye,  marié  à  Jacqueline  de 
Sainctemarie  ; 

André  Àudebert,  dit  la  Bresche  ; 
Antoine  Beauchef,  sieur  de  la  Bretonnière; 
Jean  Corbière,  dit  Jouan  ; 
Julien  Gallien,  sieur  de  la  Vigne; 
Abraham  Le  Jeune  la  Commune  ; 
Pierre  Le  Tellier,  sieur  de  la  Pierre  ; 
Pierre  Ogeron,  sieur  du  Puits  ; 
Daniel  Perrin,  sieur  de  Pontivy  ; 
Pierre  Turpin,  dit  le  Hamel. 

Figurent  peut-être  aussi  parmi  les  hommes  d'armes  du 
gouverneur  :  un  Allemand,  Jacques  Bourgard,  dit  /e  lands- 
knecht,  et  trois  Suisses  :  Jean  Lebret  Lescu  (1)  ;  Hérodin 
Le  Tellier,  dit  la  Fleur  ;  Rodolphe  Wandermuller,  ou 
Werdemiler,  plus  tard  francisé  comme  «  bourgeois  de 
Pontorson  »  sous  le  nom  de  Verdemilet,  et  marié  à  Su- 
zanne du  Mont. 

Gabriel  II  de  Montgomery  a  pour  «  escuyer  »  le  «  sei- 
gneur »  Jules  Copolo  (ou  Copollo)  ;  pour  «  maistre  d'hos- 
tel  »  :  Anthoine  de  Gaillardy  ;  pour  <n  homme  de  chambre  »  : 
DanieiLe  Roux  ;  pour  secrétaire  »  et  ((intendant  »  de  ses 
«  affaires  »  :  l'avocat  au  Parlement  Jaques  Dallibert  (ou 
dAlibert),  sieur  du  Désert,  de  la  Villefrisson etde  Laume- 
rais,  marié  en  premières  noces  à  Suzanne  Tardif,  sœur 
de  Gabriel  Tardif,  sieur  de  Moidré  (2)  ;  en  secondes  noces, 
à  Louyse  de  Pilois  (ou  de  Pilouays). 

Cette  famille  Dallibert  va  être  anoblie  en  1637;  elle 
portera  «  d'azur  à  trois  têtes  de  loup  d'or  (3)  ». 

Plus  ancienne  est  la  famille  d'Auteville  (ou  de  Haute- 
ville)  :  un  vieux  nom  normand. 

Elle  porte  «  d'argent  à  trois  fasces  de  sable  au  sautoir  de 

(1)  Jean  Lebret,  André  Audebert  et  Jacques  Suppliau  sont,  en  outre,  anciens 
de  l'Église.  (V.  supra). 

(2)  Moidré  ou  Moidrey,  commune  entre  Pontorson  et.  le  Mont-Saint-Michel. 
—  Vers  1877,  un  Tardif  de  Moidrey  était  avocat  général  près  la  COUr  d'appel 

de  Cacn.  Cette  famille  est  aujourd'hui  catholique. 
(8)  Génér.  de  Cacn.  Rech.  de  la  nobl.,  p.  756,  7;>7. 


MÉLANGES 


gueules,  brochant  sur  le  tout, J à  la  bordure^  de  gueules  ». 
Nous  avons  vu  qu'une  Judith  d'Auteville  avait  épousé  le 
pasteur  Philiponneau.  Gabriel  d'Auteville,  écuyer,  épouse 
en  1618  Élisabeth  de  Corbet  (1). 

D'autres  «  nobles  hommes  »,  écuyers  pour  le  moins, 
figurent  dans  cette  partie  du  registre  comme  parents  ou 
parrains  :  les  d'Anfernet,  lesCarbonnel  de  Chasseguey  (2)  ; 
les  de  Chesnaye  :  les  Douessay  de  Saint-Clou  et  d'Estel- 
len  ;  les  du  Breuil  du  Plessis  Challonge  ;  les  de  Gloris  ;  les 
Guyot-Tanet  (ou  Tannel),  sieurs  de  Courtepierre  et  de 
Villecunan  ;  les  de  la  Fosse  ;  les  de  la  Harague  d'Àstrey  ; 
les  du  Rocher-Montagu  :  les  Le  Maistre  ;  les  de  Martigny  ; 
les  Missanes  :  les  de  la  Palluelle  (  3)  ;  les  Pesant  de  la  Ma- 
sure :  les  Le  Resseguier  de  la  Pierre. 

Des  bourgeois,   les  uns  sont  fonctionnaires.  Ainsi 
Charles  Tourmyne.  sieur  de  la  Hyonnièreet  delà  Morinaye, 
marié  à  Renée  Janot,  est  «receveur  de  la  traitte foraine 
de  Pontorson,  c'est-à-dire  qu'il  perçoit  dans  cette  ville  les 
droits  de  douane  entre  la  Normandie  et  la  Bretagne. 

D'autres  sont  médecins,  comme  François  Collet  et 
Charles  Lucas  ,  ou  chirurgiens,  comme  Jacob  Bougie  (ou 
Bougis  .  et  Jean  Bougie,  sieur  de  Lestang. 

Jean  Le  Fèvre  (ou  Le  Febvre),  sieur  de  la  Prime,  est 
c  maître-imprimeur  ».  Epoux  de  Jeanne  de  Grigny  (ou 
Grigney ) ,  fille  d'Anthoine  de  Grigny  et  de  Rachel  Dallibert. 
il  meurt  en  1607(4).  Il  a  publié  diverses  plaquettes  de  con- 
troverse religieuse,  sur  la  messe,  le  purgatoire  (5),  etc. 

Bertin  est  chapelier.  Boyseau  <<  sarger  »  (6),  Jamet 
boulanger,  Le  Jeune  tailleur,  Tiellent  boucher,  Hommery 
serrurier.  Périer  (ou  Poirier)  La  Fosse  :  armurier. 

Sont  inscrits  sans  mention  de  métier  :  les  d' Auron,  Bar- 

(1)  Dans  la  Rech.  delà  noblesse,  p.  286,  on  suppose  les  formes  Corbres, 
Cordray  ou  Coudren,  qui  semblent  toutes  trois  inexactes. 
(2  C.  de  Juvigny,  arr.  de  Mortain. 
(3)  Voir  Rech.  de  lanobl.,  p.  215. 

4  Le  13  septembre  1607.,  on  baptise  RacheL  sa  fille  posthume. 

(5)  Les  traités  sur  la  messe  et  le  purgatoire,  de  quelques  pages  seulement, 
sont  cotés  120  francs  chacun,  et  très  recherchés  par  les  bibliophiles.  M.  Le 
Breton.  Nouvelliste  d'Avranches,  22  décembre  190U). 

(6)  Fabricant  de  serges. 


456 


MÉLANGES 


berot  Saint-Pierre,  Basset,  Bernier,  Blouet-Lespins,  ou  de 
Lespinne  ;  Boudon,  Buette,  Cairon,  Champion  la  Roche, 
Çlïannevière,  Couespel,  Dairou,  Des  Bouillons,  DuCosney, 
DoMoustier,  Durand  les  Sallières,  Duré,  Eschard,  Fanet, 
Galliot  de  la  Noë,  Gaultier,  Girard  la  Chaussée,  Gosselinla" 
Chapelle,  Goulepel,  Guernier,  Hannet,  Jouennot,  La  Rose, 
de  Launay  (1),  de  La  Vieuville,  Le  Chartier,  Lemeunier, 
Lemoine,  Lemonnier,  Le  Pellé,  Le  Prince,  Le  Roy,  Le 
Seigneur  (et  Seigneur),  Le  Tessier  de  Lisle,  Levaré,  Le 
Villain,  Lohier  de  Verbysson,  Mahot,  Maillard,  Meschin, 
Michel  de  Saint  Agnen,  Milet,  Mongis,  Nouail  (ou  Nouel,  ou 
Noël),  Odolf  dit  le  Flamant,  Pautret,  Pinot,  Piquet,  Pou- 
lain, Rabec  dit  Larsonneur,  Régnier,  Remon  Saint-Gilles, 
Roesson-Laillerye,  Souesmier,  Trouvé,  Varin  la  Rivière, 
Villalard. 

II 

Mais  les  beaux  jours  sont  passés  pour  l'Église  de  Pon- 
torson. 

Le  dimanche  15  janvier  1623,  le  pasteur  Philiponneau 
est  venu,  de  Ducé,  y  donner  la  Cène  et  baptiser  deux 
enfanls.  Après  les  deux  actes  de  baptême,  on  lit  ces 
quelques  lignes,  qui  sont  d'une  autre  main  : 

«  Depuis  lez  baptistères  ci-dessus  escrits  il  est  advenu 
interruption  à  l'exercice  de  la  religion  jusques  en  l'an 
1627...  »  (2). 

La  cause  de  cette  interruption,  c'est 'a  tourmente  de 
1621,  qui  déjà  va  coûter  aux  protestants  la  plupart  de 
leurs  forteresses.  Gabriel  II  de  Montgomery  est  «  pécu- 
nieux  »;  moyennant  100.000  écus  et  le  commandement 
d'Argentan,  il  a  rendu  au  roi  Pontorson,  dont  il  était 
gouverneur.  Sans  tarder,  on  a  démantelé  Pontorson, 
démoli  son  «  presche  »,  et  interdit  dans  cette  ville  toute  célé- 
bration du  culte  protestant  (1623). 

Mais  Louis  Mil  a  considéré  que  dans  tout  le  diocèse 

(1)  Un  de  Launay  représente  Corncray  au  synode  normand  do  1655. 

(2)  Rey.,  p.  52. 


MÉLANGES 


457 


d'Avranches  il  n'y  avait  aucun  exercice  de  bailliage.  En 
conséquence,  par  arrêt  du  12  décembre  1626  (1),  il  a 
permis  aux  réformés  de  Pontorson  de  se  «  recueillir  »  à 
Cormeray,  village  distant  d'une  lieue  vers  l'Ouest,  et  qui 
a  pour  seigneur  leur  coreligionnaire  Gabriel  d'Aute 
ville. 

De  1623  à  1627,  pendant  l'interruption,  c'était  à  Ducé 
que  l'on  portait  les  enfants  à  baptiser.  C'est  aussi  le 
pasteur  de  Ducé,  Anthoine  Philiponneau,  qui  fait  «  le 
premier  presche  »,  le  12  août  1627,  au  «  temple  neuf  » 
de  Cormeray  (3);  il  dessert  les  deux  Églises  jusqu'en  1630. 
A  cette  date,  il  a  pour  successeur,  tant  à  Ducé  qu'à  Cor- 
meray, le  pasteur  Jacques  Giron. 

A  partir  de  1646,  Cormeray  aura  un  pasteur  parti- 
culier :  de  1646  à  1650,  Jortin  (ou  Fortin?)  (2);  puis,  de 
1650  à  1674,  Luc  Pouquet  (ou  Poucquet),  ancien  condis- 
ciple de  Samuel  Bochart  à  Sedan.  Luc  Pouquet  reçoit 
de  son  troupeau  un  traitement  annuel  de  480  livres  (4) . 
A  peine  est-ce  de  quoi  nourrir  sa  nombreuse  famille  : 
de  1651  à  1661,  sa  femme,  Marguerite  Lemoine,  lui  donne 
six  enfants  :  Elisabeth,  Suzanne,  Gabriel,  Elizée,  Margue- 
rite et  Paul,  presque  tous  présentés  et  nommés  par  de 
nobles  personnages,  des  Montgomery,  des  Dallibert  ou 
des  d'Auteville. 

A  Pontorson,  avant  1623,  quelques  baptêmes  avaient 
été  célébrés  par  des  pasteurs  d'autres  Églises  :  Pierre  de 
Saulx,  de  Falaise  (1608  et  1610);  Charles  de  Beaunays, 
d'Alençon(7  mars  1619).  De  même,  à  Cormeray,  viennent 
baptiser  :  Giron,  de  Ducé  (après  1646)  ;  —  de  Hautpays, 
de  Fresne  (5)  ;  —  de  Barhays,  de  Fontenay  (6)  et  Chasse- 
guey;  —  un  pasteur  Bourseau,  dont  on  n'indique  pas 
l'Église  (29  juillet  1668.) 

(1)  Voir  notre  Prot.  en  B.  Norm.,  p.  33. 

(2)  Reg.,  P.  52. 

(3)  On  croit  lire  Jortin;  mais  il  y  avait,  dans  l'élection  d'Avranches,  des 
Fortin  protestants.  (Rech.  de  la  noblesse,  p.  376), 

(4)  Voir  notre  Pr.  en  B.  N.,  p.  66. 

(5)  Fresne,  c.  du  c.  de  Tinchebray,  arr.  de  Domfront  (Orne). 

(6)  Fontenay,  c.  de  Mortain. 


458 


MÉLANGES 


Pour  le  troupeau  «  recueilli  »  à  Cormeray,  quatre 
fidèles  sont  désignés  au  registre  comme  anciens  : 
Joachim  Le  Roux  ; 

Jean  de  Glay  (ouGlé),  sieur  de  la  Costardaye,  marié 
à  Elisabeth  de  Beauvoir  (1)  ; 
Jacob  Bougie,  chirurgien; 

Isaac  Bouchet,  sieur  du  Plessix,  ou  du  Plaissy,  garde 
du  bureau  des  traites  foraines. 

Sauf  quelques  omissions  rectifiées  après  coup  (2),  les 
actes  semblent  rédigés  avec  plus  de  soin.  Presque  tou- 
jours, avant  de  donner  la  date  du  baptême,  on  indi- 
que celle  de  la  naissance,  et  sous  une  forme  solennelle  : 
«  naquit  en  nostre  Seigneur. .  .  » 

M  ais  le  nombre  des  baptêmes  a  singulièrement  diminué . 
Avant  1623,  la  moyenne  atteignait  près  de  11  par  an. 
De  1628  à  1636  (années  complètes),  elle  tombe  à  3,  3 
(30  baptêmes  en  9  ans). 

Si  elle  remonte  à  4,  4  pour  la  période  de  1639  à  1668 
(132  baptêmes  en  30  ans),  c'est  que  les  parents  qui 
apportent  leurs  enfants  au  baptême  ne  sont  pas  tous  de 
la  région  Pontorson-Cormeray.  Dès  avant  1623,  il  en 
venait  des  paroisses  bretonnes  les  plus  proches  :  Saint- 
Georges  de  Gréhaigne  (3)  ;  «  Bagnes  Picquant  »,  ou 
plutôt  Baguer-Pican  (4)  ;  voire  Cancale  (famille  Estenar, 
ou  Estenard).  Dans  la  seconde  s  artie  du  registre,  ces 
exceptions  sont  de  moins  en  moins  rares.  Ainsi,  sont 
baptisés  à  Cormeray  : 

Le  24  mai  1665,  un  (ils  de  Pierre  Ryé  et  d'Elisabeth 
Mogier,  «  de  l'Église  dePlouer  (5)  en  Bretagne  »  ; 

Les  17  février  et  25  avril  1666  :  un  fils  de  Jean  du  Feu 
et  deMichelle  Corniche,  et  une  fille  de  Jacques  Guillemet  e( 
de  Jeanne  Le  Tellier,  tous  les  quatre  habitant  Saint-Servan. 

(1)  Beauvoir,  village  entre  Ponlorson  el.  le  Mont-Saint-Michel. 

(2)  Ainsi,  après  le  12  juin  1630,  est  inscrit  un  baptême  de  1624.  Des  actes 
de  1640,  1642  et  1643  sont  respectivement  intercales  dans  Les  années  164t. 
1643  et  1644. 

(3)  G.  du  canton  de  Pleine-Fougères,  arr.  de  Saint-Malo. 

(4)  G.  du  canton  de  Dol,  même  arr. 
(8)  Bourg  entre  Dinan  et  Dinard. 


MÉLANGES 


459 


De  1607  à  1668,  plusieurs  réformés  de  «  Vittrey  »  (ou 
Vitré)  (1)  figurent  au  registre  comme  parrains  (2). 

Même  on  relève  des  noms  d'outre-Manche  :  Gosselin, 
de  «  Grenezay  »  (Guernesey);  Jean  Pope,  «  marchand 
anglais  »  ;  la  fille  d'un  Ecossais  :  «  Wallter  Singentonne 
(pour  Singleton  ?)  ,  présentée  au  baptême  par  «  le  capitaine 
Houstor  »  (13  mars  1639). 

Quant  aux  Montgomery,  le  seul  mentionné  avec  quel- 
ques détails,  après  1627,  est  Jacques,  «  seigneur  de 
Lorges  »,  dernier  fils  de  Gabriel  II.  De  sa  femme,  Jeanne  Le 
Révérend,  il  a  eu,  en  1646,  un  fils,  Jean,  (3)  présenté  au 
baptême  à  Cormeray  par  Jean  de  Montgomery  et  Judith  de 
Barberie,  «  damoiselle  »  de  Saint-Contest  (4).  Suzanne, 
sa  fille,  est  trois  fois  marraine  à  Cormeray  (en  1652, 1661 
et  1669). 

L'ancien  secrétaire  de  Gabriel  II,  Jacques  Dallibert, 
est  devenu  «  président  en  l'élection  d'Avranches  ».  De  sa 
première  femme,  Suzanne  Tardif,  il  a  eu  sept  enfants  : 
Gabriel,  Suzanne,  Aimée,  Jacques,  Loys,  une  seconde 
Suzanne  et  Gédéon,  nés  de  1609  à  1620.  Louise  dePillois 
sa  seconde  femme  lui  en  donne  trois  :  René,  Madeleine  et 
Jacques,  nés  de  1627  à  1635. 

Une  de  ses  parentes,  Louise  Dallibert,  est  veuve  du  sieur 
Béchevel  de  la  Hôtellerie. 

C'est  peut-être  son  fils  aîné,  Gabriel,  qui  est  désigné 
comme  écuyer,  sieur  de  Langevinnière,  et  mari  d'Anne 
Marguerite  Gouyon.  Leurs  cinq  enfants  sont  : 

Marguerite,  présentée  au  baptême  (janvier  1656)  par 
le  vicomte  de  Terchaut  ; 

Claude-Charles,  présenté,  en  février  1657,  par  Claude- 

(1)  Sous-préfecture  d'Ille-et- Vilaine. 

(9)  Jean  Clavier,  sieur  de  Challon;  le  sieur  de  Fueillet;  Gendrel;  Jean 
de  Gennes,  sieur  de  la  Guinarderie  ;  Jacob  Grillet,  sieur  de  la  Paindavinnière  ; 
Jean  Hardy;  Suzanne  Noël  ;  Pierre  Nouail  ;  Noël  Daudrairie,  ou  Dautrairie,  ou 
plutôt  Baudrairie.  ^11  y  a  encore  aujourd'hui  à  Vitré  une  rue  Baudrairie). 

(3)  Qui  sans  doute  abjura  vers  1685,  et  devint  maréchal  de  camp.  Dans 
notre  P.  en  B.  N.  (p.  98),  nous  l'avons  confondu  par  mégarde  avec  son  oncle 
Jean. 

(4)  En  1690,  Mme  de  Tilly,  née  Barberie  de  Saint-Gontest,  écrit  de  Hollande 
à  l'évêque  Huet  :  «  Ma  sœur  de  Montgomery  est  avec  M.  Oldembourg.  »  (Voir 
notre  P.  en  B.  N.,  p.  488). 


MÉLANGES 


Charles  Gouyon,  baron  de  Marcey  près  Avranches,  époux 
d'Élisabeth  DuMatz; 

Claude,  présenté,  en  juillet  1658,  par  Claude  Gouyon, 
sieur  de  Touraude; 

Gabriel,  présenté,  en  octobre  1660,  par  Louis  Ruer  (ou 
Rues?)  sieur  d'Escures  (1)  ; 

Elisabeth,  présentée,  en  novembre  1661,  par  Jacob 
Hue  de  Montays. 

Mais  celui  qui,  nouveau  Montgomery,  a  «  recueilli  »  la 
petite  Église,  c'est  Gabriel  d'Auteville,  appelé  «  seigneur 
de  Cormeray  »,  ou  «  M.  de  Cormeray  ».  De  sa  femme, 
Elisabeth  de  Corbet,  il  a  eu,  de  1618  à  1634,  dix  enfants, 
dont  quatre  sont  nommés  au  registre  :  Gabriel,  Louys, 
Charles,  Elizée,  son  «  neuvième  »  fils. 

Cet  Elizée  d'Auteville.  sieur  de  Rommilley,  marié  à 
Marie  de  Bechevel,  en  a  cinq  enfants  : 

Marie- Anne  (avril  1654)  ; 

Philippe  (septembre  1655),  présenté  au  baptême  par 
Philippe  de  Bechevel,  écuyer,  sieur  de  La  Motte-Blagny  ; 

Magdelaine  (septembre  1656),  présentée  par  M.  de  Car- 
net, écuyer,  beau-frère  d'Elizée  d'Auteville; 

Elizabeth  (décembre  1657)  ; 

Mai-guerite  (juin  1668). 

Peut-être  faut-il  aussi  compter  parmi  les  enfants  de 
Gabriel  d'Auteville  et  d'Elisabeth  de  Corbet  : 

1°  Jean  d'Auteville,  dit  «  sieur  de  Cormeray  »  (2), 
marié  a  Catherine  Mahot;  d'où  cinq  enfants;  Henry, 
Jean,  Jacques,  Elisabeth,  Judith  (1642-1648); 

2°  Jacques  d'Auteville,  marié  à  Suzanne  de  Rieux;  d'où 
quatre  enfants  :  Gabrielle,  Jeanne,  Gilles  et  Philipes.  — 
Jeanne  a  pour  marraine,  le  21  août  1652,  Jeanne  Duchas- 
tellier,  dame  de  Macey,  près  Pontorson.  Philipes  a  pour 
parrain,  le  28  août  1658,  Philipes  de  la  Rocherre,  écuyer, 
sieur  de  Villaurey,  et  pour  marraine  Louyse  de  Philipon- 
neau  (sans  doute  une  fille  du  pasteur),  épouse  d'Henry  Le 
Bouteiller,  écuyer,  sieur  de  Houlebec. 


(1)  Peut-être  Escures  sous  Favières,  près  Falaise. 

(2)  Une  demoisc  le  Magdelaine  Meslin  est  dite  aussi  <.  dame  lie  Cormeray  » 


MÉLANGES 


Des  autres  noms  mentionnés  avant  1623,  beaucoup  ont 
disparu.  Ainsi,  il  n'est  plus  question  ni  de  Gaillardy,  ni  de 
Copolo,  l'un  maître  d'hôtel,  l'autre,  écuyer  de  Gabriel  II 
de  Montgomery.  Des  douze  soldats  «  de  l'ordonnance  du 
chasteau  »,  quatre  seulement  :  Le  Jeune,  Ogeron,  Suppli- 
geau et  Turpin,  semblent  être  restés  au  pays,  ou  y  avoir 
laissé  des  parents.  On  retrouve  en  1645  une  Marie  Le 
Jeune.  Une  Jaquenne  Ogeron  a  épousé  Mathurin  Marual, 
sieur  de  La  Haye.  Une  Jeanne  Suppligeau  est  mariée  avec 
Abel  Gaullard,  sieur  des  Vallées;  une  Rachel  Suppligeau, 
avec  Gabriel  Camas  (ou  Camatz),  sieur  Lusserie  (ou  de 
Luisserie).  D'Abraham  de  Cheux,  écuyer,  sieur  de  laFon- 
tainne,  et  de  sa  femme  Magdelaine  Turpin,  naissent  sept 
enfants  :  Suzanne,  Ester,  Jean,  Gabriel,  Judith,  Magde- 
laine et  Abel  (i  651-1661). 

Un  Philippe  Taixoire  (ou  Tessoires?),  «  sieur  du 
Béarn  »,  a  épousé  Anne  Cairon,  de  Pontorson;  il  en  a 
deux  enfants  :  Magdelainne  (1656)  et  Rachel  (1667). 

Figurent  seulement  comme  parrains,  dans  cette  seconde 
période  :  Anthoine  de  Couvains  (1),  écuyer;  Jacques  Le 
Ricollais,  sieur  de  Laubinnière  ;  Osseber  (ou  Osbert), 
sieur  de  Castillon. 

La  «  recette  des  traites  foraines  »  de  Pontorson  a  passé 
de  Charles  Tourmyne  à  Claude  Regoumier,  sieur  de  Poi- 
sioux,  «  conseiller  ordinaire  de  l'artillerie  »,  époux  de 
Louyse  Armenauld;  il  a  pour  «  garde  de  bureau  »  Isaac 
Bouchet,  sieur  du  Plessis,  marié  à  Suzanne  Le  Roux. 

Nous  trouvons  encore  un  médecin  :  Guillaume  .  Le 
Moyne  ;  —  deux  chirurgiens  :  Semeon  Feillet,  Talbot  du 
Hamel  ;  —  un  «  opérateur  »  (2)  :  le  sieur  de  Chailleu  ;  — 
un  serrurier  :  Jaques  Gosselin,  dit  Lafosse  ;  —  un  «  cui- 
singnier  »  (cuisinier)  :  Saudrayn. 

Terminons  par  quelques  nouveaux  noms  de  bourgeois, 
que  ne  distingue  aucune  mention  spéciale  :  Barbier,  Bau- 

(1)  C.  du  canton  de  Saint-Clair,  arr.  de  Saint-Lô. 

(2)  «  Artisan  »,  ou  plutôt  :  «  Celui  qui  fait  une  opération  de  chirurgie.  » 
(Voir  F.  Godefroy,  Dicl.  de  l'ancienne  langue  française,  tome  V,  et  complé- 
ment, tomeX,  au  mot  «  opérateur  ».) 


462 


MÉLANGES 


prest,  Bouchard,  Chevreil,  Du  Bos,  Du  Bourg,  Du  Cartier, 
Fleury,  Fouquelin,  Frémont  (et  Froment),  Fresnaye,  Fri- 
querolles,  Hardy,  Hue,  Lainey,  Leconte,  Lefort,  Léon, 
Martin,  Pèlerin,  Perrin,  Boudel,  Buault,  Sevestre,  Tillard.- 

ïïï 

Les  trois  derniers  baptêmes  inscrits  au  registre  sont 
des  30  juin,  4  juillet  et  6  octobre  1669.  Le  1er  mai  de  la 
même  année,  les  fidèles  de  Cormeray  déléguèrent,  au 
synode  provincial  de  Caen,  leur  pasteur,  Luc  Poucquet, 
et  Abel  Gaullard  des  Vallées,  ancien.  Le  synode  leur 
alloua,  pour  un  incendie  survenu  à  leur  temple,  un  secours 
de  281  livres  (1). 

Au  synode  du  6  juin  1674,  Gaullard  des  Vallées  repré- 
senta seul  Cormeray.  C'est  que  Luc  Poucquet,  en  raison 
de  son  grand  âge  avait  demandé  et  obtenu  d'être  «  des- 
chargé »  de  ses  fonctions;  il  mourut  la  même  année,  le 
27  août,  âgé  de  76  ans.  Au  synode  du  16  juillet  1675, 
les  députés  de  Cormeray  furent  Haupays,  ministre,  et 
Gaullard,  ancien  (2). 

De  jour  en  jour,  l'horizon  devenait  plus  sombre.  De- 
puis 1660,  en  Normandie  comme  dans  toute  la  France, 
on  contestait  aux  réformés  leurs  lieux  d'exercice,  on 
recherchait  leurs  «  usurpations  ».  —  «  Produisez  vos 
titres!  »  leur  disait-on.  Or,  le  hasard  avait  voulu  (était-ce 
bien  un  hasard?)  que  des  registres  de  baptêmes  et  de 
mariages  fussent  dérobés,  en  1663,  à  l'Église  de  Cor- 
meray. 

Cette  Église  trouva  pourtant  grâce  devant  le  conseil  du 
roi,  lors  des  arrêts  sur  les  «  partages  »  (1679-81);  mais 
sa  «  faiblesse  »  l'empêcha  de  se  faire  représenter,  en 
1682,  au  dernier  synode  de  Normandie.  Indifférente  à 
Y  Avertissement  pastoral  du  clergé  (1683),  elle  fui  enfin 
supprimée,  en  1685,  par  sentence  du  lieutenant  gênerai 

(1)  Bibl.  Prot.,  Pap.  Norm.,  aff.  i,r<'n,,  suppl.,11.  7i  sqq. 

(2)  Ibid.,  86  sqq. 


MÉLANGES 


463 


d'Avranches,  et  ses  pauvres  rentes  attribuées  à  l'hôpital 
général  de  Pontorson. 

Déjà  l'Avranchin  ne  renfermait  plus  que  193  réformés. 
En  1699,  Nesmond,  évêque  de  Bayeux,  félicite  son  col- 
lègue d'Avranches,  le  célèbre  érudit  Daniel  Huet,  de 
n'avoir  plus  de  «  Montgommerie  »  dans  son  diocèse. 

Au  Refuge,  nous  ne  connaissons  que  deux  noms  de 
Pontorson-Cormeray. 

C'est  d'abord  une  Marguerite  Dallibert  (1)  ;  en  1688, 
devant FÉglise  française  de  Rotterdam,  elle  s'accuse  d'avoir 
abjuré  dans  son  pays  par  contrainte,  elle  en  fait  péni- 
tence, et  demande  à  rentrer  dans  la  communion  de  ses 
frères. 

L'autre  nom  se  rattache  à  un  fait  beaucoup  moins  édi- 
fiant. Jeanne  Voisin  est  née  à  Jersey,  en  1692,  de  Louis 
Voisin  et  d'Anne  d'Auteville  (2).  Survient  la  déclaration 
royale  du  29  décembre  1698,  promettant  restitution  de 
leurs  biens  aux  réfugiés  qui  rentreront  en  France  dans  les 
six  mois,  et  abjureront  dans  le  mois  de  leur  retour.  Dès 
qu'elle  a  connaissance  de  cette  déclaration,  Jeanne  Voisin 
se  sent  touchée  de  la  grâce.  A  peine  a-t-elle  perdu  «  une 
mère  qui  l'obsédait  »,  qu'elle  abandonne  un  père  obstiné 
dans  son  «  erreur  »  ;  elle  revient  en  Normandie,  «  où 
Dieu  la  rappelle  ».  Après  avoir  abjuré,  elle  réclame  ses 
biens  confisqués.  Mais  les  parents  mis  en  possession  re- 
fusent de  lâcher  prise;  d'où  procès,  qui  durait  encore 
en  1733  (3). 

Aujourd'hui,  rien  ne  subsiste,  à  Pontorson,  de  l'an- 
cienne Église  réformée, que  le  souvenir  d'une  rue  du  Prêche, 
et,  s'il  se  trouve  dans  la  région  quelques  protestants  dissé- 
minés, ils  ne  doivent  pas  en  être  originaires. 

A.  Galland. 

(1)  Peut  être  la  fille  aînée  de  Gafiriel  Dallibert,  sieur  deLangevinnière,  et  de 
Marguerite  Gouyon  (V.  supra). 

(2)  Peut-être  Marie-Anne  d'Auteville,  née  en  avril  1654,  d'Elizée  dAuteville 
et  de  Marie  de  Bechevel.  (V.  supra).  —  C'est  par  erreur  que,  dans  notre  P.  en 
B.  Norm.,  nous  avons  imprimé  d'Auteville. 

(3)  Voir  notre  Prot.  en  B.  Norm.,  p.  71,  169,  198,  202,  207,  210,  238,  250, 
25S  254,  293,  346. 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


Le  350e  anniversaire  de  la  fondation  de  l'Église  réformée 
de  Chalon-sur-Saône. 

Ce  jubilé  a  eu  lieu,  dans  le  temple  de  Chalon-sur-Saône,  le 
18  juillet,  à  la  suite  des  fêtes  de  Genève.  Tous  les  protestants  de 
Chalon  et  des  environs  s'étaient  donné  rendez-vous  dans  le 
modeste  édifice  orné  de  guirlandes.  M.  le  pasteur  Rimond  de 
Genève  représentait  la  Société  évangélique  de  cette  ville,  qui 
avait  pris  une  part  prépondérante  à  la  reconstitution  de  l'Église 
de  Chalon  au  xixe  siècle.  Au  culte  du  matin,  M.  le  pasteur  Cornet- 
Auquier,  en  un  travail  approfondi,  résultat  de  longues  années  de 
recherches  dans  les  archives  locales  et  régionales,  résuma  l'his- 
toire dramatique,  émouvante,  de  l'ancienne  Église  de  Chalon,  de 
1559  à  1685.  Les  faits  principaux  de  cette  histoire,  M.  Cornet 
Auquier  les  avait  d'ailleurs  fait  graver  sur  une  grande  plaque  de 
marbre  qui  fut  inaugurée  à  cette  occasion  et  dont  nous  reprodui- 
sons ici  la  photographie,  dans  l'espoir  que  cet  exemple  sera  suivi 
dans  d'autres  Églises.  L'étude  détaillée  dont  elle  ne  pouvait  être  en 
quelque  sorte  que  l'ossature,  paraîtra  du  reste  dans  ce  Bulletin. 
A  la  suite  de  cette  conférence,  le  chœur  de  l'Église  chanta  quel- 
ques strophes  d'un  cantique  composé  par  le  poète  chalonnais  et 
huguenot  Philibert  Guide  pour  l'inauguration  d'un  des  anciens 
temples  de  Chalon  qui  avait  eu  lieu  le  1er  juillet  1584. 

Voici  une  de  ces  strophes  : 

Chassez  la  peur  que  vous  aviez  jadis, 
•    Que  le  plus  faible  en  soy  pense  à  mes  dits  : 
C'est  que  de  Dieu  son  espoir  confirmé 
Il  faut,  viril,  de  vraie  foy  estre  armé. 

Après  une  allocution  de  M.  le  pasteur  Rimond  on  écoule  la 
lecture  d'une  série  de  lettres  adressées  à  cette  occasion  à  l'Église 
de  Chalon,  entre  autres  par  le  président  de  notre  Société  qui 
n'avait  pu,  à  son  grand  regret,  venir  assister  à  ce  jubilé  comme  il 
en  avait  eu  l'intention. 

L'après-midi,  un  auditoire,  peut-être  encore  plus  compact,  vint 
écouter  la  conférence,  adaptée  à  la  solennité  qui  nous  réunissait, 
que  le  soussigné  avait  donnée  à  Genève  le  (\  juillet  sur  la  /»V 
forme  et  la  Pensée  moderne. 


Église  Reformée  de  Chalon-^Saone 

:  550^e  anniversaire  de  sa  fondation.  1550 -1009 


t 


*     Fondée  en  l5$9,  par  ie  pa'steur 
François  GOILLEXAT  de  Gien- sur-Loi re, 
l'Eglise  Réformé*»  de  Chaton  s'^ssembia 
d'abord  dans  une  maison  de  la  rue  aux-Fèvr-ei. 
Eîl«V»ut  M«mV»î.  Irai*  pà?Uurs. 
et  Je  consul!  des  wTtévins  im  eeds  ies  haA3es 
'<!*•  la. ville, où  elle  s*  réimît  jù5qu'en  ,  • 

)i  fut  alors  inîerdit  au  a  protêt  ants,.  / 
de  célébrer  leur  eu!  te -dam  la  *"ïl 
De  CUL*  :•  1587,  'A-  dur<-ri>  *e  rendre 
sucées?!  veinent  pour  c^ft-â  \>r'd  un.au 
Péaoed-  Dra<:v.  a  Coreell*».  au  .château 
de  Cruz'JU.c!  Lhati'noy-ie-Rovaî. 
Le.15  Janvier  1602,  îU  jnauo'urèr^nt 
aux-Es  ■•  Çhavarihes  »n  gVand  temple 
qu'on  leur*  lit  démolir  e.n  1657. 
IU  allèrent  Je..  !"rs  ou  prèch»  a  Buxv, 
jusqu'en  3G85,  é   -  ,  .      •    '  U  '■■ 
La  R  évocation  de  l'Edit  de  Nantes- 
anéantit  !'£<>!  is<»  de  ChaJon , 

mens  furent  donne*  à 'l'hôpital 
-î  la  plupart  de  ?•■><  membre*  émior.-renU 
Le  ••ulî*  'réformé  ne  reparut  V»n  \      qu'en  3833, 
Il  lut'  d'abord  célébré '"rue  aux-Févres, 
puis  dan.»  ce  tepiple,  inauguré  le  2  fi  Juin  165(1 
•Reo< mnaissanls» envers  .Dieu  pou  r  la  liberté 
f\f>n\  il*  jr.in'i>«id.l'i<  membre  de  [Bobs*  Reformé' 
de  Lhalon  '-rit  déVidé;d"érïd<»r  ee  marbre 
a  la  mémoire  'de  tous  <*»ux  cjui  l'ont  servie 
'«u  '|Uf  <<nt  ofiuff^rt  pour  e}b*„  . 
IL  i»>  Lvvrti^hLa  cder 

Au  XV  !  ï  S5-"lf  ■  Franeoiv  r, U I LU  ETAT  ■ 
r^nriir  a  Dipui  p.n  (502  el  dont  la.  ?èt*-fut 
expQèe^  a  CbnLn  1*4  payeurs  Antoine  POPILLON 


'  BON  -  DUPRE  et  Philibert  GRENE  qui 
organisèrent  l'Eglise  d*  1580  à L5G2 
Louis  DARSE  et  Jean  de  VIN  décapita 
en  3562 .  Ctaud»  CRESTIN.  le  pasteur  : 
Nicolas  DîV.E.S  victime  de  la 'S-  Barthélémy, 

'  l«juriscôr.s«lt«  DESCOUSU  et  DON  EAU.  ' 
GUÉRI  Nd*»  CABRÂVROLLES  .Seigneur  de  CRijZ!  LIE 
Jean  de  SA1  NT- LEGER, baron- de  RULLY 
le  poète  Philibert  GUIDE,  les  médecins. 

:  Toussaint  DUCRET.  'Jod.a$-'..M  ACH URE A L LT 
pï  Marc  de  la -CROIX'.!»*  pasteurs  de  PA.5SY 
Benoit  ALÏZET  et  JéVéme.  S  AL  ME 
Au  XVÏf?. Siecledes' pasteurs  Tl^iiphdê    \  ' 

CASSEGRAIM.  Ame  de  BON,  HÉ-LIODORE  . 
>L  Miche!  DUNOYER,  l'av<v»at  Job  BOl'VOT 
•$ara  H  ELIOT  veuve  dp  Jean  GIRARD  si  son' 
j'emlrè  Pierre  PLANTAMOUR-,traihes  sur  la  Claie 
1686  Ami.  Suzanne  de  b  CROIX 
'©aasc4âirk*  des  prisonnier?  pour-  ç;ruse  reùo'ieuse. 
Françoia  COULOM,  Samuel  JANTHlA'U 
Pierre  VINCENOT  et  I«  familles  BOUVOT. 
de  la  CROIX.  GIRARD,  G1ROD.  GUIDE, 
JÀNTH I AL.  LESP1  NASSE.  PERREaULT 
PLANTAMOUR,  RI  BOUDE  AULT  qui  pour  red>r 
fidèles  à  l'Evnndile  abandonnèrent  tous 
Jeurs  biens  et  passèrent' à  1' -étranger. 
Au  XIX-  S«éel-  i«  pasteurs'  HOFFMANN 
et  T.ESTUZ  qui  ave.-  Luuw  El^  BARP^  an:n, 
maire  de  CimUn  furent  les  restaura?*»: r>  d- 
••L Eglise  de  1833  -a  l.H4<>TJ  les  pasteur  • 

Aua-  G/  iMN,  F  PU  MUR  DE  S  G  0. MBA  Z 
•  Tnhn  PETER,  É1U  GROZAT  <A  A .  GD'RY 


30 


466 


CHRONIQUE  LITTERAIRE 


Ajoutons  qu'à  cette  occasion  les  membres  du  petit  troupeau 
exercèrent,  à  l'égard  de  leurs  coreligionnaires  des  environs  et 
leurs  invités,  la  plus  aimable  et  cordiale  hospitalité. 

N.  W. 


  propos  d'une  Étude  sur  les  Fugitifs  du  Languedoc. 

M.  Ch.  Bost  a  consacré  dans  le  Bulletin  de  1908  (p.  193  etss.-) 
un  article  aux  deux  premiers  volumes  publiés  par  M.  l'abbé 
Rouquette  sur  la  Révocation  de  VEdit  de  Nantes  en  Languedoc.  Il  a 
montré  le  grand  intérêt  que  présente  la  publication  des  docu. 
ments  provenant  de  l'Intendance  du  Languedoc,  documents 
jusqu'ici  enfouis  dans  les  cartons  des  Archives  de  l'Hérault.  A 
notre  tour  nous  exprimons  à  M.  l'abbé  Rouquette  la  reconnaissance 
qu'il  mérite  pour  avoir  abordé,  malgré  son  aridité,  une  étude  sur 
les  Fugitifs  (1685-1715),  et  nous  souhaitons  qu'il  donne  à  cette 
étude  une  deuxième  partie  en  la  prolongeant  jusqu'en  1789. 

Dans  le  dernier  chapitre  de  son  ouvrage,  M.  R.  donne  de  longues 
listes  de  fugitifs  dont  la  lecture  rendra  grand  service  aux  conti- 
nuateurs de  la  France  protestante;  peut-être  pourrait-on  demander 
à  l'auteur  une  exactitude  plus  scrupuleuse  dans  l'orthographe  des 
noms  cités,  exactitude  qui  ferait  de  son  ouvrage  un  véritable  <(  livre 
de  sources  ». 

M.  R.  analyse  avec  beaucoup  de  soin  et  de  clarté  la  législation 
concernant  les  biens  des  fugitifs;  il  expose  les  grandes  lignes  de 
l'administration  de  ces  biens,  et  tâche  de  se  rendre  compte  de  la 
fortune  laissée  par  les  réfugiés. 

11  distingue  cinq  périodes  dans  la  législation  : 

1°  De  1669  à  1685,  la  confiscation  des  biens  est  prononcée  de 
droit  contre  les  fugitifs  :  exception  est  faite  pour  les  ministres  et 
sujets  sortis  du  royaume  avec  permission;  le  dénonciateur  du 
fugitif  se  voit  attribuer  la  moitié  des  biens  par  la  déclaration  du 
20  août  1685.  —  Pendant  cette  période,  les  listes  de  fugitifs  sont 
sans  doute  dressées  au  siège  de  chaque  intendance,  mais  peut- 
être  ne  sont-elles  pas  tenues  à  jour  très  soigneusement. 

2°  De  1686  à  1687.  L'édit  de  Révocation,  puis  la  déclaration  du 
1er  juillet  1686,  accordent  une  amnistie  valable  jusqu'au  Ier  mars 
1687  à  ceux  qui  rentreront  dans  le  royaume  et  abjureront  la 
R.P.R.  Les  biens  des  absents,  confisques  en  droit,  sonl  on  fait 
seulement  séquestrés,  soumis  à  la  régie  ou  donnas  à  bail  ;  1rs 
parents  des  fugitifs  obtiennent  souvent  des  brevets  de  don  du 
Roi,  ou  la  main-levée  du  séquestre  ou  des  provisions  sur  ces 
biens.  Dans  le  Languedoc,  Baville  exige  de  ces  parents  des  preuves 
de  conversion  sincère. 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


-467 


3°  De  1688  à  1689.  L'édit  de  janvier  1688  réunit  au  domaine 
les  immeubles  des  consistoires,  ministres  et  sujets  de  la  R.  P.  R. 
Conformément  à  cet  édit,  l'intendant  adjuge  au  plus  offrant,  le 
Sr  Audiffret.  la  ferme  de  ces  biens.  Tous  ceux  qui  ont  des  pré- 
tentions sur  eux  doivent  faire  opposition  dans  le  délai  d'un  an. 
Ces  mesures  provoquent  des  procès  sans  fin;  l'imbroglio  est 
complet.  —  Pendant  cette  période,  comme  pendant  la  précédente, 
les  commissaires  nommés  par  l'intendant  pour  administrer  les 
biens  des  fugitifs,  puis  les  commis  du  Sr  Audiffret,  dressent  la 
liste  complète  des  réfugiés  possédant  des  biens  avec  l'indication 
de  la  valeur  de  ces  derniers  (ces  listes  que  nous  possédons  en 
grande  partie  sont  reproduites  dans  l'ouvrage). 

4°  De  1690  à  1698.  L'édit  de  décembre  1689  annule  les  édits 
antérieurs,  casse  les  baux,  et  rend  aux  plus  proches  parents  les 
biens  des  fugitifs  tels  qu'ils  étaient  en  1686;  seuls  les  biens  des 
ministres  et  des  personnes  sorties  avec  permission  et  n'ayant  pas 
d'enfants  en  France  restent  soumis  à  la  régie. 

5°  De  1699  à  1715.  Un  certificat  de  catholicité  est  exigé  des 
possesseurs  des  biens  des  émigrés:  ceux  qui  ne  peuvent  pas  en 
représenter  sont  privés  de  ces  biens  dont  le  Roi  dispose  à  sa 
volonté.  —  Les  listes  de  fugitifs,  qui  n'avaient  guère  été  tenues  à 
jour  pendant  la  période  précédente,  sont  refaites  et  complétées; 
elles  mentionnent  le  nom  des  détenteurs  des  biens  avec  une  anno- 
tation concernant  leur  zèle  pour  la  religion  catholique. 

Avec  M.  R.  nous  constatons  que  les  mesures  de  confiscation 
prises  par  le  Roi  n'ont  guère  enrichi  l'État.  Les  dépouilles  des 
fugitifs  ont  servi  à  récompenser  les  parents  bien  convertis,  à  payer 
des  pensions  aux  «  ci-devant  ministres  et  autres  »,  et  ont  surtout 
profité  aux  séquestres  des  biens. 

Les  premiers  chapitres  de  l'étude  ont  trait  à  l'émigration  pro- 
prement dite.  Nous  ne  dirons  rien  de  celui  qui  est  intitulé  Guides 
et  Routes  :  ce  sujet  a  été  traité  amplement  par  M.  Ch.  Bost  dans 
lè  Bulletin  de  1898  sous  les  titres  de  :  Le  Guide  Paul  Berger  Ragatz, 
et  Les  Routes  de  l'Exil. 

Au  chapitre  II.  M.  R.  énumère  les  mesures  législatives  prises 
pour  empêcher  la  fuite  des  religionnaires  et  nous  fait  toucher  du 
doigt  les  difficultés  matérielles  de  cette  fuite;  il  montre  que 
l'émigration  en  masse  n'a  pas  pu  se  produire  et  il  justifie  cette 
assertion  en  reprenant  sa  thèse  —  faut-il  dire  son  thème?  —  sur 
la  lâcheté  des  protestants  au  moment  de  la  Révocation.  Nous  ne 
discuterons  pas  de  nouveau  cette  thèse,  à  laquelle  M.  Ch.  Bost  a 
déjà  répondu  [Bull.  1908,  p.  194  et  ss.). 

M.  R.  semble  envelopper  d'ailleurs  dans  le  même  dédain  et 
ceux  qui,  restés  en  France,  se  soumettent  à  toutes  les  exigences 
du  pouvoir  civil  et  religieux  malgré  la  protestation  intérieure  de 


468 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


leur  conscience,  et  ceux  qui,  après  une  première  chute,  osent, 
pour  obéir  à  cette  conscience,  braver  tous  les  périls  et  passer  la 
frontière.  Sans  doute,  il  concède  en  bloc  que  beaucoup  parmi  ces 
derniers  «  ont  fui  pour  pouvoir  aller  à  l'étranger  pratiquer  leur 
religion  en  toute  liberté  »,  mais  les  documents  qu'il  cite  avec  com- 
plaisance ne  paraissent  lui  avoir  révélé  que  des  motifs  de  fuite 
peu  honorables  :  un  collecteur  de  tailles  s'enfuit  en  emportant  la 
caisse,  un  grand  nombre  de  huguenots,  avant  de  passer  à  l'é- 
tranger ont  gaspillé  leur  patrimoine  ou  dissipé  la  dot  de  leurs 
femmes;  certains  ne  font  pas  honneur  à  leur  signature;  la  plupart 
ont  le  tort  impardonnable  de  ne  pas  régler  leurs  affaires  avant 
leur  départ.  Or  est-il  besoin  de  faire  remarquer  que  les  mauvais 
renseignements  donnés  sur  un  fugitif  proviennent  le  plus  souvent 
d'un  créancier,  d'un  parent  qui  demande  une  provision  sur  les 
biens  confisqués  ou  la  main-levée  du  séquestre,  et  qui  a  tout 
intérêt  à  exciter  la  pitié  de  l'intendant  en  se  représentant  comme 
privé  de  toutes  ressources  par  la  faute  même  du  fugitif  ?  D'autre 
part  n'oublions  pas  qu'à  cette  époque  la  fortune  est  à  peu  près 
exclusivement  immobilière  :  les  femmes,  les  créanciers  qui  n'ont 
pas  été  remboursés  de  leur  dot  ,  de  leurs  loyers,  de  leurs  créances 
par  des  débiteurs  peu  soucieux  d'éveiller  l'attention  des  consuls 
et  des  prêtres  en  réglant  leurs  comptes  à  la  hâte,  pourront  frapper 
d'opposition  la  mise  en  régie  des  immeubles  de  ces  débiteurs 
fugitifs.  Admettons  sans  contrôle  les  faits  cités  par  If.  R.;  ne 
nous  portons  pas  garants  de  la  délicatesse  et  de  l'honorabilité  de 
chaque  réfugié  en  particulier  ;  disons  qu'il  a  pu  se  trouver  quelques 
brebis  galeuses  parmi  ces  hommes  qui.  pour  leur  foi,  risquaient 
la  liberté  et  la  vie.  Mais  il  nous  semble  qu'en  un  si  grave  sujet 
M.  l'abbé  R.  a  fait  plutôt  œuvre  de  polémiste  que  d'historien  en 
laissant  supposer,  comme  il  le  fait,  que  ces  défaillances  ont  été 
générales  (p.  -43  à  5-2;.  Il  résume  d'ailleurs  son  opinion  sur  les 
fugitifs  en  déclarant  qu'ils  ne  sont  guère  intéressants,  qu'ils  ne 
constituent  nullement  une  élite  dans  notre  patrie.  Élite  d'éner- 
gie ?  Non,  car  ils  ont  tous  accepté  ledit  de  Révocation  (oh! 
cette  acceptation,  sous  la  menace  de  la  ruine,  delà  torture,  de  la 
dragonnade,  delà  prison!);  car,  devant  leurs  juges,  sans  défen- 
seurs, ils  n'ont  pas  volontiers  affronté  les  galères,  la  prison  per- 
pétuelle ou  la  mort  en  avouant  leur  dessein  de  fuir.  —  Élite  de 
désintéressement?  Non.  car  en  parlant,  ils  n'ont  pas  laissé  leurs 
affaiies  en  ordre,  ils  ont  eu  la  faiblesse  d'emporter  à  L'étranger 
quelque  argent  pour  subsister,  car.  après  tout,  ils  n'ont  pas  aban- 
donné grand'chose  sur  la  terre  de  France!  —  Élite  commerciale, 
industrielle,  agricole?  Non,  car  le  vide  laissé  dans  la  patrie  a  été 
imperceptible  (et  qu'importe  sans  doute  l'essor  indiscutable  donné 
à  l'industrie  do  l'Angleterre,  à  la  colonisation  du  Brandebourg) 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


469 


Bref  M.  R.  veut  bien,  pour  être  juste,  ne  pas  «  les  écraser  du 
poids  de  leur  faiblesse  »  et  reconnaître  en  eux  «  des  hommes 
dignes  de  notre  pitié  et  de  notre  commisération  »,  quoique  ce 
peuple  emporte  sur  ses  épaules,  «  fardeau  bien  lourd,  le  souvenir 
de  sa  chute  qui  engendre  le  remords,  et  le  souvenir  de  sa  religion 
qui  engendre  la  haine  !  ». 

C'est  déjà  quelque  chose  que  cette  pitié  à  laquelle  condescend 
M.  l'abbé  R.  :  nous  regrettons  pourtant  qu'il  n'ait  pas  su  ou  pu 
s'élever  plus  haut,  et  que  le  spectacle  de  ces  fugitifs  de  tout  âge, 
de  tout  sexe,  de  toute  condition,  —  quittant  position,  biens,  fa- 
mille, patrie,  et  s'exposant  aux  fatigues  et  aux  dangers  de  la  fuite, 
à  l'incertitude  et  au  dénuement  de  l'exil,  ou  aux  prisons  et  aux 
galères  du  Grand  Roi,  —  n'ait  pas  réussi  à  provoquer  chez  lui  le 
moindre  sentiment  d'admiration. 

Aussi  bien  le  nombre  de  ces  fugitifs  n'est-il  pas  tellement 
infime  qu'on  pourrait  être  tenté  d'excuser  les  auteurs  respon- 
sables de  cet  exode  sans  importance?  S'appuyant  sur  l'affirmation 
de  Bâville  (d'après  laquelle,  sur  200.000  religionnaires  du  Langue- 
doc, 4  000  seulement  auraient  émigré,  dont  3  600  définitivement), 
sur  les  listes  de  fugitifs  qu'il  publie  et  sur  la  valeur  des  biens  dé- 
laissés qu'il  cherche  à  supputer,  M.  R.  évalue  à  20  pour  1000  la 
proportion  de  réformés  fugitifs  de  1685  à  1715. 

Il  faut  ici  serrer  la  question  de  près,  et,  à  défaut  d'une  exacti- 
tude impossible  à  obtenir,  chercher  une  estimation  moins  fantai- 
siste que  celles  de  la  plupart  des  auteurs  cités  par  M.  R.,  et  que 
celle...  de  M.  R.  lui-même. 

Suivons  attentivement  les  déductions  de  ce  dernier. 

A  l'époque  de  la  Révocation  la  population  protestante  de  la 
France  est  d'environ  600.000  personnes  d'après  un  état  par  géné- 
ralités qui  se  trouve  aux  archives  de  l'intendance  et  qui  a  été 
publié  dans  le  Bulletin  (1908,  p.  82),  de  650.000  d'après  les  mé- 
moires des  intendants  consultés  par  Bâville;  celle  du  Languedoc 
en  constitue  donc  à  peu  près  le  tiers.  —  Si  l'on  admet  avec 
M.  Lavisse,  dont  l'évaluation  est  une  des  plus  modérées,  que 
200.000  huguenots  sortirent  du  royaume,  la  proportion  indiquée 
donne  pour  le  Languedoc  environ  65.000.  En  raison  de  l'éloigne- 
ment  des  frontières,  et  de  difficultés  particulières,  n'accordons  au 
Languedoc  qu'une  proportion  du  cinquième  dans  l'émigration 
totale  :  nous  trouverons  encore  40.000  réfugiés.  «  Or  Audiffret 
afferme  en  1688  les  biens  de  tous  les  fugitifs  de  cette  province 
pour  64.000  livres.  Dans  cette  supposition,  voici  la  conclusion 
logique  et  mathématique  :  en  moyenne  chaque  fugitif  ne  possédait 
que  trente  sols  de  revenu  annuel.  Du  coup  l'absurdité  apparaît. 

M.  R.,  qui  veut  éviter  une  semblable  absurdité,  nous  dit  qu'au 
moment  du  bail  d'Audiffret  (mai  1688)  il  n'y  a,  d'après  ses  listes, 


470 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


que  2  000  fugitifs  :  de  ce  nombre,  il  défalque  environ  1000  femmes 
et  enfants,  240  fils  de  famille,  et  une  soixantaine  de  «  misérables)) 
ne  possédant  rien;  il  trouve  ainsi  700  chefs  de  famille  ayant  cha- 
cun un  revenu  de  90  livres  ou  un  capital  de  400  à  500  livres  en 
moyenne.  11  y  a  alors,  selon  lui,  harmonie  entre  le  nombre  des 
fugitifs  et  la  valeur  des  biens  et  les  comptes  présentés  par  les 
subdélégués  et  signés  par  l'intendant. 

Prendre  pour  base  le  montant  du  bail  du  Sr  Audiffret,  nous 
paraît  pour  le  moins  arbitraire.  L'adjudicataire  ignorait-il  que  les 
biens  ainsi  mis  en  régie  donneraient  un  revenu  beaucoup  moindre 
que  s'ils  étaient  restés  entre  les  mains  des  propriétaires?  Que  l'ex- 
ploitation de  cette  ferme  (commençant  au  moment  des  récoltes) 
allait  demander  la  constitution  d'une  véritable  armée  de  commis 
d'un  entretien  fort  onéreux?  Que  le  Roi  avait  déjà  accordé  et  accor- 
derait encore  en  grand  nombre,  pensions,  provisions,  dons,  mains- 
levées?  Ne  faut-il  donc  pas  supposer  qu'en  réalité  la  valeur  des 
biens  des  fugitifs  était  très  supérieure  à  celle  qu'indique  le  prix 
du  bail  d'Audiffret? 

Ou  inversement,  de  ce  que  le  bail  d'Audiffret  semble  avoir  été, 
d'après  les  comptes  qui  nous  sont  produits,  un  véritable  désastre 
pour  ce  financier,  faut-il  conclure  que  les  biens  des  fugitifs 
n'avaient  à  peu  près  aucune  valeur? 

On  le  voit  :  trop  d'éléments  divers,  trop  de  facteurs  inconnus 
entrent  dans  cette  question  de  l'évaluation  des  biens  délaissés 
pour  qu'il  soit  possible  d'en  tirer  argument. 

Les  listes  de  fugitifs  publiées  dans  le  volume  analysé  sont-elles 
complètes,  comme  M.  R.  semble  le  supposer,  et  nous  fournissent- 
elles  une  base  plus  solide  pour  édifier  nos  calculs?  Ici  nous 
pouvons  encore  répondre  positivement  que  non. 

M.  R.  explique  fort  bien  que  ces  listes,  centralisées  au  siège 
de  l'intendance,  avaient  pour  but,  non  de  faire  connaître  le  nombre 
exact  de  ceux  qui  quittaient  le  royaume,  mais  bien  plutôt  de  per- 
mettre la  mise  sous  séquestre  ou  en  régie  des  biens  de  ces  der- 
niers. On  ne  trouve  à  peu  près  aucune  liste  dressée  par  les  consuls 
et  donnant  le  catalogue  complet  de  tous  les  absents  de  la  com- 
munauté quelle  que  fût  leur  situation  pécuniaire  ou  de  famille. 
En  d'autres  termes,  à  part  de  rares  exceptions,  les  listes  dressées 
ne  donnent  que  les  noms  de  ceux  qui  possédaient  quelque  chose  : 
chefs  de  famille  avec  ou  sans  leurs  femmes,  veuves,  enfants 
orphelins  ou  ayant  un  patrimoine.  Il  suffit  de  se  reporter  aux 
listes  publiées  pour  se  convaincre  de  la  vérité  de  notre  assertion. 
Sont  donc  exclus  de  ces  listes  :  1°  les  «  misérables  »;  2°  les  enfants 
non  orphelins  ou  n'ayant  pas  de  patrimoine.  Quelle  est  l'impor- 
tance de  ces  deux  catégories?  Pour  les  besoins  de  sa  cause  M.  R. 
apprécie  diversement  le  nombre  des  premiers  :  tantôt  il  expose 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


471 


que  ces  «  misérables  »  sont  une  exception,  que  les  historiens  se 
sont  trompés  en  prétendant  qu'ils  constituent  les  neuf  dixièmes 
des  fugitifs,  tantôt  il  assure  que  «  le  nombre  de  ceux  qui  ne  possè- 
dent rien  est  plus  grand  que  ne  le  disent  les  historiens  »  ;  tantôt  il 
parle  d'une  soixantaine  de  «  misérables  »  (voir  pp.  20, 21,52).  Faute 
de  données  positives,  nous  n'articulerons  nous-même  aucun 
chiffre.  —  Quant  aux  enfants  nous  allons  voir  s'il  est  possible 
d'être  fixé  sur  leur  nombre  relatif. 

Une  note  de  l'article  dont  il  a  été  question  plus  haut  [Bull, 
1908,  p.  82  et  ss.)  cite  un  état  (1)  officiel  fixant,  à.  la  date  du 
30  janvier  1688,  à  5.681  le  nombre  des  réfugiés  du  Languedoc, 
soit  à  28  pour  1000.  Ce  qui  nous  intéresse  encore  plus  que  ce 
nombre  absolu  (inférieur  suivant  nous  à  la  réalité),  c'est  la  pro- 
portion relative  des  divers  éléments  dont  il  est  composé  : 
1.049  chefs  de  famille,  soit  1/5;  673  femmes,  soit  1/8;  2.726  gar- 
çons, soit  1/2;  1.233  filles,  soit  1/4.  Cette  énorme  proportion 
de  fugitifs  sous  la  puissance  paternelle  (les  3/4)  peut  surprendre 
au  premier  abord,  mais  elle  est  confirmée  par  la  lecture  des  listes 
d'assistés  à  l'étranger.  Ces  listes  nous  montrent  que  nombreux 
sont  les  enfants  emmenés  au  Refuge  par  leurs  parents  et  bien  plus 
nombreux  encore  les  jeunes  gens  et  jeunes  filles  de  15  à  35  ans, 
plus  vigoureux,  plus  enthousiastes,  plus  rebelles  au  joug,  plus 
faciles  à  déraciner  que  leurs  parents  attachés  à  leurs  biens  et  au 
sol  natal. 

Quoi  qu'il  en  soit,  si  nous  considérons  le  diocèse  de  Castres, 
dont  la  population  protestante  est  estimée  par  les  uns  à  12.550, 
par  les  autres  à  14.600  et  dont  le  nombre  des  chefs  de  famille 
fugitifs  serait,  d'après  les  seules  listes  publiées,  d'environ  155,  et 
si  nous  lui  appliquons  la  proportion  du  l/5e  trouvée  plus  haut, 
nous  arrivons  à  un  total  de  775  réfugiés  soit  50  à  60  pour  1000. 
En  procédant  de  môme  pour  le  diocèse  de  Lavaur  (5.300  à 
5.700  protestants,  116  chefs  de  famille  fugitifs  d'après  les  listes), 
on  trouve  580  réfugiés  soit  100  à  110  pour  1000. 

Contrôlons  ces  résultats  :  On  a  évalué  la  population  réfor- 
mée du  pays  castrais,  à  l'époque  de  la  Révocation,  à  22.800'  ou  à 
20.400  personnes.  Or,  d'après  les  recherches  que  nous  avons 
faites,  soit  aux  archives  de  l'intendance  du  Languedoc,  soit  dans 
les  ouvrages  spéciaux,  le  nombre  des  réfugiés  de  cette  région,  de 
1685  à  1715,  s'élèverait  à  environ  1200  (2).  La  proportion  de  ces 
derniers  serait  donc  de  50  à  60  pour  1000  (3). 

(1)  Rappelons  que  cet  état  était  tiré  de  la  Correspondance  des  contrôleurs 
généraux  des  finances  avec  les  Intendants  publiée  par  M.  de  Boislisle 
(t.  I,  p.  394.  n.) 

(2)  On  trouve  plus  de  200  autres  réfugiés  pour  la  période  de  J  716  à  1765. 

(3)  Nous  n'avons  consulté  ni  les  listes  d'assistés  à  Londres,  à  Genève,  en 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


D'autre  part  un  état  officiel  (dressé  vers  1696)  des  nouveaux 
convertis  du  diocèse  d'Albi  donne  dans  l'ensemble  du  diocèse 
65  fugitifs  pour  1.080  protestants,  soit  60  pour  1000,  et  à  Réal- 
mont  seulement  51  fugitifs  pour  700,  soit  74-  pour  1000  (1). 

Nous  regrettons  de  ne  pas  avoir  sur  d'autres  diocèses  ou 
d'autres  régions  du  Languedoc  des  données  précises  qui  permet- 
traient d'intéressants  rapprochements.  Mais  nous  croyons  être 
au-dessous  de  la  réalité  en  évaluant  à  80  pour  1000  la  proportion 
des  fugitifs  de  cette  province  de  1685  à  1715. 

Reportons-nous  au  magistral  article  de  M.  F.  de  Schickler  sur 
les  Pays  de  Refuge,  publié  dans  l'Encyclopédie  des  Sciences  reli- 
gieuses (t.  XII).  Nous  y  lisons  que,  jusqu'en  novembre  1687, 
28.000  fugitifs  avaient  traversé  Genève;  il  est  incontestable  que 
la  plupart  d'entre  eux  arrivaient  des  provinces  du  Midi  et  Ton 
peut  admettre  que  le  tiers  au  moins,  soit  9000,  appartenait  au 
Languedoc.  D'autre  part,  on  assistait  en  Angleterre,  en  1687, 
15.500  émigrés  ;  le  septième  au  minimum  devait  provenir  de  notre 
province  ;  ajoutons  les  Languedociens  qui  s'étaient  acheminés 
vers  la  Hollande,  l'Allemagne  ou  les  autres  pays  de  refuge  sans 
passer  par  Genève,  nous  aurons  un  total  de  12  à  13.000  jusqu'à 
cette  môme  année  1687,  et  probablement  de  18  à  20.000  jusqu'en 
1715. 

Nous  nous  excusons  en  terminant  de  l'aridité  de  cette  discus- 
sion et  de  ces  calculs  statistiques  qui  nous  amènent  à  formuler 
cette  conclusion  :  si  la  plupart  des  historiens,  frappés  surtout  de 
ce  que  l'étranger  a  gagné  au  point  de  vue  matériel,  intellectuel  et 
moral  du  fait  même  du  Refuge,  ont  exagéré  l'importance  absolue 
de  cette  émigration,  M.  l'abbé  R.,  au  contraire,  a  diminué  comme 
à  plaisir  le  nombre  des  fugitifs,  dont  par  ailleurs  il  essayait  de 
rabaisser  la  valeur  morale,  n'apercevant  pas  suffisamment  le  côté 
relatif  des  documents  qu'il  a  consultés. 

En  continuant,  dans  ses  prochaines  études,  la  publication  de 
documents  semblables,  M.  R.  ne  négligera  pas  sans  doute  de  les 
passer  au  crible  de  sa  critique;  s'il  confronte  soigneusement  les 
persécuteurs  avec  les  victimes,  il  fera  œuvre,  non  de  polémiste, 
mais  d'historien  impartial. 

G.  Dumons. 

Suisse,  en  Hollande  etc.,  ni  celles  listes  de  réfugiés  de  passage  à  Genève  el  à 
Zurich  qui  nous  auraient  certainement  fourni  un  gros  contingent,  de  fugilifs. 

(1)  Arch.  Hérault,  G.  274.  — .Nous  avons  trouvé  en  réalité,  pour  la  période 
de  1685  à  1715,  dans  le  diocèse  d'Albi  100  fugitifs,  soit  93  pour  1000;  dans  la 
seule  ville  de  Réalmont  74  fugitifs,  soit  105  pour  1000. 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


473 


Correspondance  de  Samuel  Robert. 

Le  baron  Léon  Michel  de  La  Morinerie  avait  préparé  avec  le 
plus  grand  soin  la  publication  de  la  correspondance  de  Samuel 
Robert,  que  la  Société  des  archives  historiques  d'Aunis  et  de  Sain- 
tonge,  vient  de  faire  paraître  avec  une  introduction  de  M.  Georges 
Musset,  lauréat  de  l'Institut,  archiviste  paléographe  et  bibliothé- 
caire de  la  Rochelle.  Nous  ne  saurions  mieux  donner  une  idée 
de  l'intérêt  que  présentent  ces  lettres  qu'en  reproduisant  les  pas- 
sages môme  d'un  rapport  adressé  en  1861  au  Préfet  de  la  Cha- 
rente-Inférieure par  le  baron  L.  de  la  Morinerie. 

«  Samuel  Robert  était  ce-qu'on  appelle  un  curieux.  Ilavait  puisé 
le  goût  des  choses  littéraires  chez  son  parrain  Samuel  Veyrel.  Il 
aimait  à  consigner  dans  sa  correspondance,  dans  ses  registres 
journaliers  les  événements  politiques  de  son  temps  et  jusqu'aux 
circonstances  les  plus  intimes  de  sa  vie.  Le  lieutenant  particulier 
en  l'Élection,  Etienne  Auger,  venait  de  mourir,  laissant  pour 
héritière  une  fille  Jeanne,  mariée  à  Alexandre  de  Rabar,  conseiller 
au  Parlement  de  Bordeaux.  En  1650,  Samuel  Robert  acheta  de 
M.  de  Rabar  l'office  de  son  beau-père  et  se  mit  en  mesure  de  faire 
procéder  à  sa  réception,  mais  il  était  huguenot,  et  son  admission 
rencontra  d'ardents  adversaires.  Notre  futurlieutenant  particulier 
se  rend  à  Paris,  il  sollicite  et  obtient  plusieurs  arrêts  de  la  Cour 
des  Aides  qui,  nonobstant  les  oppositions  du  clergé,  prescrivent  à 
la  Chambre  de  l'Élection  de  le  recevoir  en  son  office.  Les  arrêts 
de  la  Cour  n'arrêtent  point  les  difficultés.  Il  faut  porter  l'affaire  au 
Conseil  privé (1). 

«  Pendant  son  séjour  dans  la  capitale,  Samuel  Robert  entretient 
ses  amis  de  Saintonge  de  toutes  ses  démarches  ;  il  note  les  bruits 
de  la  Cour  et  de  la  ville,  et  ses  remarqués  nous  initient  à  de 
curieuses  révélations  sur  ces  temps  de  troubles.  Revenu  au  pays, 
il  continue  de  tenir  au  courant  le  brouillon  de  sa  correspondance, 
qui  devient  de  plus  en  plus  abondante  en  détails.  Il  écrit  tout  ce 
qu'il  voit,  tout  ce  qu'il  entend  :  il  suit  à  la  piste  les  marches  et 
les  contre-marches  des  armées  du  roi  et  de  la  Fronde.  Il  a  l'œil 
ouvert  sur  les  préparatifs  du  comte  de  Daugnion  et  tout  ce  qu'il 
rapporte  peint  à  merveille  le  caractère  à  double  face  de  ce  person- 
nage. Il  nous  montre  en  scène  le  prince  de  Condé,  le  comte 
d'Harcourt,  le  duc  de  Tarente,  La  Rochefoucault,  Saint-Simon, 
Richelieu,  Bellière,  du  Vigean,  Matha,  Jonzac  et  Balthazar.  Les 
événements  se  pressent  sous  sa  plume,  il  nous  fait  assister  aux 
deux  capitulations  de  Saintes,  à  l'arrivée  des  Espagnols  en  cette 

(1)  L'acharnement  avec  lequel  on  s'opposa  à  ce  que  Samuel  Robert  prît 
possession  de  l'office  qui  lui  appartenait  ne  remonterait-il  pas  aux  agisse- 
ments secrets  de  la  célèbre  Compagnie  du  Saint-SaerementCf.  Réel. 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


ville,  à  l'horrible  saccageaient  de  Pons,  à  la  destruction  de 
Moëze,  aux  sièges  de  Cognac,  de  Saint-Jean-d'Angely,  de  Tonnay- 
Charente,  de  Brouage  et  d'autres  lieux  de  la  province,  au  combat 
de  Montanceys,  en  Périgord.  Puis,  au  milieu  de  ces  grandes 
figures  et  de  ces  actions  mémorables  se  détachent  le  caractère 
impassible  de  Samuel  Robert,  ses  querelles  de  ménage...  com- 
pliquées et  attisées  par  des  interventions  étrangères...  » 

La  publication  de  sa  correspondance  complète  celle  de  son 
journal  (1er  octobre  1647  au  1er  août  1668)  parM.  Gaston Tortat. 

De  Ricuemond. 


Le  bi-centenaire  de  l'Église  française  de  New-Rochelle  (1). 

Le  30  mai  1909,  les  Protestants  de  New-Rochelle  (État  de  Mas- 
sachussets)  ont  célébré  le  200°  anniversaire  de  leur  rattachement 
à  l'Eglise  anglicane,  sous  le  nom  d' «  Eglise  de  la  Trinité  ».  Nous 
avons  raconté  il  y  a  quelques  années,  dans  le  Bulletin  de  la  So- 
ciété, la  fondation  de  cette  Église  de  réfugiés  ;  nous  avons  dit 
comment,  en  1689,  John  Pell,  seigneur  du  manoir  de  Pelham, 
fit,  en  faveur  des  huguenots  réfugiés,  «  une  vente  de  6000  acres 
«  de  terre,  pour  la  fondation  de  la  ville  de  New-Rochelle,  plus 
«  100  acres,  pour  y  bâtir  une  église;  à  charge  par  eux  de  lui  four- 
«  nir  un  veau  gras,  le  4e  et  20e  juin  de  chaque  année  ».  La  colonie 
se  composait  de  trente  familles,  parmi  lesquelles  on  remarque  les 
noms  de  Bonrepos,  Constant,  Guion,  Dutuffeaux,  Dr  Neufeuille, 
Le  Roy,  Pintard,  Sicard  etc.  Le  temple  fut  bâti  en  1692  et  d'abord 
desservi  par  des  ministres  anglicans  de  Westchester. 

Cette  Église  eut  pour  premier  pasteur  Daniel  Boudet,  qui 
s'était  d'abord  fixé  à  Boston  et  vint  à  New-Rochelle,  en  1695,  et 
fut  subventionnée  par  la  Société  anglicane  pour  la  propagation  de 
l'Evangile  (S.  P.  G). 

Quatorze  ans  après,  le  12  juin  1709,  tous  les  membres  de  la 
dite  Eglise  réformée  française,  excepté  deux,  déclarèrent  con- 
sentir, pour  le  culte,  de  se  conformer  à  la  liturgie  et  aux  rites  de 
l'Eglise  anglicane,  telle  qu'elle  était  établie  par  la  loi  du  Royaume 
de  Grande  Bretagne  et,  par  un  vote  solennel,  ils  se  mirent  sous 
la  protection  de  cette  Eglise.  Cette  résolution  était  à  la  fois  un 
témoignage  de  reconnaissance  pour  l'appui  que  ces  réfugiés  fran- 
çais avaient  reçu  de  la  S.  P.  G.,  et  un  acte  de  loyalisme  envers 
le  souverain,  qui  avait  autorisé  leur  établissement  dans  cette  colo- 
nie dépendante  de  la  Couronne. 

(1)  H.  Augur :  New-Rochelle  through  seven  générations.  N.  Rochelle.  L908, 
in-16°,  nombreuses  illustrations. 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


475 


Ce  rattachement  ne  se  fit  pas  sans  opposition,  et  un  certain 
Moulinars  fut  le  champion  de  la  minorité  de  l'Église,  qui  tenait 
à  célébrer  le  service  suivant  le  rite  des  Calvinistes  de  la  vieille 
France. 

D.  Boudet  mourut  en  1722,  léguant  tous  ses  livres,  environ 
400  volumes,  à  la  bibliothèque  de  l'Église  de  New-Rochelle  et  eut 
pour  successeur,  le  ministre  Stouppe,  aussi  un  Français  de  nais- 
sance, mais  qui  avait  été  consacré  par  l'évêque  de  Londres.  L'op- 
position des  Calvinistes  intransigeants  ne  cessa  qu'avec  la  mort 
de  Moulinars,  vingt  ans  après. 

G.  Bonet-Maury* 


Histoire  de  St-Jean-d'Angely  (1). 

«  Pour  mon  compte,  dit  M.  Eug.  Réveillaud,  dans  son  éloquente 
«  préface,  devant  à  l'histoire,  pour  une  grande  part,  ma  formation 
«  morale  et  intellectuelle,  et  je  dirai  patriotique,  et  en  étant 
«  resté  toujours  un  fervent  zélateur,  j'ai  été  heureux  de  lui 
«  rendre,  comme  historien,  un  peu  de  ce  que  j'en  ai  reçu  comme 
«  étudiant...  Ce  m'a  été  un  très  grand  plaisir  de  pouvoir  payer  en 
«  quelque  mesure,  mon  tribut  de  reconnaissance  à  l'Histoire  en 
«  écrivant,  après  mon  Histoire  du  Canada  et  des  Canadiens  fran- 
«  çais,  et  après  le  Précis  historique  qui  ouvre  mon"  livre  plus 
«  récent  sur  la  Séparation  des  Églises  et  de  l'État,  cette  Histoire 
«  de  la  ville,  commune  et  sénéchaussée  de  St-Jean-d'Angely,  qui, 
«  dans  ma  pensée,  avec  les  cartes  et  illustrations  dont  elle  est 
«  ornée,  s'adresse  surtout  à  la  jeunesse  de  nos  écoles  publiques.  » 
Hâtons-nous  d'ajouter  que  comme  l'Histoire  de  France  racontée 
par  M.  Guizot  à  ses  petits-enfants  a  été  fort  bien  accueillie  par  le 
grand  public,  il  en  sera  de  même  du  nouveau  livre  de  M.  Réveil- 
laud, qui  complète  et  rectifie  ses  prédécesseurs,  Guillonnet,  Mer- 
ville,  Briïlouin,  D.  Massiou.  Il  se  réfère  lui-même  souvent  aux 
livres  de  M.  L.  G.  Saudau,  le  plus  exact  et  le  plus  complet,  et  à 
M.  Georges  Musset  lauréat  de  l'Institut,  l'éminent  éditeur  du  cartu- 
laire  de  l'abbaye. 

Comme  La  Rochelle,  Montauban,  Sancerre  et  tant  d'autres. 
St-Jean-d'Angely  a  subi  des  sièges  pour  la  conservation  de  la  foi 
protestante  ;  quatre  chapitres  rentrent  donc  plus  particulièrement 
dans  le  cadre  des  études  de  notre  Société,  dont  M.  Eugène  Réveil- 
laud déclare  avoir  souvent  profité.  St-Jean-d'Angely,  pendant 
la  Réforme  et  sous  les  guerres  de  Religion,  jusqu'au  siège  de 

(1)  Histoire  delà  ville  commune  et  sénéchaussée  de  Saint-Jean-d'Anqely^ds 
Eugène  Réveillaud,  député  de  la  Charente-Inférieure,  ouvrage  orné  d'une 
carte  et  de  nombreuses  illustrations  hors  texte,  316  p.  in-8.  Paris.  Henri  Jouve, 
1909. 


476 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


1569,  sous  Charles  IX  — depuis  le  siège  jusqu'à  l'assassinat  du 
roi  Henri  IV  en  161 1,  —  depuis  l'avènement  de  Louis  XIII  jusqu'à 
la  révocation  de  l'édit  de  Nantes,  —  depuis  la  Révocation  jusqu'à 
la  Révolution  de  1789.  (Les  événements  importants  depuis  cette 
dernière  époque  trouvent  naturellement  place  dans  son  Histoire 
politique  et  parlementaire,  actuellement  en  cours  de  publication). 

De  nombreux  documents  empruntés  aux  archives  nationales 
servent  de  pièces  justificatives.  De  fréquentes  citations  de  Michelet 
enrichissent  le  récit.  Le  style  de  M.  Réveillaud  est  d'ailleurs 
excellent.  Nous  n'oublierons  pas  de  dire,  avec  Jurieu  «  que  les 
«  guerres  dont  on  a  voulu  faire  un  crime  aux  prolestants,  ont  esté 
«  des  guerres  civiles  de  la  nature  de  toutes  les  autres  qui 
«  s'élèvent  dans  le  sein  des  Etats,  c'est-à-dire  qu'elles  ont  esté 
«  excitées  par  le  mécontentement  des  peuples,  par  les  jalousies 
«  des  Grands,  et  la  Religion  n'y  est  entrée  que  par  accident... 
«  Durant  près  de  la  moitié  d'un  siècle,  nous  avons  souffert  des 
«  cruautés  inouïes  sans  chercher  les  moyens  de  nous  venger  et 
«  de  nous  défendre...  »  Comme  dit  Mézaray:  Le  malheur  de  la 
France  fut  le  bonheur  du  duc  de  Guise  et  rabaissement  du  Conné- 
table son  exaltation.  Dès  l'heure  la  jalousie  qui  étoit  entre  ces 
deux  maisons  aboutit  à  former  deux  partis  contraires  dans  le 
Royaume...  Quant  à  la  conjuration  d'Amboise,  «  c'est  la  plus 
«  grande  de  toules  les  injustices  de  vouloir  charger  nos  Hugue- 
«  nots  de  cette  affaire.  Il  est  très  constant  que  dans  cette  partie 
«  il  y  avait  autant  de  Catholiques  Romains  que  de  Huguenots,  le 
«  chancelier  de  l'Hôpital  en  étoit  ».  M.  Réveillaud  n'a  pas  de 
peine  à  démontrer  que  des  massacres  qui  sont  loin  d'être  prouvés 
ont  été  à  tort  attribués  aux  Huguenots,  qui  se  sont  bornés  à 
des  excès  contre  les  idoles,  malgré  leurs  chefs. 

Ceux  qui  se  sont  appuyés  sur  l'Espagne  n'ont  pas  à  reprocher 
aux  Huguenots  d'avoir  manqué  de  patriotisme  et  ce  sont  les  Hugue- 
nots qui  ont  contribué  à  mettre  Henri  IV  sur  le  trône. 

Le  beau  livre  de  M.  Réveillaud  vient  à  point  au  lendemain  de 
la  pose  de  la  première  pierre  du  monument  de  la  Réformation  etdu 
jubilé  de  l'Académie  de  Genève  et  à  la  veille  du  monument  de 
Jean  Guiton  à  La  Rochelle. 

De  Richemond. 


CORRESPONDANCE 


Famille  de  Caumont-Montbeton.  —  Le  Bulletin  a  plusieurs 
fois  entretenu  ses  lecteurs  du  noble  confesseurDavid  de  Caumont- 
Montbeton  (Bull,  1885,  1888.  1894)  :  voici  sur  sa  famille  quelques 
renseignements  généalogiques  destinés  à  compléter  ceux  de  la 
France  protestante  (2e  éd.,  III,  899). 

Jean  de  Gaumont  baron  de  Montbeton  épousa  (contrat  10  mars 
1612,  Boneau  notaire  à  Montauban)  Marie  d'Aliès;  de  ses  6  enfants 
il  ne  restait,  à  la  mort  de  cette  dernière  (1668)  que  : 

Marie  qui  épousa  en  1676  Jean  de  Viçose  Sr  de  Genebrières  (le 
baron  de  Viçose)  veuf  d'Anne  de  Ségur, 

et  David  baron  de  Montbeton.  Celui-ci,  dont  l'héroïque  cons- 
tance, au  milieu  des  défaillances  générales,  contribua  à  sauver 
l'honneur  du  protestantisme  montalbanais,  avait  eu  de  sa  femme, 
Jeanne  de  Martel,  A  enfants  : 

1°  Paul,  qui  suit; 

2°  Marguerite,  qui  épousa  (contrat  17  mai  1680,  Rigaud,  notaire 
à  Montauban)  Paul  de  Sarrau  Sr  de  la  Brande,  fils  de  Pierre  et 
de  Suzanne  du  Bousquet,  habitant  au  château  de  la  Brande,  juri- 
diction de  Monflanquin  ; 

3°  Marie,  qui  épousa  (contrat  5  déc.  1682,  Rouère,  notaire  à 
Montauban)  François  deJaussaud,  avocat,  fils  de  Louis,  conseiller 
à  la  chambre  del'Edit  de  Castres  et  de  Bernardine  Guy  d'Airebau- 
douze  de  Clairan;  elle  se  réfugia  à  Genève  avec  son  mari  et  y 
mourut,  un  mois  et  demi  avant  lui,  le  13  décembre  1697(1); 

4°Tabita,  qui  épousa  (contrat  7  août  1685,  Rouère,  notaire). 
Jean  de  Cazettes,  avocat,  fils  de  Jean,  avocat,  juge  de  Tournon  et 
de  Percide  de  Rabar. 

Paul,  baron  de  Montbeton  épousa  le  6  novembre  1678  Marthe 
Dulong  (morte  sans  doute  à  Montauban  en  1716),  fille  de  Pierre 
Sr  de  Moliage  et  de  Marie  de  Colom  (2).  Il  émigra  au  moment  de  la 
Révocation  (3)  et,  après  diverses  pérégrinations,  finit  par  s'établir 
à  Hamelnoùil  mourut  en  décembrel735.  Sa  fille  unique,  Jeanne, 
en  butte  pendant  sa  jeunesseaux  persécutions  du  clergé,  se  maria 
en  1704avec  Jeand'Aliès  (ou.Daliès)  Sieur  de  Réalville  qui,  seul 
des  sept  enfants  du  baron  de  Caussade  resta  en  France,  et  qui 
devint  président  àla  cour  des  Aides  de  Montauban  ;  elle  mourut  en 
octobre  1729,  laissantune  fille  mariée  en  1731  avec  M.  de  Scorbiac? 

(1)  Bull.  1909,  p.  60. 

(2)  H.  de  France  :  les  Montalbanais  et  le  Refuge  p.  153. 

(3)  Un  document  des  archives  de  SchafFhouse  (Exulante-Bûchlein)  men- 
tionne son  passage  dans  cette  ville,  le  12  février  1686,  sous  le  nom  de  «  Es- 
tienne  de  Gausmon,  seigneur  et  baron  de  Montbeton  ». 


CORRESPONDANCE 


et  un  fils  Paul  Antoine  Daliès  de  Réalville,  président  à  la  Cour 
des  Aides.  G.  D. 


Didier  Abria.  —  Au  nombre  des  premiers  adhérents  de  la  Ré- 
forme à  Metz  on  compte  Didier  ou  Désiré  Abria  (Aubryot),  curé 
de  Saint  Gorgon(Bull .  t.  XXXII  p.  195, — 0.  Cuvier,  Trois  martyrs, 
pageslet77).  En  1524,  il  étudiaità  Baie  pour  devenir  évangéliste.  Il 
retourna  à  Metz,  brusquement,  en  juin  1525.  Suspecté  d'hérésie, 
il  y  est  arrêté  et  mis  en  prison  ;  mais  il  peut  fuir  Metz  et  se  réfugier 
à  Paris.  (Ment,  dans  plusieurs  lettres  de  Pierre  Toussain  à  Farel, 
Herminjard,  I,  pass.  et  Bull.  XXV,  466).  En  février  1532,  des  pour- 
suites sont  de  nouveau  commencées  contre  lui  par  ordre  du  car- 
dinal de  Lorraine.  J'ignore  quelle  en  fut  l'issue.  Toujours  est-il 
qu'«  en  1538  il  est  absent  de  Metz  où  l'on  ignore  ce  qu'il  est  devenu» 
(  Cuvier) . 

Quand  a  commencé  cette  nouvelle  absence?  Peut-être  durait- 
elle  depuis  plusieurs  années.  Je  me  demande  s'il  ne  faudrait  pas 
alors  identifier  Abria  que  Toussain  n'appelle  que  Desiderius  ou 
le  curé,  avec  Desiderius  ou  Didier,  prêtre  français,  brûlé  à 
Liège  le  26  avril  1533  ;  et  cette  supposition  me  paraît  d'autant 
plus  plausible  que  Daris  (Histoire  du  diocèse  de  Liège  au  XVIe 
siècle,  p.  61),  s'en  référant  au  Registre  de  l'officialde  Liège  (n°63  , 
le  nomme  Aubert. 

Il  y  a  cependant  une  difficulté.  Les  auteurs  qui  parlent  de 
l'exécution  de  Desiderius  disent  tous  qu'il  venait  de  l'Artois  ou 
de  la  Picardie  (Ghapeauville,  Gesta  Pontïficum  leodiensium,  t.  III, 
p.  325,  l'appelle  Moriensis,  ce  qu'il  faut  entendre  probablement 
par  :  venant  du  territoire  habité  par  les  Morins, c'est-à-dire  le  pays 
de  Térouanne  (1).  —  Foullon,  Historia  leodiensis,  le  fait  venir  du 
diocèse  de  Tournai.  —  Daris,  loi.  cit.,  du  diocèse  d'Arras.  — 
Lenoir,  Réformation  au  Pays  de  Liège,  p.  20,  de  la  Picardie). 

L'ancien  curé  de  Metz  aurait-il  pendant  quelque  temps,  après 
son  séjour  à  Paris,  exercé  un  ministère  itinérant  en  Artois  et 
dans  les  contrées  avoisinantes? 

Pourriez-vous  —  ou  quelque  lecteur  du  Bulletin  pourrait-il 
me  donner  à  ce  sujet  une  indication  démontrant  péremptoire- 
ment qu'il  s'agit  de  deux  personnages  différents,  ou  au  contraire 
venant  confirmer  ma  supposition? 

Jean  MeyhOFFER 


Naves.  —  Ce  nom,  cité  dans  le  Bull.  1909,  p.  258, 1.  lt  et  note 
1,  est  sans  doute  celui  de  Balthazard  de  Vilette  (ou  Villettes). 
Sr  de  Naves,  de  Saint-Antonin  en  Rouergue.  Un  réfugié  de  cette 


(1)  Ou  peul-ctrc  Monlreuil-su-r-Mer  ? 


CORRESPONDANCE 


479 


Ville,  Pierre  Vieusseux,  rencontrait  en  mai  1688  à  Tournon  oe 
M.  de  Naves,  devenu  «  lieutenant  général  des  troupes  du  Langue- 
doc »,  avec  (Jean)  de  Villettes  (Sr  de  Pailhairols)  gouverneur  de 
Saint-Antonin  (Bull.  1876,  p.  277).  La  mère  de  ce  dernier,  Jeanne 
de  Doux  d'Ondes,  veuve  de  I.  de  V.  Sr  de  Pailhairols,  se  réfu- 
gia en  Angleterre  où  on  la  trouve  assistée  en  1702  (Fr.prot.  2e  éd. 
V,  191).  G.  D. 


La  date  de  la  mort  de  Jean  Cousin  Ier  (1).  —  M.  Maurice  Roy 
publie  dans  le  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  Sens  (t.  XXIV 
1909  p.  65  à  148)  sur  Les  deux  Jehan  Cousin,  un  mémoire  qui 
débute  par  cette  affirmation  avantageuse  :  «  Tout  ce  qui  a  été 
écrit,  depuis  ie  xvnesiècle,  sur  labiographie  de  Jean  Cousin  n'est, 
ou  peu  s'en  faut,  qu'un  véritable  tissu  d'erreurs...  »  Grâce  à  ses 
investigations  dans  les  études  des  notaires  sénonais,  M.  Roy 
apporte  en  effet  quelques  précisions  utiles  à  la  biographie  du 
grand  peintre,  et  notamment  à  celle  de  son  fils  et  continuateur 
Jean  II  Cousin,  mais  il  omet  de  citer  le  remarquable  article  de 
M.  H.  Bordier  dans  la  2e  édition  de  la  Finance  protestante,  t.  IV, 
1884,  col.  842  à  858,  et  les  textes  découverts  par  MM.  J.  Guiffrey 
et  N.  Weiss  qui  ont  dès  longtemps  établi  la  distinction  à  faire 
entre  les  deux  artistes.  Le  plus  intéressant  des  documents  nou- 
veaux donnés  par  M.  Roy  à  la  suite  de  son  étude  est  le  bail 
consenti  par  Jean  Daussonne,  armurier  et  gendre  de  Jean  Ier 
Cousin,  de  la  maison  occupée  par  celui-ci  au  faubourg  Saint- 
Germain,  rue  des  Marais  proche  de  la  rue  de  Seine.  Ce  contrat  est 
du  22  décembre  1562,  et  l'on  est  autorisé  à  penser  que  la  date 
jusqu'ici  inconnue  de  la  mort  de  Jean  I«r  Cousin  doit  être  de  peu 
antérieure.  Dès  lors  comment  ne  pas  reprendre  l'hypothèse  de 
l'identité  du  célèbre  artiste  avec  le  peintre  huguenot  qui  n'échappa 
aux  prisons  de  l'Abbaye  de  Saint-Germain  des  Prés  que  pour  être 
noyé  dans  la  Seine,  le  21  juillet  1562,  ou  avec  le  «  Jean  Cousin, 
orfèvre»  précipité,  la  même  année,  par  la  populace  dans  le  fleuve 
qui  charria  tant  de  victimes  du  fanatisme?  (v.  Fr.  Pr.  art.  Cousin 
col.  856).  Le  fait  même  que  les  titres  de  la  famille  ainsi  que  les 
documents  postérieurs  sont  muets  sur  cette  mort  misérable 
et  sans  sépulture  nous  paraît  un  argument  de  plus  à  invoquer  en 
faveur  de  la  thèse  peut-être  trop  facilement  abandonnée  de  deux 
Jean  Cousin,  dont  le  premier,  l'ancien  (1500  à  1562)  aurait  été 
huguenot,  et  dont  le  fils  homonyme  (1522  à  1595),  ainsi  que  ses 
sœurs  seraient  retombés  dans  le  catholicisme.  H.  D. 

(1)  J'ai  déjà,  à  la  fin  du  Bulletin  de  mars-avril,  touché  à  ce  travail  que  je 
ne  connaissais  que  par  un  journal  local.  Les  lignes  de  notre  collaborateur  ne 
faisant,  au  fond  pas  double  emploi  a\ec  ma  note,  je  les  insère  bien  volon- 
tiers. N.  W. 


480 


CORRESPONDANCE 


Monument  international  de  la  Réformation. 

Voici  la  liste  complète  des  Églises  qui,  jusqu'à  ce  jour,  nous 
ont  envoyé  une  souscription  pour  ce  monument.  Nous  la  donnons 
dans  l'ordre  alphabétique  :  Aigues-Vives,  Alger,  Antibes,  Argen- 
teuil,  Aubais,  Auxerre,  Bar-le-Duc,  Bellevue-Sèvres  et  Ville- 
d'Avray,  Bernis  et  Aubord,  Beuzeval,  Bolbec,  Bordeaux,  Brest, 
Caen,  Calmon,  Calvisson,  Carcassonne,  Castres  (réf.  et  ind.), 
Chalon-sur-Saône,  Chambéry,  Châtillon-sur-Loire,  Clermont-Fer- 
rand,  Cozes,  Dijon,  Eynesse,  Florac,  Gabre,  Gap,  Guelma,  le 
Havre,  Houilles,  Jallieu,  Labastide-Rouairoux,  Landouzy-la-Ville, 
Laparade,  La  Pervenche,  Les  Ollières,  Libourne,  Lussan,  Lyon 
(réf.  et  ind.),  Mantes,  Marseille  (chr.  réf.),  Marsillargues,  Mas- 
d'Azil,  Mazamet,  Meaux,  Metz,  Meyrueis,  Millau,  Montargis,  Mont- 
pellier, Moulins,  Mulhouse  (Égl.  fr.),  Nancy,  Nantes,  Nanteuil-les- 
Meaux,  Nice,  Nieulle-sur-Seudre,  Nîmes,  Pamproux,  Paris  (Bati- 
gnolles,  Bon  Secours,  Oratoire,  Passy,  Saint-Marcel,  Sainte-Marie), 
Pau,  le  Pouzin,  Pranles,  le  Raincy,  Reims,  Rouen,  Saint-Eloi, 
Sotteville  et  Petit-Quevilly,  Royan,  Rueil,  Saillans,  Saint- Afïrique, 
Saint-Ghamond,  Saint-Gloud,  Saint-Dié,  Saint-Etienne,  Saint-Ger- 
main-en-Laye,  Saint-Jean- d'Angely,  Saint-Just-en-Chaussée.Saint- 
Martin-de-Lansuscle,  Saint- Pierre-d'Oléron,  Sainte-Foy-la-Grande, 
Salies-de-Béarn,  Saujon,  Saumur,  ïonneins,  Toulouse,  Tours, 
Tunis,  Valence,  Vauvert,  Vernoux,  Versailles,  Vialas,  Vincennes. 

Le  total  des  souscriptions  de  ces  101  églises  (dont  2  hors  de 
France)  s'élève  à  3  790  fr.  15.  Nous  espérons  bien  qu'à  l'occasion 
de  la  Fête  de  la  Réformation,  spécialement  consacrée  cette  année 
au  souvenir  de  Calvin,  quelques  Églises  qui  ne  figuraient  pas  sur 
cette  liste  nous  permettront  d'atteindre  le  chiffre  de  4  . 000 francs. 
Nous  avons  recueilli,  en  outre,  trente-sept  souscriptions  particu- 
lières qui  ont  produit  la  somme  de  3058  francs.  Nous  prions  ins- 
tamment tousceuxqui  n'ont  pas  encore  répondu  à  notre  appel, 
soit  ici,  soit  ailleurs,  de  bien  vouloir  le  faire  pour  que,  dans  la 
prochaine  livraison  de  ce  Bulletin,  nous  puissions  publier  une 
liste  définitive  et  complète  des  donateurs  et  des  sommes  données. 
Nous  remercions,  en  attendant,  bien  vivement  ceux  qui  ont  bien 
voulu  nous  répondre  N.W. 


Erratum.  — P.  205,  ligne  7.  Au  lieu  de  Duehal,  lire  Is  Duchat, 
et  à  la  note  2:  Son  prénom  était  Timothèc,  11  ;i  publié  en  1688  à 
Sedan  (39  p.  in-8)  une  Méditation  sur  le.  X*  chapitre  <l>'  S.  Mathieu, 
vers.  9,2. 

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tion du  corps  pastoral  étant  limité,  la  livraison  à  ce  prix 
infime  n'est  garantie  qu'aux  premiers  inscrits.  Jusqu'à  la 
fin  de  l'année  Y  Histoire  de  la  Béforrnation  sera  livrée  au 
public  au  prix  de  20  francs,  franco.  Il  ne  sera  pas  livré 
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de  ia  Banque  de  France,  Administrateur  de  la 
Compagnie  Universelle  du  Canal  maritime  de  Suez, 
ancien  Président  du  Tribunal  de  Commerce  de  la 
Seine,  Présidait.  ' 

A.  Mirabaud,  de  la  Maison  Mirabaud  et  Cie,  Ban- 
.  quiers  .Administrateur  de;  la  Compagnie  des  Che- 
mins de  fer  de  Paru  à  Lyon  e,  à  la  Méditerranée, 
de  la  Banque  .-Impériale  Ottomane  et  de  la  Compa- 
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des  Finances,.  Directeur. 
Le  Senne  (Eugène),  Direceur- Adjoint. 

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MM.  ,C.  Jameson,  ancien,  associé  de  la  maison  H ottïn$l 
et  Cie,  Banquiers.  •'  m 

G.  Mallet  de  la  maison  Mallet  Frères  et  Cie,  Banquiejï 
J.  Marcuard  de  la  maison  Marcuard  et  Cie,  Banquîej 
6.  Sohier  O       Administrateur  da  Crédit  FoncierjS 
France  et  de  la  Compagnie  des  chemins  de  fer'd 
Paris  à  Lyon  et  à  la  Méditerranée,  ancien  Présider' 
du  Tribunal  de  Commerce  de  la  Seine. 
A.  Thumeyssen,  Administrateur  de  la  Cie  des  Chemir 
de  fer  des  Landes.  WÊ 
F.  Vemes,  de  la  Maison  Vernes  et  Cie,  banquier1 
Administrateur  de  la  Compagnie  du  Chemin  de  ït 
du  Nord  et  de  la  Banque  Impériale  Ottomane,  jj 


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3  —       —         —      Paris  et  Hambourg.  ■?.  16  h.  » 

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de  la  naissance 


DE  CALVIN 

La  revue  «  Foi  et  Vie  »  publiera  le  16  octobre  | 
double  fascicule  illustré  qui  sera  tout  entier  consacî 
à  Calvin  et  formera  une  forte  plaquette-album. 

La  couverture  portera  une  gravure  tirée  en  tro: 
couleurs,  composition  de  M..  Schmed,  l'artiste  à  q 
le  Comité  des  Fêtes  de  Calvin  à  Paris  a  commandé  • 
portrait  du  Réformateur  :  elle  représente  la  cathé- 
drale de  No}'on  et  la  maison  de  Calvin. 

SOMMAIRE  DES  PRINCIPAUX  ARTICLES 

Calvin  à  No.yon,  par  M.  Abel  Lefranc,  professe)- 

au  Collège  de  France. 
Calvin,  Luther  et  Loyola,  par  M.  Gabrîï 

Monod,  professeur  à  la  Sorbonne. 
Portraits  de  Calvin  à  la  plume  :  Michel^ 

Renan,  Lanson,  Faguet,  Brunot,  Brunetièke...  J 
Le  grand  fantôme  noir,  par  Paul  de  Félice.-. 
Calvin  intime  :  son  mariage,  par  J.  Pales. 
L'Eglise  et  l'Etat  d'après  Calvin,  par  Eugêt 

Chois  y.  , 

La  paternité  de  Dieu.  —  L'honneur  de  Diei 

•    par  le  doyen  E.  DoUMBRGUE. 
La  prdestination  d'après  Calvin,  par  Vict* 

Monod.  . 
Calvin  et  Servet,  par  N.  Weiss. 
Notes  et  Documents,  Un  jubilé  à  Genève  par  G 

Gide,  professeur  à  la  Faculté  de  Droit  de  Paris.  ; 

Une  belle  suite  d'illustrations  — trente-cinq  envir 
—  accompagnera  le  texte  (128  colonnes  de  la  revu» 
et  formera  aussi  8  pages  de  hors  texte. 

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SOCIÉTÉ  DE  L'HISTOIRE 

du 

Protestantisme  Français 

Reconnue  d'utilité  publique  par  Décret  du  13  juillet  1870 

Tiullelin 

PARAISSANT  TOUS  LES  DEUX  MOIS 

Etudes,  Documents,   Chronique  littéraire 
LVIII*  ANNÉE 

SEPTIÈME    IDE         A.     S  '  SÉRIE 

Novembre-Décembre  1909 


PARIS 

Au  Sicge  de  la  Société,  54,  rue  des  Saints-Pcrcs 
LIBRAIRIE  FISCHBACHER  Société  anonyme) 


SOMMAIRE 


AVIS.  -  -  Les  Ta(>lcs  du  Bulletin  de  1909  paraîtront  avec  la  première  livraison» 


de  1910. 

N.  Wkiss.  —  Fcniand  «le  Schickler;  article  nécrologique.  ....  48 i 
ÉTUDES  HISTORIQUES. 

Henri   Monod.  —  La  Saiiit-lîarthéleniy.  La  version  du  duc 
d'Anjou,  texte  et  notes  !  485 

DOCUMENTS. 

H.  Dannreuther.  —  La  confession  des  péchés  de  la  liturgie 
des  Eglises  réformées  de  France  insérée  dans  un  livre  de 
piété  catholique  (suite)  543 

B.  Sara zi n.  —  Les  temples  et  les  pasteurs  de  Mouchamps 
avant  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes,  1561-1585    547 

G.  D.  —  Extrait  d'un  mémoire  sur  le  diocèse  de  Castres 
(1674  ou  1675)   500 

MÉLANGES. 

E.  Gri selle.  —  Avant  et  après  la  Hévocation  de  Pédit  de 
Nantes.  Chronique  des  événements  relatifs  au  Protestantisme 
de  16«2  à  1687.  20  avril-4  mai  1685   565 

Séances  du  comité.  —  8  Juin  1909   569 

CHRONIQUE  LITTÉRAIRE. 

N.  W.  — Le  jubilé  de  Calvin.  Premier  supplémenl.  570 

P.  F.-R.  —  Locke  et  la  Tolérance  .  :  573 

CORRESPONDANCE. 

Monument  international  de  la  Réformation   575 

A.  Lafont.  —  Au  sujet  du  sacrilège  de  Vallerargues   575 

ILLUSTRATIONS. 

Portrait  du  baron  de  Schickler,  d'après  une  photographie   48 

L'église: de  Mouchamps,  d'après  une  .photographie.   54 

Le  temple  de  Mouchamps,  d'après  une  photographie   55 


RÉDACTION  ET  ABONNEMENTS 

Tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  du  Bulletin  doit  être  adressé  à  M.  N.  Wfiiss,  secrétaire  de 
Société,  54,  rue  des  Saints-Pères,  Paris  (VIP),  qui  rendra  compte  de  tout  ouvrage  intéressant  not 
histoire,  dont  deux  exemplaires  seront  déposés  à  cette  adresse.  Un  seul  exemplaire  donne  droit  à 
annonce  sur  cette  couverture. 

Le  Bulletin  paraît  tous  les  deux  mois,   en  cahiers  in-8»  àt  96  pages  avec   illustrations.  On 
s'abonne  pas   pour  moins  d'une  année.   Tous  les  abonnements  datent  du  1"  Janvier  et  doivent  ê' 
soldés  à  cette  époque, 

Prix  de  l'abonnement:    10  fr.   pour  la  France,  l'Alsace   et  la  Lorraine;   —   12  fr.  50  pour  l'étta 
ger  •  —    6  fr.   pour  les   pasteurs,  instituteurs,  etc.,  de   France  et  des   colonies  françaises  ;  10  fr.  po~ 
les  pasteurs  de  l'étranger.  —  Prix  d'un  numéro  isolé  de  l'année  courante  et  de  la  précédente  2 
et  pour  les  autres  années,  selon  leur  rareté. 

La  voie  la  plus  économique  et  la  plus  simple  pour  le  payement  des  abonnements  est  l'envoi  d' 
mandat-carte  au  nom  de  M.  Fischbacher,  libraire,  rue  de  Seine,  33,  à  Paris,  ou  de  M.  N.  Wc' 
secrétaire-trésorier,  54,  rue  des  Saints-Pères,  Paris  VIIe. 

Nous    ne   saurions  trop   engager   nos  lecteurs  à  éviter  tout  intermédiare,  même  celui  des  lib?aù 

Les  personnes  qui  n'ont  pas  soldé  leur  abonnement  au  15  mars  reçoivent  une  quittance  a  do 
ole,  avec  augmentation,  pour  frais  de  recouvrement,  de  :  1  fr.  pour  les  départements  ;  1  fr.  50 
l'étranger. 

Ces  chiffres   sont  loin    de  couvrir  les  frais  qu'exige  la  présentation  des  quittances  ;  T adminisU ati 

préfère  donc  tout  ours  que  les  abonnements  lui  soient  soldés  spontanément. 


FERNAND  DE  SCH1CKLER 


Un  grand  nombre  de  nos  lecteurs  savent  déjà  quel  est  le  coup 
qui  a  frappé  notre  Société.  Son  président,  le  baron  Fernand  de 
Schickler  est  décédé  presque  subitement,  à  Paris,  le  mardi  12  oc- 
tobre dernier  (1).  Le  jeudi  7  octobre,  après  une  assez  longue 
absence,  il  était  venu  à  la  Bibliothèque  prendre  connaissance  de 
ce  qui  s'y  était  passé  pendant  les  vacances  et  s'entretenir  avec  le 
soussigné.  Le  surlendemain,  une  indispositionsubite  qu'on  croyait 
sans  gravité  immédiate  l'avait  obligé  à  s'aliter.  Mais  quatre  jours 
plus  tard  déjà  Dieu  mettait  un  terme  à  ses  souffrances  en  le  rap 
pelant  à  Lui.  Cette  fin  si  rapide  ne  pouvait  surprendre  que  eeux 
qui  étaient  accoutumés  à  le  voir  sans  cesse  sur  la  brèche,  avec 
un  entrain  et  une  ponctualité  toujours  les  mêmes,  mais  qui  igno 
raient  au  prix  de  quels  efforts  il  parvenait  à  remplir  ses  multiples 
devoirs. 


(1)  La  dernière  livraison  du  Bulletin  étant  déjà  tirée  S 
pas  été  possible  d'y  faire  mention  de  ce  deuil, 


ortie  date,  il  n'a 


6.  Nov.-Dér.  1909. 


Il 


'.Si  FERNAND  DE  SCIIICKLER 

II  ne  m'appartient,  ni  de  rappeler,  ni  môme  d'indiquer  les  ser- 
vices que  M.  F.  de  Sçhickler  a  rendus  en  dehors  de  la  Société  d'His- 
toire. Mais  comment  oublier  sa  grande  discrétion,  son  humilité,  sa 
profonde  piété  dont  M.  le  pasteur  E.  Roberty  a  cité  de  si  touchants 
exemples  le  jour  de  ses  obsèques!  C'est  bien  parce  qu'il  était 
extrêmement  exigeant  pour  lui-même  et  que  jusque  tard  dans  la 
nuit  il  s'astreignait  au  travail,  qu'il  fut  si  indulgent,  si  large,  si 
généreux,  qu'il  laisse  des  regrets  unanimes  partout  où  il  a  passé. 
Certains  lui  ont  fait  grief  de  sa  largeur  d'esprit  et  de  cœur,  de  sa 
passion  pour  l'union  et  la  paix  dans  la  sincérité  et  la  liberté  de 
toutes  les  convictions.  Sa  consécration  à  ce  haut  idéal  de  justice 
et  de  vérité  a  été  pour  lui  une  véritable  école  de  renoncement  et 
de  douloureuses  expériences  ;  il  a  dû  apprendre  qu'il  ne  suffit 
pas,  hélas!  de  vouloir  et  de  faire  le  bien  pour  être  compris  et 
approuvé  !  Il  a  beaucoup  souffert  dans  ces  toutes  dernières 
années  et  au  moment  même  où  il  était  éprouvé  durement  dans 
ses  plus  tendres  affections.  Sans  se  plaindre  il  a  cherché  la 
consolation  dans  un  redoublement  d'activité  qui,  à  vues  humaines, 
a  hâté  sa  fin.  Il  est  entré  dans  son  repos,  et  il  jouit  maintenant 
de  cette  paix  qu'au  milieu  de  nos  divisions  et  de  nos  luttes  il 
poursuivait  avec  une  douce  obstination  et  pour  laquelle  ceux 
qui  l'ont  bien  connu  et  aimé,  savent  qu'il  a  donné  le  meilleur 
de  lui-même. 


N.  W. 


Études  Historiques 


LA  SAINT-BARTHÉLEMY 


Version  du  duc  d'Anjou  (1). 


Le  duc  d'Anjou  fut  élu  roi  de  Pologne  le  9  mai  1573  ; 
le  28  septembre,  il  quitta  Paris  pour  Cracovie,  où  il  fut 
couronné  le  21  février  1574.  La  chose  n'avait  pas  été 
sans  difficulté.  Charles  IX,  jaloux  des  lauriers  qu'Henri  avait 
cueillis  à  la  guerre  par  la  main  de  Tavannes,  redoutant 
peut-être  les  suites  de  la  préférence  que  Catherine  de  Mé- 
décis  affichait  pour  le  duc  d'Anjou,  avait  poussé  active- 
ment des  négociations  dont  le  succès  devait  éloigner  son 
frère  de  la  Cour  de  France.  Un  habile  homme,  [Montluc, 
évêque  de  Valence,  avait  été  envoyé  à  Varsovie  pour  sou- 
tenir la  candidature  française,  laquelle  rencontrait  des 
hostilités  fort  vives  :  on  représentait  le  duc  d'Anjou 
comme  un  catholique  fanatique,  instrument  docile  dans 
la  main  de  la  Cour  de  Rome,  et  la  Saint- Barthélémy 
était  venue  apporter  aux  adversaires  d'Henri  un  argu 
ment  terrible.  «  Les  rivaux  de  la  France,  disait  Mon I lin 
au  Conseil  du  Roi,  mettoient  tout  en  œuvre  pour  rendre 
le  duc  d'Anjou  odieux  aux  Grands  d<>  Pologne  à  l'occa- 
sion du  massacre  de  Paris  qu'ils  dis  oie  ni  avoir  été  liii 
de  dessein  prémédité  (2) .  » 

(1)  La  plus  grande  partie  de  ce  travail  a  été  publiée  par  la  Rewa 

le  15  août  1908,  mais  avec  une  ordonnance  différente  de  celle  que  l'auteur 
avait  conçue,  et  qui  est  rétablie  ici.  Deux  documents  Importants,  L'arrêt  du 
29  janvier  1566  <i"i  reconnail  Coligny  innocent  du  meurtre  de  Françoli  de 
Guise,  el.  La  lettre  adressée  !<•  28  aoûl  1572  par  Charles  LX  I  I<  lu  de  v 
seigneur  cl,  baron  de  La  Valette,  ont  été  publiés  dans  son  numéro  de  juillel  1909 
parla  Revue  historique,  ils  on!  repris  Loi  leur  place,  dans  les  notée 

(2)  De  Thon,  Histoire  universelle»  Trad.  frM  Londres,  1734,1a       Vlt,p  I 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


Cet  événement  avait,  en  effet,  sans  acception  de  par- 
tis, été  condamné  en  Pologne,  où  la  tolérance  religieuse 
était  généralement  pratiquée.  Lorsque,  en  avril  1573, 
s'était  ouvert  en  plein  air,  aux  portes  de  Varsovie,  l'as- 
semblée des  seigneurs  où  devaient  être  discutées  les  can- 
didatures au  trône,  les  gentilshommes  protestants  avaient 
demandé  que  des  garanties  leur  fussent  données  pour  leur 
sûreté  pendant  les  délibérations.  Mais  les  gentilshommes 
catholiques  s'étaient  indignés.  Ils  avaient  protesté  «  qu'ils 
mourraient  tous  plustost  qu'endurer  qu'il  y  eust  jamais 
guerre  en  Pologne  pour  la  religion  (1)  ».  Montluc  rendit 
nécessairement  compte  à  la  Cour  de  France  de  ce  grave 
incident  :  dès  janvier  1573  ce  peu  scrupuleux  diplomate 
avait  écrit  à  Charles  IX  :  «  Si  vous  pouviez  faire  ou  con- 
trefaire un  édit  contenant  que  vous  n'entendez  pas  qu'au- 
cun soit  forcé  de  sa  conscience  en  votre  royaume,  cela 
servirait  de  beaucoup.  Si  vous  avez  l'intention  contraire, 
vous  le  pourriez  adresser  aux  gouverneurs  seulement  qui 
en  useraient  puis  après  comme  vous  le  leur  vouldriez 
commander  (2).  » 

Dans  son  discours  devant  la  Diète  de  Varsovie,  Mont- 
luc, en  soutenant  la  candidature  du  duc  d'Anjou,  avait 
observé  un  silence  prudent  sur  le  rôle  actif  joué  par 
celui-ci  dans  les  guerres  civiles.  Il  avait  loué  ses  talents 
militaires,  mais  il  n'avait  nommé  ni  Jarnac  ni  Moncontour. 
Il  avait  fait  l'éloge  de  la  paix  civile  :  «  C'est  cette  union 
et  concorde  »,  avait-il  dit,  «  qui  a  si  longuement  défendu 
et  conservé  vos  maisons,  vos  femmes,  vos  enfants,  la 
dignité  et  la  gloire  souveraine  de  vostre  nom.  Que  si 
d'aventure  par  quelque  sinistre  destinée  elle  se  départoit 
d'avec  vous,  incontinent  la  discorde  se  mettroit  en  son 
lieu,  qui  tousjours  est  contraire  et  ennemie  de  repos,  de 
paix  et  de  toute  félicité,  et,  comme  elle  est  coustumière  de 
renverser  ce  dessus  dessous  des  maisons  excellentes,  des 
citez  opulentes,  des  choses  publiques  très  puissantes  et  des 

vl)  Mémoires  de  l'Estat  de  Francesous  Charles  Neufiesme,  1576-77,  t.  II,  p.  360. 
(2)  Bibl.  nat.  ms.  coll.  Colbert,  338  (Cité  par  le  marquis  de  Noailles  : 
Henri  de  Valois  et  la  Pologne  en  1575,  t.  II,  p.  130,  note). 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


487 


Royaumes  très  florissants,  aussi  vous  jetteroit-elle  divisez 
en  diverses  factions  à  prendre  les  armes  pour  les  convertir 
contre  vos  propres  entrailles,  à  vous  faire  entretuer  les 
uns  les  autres,  à  commettre  toutes  sortes  de  meschancetez, 
et  bref,  à  la  subversion  et  destruction  entière  de  tout 
vostre  Estât  (1).  » 

Le  mêmeMontluc,  adressant  aux  Polonais  une  défense 
imprimée  contre  ceux  qui  avaient,  disait-il,  calomnié  le 
duc  d'Anjou,  jugeait  habile  de  terminer  par  ces  mots  : 
«  Retenez  donc  le  duc  d'Anjou  pour  protecteur  et  compa- 
gnon à  maintenir  votre  Estât.  Et  avant  que  le  recevoir, 
donnez  ordre  de  le  faire  obliger  par  promesses,  serment 
solennel,  et  tous  autres  moyens  de  vous  maintenir  en  vos 
libertez  et  franchises  (2) ,  »  C'était  faire  la  part  du  feu  et  allor 
habilementau  devant  d'une  exigence  dont  on  savait  qu'elle 
serait  produite.  Montluc  réussit,  moins  par  les  mérites 
personnels  de  son  candidat  qu'à  cause  des  graves  objec- 
tions auxquelles  les  autres  candidatures  donnaient  prise. 
Le  duc  d'Anjou  fut  donc  élu  roi  des  Polonais  et  des  Lithua- 
niens; l'élection  était  soumise  à  cette  condition  que 
le  roi,  avant  d'être  couronné,  s'engagerait  par  serment  à 
respecter  la  liberté  des  cultes.  Voici  les  termes  énergiques 
de  ce  serment,  qu'il  dut  prêter  deux  fois,  une  fois  entre 
les  mains  des  ambassadeurs  polonais  qui  portèrent  à 
Paris  le  décret  de  l'électionet  une  seconde  lois  à  Cracovie, 
préalablement  à  son  couronnement  :  Pacem  inter  dissi- 
dentes de  religtone  tuebor  et  manutenebo  3  . 

(1)  Premier  discours  de  Montluc.  Traduction  des  Uémoireë  <lc  V Estai  de 
France  sous  Charles  IX,  II,  3('»<S. 

(2)  Ibid.,  p.  189. 

(3)  Celait  une  sorte  d'axiome  au  xvr  siècle  que  l  imité  de  la  religion  est  un 
élément  essentiel  d'ordre  public,  el  que  le  <lr«>ii  pour  I.'  souverain  .1  imposer 
la  sienne  à  ses  sujets  est  un  des  attributs  <l<'  la  souveraineté  :  Ulud  i 
noslrum  firmum  maneat  :  unam  religionem  m  uno  régna  tentri  [ittStfl  I  ips< 
De  una  relU/ione  liber).  J.  B.  Agneau  Itérai.  pivsidenl  au  Parlement  do  Bour- 
gogne, publiait  un  libelle  intitule  :  Remontrances  / 

les  députez  des  trois  Estais  de  son  Duché  de  Bourgogne  sur  l'edicl  de  i<i  poci 
ficalion,  par  où  se  monstre  qu'en  un  Royaume  deux  rêUgSeMM  Ht  M  ptl  I 

soutenir  et  les  maulx  oui  ordinairement  advionneni  au*  Roue  n  urm  mern  H 

les  hérétiques  sont  tolérez.  AHV6M,  1561  et  ToulOUM,  1868  la  principal* 
cause  de  la  deuxième  guerre  civile  lui  que  le  connétable  de  MonUnorencj 
déclara  officiellement  ô  Condé,  de  la  pari  .lu  roi,  que  jamaii 


•488 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


Traversant  les  pays  allemands  pour  gagner  son 
royaume,  Henri,  universellement  considéré  comme  un 
des  principaux  fauteurs  de  la  Saint-Barthélemy,  avait  ren- 
contré, au  milieu  des  honneurs  qui  partout  lui  était  ren- 
dus, des  blâmes  à  peine  dissimulés,  parfois  même  de 
véhéments  reproches.  De  somptueux  banquets  lui  étaient 
offerts,  mais  sur  les  murs  de  la  salle  on  accrochait  des 
tableaux  représentant  les  horreurs  du  massacre;  dans  les 
belles  chambres,  aux  lambris  dorés,  préparées  à  son 
sommeil,  dans  les  galeries  qu'on  lui  faisait  visiter,  par- 
tout son  regard  se  heurtait  à  des  portraits  de  l'Amiral 
Coligny,  à  ces  images  qui  venaient  d'être  condamnées  par 
le  Parlement  de  Paris,  dans  son  arrêt  du  29  octobre  1572  : 
«  Toutes  les  pourtraictures  dudit  de  Goligni,  soit  en 
bosse,  ou  peinture,  ou  tableaux,  ou  autres,  en  quelque 
lieu  qu'ils  soient,  seront  rasez,  cassez,  rompus  et  lacé- 
rez. » 

Le  nouveau  roi  comprit  qu'avant  même  qu'il  arrivât 
à  Cracovie,  il  était  nécessaire  qu'il  cherchât  à  dégager  sa 
responsabilité  de  l'acte  qui  soulevait  ainsi  l'indignation 
du  Nord  de  l'Europe. 

A  son  entrée  en  Pologne,  à  Miedzéricz,  il  fut  compli- 
menté par  l'Evêque  de  Cujavie  au  nom  du  Sénat  et  de 
la  noblesse.  Pibrac  répondit  en  son  nom.  Entre  autres 
choses  il  dit  :  «  Qu'ayant  appris  dès  son  enfance  à  préfé- 
rer la  piété  et  la  religion  à  tout,  le  roi  de  Pologne  auroit 
fort  souhaité  de  trouver  tout  le  monde  d'accord  sur  cet 
article;  qu'en  attendant  un  si  grand  bien,  l'amour  de  la 
paix  et  de  la  tranquillité,  l'expérience  qu'il  voit  par  lui- 
même  et  par  les  autres  des  maux  et  des  calamités  qu'en- 
traîne après  elle  la  guerre  civile,  l'engageoient  à  les 
exhorter  tous  à  se  joindre  à  lui  pour  empêcher  que  l'union 

rerait  deux  religions  dans  le  royaume  (voir  plus  loin  la  note  4).  Il  n'y  a  pas 
de  doute  que  le  serment  exigé  de  lui  parut  très  pénible  à  Henri  d'Anjou,  si 
pénible  qu'à  Cracovie  il  chercha  à  l'éluder,  de  complicité  avec  l'archevêque 
qui  présidait  la  cérémonie.  Mais  des  Grands  s'aperçurent  de  la  substitution 
au  texte  ancien  du  texte  nouveau.  Ils  réclamèrent  à  grands  cris.  La  cérémonie 
fut  suspendue.  Quand  elle  eut  été  reprise,  l'archevêque  ne  put  poser  la  cou- 
ronne sur  la  tête  d'Henri  qu'après  que  celui-ci  eût  prêté  le  serment  dans  les 
termes  que  je  cite. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


489 


des  cœurs,  et  la  sûreté  de  l'Etat  qui  en  dépend,  soient 
altérées  (1)  ». 

C'est  évidemment  sous  l'empire  des  mêmes  préoccupa- 
tions que  fut  rédigé  en  latin,  imprimé  en  Cracovie,  chez 
le  même  imprimeur,  dans  le  même  format,  et  avec  les 
mêmes  caractères  que  l'avaient  été  les  deux  discours  de 
Montluc  en  faveur  du  duc  d'Anjou,  un  opuscule  intitulé  : 

VER  A  ET  BRE 
VIS  DESCRIPTIO 
TVMVLTVS POSTREMI 
GALLICI  LVTETIAN1,  IN 
quo  occidit  ADMIrallius  cum  alijs  non 
paucis,  ab  origine,  sine  cuiusquan 
iniuria  facta 

CRACOVIE. 

In  Oflicina  NIcolai  Scharffenbergij 
Anno  Dni  M.  D.  LXXIII. 

C'est  un  petit  in-quarto  de  huit  feuillets,  y  compris 
celui  du  titre,  sans  pagination  (2).  Quel  en  fut  le  rédacteur? 
Parmi  ses  familiers  Henri  d'Anjou  n'avait  que  rembarras 
du  choix  :  Montluc,  Pibrac,  Lansac...  Plusieurs  indices, 
particulièrement  des  traits  communs  à  la  Vera  descriptio 
et  à  la  Defensio  Montliicii  contra  qùorumdam  calumnias, 
donnent  à  penser  qu'ici  encore  ce  fut  Montluc  qui  tint  la 
plume.  Mais,  en  lisant,  l'on  acquiert  la  certitude  que  pas 
un  mot  ne  fut  écrit  qu'Henri  d'Anjou  n'eût  préalablement 
approuvé. 

Pendant  longtemps,  lorsque  les  historiens  de  la 
Saint-Barthélemy  ont  invoqué  le  témoignage  d'Henri  d'An- 
jou, l'usage  a  été  de  citer  un  document  à  propos  duquel  il 
est  nécessaire  que  j'entre  dans  quelque  détail. 

Cinquante  et  un  ans  après  la  Saint-Barthélemy,  trente- 
quatre  ans  après  la  mort  de  Henri  III,  en  1623,  du  Mesnil- 


(1)  De  Thou,  VJI,  30. 

(2)  Le  dernier  Feuillet  est  blanc 


490 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


Bazire,  avocat  du  Roi,  conseiller  en  sa  Chambre  des  aides 
à  Rouen,  publia  dans  la  Suite  des  mémoires  de  Villeroy  un 
document  intitulé  :  Discours  du  Roy  H enri  troisiesme  à  un 
personnage  d'honneur  et  de  qualité  estant  auprès  de  Sa 
Majesté.  Dans  la  nuit  qui  précéda  son  couronnement  à 
Cracovie  comme  roi  de  Pologne,  le  duc  d'Anjou,  »  l'en- 
tendement troublé  d'inquiétudes  et  d'agitation  en  repensant 
à  l'exécution  de  la  Saint-Barthélemy  »,  avait  appelé  un 
de  ceux  de  sa  cour,  quelques-uns  disent  son  médecin 
Miron  (1),  et  lui  avait  fait  ce  récit  du  tragique  événement. 

Ce  récit,  d'une  publication  si  tardive,  eut,  sans  doute  à 
défaut  d'autres  documents,  la  bonne  fortune  de  capter  l'at- 
tention des  historiens.  «  Nous  considérons,  dit  Henri 
Martin,  la  confession  d'Henri  1TI  comme  le  document 
capital  sur  la  Saint-Barthélemy ,  celui  autour  duquel  il  faut 
grouper  tous  les  autres.  »  Michelet  hésite  d'abord,  puis  il 
acquiesce  :  Dans  un  récit  très  vraisemblable  attribué 
au  duc  d'Anjou...  Ce  qui  me  prouve  que  le  récit  attribué 
au  duc  d'Anjou  est  vraiment  de  lui  ou  d'un  homme  à  lui, 
c'est  qu'à  ce  moment  il  dissimule  la  situation  honteuse  où 
se  trouvèrent  les  coupables  (lui,  sa  mère  et  Retz)...  » 
L'argument  est  aussi  bon  en  faveur  de  ceux  qui  pensent 
que  c'est  sous  l'inspiration  de  Retz  que  le  récit  a  été  écrit. 
Enfin,  nettement  :  «  Nous  allâmes,  dit  le  duc  d'An- 
jou.. .  (2)  » 

Il  existe  plusieurs  manuscrits  du  Discours  a  un  person- 
nage d'honneur.  Le  plus  ancien  connu  (je  crois  que  c'est 
celui  que  je  possède)  ne  remonte  pas  au  delà  des  premières 
années  du  xvne  siècle. 

En  1879,  dans  son  livre  :  La  Saint-Barthélemy  et  la 
critique  moderne  (3)  —  ouvrage  qui  a  eu  le  très  appréciable 
honneur  de  modifier  l'opinion  de  M.  Alfred  Maury  (4)  — 
M.  Henri  Bordier  soutint  que  ce  Discours  n'a  jamais  été 

(1)  M.  Miron  de  l'Espinay  ne  dit  pas  un  mot  de  cette  légende  dans  le  livre 
qu'il  a  consacré  à  François  Miron,  le  prévôt  des  marchands,  et  où  il  ne  laisse 
pas  de  parler  de  son  grand-oncle,  le  médecin  d'Henri  111. 

(2)  Michelet,  Histoire  de  France,  t.  ix. 

(3)  Genève  et  Paris,  1879,  in-4"  de  116  p. 

(4)  Journal  des  Savants,  mars  1880. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


491 


prononcé  par  Henri  d'Anjou,  qu'il  a  été  fabriqué  longtemps 
après  les  événements  qu'il  expose,  dans  le  dessein  visible 
de  servir  la  famille  de  Gondi  en  allégeant  la  lourde 
responsabilité  qui,  du  fait  de  ces  événements,  pesait  sur 
la  mémoire  d'Albert  de  Gondi,  maréchal  de  Retz  (1).  La 
lecture  attentive  du  document  confirme  ces  conclusions. 
Én  les  combattant,  M.  Loiseleur  (2)  reproche  à  M.  Bordier 
de  s'être  trompé  sur  la  date  de  la  publication  du  Discours 
d'Henri  III.  Il  est  vrai  que  ce  discours  a  été  publié  pourla 
première  fois,  non  pascomme  le  croyait  M.  Bordier,  en  1631 
dans  Y  Histoire  de  France  de  Pierre  Matthieu,  mais,  comme 
nous  l'avons  dit,  en  1623,  par  du  Mesnil-Bazire.  Pierre  Mat- 
thieu avaitécritce  passage  de  son  histoire  avantlapublication 
de  1623,  puisqu'il  est  mort  en  1621.  C'est  donc  lui,  bien 
probablement,  qui  a  communiqué  le  Discours  à  du  Mesnil 
Bazire.  D'ailleurs  ce  qui  importe  ce  n'est  pas  qui  l'a  publié, 
mais  quand  il  a  été  rédigé,  et  ce  qu'il  contient.  Si  vraiment, 
dans  cette  nuit  dramatique  qui  précéda  son  couronnement, 
la  nuit  du  20  au  21  février  1574,  le  roi  de  Pologne,  «  l'en- 
tendement troublé  d'inquiétudes  et  d'agitation  en  repen- 
sant à  l'exécution  de  la  Saint-Barthélemy,  »  dicta  ce  récit 
à  son  confident  six  mois  après  les  événements  qu'il  relate, 
comment  expliquer  qu'il  n'ait  été  produit  au  jour  qu'en 
1623,  après  un  nouveau  délaide  quarante-neuf  ans, trente- 
quatre  ans  après  la  mort  de  son  soi-disant  auteur?  Et  quant 
au  contenu  de  cette  relation,  si  elle  était  de  la  façon 
d'Henri,  duc  d'Anjou,  elle  dénoterait  chez  lui  une  inin- 
telligence et  une  maladresse  que  ses  pires  ennemis  ne  lui 
ont  jamais  reprochées.  Nous  allons  montrer  quelle  fut  en 
réalité  son  apologie  ;  mais  ici,  non  seulement  il  ne 
s'excuse  pas,  mais  il  s'accuse,  si  bien  qu'à  l'hypothèse  si 
vraisemblable  de  M.  Bordier  que  le  Discours  à  un  homme 
d'honneur  a  été  rédigé  en  faveur  de  Gondi,  Ton  peut 

(1)  «  On  disoit  que  Charles  IX  a  voit  appris  d'estre  ain.sy  dissimulateur  de 
son  grand  lavory  Albert  Gondy,  qui  estait  un  florentin  fin.  caul  et  trinquât, 
corrompu,  grand  menteur  et,  dissimulateur  »  (Brantôme,  EdU.  tic  la  Société 
de  l'histoire  de  France,  t.  v,  p.  283). 

(2)  Trois  énigmes  historiques  :  \es  ?iouvellcs  cont  ro  vers  es  sur  la  Saint-liar- 
thélemy.  Paris  1882,  in-12. 


492 


ÉTUDES    IIISTORIQU  ES 


ajouter  qu'il  l'a  été  aux  dépens  d'Henri  d'Anjou. 
L'auteur  lui  impute  les  déclarations  les  plus  compromet- 
tante, les  confessions  à  la  fois  les  plus  accablantes  et  les 
plus  inutiles. 

Dès  le  début,  le  roi  de  Pologne  raconte  que,  «  bien 
peu  devant  la  Saint-Barthélemy  »,  il  trouva  un  jour  le  roi 
fort  en  colère,  et  que  celui-ci  mit  même  la  main  sur  la 
garde  de  son  poignard  en  regardant  son  frère  d'un  air 
furieux.  «  Du  pas  je  m'en  allay  trouver  la  Royne  ma 
mère...  Nous  demeurasmes  l'un  et  l'autre  aysément  per- 
suadez et  comme  certains  que  l'Amiral  estoit  celuy  qui  avoit 
imprimé  au  Roy  quelque  mauvoise  et  sinistre  opinion  de 
nous;  et  résolusmes  dès  lors  de  nous  en  de ff aire  et  d'en 
rechercher  les  moiens  avec  Madame  de  Nemours  »  (la 
veuve  de  François  de  Guise).  Ils  s'adressèrent  d'abord  à 
un  spadassin  qui  leur  parut  «  trop  esservelé  et  évanté;  » 
puis  s'avisèrent  de  se  servir  de  «  Montravel  comme 
d'un  instrument  plus  propre  et  déjà  praticqué  et  expéri- 
menté à  l'assassinat  que  devant  il  avait  commis  en  la 
personne  de  feu  Mouy  (1)...  Asseuré  qu'il  fust  d'une 
bonne  récompense,  et  de  l'appuy  et  support  qu'il  pouvoit 
espérer  de  nous,  etencores  conforté  de  tout  ce  que  nous 
pensions  servir  à  l'encourager  et  fortifier  davantage  à 
l'entreprendre  asseurément  (c'  est-à-dire  sans  risques)  nous 
le  laissasmes,  comme  on  dict,  aller  sur  sa  foy  tirer 
le  coup  d'arquebuse...  » 

(1)  Rappelons  que  ce  Montravel,  ou  plutôt  Maure  vert,  était  communément 
appelé  «  le  tueur  du  roy  »  (Brantôme),  et  que  lorsqu'il  eut  assassiné  l'un  des 
principaux  capitaines  huguenots,  Claude  de  Vaudray,  sieur  de  Mouy,  dont  il 
s'était  fait  l'ami,  et  dont  il  était  le  commensal  et  l'obligé,  Charles  IX  adressa 
à  son  frère,  le  duc  d'Alençon,  la  lettre  suivante  :  «  Mon  frère,  pour  le  signalé 
service  que  m'a  fait  Charles  de  Louvier,  sieur  de  Monreveil,  présent  porteur, 
estant  celuy  qui  a  tué  Mouy  de  la  façon  qu'il  vous  dira,  je  vous  prie,  mon 
frère,  lui  bailler  de  ma  part  le  collier  de  mon  ordre,  ayant  été  choisy  et  esleu 
par  les  frères  compaignons  dudict  ordre  pour  y  estre  associé  ;  et  faire  en 
sorte  qu'il  soyt,  par  les  manans  et  habitans  de  ma  bonne  ville  de  Paris, 
grattifyé  de  quelque  honneste  présent  selon  ses  mérites,  pryant  Dieu,  mon 
frère,  qu'il  vous  tienne  en  sa  sainte  et  digne  garde.  Escript  au  Plessis-les- 
Tours,  le  10e  jour  d'octobre  mil  cinq  cens  soixante  neuf.  Votre  bon  frère  : 
Charles.  »  De  même,  trois  ans  plus  tard,  Besme,  qui  tua  Coligny,  reçut  en 
récompense  une  grosse  somme  d'argent  du  roi  d'Espagne.  (Dépêche  de  l'am- 
bassadeur Petrucci  au  grand  duc  de  Toscane,  15  septembre  1072.  Abel  Desjar- 
din, Négociations  avec  La  Toscane,  111,  338.) 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


La  mort  de  Coligny  est  évidemment  due  à  d'autres 
motifs  que  ceux  qui  sont  ici  allégués  ;  il  ne  fut  pas  assa- 
siné  uniquement  parce  qu'on  le  soupçonnait  d'avoir 
indisposé  Charles  IX  contre  Henry  et  Catherine  (1), 
Cependant  on  comprendrait  qu'un  narrateur  eût  été  induit 
en  erreur  sur  ce  point.  Ce  que  l'on  ne  comprendrait  pas, 
ce  qui  semble  inadmissible,  c'est  que  ce  soit  Henri  qui, 
pour  un  tel  grief,  se  charge  d'un  tel  crime,  et  précise  ainsi 
une  culpabilité  qui  jusqu'à  son  aveu  restait  dans  une 
obscurité  favorable. 

Continuons  notre  analyse  du  Discours  :  celui-ci 
étant  présenté  comme  un  fragment  auto-biographique, 
la  suite  semblera  plus  surprenante  encore.  Le  duc 
d'Anjou  a  donc  envoyé  Maurevert  «  tirer  le  coup  d'arque- 
buse». Maurevert  s'est  montré  maladroit.  L'amiral  a  été 
seulement  blessé.  Charles  IX  va  le  voir.  Sa  mère  et  son 
frère  d'Anjou  accompagnent  le  roi.  «  Le  roy  et  nous  don- 
nasmes  à  l'Amiral  bon  espoir  deguérison,  l'assurant  que 
nous  luy  ferions  faire  bonne  justice  de  celui  ou  ceulx  qui 
l'avaient  ainsi  blessé  et  de  tous  les  autheurs  et  participans  » . 
Revenant  de  cette  visite,  d'Anjou  examine  la  situation 
avec  sa  mère  :  «  J'eus  bien  martel  en  tête  »,  dit-il,  «  et  elle 
aussi  de  son  costé,  et  ne  fust  pour  lors  pris  autre  délibé- 
ration que  de  faire,  par  quelque  moien  que  ce  fust  despe^cher 
(c'est-à-dire  assassiner)  l'amiral  ».  Catherine  et  lui  font 
venir  Nevers,  etTavannes,  etGoridi,  etBirague,mais  seu 
lement  pour  avoir  leur  avis  sur  les  moyens  d'exécution  de 
la  chose  laquelle  nous  avions  desjà  arrestée,  la  Rot/ne  et 
moy.  Puis  viennent  les  efforts  pour  décider  le  roi  Char- 
lesIX.  Ainsi  l'homme  qui  avait  armé  le  bras  du  meurtrier, 

(1)  Le  loi  dut  intervenir,  car  Maurevert  a  déclaré  lui-même  qu'il 
avait  agi  «  du  consentement  du  roy  ».  11  n'y  a  aucune  raison  pour  ne  pas 
acceptèr  ici  le  témoignage  de  Pierre  Fayet,  grenier  d'Estampes,  qui  écrit  dans 
son  journal  du  22  août  1572  :  «  Le  vingt  deuxièsnie  du  dit  mois,  messire 
(îaspard  deColigny,  admirai  de  France,  fut  Messe  au  bras  d'un  coup  d  arque 
buse  par  Maurevert,  gentilhomme  de  brie,  lequel,  du  despuis,  me  diet.  en  la 
ville  de  Salluces,  l'avoir  faief  du  consentement  du  roy  :  ce  qu'il  n'eus!  jamais 
faict  n'eust  esté  qu'il  avoit.  tue  Monsieur  de  Mouy.  »  ■.Journal  historique  de 
Pierre  Fayet  sur  les  troubles  de  la  Ligue,  Tours.  1 S  ;  i  J ,  In  12,  pp.  2  3  Mail 

revert  n'évita  pas  d'ailleurs  la  vengeance  qu'il  redoutait;  il  fui  lue  de  tamaio 
du  lils  de  Mouy. 


494 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


qui  se  préparait  à  achever  la  victime,  allait  visiter  cette 
victime  pour  lui  souhaiter  guérison  et  lui  promettre 
justice.  Cela  est  odieux  ;  cela  est  monstrueux;  et  cela  est 
en  grande  partie  vrai;  mais,  encore  un  coup,  on  ne  dit 
dit  pas  de  telles  choses  de  soi-même.  Gomment!  Il  y  a 
deux  jours  qu'Henri  est  arrivé  à  Cracovie  ;  il  est  roi  d'une 
nation  en  partie  protestante,  tout  entière  tolérante  ; 
demain  matin,  dimanche,  il  va  être  couronné  et  prêter 
le  serment  dont  j'ai  donné  plus  haut  la  formule  :  et  c'est 
le  moment  qu'il  choisit  pour  une  semblable  confession, 
faite  sans  doute  pour  être  connue,  qui  en  tous  cas  peut 
être  connue,  et  qui  semble  calculée  pour  soulever  contre 
lui  l'indignation  de  son  nouveau  peuple  !  Cela  est  impos- 
sible. Le  Discours  d'Henri  troisiësme  à  un  personnage 
d'honneur  (et  ce  titre  même,  qui  fait  partie  de  l'ouvrage, 
est  une  preuve  que  celui-ci  ne  fut  écrit  qu'après  la  mort 
de  Charles  IX,  puisqu'auparavant  Henri  d'Anjou  n'était 
pas  Henri  III)  a  été  faussement  mis  dans  la  bouche  du  roi 
de  Pologne,  probablement  par  quelqu'un  qui  avait  intérêt 
aie  charger  pour  se  décharger  soi-même.  Les  considéra- 
tions que  nous  avons  faitvaloir  s'ajoutent  à  celles  présentées 
par  M.  Bordier  pour  ruiner  l'authenticité  du  document. 
Déjà,  pour  M.  Alfred  Maury,  il  avait  «  perdu  presque 
toute  valeur  (1).  »  Nous  croyons  qu'il  ne  lui  en  restera 
aucune  lorsque  Ton  connaîtra  la  version  véritable  du  duc 
d'Anjou  sur  la  Saint-Barthélemy. 

Son  langage  en  effet,  lorsqu'il  parla  lui-même,  ou  fit 
parler  pour  lui,  fut  bien  différent  de  celui  qui  lui  est  si 
malencontreusement  prêté  dans  le  Discours.  Pour  conter 
la  Saint-Barthélemy,  il  eut  soin  de  remonter  à  l'origine  des 
guerres  civiles,  de  présenter  de  celles-ci  un  sommaire,  ou 
les  torts,  habilement  répartis  entre  les  Guises  et  les  Hugue- 
nots, ne  semblaient  jamais  être  du  côté  de  la  royauté,  où  sa 
propre  personnalité  était  exaltée,  où  l'événement  du 
24  août  n'était  plus  que  l'aboutissant  malheureux  de  longs 
troubles,  un  désordre  des  rues  (tumultus),  dû  d'abord  au 


(1)  Journal  des  Savants,  loc.  cit.,  p.  161. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


495 


hasard  d'une  rencontre  entre  deux  partis  fort  animés, 
ensuite  à  un  mouvement  populaire  auquel  en  tous  cas  il 
était  resté,  lui,  Henri,  absolument  étranger.  Tel  est  le 
résumé  de  la  Vera  et  brevis  Descriptio.  Qu'on  le  compare 
à  celui  quenous  avons  donné  du  Discours;  on  reconnaîtra 
sans  peine  quelle  a  dû  nécessairemeut  être  la  version  du 
roi  de  Pologne . 

De  ce  qu'Henri  d'Anjou  fut  l'auteur,  ou  l'inspirateur, 
de  notre  opuscule,  il  ne  faudrait  d'ailleurs  pas  conclure 
que  cette  descriptio,  qui  est  brevis,  comme  l'annonce  son 
titre,  mérite  également  son  épithète  de  vera.  En  ce  qui 
concerne  spécialement  la  Saint-Barthélemy,  les  récits  pré- 
sentés par  ceux  qui  y  ont  été  personnellement  mêlés  sont 
forcément  suspects. 

La  royauté,  par  exemple,  au  début,  dans  le  premier 
enivrement  des  violences  réussies,  leva  la  tête  ;  elle  reven- 
diqua la  responsablité  du  sang  versé.  La  Cour  de  France 
recevait  des  puissances  catholiques  des  félicitations 
enthousiastes  et  les  acceptait.  Charles  I X  déclarait  fière- 
ment au  Parlement  de  Paris  que  tout  ce  qui  avait  été 
accompli  l'avait  été  par  son  ordre.  Mais,  très  vite,  l'on 
s'aperçut  que  cette  arrogante  franchise  nuisait  à  la  bonne 
renommée  de  la  France  et  compromettait  sa  politique 
extérieure.  L'attitude  se  modifia  de  tout  point  et  le  subtil 
Pibrac  se  chargea  de  faire  cadrer  les  faits  avec  les  nou- 
velles tendances  de  la  Cour,  Si  donc  on  lit  sa  célèbre 
épitre  :  Ornatissimi  cujusdam  viri  de  Rébus  Gallicis  ad 
Stanislaum  Elvidium  Epistola,  ou  encore  la  Lettre  de 
Pierre  Charpentier,  jurisconsulte,  dont  Charles  IX  lui- 
même  prenait  la  peine  d'envoyer  des  exemplaires  à  son 
ambassadeur  à  Londres  (1),  ce  que  l'on  devra  y  chercher, 
ce  n'est  pas  la  vérité  historique,  c'est  ce  que,  en  décem- 

(1)  Lettre  du  roi  à,  M.  de  la  Mothc  Fénelon,  le  3  décembre  1572  :  r  Monsieur 
de  la  Mothc,  je  vous  envoyé  une  douzaine  de  livres  d'une  espitre  faiele  par 
Carpenticr  que  je  désire  qui  soit  secrètement  publiée  et  faicte  courir  de  main 
en  main,  sans  que  l'on  saielie  que  cola  vienne  de  vous  ny  de  moy  ;  mais  que 
l'on  dye  et  croye  qu'elle  a  esté  imprimée  en  Allemagne,  .le  vous  y  en  envoya»- 
rai  d'ici  à  quelque  temps,  qui  seront  eu  françois,  dont  il  faudra  que  t  ien  s 
de  mesme.  Charles.  »  (Correspondance  diplomatique  de  Berhnind  de  Salignac 
de  la  Mothe  Fénelon ,  t.  VII,  p.  102). 


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ÉTUDES  HISTORIQUES 


bre  1572,  la  Cour  de  France  désirait  que  l'on  pensai  et 
que  l'on  dît  delà  Saint-Barthélemy. 

Tavannes  a  été  un  des  acteurs  de  premier  rang,  le 
23  août  dans  la  délibération,  le  24  dans  l'exécution.  Mais 
dans  ses  Mémoires,  (1),  combien  son  rôle  est  efïacé!  C'est 
de  Sauve  et  de  Retz  qui  avertissent  la  reine-mère  des 
fâcheuses  dispositions  du  roi;  quand,  après  l'entrevue  de 
Montpipeau,  Catherine  se  retire  à  Monceaux,  et  que 
Charles  IX  vient  l'y  rejoindre,  Tavannes  est  présent,  mais 
il  ne  dit  mot;  c'est  encore  de  Sauve  qui  prend  la  parole; 
Catherine  est  nettement  accusée  de  s'être  moins  occupée 
de  l'Estat  de  France  que  de  sa  propre  domination  et  des 
intérêts  du  duc  d'Anjou  (2)  ;  Tavannes  a  blâmé  Maurevert 
de  l'assassinat  de  Mouy  ;  il  ne  l'a  agréé  pour  assassiner 
l'Amiral  que  par  «  commandement  de  la  Royne  »  ;  après 
la  blessure  de  Coligny,  c'est  la  Reine  et  de  Retz  qui 
mettent  sa  Majesté  en  colère  contre  les  huguenots,  luy 
font  croire  avoir  «  sceu  une  entreprise  des  huguenots 
contre  luy  »..  Tavannes  a  accompagné  Charles  IX  dans 
sa  visite  à  Coligny  le  23  août  (3)  ;  cependant  il  ignore  cette 
visite;  il  dit  que  «  le  roy  envoie  visiter  l'amiral  blécé  ». 
Quand  le  massacre  commence,  Tavannes  n'apparaît  que 
pour  sauver  La  Neuville,  Rethunes,  Rugnac,  le  maré- 
chal de  Riron,  «  soupçonné  sans  subject  de  favoriser  les 
huguenots  ».  Le  pillage  est  horrible  :  «  le  seul  sieur  de 
Tavannes  a  les  mains  nettes  ».  Il  se  présente  cependant 
une  occasion  oû  Tavannes  se  départ  de  cette  extrême 
modestie.  Dansle  Conseil  du  Roy,  l'on  aproposé  de  mettre 
à  mort  Navarre  et  Condé.  Lui  seul  s'y  est  opposé.  A  lui 
seul,  ila  amené  le  Conseil  et  le  roi  à  des  résolutions  plus 
sages.  11  a  fait  observer  «  que  le  roi  de  Navarre  et  le 
prince  de  Condé  estoient  du  sang  de  France  qu'il  falloit 

(1)  Ecrits  par  son  fils. 

(2)  Voici  le  passage  :  «  La  royne  juge  qu'il  n"y  alloit  seulement  de  l'Estat 
de  France,  mais  de  ce  qui  luy  estoit  plus  proche,  du  gouvernement  d'icelle, 
de  la  renvoyer  à  Florence,  et  du  danger  de  M.  d'Anjou;  elle  résout  avec  deux 
conseillers  »  (Tavannes  n'était-il  pas  l'un  des  deux?  Il  ne  l'avoue  pas!)  «  et 
M.  d'Anjou  la  mort  de  l'amiral  ». 

(3)  De  Thou,  VI,  387. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


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espargner  et  respecter;  qu'ils  estoient  jeunes  et  qu'on  leur 
pouvoit  donner  des  serviteurs  qui  leur  feroient  changer 
de  religion  et  d'opinion.  De  ce  seul  advis  et  de  cette 
seule  voix  du  sieur  de  Tavannes,  ce  grand  roy  Henri 
quatriesme,  régnant  aujourd'hui,  et  le  feu  prince  de  Condé 
tiennent  la  vie  ».  Voilà  donc  ce  que  Tavannes  désirait 
que  son  fils  racontât.  Mais  qui  pensera  connaître,  sur 
ce  seul  récit,  la  part  que  prit  Tavannes  soit  dans  la  pré- 
paration, soit  dans  l'exécution,  du  massacre?  Chacun  en 
croira  plus  volontiers  l'ambassadeur  vénitien,  Jean  Mi- 
chiel,  lequel  dit  dans  sa  relation  au  Sénat  :  «  On  chargea 
le  maréchal  de  Tavannes  et  Nevers,  regardés  comme  très 
sûrs  et  ennemis  acharnés  des  huguenots  (J),  de  tuer 
M.  de  Larochefoucauld  et  les  autres  chefs  (2)  ». 

C'est  de  même  que  le  soi-disant  Discours  d'Henri  troi- 
siesyne  a  été  écrit  principalement  en  vue  de  produire  cette 
affirmation  audacieuse  que  Gondi,  dans  le  Conseil  du  roi, 
s'était  opposé  au  sanguinaire  projet.  Les  preuves  du  con- 
traire sont  surabondantes.  Nous  venons  de  citer  Ta- 
vannes, et  Brantôme  voit  en  Gondi  «  le  premier  et  prin- 
cipal autheur  et  conseiller  du  fait  (3)  ».  L'intérêt  du  men- 
songe est  ici  de  montrer  comment,  peu  de  temps  après  la 
Saint-Barthélemy,  les  plus  compromis  s'efforçaient  à  l'envi 
de  se  dégager. 

Le  duc  de  Montpensier  fut  un  de  ceux  qui  mirent  le 
plus  d'entrain  dans  les  tueries.  «  Qu'il  n'en  échappe  pas 
un  »,  criait-il  par  les  rues.  Mais  qu'on  lise  sa  vie  par 
Nicolas  Coustureau,  «  Conseiller  d'estat  des  Roys  Charles  IX 
et  Henri  III  »  (4).  La  Saint-Barthélemy  est  a  peu  près 
passée  sous  silence,  et  de  la  part  que  le  duc  y  prit,  pas  un  mot. 
On  peut  faire  une  remarque  analogue  sur  les  Mémoires  du 
duc  de  Nevers. 

C'est  de  môme  qu'Henri  d'Anjou  a  dicté  ces  pages, 

(1)  Tenuti  confèclentissiini  e  inimicissitni  degli  Ugonotti. 

(2)  Avec  une  grâce  aimable,  l'ambassadeur  ajoute,  s 'adressant  au  Doge 

«  Si  je  donne  ces  détails,  c'est  qu'il  me  semble  que  voire  sérénité  doit  les 
entendre  avec  plaisir  ». 

(3)  Brantôme,  IV,  301. 

(4)  Rouen,  1645,  I  vol.  in-4°. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


où  son  rôle  est  celui  d'un  défenseur  des  droits  de  la 
royauté,  se  retirant  noblement  de  la  lutte  dès  qu'elle 
n'est  plus  à  armes  égales.  Chercher  dans  un  tel  récit 
la  vérité  historique  serait  une  naïveté  ;  la  Vera  et 
brcvis  descripiio  n'a  que  la  valeur  d'un  plaidoyer  royal. 

Le  père  Gritïet,  dans  ses  observations  sur  F  Histoire 
de  France  de  Daniel,  dit  avec  force  et  justesse,  en  par- 
lant de  tous  ces  narrateurs  du  massacre  :  «  Comme  ils 
n'en  étaient  mieux  instruits  que  les  autres  que  parce  qu'ils 
en  étaient  coupables,  il  semble  que,  plus  ils  avaient  de 
connaissance  de  tout  ce  qui  s'était  passé,  moins  on  doit 
ajouter  foi  à  leurs  témoignages (1)  ». 

Henri  Martin,  après  avoir  dit  l'importance  qu'il  attache 
'bien  à  tort;  au  Discours  d'Henri  III  à  un  personnage 
cl  honneur,  ajoute  :  «Nous  regrettons  de  n'avoir  pu  comparer 
le  Discours  de  Henri  HT  avec  une  pièce  latine  publiée  à 
Cracovie,  vers  la  lin  de  1573,  par  ordre,  dit-on,  de  Henri 
lui-même  (Vera  et  brevis  Descriptio  lu /nuit us  postremi 
Gallici  Lutetianï),  document  rare,  dont  nous  ne  connais- 
sons que  le  titre  (2)  ».  C'est  la  pièce  qui  fait  l'objet  du  pré- 
sent travail  et  l'on  va  donc  pouvoir  faire  la  comparaison 
souhaitée  par  Henri  Martin.  Lorsque  celui-ci  publia  son 
Histoire,  la  pièce  existait  à  la  Bibliothèque  nationale. 
Mais,  perdue  qu'elle  était  dans  un  recueil,  elle  n'avait  pas 
été  individuellement  cataloguée.  Elle  l'est  aujourd'hui  : 
8°Lb  33  3/3.  Mais  elle  n'a  pas  été  sérieusement  utili- 
sée. M.  le  Mis  de  Xoailles,  qui  la  cite  dans  son  livre  : 
Henri  de  Valois  et  la  Pologne  de  1572,  ne  lui  consacre  que 
quelques  lignes,  et  n'en  a  évidemment  pas  saisi  l'importance. 

J'ai  fait  de  cette  version  de  la  Saint-Barthélémy,  que 
j'attribue  à  l'inspiration  directe  du  duc  d'Anjou,  la  traduc- 
tion qu'on  va  lire  et  que  je  ferai  suivre  de  notes  en  guise 
de  commentaires  ou  de  rectifications. 


(1)  Cité  par  Leber.  Collection  de  pièces  relal  ces  à  l'histoire  île  France 
t.  XVIII,  p.  32. 

(2  Henri  .Martin,  Histoire  de  France,  t.  IX.  p.  309.  note. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


499 


RÉCIT  YÉRIBIQUE.  SOMMAIRE  ET  IMPARTIAL,  DEPITS  L  ORIGINE,  DU  DÉSORDRE 
OUI  S'EST  PRODUIT  RÉCEMMENT  A  PARIS  ET  OU  PÉRIRENT  L  AMIRAL 
ET  NOMBRE  D'AUTRES  PERSONNE-. 

Personne  n'ignore  quelles  furent  l'occasion  et  la  cause  de  la 
première  guerre  civile.  11  s'agissait  de  la  tutelle  des  fils  de 
France,  que  revendiquaient  de  puissantes  familles.  Nous  ne 
nous  étendrons  pas  sur  ce  sujet  I  1).  Voici  ce  qui  détermina  la 
seconde  guerre.  La  charge  de  connétable  est  dans  le  royaume  de 
France  la  première  dignité  :  elle  met  aux  mains  de  son  titulaire 
toute  la  puissance  militaire.  Le  prince  de  Condé  Dux  Condœus) 
y  aspirait.  La  fortune  semblait  favoriser  ses  efforts.  Mais  le  car- 
dinal de  Lorraine  était  désireuxde  réfrénerles  desseins  du  prince, 
et  résolut  de  l'éloigner  de  son  but  par  des  voies  détournées.  Il  prit 
les  dehors  de  la  sympathie,  de  l'amitié;  il  offrit  son  concours;  en 
même  temps  il  conduisait  l'affaire  de  manière  à  persuader  au  duc 
d'Anjou  que  la  prétention  du  prince  de  Condé  était  une  menace 
pour  son  autorité  à  lui.  d'Anjou;  qu'étant  en  France  le  premier 
après  le  roi.  c'était  à  lui,  non  à  Condé,  qu'il  appartenait  de  com- 
mander l'armée,  et  qu'il  ne  devait  pas  supporter  que  Condé  en 
usurpât  l'honneur.  Par  cet  artifice,  il  irrita  d'Anjou  contre  Condé, 
et  les  projets  de  celui-ci  vinrent  se  briser  contre  l'opposition  de 
celui-là.  Condé,  qui  tenait  le  succès  pour  acquis,  et  se  voyait, 
pour  ainsi  dire,  enlever  le  morceau  de  la  gorge,  fut  enflammé  de 
colère  :  ruminant  les  moyens  de  tirer  vengeance  de  cette  humi- 
liation et  de  cette  duperie,  il  se  retira  de  la  Cour  (II). 

Peu  de  temps  après,  en  1567,  le  jour  de  la  Saint-Michel, 
comme  le  roi  était  à  Meaux.  une  embûche  fut  dressée  par  Conde. 
où  Charles  IX  fut  sur  le  point  d'être  pris,  et  l'eût  été  sans  l'héroïque 
bravoure  des  Suisses.  L'idée  de  Condé  était  de  faire  prisonniers 
le  roi  et  ses  frères,  puis  de  tuer  tous  les  Guises  :  il  toucherait 
alors  au  pouvoir  suprême.  Pour  bien  comprendre  que  ce  ne  fut 
pas  là  un  plan  improvisé  au  hasard,  mais  une  véritable  conspira- 
tion, méditée,  machinée,  ayant  de  nombreux  complices,  il  faut 
savoirque  ce  jour-là  même  les  huguenots  envahirent  plusieurs  cités 
dont  ils  se  rendirent  les  maitivs.  Condé.  voyant  ses  ambitions 
désormais  connues,  ivre  d'orgueil  à  la  nouvelle  des  villes  occu- 
pées par  ses  partisans,  élève  son  àme  vers  des  entreprises  plus 
hautes.  Sans  retard,  il  s'établit  à  Saint-Denis  avec  l'amiral  Gas- 
pard Coligny,  lève  des  troupes  et  s'attaque  à  Paris.  Pendant  un 
mois  et  demi,  Paris  est  assiégé.  Pour  donner  à  la  guerre  qu'il 
commence  l'apparence  d'une  juste  cause,  pour  attirer  à  lui.  en  le 

(il  Les  chiffres  entre  parenthèses  et  en  caractères  romains  renvoient  rai 
notes. 


500 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


détournant  de  l'obéissance  due  au  roi,  le  bas  peuple  qui  se  laisse 
toujours  prendre  à  l'appât  d'une  liberté  immodérée,  Condé 
publie  que  ce  n'est  nullement  la  religion  qui  lui  a  mis  les  armes 
à  la  main;  son  objet  est  de  délivrer  les  citoyens  de  charges  into- 
lérables, d'impôts  énormes  et  injustes;  d'instituer  une  adminis- 
tration meilleure,  plus  secourable;  de  rendre  à  tous  la  liberté 
qu'opprime  la  tyrannie  de  quelques-uns.  Il  en  dit  bien  d'autres, 
multipliant  ces  incitations  qui  si  aisément  s'insinuent  dans  l'es- 
prit de  la  multitude  éprise  de  liberté.  Il  avertit  le  roi  que  si  la 
chose  publique  lui  est  chère,  il  faut  qu'il  le  prouve  par  ses  actes, 
qu'il  supprime  les  impôts  excessifs;  qu'il  lui  confie,  à  lui  Condé, 
la  haute  administration  du  royaume  :  qu'il  relègue  le  duc  d'Anjou 
en  Aquitaine;  qu'il  écarte  de  sa  cour  tous  les  Guises,  fauteurs  de 
troubles  et  factieux  :  voyez  le  reste  dans  l'Histoire  de  France 
récemment  éditée  à  Genève  (III). 

Le  Roi,  en  présence  de  ce  siège  si  témérairement,  si  auda- 
cieusement  entrepris,  en  présence  de  ces  propositions  outra  < 
géantes,  en  présence  de  ces  hommes  si  prêts  au  combat,  si  étran- 
gers à  tout  souci  de  la  paix  et  du  repos  public,  ulcéré  qu'aux  yeux 
de  l'univers  des  sujets  osassent  recourir  à  la  violence  et  prendre 
les  armes  contre  lui,  le  Roi  laissa  enfin  échapper  sa  colère.  Con- 
traint d'opposer  la  force  à  la  force,  il  se  dressa  contre  ses 
ennemis,  les  battit  le  jour  de  Ja  Saint-Martin,  et  les  chassa  des 
abords  de  Paris.  Peu  après  cette  défaite,  Condé  et  l'Amiral 
reçurent  par  la  Lorraine  des  renforts  d'Allemagne,  et  mirent  le 
siège  devant  Chartres.  Le  Roi,  dont  le  seul  désir  était  de  pacifier 
le  royaume,  ne  négligea  aucun  effort  pour  mettre  un  terme  à 
cette  lutte  et  rentrer  dans  une  ère  de  repos  et  cle  tranquillité.  Ses 
soins  furent  couronnés  de  succès;  on  s'entendit  sur  les  condi- 
tions d'un  accord;  la  paix  fut  faite;  les  griefs  furent  oubliés;  tout 
bruit  de  guerre  s'apaisa  :  on  était  au  mois  de  mars  1568  (IV). 

Le  prince  de  Condé  ne  se  tint  pas  tranquille  longtemps.  Agité 
de  nouveaux  soupçons,  irrité  par  les  artifices  du  cardinal  de  Lor- 
raine, que  le  Roi  lui-même  supportait  malaisément,  il  quitta  au 
mois  d'août,  en  compagnie  de  l'Amiral  et  d'autres  chevaliers,  le 
château  de  Noyers  (V),  traversa  la  Loire  et  arriva  à  la  Rochelle, 
qui  l'accueillit.  Cette  ville  dès  lors  refusait,  comme  aujourd'hui 
encore  elle  refuse,  de  laisser  mettre  en  garnison  chez  elle.  Condé 
s'empare  rapidement  de  quelques  autres  cités,  et  les  livre  au  pil- 
lage. D'Angers,  et  d'une  grande  partie  du  Poitou,  il  enlève  un 
butin  qu'il  envoie  vendre  en  Angleterre.  Sur  l'ordre  du  roi  (VI),  le 
duc  d'Anjou  accourt  avec  une  armée;  il  arrive  près  de  Bassac;  il 
engage  la  bataille;  il  la  gagne;  Condé  est  tué. 

La  mort  de  Condé  eût  dû  mettre  fin  à  la  guerre  civile;  mais 
son  compagnon  d'armes,  l'Amiral,  ne  l'entendait  pas  ainsi.  11  la 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


501 


renouvela  au  contraire  et  concentrant  vers  la  lutte  toutes  ses 
forces,  tous  ses  projets,  grâce  à  des  renforts  allemands,  cavaliers 
et  fantassins,  au  nombre  de  17  000  hommes,  sans  parler  des 
Français  qui  combattaient  avec  eux,  de  l'étincelle  qui  allait 
s'éteindre  il  sut  faire  un  vaste  incendie. 

Le  duc  d'Anjou,  voyant  que  l'Amiral  allait  recommencer  la 
guerre  avec  des  forces  accrues,  prit  ses  dispositions,  décidé  à 
mourir  ou  à  délivrer  sa  patrie  d'un  tel  fléau.  A  la  tête  d'une 
armée,  grande  par  le  nombre,  plus  grande  par  le  courage  de  ses 
soldats,  il  se  porta  vivement  vers  l'Amiral,  le  joignit  à  Moncon- 
tour,  lui  livra  une  importante  et  sanglante  bataille  qu'il  gagna. 
Quatorze  mille  ennemis  furent  tués  (VII);  un  grand  nombre  furent 
faits  prisonniers.  Dans  la  chaleur  du  combat,  le  cheval  du  duc  fut 
tué  sous  lui.  Le  duc  se  releva  intact,  enfourcha  un  autre  cheval, 
chargea  impétueusement,  et  remporta  ainsi  la  victoire.  Sans 
perdre  un  instant,  il  marcha  sur  Saint-Jean-d'Angely  qu'occu- 
paient les  gens  de  l'Amiral,  et  s'en  empara  (VIII). 

Après  un  succès  où  la  fortune  de  la  guerre  avait  été  si  favo- 
rable au  duc  d'Anjou,  on  passa  les  premiers  mois  de  l'année  1570 
à  étudier  les  moyens  de  rétablir  la  paix,  qui  fut  enfin  heureuse- 
ment signée  au  mois  d'août  (IX).  Les  prisonniers  furent  rendus  à 
la  liberté  ;  les  places  occupées  par  les  rebelles  furent  restituées; 
les  rebelles  eux-mêmes  rentrèrent  en  grâce  auprès  du  roi.  Tout 
était  réglé;  les  accords  étaient  de  part  et  d'autre  observés, 
lorsque  ce  déplorable  désordre,  ou  plutôt  ce  malheureux  acci- 
dent, vint  de  nouveau  troubler  la  douce  paix  enfin  reconquise. 
Mais  je  reviendrai  sur  cela  plus  tard.  Pour  l'heure  poursuivons 
notre  récit. 

En  1571,  eurent  lieu  les  premières  négociations  qui  aboutirent 
au  mariage  de  la  reine  de  Navarre.  L'Amiral  vint  trouver  le  roi 
à  Blois.  Non  seulement  le  Roi  le  reçut  avec  bonté,  avec  joie,  mais 
toute  la  cour,  et  les  princes,  l'accueillirent  de  la  manière  la  plus 
bienveillante.  Bien  plus,  le  Roi, afin  de  marquer  mieux  encore  en 
quelle  estime  était  l'Amiral  auprès  de  lui,  et  combien  sincèrement 
il  désirait  que  de  l'esprit  de  tous  disparût  la  mémoire  des  choses 
passées,  voulut  que  l'Amiral  eût  le  pas  sur  tous  les  Maréchaux,  il 
lui  octroya,  avec  bien  d'autres  dons  et  prérogatives,  cinquante 
mille  couronnes  (X).  Le  légatdu  Pape  et  l'Ambassadeur  d'Espagne 
étaient  alors  à  la  Cour  (XI).  Cependant  entre  le  duc  de  Nevers  et 
l'Amiral  s'éleva  une  nouvelle  querelle  qui  surexcita  leur  haine 
l'un  pour  l'autre.  Voici  quelle  en  fut  l'occasion  :  Gomme  un 
citoyen  d'une  ville  appartenant  au  duc  de  Nevers  présentait 
au  roi  une  supplique  pour  qu'il  autorisât  dans  cette  vill<>  la 
libre  et  publique  profession  de  la.  religion  réformée,  l'Amiral 
intervint,  et  recommanda  l'affaire  au  roi.  Le  duc  de  Nevers  fut 


502 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


irrité  que  l'Amiral  se  permît  de  prendre  ainsi  la  défense  d'un 
de  ses  vassaux,  à  lui  Nevers,  et  dans  la  chambre  même  du  roi  ; 
il  s'en  plaignit  vivement  à  l'Amiral.  Mais  l'Amiral  lui  ayant 
répondu  :  «  Vos  vassaux!  Ils  vous  tiennent  si  bien  pour  leur 
ami  qu'ils  vous  envoient  des  balles  dans  la  jambe  »  (ce  qui 
en  effet  avait  eu  lieu  pendant  les  troubles  (XII).  Nevers,  exaspéré 
qu'on  osât  lui  reprocher  si  vilainement  son  malheur,  répliqua  : 
«  Moi  du  moins,  je  n'ai  jamais  porté  les  armes  contre  mon  sei- 
gneur et  mon  roi  ».  L'Amiral  fut  si  piqué  de  ce  propos  qu'il  pro- 
voqua immédiatement  Nevers,  et  ils  allaient  quitter  pour  se  battre 
la  chambre  du  Roi,  mais  celui-ci  s'opposa  énergiquement  à  leur 
sortie,  et,  leur  parlant  avec  douceur,  finit  par  apaiser  l'un  et 
l'autre.  Si  le  Roi  eût  nourri  dès  lors  quelque  dessein  hostile  à 
l'Amiral,  s'il  eût  prémédité  ce  qui  arriva  plus  tard,  il  n'eût  sans 
doute  pas  aplani  ce  différend;  il  lui  était  facile  alors  d'être  vengé 
de  l'Amiral  sans  que  personne  pût  mettre  sa  vengeance  sur  le 
compte  de  son  ressentiment,  car  il  semblait  incroyable  qu'ayant 
si  gravement  offensé  Nevers,  lequel  jouissait  d'un  si  grand 
crédit,  d'une  puissance  si  grande,  l'Amiral  pût  se  tirer  sain  et 
sauf  d'une  rencontre  avec  lui  (XIII).  Le  fait  est  qu'alors,  et  plus  tard 
encore,  le  Roi  s'opposait  à  tous  ces  commencements  de  querelle. 
L'Amiral  retourna  dans  sa  province  l'esprit  tranquille,  et  revint 
auprès  du  roi  avant  les  noces  delà  Reine  de  Navarre,  en  juillet  1572. 

Ce  n'est  pas  le  lieu  de  décrire  ces  noces,  la  réunion  de  tant  de 
princes  et  des  plus  grands  seigneurs,  la  pompe  des  cérémonies, 
le  luxe  des  festins  et  des  jeux,  la  nouveauté  des  spectacles  :  ces 
splendeurs  sont  d'usage  dans  de  telles  fêtes  royales.  Je  ne  dirai 
qu'un  mot,  parce  qu'il  touche  à  l'objet  de  mon  récit.  Une  ancienne 
inimitié  couvait  entre  le  duc  de  Guise,  dont  le  père  avait  été  assas- 
siné par  un  sicaire  affidé  (XIV)  et  l'Amiral.  Cette  haine  s'était  attisée 
par  l'extrême  faveur  où  l'Amiral  était  auprès  du  Roi,  et  dont  le 
duc  de  Guise,  le  duc  de  Nevers,  tout  Paris  étaient  les  témoins. 
Lorsque  des  esprits  ardents  sont  ainsi  animés  l'un  contre  l'autre, 
la  dispute  est  dans  l'air,  et  à  la  moindre  occasion  elle  éclate.  Une 
altercation  se  produisit  en  effet  un  jour  entre  Goligny  et  Henri  de 
Guise  au  moment  où  le  Roi  se  mettait  à  table.  Mais  le  Roi  fit  un 
signe  à  l'Amiral,  le  priant  de  ne  se  laisser  émouvoir  par  aucune 
provocation;  si  quelqu'un  lui  faisait  injure,  qu'il  voulût  bienpatien- 
ter  et  dissimuler,  pour  que  ces  belles  fêtes  ne  fussent  pas  troublées. 
«  Tant  que  le  Roi,  dit  Goligny,  est  sain  et  sauf,  l'Amiral  ne  redoute 
les  menaces  ni  le  pouvoir  de  personne.  »  Ces  paroles  provoquèrent 
de  la  part  du  duc  de  Guise  un  geste  violent,  mais  l'Amiral  remar- 
qua qu'elles  n'avaient  pas  choqué  le  Roi,  et  il  quitta  le  Louvre. 

Peu  de  temps  après,  comme  l'Amiral  revenait  du  Palais  vers 
son  logement,  un  soldat  —  qu'on  croit  généralement  avoir  agi  à 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


503 


l'instigation  de  Gnise  (XV)  —  lui  tira  un  coup  d'arquebuse  et  le 
blessa  à  la  main  droite  et  au  pied  gauche  (XVI).  Dès  qu'il  l'apprit,  le 
Roi  fut  rempli  d'inquiétude.  Il  vitclairement  le  péril,  et  que,  dans 
un  si  grand  rassemblement  d'hommes,  avec  tant  de  factions,  et 
des  factions  si  puissantes,  ce  forfait  risquait  d'entraîner  des  tue- 
ries. Il  envoya  des  cavaliers  de  sa  garde  pour  rechercher  l'assas- 
sin, il  ordonna  d'emprisonner  les  personnes  que  l'on  trouverait 
dans  la  maison  d'où  le  coup  avait  été  tiré,  et  dès  qu'il  eut  dîné,  il 
alla  avec  ses  frères  et  avec  sa  mère  rendre  visite  à  l'Amiral  (XVII).  Il 
se  lamenta  sur  le  malheur  arrivé;  il  pria  l'Amiral  de  ne  pas  songer 
à  venger  cette  injure  avant  que  l'auteur  en  fût  connu  :  une  entre- 
prise hâtive  dans  ce  sens  pourrait  causer  de  grands  malheurs;  se 
produisant  au  sein  de  cette  multitude  effrénée,  composée  d'hommes 
dont  après  tant  de  guerres,  tant  de  sièges,  les  esprits  n'avaient 
pas  encore  eu  le  temps  de  s'apaiser,  elle  donnerait  lieu  à  des 
troubles  plus  graves,  et  qui  sait  si  le  peuple,  divisé  entre  tant  de 
factions,  ne  se  déchirerait  pas  lui-même  (XVIII)?  Et  sur  l'heure,  le 
Roi  nomma  des  juges  de  la  religion  réformée  (XIX)  ;  il  les  chargea  du 
soin  de  rechercher  les  auteurs  du  crime  et  de  les  punir.  L'Amiral 
se  montra  très  calme.  Mais  la  noblesse  de  sa  faction  n'agit  pas  de 
même.  Le  jour  suivant,  par  trois  fois  elle  assiégea  le  Roi  et  la 
Reine-mère;  elle  réclama  hautement,  par  prières,  par  menaces, 
se  vantant  de  pouvoir  appuyer  les  unes  et  les  autres  de  50000 
hommes,  que  le  duc  de  Guise  fût  arrêté.  Des  deux  côtés  la  diffi- 
culté était  extrême,  le  péril  grave.  Guise  était  puissant,  par  lui- 
même,  par  ses  richesses,  par  ses  amis  et  ses  clients,  petit-neveu 
du  roi  Louis  XII,  ayant  derrière  lui  une  très  grande  part  du 
royaume.  Il  était  bien  certain  qu'il  ne  s'abandonnerait  pas,  qu'il 
ne  se  laisserait  pas,  sans  citation,  sans  jugement,  sans  avoir  été 
entendu,  arrêter  et  emprisonner,  ce  qui  eût  été  sur  son  nom  et 
sur  sa  famille  un  opprobre  éternel.  Les  nobles,  ses  partisans,  se 
soulèveraient,  et  de  nouveau  l'Etat  serait  profondément  troublé  : 
cela  ne  faisait  aucun  doute.  On  supplia  les  amis  de  Coligny  de 
patienter  au  moins  un  jour;  il  ne  fallait  pas  prendre  de  détermi- 
nation aussi  grave  tumultueusement  ;  les  juges  désignés  décou- 
vriraient les  auteurs  du  crime  et  en  mettraient  en  lumière  toutes 
les  circonstances.  Mais  ni  raisonnements  ni  prières  n'eurent  d'em- 
pire sur.  eux,  et  ils  quittèrent  le  palais  plus  irrités  encore  qu'ils  n'y 
étaient  entrés.  Leur  attitude  était  bien  différente  de  celle  qu'avaient 
eue  les  Guises  lors  de  l'assassinat  du  duc  François.  Celui-ci  avait 
été  tué  de  la  manière  la  plus  infâme,  en  trahison;  La  veuve,  les 
enfants,  les  frères  de  la  victime,  accablés  de  douleur,  s'étaient 
jetés  au  pieds  du  Roi,  pour  obtenir  justice  ;  et  cependant,  par  con- 
sidération pour  la  paix  publique,  un  délai  de  quatre  ans  avait  été 
accordé  à  ceux  que  les  plaignants  accusaient.  Et  maintenant,  ceux 


504 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


là  mômes  qui  avaient  été  les  complices  du  meurtre  du  duc  de  Guise, 
à  propos,  non  de  la  mort,  mais  de  la  blessure  de  l'Amiral,  ne 
pouvaient  pas  supporter  un  délai  d'un  seul  jour  (XX)  ! 

Le  23  août,  deux  chevaliers  de  l'ordre  (de  Saint- Michel),  l'un 
gouverneur  pour  le  roi  de  Navarre,  l'autre  commandant  militaire 
(duo  équités  aurai i,  aller  pvorex  Régis  Nàvarriœ,  alterprœfeclus  rnili- 
tum  |,  vinrent  trouver  le  Roi  de  nuit.  Us  lui  déclarèrent  qu'une  cons- 
piration était  ourdie  entre  les  huguenots;  que  ceux-ci  devaient 
envahir  en  armes  le  Louvre,  tuer  les  Guises,  tous  les  membres  de 
leur  famille  et  leurs  partisans  ;  qu'eux-mêmes  avaient  naguère  pris 
les  armes  pour  obtenir  la  libre  profession  de  l'Évangile,  mais 
qu'en  cette  affaire,  où  le  salut  du  royaume  était  en  jeu,  où  il  s'agis- 
sait de  renverser  le  pouvoir  suprême  du  Roi,  ils  ne  pouvaient  se 
résoudre  à  poursuivre  un  aussi  pernicieux  dessein,  et  se  retiraient 
donc  de  la  conspiration  (XXI).  Le  Roi,  consterné,  ajouta  foi  à  leurs 
paroles,  car  il  se  rappela  alors  d'autres  tentatives,  consignées  dans 
des  libelles  que  l'on  avait  trouvés  chez  Gondé  ;  et  il  se  demandait 
par  quelle  assez  prompte  action  son  Conseil  pourrait  prévenir  l'effet 
d'un  complot  qui,  pensait-il,  ne  devait  pas  l'épargner  lui-même. 

Il  manda  son  frère  Henri,  duc  d'An  jou,  et  l'ayant  mis  au  courant 
de  la  découverte,  lui  exposa  le  plan  arrêté  par  le  Conseil.  Mais  le 
duc  d'Anjou,  peu  soucieux  de  compromettre  son  nom,  illustré 
par  tant  de  victoires  éclatantes,  craignant  d'obscurcir  sa  gloire 
militaire  en  allant  ferrailler  par  les  rues  contre  les  survivants  de 
ces  armées  qu'intactes  et  florissantes  il  avait  tant  de  fois  vaincues 
sur  les  champs  de  bataille,  méprisa  toute  cette  histoire  de 
conjuration;  refusa  d'y  attacher  la  moindre  importance,  quitta  le 
Roi  son  frère,  et  rien  ensuite  ne  put  le  décider  à  revenir  siéger 
au  Conseil  (XXII). 

Quant  au  Roi,  il  ne  jugea  pas  que  la  dénonciation  dût  être  ainsi 
rejetée  sans  examen,  et,  soit  pour  faire  des  recherches  à  cet 
égard,  soit,  dans  le  cas  où  le  fait  serait  confirmé,  pour  prévenir  et 
arrêter  les  conspirateurs,  il  renvoya  les  princes  et  les  soldats. 
Ceux-ci,  à  peine  sortis  du  Louvre,  se  heurtent  à  une  troupe  de 
quelques  gentilhommes  huguenots;  un  garde  du  Roi  leur  donne 
l'ordre  de  se  rendre  au  Louvre  sans  armes;  les  uns  prennent  la 
fuite;  d'autres  tirent  leurs  épées ;  un  combat  sanglant  s'engage; 
trente  personnes  sont  tuées  (XXIII);  c'est  du  moins  ce  que  raconte  de 
Bèze  dans  sa  lettre  aux  habitants  de  Nuremberg  (XXIV).  Ce  triste 
début  eut  des  suites  plus  tristes  encore,  car  bientôt  la  ville  fut  rem- 
plie de  clameurs;  tout  le  monde  courut  aux  armes  ;  nombre  de  meur- 
tres horribles,  comme  on  pouvait  les  attendre  d  une  multitude 
transportée  de  fureur,  furent  perpétrés;  l'Amiral  fut  tué  un  des 
premiers  par  le  duc  de  Guise  ;  environ  cinq  cents  hommes  péri- 
rent (XXV). 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


505 


Pendant  toute  la  journée  du  lendemain,  afin  de  faciliter  l'apai- 
sement et  la  fin  du  désordre,  on  ordonna  que  les  portes  de  la  ville 
fussent  fermées,  et  elles  le  furent  effectivement  ^XXVI).  Etpour  que 
les  autres  villes  ne  troublassent  pas  Tordre  public,  et  ne  se  lais- 
sassent pas  entraîner  à  de  semblables  excès,  pour  qu'elles  restas- 
sent fidèles  aux  traités  de  paix,  à  la  concorde  antérieure,  le  Roi 
envoya  immédiatement  des  instructions  à  tous  ses  gouverneurs. 
Il  expliqua  que  le  massacre  avait  eu  lieu  à  son  insu,  contre  son  gré 
[se  inscio  et  invito).  Il  est  vrai  qu'ensuite,  pour  des  raisons  graves 
[certis  de  causis),  il  fut  forcé  de  lui  donner  son  approbation.  Toutes 
les  villes  obéirent  aux  ordres  du  Roi  (XX  VII),  excepté  sept  (XXVIII). 
A  Lyon,  à  Orléans,  à  Bordeaux,  à  Toulouse,  à  Rouen,  à  Tours,  et 
Meaux,  la  population,  en  dépit  des  édits  du  Roi,  suivit  l'exemple 
de  celle  de  Paris;  elle  prit  les  armes,  et  dans  ces  villes  environ 
cinq  mille  hommes  furent  tués.  Par  l'ordre  du  Roi,  on  fit  de  cela 
de  sévères  enquêtes  ;  les  auteurs  des  désordres  furent  punis  {in 
authores  tumuitus  cuiimadversum)  (XXIX).  Les  premières  instruc- 
tions furent  confirmées  en  termes  beaucoup  plus  sévères.  Dans 
toutes  les  autres  villes  royales,  comme  dans  celles  appartenant 
au  duc  d'Anjou,  pas  un  homme  ne  fut  tué,  pas  un  enfant  (XXX). 

Telle  est  la  description  fidèle  de  «l'accident»  qui  s'est  produit 
en  France  (càsus gallici) .  Ce  n'est  pas  là  un  récit  imaginaire.  C'est 
une  relation  dontla  vérité,  dont  l'exactitude  pourront  être  établies 
par  des  lettres  royales,  par  les  dépositions  faites  devant  les  tri- 
bunaux et  par  les  arrêts  émanés  de  ceux-ci,  par  les  témoignages 
de  tous  les  hommes  probes  et  dignes  de  foi.  L'an  1573. 


NOTES 
I 

{Page  499) . 

On  admirera  avec  quelle  prestesse  le  massacre  de 
Vassy  est  escamoté.  Ce  devait  cependant  être  le  point  de 
départ  de  Fauteur  s'il  voulait  justifier  son  titre  :  Vera 
Descriptioab  origine,  à  moins  qu'il  n'eût  préfère  remonter 
aux  massacres  de  Cabrieres  et  de  Mérindol,  ou  plus  haul 
encore,  à  celui  des  Albigeois,  qui  avait  si  fort  hanté  el 
stimulé  sa  mère,  Catherine  de  Médicis.  Deux  ans  avant  la 
Saint-Barthélémy,  en  i$70,  l'ambassadeur  vénitien,  Gio- 


506 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


vanni  Correr,  dans  le  rapport  qu'il  présenta  au  Sénat  de 
Venise  sur  son  ambassade  à  Paris  en  1569,  raconta  une 
conversation  fort  extraordinaire  qu'il  avait  eue  avec  la 
reine-mère  :  «  La  reine  me  dit  avoir  lu  à  Carcassonne,  en 
revenant  de  l'entrevue  de  Bayonne,  une  chronique  manus- 
crite où  il  était  relaté  comment  la  mère  du  roi  Saint- 
Louis,  celui-ci  n'ayant  pas  plus  de  onze  ans,  rencontra 
l'opposition  des  grands...  Ceux-ci  s'unirent  avec  les  héré- 
tiques albigeois,  lesquels,  comme  les  huguenots,  ne  vou- 
laient pas  de  prêtres,  ni  de  moines,  ni  de  messes,  ni 
d'images,  ni  d'églises.  Il  fut  nécessaire  d'en  venir  aux 
mains.  La  victoire  resta  au  Roi.  Toulouse,  l'asile  des 
rebelles,  fut  démantelé.  Enfin,  à  la  persuasion  de  la  Reine, 
on  fit  la  paix,  et  plusieurs  de  leurs  demandes  furent 
accordées  aux  rebelles.  Mais  d'après  les  conseils  de  la 
même  Reine,  le  roi,  devenu  grand,  accabla  ses  ennemis 
de  sa  vengeance.  En  me  racontant  ces  choses,  elle  les 
appliquait  aux  affaires  actuelles.  On  était  entré  en  cam- 
pagne; Orléans  avait  été  démantelée  comme  Toulouse;  la 
paix  avait  été  faite  d'après  ses  conseils,  et  cette  paix  était 
avantageuse  aux  Huguenots...  «  Madame,  lui  dis-je,  les 
a  choses  présentes  étant  comme  un  miroir  des  choses 
«  anciennes,  vous  pouvez  être  sûre  que  la  fin  ne  sera  pas 
ce  dissemblable  ».  Elle  se  mit  à  rire  beaucoup,  comme  elle 
fait  quand  elle  entend  une  chose  qui  lui  est  agréable,  et 
me  répondit  :  «  Je  ne  voudrais  pas  que  personne  sût  que 
«  j'ai  lu  cette  chronique,  car  on  dirait  que  je  me  suis 
«  conduite  d'après  l'exemple  de  cette  dame  et  Reine  qui 
«  s'appelait  Blanche  et  était  fille  d'un  roi  de  Castille  » 
(Armand  Baschet,  la  Diplomatie  Vénitienne,  pp.  521-522). 

II 

{Page  499) . 

Voici  en  quels  termes  Henri  Martin  (IX,  212)  raconte 
cet  incident  :  «  Le  duc  Henri  d'Anjou,  jeune  homme  de 
quinze  à  seize  ans,  dont  Catherine  exaltait  avec  prédilec- 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


507 


tion  l'ambition  précoce,  eut  aussi  sur  ces  entrefaites  une 
scène  violente  avec  le  prince  de  Condé;  le  vieux  Mont- 
morenci  souhaitait  résigner  l'épée  de  connétable  à  son 
fils  aîné,  et  Condé,  fort  mal  à  propos  pour  les  intérêts  de 
la  Réforme,  se  jetait  pour  son  propre  compte  en  travers  de 
cet  arrangement.  Catherine  engagea  le  vieillard  à  garder 
son  titre  et  fît  promettre  par  Charles  IX  au  duc  d'Anjou 
la  lieutenance-générale  du  royaume,  qui  emportait  le 
commandement  suprême  des  forces  militaires.  De  cette 
occasion  naquit  la  haine  du  jeune  duc  d'Aujou  contre 
Condé,  haine  qui  eut  de  tragiques  résultats  ».  On  voit 
que  l'historien  n'a  aucune  connaissance  de  l'intervention 
cauteleuse  du  cardinal  de  Lorraine  en  cette  affaire,  et  du 
rôle  actif  auprès  du  duc  d'Anjou  qui  lui  est  ici  prêté.  Il  ne 
faut  d'ailleurs  pas  oublier  que  la  Vera  descriptio  est  défa- 
vorable aux  Guises  presqu'autant  qu'aux  huguenots.  Si 
Henri  d'Anjou  fut  un  des  bourreaux  de  la  Saint-Barthé- 
lemy,  ce  fut  aussi  celui  qui  fît  plus  tard  assassiner  à  Blois 
Henri  de  Guise. 

Quant  aux  vraies  causes  de  la  seconde  guerre  civile, 
elles  furent  plus  générales  et  plus  graves  que  des  rivalités 
d'ambition  personnelle.  «  Les  protestants  »,  écrit  de  Thou 
(V.  343  etsq.)  «  dont  la  patience  se  trouva  épuisée  par  les 
supplices,  les  bannissements,  les  ignominies  et  les  pertes 
de  biens  qu'on  leur  fît  souffrir  pendant  un  assez  long 
temps,  rassemblèrent  enfin  tous  leurs  sujets  de  plaintes. 
Leur  principal  grief  était  l'inobservation  des  édits  donnez 
en  leur  faveur,  dont  on  éludoit  les  dispositions,  soit  par 
de  nouvelles  déclarations,  soit  par  la  mauvaise  volonté 
des  juges  et  des  gouverneurs  de  provinces.  Un  autre  grief 
étoit  que  tout  le  mal  qu'on  leur  faisoit,  même  le  meurtre 
de  plusieurs  personnes  de  leur  parti,  demeurait  impuni  ». 
Et  l'historien  part  de  là  pour  raconter  les  réunions  à 
Chatillon-sur-Loing,  et  les  délibérations  qui  aboutirent  à 
la  prise  d'armes. 


508 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


III 

(Page  500). 

L'ouvrage  dont  il  est  ici  question  est  celui  de  Jean  de 
Serres  :  Commentariorum  de  Statu  Religionis  et  Reipu- 
blieœ  in  regno  Galiïœ  partes  V,  dont  les  trois  premières 
parties  avaient  paru  en  effet  à  Genève  en  1570  et  157J .  Il 
y  a  quelque  perfidie  dans  cet  appel  au  témoignage  d'un 
historien  protestant  à  la  fois  incomplètement  et  très 
inexactement  cité.  Ainsi  de  Serres  ne  dit  nulle  part  que 
Condé  exigea  l'administration  du  royaume.  Pour  lui- 
même  Gondé  ne  demandait  absolument  rien.  11  n'y  a  pas 
non  plus  dans  les  Mémoires  produits  par  les  protestants 
pour  être  soumis  au  roi  un  seul  mot  qui  fût  relatif  au  duc 
d'Anjou. 

Nous  possédons  le  texte  officiel  des  revendications  de 
Condé.  Il  est  reproduit  par  de  Thou  (V,  358  et  559)  et  c'est 
justement  à  Jean  de  Serres  que  de  Thou  l'a  emprunté.  Le 
Roi  ayant  fait  demander  à  Condé  l'exposé  écrit  de  ce  qu'il 
souhaitait,  la  réponse  de  Condé  renfermait  ces  demandes  : 
«  Que  le  Roi  congédiât  au  plus  tôt  toutes  les  troupes  étran- 
gères; —  qu'il  permît  au  prince  de  Condé,  et  aux  sei- 
gneurs qui  étaient  avec  lui  de  se  rendre,  après  avoir  mis 
les  armes  bas,  auprès  de  Sa  Majesté;  qu'il  eût  la  bonté 
d'écouter  leurs  plaintes  et  punît  les  calomniateurs  ;  — 
—  qu'il  confirmât  et  maintînt  les  édits  donnés  en  faveur 
des  protestants,  lesquels  édits  avaient  été  en  fait  presque 
entièrement  abolis;  —  qu'en  donnant  à  ses  sujets  la 
liberté  de  conscience,  il  rendît  la  paix  à  son  royaume;  — 
que  le  Roi  partageât  également,  et  sans  distinction  de 
religion,  les  dignités,  les  honneurs  et  les  magistratures, 
et  en  revêtît  tous  ceux  qui  s'en  trouveraient  dignes;  — 
qu'il  soulageât  les  peuples  en  diminuant  les  impôts  que 
les  Italiens,  et  ceux  qui  avaient  trop  de  crédit  à  la  Cour, 
avoient  fait  excessivement  augmenter  à  leur  profit;  —  que, 
pour  établir  la  tranquillité  par  les  moyens  les  plus  pro- 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


509 


près,  on  tînt  incessamment,  suivant  l'ancien  usage,  une 
assemblée  parfaitement  libre  des  États  du  royaume  ». 

Encore  ne  fut-ce  qu'un  premier  texte,  et,  le  roi  ayant 
montré  que  ces  prétentions  étaient  sur  plusieurs  points 
attentatoires  aux  droits  de  sa  souveraineté,  «  on  prit  la 
résolution  de  changer  le  mémoire  des  demandes,  et  on 
dressa  une  nouvelle  requête  dans  laquelle  on  supplioit 
très  humblement  Sa  Majesté  d'accorder  à  tous  ses  sujets 
une  pleine  et  entière  liberté  de  religion  et  de  conscience... 
Les  réclamants  s'excusoient  d  'avoir  parlé  dans  leur  premier 
écrit  du  soulagement  du  peuple  et  de  l'assemblée  des  États  ; 
ils  dirent  qu'ils  l'avoient  fait  avec  une  bonne  intention,  non 
pour  porter  aucune  atteinte  à  l'autorité  royale,  mais  pour 
donner  au  roi  des  preuves  de  leur  fidélité,  en  le  suppliant 
de  regarder  quelquefois  un  peuple  malheureux  et  désolé...  » 

Même  après  ce  second  mémoire  l'entente  fut  impos- 
sible, le  connétable  de  Montmorency  ayant  répondu  au 
nom  du  roi  que  jamais  il  ne  tolérerait  deux  religions  dans 
le  royaume.  On  voit  à  quel  point  les  choses  sont  fausse- 
ment présentées  dans  la  Vera  descriptio. 

11  importe  d'ailleurs  de  se  replacer  dans  l'esprit  du 
temps,  et  de  ne  pas  perdre  de  vue  que  la  prétention  de 
Condé  et  de  Coligny  était  que,  loin  d'opprimer  le  roi,  ils 
tendaient  à  le  délivrer  de  l'oppression  des  Guises  et 
de  l'Espagnol.  Dans  l'édit  de  pacification  d'Orléans, 
(13  mars  1563)  le  roi  avait  reconnu  que  cette  prétention 
était  fondée  :  «  Sont  mis  à  néant  tous  jugemens  donne/ 
pour  choses  faictes  sous  l'aveu  et  mandement  du  prince 
de  Condé,  que  nous  tenons  et  réputons  pour  nostre  très 
cher  cousin,  obéissant  sujet  et  fidèle  serviteur,  et  tous 
qui  sous  lui  ont  prins  les  armes;  avouant  tout  ce  qu'ils 
ont  fait  et  ce  qui  s'en  est  ensuyvi  comme  fait  pour  nostre 
service.^.  »  On  chercherait  vainement  ce  texte  dans  le 
Recueil  des  édicts  de  pacification...  depuis  Tannée  1561  de  P. 
d.  B.  (Pierre  de  Belloy).  On  le  trouve  dans  l'ouvrage  de 
la Popelinière  :  La  vraie  et  entière  histoire  des  troubles... 
(La  Rochelle,  1573,  f°3b).  C'est  l'édit  rendu  en  exécution 
delà  paix  d'Amboise,  dont  Coligny  en  Conseil  dit  à  Condé  : 


510 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


«  Monseigneur,  d'un  trait  de  plume  vous  avez  ruiné  plus 
d'églises  qu'on  n'en  eût  détruit  en  dix  ans».  Mais  ici  nous 
ne  voulons  que  montrer  que  Condé,  se  déclarant  le 
défenseur  de  la  royauté,  avait  vu  sa  déclaration  officielle- 
ment confirmée. 

IV 

{Page  500). 

Ce  passage  semble  directement  inspiré  du  préambule 
de  Fédit  de  pacification  du  23  mars  1568  (paix  de  Long- 
jumeau)  :  «  Charles...,  prévoyant  la  désolation  qui  pour- 
roit  cy  après  advenir  si  les  troubles  n'estoyent  prompte- 
ment  pacifiez,  pour  à  iceux  mettre  fin,  remédier  aux 
afflictions  qui  en  procèdent,  remettre  et  faire  vivre  nos 
sujets  en  paix,  union,  repos  et  concorde  comme  toujours 
a  esté  nostre  intention,...  après  avoir  sur  ce  prinsl'advis 
et  conseil  de  la  Royne,  nostre  très  chère  et  très  honorée 
Dame  et  mère,  de  nos  très  chers  et  très  aimez  frères  le 
duc  d'Anjou,  notre  Lieutenant  général,  et  duc  d'Alençon. 
Princes  de  nostre  sang...  »  Le  duc  d'Anjou  peut  bien 
avoir  eu  la  main  dans  les  deux  textes. 

V 

{Page  500). 

Il  eut  raison  de  le  quitter,  le  château  de  Noyers!  La 
paix  de  Lonjumeau  à  peine  signée  (23  mars  1568),  Cathe- 
rine de  Médicis  entreprit  de  s'emparer  par  trahison  de 
Condé  et  de  Coligny.  Voici  ce  qu'en  dit  Davila,  grand 
admirateur  de  la  politique  de  Catherine  (I,  290)  :  «  On 
sentoit  que,  tant  que  le  Prince  et  l'Amiral  (ceux  avec 
lesquels  on  venait  de  signer  la  paix)  pourroient  agir,  la 
paix  ne  seroit  jamais  solide...  On  conclut,  sans  balancer, 
à  se  saisir  d'eux...  Ils  se  trouvoient  alors  à  Noyers,  petite 
ville  sur  les  frontières  de  Bourgogne,  trop  foible  pour 
résister  longtemps.  Comme  le  succès  demandoit  plus  de 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


511 


secret  que  de  forces,  on  chargea  le  comte  de  Tavannes 
d'investir  si  promptement  cette  ville  que  le  Prince  et 
l'Amiral  ne  pussent  échapper...  L'on  espéroit  réussir 
aisément  ainsi  dans  le  dessein  d'exterminer  le  parti, 
parce  qu'on  accableroit  les  chefs  avant  qu'ils  fussent 
secourus,  et  que  les  autres,  comme  Dandelot,  n'étoient 
pas  assez  accrédités  pour  recommencer  la  guerre...  » 
Condé  fut  averti  juste  à  temps  pour  prendre  la  fuite.  Il 
traversa  la  Loire  à  gué,  tenant  son  fils  entre  ses  bras. 
Dans  la  nuit  le  fleuve  grossit  et  quand  les  troupes  de 
Tavannes  arrivèrent,  elles  ne  purent  passer  (25  août  1568) . 

VI 

{Page  500). 

«  Sur  l'ordre  du  roi  (pro  injuncto  sibi  a  Rege  munere)  ». 
On  remarquera  le  soin  avec  lequel  est  écartée  du  duc 
d'Anjou  toute  responsabilité  dans  l'initiative  de  la  cam- 
pagne ou  périt  le  duc  de  Condé.  On  sait  que  Condé  fut 
tué  à  Jarnac  par  derrière,  après  s'être  rendu,  de  la  main 
de  Montesquiou,  un  des  gardes  du  duc  d'Anjou,  et,  affirme 
l'auteur,  en  général  bien  informé,  du  Tocsin  des  massa- 
creurs (fos  64  a  et  105  a)  «  par  le  commandement  »  de 
celui-ci.  (J'aurai  plus  d'une  lois  recours  à  cet  ouvrage, 
plein  de  renseignements  précis  et  précieux,  et  auquel  je  ne 
trouve  à  reprocher  que  son  titre.  Celui  qui  découvrirait  le 
nom  de  l'auteur  du  Tocsin  rendrait  à  l'histoire  un  sérieux 
service) , 

VII 

(Page  501). 

Quatorze  mille,  c'est  beaucoup.  L'évaluation  de  l'his- 
torien de  Thou  (V.  630)  est  moindre  :  «  De  quatre  mille 
fantassins  allemands,  il  n'en  resta  que  deux  cents.  En 
outre,  il  périt  à  Montcontour  deux  mille  fantassins  fran- 
çais, et  bien   trois  cents  cavaliers.  Ceux  qui  veulent 


512 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


compter  les  valets,  les  goujats  et  tous  ceux  de  cette  espèce 
qui  périrent  ce  jour-là  fout  le  nombre  des  morts  bien 
plus  grand  »>.  Même  en  comptant  ceux  qui  pour  de  Thon 
ne  comptent  pas,  nous  sommes  loin  de  quatorze  mille 
morts  d'un  seul  côté.  D'Anjou  se  vante  sans  doute  un 
peu. 

vin 

[Page  501). 

Ce  fut  la  paix  de  Saint-Germain,  celle  que  Charles  IX, 
dont  on  sait  la  profonde  rancune  contre  les  huguenots 
depuis  l'aventure  de  Meaux  (1568),  appelait  a  ma  paix  », 
et  sur  laquelle  l'historien  italien  Davila,  très  catholique, 
très  dévoué  au  duc  d'Anjou,  s'exprime  en  ces  termes  : 
«  Le  roi  tint  conseil  avec  la  reine-mère,  le  duc  d'Anjou  et 
le  cardinal  de  Lorraine.  On  résolut  de  revenir  au  projet 
tant  de  fois  formé,  tant  de  fois  abandonné,  celui  d'ac- 
corder la  paix  aux  huguenots,  de  délivrer  ainsi  le  royaume 
des  troupes  étrangères   »  (non  pas  bien  entendu  des 
Suisses  qui  défendaient  le  roi,  mais  des  reîtres  qui  com- 
battaient avec  les  princes)  «  et  ensuite  d'employer  l'ar- 
tifice et  de  profiter  des  conjectures  favorables  pour  se 
défaire  des  chefs  du  parti...  Ainsi  la  cour  se  décida  à 
substituer  la  ruse  à  la  force  ouverte  pour  exécuter  un  des- 
sein qui  avait  toujours  échoué  lorsque  l'on  n'avait  eu 
recours  qu'aux  armes  ».  La  paix  signée,  Davila  écrit  :  «  Le 
Roi  et  la  Reine  ne  tardèrent  pas  à  faire  jouer  les  ressorts 
qu'ils  avaient  imaginés  pour  attirer  les  chefs  des  hugue- 
nots, et  exécuter  enfin  par  artifices  ce  qui  s'était  montré 
de  plus  en  plus  difficile  par  la  voie  des  armes.  Ces  arti- 
fices étaient  les  mômes  que  ceux  qui  avaient  été  mis  en 
usage  tant  de  fois,  mais  qui  avaient  toujours  échoué  à  cause 
des  défaillances  de  volonté  de  la  reine,  dont  d'ailleurs  les 
adversaires  s'étaient  toujours  défiés,  et  surtout  à  cause 
des  révélations  faites  par  des  ministres  infidèles.  Mais  cette 
fois  on  espérait  le  succès  parce  que  l'on  ne  confiait  le 
secret  de  ces  desseins  qu'à  des  ministres  personnellement 


ÉTUDES  HÏSTOR  ÎQUES 


513 


intéressés  à  leur  réussite,  et  parce  que  le  Roi  tenait  lui- 
même  la  main  à  leur  exécution.  Ce  ï\oi,  âgé  alors  de  vingt 
ans  »  (Davila  dit  par  erreur  :  ving-deux  ans)  «  paraissait 
d'un  caractère  ferme,  implacable  dans  son  ressentiment, 
mais  surtout  consommé  dans  l'art  de  dissimuler,  et  vou- 
lant gouverner  par  lui-même.  »  Voilà  qui  explique  admi- 
rablement le  mot  de  Charles  IX,  disant  de  la  paix  de 
Saint-Germain,  en  apparence  si  favorable  aux  huguenots  : 
c'est  ma  paix.  Le  Roi  a  pris,  sinon  les  affaires,  au  moins 
cette  affaire-là  en  main.  Et  il  la  conduit  sûrement  :  Fuite 
de  Meaux  (1568); —  Paix  de  Saint-Germain  (1570);  — 
Saint-Barthélemy  (1572)  :  ce  sont  les  trois  étapes.  Saint- 
Germain,  c'est  sa  paix  :  la  Saint-Barthélemy,  c'est  sa 
guerre.  Le  26  août,  il  dit  :  «  Ce  n'est  que  maintenant 
que  je  suis  Roi  ». 

IX 

(Page  501)  . 

Dans  le  récit  des  combats  de  Jarnac  et  Montcontour, 
le  vrai  vainqueur,  qui  fut  incontestablement  Tavannes, 
n'est  pas  même  nommé.  C'est  un  fort  indice  que  le  récit 
fut  rédigé  sous  l'inspiration  directe  de  celui  qui  préten- 
dait s'attribuer  toute  la  gloire  de  ces  journées.  D'Anjou 
était  en  cela  bien  différent  du  duc  de  Guise,  lequel,  s'il 
faut  en  croire  Brantôme  (V.  91),  «  ne  desroba  jamais 
l'honneur  d'un  vaillant  homme.  » 

X 

{Page  501). 

La  couronne  devait  valoir  deux  livres,  car  Henri 
Martin  (IX,  284)  écril  :  «  Charles  I  V  lil  à  l'amiral  un  pré 
sent  de  10(3000  livres  et  comme  cadeau  de  noces (Colignx, 
venait  de  se  remarier)  èt  comme  dédommagement  du  sac 
de  Chatillon-sur-Loing,  pille  pendanl  la  guerre  ».  Mais 
les  libéralités  du  Boi  né  se  bornèrent  pas  là  :  «  Il  con- 

83 


514 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


tirma  à  l'Amiral  une  Abbaie  du  feu  cardinal  de  Chas- 
tilJon  son  frère,  avec  la  tutelle  delà  maison  de  Laval, 
dont  le  bien  montoit  à  cent  mille  livres  de  renies,  sans 
estre  tenu  de  rendre  compte  ny  faire  autres  frais  qu'à 
l'entretenement  des  enfants  jusqu'à  leur  majorité  ». 
{Tocsin,  f°  62  b). 

XI 

[Page  50 7). 

«  Erant  tune  Un  »,  dit  le  texte,  ce  qui  donnerait  à 
penser  qu'une  partie  au  moins  de  notre  récit  a  été  écrit 
à  Paris,  avant  le  départ  pour  la  Pologne,  et  envoyé  à  Cra- 
covie  pour  y  être  imprimé  et  distribué. 

XII 

Page  50?). 

Voici  en  quels  termes  Brantôme  IV.  381-82)  raconte 
cet  incident  :  «  En  allant  jusqu'à  Nevers  voir  madame  sa 
femme,  le  duc  de  Nevers  vint  à  rencontrer  quelques  gen- 
tilzhommes,  tous  huguenots,  qui  alloient  à  l'armée,  dont 
la  plus  part  esloient  ses  vassaux  et  voisins.  Sans  dire 
gare,  il  les  chargea;  il  en  porta  par  terre  un,  et  >on  vassal 
qui,  tout  par  terre,  lui  déchargea  son  pistolet  a  la  jambe 
vers  le  genouil.  11  demeura  ainsi  estropié.  » 

Xlil 

Page  502). 

Ceci  semblera  si  extraordinaire  qu'il  me  faut  donner 
le  texte  latin  :  hicredïbile  en'rm  fuit  admïralUwn  in  tant  a 
Ducis  Xirernensis  injuria,  gratia.  et potentia.  ex  ea  pugna 
incolumem  ecadere  potuïsse.  Que  l'on  pût  donner  aux  ren- 
contres entre  gentilshommes  l'issue  qu'exigeait  le  Roi, 


ETUDES  HISTORIQUES  515 

nous  le  savions  par  celle  du  soi-disant  duel  de  Vâleqoier 
et  de  Lignerolles  (en  voir  le  récit  dans  Eudel  du  Gord. 
Recueils  de  fragments  historiques  sur  les  derniers  Valais, 
Paris.  1869.  in-8°.  pp.  213  et  sq  :  Ton  reste  néanmoins 
étonné  de  l'entendre  avouer  aussi  ingénument. 

XIV 

Page  50*2  . 

L'insertion  à  cette  place  de  cette  parenthèse  constituait 
une  insinuation  des  plus  perfides,  non  moins  que  l'emploi 
de  ce  mot  :  affidé  :  per  scbmissoi  sitar ium,  l'auteur  comp- 
tant bien  que  le  lecteur  ajouterait  mentalement  aè  Admi- 
raUo.  Henri  d'Anjou  et  son  secrétaire  Montluc.  celui  qui 
probablement  tint  la  plume  pour  écrire  la  Vera  descripito, 
étaient  pourtant  de  ceux  qui.  le  29  janvier  1566  au  Conseil 
du  roi.  avaient  déclaré  Coligny  innocent  de  tome  compli- 
cité dans  le  meurtre  commis  par  Jean  de  Poltrot.  Cet 
arrêt  solennel,  rendu  dans  une  cause  que  le  roi  avait 
évoquée,  comme  il  est  expliqué  dans  l'arrêt  în^ai^.  a  une 
importance  que  la  plupart  des  historiens  semblent  avoir 
méconnue. 

Voici  comment  s'exprime  de  Thou  : 

Il  se  fit  une  réconciliation,  au  moins  apparente,  entre  les  Colismy 
et  les  Guises,  et  c'est  ce  qui  avoit  été  le  principal  objet  de  l'assem- 
blée. Ainsi,  après  que  l'affaire  eût  été  bien  débattue  de  part  eî 
d'autre,  l'amiral  s'étant  purgé  par  serment  du  meurtre  du  duc  de 
Guise,  assurant  qu'il  n'en  étoit  pas  l'auteur  et  qu'il  n'y  avoit  pas 
même  consenti,  le  Roi  interposa  son  autorité  en  leur  ordonnant 
d'être  amis  (1). 

Le  silence  de  l'historien  sur  l'arrêt  du  29  janvier  1566 
est  d'autant  plus  surprenant  que  sou  père  était  au  nombre 
des  juges  et  qu'il  avait  lui-même (2 »  expliqué  comment  le 
procès  avait  été  évoqué  parle  roi. 

(i)  De  Thou.  Histoire  universelle;  texte  franç.  , Londres.  1734  .  t  V.  p.  184. 
2)  Ibid.,  t.  IV,  p.  541. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


Davila  est  encore  plus  laconique  et  plus  vague  : 

Le,  Roi,  qui  vouloit  éteindre  les  animosités  particulières  pour 
travailler  au  repos  général  du  royaume,  s'appliqua  à  réconcilier 
les  maisons  rie  Guise  et  de  Châtillon...  Les  Coligny  et  les  Guises 
eurent  une  entrevue  en  présence  du  Roi  ;  mais  le  Roi  et  tous  ceux 
qui  étoient  présens  jugèrent  que  cette  réconciliation  ne  seroit  pas 
longue  (1). 

Henri  Martin  n'est  pas  beaucoup  plus  explicite  quand 
il  écrit  : 

Une  scène  plus  dramatique  se  passa  le  29  janvier  dans  le  Con- 
seil  du  Roi  :  Coligny  jura  qu'il  n'avoit  été  ni  l'auteur  ni  le  complice 
de  l'assassinat  du  duc  de  Guise  et  défia  au  combat  quiconque 
voudrait  soutenir  le  contraire.  Le  Conseil,  à  l'unanimité,  déclara 
qu'il  n'existoit  aucunes  charges  contre  l'amiral;  le  Roi  le  déclara 
innocent  et  enjoignit  aux  parties  de  vivre  désormais  en  paix  et 
amitié  (2). 

Michelet  ne  voit  dans  cet  essai  de  rapprochement 
qu'un  piège  pour  discréditer  Coligny  : 

Il  fallait  le  montrer  faible  et  versatile  ;  c'est  ce  qu'on  essaya 
à  Moulins.  Ce  roi  ordonna  une  réconciliation.  L'amiral,  sommé  au 
nom  de  la  paix,  au  nom  de  l'Évangile,  ne  peut  reculer.  Il  lui 
faut  embrasser  les  Lorrains  (3). 

La  France  protestante  en  dit  un  peu  plus;  elle  connaît 
le  fait  de  la  récusation  par  Coligny  du  parlement  de  Paris  ; 
mais,  au  moment  où  il  serait  tout  naturel  d'indiquer  que 
l 'instance  aboutit  à  l'arrêt  du  29  janvier  1566,  l'auteur 
de  l'article  Châtillon  tourne  court  et,  comme  les  autres, 
se  contente  dédire  que  les  deux  maisons  se  réconcilièrent 
sur  l'ordre  du  roi  : 

Les  Guises  allèrent  trouver  le  Roi  à  Meulan  pour  lui  demander 
justice  de  l'assassinat  du  duc.  Charles  IX  leur  permit  de  se  pour- 
voir au  Parlement;  puis,  sur  les  observations  du  cardinal  de  Châ- 
tillon que  jamais  son  frère  n'accepterait  pour  juges  des  hommes 
qui  s'étoient  montrés  beaucoup  trop  partiaux  pendant  les  troubles, 
il  revint  sur  la  décision,  ôta  au  Parlement  la  connaissance  de  cette 


(1)  Davila,  Guerres  civiles,  livre  III,  ann.  1566. 
v2)  H.  Martin,  Hist.  de  France,  t.  IX,  p.  197. 
(3  Michelet,  Hist.  de  France,  t.  IX,  p.  535. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


517 


affaire  et  la  renvoya  au  Crand  Conseil,  malgré  l'opposition  des 
princes  lorrains...  L'affaire  traîna  ainsi  jusqu'à  l'assemblée  de 
Moulins  où,  sur  l'ordre  formel  du  Roi,  les  deux  maisons  se  récon- 
cilièrent en  apparence,  après  que  l'amiral  eût  affirmé  par  serment 
qu'il  n'avoit  pas  trempé  dans  le  meurtre  dont  on  l'accusoit  d'être 
complice. 

Qui  se  douterait,  ayant  lu  les  textes  reproduits 
ci-dessus,  que  la  réconciliation  entre  Guise  et  Coligny 
fut  ordonnée,  non  par  une  intervention  personnelle  de 
Charles  IX,  mais  par  la  prescription,  rédigée  en  termes 
impérieux,  d'une  décision  judiciaire  ?  Il  ne  s'agit  pas  ici 
d'une  «  scène  dramatique  »,  d'un  serment  déclamatoire 
et  d'un  appel  par  Coligny  au  jugement  de  Dieu.  Voici 
comment  les  choses  s'étaient  passées.  Les  Guises,  auxquels 
ne  suffisait  pas  l'effroyable  supplice  subi  par  Poltrot,  et 
qui  ne  voulaient  pas  se  laisser  convaincre  par  les  réponses 
si  nettes,  si  décisives  qu'avait  opposées  Coligny  à  ses 
accusateurs  (1),  demandèrentau  roi  l'autorisation  de  pour- 
suivre Coligny  comme  complice  de  l'assassinat  du  duc 
François  de  Guise  devant  le  parlement  de  Paris.  Coligny 
récusa  cette  juridiction,  si  l'on  en  croit  de  Thou  : 

La  reine  fut  d'avis  que,  puisque  les  Coligny  récusoient  le  Parle- 
ment de  Paris,  le  Roi  évoquât  l'affaire  à  lui  et  la  renvoyât  à  ce 
qu'on  appelle  le  Grand  Conseil.  Mais  les  Lorrains  se  plaignant 
qu'on  leur  faisoit  injure  de  les  renvoyer  à  un  autre  tribunal  qu'à 
celui  des  pairs  du  royaume,  le  Roi,  né  pouvant  plus  résister  à  leur 
irnportunité,  évoqua  de  nouveau  cette  affaire,  à  lui;  el  pour  de 
bonnes  et  justes  raisons,  il  en  suspendit  le  jugement  pendant  trois 
ans.  Après  lequel  tems  on  en  commença  l'examen  lorsque  le  Roi 
étoit  à  Moulins. 

On  voit  que  La  France  protestante  s'est  trompée  el 
qu'à  tort  elle  a  confondu,  comme  les  historiens  l'ont  lait 
souvent,  le  Grand  Conseil  avec  le  Conseil  (ta  Roi}  qui 
portait  en  effet  autrefois  le  nom  de  Grand  Conseil.  Mais 
en  1197  fut  créé  le  tribunal  qui  prit  le  nom  de  Crand 
Conseil  et  qui  devait  remplir  les  fonctions  judiciaires  que 
le  Conseil  du  Roi  avait  conservées,  malgré  l'organisation 

(1)  Mémoires  de  Coudé,  t.  IV,  p.  28S  el  suiv. 


518 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


séparée  du  Parlement.  Seulement,  le  Cwiseil  du  Roi  con- 
tinua à  juger  certaines  affaires,  particulièrement  celles 
qui  intéressaient  ta  sûreté  de  l'État  par  évocation.  11 
s'appelait  alors  le  Conseil  d'État  ou  d'En-Haut,  et  lorsqu'il 
avait  à  délibérer  sur  des  affaires  d'Etat,  il  était  constitué 
comme  nous  allons  voir  qu'il  le  fut  dans  le  procès  des 
Guises  contre  Coligny. 

La  décision  royale  qui  évoque  l'affaire,  et  dont  le 
texte  offre  un  grand  intérêt,  est  reproduite  en  entier  dans 
les  Mémoires  de  Condé  (1) .  Elle  est  intitulée  :  Arrêt  du  Con- 
seil du  Roi/,  par  lequel  il  évoque  à  sa  personne  le  procès 
mis  entre  les  maisons  de  Guise  et  de  Chastillon  à  l'occasion 
du  meurtre  du  feu  duc  de  Guise  et  en  suspend  le  jugement 
'pendant  trois  ans.  L'arrêt  est  daté  :  «  Donné  à  Paris,  le 
cinquiesme  jour  de  janvier  1563  ».  C'est  en  exécution  de 
cet  arrêt  que,  le  29  janvier  1566,  le  délai  imparti  des  trois 
années  étant  expiré,  l'affaire  fut  jugée  définitivement. 

La  composition  du  Conseil  qui,,  sous  la  présidence  du 
roi,  la  jugea  était  des  plus  imposantes.  La  voici,  telle 
qu'elle  résulte  des  termes  mêmes  de  l'arrêt  : 

Le  Roi; 

La  Reine-mère  ; 

M.  le  frère  du  Roi  (duc  d'Anjou)  ; 

Le  cardinal  de  Bourbon; 

Le  prince  de  Condé,  prince  du  sang; 

Le  duc  de  Montpensier,  prince  du  sang; 

Le  prince  Daulphin  ; 

Le  duc  de  Longueville,  pair  de  France; 

Le  duc  de  Nemours,  pair  de  France; 

Le  duc  de  Montmorency,  pair  et  connétable; 

Monsieur  le  Chancelier  (l'Hospital); 

Sieur  de  Vieilleville,  mareschal  de  France; 

Sieur  de  Bourdillon,  mareschal  de  France; 

Monsieur  de  Morvillier; 

L'évêque  de  Valence  (Montlucj; 

Sieurs  de  Crussol,  de  Grimault,  de  Lansac,  de  Chaulne,  baron 
de  la  Garde,  chevaliers  de  l'Ordre; 

M.  Christophe  de  Thou,  premier  président; 

M.  Pierre  Séguier,  président  à  la  cour  du  Parlement  de  Paris; 

(1)  Mémoires  de  Condé,  t.  IV,  p.  49o  et  suiv. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


519 


Sieurs  de  Laubespine  et  de  la  Case-Dieu,  conseillers; 
Maître  Baptiste  du  Mesnil,  conseiller  et  avocat  du  Roi  en  ladite 
cour  de  Parlement. 

L'arrêt  du  Conseil  est  remarquable  par  son  texte,  par 
la  qualité  dô  ceux  qui  y  participèrent,  par  les  efforts  qu'il 
trahit  chez  les  Guises  pour  éviter  un  jugement  définitif,  et 
par  l'unanimité  avec  laquelle  il  fut  rendu.  11  a  une  telle  im- 
portance historique  que,  malgré  son  étendue,  il  doit  être 
reproduit  en  entier  : 

Le  Roy,  estant  bien  recors  et  mémoratif  des  requestes  cy- 
devant  présentées  à  Meulan,  l'une  le  26e  jour  de  septembre 
Tan  1562  par  les  dames  duchesses  de  Guise,  mère  et  femme  de 
feu  messire  François  de  Lorraine,  en  son  vivant  pair,  grand  maistre 
et  grand  chambellan  de  France,  par  les  enfants,  parens  et  amis 
dudit  defîunct  soubs-signez  en  ladite  requeste  ;  l'autre  à  Chantilly  le 
27  octobre  audit  an.  L'antre  requeste  présentée  par  ladite  dame  de 
Guise,  veufre  dudit  deffunct,  tant  en  son  nom  que  comme  tutrice 
des  enfants  mineurs  dudit  deffunct  et  d'elle,  le  8°  jour  de 
décembre  ensuivant,  tendant  à  ce  qu'il  pleust  à  Sa  Majesté  luy 
permettre  de  faire  poursuite  en  ses  cours  de  Parlement  de  l'homi- 
cide commis  en  la  personne  dudit  deffunct  duc  de  Guise  à  ren- 
contre de  tous  ceux  qui  s'en  trouveront  chargez  et  coupables, 
mesme  contre  Gaspard  de  Goligny,  sieur  de  Chastillon,  amiral  de 
France,  des  responses  sur  ce  faictes  et  des  requestes  présentées 
de  la  part  dudit  sieur  amiral; 

Sur  quoy  et  sur  aucunes  resquestes  il  auroit  pieu  à  Sa  Majesté, 
le  5  de  janvier  ensuivant,  tenir  en  estât,  suspens  et  surséances 
lesdites  poursuites  pour  le  temps  de  trois  ans  et  tel  temps  qu'il 
lui  plairoit; 

Pendant  auroit  fait  deffences  à  chacune  desdites  parties  de  se 
travailler  l'une  l'autre,  directement  ou  indirectement,  et  à  tous 
juges  d'en  cognoistre,  retenant  à  lui  la  cognoissance  de  la  cause  ; 

Et  ayant  depuis  cogneu  que  l'interdiction  de  cette  affaire  don- 
noit  couleur  à  beaucoup  d'inimitiez  et  de  divisions  qui  se  nour- 
rissent parmi  ses  sujets,  auroit  mandé  venir  à.  soy,  en  cette  ville 
de  Moulins,  Monsieur  le  cardinal  de  Lorraine  el  ladite  dame  de 
Guise,  veufve  dudit  deffunct  et  tutrice  des  enfants  mineurs  dudil 
deffunct  et  d'elle,  auxquels  il  auroil  déclaré  le  singulier  désir 
qu'il  avoil  pour  plusieurs  grandes  occasions  de  mettre  une  bonne 
fin  au  différend  qui  estoil  entre  leurs  deux  maisons  à  l'occasion 
que  dessus,  et  luy-mesme  embrasser  à  définition  d'iceluy  diffè^ 
rend  par  voyes  justes  et  équitables; 

Ce  que  lesdits  sieur  e1  dame  ayant  entendu,  lui  auroient  res 


520 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


pectivemenl  déclaré  estre  prests  et  disposez  de  recevoir  en  cet 
endroil  l'équitable  raison  et  justice  qu'ils  ont  tousjpurs  attendu 
et  espéré  de  sa  bonlé  en  toutes  choses,  ainsi  qu'il  est  plus  à  plain 
contenu  et  déclaré  en  l'acte  de  ce  faict  le  12e  jour  du  présent  mois, 
signé  :  Charles  et  contre-signé  :  Laubespine; 

Depuis  ledit  acte,  ledit  sieur  cardinal  et  dame  de  Gnise  auroient 
faict  entendre  à  Sa  Majesté  qu'ils  n'avoient  avec  eux  les  pièces  qui 
pouvoient  servir  à  la  justification  de  leur  droict,  pour  lesquelles 
reconvier  ils  auroient  requis  délay,  lequel  sadite  Majesté  leur 
auroit  accordé  ; 

Laquelle  toutefois,  ayant  par  après  cogneu  que  ce  délay  pour- 
roit  tourner  à  quelque  longueur,  et  que  toutes  les  pièces,  ou  la 
plupart  de  celles  dont  ils  entendoient  s'ayder,  se  pouvoient 
promplement  recouvrer,  les  a  admonestez  de  déclarer  quelles 
estoient  lesdites  pièces  pour  lesquelles  ils  auroient  demandé  ledit 
délay; 

A  quoy  obéissant  lesdits  sieur  cardinal  et  dame  de  Guyse 
auroient  faict  déclaration  particulière  d'icelles  pièces,  lesquelles 
seulement  ils  entendoient  produire  pour  ce  faict,  se  départans 
dudit  délay  s'il  plaisoit  à  Sa  Majesté  les  assurer  estre  par  devers 
Elle  pour  être  veuës  et  en  ordonner  par  Sa  Majesté  ; 

Laquelle  auroit  ordonné  cet  acte  estre  faict  et  expédié  ainsi 
comme  il  appert  par  iceluy  acte  du  17e  jour  dudit  mois,  signé  de 
Laubespine  ; 

Après  lequel  auroit  ladite  dame  duchesse  de  Guise,  le  56e  jour 
desdits  mois  et  an,  présenté  requeste  à  sadite  Majesté,  tendant  à 
fin  de  lui  estre  permis  de  faire  contre  les  chargez  et  coulpables 
poursuite  de  ce  que  dessus  en  la  cour  de  Parlement  de  Paris  et  y 
faire  porter  et  envoyer  les  pièces  estans  par  devers  sadite  Majesté; 

Sur  quoy  le  Roy  auroit  déclaré  qu'il  retenoit  à  luy  et  à  son 
Conseil  îa  cognoissance  de  sa  matière  principale  et  de  tout  ce  qui 
en  despend  pour,  après  avoir  le  tout  veu  à  sondit  Conseil,  faire 
droit  à  ladite  darne,  ainsi  qu'il  appartiendroit  par  raison  ; 

Et  pour  cet  effet  auroit  sadite  Majesté,  assisté  de  la  Reyne  sa 
mère,  faict  assembler  les  princes  de  son  sang  et  autres  seigneurs 
et  mareschaux  de  France,  chevaliers  de  son  Ordre  et  conseillers 
en  sondit  Conseil,  cy-dessous  nommez  (la  liste  en  a  été  donnée  c>- 
dessiis)\ 

Et,  en  sa  présence  et  desdits  sieurs  faict  donner  lecture  des 
confessions  de  feu  Jean  de  Poitrot,  soy-disanl  sieur  de  Meray, 
exécuté  à  mort  pour  ledit  homicide,  envoyées  au  Roy  par  sa  cour 
de  Parlement  de  Paris,  en  vertu  de  ses  patentes  et  commende- 
ment,  et  de  luutes  et  chasennes  les  pièces  spécifiées  audit  acte  du 
17  de  cedit  mois,  et  rapport  des  autres  pièces,  actes  et  requestes 
cy-dessus  mentionnés; 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


521 


De  quoy  lecture  et  rapport  faicts,  Sa  Majesté  auroit  aujourd'hui 
faict  entendre  auxdits  sieur  cardinal  de  Lorraine  et  dame  de  Guise, 
ensemble  audit  sieur  de  Chastillon,  amiral  de  France,  les  per- 
sonnes appellées  et  assistans  audit  Conseil,  pour  sçauoir  s'ils 
entendoient  en  récuser  aucunes; 

Lesquels  sieur  cardinal  de  Lorraine  et  dame  de  Guise  auroient 
déclaré  qu'ils  ont  présenté  requeste  au  Roy  comme  à  leur  souve- 
rain et  naturel  seigneur  et  non  à  autre,  remettant  à  lny  d'or- 
donner en  ce  faict  ce  qu'il  lui  plaira,  ce  que  ledit  sieur  amiral 
a  de  sa  part  semblablement  respondu  qu'il  se  remettoit  aussi  à  ce 
qu'il  plairoit  à  Sa  Majesté  d'en  ordonner  ; 

Après  lesquelles  déclarations  auroit  sadite  Majesté  mandé  ledit 
sieur  de  Chastillon,  amiral,  et  luy  a  enjoinct  et  commandé  de 
déclarer  à  sa  présence,  et  des  susdits,  ce  qui  estoit  de  la  vérité  du 
faict  dudit  homicide,  en  ce  que  l'on  l'en  avoit  voulu  charger  et 
accuser; 

Lequel  sieur  amiral  auroit  respondu  qu'il  avoit  ey-devant  dit, 
déclaré  et  affermé  à  sa  dite  Majesté  comme  il  disoit,  déclaroit  et 
affermoit  encores  devant  Sa  Majesté  comme  devant  Dieu  qu'il 
n'avoit  faict,  ne  faict  faire,  ne  approuvé  ledit  homicide; 

Le  Roy,  tout  ce  que  dessus  bien  entendu  et  au  long  examiné, 
et  après  avoir  pris  sur  ce  l'advis  des  dessus  dits  princes  et  sei- 
neurs  et  gens  de  son  Conseil,  qui  tous  ont  esté  d'un  mesme 
accord  et  ad  vis; 

A  déclaré  ledit  sieur  de  Chastillon,  amiral  de  France,  purgé, 
deschargé  et  innocent  du  faict  dudit  homicide  et  des  charges 
qu'on  luy  a  voulu,  ou  pourroit  pour  ce  regard  imputer; 

Et  a  imposé  et  impose  silence  perpétuel  à  son  procureur 
général  et  à  tous  autres; 

Fait  inhibitions  et  detfences,  tant  auxdites  parties  qu'à  tous 
autres,  en  taire  cy-après  aucunes  recherches  et  poursuites,  ores 
ne  pour  l'advenir,  soit  par  voye  de  justice  ou  autrement,  et  à  tous 
juges  d'en  prendre  aucune  cause  et  cognoissance  ; 

A  pris  ledit  seigneur  lesdites  parties  en  sa  sauvegarde,  leur 
enjoignant  de  vivre  en  amitié  sous  son  obéissance,  sans  aucune 
entreprise  de  faict  les  uns  àl'encontre  des  autres,  directement  ou 
indirectement; 

Déclarant  dès  à  présenl  auxdites  parties,  leurs  parents,  amisel 
alliez  qui  contreviendront  à  ce  présent,  jugement,  avoir  encouru  el 
encourir  crime  de  lèze-majesté  comme  infracteurs  de  paix  ri  per 
turbalcurs  du  repos  public,  et  leurs  personnes  el  biens  confisquez, 
lesquels  biens  audit,  cas  il  a,  des  a  présent  comme  pour  lors,  uni-- 
et  incorporez,  unit  et  incorpore  au  domaine  de  sa  couronne  : 

Beffendant  ledit  seigneur,  sur  les  peines  que  dessus,  à  toutes 
personnes,  de  quelque  qualité  (pie  ce  soit,  de  contrevenir  à  ce 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


présent  anrest,  ne  iceluy  révoquer  en  doute,  controverse  ne  dis- 
pute, et  veult  iceluy  estre  envoyé  à  toutes  les  cours  de  Parlement 
de  ce  royaume,  baillages  et  sénéchaussées  d'iceux,  pour  y  estre 
leu,  publié  et  enregistré,  à  ce  qu'aucun  n'en  prétende  cause  d'igno- 
rance. 

Faict  audit  Conseil,  auquel  estoient  présens  (voir  la  liste  ci 
dessus),  le  29e  iour  de  janvier  l'an  1566,  au  chasteau  de  Moulins  en 
Bourbonnois,  et  prononcé  aux  parties  le  dernier  iour  dudit  mois. 

Signé  :  Bourdin. 

Le  texte  de  cet  arrêt  occupe  les  sept  premières  pages 
d'une  plaquette  intitulée  :  Arrest  \\  par  lequel  Monsieur  || 
T Amiral  de  Chastillon  est  déclaré  inno  ||  cent  de  la  mort  du 
Duc  de  Guise.  (1)  Ce  qui  est  imprimé  sur  la  huitième  page 
mérite  d'être  recueilli  : 

Sa  Majesté,  ayant  fait  appeler  Monsieur  le  cardinal  de  Lorraine 
et  Monsieur  l'Amiral,  leur  déclara  que,  suivant  l'arrest  qu'il  avoit 
donné,  il  vouloit  que  toutes  occasions  d'inimitiez  cessassent  et 
qu'ils  fussent  désormais  amis,  n'estant  accompagnez  dores-en- 
avant  que  de  leurs  trains  ordinaires. 

Ledit  sieur  cardinal  fit  responce  qu'il  vouloit  en  tout  et  partout 
obéir  au  Roy  et  suivre  ses  commandemens. 

Monsieur  l'Amiral  a  respondu  qu'il  louoit  Dieu  qu'en  sa  pré- 
sence la  vérité  de  son  innocence  avoit  esté  connue  et  "de  ce  que 
Sa  Majesté  demeuroit  satisfaite  de  luy. 

Qu'il  avoit  tousjours  ouy  dire  que  la  cause  pour  laquelle  le 
cardinal  de  Lorraine  et  les  siens  luy  vouloient  mal,  c'estoit  qu'ils 
avoient  opinion  qu'il  fut  cause  de  la  mort  de  feu  M,  le  duc  de  Guise, 
que  maintenant  le  contraire  leur  apparoissoit,  et  que,  s'il  pouvoit 
prendre  seureté  qu'ils  eussent  perdu  leur  mauvaise  volonté  et 
qu'ils  ne  luy  voulussent  plus  de  mal,  il  leur  voudroit  faire  ser- 
vice. 

Un  tel  arrêt,  auquel  avaient  participé  Henri  d'Anjou 
et  Montluc,  ne  leur  permettait  pas,  sept  armées  plus  tard, 
d'expliquer  la  haine  des  Guises  pour  Coligny  en  disant  que 
le  duc  François  avait  étéassasiné  per  submissum  sicarium. 
Il  n'y  a  pas  si  longtemps  qu'à  la  tribune  de  notre  Cham- 
bre des  députés  étaient  lancées  contre  Coligny  des  accusa- 

(1)  Il  est  reproduit  presque  en  entier  dans  le  Gaspard  de  Coligny  du  comte 
Jules  Delaborde,  Paris,  1881,  t.  II,  p.  40  i  et  suiv.,  d'après  un  manuscrit  de  la 
Riblioth.  nat. 


ÉTUDES    HISTORIQUES  523 

Lions  ridicules,  cent  fois  réduites  à  néant,  autant  de  fois 
ranimées  par  le  plus  injuste  esprit  de  parti.  Rappelons 
à  ce  sujet  qu'au  mois  de  juin  1883  le  comte  de  Paris  sous- 
crivait mille  francs  pour  la  statue  de  l'amiral  et  écrivait 
à  celui  qui  avait  pris  l'initiative  de  l'entreprise  :  «  Il  vous 
a  été  facile  de  justifier  ce  vrai  patriote  de  l'accusation  por- 
tée contre  lui  après  le  crime  de  Poltrot.  » 

Comment  l'arrêt  de  1566  fut  obéi,  on  ne  le  sait  que 
trop.  Six  ans  plus  tard,  très  probablement  à  l'instigation 
de  celui  qui  l'avait  rendu,  Henri  de  Guise  tuait  Coligny. 
Mais  l'arrêt  de  Moulins  était  antérieur  à  l'affaire  de 
M eaux  ! 

XV 
(Page  503). 

«  Miles  quidam,  ut  vulgo  creditum  esi %  instinct  u  Guisii». 
Un  soldat...  un  soldat  quelconque...  L'auteur  ne  sait 
même  pas  son  nom...  C'est  probablement  un  émissaire  du 
duc  de  Guise...  On  le  croit  généralement...  En  tout  cas 
le  duc  d'Anjou  n'y  est  pour  rien...  Voilà  qui  diffère  des 
précisions,  rappelées  plus  haut,  qu'on  trouve  dans  le  Dis- 
cours d'Henri  III  à  un  personnage  de  qualité  !  Il  ne  sera 
pas  inutile  de  reproduire  ici  quelques  lignes  des  Mémoires 
de  r Estât  de  France  sous  Charles  IX  (1,  p.  361)  :  «  Trois 
semaines  avantla  Saint-Barthélemy  »  (donc,  au  commence- 
ment du  mois  d'août)  «  le  duc  d'  Anjou,  feignant  aller  jouer 
en  un  Chasleau  près  Paris,  avoit  faict  venir  Maurevel  ». 
C'est  le  miles  quidam  «  auquel  il  avoit  longuement  parlé 
«  en  un  cabinet  ».  Nous  aurons  l'occasion  de  revenir  sur 
le  rôle  joué  par  d'Anjou  le  24  août. 

XVI 

(Page  503). 

Maure  vert  tira  trois  balles.  Goligny  fui  blessé  à  la 
main  droite,  dont  un  doigt  fui  emporté,  etaaj  brasganche, 


524  ÉTUDES  HISTORIQUES 

une  balle  ayant  presque  traversé  l'avant-bras  dans  le  sens 
de  la  longueur  :  entrée  près  de  la  main,  elle  avait  péné- 
tré jusqu'au  coude.  Notre  récit  fait  donc  erreur,  et  sans 
doute  cette  erreur  est-elle  voulue.  C'est  toujours  la  même 
préoccupation  et  le  même  système.  Il  fallait  que  le  lecteur 
se  dît  :  d'Anjou  était  tellement  en  dehors  de  tout  qu'il 
se  trompe  sur  les  détails  les  plus  insignifiants  et  les  plus 
connus. 

XVII 

[Page  503) . 

D'après  les  Mémoires  sur  F  Estât  de  France  (t.  I,  374), 
ce  fut  sur  la  demande  de  Coligny  que  Charles  IX  se  ren- 
dit auprès  de  lui  :  «  Tandis  qu'on  bandoit  les  playes  de 
l'Amiral,  Théligny  par  son  commandement  vint  trouver 
le  Roy,  lequel  il  pria  humblement  de  la  part  de  son  beau- 
père  de  le  vouloir  visiter,  s'il  lui  plaist  en  prendre  la 
peine  :  qu'iceluy  est  en  grand  danger  de  mort,  et  a  ce- 
pendant à  dire  au  Roy  choses  importantes  et  concernantes 
son  salut  (sa  sûreté),  lesquelles  il  est  assuré  qu'homme 
de  son  Royaume  ne  lui  oseroit  descouvrir.  Le  Maréchal 
de  Danville,  prié  par  l'Amiral,  dit  le  même  au  Roy,  le- 
quel respoudait  à  tous  deux  qu'il  iroit  volontiers...  » 

XYII1 

[Page  503). 

Ce  furent  des  raisons  analogues  que  le  roi  donna  pour 
décider  l'Amiral  (qu'il  n'y  décida  pas)  à  se  laisser  Lrans- 
«  porter  au  Louvre  ;  qu'il  y  avoit  danger  de  sédition,  et 
et  que  quelque  grand  «  trouble  ne  s'esmeut  en  la  ville 
plaine  de  mutins  et  enragez  ».  Mémoires  de  t Estât  de 
France,  I,  378.) 

XIX 

[Page  503). 

11  y  alà  encore  une  contusion  voulue.  Les  trois  membres 
du  Parlement  que  le  Roi  avait  chargés  d'instruire  l'affaire 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


■'  - 


étaient  le  président  deThou.  et  les  conseillers  de  Morsen  et 
Viole  :  aucun  des  trois  n'était  protestant.  Mais  le  roi  ayant, 
au  cours  de  sa  visite,  demandé  à  l'Amiral  s'il  avait  pour 
agréables  les  juges  qu'il  avait  commis.  Sire,  répondit 
l'Amiral,  je  m'y  accorde  bien .  Seulement  je  vous  supplie 
humblement  que  Cavagnes.  l'un  de  vos  maîtres  des  re- 
quêtes, y  soit  adjoint,  ensemble  M.  de  Masparault.  et  un 
autre  qu'il  nomma,  du  nom  duquel  ne  se  souvient  plu> 
celui  qui  oyoit  ces  propos  -  .  Mémoires  de  C Estât  Je  France, 
I,  377).  Le  Roi  y  consentit,  et  ce  sont  là  les  judices  evan- 
gelicos  dont  parle  notre  auteur.  Mais  il  ne  dit  pas  ce  qu'il 
en  advint.  Nous  ne  savons  si  le  second  et  le  troisième 
furent  massacrés  le  lendemain.  Mais  nous  savons  que  le 
premier.  Arnaud  de  Cavagnes.  un  des  négociateurs  de  la 
paix  de  Saint-Germain,  fut  traduit  par  le  Roi  devant  le 
Parlement,  qu'il  fut  condamné  comme  étant  un  des  com- 
plices de  la  -oi-disant  conspiration  ourdie  par  Coluny. 
et  fut  pendu  le  27  octobre  1572.  Le  roi  voulut  le  voir 
mourir,  en  même  temps  que  le  vénérable  Briquemaut, 
âgé  de  70  ans.  et.  comme  ils  furent  pendus  le  soir,  il  tît 
apporter  des  torches,  afin  de  s'amuser  de  leurs  grimaces. 
C'est  certainement  à  ce  fait,  et  aussi  aux  mutilations  que 
subit  le  cadavre  de  Coligny.  que  pensait  Montaigne  quand 
il  écrivait  dans  les  Essa  i&  : 

A  peine  me  pouvois-je  persuader,  avant  que  je  l'eusse  veu.  qu'il 
se  fust  trouver  des  âmes  si  monslrueuses qui.  pour  le  seul  plaisir 
du  meurtre,  le  voulussent  commettre,  hacher  et  destrencher  les 
membres  d'autrui,  aiguiser  leur  esprit  à  inventer  des  tounuens 
inusitezet  des  morts  nouvelles,  sans  inimitié,  sans  profit,  et  pour 
ce^te  seule  tin  de  jouir  du  plaisant  spectacle  des  gestes  i  t  mou- 
vemens  pitoyables,  des  gémissemeus  et  voix  lamentables  d'un 
homme  mourant  en  angoisse.  Car  voylà  l'extrême  point  où  la 
cruauté  puisse  atteindre.  L>  <  Essais,  1.  H.  ch.  u  :  De  la  Cruauté. 

La  mémoire  de  Cavagnes  d  de  l>riquemaut  lut  réha- 
bilitée par  l'article  36  de  l'Edil  de  pacification  de  1570. 


526 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


XX 

(  Page  504) . 

L'auteur  ne  devrait  pas  oublier  que  Poltrot  avait  été 
arrêté,  jugé,  supplicié,  tandis  que  l'assassin  de  Coligny 
s'était  facilement  enfui.  Il  devrait  aussi  dire  à  quelle  occa- 
sion se  produisirent  les  instances  des  seigneurs  protes- 
tants auprès  du  Roi.  On  avait  su  immédiatement  que 
dans  la  maison  d'où  les  coups  de  feu  sur  l'Amiral  avaient 
été  tirés  logeait  Yillemur,  précepteur  du  duc  de  Guise.  On 
savait  que  l'assassin  avait  été  conduit  à  cette  maison  et 
y  avait  été  recommandé  par  Cliailly,  superintendant  du 
duc  de  Guise,  et,  dans  sa  conversation  avec  le  Roi,  Coli- 
gny  avait  demandé  que  Chailly  et  Villemur  fussent  inter- 
rogés. On  savait  que  l'assassin  s'était  enfui  à  cheval,  et 
qu'au  sortir  de  la  ville  il  avait  trouvé  un  cheval  frais  qui 
l'attendait.  Or  le  lendemain,  et  c'est  un  historien  ultra- 
catholique, Capilupi,  qui  nous  l'apprend  {Stratagema  di 
Carolo  Nono,  p.  51),  on  prit  l'homme  qui  avait  «  baillé 
le  cheval  de  relais  à  celuyqui  avait  tiré  le  coup  de  harque- 
bouse,  et  cesluy-ci  confessa  qu'il  estoit  serviteur  de  la 
maison  de  Guyse  ».  Dès  lors  la  culpabilité  du  duc  de 
Guise  parut  amplement  prouvée,  et  c'est  de  quoi  les  hu- 
guenots demandaient  justice.  Cette  culpabilité  ne  faisait 
d'ailleurs  pas  de  doute  pour  le  Roi.  «  Si  M.  de  Guise  ne  se 
fust  caché  tout  ce  jour-là,  le  roy  l'eût  fait  pendre»  (His- 
toire de  France  de  M.  Ernest  Lavisse,  tome  VI,  p.  127. 
Ces  mots  sont  entre  guillemets  dans  le  texte  de  M.  Marié- 
jol,  mais,  suivant  l'usage  de  la  plupart  des  historiens,  il 
n'indique  pas  d'où  ils  sont  tirés).  D'ailleurs,  la  courte 
retraite  de  Guise  et  la  courte  colère  du  Roi  semblent 
avoir  été  aussi  sincères  l'une  que  l'autre. 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


5-27 


XXI 

[Page  504). 

On  trouve  dans  les  Relations  de  Jean  Michiel,  am- 
bassadeur de  Venise  à  Paris  en  1572,  l'origine  de  ce 
roman,  que  Charles  IX  ne  craignit  pas  de  produire  en 
plein  Parlement,  et  que  le  Parlement  ne  craignit  pas  de 
donner  pour  base  à  des  condamnations  à  mort.  D'après 
Michiel,  un  des  chefs  huguenots,  Bouchavannes,  vint  dire 
au  roi  que  les  protestants  projetaient  de  se  réunir  et  de 
rassembler  leurs  forces  à  Melun  le  7  septembre  afin  de 
tirer  vengeance  de  l'attentat  commis  sur  l'Amiral.  Il  y 
a  certes  loin  de  là  à  la  conjuration  dénoncée  depuis  par  le 
Roi  comme  ayant  nécessité  l'emploi  immédiat  de  moyens 
préventifs  de  défense.  Le  fait  relaté  par  Michiel  tire  de 
la  vraisemblance  de  la  mansuétude  dont  Bouchavan- 
nes de  Bayancourt  fut  l'objet  pendant  les  massacres. 
Quant  à  la  conspiration,  voici  ce  qu'en  écrivait  à  Rome  le 
nonce  Salviati  :  «  Le  compte  rendu  officiel  du  procès 
«  fait  à  la  mémoire  de  l'Amiral  dit  en  autant  de  mots 
«  que  l'Amiral  conspirait  en  ces  derniers  temps  contre 
«  la  personne  du  roi  et  de  ses  frères,  bien  que  ce  soit 
«  d'une  fausseté  absolue  et  c'est  une  honte  qu'une 
«  allégation  pareille  soit  admise  par  des  hommes  dont 
«  le  métier  est  de  se  tenir  au  courant  des  choses  de 
«  ce  monde.  »  (Dépêche  citée  par  Hubert  Reade  :  The 
true  story  of  ihe  Massacre  of  Si  Bartkolomœus,  p.  225). 

Dans  sa  remarquable  élude  :  Themassacre  of  Sl-Bar- 
tholomew  (p.  47),  sir  Henri  Austin  Layard  s'exprime  sur 
ce  point  en  termes  catégoriques  : 

L'excuse  présentée  parle  Roi  et  la  Reine-mère  pour  justifier  le 
massacre,  à  savoir  que  c'était  un  acte  de  légitime  défense  contre 
les  huguenots,  qui  avaient  tramé  une  conspiration  contre  la  vie  du 
Roi,  de  sa  mère  et  de  ses  livres,  est  démontrée  par  les  documents 
n'avoir  aucun  fondement  quelconque.  Elle  ne  fut  pas  moine  mvo 
quée  parle  Pape  Grégoire,  qui  ne  voulut  voir  dans  le  massacre  que 


528 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


le  triomphe  de  la  foi.  Elle  ne  trompe,  les  dépêchas  des  ambas- 
sadeurs vénitiens  l'établissent,  ni  Elisabeth,  ni  les  Princes  alle- 
mands. Dans  sa  déclaration  au  Sénat  de  Venise,  l'ambassadeur 
Michiel  la  rejeta.  Elle  est  d'ailleurs  contradictoire  avec  l'ordre 
donné  par  le  Roi  d'exterminer  les  protestants  à  travers  toute  la 
France. 

Voici  en  quels  termes  Bossuet  s'est  exprimé  au  sujet 
de  cette  soi-disant  conspiration  : 

Tout  ce  qu'on  employoit  pour  décrier  l'Amiral  ne  servit  qu'à 
illustrer  sa  mémoire.  Elle  fut  pourtant  condamnée  par  un  arrêt 
solennel  qui  eût  pu  être  juste  dans  un  autre  temps  et  pour  un 
autre  sujet,  mais  rien  ne  parut  plus  vain  ni  plus  mal  fondé  que 
la  conjuration  dont  on  l'accusoit  alors.  (Abrégé  de  l'Histoire  de 
France,  par  feu  M.  Bossuet,  Évêque  de  Meaux,  Paris,  1747,  in-4°, 
pp.  831-832.) 

On  a  dit  que  la  Saint-Barthélemy  fut  la  conséquence 
de  la  maladresse  de  Maurevert,  que,  Coligny  mort  le 
22  août,  tout  eût  été  terminé.  «  Comme  l'Amiral  ne  fut 
pas  frappé  à  mort  »,  écrit  le  Nonce  du  Pape,  Salviati,  «  la 
reine-mère,  voyant  l'insolence  des  huguenots,  prit  le  parti 
de  pousser  le  roi  aies  faire  tous  massacrer  ».  L'historien 
Pierre  Matthieu  est  plus  affîrmatif  :  «  //  est  certain  que  si 
l'Amiral  fût  mort  de  ses  blessures,  le  malheur  de  son  parti 
s'en  fût  allé  avec  lui  ».  (La  Saint-Barthélemy  et  les 
Archives  du  Vatican,  par  M.  Bou tarie,  Bibliothèque  de 
l'Ecole  des  Chartes,  t.  XXIII,  pp.  21  et  25).  Gela  ne  nous 
paraît  pas  certain  du  tout.  Le  contraire  nous  paraît  cer- 
tain, Si  l'Amiral  eût  été  tué  au  lieu  d'être  blessé,  les 
choses  se  seraient  passées  exactement  comme  elles  se  pas- 
sèrent. Les  seigneurs  protestants  eussent  eu  plus  de  raisons 
encore  pour  se  plaindre  véhémentement.  La  Cour  eût  eu 
plus  de  raisons  encore  pour  présenter  ces  plaintes  comme 
des  menaces.  L'on  eût  bâti  là-dessus  la  même  fable  d'une 
conspiration,  et  l'on  eût  procédé  par  les  mêmes  moyens 
au  même  massacre. 

Brantôme,  qui  n'est  pas  souvent  naïf,  fait  preuve  d'une 
naïveté  extrême  quand  il  écrit  (VU,  363)  que  «  si,  après  le 
coup  d'arquebuse  à  l'Amiral,  ses  amis  se  fussent  tenus 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


529 


cois  e(  n'eussent  sonné  mot,  il  n'en  eut  été  antre  chose  ». 
Voilà  une  résignation  et  une  apathie  que  l'on  pouvait  à 
coup  sur  ne  pas  attendre  des  compagnons  de  Coligny. 
Aussi  est-ce  l'attitude  opposée  que  Ton  escomptait;  c'est 
sur  leur  indignation,  sur  leurs  récriminations  passion- 
nées, sur  leurs  révoltes,  peu  à  redouter  d'ailleurs  dans  le 
milieu  parisien  et  avec  les  précautions  prises,  que  l'on 
avait  tabié. 

L'ambassadeur  extraordinaire  de  Venise,  Giovanni  Mi- 
chiel,  avait  parfaitement  compris  cela  (qu'il  approuvait 
du  reste)  et  l'a  énergiquement  exprimé  dans  sa  relation 
au  Sénat  :  «  On  s'est  demandé  si,  dans  le  cas  où  l'Amiral 
aurait  été  tué  par  le  coup  d'arquebuse,  on  se  serait 
contenté  de  sa  mort.  Les  gens  qui  connaissent  le  fond 
des  choses  disent  résolument  que  non,  et  que,  dans  ce 
cas,  sous  prétexte  de  rechercher  l'auteur  de  l'arquebu- 
sade,  on  aurait  immédiatement  fermé  les  portes  de  la 
ville;  on  aurait  pourvu,  au  moyen  de  postes  nombreux, 
à  ce  que  personne  ne  pût  sortir,  et  on  aurait  fait  la 
fête  à  tout  le  reste,  soit  ce  même  jour,  soit  la  nuit  sui- 
vante. Il  suffît  de  dire  qu'on  y  avait  pensé  et  pourvu  de 
façon  que  personne  n'aurait  pu  échapper  ». 

XXII 

[Page  504). 

Nous  voici  au  point  central,  à  la  phrase  capitale  ;  lors- 
qu'on lit  le  récit  d'ensemble,  on  a  l'impression  que  c'est 
pour  ce  morceau  que  l'ouvrage  a  été  fait.  Combien  en  effet 
n'était-il  pas  injuste  de  reprocher  au  duc  d'Anjou  l'entre- 
prise de  la  Saint-Barthélemy,  alors  que,  premier  prince 
du  sang,  il  avait  refusé  d'assister  aux  délibérations  du 
Conseil  où  elle  fut  décidée!  Le  texte  latin  doit  être  cité  : 
Vocal  [rex)  itaque  fratrem Henricum  Ducem  Andegavensem, 
eique  et  conspirationem  patefactam  aperit,  et  Consiliï  sut 
rationem  exponit.  Sed  Dux  Andegavmsis,  ne  nomen  suum 
toi  clarissimis  viçtorijs  illustratum,  et  belli  gloriam  [si  cum 

3i 


530 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


reliquijs  eorum  intra  mur  os  urbis  certaret  quos  ineolumes, 
florenles  et  armatos  bello  toties  devicit)  conlaminaret,  ac 
obscuraret,  omnem  eam  conspirationem  contempsil  ac  pro 
nihilo  duxit  ;  simulque  a  Rege  fratre  discessit  :  nec  postea 
in  Concilium  adduci  potuit. 

Malheureusement  pour  le  duc  d'Anjou,  les  documents 
sont  surabondants  pour  démontrer  la  vanité  de  ces  allé- 
gations audacieuses. 

Dans  sa  relation  au  Sénat  de  Venise,  Jean  Michiel 
disait  :  «  Toute  l'affaire,  du  commencement  à  la  fin,  a  été 
l'œuvre  de  la  Reine;  c'est  celle-ci  qui  Ta  conçue,  orga- 
nisée et  menée  à  ternie  avec  la  seule  participation  de 
son  fils,  le  duc  d'Anjou  ».  Plus  loin,  Michiel  explique  que  la 
première  tentative  contre  Coligny  [archibusciata)  avait  été 
«  concertée  parla  Reine  et  le  duc  d'Anjou  »,  et  que,  le 
coup  manqué,  la  Reine  et  d'Anjou  vinrent,  le  soir,  trouver 
le  Roi,  et  là,  seuls  avec  lui,  lui  démontrèrent  la  nécessité 
de  prévenir  les  attaques  des  protestants,  et  de  profiter  de 
ce  qu'ils  étaient  venus  s'enfermer  dans  Paris  pour  en  finir 
avec  eux. 

Au  lendemain  du  24  août,  le  nonce  du  pape,  Salviati, 
écrivait  à  Rome,  racontait  les  faits  et  ajoutait  :  «  Toute 
l'affaire  a  été  conduite  principalement  par  le  duc  d'Anjou...  » 
(Dépêche  citée  par  M.  Hubert  Reade.  Voici  sa  traduction  : 
The  whole  business  lias  been  ehieffl y  managed by  M.  d!  An jou) , 

Le  secrétaire  du  Pape,  Camillo  Capilupi,  renseigné  de 
première  main  par  le  cardinal  de  Lorraine  qui  alors 
résidait  à  Rome  et  dont  il  était  un  des  familiers,  écrit 
dans  son  Stratagema  di  Carolo  nono  :  «  Le  soir  venu, 
M.  d'Anjou  envoya  quérir  le  duc  de  Guise,  et  eux  deu\ 
seuls  accordèrent  que,  la  nuit  suivante,  ils  devaient  tuer 
l'Amiral  et  tous  ses  adhérents  »  (page  49  de  la  traduction 
française  publiée,  en  1574,  à  la  suite  de  l'original  italien). 
Le  même  écrivain  nous  apprend  que, le  moment  de  l'exé- 
cution arrivé,  ce  fut  le  duc  d'Anjou  qui  fit  chercher  le  duc 
de  Guise  par  M.  de  Losses  (p.  51)  ;  que  lorsque  les  trois 
ducs  (Aumale,  Angoulême  et  Guise)  allèrent  procéder  au 
meurtre  de  l'Amiral,  ils  étaient  accompagnés  de  plusieurs 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


531 


harquebousiers  de  la  garde  du  Roy,  et  de  toute  celle  de 
M.  d'Anjou  (p.  52). 

Nous  venons  d'entendre  d'Anjou  déclarer  qu'il  n'a 
même  pas  voulu  siéger  au  Conseil  du  Roi  où  l'entreprise 
fut  discutée.  Mais  Camillo  Capilupi,  son  admirateur,  est 
d'un  sentiment  bien  différent.  A  chaque  pas  il  nous  signale 
la  participation  constante,  active,  du  duc  d'Anjou,  et  à 
cause  d'elle,  résumant  son  Stratagema,  il  couvre  d'Anjou 
de  louanges.  Voici  le  passage,  dont  j'emprunte  la  traduc- 
tion à  Aignan  (elle  a  été  publiée  par  lui  au  premier  volume 
de  son  excellente  Bibliothèque  étrangère,  3  vol.  8°,  1823): 
<(  Il  faut  porter  en  particulier  le  même  tribut  d'éloges  à 
M.  d'Anjou;  ce  prince,  non  seulement  a  été  initié  atout  ce 
qui  s'est  fait,  mais  on  doit  le  considérer  comme  la  che- 
ville ouvrière  de  l'entreprise  ».  Capilupi  a  accentué  ce 
passage  dans  le  manuscrit,  encore  inédit,  qu'il  déclare 
être  le  meilleur  de  son  livre;  il  tient  à  dire  que  d'Anjou 
a  étéprésent  partout,  à  la  délibération  comme  àl'exécution. 
Voici  les  termes  dont  il  se  sert  :  «  Monsieur  d'Anjou  in  par- 
îicolare  cite  e  stato,  non  solo  consapewle  sempre  di  tutto 
quello  che  si  trattava,  ma  senza  il  cui  parère  et  opéra  niuna 
cosa  si  deliberava,  o,  deliôerata,  simandavaal  effetto  ».  L'on 
dirait  qu'il  tient  à  justifier  la  pension  que  faisait  au  duc 
d'Anjou  la  Cour  de  Rome. 

On  considérait  si  bien  d'Anjou  comme  un  des 
auteurs  de  l'acte  du  24  août  que  des  Cours  étrangères 
catholiques  lui  envoyaient  des  félicitations  directes,  et  il 
les  acceptait,  et  il  répondait.  On  trouve  dans  les  Négocia- 
tions avec  la  Toscane  (Collection  des  documents  inédits 
de  l'Histoire  de  France)  au  tome  lll,  p,  840,  note,  le  texte 
de  la  réponse  du  duc  d'Anjou  à  Cosme  ï,  Grand  Duc  de 
Toscane  :  «  Paris,  16  septembre  1572...  Le  Roy,  mon 
«  seigneur  et  frère,  s'estoit  tousjours  bien  promis  que, 
«  comme  vous  ave/ toujours  eu  une  très  ardente  dévotion 
«  à  l'avancement  delà  gloire  de  Dieu  et  au  bien  de  cette 
«  Couronne,  vous  seriez  des  premiers  à  vous  conjouir  de 
«  l'heureux  succès  de  l'exécution  de  l'Amiral  el  de  ses 
«  adhérai) s...  » 


532  ÉTUDES  HISTORIQUES 

Roedereiyà  la  lin  d'un  livre  écrit  conlre  la  prémédila- 
tion  de  la  Saint-Barthélemy,  répartit  les  responsabilités 
et  dit  :  «  Le  duc  d'Anjou  fut  le  plus  lâche,  le  plus  ardent 
et  le  plus  atroce  »  [La  proscription  de  la  Saint-Barthé- 
lemy, 1830,  in  8,  p.  245).  Il  rappelle  l'opinion  exprimée 
par  Le  Laboureur  :  «D'Anjou  eut  la  principale  part  à  cet*e 
cruelle  et  sanglante  tragédie  et  il  ne  se  répandit  tant  de 
sang  que  pour  ses  intérêts  ». 

C'est  que  d'Anjou  était  l'homme  du  clergé  catholique, 
qui  comptait  entièrement  sur  lui,  comme  lui  comptait  sur 
le  clergé.  «  Ce  cher  fils  que  la  Reine-mère  avait  façonné  à 
couvrir  les  artifices  avec  une  douceur  apparente,  mons- 
troit  d'avoir  les  Huguenots  en  grand' horreur...  On  l'ap- 
pelait le  Dieu  tutélaire  des  Catholiques  » .  (Mezerai,  Histoire 
de  France,  1651,  t.  II,  pp.  1066  et  1072).  Le  clergé  recon- 
naissait sa  collaboration  par  des  dons  d'argent,  ce  qui 
est  assez  significatif.  «  Monsieur,  frère  du  Roy,  «  ne  pou- 
vait laisser  si  tost  la  haine  qu'il  portoit  aux  Huguenots, 
ni  mesme  la  dissimuler,  pour  l'obligation  qu'il  avoit  à 
l'Église  Romaine,  de  laquelle  et  du  clergé  François  il  avoit 
deux  cent  mille  francs  de  pension.  »  {Réveille-Matin  des 
Français,  Dialogue  I,  p.  30).  Récusera-t-on  le  Béve; Ile- 
Matin  comme  écrit  par  des  protestants?  On  ne  récusera 
donc  pas  le  cardinal  de  Lorraine.  Lorsque  le  cardinal 
Charles  de  Lorraine  vint,  au  nom  de  l'universalité  du  clergé 
de  France,  féliciter  Charles  IX  de  la  Saint-Barthélemy,  le 
saluer  à  cette  occasion  du  titre  de  Père  de  F  Église,  et  lui 
remettre  comme  marque  de  gratitude  une  grosse  somme 
d'argent,  il  ajouta  que  l'assemblée  générale  du  clergé  sup- 
pliait le  Roi  d'agréer  que,  «  pour  reconnaisse  les  signalés 
services  rendus  par  le  duc  d'Anjou  à  l'Eglise  Romaine, 
le  clergé  lui  fit  présent  de  huit  cent  mille  livres  pour  les 
frais  de  son  voyage  de  Pologne  »  (R.  P.  Dom  Guillaume 
Marlot,  Histoire  de  Reims,  1845,  t.  IV,  p.  423).  Il  est 
piquant  qu'une  partie  de  cet  argent  ait  été  employée  à 
répandre  en  Pologne  l'opuscule  niant  toute  participation 
du  duc  d'Anjou  à  la  Saint-Barthélemy. 

On  a  vu  plus  haut  les  termes  violents,  méprisai! Is, 


ÉTUDES  HISTORIQUES  533 

qu'emploie  Rœderer  pour  qualifier  la  conduite  d'Henri 
d'Anjou  pendant  les  massacres.  Il  ne  semble  pas  qu'ils 
soient  excessifs.  Le  jour  même,  le  dimanche  24,  d'Anjou 
«  ne  sortit  qu'à  demi  caché  dans  un  coche  »  (Michelet, 
IX,  429).  Ses  hommes  étaient  employés  à  piller.  «  Le  seul 
a  sieur  deTavannes  eut  les  mains  nettes;  il  ne  souffre  pas 
«  quesesgens  prennent  aucune  chose.  Ceux  de  M.  d'Anjou 
«  pillent  les  perles  des  étrangers  »  [Mémoires  de  Saulx 
Tamnnes,  édit.  Buchon,  p.  435,  col.  2).  Le  goût  immo- 
déré de  ce  prince  pour  les  bijoux  et  les  perles  est  connu  : 
l'occasion  lui  parut  bonne  pour  s'en  munir.  Les  Mémoires 
de  Tavannes,  auxquels  nous  empruntons  ce  trait,  ne 
parurent  qu'en  1653  ;  ils  confirment  sur  ce  point  ce  qu'écrit 
l'auteur  du  Tocsin  :  «  Les  couppeurs  de  bourse  et  autres 
larrons  se  ruèrent  sur  les  huguenots  pour  l'espérance 
de  butin,  sinon  d'aventure  qu'il  fut  trop  grand.  Car 
en  ce  cas  les  principaux  chefs  le  réservoient  pour  eux; 
comme  entre  autres  la  maison  de  Thierry-Badoire,  riche 
lapidaire,  fut  en  butin  aux  Suisses,  ou,  comme  affir- 
ment aucuns,  au  duc  d'Anjou,  à  cause  de  plusieurs 
pierres  et  joyaux  précieux  qui  y  estoient  ».  Plus  tard, 
d'Anjou  «  se  trouva  parmi  les  rues,  ses  armes  sur  le  dos, 
et  mesme  se  plaça  sur  le  pont  Notre-Dame,  afin  que  sa 
présence  servît  à  encourager  les  petits  (à  tuer)  et  qu'il 
pût  faire  remarquer  là  ceux  qui  s'y  fussent  acheminez 
(vers  Notre-Dame)  pour  se  sauver  »  (Tocsin,  f°  86a).  Le 
lendemain,  s'il  faut  en  croire  l'auteur  des  Matines  de  la 
Saint- Barthélémy  (1690,  p.  70),  l'exécution  faite,  tout 
péril  écarté,  le  duc  d'Anjou,  accompagné  de  ses  gardes, 
parcourut  lui-même  la  ville  et  les  faubourgs,  se  faisant 
ouvrir  les  maisons  oû  les  massacreurs  avaient  rencontré  un 
semblant  de  résistance,  pour  rechercher  s'il  n'y  trouverai! 
pas  quelque  huguenot  caché.  C'est  le  vautour  apparaissant 
après  le  carnage.  Lu  même  temps,  il  envoyai!  des  soldats 
de  sa  garde  «  à  la  campagne,  aux  environs  de  Paris,  visi- 
ter les  huguenots  dans  leurs  maisons  des  champs.  Et  afin 
que  nul  n'y  fùst  épargné,  il  envoyoi!  aux  divers  quar- 
tiers ceux  de  ses  soldats  qui  n'y  connoissoien!  personne, 


534 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


tellement  qu'ainsi  ils  n'en  épargnèrent  pas  un,  excepté 
quelques-uns  qui  furent  pris  à  rançon  pour  «  ceux  qui 
esl oient  plus  friands  de  l'argent.  Et  si  ne  laissoient  pas 
pourtant  de  tuer  les  prisonniers,  leur  rançon  une  fois 
payée  »  [Réveille-Malin  des  Français,  I,  170). 

Voilà  ce  que  l'on  racontait  dans  les  livres  protestants. 
On  comprend  l'exécration  dont  les  huguenots  du  monde 
entier  poursuivaient  le  roi  de  Pologne,  et  si,  ce  qui  est 
bien  probable,  leurs  récits  sont  exacts,  on  est  tenté  de 
les  excuser  lorsqu'ils  le  comparent,  non  pas  au  vau- 
tour, mais  au  lièvre,  qui  n'est  pas  réputé  pour  son 
courage,  et  en  même  temps  à  un  autre  animal  qui  n'est 
pas  un  emblème  de  délicatesse  [Mémoires  de  F  Estât  sous 
Charles  IX,  1576,  II,  362). 

Nous  avons  montré  qu'amis  et  adversaires  sont  d'ac- 
cord pour  reconnaître  que  le  duc  d'Anjou  a  eu,  nous  ne 
dirons  pas  dans  la  lente  et  profonde  préméditation,  mais 
dans  la  préparation  du  massacre,  dans  les  moindres  détails 
de  cette  préparation  comme  il  a  eu  dans  son  exécution, 
un  rôle  considérable.  Seule,  la  Vera  Descriptio  le  nie,  et 
déclare  qu'Henri  d'Anjou  est  resté  étranger  à  tous  ces  évé- 
nements. Cette  dénégation  n'a  évidemment  aucune  valeur 
historique;  mais  l'isolement  de  ce  témoignage  d'innocence 
est  un  puissant  indice  qu'il  émane  du  coupable. 

Celui-ci  persistera  d'ailleurs  dans  sa  dénégation,  et 
deux  ans  plus  tard,  devenu  roi  de  France,  réduit  à  si- 
gner la  «  paix  de  Monsieur  »,  il  y  désavouera  la  Saint- 
Barthélemy,  en  annulera  les  conséquences  juridiques,  dé- 
clarera «  n'y  avoir  eu  aucune  part  et  été  mortifié  au  dernier 
point  de  ce  malheureux  accident  »  (de  Thou,  VII,  417).  Il 
signera  l'Edit  dont  l'art.  32  débute  ainsi  :  «  Les  désordres 
et  excez  faicts  le  xxiiij  d'aoust  et  jours  suivans  en  consé- 
quence duditjour,  à  Paris  et  en  autres  villes  etendroits  de 
nostre  Royaume,  sont  advenus  à  notre  très  grand  regret 
et  desplaisir  ». 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


535 


XXIII 

(Page  504). 

La  Cour  de  France  a  beaucoup  tergiversé  sur  l'attitude 
à  prendre  après  les  massacres.  Avant  de  s'en  faire  gloire, 
ce  qui  fut  de  courte  durée,  ou  de  se  donner  l'excuse  de  la 
légitime  défense  en  découvrant  une  conspiration  imagi- 
naire, elle  avait  tenté  de  présenter  l'événement  comme 
une  querelle  entre  les  Coligny  et  les  Guises,  à  laquelle  le 
pouvoir  royal  était  comme  étranger.  On  voit  qu'ici  le  duc 
d'Anjou  parle  d'une  rencontre  quasi  fortuite  entre  les 
catholiques  qui  sortaient  du  Louvre  et  les  protestants  qui 
s'y  rendaient.  Charles  IX  a  essayé  du  même  subterfuge. 

Le  jour  même  de  la  Saint-Barthélemy,  il  écrit  à  son 
ambassadeur  à  Londres  : 

Il  est  advenu  que  ceux  de  la  maison  de  Guise,  qui  n'ont  petite 
part  en  ceste  ville,  comme  chacun  sçait,  ayant  sceu  certainement 
que  les  amis  de  mon  dict  cousin  l'Admirai  vouloient  poursuivre  et 
exécuter  sur  eux  vengeance  de  ceste  blesseure  parce  qu'ils  les 
soupçonnoient  d'enestre  la  cause,  sesontesmeus  ceste  nuit  passée 
si  bien  contre  les  uns  et  les  autres  qu'il  s'est  passé  une  grande  et 
lamentable  sédition...  ayant  esté  forcé  le  corps  de  garde  qui  avoit 
esté  ordonné  à  l'entour  de  la  maison  du  dict  sieur  Admirai,  luy  tué 
avec  quelques  autres  genlilhommes,  comme  il  en  a  esté  aussi 
massacré  d'autres  en  plusieurs  endroits  de  la  ville.  Ce  qui  s'est 
meu  avec  une  telle  furie  qu'il  n'a  esté  possible  d'y  apporter  le 
remède  tel  que  Ton  eust  désiré,  ayant  eu  assez  à  faire  à  employer 
mes  gardes  et  autres  forces  pour  me  tenir  en  seureté  dans  mon 
chasteaudu  Louvre...  Tout  ceciadvenu  par  laquerelle  particulière 
qui  est,  de  longtemps,  entre  ces  deux  maisons.  [Correspondance 
diplomatique  de  la  Mothe  Fénelon,  t.  VII.  p.  324. 

Charles  IX  faisait  porter  des  affirmations  analogues 
aux  princes  allemands  par  M.  de  Sehomberg^  et  aux 
Suisses  conféderez  parle  trésorier  des  Ligues.  Le  27  août, 
il  écrivait  dans  les  mêmes  termes  à  ses  gouverneurs,  no- 
tamment au  Vicomte  de  Marie,  gouverneur  de  Bayonne 
(Bibl.  nat.,  fr.  N°  L555S,  I  L2  v°  . 


536 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


Et  le  lendemain  28,  en  plein  Parlement,  il  déclarait 
-  railleur  de  notre  écrit  va  le  reconnaître  —  que  tout 
s'était  fait  par  son  ordre. 

Je  dois  à  l'obligeance  de  M.  le  Comte  de  Juigné,  qui  a 
bien  voulu  m'autoriser  à  en  faire  prendre  copie  dans  les 
archives  de  sa  famille,  une  lettre  inédite,  qui  fut  écrite  par 
Charles  IX  le  28  août.  Son  destinataire  était  Jean  de  No- 
garet,  seigneur  et  baron  de  La  Valette,  dont  le  fils  cadet, 
Jean-Louis,  porta  le  titre  de  marquis  de  la  Valette  et,  à 
partir  de  1581,  de  duc  d'Epernon.  Le  marquis  de  Juigné 
actuel  est  le  petit-fils  de  la  Marquise  de  Juigné,  née  La 
Valette.  C'est  grâce  à  l'aimable  intervention  de  sa  tante, 
Madame  de  Juigné  de  Castellane,  que  j'ai  pu  me  procurer 
cet  important  document  : 

,4  Monsieur  de  La  Vallelte,  chevalier  de  mon  Ordre,  cappitaine  de 
cinquante  hommes  d'armes  de  mes  ordonnances  et  gouverneur  de 
ma  ville  de  Lecloure. 

Monsieur  de  La  Vallette,  ayant  esté  descouvert  comme  l'admi- 
rai et  ses  adhérans,  depuis  sa  blessure,  avoient  conspiré  contre 
ma  personne,  de  la  Royne  Madame  et  mère  et  de  mes  frères  et  des 
autres  princes  et  seigneurs  estant  près  de  moi,  j'ay  esté  contrainct 
faire  prévenir  leur  pernitieuse  entreprise  par  ceux  de  Guyse,  ce 
qui  a  été  si  dextrement  exécuté  que  ledict  admirai  et  ses  dicts 
adherans  y  ont  esté  la  plus  grande  part  tuez;  et  combien  que  j'aye 
escript  partout  et  faict  publier,  nonobstant  cette  exécution,  mon 
ntention  estre  entretenir  mon  edict  de  pacification  etemptjscher 
que  mes  subgectz  s'offensassent  l'un  l'autre,  toutefois  je  doubte 
(je  suppose)  que  ceulx  de  la  nouvelle  relligion  se  veillent  eslever 
et  troubler  le  repos  de  mon  royaume,  ce  que  je  désire  empescher 
en  faisant  rompre  et  tailler  en  pièces  ceulx  qui  s'assembleront 
contre  mes  edictz.  Et  d'autant,  Monsieur  de  La  Vallette,  q-ie  je 
me  confie  à  vous  et  que  vous  avez  pouvoir  et  crédict  par  delà 
entre  nies  subgectz,  je  vous  fais  ceste  lettre  pour  vous  pryer  assem- 
bler de  voz  amys  et  de  mes  subgectz  et  serviteurs  le  plus  grand 
nombre  que  vous  pourrez,  et  me  rendre  obey  soit  par  douceur  ou 
aulrenient,  admonestant  mes  subgectz  de  demourer  en  repos  en 
leurs  maisons  et  chastiant  ceux  qui  vouldroient  faire  le  contraire. 
Je  serais  très  aise  que  vous  peusiez  vous  rendre  maistre  de  la 
ville  de  Lectore,  estant  de  tel  poix  qu'elle  est,  et  est  à  craindre  si 
ceulx  de  la  dite  relligion  se  trouvent  les  plus  fortz  qu'ils  en 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


537 


veillent  mal  user.  Je  vous  prie  donc  vous  y  employer  et  me  servir 
en  cela  et  toutes  autres  occasions  selon  que  vous  avez  accoustumé 
en  me  mandant  de  voz  nouvelles  au  plus  tost,  pryant  Dieu,  Mon- 
sieur de  La  Vallette,  qu'il  vous  tienne  en  sa  garde. 
Escrîptà  Paris,  le  xxvine  jour  d'aoust  1572. 

Signé  :  Charles. 
Et  plus  bas  :  de  Neufville. 

Cette  lettre  appartient  à  la  série  de  celles  qui  conti- 
nuaient à  pousser  au  massacre.  On  remarquera  cette 
phrase  :  «  La  chose  a  été  si  dextrement  exécutée  que 
l'amiral  et  ses  adhérents  ont  presque  tous  été  tués  ».  On 
notera  aussi  l'ordre  qui  suit  de  «  tailler  en  pièce  »  ceux 
qui  s'assembleraient  contre  les  édits  et  d'obtenir  la  sou- 
mission par  douceur  ou  «  autrement  ».  Très  vite,  il  fallut, 
au  moins  dans  les  rapports  diplomatiques,  prendre  un  ton 
tout  opposé. 

XXIV 

{Page  504). 

Il  est  probable  qu'il  s'agit  de  la  lettre  adressée  par 
Théodore  de  Bèze,  le  4  septembre  1572,  ad  Herdesianum, 
jurisconsuttum,  el  Norimb.  Reip.  a  consiliis.  On  lit  dans 
cette  lettre  :  «  AUqul  conglobati  nobiles  egregii  restiterunt, 
sed  multiludlne  tandem  sunt  oppressi;  honnulUs  et  qukiem 
panels  excepùs  qui  quod  in  suburbio  agerent  fit  g  a  dicuntur 
elapsi  ».  C'est  de  cette  tardive,  partielle,  peut-être  isolée 
tentative  de  résistance,  immédiatement  avortée,  que  le 
trop  habile  auteur  de  notre  récit  fait  la  bagarre  originaire 
d'où  est  sortie  la  Saint-Barthélemy  !  (On  trouvera  la 
lettre  de  Th.  de  Bèze  à  la  Bibliothèque  de  la  Société  de 
l'histoire  du  protestantisme  française,  dans  le  Ihesaurus 
Baumianus).  Voilà  sans  doute  ce  qui  lui  a  permis,  au 
début,  d'appeler  la  Saint-Barthélemy  un  accident  :  casus, 
comme  Charles  IX  et  Catherine,  en  écrivant  à  notre 
ambassadeur  à  Londres,  le  9  septembre  1572,  l'appe- 
laient une  émotion  :  «  l'émotion  qui  est  advenue  ici... 


538  ÉTUDES  I  HISTORIQUES 

l'émotion  advenue  en  plusieurs  villes  de  mon  royaume  ». 
[Correspondance  de  La  Mothe  Fénelon,  t.  Vit,  pp.  338- 
341).  «  Sa  Majesté,  écrit  encore  le  Trésorier  des  Ligues 
suisses,  m'a  fait  commandement  de  vous  communiquer 
un  accident  advenu  ces  jours  passés  dans  la  ville  de 
Paris...  Le  mariage  célébré  cinq  jours  avant  cet  incon- 
vénient... Chacun  connoistra  ainsi  cet  accident  estre 
advenu  pour  querelle  particulière...  »  [De  furoribus  g  al- 
lias, 1573,  pp.  cv  et  cvn).  Jamais  expressions  ne  furent 
plus  impropres,  car  jamais  entreprise  ne  fut  plus  mé- 
thodiquement préparée.  Le  plan,  simple  et  pratique 
fut  exactement  suivi.  Il  fallait  aller  de  haut  en  bas, 
commencer  par  Coligny  et  les  grands  chefs  pour  con- 
tinuer par  les  gentilshommes,  passer  de  ceux-ci  aux 
«  membres  du  Parlement  et  conseillers  notables  »  [Mémoires 
de  Geizkofler,  p.  63),  puis  aux  marchands,  pour  finir 
par  le  petit  peuple..  Les  paisibles  bourgeois  huguenots 
ne  seraient  attaqués  que  lorsque  les  seigneurs  auraient 
été  mis  hors  d'état  de  les  défendre.  Quant  aux  seigneurs, 
chefs  et  simples  gentilshommes,  les  maisons  qu'ils  habi- 
taient avaient  été  réparties  entre  des  «  Capitaines  »,  dis- 
posant d'un  nombre  d'hommes  suffisant,  de  manière  que 
chacun  «  peust  assaillir  le  sien  par  ordre  et  au  même 
instant  ».  [Le  Tocsin,  74  a.)  «  La  tuerie  débuta  à  petit 
bruit  vers  une  heure  du  matin,  les  rues  étant  encore 
plongées  dans  l'obscurité  »  (Léon  Marlet,  Notes  critiques 
sur  la  St-Barthélémy ,  Paris  1905,  in  8°,  p.  21),  et  les 
victimes  dans  leur  premier  sommeil.  Ce  fut  une  battue 
supérieurement  ordonnée  par  ce  maître  veneur  passionné, 
auteur  du  livre  :  La  Chasse  Royale,  Charles  de  Valois,  roi 
de  France.  Lui-même,  «  en  derrière,  disoit,  se  riant,  qu'il 
avoit  fait  comme  son  fauconnier,  et  veillé  ses  oiseaux  ». 
[LEstoile,  édit.  Petitot,  XLV,  71).  Ainsi  les  nobles  hugue- 
nots furent  tous,  dans  un  même  moment,  désarmés,  rien 
ne  leur  ayant  laissé  soupçonner  une  attaque,  et,  dans 
l'impossibilité  de  se  défendre  les  uns  les  autres  ou  de  se 
défendre  eux-mêmes,  mis  à  mort  sans  combat.  «  Les 
gentilshommes  du  roy  de  Navarre  et  du  prince  de  Condé 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


539 


furent  lires  de  leurs  chambres  et  désarmés  de  l'espée  et 
de  la  dague  qu'ils  portaient  »  {Tocsin,  77a).  Les  princes 
du  sang  durent  eux-mêmes  subir  la  même  rigueur  : 
((  Deux  heures  avant  le  jour  furent  réveillez  le  roy  de 
Navarre  et  le  prince  de  Condé  par  nombre  d'archers  de 
la  garde  qui  entrèrent  effrontément  dans  leurs  chambres 
et  leur  firent  commandement,  de  par  le  roy  de  s'habiller 
et  de  venir  le  trouver  sans  espée  »  (Sully,  Mémoires  des 
sages  et  royales  économies  d' Estât,  1638,  in-fol.,  I,  10). 
Ainsi  le  mot  d'ordre  du  désarmement,  immédiat  et  simul- 
tané, fut  général.  «  Les  personnes  massacrées  étoient 
endormies  et  désarmées  »,  écrit  l'historiographe  de 
France,  Jean  de  Serres,  dans  son  Inventaire  de  l1  Histoire 
de  France,  Lyon  1653,  in-8°,  I,  705).  Et  le  confesseur  du 
roi,  Arnault  Sorbin,  clans  son  Vrai  Réveille-Malin  des 
calvinistes  et  publicams  françois  (pièces  liminaires  :  Com- 
paraison) loue  le  roi  de  les  avoir  attaqués 

Quand  il  a  veu  leurs  yeux  appesantis  de  somme. 

On  ne  saurait  expliquer  autrement  comment  tant  de 
vaillants  soldats  ont  pu  être  égorgés  sans  que  les  égor- 
geurs  subissent  presque  aucune  perte.  Il  fut  sans  doute 
unique,  le  cas  de  ce  lieutenant  de  la  maréchaussée  qui, 
ne  s'étant  pas  laissé  surprendre,  joua  des  pistolets  et  de 
l'épée  jusqu'à  son  dernier  souffle,  ne  cessant  de  répéter 
qu'il  était  officier  du  Roi,  et  confiant,  le  candide  gen- 
darme, que  s'il  tenait  bon,  le  Roi  Fallait  délivrer  de  cette 
populace  (Le  Tocsin,  84;iï.  Ce  lieutenant  doit  être  celui 
que  d'Aubigné  (Hisl.  unie.,  1626,  col.  551  )  nomme  Tevemi, 
et  qualifie  de  «  Lieutenant  de  la  Robbe-longue  de  la  Con- 
nestablie  ».  D'Aubigné  s'émerveille  que  de  cette  «  valeu- 
reuse Noblesse  »  il  n'y  en  eut  qu'un  autre  qui  mourut 
l'épée  à  la  main  :  Marafiiî  de  Guerchi,  lieutenant  des  gens 
d'armes  de  Coligny,  lequel  «  mil  son  manteau  autour  du 
bras,  et  se  fit  hier  à  coups  d'épée,  se  vengeanl  comme  il 
pou  voit  »  (lbid.x  col.  546). 


540 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


XXV 

[Page  504) . 

L'auteur,  pour  diminuer  l'importance  de  l'acte, 
diminue  le  nombre  des  victimes  au-delà  de  toute  vrai- 
semblance. Dans  la  relation  de  Jean  Michiel,  l'ambassa- 
deur extraordinaire  de  Venise,  on  lit  :  «  Quant  au 
nombre  des  tués  à  Paris,  ceux  qui  disent  le  plus  disent 
quatre  mille;  l'évaluation  la  moindre  est  de  deux  mille 
environ  »  (Albéri,  série  1,  t.  IV,  p.  291).  Ce  dernier 
chiffre,  le  plus  faible,  est  celui  qu'adopte  Tavannes  :  «  Il 
demeure  deux  mille  massacrés  ».  De  Thou  :  «  Il  y  eut 
environ  deux  mille  hommes  de  tuez  le  premier  jour  ». 
Sigismundo  Cavalli,  l'ambassadeur  vénitien  résidant, 
déplore  que  quelques  huguenots  aient  échappé  au  mas- 
sacre, »  ce  qui,  ajoute  - 1— il,  ne  fut  pas  arrivé  si  les  ordres 
donnés  avaient  été  exactement  suivis  ».  Nous  voilà  loin 
des  cinq  cents  victimes  de  la  Vera  Descriptio!  Montluc, 
l'auteur  présumé  de  celle-ci,  a  produit  dans  sa  Defensio 
contra  quorumdam  calumnias  une  affirmation  encore  plus 
audacieuse  :  «  On  prétend  qu'il  y  a  douze  cents  gentil- 
hommes  tuez  :  il  n'y  en  a  pas  eu  plus  de  quarante  ».  [Mé- 
moires de  F  Estât  de  France  sous  Charles  /X,  1576,  t,  II, 
p.  179).  Quant  aux  massacrés  qui  n'étaient  pas  gentils- 
hommes, cela  ne  compte  pas  pour  l'évêque  de  Valence.  Pas 
plus  que  ne  comptent  les  femmes  et  les  enfants  :  Homi- 
num  cimier  quingenti  perierunt.  (Cf.  sur  le  nombre  des 
victimes  parisiennes,  le  Bulletin  de  1897,  p.  474-481.) 

XXVI 

{Page  505). 

Comment  la  clôture  des  portes,  qui  ôtait  toute  chance 
de  fuiteàceux  qui  avaient  jusque-là  échappé  au  massacre, 
pouvait-elle  faciliter  l'apaisement?  Nous  saisissons  dail- 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


leurs,  ici  encore,  une  inexactitude  faite  pour  fourvoyer  le 
lecteur.  Ce  n'est  pas  «  le  lendemain,  postera  die,  »  le 
lundi  25  août  que  les  portes  de  Paris  furent  fermées.  C'est 
le  vendredi  22  août,  le  jour  où  Coligny  fut  blessé.  «  On 
dépêcha  des  gens  pour  courir  après  le  meurtrier  qu'on  ne 
connaissoit  pas  encore,  et,  afin  qu'il  ne  pût  échapper,  on 
ferma  toutes  les  portes,  excepté  deux  qu'on  réserva  pour 
l'entrée  des  vivres,  mais  le  Roi  y  fit  mettre  des  gardes  ». 
(De  Thou,  VI,  p.  386).  La  raison  donnée  fut  la  recherche 
du  meurtrier,  qu'on  ne  prit  pas.  Le  résultat  effectif  fut 
d'empêcher  les  huguenots  de  sortir  de  la  ville.  Pour  la  nuit 
du  23  au  24  les  ordres  furent  des  plus  stricts  :  «  Le  Roy 
commanda  la  nuict  que  les  portes  de  la  ville  fussenttenues 
fermées  et  que  tous  se  missent  en  armes»  (Le  Tocsin,  74a). 
Ce  n'était  plus  sans  doute  pour  se  saisir  de  Maurevert. 

XXVII 

(Page  505). 

Les  dépêches  de  Cavalli,  ambassadeur  de  Venise  à  la 
Cour  de  France,  nous  édifient  sur  la  véracité  de  cette 
affirmation.  Le  25  août,  Cavalli  racontait  le  massacre  de 
la  veille,  et  ajoutait  :  «  La  nuit  dernière,  le  Roy  a  envoyé 
des  ordres  à  Orléans  et  d'autres  cités  pour  qu'on  y  fasse 
ce  qu'on  a  fait  à  Paris.  »  Et  le  27  août,  Cavalli  écrivait 
encore  au  doge  :  «  Il  est  vrai  que  le  Roi  a  donné  l'ordre  de 
massacrer  les  huguenots  dans  les  villes,  et  l'on  sait  déjà 
qu'un  grand  nombre  ont  été  tués  à  Rouen,  à  Meaux,  à 
Chartres  et  à  Orléans  »  (Extraits  des  Annali  et  du  Bubri- 
cario  de  Venise,  publié  par  Tomaso  Gar  dans  les  Atli  del 
Regio  Istituto  Veneto,  t.  XV  série  3). 

Giovanni  Michiel  donne  la  même  note  :  <<  Depuis  lors 
on  a  agi  de  même,  avec  une  fureur  égale  et  souvent  plus 
grande,  dans  toutes  les  provinces  et  presque  dans  toutes 
les  villes  du  royaume,  et  l'on  n'a  épargné  qui  que  ce  soit, 
pas  même  ceux  qui  avaienl  des  charges  -  (Alberi,  Rela- 
tions des  Ambassadeurs  vénitiens). 


542 


ÉTUDES  HISTORIQUES 


XXVIII 

{Page  505). 

À  ces  sept  villes,  M.  William  Martin,  qui  a  donné  la 
traduction  des  rapports  de  Michiel  et  de  Cavalli  dans  son 
livre  :  La  Saint- Barthélémy  devant  le  Sénat  de  Venise, 
{  p.  27,  note)  en  ajoute  quinze:  Agen,  Angers,  Beaugency, 
Blaye,  Blois,  Bourges,  Castres,  la  Charité,  Dax,  Jargeau, 
Moissac,  Romans,  Saumur,  Troyes,  Valence. 

XXIX 
(Page  505). 

L'histoire  n'a  consigné  le  souvenir  d'aucun  de  ces 
«  auteurs  de  désordres  »  qui  auraient  été  recherchés  pour 
avoir,  en  dépit  des  ordres  royaux,  continué  à  massacrer 
leurs  concitoyens.  Les  poursuites  dirigées  contre  eux  ont 
été  clandestines,  et  les  résultats  de  ces  poursuites  sont 
restés  ignorés. 

XXX 
(Page  505). 

Cependant,  le  5  septembre,  Jean  Michiel  écrivait  au 
Doge  de  Venise  :  «  Le  massacre  des  huguenots  continue 
clans  tout  le  royaume.  Hier  matin,  une  procession  publique 
et  solennelle,  à  laquelle  ont  pris  part,  avec  le  Roi,  la  Reine, 
les  princes  frères  du  Roi,  tous  les  officiers  et  tout  le  clergé 
portant  le  Saint  Sacrement  et  les  Reliques  des  Saints,  a  eu 
lieu  pour  appeler  sur  cet  événement  la  protection  spéciale 
de  Dieu  ».  Et  le  13  septembre  :  «  La  mise  à  mort  des 
huguenots  continue,  quelques-uns  des  plus  notables 
étant,  avec  leurs  partisans  et  les  personnes  à  leur  service, 
noyés  secrètement  la  nuit  » .  (Gar.  loc.  rît) .  Ce  qui  confirme 
d'avance  ce  que,  quatre  ans  plus  tard,  ignorant  les  rap- 
ports ci-dessus  cités,  écrira  l'auteur  du  Tocsin  (93  b.)  : 
«  Plusieurs  furent  mis  prisonniers,  desquels  aucuns 
estoient  la  nuict  jetez  en  la  rivière  ». 

Henri  Monod. 


Documents 


LA  CONFESSION  DES  PÉCHÉS  DE  LA  LITURGIE 

des  Églises  réformées  de  France  insérée 
dans  un  livre  de  piété  catholique.  {Suite.) 


Grâce  à  l'obligeance  de  M.  le  pasteur  Ch.  Bostje  suis 
en  mesure  d'ajouter  quelques  éclaircissements  bibliogra- 
phiques aux  notes  que  j'ai  données  plus  haut  (1)  sur  cer- 
taines infiltrations  protestantes  dans  la  littérature  d'édi- 
fication catholique  des  xvie  et  xvif  siècles. 

Notre  collègue  du  Havre  veut  bien  me  signaler  un 
autre  petit  livre  qui  a  du  reste  une  proche  parenté  de 
titre  avec  le  Thésaurus precum...  de  1587,  1601  et  1615, 
mais  qui  paraît  avoir  été  délibérément  rédigé  et  édité  à  trois 
reprises,  en  1585,  en  1602  (2)  et  en  1686,  pour  faire 
passer  sous  un  pavillon  catholique  un  recueil  populaire 
de  prières  et  d'instructions  protestantes.  Le  plan  est  tout 
différent  de  celui  du  Thésaurus  et  l'élément  didactique  y 
tient  une  place  absente  dans  le  recueil  latin  qui  est  d'une 
piété  plu  s  mystique. 

Voici  une  intéressante  citation  de  Gautier  de  Saint- 
Blancart  (3)  à  ce  sujet  : 

«  ...Puisque  je  suis  tombé  surles  Livres  de  Religion  il  esl  how 
de  rapporter  ici  ce  qui  se  passa  à  l'égard  d'un  petit  livre  intitul  i 

Le  thrésor  des  prières j  onùsons  et  instructions  chrétiennes,  etc.,  par 
M.  J.  de  Ferrières,  curé  de  St^Nicolas-des-Champs.*. 

(1)  Bull.  LVIII,  p.  158. 

(2)  Et  peut-être  encore  en  1603  fin-12  chez  J.  Mieard  à  Paris]  si  le  Diction 
nuire  de  bibliographie  catholique  de  Migoe  auquel  .remprunte  ce  renseigne 
ment  n'a  pas  confondu  atoc  l'édition  de  L603. 

(3)  Histoire  apologétique  ou  défense  </<■*  libertés  des  Eglises  réformées  </<• 
France.  Amsterdam  IMS,  I.  Il,  p.  138,  134.  —  Klie  Benoit,  dans  son  Hii 

de  l'Èdil  de  Nantes,  t.  v,  p.  '.un,  donne  des  renseignements  concordants. 


DOCUMENTS 


«  Quelques  personnes  de  piété  tâchèrent  do  contribuer  quel- 
que chose  à  l'édification  de  leurs  frères  parle  moyen  du  Livre 
dont  j'ai  rapporté  le  titre,  et  qui  avait  été  publié  vers  la  fin  du 
siècle  passé  (1),  ou  au  commencement  de  celui-ci.  J'ai  une  édi- 
tion de  ce  livre  de  l'année  1602. 

«  C'est  un  recueil  qui  contient  non  seulement  un  grand 
nombre  d'oraisons  sur  divers  sujets,  composées  pour  servir  aux 
dévotions  particulières  des  Réformes,  et  dont  l'usage  leur  était 
ordinaire,  soit  dans  leurs  familles  soit  dans  leurs  cabinets  ou  ail- 
leurs; mais  encore  des  Prières  dont  les  Églises  de  France  se  ser- 
voient  publiquement  dans  leurs  Temples  (2),  des  paraphrasas  de 
plusieurs  pseaumes  ;  l'explication  de  l'Oraison  dominicale,  du  Sym- 
bole des  apôtres  et  des  Dix  Commandements  de  la  Loi,  et  plusieurs 
autres  excellentes  instructions  tirées  de  l'Écriture  Sainte  de  nos 
catéchismes  et  de  notre  Liturgie.  Mais  l'auteur  de  ce  recueil,  se 
proposant  sans  doute  ou  de  donner  le  moyen  aux  fidèles  de  s'en 
servir  en  des  temps  de  persécution  sans  craindre  la  vigilance  des 
inquisiteurs,  ou  de  mettre  entre  les  mains  de  ceux  de  la  com- 
munion de  Rome  même,  pour  leur  inspirer  adroitement  la 
vérité  et  la  piété,  ou  peut-être  les  deux  ensemble,  cet  auteur,  clis- 
je,  quel  qu'eût  été  son  dessein,  avoit  habillé  son  livre  à  la  Romaine 
Il  l'avait  publié  sous  le  nom  d'un  prêtre,  il  l'avait  muni  d'un  calen- 
drier (3),  il  avoit  parlé  et  dans  le  corps  de  l'ouvrage  et  dans  le  titre 
de  la  Salutation  Angélique  et  des  sept  Psaumes  pénitentiaux;  et  il 
avoit  pris  soin  dans  l'impression,  d'y  faire  mêler  en  divers  en- 
droits des  caractères  rouges  avec  les  noirs. 

«  Ces  personnes  pieuses  dont  j'ai  parlé,  ayant  recouvré  un 


(1)  La  première  édition  est  de  1585.  La  Bibl.  Nat.  en  possède  un  joli  exem- 
plaire en  maroquin  olive,  réglé,  ayant  appartenu  aux  capucins  de  Paris  (B.  N. 
invent.  D.  35007).  En  voici  le  titre  complet  :  Thrésar  des  prières,  oraisons  et 
Instructions  chrétiennes  pour  invoquer  Dieu  en  tout  temps,  avec  plusieurs 
sainctes  Méditations  et  Expositions  tant  sur  V  Oraison  dominicale,  la  Salutation 
Angélique,  les  articles  de  la  Foy,  les  Dix  commandemens  de  Dieu,  que  sur  les 
sept  pseaumes  pénitentiels  extraictes  tant  des  sainctes  escritures  que  des  saincts 
Pères  et  Docteurs  anciens  et  modernes  ensemble  un  calendrier  historial.  A 
Paris  pour  Guillaume  Auvray  rue  St-Jean-de-Beauvais  au  Bellerophon  cou- 
ronné, 1585.  —  Tlfaut  remarquer  que  cette  édition  ne  fait  pas  mention  du  nom 
de  l'auteur  supposé,  M.  J.  de  Ferrières,  curé  de  St-Nicolas-des-Champs  qui 
n'apparaît  que  dans  les  éditions  de  1602  et  1686. 

(2)  Y  compris  la  Confession  des  péchés  (p.  56)  précédée  d'un  préambule, 
comme  suit  :  «  Seigneur  Dieu  Père  Éternel  et  Tout  Puissant,  qui  ne  voulez 
pas  la  mort  du  pécheur  mais  qu'il  se  convertisse  et  qu'il  vive,  nous  confes- 
sons et  nous  reconnaissons  devant  votre  Sainte  Majesté...  »  Plus  loin  (p.  210) 
une  Oraison  très  dévote  pour  dire  principalement  le  jour  du  saint  Dimanche, 
par  laquelle  on  prie  Dieu  pour  tous  les  rois,  pri?ices,  évêques  et  pasteurs  de 
l'Église...  n'est  autre  que  la  prière  d'intercession  de  la  liturgie  calviniste. 

(3)  Ce  calendrier  historial  est  orné  de  12  figures  gravées  sur  bois  par  le 
petit  Bernard.  L'observateur  le  moins  superficiel  y  reconnaît  la  note  protes- 


DOCUMENTS 


545 


exemplaire  de  ce  livre,  crurent  que  sans  que  les  persécuteurs  s'en 
aperçussent  il  pourroit  servir  utilement  à  l'instruction  et  à  la  con- 
solation des  fidèles  qui  gémissoient  sous  l'inquisition  de  France. 
Dans  cette  pensée,  ils  le  retouchèrent  pour  l'accommoder  à  l'usage 
de  ce  temps  (  i  )échangeant  les  expressions  qui  avoient  le  plus  vieilli 
et  en  substituant  d'autres  à  leur  place.  Ils  firent  aussi  quelques 
petits  changements  dans  les  choses  même  et  pour  mieux  éblouir 
nos  ennemis,  ils  y  mêlèrent  quelqu'un  de  leurs  dogmes  les  moins 
dangereux;  comme  celui  du  Limbe  des  Pères,  dont  l'auteur 
n'avait  pas  parlé. 

«  Cela  fait,  ils  le  remettent  à  un  Libraire  de  Paris  à  qui  ils  ins- 
pirent de  le  réimprimer  (9).  Le  Libraire  le  fait  passer  par  l'examen 
de  deux  docteurs  de  la  Sorbonne  ;  ces  Docteurs  y  donnent  une 
approbation  extrêmement  avantageuse.  Ils  témoignent  qu'ils  l'ont 
lu  exactement,  que  la  doctrine  leur  en  a  paru  orthodoxe,  et  les  orai- 
sons d'autant  plus  propres  pour  l'usage  des  fidèles  qu'elles  sont 
toutes,  ou  tirées  mot  à  mot  de  l'Écriture  Sainte,  ou  composées 
de  ses  sentences  les  plus  choisies.  Ils  ajoutent  que  quoique  l'auteur 
ne  se  soit  pas  attaché  à  toutes  les  actions  de  la  Religion  catholique, 
ce  qui  relève  le  mérite  et  le  prix  de  son  Thrésor,  c'est  qu'il  apprend 
dans  le  détail  à  faire  saintement  beaucoup  d'actions  dont  il  n'est 

tante,  par  exemple,  à  la  fin  :  «  Supputation  des  années  depuis  la  création  du 
monde  jusqu'à  l'an  1585  selon  le  calcul  de  M.  Luther...  » 

Les  éphémérides  signalent  longuement  les  orages  et  autres  événements 
météorologiques  mais  ne  négligent  pas  les  faits  contemporains  qui  intéressent 
les  Réformés  : 

«  13  mars  1569,  Bataille  de  Gernac. 

«  10  juin  1512,  ce  iour  la  Royne  de  Navarre  décéda  en  la  ville  de  Paris,  rue 
de  Grenelles. 

«  18  juillet  1585.  Cemesme  iour  le  Roy  assistant  au  Palais  à  Paris  fut  aboly 
l'Edict  de  pacification  avec  ceuxde.la  Religion,  la  volonté  du  Roy  estant  qu'il 
n'y  eust  qu'une  religion. 

«  24  aoûst  1572  :  La  iournée  dite  Sainct-Barthélémy.  » 

(1)  Quelques-unes  de  ces  retouches  ne  sont  pas  de  pure  forme  et  l'on  sent 
que  la  doctrine  calviniste  a  perdu  sur  certains  points  de  sa  rigidité.  Ainsi 
l'édition  de  1585  dit  à  propos  de  la  Gène  :  «  La  table  de  N.  S.  nous  est  proposée 
sous  l'espèce  de  pain  et  de  vin,  par  lesquels  nous  recevons  vrayement  le 
corps  et  le  sang  du  Seigneur  Jésus,  d'autant  qu'estans  icy  en  terre,  nous 
montons  par  foy  au  ciel  jusques  à  luy,  et  estans  membres  de  son  corps,  nous 
sommes  faits  participans  de  tous  ses  biens.  »  En  1686  il  est  dit  :  «  Le  sainl- 
sacreroent  du  corps  et  du  sang  de  J.-G.  est  une  sainte  cérémonie  par  luy  ins- 
tituée la  veille  de  sa  mort  et  passion,  sous  les  espèces  du  pa  in  et  du  vin  pour 
estre  faite  en  mémoire  du  sacrifice  de  sa  croix,  par  lequel  tous  les  fidèles  sont 
faits  participans,  non  seulement  de  tous  les  bienfaits  de  J.-G.  mais  aussi  sont 
nourris  de  son  vray  et  substantiel  corps  et  sang  en  recevant  les  espèces 
visibles  du  pain  et  du  vin,  tellement  que  par  cette  sainte  communion,  non- 
sommes  faits  un  avec  luy,  et  incorporez  en  lui...  » 

(2)  Estienne  Lucas,  rue  Ghartière,  vis-à-vis  du  PuitsCerlam,  à  la  Bible- 
d'Or,  qui,  avant  la  Révocation  avait  une  boutique  à  Charenton  cl  édita  plu 
sieurs  Bibles  et  psautiers  huguenots. 

3b 


DOCUMENTS 


parlé  qu'en  général  dans  leurs  exercices  de  dévotion.  Enfin  ils 
déclarent  que  la  réimpression  de  ce  livre  ne  peut  être  que  très 
utile  (1).  Sur  cette  approbation  le  Roi  permet  de  le  réimprimer  par 
un  privilège  authentique  (2).  On  le  réimprime  donc  dans  Paris 
même  et  avec  approbation  et  privilège  du  Roi. 

«  Cette  nouvelle  édition  ne  parut  pas  plutôt  qu'on  en  débita 
une  infinité  d'Exemplaires  !  Ce  ne  furent  pas  seulement  les  Nou- 
veaux Convertis  qui  l'achetèrent;  les  anciens  catholiques  Romains 
voulurent  aussi  l'avoir  (3),  et  pas  un  d'eux  ne  trouva  rien  à  redire 
à  cet  ouvrage  ;  ils  en  parloient  tous  au  contraire,  comme  d'un 
ouvrage  excellent  et  rempli  de  piété  et  d'onction  :  si  bien  qu'il  se 
répandit  en  peu  de  temps  sans  aucun  obstacle,  et  dans  Paris  et 
dans  toutes  les  provinces  du  Royaume  (4). 

«  Mais  quelqu'un  ayant  enfin  remarqué,  que  ce  Thrésor  ne  ren- 
fermait que  les  richesses  de  la  Religion  réformée,  on  ne  le  regarda 
plus  avec  les  mêmes  yeux.  Ce  Thrésor  dont  l'éclat  avoit  d'abord 
frappé  tous  les  yeux,  et  dont  MM.  de  la  Sorbonne  avoient  eux- 
mêmes  si  fort  relevé  le  mérite  et  le  prix,  n'eut  plus  rien  de  riche 
ni  de  précieux;  il  n'eut  plus  rien  que  de  noir  et  de  funeste...  Ce 
fut  un  livre  pernicieux;  un  livre  enfin  qu'il  falloit  supprimer  pour 
cette  seule  raison,  qu'il  contenoit  la  religon  des  Réformes,  quoi- 
qu'au  fond  la  Doctrine,  et  les  maximes  en  fussent  pures  et  que  les 
pratiques  qui  y  éloient  enseignées  fussent  saintes  et  dignes  de  la 
Religion  chrétienne.  On  fit  en  effet  ce  que  l'on  put  pour  le  suppri- 
mer; on  en  défendit  la  lecture  comme  d'un  livre  de  magie  :  et  les 
curés  eurent  ordre  de  publier  ces  défenses  dans  leurs  prônes  et 
d'obliger  leurs  paroissiens  à  leur  apporter  tous  les  exemplaires  de 
ce  livre  qu'ils  auroient  en  leur  pouvoir. 

«  Dieu  permit  sans  doute  tout  ce  je  viens  de  dire,  soit  pour 
faire  éclater  la  pureté  de  la  Religion  réformée,  soit  pour  décou- 
vrir la  passion  et  l'aveuglement  des  Catholiques  Romains  ». 

Ajoutons  pour  finir,  que  l'innocent  artifice  dont  les 
éditeurs  de  1686  durent  se  servir  au  lendemain  de  la 

(1)  Ces  docteurs,  Varet  et  De  Rivière  pourraient  bien  avoir  été  complices 
de  la  pieuse  industrie  des  éditeurs  ;  ou  leur  nom  est-il  aussi  apocryphe  que 
celui  du  curé  Jean  de  Ferrières? 

(2)  Ce  privilège  est  daté  du  16  janvier  1686. 

(3)  L'exemplaire  de  la  B.  N.  est  relié  en  maroquin  rouge  aux  armes  de 
Louis  XIV.  (B.  N.  im.  D.  19370.) 

(4)  Le  pasteur  François  Murât  de  Grenoble  qui  avait  publié,  en  1688,  à 
St-Gall  un  manuel  de  piété  intitulé  Armes  de  Sion,  ou  prières  convenables 
pour  consoler  et  fortifier  les  fidèles  qui  gémissent  sous  la  croix,  le  réédita 
sous  un  titre  qui  rappelait  le  succès  du  volume  de  1686,  et  le  dénomma,  en 
de  nombreuses  réimpressions  :  Nouveau  Thrésor  de  prières  propres  en  tous 
tems  et  surtout  en  celui  de  l'affliction  de  l'Eglise. 


DOCUMENTS 


547 


Révocation  pour  fournir  un  livre  d'édification  à  leurs 
coreligionnaires  privés  de  temples  et  de  pasteurs  n'a  pas 
encore  cessé  d'abuser  les  lexicographes.  Dans  le  Diction- 
naire de  bibliographie  catholique  de  Migne,  le  Thrésor  de 
prières...  de  M.  J.  de  Ferrières  continue  à  figurer  au  cata- 
logue des  ouvrages  approuvés.  Il  n'est  pas  non  plus  à 
Y  Index  libiorum  prohibitorum  de  Rome.  Espérons  que  ces 
lignes  destinées  à  intéresser  quelques  bibliophiles  hugue- 
nots au  sort  des  rares  exemplaires  qui  en  subsistent 
n'attireront  pas  au  problématique  et  peut-être  inexistant 
curé  de  Saint-Nicolas-des-Champs  une  condamnation 
aussi  tardive  qu'imméritée. 

H.  Dannreuther. 


LES  TEMPLES  ET  LES  PASTEURS  DE  MOUCHAMPS 

Avant  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes. 

(1561-1685) 

LES  TEMPLES 

Le  culte  réformé  commença  à  être  célébré  publi- 
quement à  Mouchamps  au  mois  d'août  1561  (J),  mais  il 
est  difficile  de  dire  en  quel  endroit.  On  peut  supposer  que 
ce  fut  dans  l'église  paroissiale,  quoique  cela  ne  soit  pas 
prouvé.  En  tout  cas,  cet  édifice  ne  dut  pas  servir  bien 
longtemps  aux  protestants  sans  qu'ils  fussent  inquiétés, 
car  un  édit  du  mois  de  janvier  1562,  qui  leur  accordait 
une  certaine  liberté  de  réunion,  leur  défendait  de  s'assem- 
bler dans  les  anciennes  églises. 

C'est  probablement  à  ce  moment  que  le  seigneur  de 
Mouchamps,  Jean  de  Parthenay-Larchcvèque,  sieur  de 

(1)  Bibl.  liât.  VA  ,  1  7(î, :ï3tl  :  Fachun  pour  let habitants  dé  Mouchamps  /'(lisant 
profession  delà  II.  V.  H.  —  Lièvre  :  Mist.  des  protestants  ti  des  Églises  réf 
mées  du  Poitou,  I,  SX. 


548 


DOCUMENTS 


Soubize  (1),  qui  s'était  déclaré  publiquement  pour  la 
Réforme  (2),  lit  fermer  l'église,  dont  il  pouvait  bien  se 
croire  propriétaire,  puisqu'elle  se  trouvait  dans  l'enceinte 
d'un  château  lui  appartenant  (3).  Tout  porte  à  croire, 
cependant,  que  les  réformés,  qui  formaient  alors  la  très 
grande  majorité  de  la  population  de  la  paroisse,  ne  tar- 
dèrent pas  à  utiliser  l'église  comme  lieu  de  culte.  Ils  en 
jouirent  une  soixantaine  d'années,  mais  pas  toujours 
librement,  en  particulier  après  la  Saint-Barthélémy. 

D'après  une  factum  fourni  par  le  syndic  du  clergé  du 
diocèse  de  Luçon,  quelques  années  avant  la  révocation  de 
l'édit  de  Nantes,  pour  faire  interdire  l'exercice  du  culte 
réformé  à  Mouchamps,  cet  édifice  aurait  même  été,  à  la 
fin  du  xvie  siècle,  soumis  au  simultaneum,  c'est-à-dire 
qu'il  aurait  servi  à  la  fois  au  culte  catholique  et  au  culte 
protestant,  et  cela  du  consentement  du  prieur-curé  (4). 
Toutefois  cette  double  affectation  ne  dut  être  qu'excep- 
tionnelle. 

C'est  dans  l'église  devenue  temple,  que  le  lundi 
2  septembre  1566,  fut  inhumé  Soubize,  seigneur  de  la 
paroisse,  mort  en  chrétien,  la  veille,  au  château  du 
Parc  (5). 

Les  protestants  jouissaient  encore  de  l'église  au  mois 
d'octobre  1621,  lorsque  le  grand  vicaire  de  l'évêque  de 
Luçon  vinten  prendre  possession,  la  réconcilier  et  chanter 
«  en  icelle  la  première  messe  »  (6).  Ce  représentant  de 
l'évêque  laissa  derrière  lui  un  curé,  Isaac  de  Ringère,  qui 
fut  chargé  d'officier  dans  l'église  rebénite;  mais  ce  prêtre 
ne  tarda  pas  à  être  inquiété  par  les  réformés  qui,  dès  le 
mois  de  mars  de  l'année  suivante,  le  firent  prisonnier  et 

(1)  Soubize  près  Rochefort. 

(2)  Jules  Bonnet  :  Mémoires  de  la  vie  de  Jean  de  Parthenay-Larchevêque, 
sieur  de  Soubize,  pages  43  à  50. 

(3)  Lièvre  :  Hist.  des  prot.  du  Poitou,  I,  134-135. 

(4)  Bibl.  de  Poitiers,  Dom  Fonteneau,  XIV,  "45  :  Factum  pour  le  syndic 
du  clergé  du  diocèse  de  Luçon. 

(5)  Jules  Bonnet  :  Mémoires  de  la  vie  de  Jean  Parthenay-Larchevêque,  sieur 
de  Soubize,  98;  Bulletin  delà  Soc.  de  l'hist.  du  prot.  franc,  XIII,  311  :  Testa- 
ment d'Antoinette  d'Aubeterre. 

(6)  Mercure  de  France,  1622,  VIII,  491-492. 


DOCUMENTS 


le  menèrent  lié  à  la  Chaize-le-Vicomte,  où  se  trouvait  une 
armée  protestante,  conduite  par  Benjamin  de  Rohan- 
Soubize,  petit-fils  de  l'ancien  seigneur  de  Mouchamps. 
On  l'y  retint  six  jours,  après  quoi  il  fut  mis  en  liberté. 

Revenu  à  Mouchamps,  de  Ringère  continua  à  dire  la 
messe;  mais,  à  la  fin  de  Tannée,  l'exercice  de  son  minis- 
tère fut  encore  troublé.  La  veille  de  Noël,  en  effet,  les 


Eglise  dans  laquelle  les  réformés  célébrèrent  leur  culte  jusqu'en  1621. 

protestants,  maîtres  du  château,  refusèrent  d'en  ouvrir 
les  portes  aux  catholiques  qui  voulaient  aller  entendre  les 
matines  et  la  messe  de  minuit;  le  lendemain,  le  mardi 
suivant  et  le  premier  jour  de  l'an  1623,  ils  causèrent  du 
désordre  en  allant  dans  l'église  faire  des  «  insolences  » 
aux  fidèles  assemblés  et  des  «  menaces  »  au  curé,  qui  fui 
obligé  de  se  retirer  (1). 

(1)  Arch.  de  la  mairie  de  Moucliauqis  :  reg.  tenu  par  le  clergé  cath.  de 
1621  à  lfifi9. 


550 


DOCUMENTS 


Sur  les  instances  de  ce  dernier,  le  cardinal  de  Richelieu, 
évêque  de  Luçoo,  en  porta  plainte,  et  par  arrêt  du 
13  février  1623,  le  conseil  privé  du  roi  ordonna  de  faire 
assigner  à  comparaître  devant  lui  dame  Catherine  de 
Parthenay,  douairière  deRohan,  devenue  propriétaire  du 
château  de  Mouchamps  depuis  la  mort  de  Soubize,  son 
père,  en  1566.  Celle-ci  refusa  d'obéir  à  cette  assignation 
et  demanda  par  requête  du  17  juillet  1624  à  porter  l'af- 
faire devant  le  Parlement  de  Paris,  chambre  de  l'édit. 

Mais  Richelieu,  qui  dominait  déjà  au  conseil  royal  (1), 
fît  décider  que  l'opposante  serait  appelée  devant  ce  conseil 
pour  fournir  ses  moyens.  Comme  elle  ne  comparut  pas  et 
ne  fît  rien  produire,  un  arrêt  donné  par  forclusion,  le 
11  septembre  1624,  ordonna  le  rétablissement  de  la 
messe  dans  l'église  de  Mouchamps,  défendit  à  Mme  de 
Rohan  et  aux  réformés  de  «  troublez  et  empescher  le  curé 
dudit  lieu  et  autres  prêtres  qui  y  seroient  employez  en  la 
célébration  du  service  divin,  jouissance  de  leurs  béné- 
fices et  perception  des  dixmes  ». 

La  douairière  de  Rohan  ne  se  conforma  pas  immédia- 
tement à  cette  ordonnance,  car  le  conseil  privé  dut 
prendre,  le  27  mars  1626,  un  nouvel  arrêt  pour  faire 
exécuter  celui  du  H  septembre  1624  (2).  Vraisembla- 
blement, le  culte  romain  ne  fut  rétabli  dans  l'église  qu'un 
peu  plus  tard. 

Définitivement  dépossédés  de  l'église  en  1628,  les 
protestants  se  bâtirent  un  temple  (3)  sur  lequel  voici 
quelques  détails  : 

Le  temple  érigé  à  cette  époque  était  placé  sur  un 
terrain  situé  entre  la  rue  principale  du  bourg,  la  route  de 
Rochetrejoux,  la  petite  rue  qui  part  de  cette  route  pour 
descendre  en  dessous  de  l'église  et  une  autre  rue  partant 
de  cette  dernière  pour  remonter  à  la  rue  principale,  à 

(1)  Il  avait  obtenu  le  chapeau  de  cardinal  en  1622  et  était  entré  au  minis- 
tère en  1624. 

(2)  Filleau.  Décisions  catholiques,  édition  de  1668,  161-162  :  Arrêt  du  conseil 
privé  du  roi  contre  Mme  de  Rohan  et  les  religionnaires  de  Mouchamps  pour  le 
rétablissement  du  service  divin  à  Mouchamps,  27  mars  1626. 

(3)  Lièvre,  Rist.  des  protestants  du  Poitou,  I,  309. 


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551 


côté  de  la  maison  de  M.  Bordron.  Son  emplacement  est 
actuellement  occupé  par  les  bâtiments  de  M.  Lucas. 

Au  nord-est  du  temple,  un  terrain  (actuellement  le 
pré  de  M.  Moreau)  fut  converti  en  lieu  de  sépulture  pour 
les  protestauts.  Plus  tard,  en  1673,  le  Consistoire  se 
rendra  acquéreur  d'une  maison  et  de  ses  dépendances 
situées  au  sud-ouest  (1). 

Le  temple  avait  deux  portes,  l'une  donnant  sur  un 
emplacement  laissé  libre  du  côté  de  la  rue  principale  et 
l'autre  sur  la  rue  qui  relie  cette  dernière  à  la  route  de 
Rochetrejoux.  Il  était  établi  sur  plancher  et  couvert  de 
tuiles.  Auprès  de  chaque  porte  était  une  «  boëte  »  (tronc) 
fermant  à  clef,  où  les  fidèles  déposaient  leurs  dons.  Une 
«  chaize  »  (chaire),  sur  laquelle  se  trouvait  une  Bible 
recouverte  de  cuir  et  des  bancs  composaient  tout  le  mobi- 
lier de  ce  simple  édifice  ;  mais  sur  le  fronton  extérieur  du 
temple,  ou  à  côté,  existait  une  cloche  destinée  à  appeler 
les  fidèles  au  service  divin.  Le  clocher,  ou  l'appui  qui 
en  tenait  lieu,  ne  devait  pas  être  très  élevé  :  il  ne  fallait 
que  cinq  «  brasses  »  de  corde  (environ  8  m.  50)  pour 
sonner  la  cloche.  Le  culte  était  célébré  dans  ce  temple 
tous  les  dimanches  et  quelquefois  le  jeudi.  La  cène  y  était 
généralement  distribuée  tous  les  trimestres,  deux  diman- 
ches de  suite.  Les  époques  de  communion  étaient  Noël, 
Pâques,  fin  de  juin  et  fin  de  septembre.  On  communiait 
le  dimanche  d'avant  et  le  dimanche  d'après  la  fête  de 
Noël,  plutôt  que  le  jour  même.  Un  «  plat  »  pour  les 
offrandes  était  placé  à  côté  de  la  table  de  communion  ou 
sur  la  table  même  (2). 

En  vertu  d'un  arrêt  du  6  août  1665,  presque  tous  les 
temples  du  Bas-Poitou  furent  démolis;  il  ne  resta  que 
ceux  de  Mouchamps  et  de  Pouzauges. 

Pendant  un  séjour  qu'il  fit  à  Paris  en  1682  et  1683, 
de  Barillon,  évêque  de  Luçon,  obtint  la  démolition  du 

(1)  Arch.  départ,  de  la  Vendée,  série  I  :  Contrat  do  rétrocession  an  Consis- 
toire d'nne  maison  située  prés  du  temple  ;  —  série  (i  :  Titres  de  L'ancien 
prieuré  de  Mouchamps. 

(2)  Arch.  départ,  de  la  Vendée,  I  :  Cahiers  de  recettes  et  dépenses  du  cou 
gistoire  de  Mouchamps. 


DOCUMENTS 


temple  de  Mouehamps  et  la  translation  de  celui  de  Pou- 
zauges. 11  comptait  beaucoup,  pour  ramener  les  protes- 
tants, sur  le  chagrin  que  leur  causaient  ses  vexations  (1). 
L'arrêt  ordonnant  la  démolition  du  temple  de  Mouehamps 
fut  rendu  en  Conseil  d'État  du  roi  tenu  à  Versailles,  le 
11  janvier  1683;  il  portait  que  le  temple  devait  être 
démoli  par  les  protestants  eux-mêmes  dans  le  délai  de 
deux  mois,  sinon  le  roi  autorisait  le  syndic  du  clergé  à  le 
faire  abattre  et  à  prélever  les  frais  de  démolition  sur  le 
produit  de  la  vente  des  matériaux.  L'arrêt  fut  signifié  aux 
anciens  du  consistoire  de  Mouehamps  le  29  janvier  1683 
par  Robin,  archer  et  huissier,  demeurant  à  Fontenay  (2). 
C'est  le  28  janvier  1683,  un  jeudi,  qu'eut  lieu  pour  la 
dernière  fois,  dans  le  temple,  la  célébration  du  service 
divin.  La  cloche  fut  descendue  le  6  février  suivant.  Les 
protestants  procédèrent  eux-mêmes  à  la  démolition  et 
disposèrent  des  matériaux. 

Vers  la  fin  de  juin  1683,  les  habitants  des  localités 
situées  sur  le  chemin  de  Mouehamps  à  Pouzauges  purent 
voir  passer  huit  charrettes  à  bœufs  chargées  de  bois  de 
charpente  que  des  métayers  protestants  de  nos  environs 
conduisaient  à  Pouzauges.  Ces  métayers  étaient  ceux 
de  la  Rajolière,  de  la  Pagerie,  de  la  Brechoire,  de  la 
Barillère,  de  la  Bretaudrie.  des  Forges,  de  la  Maison- 
neuve  et  d'Algon.  Au  commencement  du  mois  de  juillet 
suivant,  les  métayers  des  Coudrais,  des  Boudaudries,  de 
la  Mothe  et  des  Forges  firent  d'autres  charrois  à  Pou- 
zauges (3).  Tous  ces  braves  cultivateurs  allaient  conduire 
des  matériaux  provenant  de  la  démolition  du  temple  de 
Mouehamps  et  que  les  fidèles  de  cette  malheureuse  Eglise 
avaient  donnés  à  leurs  coreligionnaires  de  Pouzauges 

(1)  Lièvre  :  Hist.  desprot.  du  Poitou,  II,  137-138. 

(2)  Arch.  départ,  de  la  Vendée,  série  I  :  Arrêt  du  Conseil  d'Etat,  du  11  janv. 
1683,  interdisant  l'exercice  du  culte  à  Mouehamps  et  ordonnant  la  démolition 
du  temple  de  cette  localité. 

(3)  La  Rajolière,  la  Pagerie  et  les  Coudrais,  commune  de  Mouehamps;  la 
Brechoire,  la  Barillère,  la  Bretaudrie,  les  Forges  et  la  Maison-Neuve,  com.  de 
Rochetrejoux;  Algon  et  la  Mothe,  com.  de  St-Prouant;  les  Boudaudries,  Com. 
de  St-Germain. 


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pour  reconstruire  leur  temple  dont  la  translation  avait 
été  ordonnée.  Les  charrois  étaient  faits  gratuitement;  il 
était  seulement  alloué  vingt  sous  par  charrette  pour 
indemniser  les  bouviers  de  leurs  dépenses  en  cours  de 
route. 

On  ne  vendit  en  fait  de  matériaux  provenant  de  la 
démolition  du  temple  de  Mouchamps  que  quelques  pierres 
de  taille,  400  briques,  un  reste  de  bois  de  charpente,  de 
mauvaises  planches,  une  porte  et  de  la  pierre  à  bâtir 


Temple  bâti  en  1806,  reconstruit  presque  totalement  en  1833. 


qu'on  donna  à  quatre  sous  la  charretée.  Le  produit  de  la 
vente  fut  distribué  aux  pauvres. 

Après  la  suppression  de  l'exercice  du  culte  à  Mou- 
champs,  et  jusqu'au  mois  d'août  1685,  époque  où  fut 
démoli  le  nouveau  temple  de  Pouzauges,  notre  Eglise  fut 
rattachée  à  celle  de  cette  dernière  localilé.  Un  certain 
nombre  de  fidèles  se  rendaient  à  Pouzauges  pour  assister 
au  service  divin,  principalement  les  jours  de  communion. 
Ils  contribuaient  aux  frais  de  culte  et  les  anciens  de  Pou- 
zauges prélevaient  sur  leurs  recettes  une  certaine  somme 
pour  les  pauvres  de  Mouchamps  (1). 

(i)  Areh.  départ,  de  la  Vendre,  série  I  :  Cahiers  de  recettes  et  dépenses 
du  Consistoire;  —  Quittance  de  l'hôpital  de  Luçon,  1688. 


554 


DOCUMENTS 


Après  la  Révocation,  tous  les  biens  du  Consistoire  de 
Mouchamps  furent  confisqués  et  attribués  à  l'hôpital 
général  de  Luçon  par  déclaration  du  roi.  Ces  biens  com- 
prenaient :  l'emplacement  du  temple,  une  maison  et  ses 
dépendances  situées  à  côté,  un  petit  jardin,  le  fief  de 
vigne  des  Plantes,  contenant  alors  cinquante  journaux, 
et  une  pièce  de  terre  y  touchant,  d'une  superficie  de  cinq 
boisselées,  qui  servait  de  cimetière  aux  réformés  (1).  Le 
petit  cimetière  qui  touchait  le  temple  fut  purifié  et  béni 
par  le  prieur-curé  de  Mouchamps  qui  en  fit  un  cimetière 
catholique  en  octobre  1686  (2). 

Ici  finit  l'histoire  du  dernier  temple  de  Mouchamps 
avant  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes.  Pendant  123  ans 
après  sa  démolition,  nos  aïeux  n'eurent  d'autres  lieux  de 
culte  que  le  «  désert  »,  car  c'est  seulement  en  1806  qu'ils 
purent  s'édifier  une  maison  de  prière. 

LES  PASTEURS 

Le  premier  pasteur  de  Mouchamps  connu  est  Jean 
Loubat,  dit  Baptiste,  originaire  du  Midi,  qu'on  trouve  à 
partir  de  1572. 

À  la  nouvelle  de  la  Saint-Barthélemy,  il  se  réfugia  au 
château  du  Parc-Soubise,  où  il  mourut  le  8  avril  de 
l'année  suivante  (3). 

De  la  Fayolle,  ministre  de  Coulonges  et  de  Mouille- 
ron,  vint  momentanément  prendre  la  place  de  Baptiste 
dans  les  derniers  jours  de  juillet  1574,  et  fit,  quelques 
semaines  après,  plusieurs  baptêmes  «  dans  la  grange  du 
Fief-Goyau,  le  plus  secrètement  possible  ».  En  cette  même 
année  les  troubles  causés  par  une  nouvelle  guerre  disper- 
sèrent les  fidèles  de  Mouchamps  et  d'autres  églises. 

(1)  Arch.  départ,  série  I  :  Jugement  rendu  par  Lamoignon  de  Basville,  inten- 
dant du  Poitou,  contre  les  anciens  de  Mouchamps,  le  23  juin  1685  ;  —  Série  G  : 
Acte  d'abandon,  par  l'hôpital  de  Luçon,  aux  pauvres  de  Mouchamps,  de  divers 
immeubles  ayant  appartenu  au  Consistoire  de  cette  dernière  localité,  du 
7  juin  1697;  —  Titre  nouvel  de  rente,  du  17  mai  1784. 

(2)  Arch.  de  la  mairie  de  Mouchamps  :  Acte  de  sépult.  du  15  oct.  1686. 

(3)  Benjamin  Fillon  :  Lettres  écrites  de  la  Vendée  à  Anatole  de  Montai- 
r/lon,  1861  ;  —  Lièvre,  Hist.  des  prot.  du  Poitou,  I,  186. 


DOCUMENTS 


555 


Ceux  de  ces  fidèles  qui  en  avaient  les  moyens  se  reti- 
rèrent à  la  Rochelle,  et  de  la  Fayolle  se  cacha  de  nou- 
veau au  château  du  Parc,  où  il  continua  à  baptiser  en 
secret  (1), 

Dominique  de  Losses,  dit  la  Touche,  pasteur  à  Saint- 
Fulgent  depuis  1570,  se  rendit  à  la  Rochelle  à  la  nouvelle 
delà  Saint-Barthélemy.  [1  était  revenu  à  Saint-Fulgent  en 
1576,  époque  où  il  devint  pasteur  de  Mouchamps  par 
suite  d'un  arrangement  conclu  entre  notre  Eglise  et  celle 
de  Saint-Fulgent.  Par  cet  arrangement,  cette  dernière 
Eglise  consentait  à  prêter  son  pasteur  à  celle  de  Mou- 
champs  qui  devait  contribuer  pour  un  tiers  à  son  entretien 
et  l'envoyer  chercher  les  jours  où  il  prêcherait  à  Mou- 
champs. 

Ces  dispositions  venaient  d'être  prises,  lorsque  le  22 
décembre  suivant  la  Touche  fut  obligé  de  s'enfuir  pour 
pourvoir  à  sa  sécurité.  Il  revint  à  son  poste  vers  la  fin  de 
l'année  1577. 

L'Eglise  de  Mouchamps  étant  de  beaucoup  plus  nom- 
breuse que  celle  de  Saint-Fulgent,  demanda  au  synode 
de  Sainte-Foy,  en  1578,  que  le  pasteur  vînt  résider  à 
Mouchamps,  ce  qui  fut  accordé  un  peu  plus  tard  (2). 

De  Losses  desservait  aussi  les  Herbiers  en  1598.  Vers 
la  même  époque  il  célébrait  même  un  culte  dans  la  mai- 
son fortifiée  de  la  Boucherie  (paroisse  des  Landes-Genus- 
son). 

La  Touche  fut  un  des  pasteurs  les  plus  considérés  de 
son  temps.  En  1588,  le  Poitou  l'envoya  àl'assemblée  politi- 
que delaRochelle,  et,  en  1596,  ausynode  national  de  Sau- 
mur,dont  il  fut  élu  modérateur  (3). En  mai  1598,  Madame, 
sœur  du  roi  Henri  IV,  demanda  au  synode  national  de 
Montpellier  que  de  Losses  fut  donné  à  l'Eglise  recueillie 
dans  sa  maison  au  Louvre  «  pour  y  servir  quatre  mois  de 
l'année  »,  ce  qui  lui  fut  accordé.  Mais  ce  pasteur,  donnant 
comme  excuse  une  indisposition,  n'accepta  pas  celle 


(1)  Lièvre,  Hist,  des  pvot.  du  Poitou,  I,  186-187. 

(2)  Lièvre,  fîist.  des  prot.  du  Poitou,  I,  203-204, 
(S)  Lièvre,  llis/.  des  prot.  du  Poitou,  III,  801. 


556  DOCUMENTS 

charge  et  le  synode  du  Poitou,  réuni  à  Sain t-Maixent  trois 
mois  plus  tard,  décida  d'envoyer  par  écrit  au  Consistoire 
de  l'Eglise  de  Madame  «  les  vallables  excu/es  du  dict  sieur 
de  la  Tousche  ».  Ce  synode  provincial  substitua  la  Touche 
à  Hénard,  décédé,  comme  membre  de  la  commission 
chargée  de  réviser  la  discipline. 

De  Losses  prêcha  bien  par  occasion  à  Paris,  au  Louvre 
même,  devant  les  seigneurs  et  dames  huguenots  de  la 
cour,  notamment  en  décembre  1598  et  dans  le  dernier 
trimestre  de  l'année  suivante,  mais  il  ne  voulut  pas  aban- 
donner l'Eglise  de  Mouchamps  à  la  tête  de  laquelle  il  était 
encore  en  1608  (1).  11  avait  épousé,  à  Loudun,  en  1572, 
Madeleine  Moreau  qui  lui  donna  deux  fils  et  une  fille.  Les 
fils  étudièrent  la  théologie  et  la  fille  épousa  Crozé,  pas- 
teur à  Civray. 

Dans  ses  moments  de  loisir,  de  Losses  se  livrait  à  la 
peinture.  En  1630,  on  pouvait  encore  voir  au  Parc-Sou- 
bize  deux  portraits  d'enfants  de  la  famille  de  Rohan, 
exécutés  par  ce  pasteur  (2). 

Sibilleau.  Pendant  l'absence  du  pasteur  de  Losses,  en 
1576  et  1577,  l'Église  de  Mouchamps  fut  visitée  par  un 
nommé  Sibilleau.  Le  10  septembre  1577,  la  prédication 
publique  de  ce  pasteur  fut  suivie  du  baptême  de  vingt- 
neuf  enfants  (3), 

René  de  Losses,  sieur  de  la  Touche,  fils  aîné  de  Domi- 
nique de  Losses  et  de  Madeleine  Moreau,  fit  ses  études  à 
Sedan,  aux  frais  de  la  province  de  l'Ile-de-France.  Il  fut 
pasteur  à  Compiègne  et  à  Blain  avant  de  venir  succéder  à 
son  père,  à  Mouchamps,  où  on  le  trouve  de  1616  à 
1637  (4). 

Jean  Gresland,  pasteur  à  la  Chaume,  près  des  Sables- 

(J)  Auzière  et  Teissier  :  Liste  manuscrite  des  pasteurs,  conservée  àlaBibl. 
de  la  Soc.  de  l'hist.  du  protestantisme  français,  à  Paris;  Lièvre,  Hist.  des  prot. 
du  Poitou,  III,  301. 

(2)  Merland  :  Biographies  vendéennes,  art.  Catherine  de  Parthenay. 

(3)  Factum  pour  le  syndic  du  clergé  du  diocèse  de  Luçon  ;  Lièvre,  Hist.  des 
prot.  du  Poitou,  I,  203. 

(4)  Lièvre,  Hist.  des  prot.  du  Poitou,  III,  301;  —  Auzière  et  Teissier  :  Liste 
manuscrite  des  pasteurs. 


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d'Olonne,  en  1635  et  1637,  paraît  comme  pasteur  de  Mou- 
champs  à  partir  du  mois  de  juin  1649,  mais  il  devait 
l'être  auparavant.  A  cette  époque  il  avait  une  fille  nommée 
Judith.  Gresland  était  encore  pasteur  de  notre  Église  à  sa 
mort  arrivée  vers  le  milieu  de  l'année  1676  (1). 

Vincent.  L'âge  ralentissait-il  l'activité  de  Gresland  dès 
l'année  1671?  On  serait  porté  à  le  croire  car  à  cette  épo- 
que un  collègue,  le  nommé  Vincent,  lui  est  associé  pour 
desservir  l'église.  Ce  pasteur  resta  à  Mouchamps  jusqu'au 
mois  d'octobre  1675  (2). 

Jean  Farcy,  pasteur  à  Mouchamps  en  1675,  y  était 
encore  auprintemps  del'année  1682.  Depuis  quatre  ans,  un 
second  pasteur,  Matthieu  Souverain,  lui  avait  été  adjoint; 
mais  ce  collègue  ayant  du  cesser  ses  fonctions,  Farcy  se 
trouva  seul  à  un  moment  où  la  maladie  l'empêchait  de 
continuer  son  ministère.  Il  demanda  un  congé  qui  lui  fut 
accordé  par  le  synode  provincial  réuni  à  Thouars  le  22 
avril  1682  et  jours  suivants. 

Voici  ce  que  disent  les  actes  de  ce  synode  à  son  su- 
jet : 

«  Les  députez  de  l'Eglise  de  Mouchamps  ayant  repré- 
senté au  synode  que  Mr.  Farcy,  l'un  de  leurs  ministres, 
leur  ayant  demandé  son  congé  depuis  peu  de  temps,  à 
cause  de  ses  grandes  incommoditez,  il  pleust  à  la  compa- 
gnie de  pourvoir  à  l'édification  de  leur  Église  en  mettant 
un  autre  ministre  à  sa  place. 

«  La  compagnie  voyant  avec  beaucoup  de  déplaisir  que 
Testât  dudit  M1  Farcy  l'empesche  de  faire  les  fonctions  de 
son  ministère  a  été  d'avis  qu'on  luy  accorde  son  congé 
avec  les  thémoignages  qu'on  donne  ordinairement  à  ceux 
qui  se  sont  acquittez  fidèlement  de  leur  charge  »  (3).  Au 

(1)  Contrat  do  mariage,  pièce  de  ma  collection;  Auzièiv  et  Teissier  :  Liste 
manusc.  des  past.  ;  Arch.  départ,  de  la  Vendée,  Série  I  :  Cahiers  de  recolles  et 
dépenses  du  Consist.  de  Mouchamps. 

(2)  Arch.  départ,  de  la  Vendée,  I  :  cahiers  de  recettes  el  dépenses  du  Cou 
sistoire. 

(3)  Auzièrc  et  Teissier  :  Liste  manuscrite  des  past.:  —  Areh.  départ,  delà 
Vendée,  série  I  :  Actes  du  synode  de  Thouars. 


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printemps  de  l'année  1680,  Farcy  élait  allé  en  Bretagne 
avec  sa  femme  (1). 

Matthieu  Souverain.  Le  synode  de  Thouars,  qui  avait  à 
pourvoir  au  service  de  l'Eglise  de  Mouchamps,  devait  aussi 
prendre  une  décision  au  sujet  de  Matthieu  Souverain,  ori- 
ginaire du  Bas-Languedoc,  pasteur  accordé  à  notre  Église 
par  le  synode  provincial  de  Melle  en  1678,  lequel  était 
accusé  d'avoir  plusieurs  opinions  contraires  à  la  parole 
de  Dieu  et  à  la  doctrine  de  nos  Eglises. 

Après  une  enquête  minutieuse,  cette  assemblée  déposa 
Souverain  et  chargea  les  ministres  Bernardeau  et  Pallardy 
de  venir  à  Mouchamps  annoncer  cette  révocation  du  haut 
de  la  chaire.  Les  fidèles,  soit  qu'ils  partageassent  les  idées 
de  leur  pasteur,  soit  qu'ils  ne  comprissent  rien  aux  dis- 
tinctions des  théologiens,  apprirent  avec  peine  la  décision 
du  synode,  et  le  consistoire,  prenant  fait  et  cause  pour  un 
conducteur  aimé,  refusa  de  livrer  ses  registres  sur  lesquels 
on  voulait  transcrire  l'acte  de  déposition  (2).  L'année  sui- 
vante, au  mois  de  juin,  Souverain  se  présenta  au  synode 
de  Fontenay  pour  se  défendre,  mais  après  l'avoir  entendu 
cette  assemblé  ne  vit  en  lui  «  aucune  marque  de  repen- 
tance,  mais  plusieurs  marques  de  fierté  et  d'obstination  » 
et  le  jugea  digne  de  blâme.  Elle  l'engagea  à  lire  l'Ecriture 
avec  un  esprit  d'humilité  et  de  prière  et  à  ne  plus  troubler 
nos  Eglises  (3).  En  1685,  Souverain  passa  en  Hollande  et 
ensuite  en  Grande-Bretagne,  où  il  obtint  une  place  dans 
l'église  anglicane.  Il  mourut  dans  cette  contrée  avant 
la  fin  du  siècle.  Outre  une  dissertation  sur  l'évangile 
selon  saint  Jean,  restée  inédite,  on  a  de  lui  Le  Platonisme 
dévoilé  ou  Essai  sur  le  Verbe  platonicien,  publié  à  Cologne 
en  1700  (4). 

Les  représentants  de  l'Eglise  de  Mouchamps  au  synode 
de  Thouars  n'eurent  pas  seulement  à  prendre  acte  du  congé 

(lj.Arch.  départ,  delà  Vendée,  série  E  :  Lettre  signée  Ravenel,  écrite  de 
Paris  à  de  Ramsay,  ancien  du  Consist.  de  Mouchamps. 

(2)  Actes  du  synode  de  Thouars;  —  Actes  du  synode  de  Fontenay,  copie, 
pièce  de  ma  collection. 

(3)  Actes  du  synode  de  Fontenay. 

(4)  Lièvre,  Hist,  des  prot.  du  Poilou,  III,  302-303. 


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accordé  au  pasteur  Farcy  et  de  la  déposition  du  pasteur 
Souverain,  mais  encore  de  la  décision  de  cette  assemblée 
accordant  à  leur  Eglise  les  pasteurs  Bar  et  Pineau  qu'ils 
lui  présentèrent  (i). 

Zacharie  Bar  était  pasteur  dans  la  maison  de  Mr  de  la 
Forêt-Bironnière  (2),  lequel  devait  faire  célébrer  le  culte 
au  bourg  de  la  Jaudonnière,  qui  était  en  partie  sous  sa 
dépendance  (3).  Bar  fut  accordé  par  prêt  à  l'Eglise  de 
Mouchamps,  dans  laquelle  il  exerça  le  ministère  avec  le 
pasteur  Pineau  jusqu'à  la  démolition  du  temple  en  1683; 
ses  enfants  furent  retournés  à  la  Jaudonnière,  aux  frais  de 
notre  Église,,  le  11  février  1683  (4).  Au  mois  de  juin  de  la 
même  année,  le  synode  du  Poitou,  réuni  à  Fontenay,  auto- 
risa l'Eglise  de  Pouzauges  à  prendre  Bar  pour  remplacer 
momentanément  Mr  Bobineau,  son  pasteur,  malade  (5). 
La  maison  qu'occupait  Bar,  à  Mouchamps,  appartenait  à 
un  M1'  Bavenel  (6). 

Pierre  Pineau,  pasteur  dans  lamaisonde  M1'  de  Payré, 
près  Parthenay,  en  1678,  avait  été  reçu  devant  le  synode 
d'Anjou  tenu  à  Saumur,  l'année  précédente,  le  28  octobre 
et  jours  suivants  (7).  Comme  son  collègue  Bar,  il  fut  prêté 
à  l'Eglise  de  Mouchamps  par  le  synode  de  Thouars,  et, 
comme  lui,  resta  dans  cette  Eglise  jusqu'au  moment  de  la 
démolition  du  temple.  La  dernière  fois  qu'il  est  fait  men- 
tion de  ce  pasteur,  le  27  avril  1683,  il  se  trouvait  au 
Chaillou,  maison  de  maître  de  la  paroisse  du  Boupère  (8). 

Bar  et  Pineau  sont  les  deux  derniers  pasteurs  de 
Mouchamps  avant  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes. 

B.  Sarazin. 

Mouchamps,  le  21  février  1909. 

(1)  Actes  du  synode  de  Thouars. 

(2)  Le  château  de  la  Bironnière,  commune  de  St-Martin-Lars,  est  situé  entre 
la  Jaudonnière  et  Ste-Ilermine. 

(3)  Lièvre,  Hisf.  des  j>rot.  du  Poitou,  111,  293. 

(4)  Cahiers  de  recettes  et  dépenses  du  Consistoire. 

(5)  Actes  du  synode  do  Fontenay. 

(6)  Cahiers  de  recettes  et  dépenses  du  Consistoire. 

(7)  Amière  et  Teissier  :  Liste  manuscrite  des  pasteurs; 

(8)  Actes  du  synode  de  Thouars;  —  Cahiers  île  recettes  ci  dépenses  du 
Consistoire. 


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EXTRAIT  D'UN  MÉMOIRE  SUR  LE  DIOCÈSE  DE  CASTRES  (i) 

(1674  ou  1675). 

Ceux  de  la  R.  P.  R.  ont  l'exercice  de  leur  religion  dans  les 
deux  quartiers  de  la  ville  que  la  rivière  sépare  :  Ils  sont  main- 
tenus par  un  jugement  contradre  de  Mrs  les  commissaires  en 
celluy  de  Castres  et  il  y  a  partage  pour  celluy  de  Villegoudou. 
Castres  entretient  4  ministres  :  il  n'y  en  a  présentement  que 
trois  et  un  quatrième  qui  sert  par  prest,  en  attendant  le  synode 
prochain  qui  en  donnera  un  quatrième  sur  la  nominaôn  de  l'église 
qui,  en  de  telles  occasions  a  accoustumé  de  s'assembler  dans  les 
temples  par  l'ordre  des  consuls  et  du  consistre;  et  ce  sont  les 
consuls  qui  président  dans  l'assemblée. 

Castres  (pour  dire  quelque  chose  de  leur  gouvernement  ecclé- 
siastique) est  chef  du  colloque  qu'ils  appellent  d'Albigeois.  Col- 
loque est  un  certain  nombre  d'églises  voisines  qui  avoient 
accoustumé  de  s'assembler  fort  souvent  et  suivant  les  ocasions 
pour  vuider  les  appellations  des  consistoires  et  pour  autres 
affaires;  ces  colloques  sont  subordinés  aux  synodes  provinciaux 
comme  les  synodes  provinciaux  aux  synodes  nationaux. 

Le  Haut  Languedoc,  la  Haute  Guyenne  et  le  Pays  de  Foix  com- 
posent un  synode  duquel  dépendent  sept  colloques,  sçavoir  :  le 
colloque  d'Albigeois  dont  Castres  est  le  chef  comme  il  a  esté  dit, 
le  colloque  de  Lauragois  dont  Puylaurens  est  le  chef,  le  colloque 
de  Rouergue  dont  Millau  est  le  chef,  le  colloque  du  Haut  Querci 
dont  St-Antonin  est  le  chef,  le  colloque  du  Bas  Querci  dont 
Montauban  est  le  chef,  le  colloque  d'Armagnac  dont  Mauvesin  est 
le  chef,  et  le  colloque  de  Foix  dont  Mazères  est  le  chef. 

Depuis  quelques  années  on  ne  permet  pas  à  ceux  de  la  R.  P.  R. 
de  s'assembler  en  colloque  hors  mis  pendantla  tenue  des  synodes 
ce  qui  leur  est  presque  entièrem*  inuttile,  puisque  pour  vuider 
les  appellaôns  des  consistoires  on  est  obligé  d'attendre  quelque- 
fois un  an  entier  pour  attendre  la  tenue  du  synode  qui  ne  se  tient 
qu'une  fois  l'an  et  que  le  synode  sçauroit  bien  vuider  ces  appel- 
laôns sans  colloques.  En  effet  ces  colloques  ne  s'assemblant  sur 
les  lieux  de  leur  ressort  ni  dans  le  temps  et  dans  les  ocasions 
qu'il  seroit  nécessaire,  ces  assemblées  de  colloque  qui  se  font 
pendant  la  tenue  des  synodes  ne  servent  presque  à  autre  chose 
qu'à  préparer  les  matières  qui  se  doivent  proposer  dans  l'assem- 

(1)  Arch.  de  l'Hérault,  C.  45.  Cette  pièce  curieuse  dont  Fauteur  s'est  cer- 
tainement bien  renseigné,  se  passe  de  commentaires.  (Rèd.) 


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blée  du  synode  hors  mis  pour  quelques  matières  très  légères  qui 
ne  méritent  pas  d'estre  proposées  et  portées  dans  l'assemblée. 

Le  synode  de  cette  province  du  Haut  Languedoc,  Haute 
Guyenne  et  Foix  se  tient  au  mois  de  septembre  par  tour  dans 
chacun  des  sept  colloques  et  par  tour  aussi  dans  chacune  des 
villes  du  colloque  qui  peuvent  contenir  l'assemblée.  Lors  que  le 
synode  se  doit  tenir  dans  le  colloque  d'Albigeois  ou  dans  celluy 
de  Lauragois,  qui  sont  de  Languedoc,  l'église  où  se  doit  faire 
l'assemblée  a  le  soin  d'obtenir  la  permission  de  M.  le  maréchal 
d'Albret,  et  pour  le  colloque  de  Foix  on  l'obtient  du  gouverneur 
de  Foix.  On  l'obtient  aussi  quelquefois  de  M.  le  marquis  de  Chas- 
teauneuf  qui  est  cellui  des  secrétaires  d'Estat  qui  a  les  affaires  de 
la  R.  P.  R.  dans  son  département. 

Les  synodes  sont  composés  des  députés  de  toutes  les  églises 
de  la  province,  c'est-à-dire  province  synodalle  comme  elle  a  été 
désignée,  sçavoir  d'un  ministre  et  d'un  ou  deux  anciens,  car  les 
églises  qui  peuvent  en  faire  les  frais  ont  la  faculté  d'en  envoyer 
deux.  Ils  appellent  anciens  ceux  qui  avec  les  ministres  compo- 
sent le  consistoire  qui  sont  des  personnes  choisies  pour  avoir 
soin  des  pauvres  et  veiller  sur  les  mœurs  des  parters.  Il  y  a  aussi 
un  commissre  du  Roy  sans  lequel  il  ne  se  fait  point  d'assemblée, 
c'est  un  gentilhomme,  magistrat  ou  avocat  de  la  R.  P.  R. 

On  a  remarqué  que  tout  y  va  mieux  lorsqu'il  s'y  trouve 
nombre  d'anciens,  parce  que  les  anciens  n'ayant  rien  à  espérer 
ni  à  craindre,  ils  en  font  mieux  leur  devoir  au  lieu  que  les 
ministres  y  ont  le  plus  souvent  des  affaires  et  par  ces  considé- 
raôns,  ils  ont  les  uns  pour  les  autres  des  complaisances  fort 
stitesnju. 

Dès  que  l'assemblée  est  formée,  on  fait  eslection  d'un  modéra- 
eurqui  conduit  l'action,  d'un  adjoint  qui  tient  sa  place  en  cas  de 
maladie  ou  autre  empeschement  et  est  aussi  le  premier  opinant, 
et  de  deux  secrétaires,  l'un  ministre,  l'autre  ancien.  Le  modéra- 
eur  et  l'adjoint  sont  aussi  ministres  et  cette  eslection  se  fait  par 
scrutin. 

Après  cella  le  commissaire  fait  un  petit  discours  à  l'honneur 
du  Roy  où  il  parle  aussi  de  la  bonté  qu'a  S.  M.  de  permettre  ces 
assemblées,  avec  une  exhortation  à  leur  devoir  envers  Sa  Majesté. 

Le  modérateur  respond  à  ces  discours  par  un  autre  qui  va 
aussi  à  louer  le  Roy,  à  des  remerciemens  de  sa  bonté,  des  vœux 
pour  sa  prospérité  et  finit  par  des  protestations  de  fidélité. 

Après  quoy  on  entame  les  matières  ordinaires  qui  sont  les 
différens  d'entre  les  ministres  et  leurs  églises  pour  leurs  gages, 
pour  se  libérer  les  uns  des  autres  (ce  sont  leurs  termes)  ou  pour 
la  conduite  des  ministres  dont  les  églises  font  quelquefois  des 
plaintes,  comme  aussi  les  appellations  des  consistoires,  les  ditTe 

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rents  d'église  à  église  prétendant  l'une  et  l'autre  un  mesme 
ministre,  etc.  Ces  matières  se  traittent  le  plus  souvent  avec  tant 
de  brigues  et  si  peu  d'édification  que  ce  n'est  pas  sans  cause  si  un 
grand  prélat  [en  marge,  M.  de  Bourlemont]  disoit  que  pour  estre 
bon  huguenot  il  ne  faloit  pas  aller  aux  synodes,  non  plus  qu'à 
Rome  pour  estre  bon  catholique. 

Tous  les  ministres  opinent  les  premiers  et  ensuitte  les  anciens. 

Pendant  qu'on  propose,  qu'on  opine  et  qu'on  délibère,  le  com- 
missaire du  Roy  est  tousjours  présent,  et  s'il  arrivoit  par  mes- 
garde  ou  autrement  que  quelqu'un  proposât  ou  raisonnât  contre 
les  termes  des  édits,  déclamons  et  arrests  du  Conel,  le  commis- 
saire ne  manqueroit  pas  de  l'interrompre  et  de  le  blâmer,  et,  s'il 
persistoit,  le  commissre  d'authorité  luy  imposeroit  silence  et  en 
feroit  mention  dans  son  procès-verbal.  Car  le  commissre  doit 
envoyer  à  M.  de  Chastauneuf  secrétaire  d'Estat,  ou  au  lieutenant 
du  Roy,  un  procès-verbal  sommaire  de  ce  qui  s'est  passé  dans  le 
cours  de  l'assemblée  et  luy  envoyer  aussi  un  original  des  actes 
du  synode  signé  des  modérateur,  adjoint,  et  des  deux  secrétaires. 
Il  s'en  fait  plusieurs  semblables  originaux,  sçavoir  un  pour  chaque 
église  chef  de  colloque,  qui  sont  sept  comme  il  a  esté  remarqué  (1  ), 
et  pour  les  autres  églises  on  ne  leur  en  délivre  point,  sauf  à  elles 
à  recourir  au  chef  de  leur  colloque.  On  délivre  seulem*  à  chacune 
de  celles  dont  on  a  jugé  les  différens  une  expédition  de  l'article 
qui  les  regarde. 

La  durée  des  synodes  est  ordinairement  de  huit  jours.- 

J'oubliois  (2)  la  forme  de  la  réception  des  ministres  qui  est 
telle.  Ceux  qui  aspirent  au  ministère  (qu'on  appelle  proposans) 
se  présentent  au  synode  avec  des  attestations  et  tesmoignages  des 
consistoires  où  ils  ont  vescu,  et  de  l'académie  où  ils  ont  estudié, 
touchant  leurs  mœurs  et  leurs  estudes;  sur  ces  tesmoignages 
on  les  admet  à  subir  l'examen.  Le  synode  nomme  pour  cella,  du 
corps  de  l'assemblée,  des  commissaires  qui  les  examinent  sur 
les  langues  latine,  greque  et  hébraïque,  sur  la  philosophie  et 
théologie,  et  ensuitte  leur  donne  un  texte  de  l'escriture  pour 
une  proposition  latine  et  un  autre  pour  une  proposition  françoise. 
Ils  appellent  propositions  les  sermons  ou  essais  de  sermons 
que  font  ceux  qui  estudient  pour  estre  ministres  et  inde  pro- 
posans. On  leur  donne  24  heures  pour  chaque  proposition. 
Que  s'il  se  trouve  qu'ils  ayent  satisfait,  le  synode  les  reçoit 
sur  le  raport  des  examinateurs,  leur  donne  des  églises  à  servir, 
et  commet  des  ministres  voisins  de  ces  églises  pour  leur 
imposer  les  mains  avant  qu'ils  entrent  en  fonction.  La  forme  de 

(1)  Que  sont  devenus  tous  ces  originaux? 

(2)  Ce  paragraphe  a  été  ajouté  après  coup  au  mémoire  par  son  auteur 
et  se  trouve  à  la  fin  dans  l'original, 


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cette  imposition  des  mains  est  expliquée  dans  leur  discipline  qui 
est  imprimée.  Il  est  à  remarquer  qu'on  ne  reçoit  point  de  propo- 
sant sans  luy  donner  une  église  ;  que  s'il  n'y  en  a  point  de  vacante, 
on  se  contente  de  luy  donner  acte  de  ce  qu'il  a  satisfait  dans 
l'examen,  et  ensuitte  un  autre  synode  le  reçoit  et  le  pourvoit 
d'église;  que  s'il  n'est  pas  trouvé  capable,  on  le  renvoyé  à 
estudier. 

Pour  espuiser  cette  matière  de  R.  P.  R.,  je  croi  qu'il  faut  dire 
quelque  chose  de  leur  académie,  quoiqu'elle  ne  soit  pas  dans  ce 
diocèze,  car  n'ayant  rien  à  dire  du  diocèze  de  Lavaur  où  elle  se 
trouve  présentent,  je  n'en  aurois  pas  l'ocasion,  et  cellui  qui 
rendra  conte  de  ce  diocèze  n'en  sera  peut  estre  pas  instruit. 

L'académie  qui  estoit  à  Montauban  fut  transférée  à  Puylau- 
rens,  dans  le  diocèse  de  Lavaur,  il  y  a  14  ou  15  ans  à  l'occasion 
de  quelque  tumulte  arrivé  à  Montauban.  Il  y  avoit  anciennement 
dans  ce  royaume  quatre  académies  de  la  R.  P.  R.  :  une  à  Saumur, 
une  autre  à  Montauban,  une  troisième  à  Nismes,  et  encore  une  à 
Dye  en  Dauphiné,  sans  parler  de  celle  qui  estoit  à  Ortez  en  Béarn 
establie  par  la  Reyne  Jeanne  mère  de  Henry  4,  qui  fut  ensuitte 
dissipée  lorsqu'en  l'année  1621  le  feu  Roy  alla  en  Béarn  pour  la 
réduction  des  villes  qui  résistoient  à  ses  ordres.  Celles  de  Nismes 
et  Dye  ont  esté  anéanties  faute  de  subsistance,  car,  les  bienfaits  du 
Roy  qui  aydoient  à  cet  entretien  leur  ayant  manqué,  ceux  de  la 
R.  P.  R.  ne  furent  pas  en  estât  de  soutenir  cette  despense  et  se 
réduisirent  aux  deux  académies  qui  estoient  à  Saumur  et  à  Mon- 
tauban. 

Celle  de  Montauban,  transférée  à  Puylaurens  a  deux  profes- 
seurs en  théologie,  un  professeur  en  hébreu,  deux  professeurs  en 
philosophie  et  trois  régens  pour  les  humanités. 

Le  sieur  Martel,  natif  de  Montauban,  qui  est  le  plus  ancien 
professeur  en  théologie  est  un  très  beau  génie  pour  les  belles- 
lettres. 

Le  sieur  Gomar  qui  estoit  aussi  professeur  en  théologie 
estant  mort  depuis  peu,  au  lieu  d'en  eslire  un  autre,  on  a  partagé 
sa  fonction  en  deux,  ayant  esleu  en  sa  place  le  sieur  Pérez  (qui 
estoit,  comme  il  est  encore,  professeur  en  hébreu)  et  le  sieur 
Arbussi,  tous  deux  natifs  de  Montauban.  Ils  n'ont  pas  une  grande 
élévation  d'esprit,  non  plus  que  leur  prédécesseur,  car  on  pré- 
tend que  le  sieur  Martel,  qui  est  fort  puissant  comme  ayant  ou 
sous  luy  la  plus  part  des  ministres  de  la  province,  a  esludé  adroi- 
tem1  Teslection  de  ceux  qui  auroient  pu  l'esgaller. 

Le  sieur  Pérès,  d'origine  espagnolle,  est  homme  de  bon  sons 
et  plein  d'honneur.  Le  sieur  Arbussi,  qui  estoil  ministre  de 
Millau,  fut  exillé  pour  avoir  dans  un  sermon  dil  quelques  parolles 
imprudentes,  et  ensuite  restabli  par  la  faveur  de  son  frère,  autre 


DOCUMENTS 


ministre,  d'un  esprit  brillant,  dont  les  mœurs  n'estoient  pas  trop 
resglées,  qui  a  embrassé  la  religion  catholique. 

La  forme  d'eslire  et  recevoir  les  professeurs  est  que  le  conseil 
académique,  composé  de  tous  les  professeurs,  avec  la  participa- 
tion de  l'église  où  se  trouve  l'académie,  et  sur  le  tesmoignage 
des  églises  où  ils  ont  servi,  les  nomment  au  synode  de  la  pro 
vince  qui  fait  choix  de  cellui  que  bon  luy  semble,  et,  le  choix 
estant  fait,  le  mesme  synode  nomme  certain  nombre  de  ministres 
des  plus  capables  pour  disputer  contre  le  nommé  qui  fait  imprimer 
des  thèses  et  les  communique  aux  ministres  nommés,  qui  se 
rendent  au  lieu  où  est  l'académie,  et  les  disputes  faites  et  conti- 
nuées pendant  plusieurs  jours,  le  conseil  académique  avec  ces 
ministres  nommés  jugent  de  leur  réception. 

L'eslection  des  autres  professeurs  se  fait  à  peu  près  de  mesme, 
du  moins  à  l'esgard  de  la  philosophie,  car  pour  le  professeur  en 
hébreu,  comme  il  n'y  apointde  thèsesà  soustenir  pour  les  langues, 
on  luy  donne  pour  sujet  des  textes  hébreux  de  FEscriture  et 
autres  autheurs,  sur  lesquels  il  fait  des  leçons,  et  il  y  a  aussi  des 
agresseurs  auxquels  il  a  à  respondre. 

C'est  encore  le  synode  qui  se  mesle  du  choix  des  régens. 

11  n'y  a  pas  dans  ce  synode  nombre  de  ministres  d'un  mérite 
extraordre.  Ceux  qui  ont  le  plus  de  talent  sont  le  sieur  Martel 
professeur,  le  sieur  Jaussaud  ministre  de  Castres  très  capable 
d'affaires  ecclésiastiques,  il  presche  bien  aussi  quand  il  s'en  veut 
donner  la  peine,  le  sieur  Charles  ministre  de  Montaubari,  Bona- 
foux  ministre  de  Millau,  Fabrègues  et  Ticier  ministres  de  la 
Chambre  de  l'Édit,  et  Campdomere  ministre  de  Roquecourbe  : 
ceux-là  sont  bons  pour  la  prédicaôn.  Il  y  a  encore  le  sieur  Bardon 
ministre  de  S*  Antonin  qui  a  un  talent  extraord16  pour  les  langues. 
Il  y  a  aussi  le  sieur  Laserre  ministre  d'Espérausses  qui  est 
sçavant  pour  les  humanités  et  d'ailleurs  ne  presche  pas  mal.  Le 
sieur  Perrin  ministre  de  Cardaillac  seroit  capable  de  bien  pres- 
cher  s'il  estoit  en  lieu  où  il  pust  estre  redressé,  car  il  a  beaucoup 
de  génie  ;  mais  comme  on  l'accuse  d'estre  sujet  au  vin,  il  ne  sera 
jamais  considéré. 

Les  lieux  d'exercice  de  ce  diocèse  sont  Castres,  Roquecourbe, 
Briteste,  Damiate,  S*  Amans,  Lacaune,  Lacabarède,  Viane,  La 
Crouzette,  Castelnau  de  Brassac.  Brassac,  Ferrières,  Vabre,  Espé- 
rausses,  Lacaze,  Pontdelar,  Sablairolles,  Sénégas,  la  Béchonié, 
Berlats,  Gijounet. 

Outre  ces  lieux-là  qui  sont  du  diocèse  de  Castres,  il  y  a  Réal- 
mont  et  Paulin  du  diocèze  d'Albi,  et  encore  Anglés  et  Labastide 
du  diocèze  de  S^Pons,  qui  sont  du  colloque  d'Albigeois,  le  plus 
grand  de  tous  les  colloques  de  ce  synode. 


Mélanges 


AVANT  ET  APRÈS  LA  RÉVOCATION 
DE  L'ÉDIT  DE  NANTES 

Chronique  des  événements  relatifs  au  Protestantisme 
de  1682  à  1687  (1) 

A  Paris,  le  20  Avril  1686. 

...Le  comte  de  Castelman,  ambassadeur  d'obédience  à  Rome, 
doit  séjourner  à  Modène  avant  que  de  poursuivre  son  chemin  à 
Rome,  où  tous  les  cardinaux,  les  princes  et  les  seigneurs  romains 
se  préparent  à  l'envy  àluy  faire  de  magnifiques  présents.  Il  logera 
d'abord  chez  le  cardinal  Nolfolch  et  ensuite  le  pape  luy  fournira 
un  palais. 

Un  Jésuite  revenu  de  la  Chine  a  fait  présent  de  quantité  de 
livres  chinois  à  S. S.,  et  luya  remontré  que  pour  établir  le  chris- 
tianisme dans  ce  grand  Empire,  il  estoit  absolument  nécessaire 
de  se  servir  de  prestres  du  pays  et  de  permettre  le  service  divin 
en  langue  vulgaire.  Ce  que  S. S.  n'a  jamais  voulu  permettre  nonob- 
stant toutes  les  remontrances  qu'on  luy  en  ait  pû  faire. 

...L'affaire  des  vallées  de  Piedmont  s'est  terminée  selon  la 
volonté  du  Duc  de  Savoye. 

...Le  Duc  de  Northumberland,  après  avoir  mis  sa  femme  dans 
un  convent  à  Bruges,  a  pris  la  route  de  Vienne  avec  son  frère  le 
Duc  de  Grafton  dans  le  dessein  de  faire  la  campagne  en  Hon- 
grie. 

Le  Roy  d'Angleterre  veut  obliger  tous  les  prestres  catholiques 
de  s'habiller  modestement,  porter  une  perruque  courte  sans  cra- 
vate et  sans  épée.  Il  a  permis  à  quelques  ecclésiastiques  protes- 
tans  qui  se  sont  faits  catholiques  de  jouir  de  leurs  bénélices  et 
de  les  faire  servir  par  des  protestans  (Fol.  127). 

Les  Seigneurs  catholiques  d'Escosse  assisteront  au  parlement 
et  seront  exemts  de  faire  le  serment  du  Test.  Pour  le  parlement 
d'Angleterre,  on  ne  doute  point  qu'il  ne  soit  prorogé  jusqu'au 
mois  d'octobre  et  peut-être  sera-il  cassé  dans  ce  temps-là  si  le 
Roy  voit  de  ne  pouvoir  obtenir  ce  qu'il  demande. 

Le  Roy,  à  la  prière  de  la  Duchesse  de  Zell,  a  permis  à 


(1)  Voy.  plus  haut  p.  361  à  374, 


MÉLANGES 


Mr  d'Olbreuse,  gentilhomme  de  Poictou  et  à  sa  femme,  sœur  de 
cette  Duchesse,  de  se  retirer  avec  toute  leur  famille  à  la  cour  de 
Zell  et  qu'il  jouira  de  tous  ses  biens  quoyqu'il  ne  se  fasse  point 
catholique. 

Le  marquis  de  Perrine  [Peray]  et  sa  femme  doivent  sortir  de 
la  Bastille  ayant  promis  de  se  faire  catholiques. 

Le  marquis  de  Bougis  (1)  s'est  aussi  fait  catholique.  Il  évitera 
parla  toutes  les  peines  à  quoy  il  avoit  esté  condamné  comme  dé- 
serteur estant  officier  dans  les  troupes  du  Roy. 

...L'on  a  trouvé  dans  les  caves  de  Formont  (2)  un  trésor  fort 
considérable. 

...Le  Roy  d'Angleterre  a  fait  courir  après  les  Duc  de  Northum- 
berland  et  de  Grafton  ;  mais  le  vaisseau  ne  les  a  pû  attraper 
(Fol.  127  v°). 

A  Paris  le  24*  Avril  4  686. 

...Le  comte  de  Castelmen  n'a  point  esté  à  Modène  comme  on 
l'avoit  mandé  et  nedevoit  voir  aucun  prince  sur  sa  route. 

Il  est  arrivé  à  Rome  un  courier  du  Roy  de  Pologne  qui  a 
apporté  la  nomination  d'un  autre  sujet  que  l'Evêque  de  Beauvais 
pour  le  cardinalat.  On  croid  que  ce  sera  pour  l'abbé  d'Enofî. 

La  reine  de  Suède  a  esté  fort  en  colère  de  ce  qu'on  a  con- 
damné au  bannissement  perpétuel  un  de  ses  principaux  officiers 
pour  avoir  donné  un  soufletà  un  sergent  qui  fut  assez  hardy  de 
luy  apporter  une  assignation  dans  le  palais  de  la  princesse.  Elle 
se  vouloit  retirer  àNaples  ou  à  Milan,  mais  on  tient  que  l'affaire 
est  accommodée. 

...Les  duc  de  Northumberland  et  de  Gralton  sont  retournez  à 
Londres;  ce  que  le  Roy  d'Angleterre  ayant  sceu,  il  a  envoyé 
ordre  à  celuy-cy  de  se  retirer  à  sa  maison  de  campagne  sans 
paroitre  plus  à  la  cour  et  à  l'autre  de  retourner  quérir  sa  femme 
sur  peine  de  la  teste,  l'ayant  enlevée  sans  son  consentement;  que 
puisqu'il  l'avoit  épousée,  il  falloit  qu'il  vécut  maritalement  avec 
elle.  Ce  Duc  se  repent  de  la  faute  qu'il  a  faite.  Aussitost  qu'elle 
fut  enlevée,  sa  sœur  en  alla  porter  ses  plaintes  au  juge  ;  mais  à 
cause  de  la  qualité  des  personnes,  il  en  voulut  parler  au  Roy, 
qui  luy  ordonna  de  faire  sa  charge.  Cet  ordre  a  esté  fort  agréable 
aux  Anglois  ;  cela  faisant  voir  qu'il  veut  maintenir  les  loix  du 
Royaume  qui  sont  fort  sévères  pour  les  mariages,  ne  se  pouvant 
casser.  (Fol.  128.) 

Le  Duc  de  la  Force  a  esté  mené  par  ordre  du  roy  aux  Pères  de 
l'Oratoire  de  Saint  Magloire. 

(1)  Voir  plus  haut,  p.  260,  n.  2,  au  9  mars  1686. 

(2)  Voir  plus  haut,  p.  268,  au  2  dée.  1685. 


MÉLANGES 


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...La  fille  de  M1  le  procureur  général  (Omer  Talon)  est  entrée 
dans  les  Filles  de  Ste  Elisabeth  pour  y  prendre  l'habit,  au  grand 
regret  de  Mrson  père  qui  l'aime  tendrement...  (Fol.  128  v°.) 

A  Paris  le  27  Avril  1686. 

L'on  a  nouvelles  qu'il  est  arrivé  au  port  de  Lisbone  deux 
Ambassadeurs  du  Roy  de  Siam  qui  doivent  venir  en  France,  afin 
de  faire  une  alliance  perpétuelle  avec  le  Roy  et  pour  luy  deman- 
der son  assistance  contre  les  Hollandois  qui  avec  leurs  vaisseau 
bouchent  la  rivière  d'Odia,  qui  est  celle  de  ce  Royaume  là,  et  qui 
en  interrompent  tout  le  traffic.  Ces  Ambassadeurs  sont  chargez 
de  riches  présents  que  ce  prince  envoyé  à  Sa  Majesté. 

...L'on  avoit  cru  l'affairés  des  Vallées  accommodée  (1)  ;  mais 
par  une  lettre  dattée  du  jour  de  Pasques,  l'on  apprend  qu'ils  sont 
résolus  de  se  deffendre  jusqu'à  l'extrémité,  que  ce  mesme  jour 
ils  avoient  travaillé  à  boucher  les  gorges  par  lesquelles  on  peut 
aller  dans  les  vallées  de  Lucerne  et  d'Angrogne.  Les  troupes  du 
Roy  se  sont  avancées  aux  environs  de  Saint-Second,  où  Mr  de  Ca- 
tinat  qui  les  commande,  met  le  quartier  du  Roy.  Il  a  sous  luy 
pour  Brigadier  Melac,  Longueval,  et  La  Nave,  et  pour  colonel 
La  Lande,  Duplessis-Bellière,  Clairambault,  Dampierre  et  Milly. 
Les  troupes  françoises  sont  divisées  en  deux  corps,  et  celles  de 
Savoye,  au  nombre  de  5  000  hommes,  ayant  leur  Prince  à  leur 
teste,  doivent  agir  en  mesme  temps  par  l'autre  costé...  (Fol.  129). 

...Le  Roy  a  exemté  Quinaut,  qui  est  de  l'Accadémie,  de  faire 
les  Opéra  dont  il  faisoit  scrupule  depuis  long-temps.  Il  luy  con- 
tinue les  12  mille  livres  de  pension.  Il  va  travailler  à  faire  les 
Inscriptions  de  la  Galerie  de  Versailles  et  on  efface  toutes  celles 
qui  y  sont. 

L'on  a  publié  les  Déclarations  du  Roy  pour  les  pensions 
congrues  des  curez  ;  mais  cela  n'aura  lieu  que  dans  les  pays  où  il 
y  a  beaucoup  de  nouveaux  convertis  ; 

L'on  parle  d'une  Déclaration  qui  obligera  les  femmes  qui  pour 
quelque  cause  que  ce  puisse  estre,  veulent  poursuivre  leur  marys 
afin  de  se  séparer  de  corps,  de  se  retirer  en  des  convents  pour 
n'en  point  sortir,  d'où  elles  pourront  former  leurs  instances,  à 
faute  de  quoy  elles  ne  seront  point  receues...  (Fol.  129  v°). 

A  Paris  le  /"r  May  1686 

...Le  comte  de  Castelmaine  est  arrivé  à  Rome. 

Par  des  lettres  de  Pignerol  du  21  du  passé,  on  devoit  le  lende- 
main attaquer  les  gens  des  vallées.  Gatinat  a  divisé  les  troupes 
du  Roy  en  3  corps,  dont  il  en  commandera  un,  Melae  un  autre  et 

(1)  La  fausse  nouvelle  avait  été  donnée  au  13  avril  1686.  Voir  plus  haut, 
p. 372. 


568 


MÉLANGES 


le  3eme  par  Nave.  Il  se  servira  de  quelques  petites  pièces  de  canon 
pour  forcer  les  retranchemens  des  révoltez.  Monsieur  de  Savoye 
attaquera  par  un  autre  costé  avec  six  bataillons,  un  régiment  de 
dragons  et  3  ou  400  de  ses  Gardes  qui  ont  presque  tous  fait  leur 
testament. 

Les  Algériens  ont  pris  4-  vaisseaux  Hollandois  chargez  de  bled 
près  de  Cadix  à  la  veue  de  deux  convois  de  la  mesme  nation. 
(Fol.  130). 

Bonrepos  est  de  retour  d'Angleterre.  Il  a  conclu  un  traité  de 
commerce  avec  S.  M.  B.  principalement  pour  l'Amérique.  L'Arche- 
vêque d'York  est  tombé  en  apoplexie  et  l'Evêque  de  Saint-David, 
dans  le  pays  de  Galles  est  mort.  On  croid  que  celuy  que  le  roy  a 
mis  est  catholique.  Il  estoit  principal  d'un  collège. 

La  collecte  que  l'on  a  fait  en  Angleterre  pour  les  réfugiez  de 
France  est  considérable. 

La  reine  d'Angleterre  a  esté  malade...  (Fol.  130  v°). 

A  Paris  le  4e  may  1686. 

...Le  Pape  a  paru  mécontent  de  ce  que  sans  son  autorité  on  a 
réuny  la  prévôté  de  l'Eglise  de  Grasse  à  l'Evêché. 

Le  Duc  de  Mantoue  est  encore  à  Borne  pour  fuir  l'envoyé  de 
l'Empereur  qui  le  fatigue  et  Gombaut  envoyé  de  France  l'a  tous- 
jours  accompagné. 

Le  Duc  de  Savoye  a  r'envoyé  fort  honorablement  Madame  et 
mademoiselle  d'Albon  en  France;  elles  ont  esté  conduites  à  ses 
despens.  Il  leura  donné  pour  plus  de  10  mille  escus  de  pierreries, 
et  a  promis  6  mille  escus  à  la  Damoiselle  quand  elle  se  mariera, 

...  Le  Boy  d'Angleterre  obtiendra  assurément  duparlement  d'Es- 
cosse  la  révocation  des  loix  contre  les  catholiques  et  qu'ils  pour- 
ront estre  élus  menbres  de  la  chambre  basse. 

Mr  l'Archevêque  a  rendu  plusieurs  visites  au  duc  de  la  Force 
qui  est  aux  Pères  de  l'Oratoire  de  S*  Magloire,  mais  jusqu'à  présent 
fort  inutilement.  (Fol.  131). 

Un  vaisseau  qu'on  croyoit  Hollandois  est  venu  à  la  rade  de  Tra- 
han  (1),  où  au  signal  de  trois  volées  de  canon,  les  faux-convertis 
de  Caen  se  sont  précipitemment  jettez  dans  les  chalouppes  qui 
ont  joint  ce  vaisseau  qui  aussitost  a  mis  à  la  voile. 

Il  y  a  encore  eu  une  espèce  d'émotion  en  Languedoc  parmy 
les  faux-convertis, -l'Intendant  en  informe,  etquelque-uns  ontdes-jà 
esté  pris.  L'on  a  défendu  à  toute  sorte  de  personnes  dans  ce  pays- 
là  de  porter  les  armes;  on  l'a  cependant  permis  depuis  peu  aux 
Gentils-hommes...  (Fol.  131  v°). 

Eugène  Griselle. 

[A  suivre.) 
(1)  Ouistreham? 


SÉANCES  DU  COMITÉ 


8  Juin  1909. 

Assistent  à  la  séance  MM.  le  général  d'Amboix  de  Larbont, 
Bonet-Maury,  Chatoney,  P.  de  Félice,  H.  Monod,  J.  Pannier, 
F.  Puaux,  R.  Reuss,  E.  Rott,  et  N.  Weiss.  Le  président,  éprouvé 
par  la  mort  de  la  baronne  F.  de  Schickler  et  par  la  maladie,  et 
M.  John  Viénot  se  font  excuser. 

Après  la  lecture  et  l'adoption  du  procès-verbal  de  la  dernière 
séance  et  sur  la  proposition  de  M.  J.  Pannier,  le  Comité  prie  le 
secrétaire  de  présenter  à  notre  président  l'expression  de  toute  sa 
sympathie  ainsi  que  ses  vifs  regrets  à  l'occasion  du  deuil  qui 
vient  de  le  frapper  et  de  la  maladie  qui  l'a  éprouvé.  —  Le  secré- 
taire ajoute  que  M.  de  Schickler  espère  néanmoins  pouvoir  se 
rendre  à  Genève  pour  les  l'êtes  du  Jubilé  de  Calvin,  et  peut-être 
même  à  (  halon-sur-Saône  où,  après  ces  fêtes,  on  doit  commé- 
morer le  350e  anniversaire  de  la  fondation  de  l'Église  réformée. 

Le  Comité  discute  ensuite,  à  l'instigation  de  M.  Pannier,  l'op- 
portunité de  réorganiser  pour  le  1er  juillet  l'excursion  his- 
torique à  Noyon  qui,  une  première  fois,  n'a  pu  avoir  lieu  à  cause 
du  deuil  qui  frappa  notre  président.  Bien  que  la  date  du  tor  juil- 
let coïncide  avec  la  veille  du  jour  où  commenceront  les  fêtes 
de  Genève,  le  Comité  se  rallie  à  la  proposition  de  M.  Pannier  et  le 
charge  de  rédiger  pour  nos  journaux  religieux,  la  note  invitant 
ceux  que  ce  pèlerinage  intéresserait  à  se  joindre  à  nous. 

On  s'entretient  ensuite  de  l'organisation  du  Comité  qui  désire 
inviter  le  public  parisien  à  une  séance  commémorative  de  la 
Réforme  Calvinienne  au  Palais  du  Trocadéro  le  1er  novembre 
prochain.  Ce  Comité  a  prié  notre  président  et  plusieurs  membres 
de  se  joindre  à  lui  pour  que  l'invitation  soit  faite  au  nom  du  Pro- 
testantisme tout  entier.  Comme  la  séance  du  Trocadéro  suppri- 
mera ou  rendra  superflue  celle  que  notre  Société  avait  annoncée, 
il  est  décidé  que  nous  répondrons  au  désir  de  ces  Messieurs,  à  la 
condition  que  notre  Société  d'Histoire  figure  expressément  dans 
l'appel  qui  sera  adressé  au  public. 

Le  secrétaire-trésorier  informe  le  Comité  qu'une  somme  de 
1  000  francs  a  été  inscrite,  au  nom  de  notre  Société,  sur  la  liste 
des  dons  recueillis  par  elle  en  faveur  du  Monument  de  Genève,  et 
il  invite  chacun  des  membres  du  Comité  à  y  joindre,  comme  l'a 
déjà  fait  notre  président,  sa  souscription  personnelle,  après  quoi 
la  séance  est  levée. 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


Jubilé  de  Calvin.  Premier  supplément  (1). 

Bien  que  j'aie  déjà  consacré  un  grand  nombre  de  pages  à  cet 
événement,  je  suis  loin  d'avoir  signalé  tout  ce  qui  a  été  fait  et 
imprimé  à  l'occasion  de  ce  jubilé.  On  dirait  que  cette  tardive 
commémoration  a  tout  à  coup  rappelé  le  nom  et  l'existence  de 
Calvin  à  une  foule  de  gens  qui  jusque-là  l'avaient  à  peu  près  ignoré. 
Elle  leur  a  en  même  temps  révélé  —  à  ceux  qui  se  sont  donné  la 
peine  de  lire  quelques  pages  de  ou  sur  Calvin  —  la  réalité  et  l'im- 
portance d'une  série  de  faits  qui  semblaient  avoir  passé  jusque- 
là  inaperçus.  Quand  cet  anniversaire  n'aurait  servi  qu'à  attirer 
l'attention  sur  l'action  profonde  et  durable  exercée  parle  réfor- 
mateur français,  il  n'aurait  donc  pas  été  inutile. 

C'est  toutefois  en  France  que  le  retentissement  de  cet  événe- 
ment a  été  jusqu'ici  le  moins  grand.  Notre  Société  d'Histoire  se 
proposait  de  convoquer  le  public  à  une  séance  solennelle  qui 
devait  être  organisée  à  Paris  après  la  rentrée  et  avoir  lieu,  comme 
il  convenait,  dans  le  plus  grand  de  nos  temples  (2).  Nous  y  aurions , 
sans  nul  doute,  attiré  l'attention  sur  l'œuvre  religieuse  de  l'homme 
qui  n'avait  voulu  vivre  et  agir  que  pour  elle,  —  car  c'est  un  fait 
caractéristique  que  Calvin  n'a  estimé  les  talents  exceptionnels 
dont  il  était  doué,  la  science  qu'il  avait  acquise,  les  relations  qu'il 
avait  pu  former  qu'entant  que  tout  cela  pouvait  servir  à  dévelop- 
per l'œuvre  à  laquelle  il  s'était  consacré  sans  restriction. 

Il  n'a  pas  pu,  bien  malgré  nous,  être  donné  suite  à  ce  projet 
et  il  n'y  a  pas  eu,  en  définitive,  à  Paris  du  moins,  de  compte 
rendu  public  et  explicite  des  fêtes  de  Genève.  Dans  un  synode  qui 
s'est  tenu  dans  la  capitale  au  printemps  on  avait  décidé  de 
convier  le  public  protestant  à  une  solennité  commémorative  et 
on  eut  l'idée  d'organiser  celle-ci  sous  la  forme  d'une  matinée 
littéraire  et  artistique.  Notre  Société  fut  invitée  à  s'associer  à  ce 
projet  qui  a  été  exécuté  avec  éclat  dans  la  salle  des  fêtes  du  Troca- 
déro  le  lundi  1er  novembre  à  2  heures  1/2.  Le  général  d'Amboix 

(1)  Voy.  plus  haut  p.  264  à  278  et  374  à  400. 

(2)  Gomme  nous  avions  fait  en  1885  pour  le  bicentenaire  de  la  Révocation;  — 
en  1887  pour  le  centenaire  de  l'édit  de  Tolérance  ;  —  en  1898  à  Nantes  pour  rap- 
peler l'édit  promulgué  dans  cette  ville  en  1598; —  en  1902  pour  le  centenaire  de 
la  réorganisation  du  culte  protestant,  etc. 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


571 


de  Larbont,  membre  de  notre  comité,  présidait.  Des  chœurs  (500 
exécutants)  des  églises  et  unions  chrétiennes  de  Paris,  sous  la 
direction  de  M.  Ch.  Huguenin  chantèrent  successivement  les 
psaumes  68  (M.  Greiter),  118,  25,  42  (L.  Bourgeois),  98  (Cl.  Le 
Jeune),  68  (Goudimel)  et  le  Te  Deum{\).  Après  l'allocution  du  pré- 
sident il  y  eut  celles  de  M.  E.  Doumergue  {Le  Français  Jean  Calvin); 
de  M.  Gaston  Deschamps  (Calvin  et  la  langue  française)  ;  du  pasteur 
E.  Roberty  (La  Réforme  et  les  droits  de  l'homme)  et  de  M.  de  Witt- 
Guizot(Calvin  et  la  jeunesse)  (2) .  On  s'est  demandé  jusqu  'à  quel  point 
Calvin  aurait  pu  s'associer  à  un  hommage  qui  ignorait  de  propos 
délibéré  les  choses  essentielles  pour  lesquelles  il  avait  vécu  et  lutté. 
Mais  c'est  là  une  question  oiseuse  puisqu'on  avait  voulu  attirer  sur 
Calvin  l'attention  du  «  grand  public  ».  Celui-ci  ne  semble  d'ailleurs 
guère  avoir  été  ému,  si  toutefois  l'on  en  juge  par  les  journaux 
quotidiens  lesquels,  sauf  deux  ou  trois,  se  sont  abstenus  de  faire 
usage  du  compte  rendu  qui  leur  avait  été  adressé.  D'autre  part, 
la  publicité  faite  autour  de  cette  réunion  a  eu  l'avantage  d'en 
provoquer  d'autres  qui  ont  eu  lieu  un  peu  partout,  dans  un  grand 
nombre  d'Église  protestantes  et  dont  notre  presse  religieuse  a 
rendu  compte  à  l'occasion  de  la  fête  de  la  Réformation  (3). 

Signalons  maintenant  quelques  écrits  en  langue  française  qui 
compléteront  la  liste  de  ceux  dont  j'ai  déjà  parlé.  A  Genève 
M.  Francis  de  Crue,  professeur  à  la  Faculté  des  Lettres  et  des 
Sciences  sociales,  a  publié  un  solide  Mémoire  sur  V action  politique 
de  Calvin  hors  de  Genève  d'après  sa  correspondance  (76  pages  in-8°, 
Genève  1909),  action  qui  s'est  surtout  exercée  par  les  hommes  qu'il 
a  inspirés  ou  dirig-és,  comme  Coligny,  Jeanne  d'Albret,  Florent 
Chrestien,  les Marnix,  John  Knox ,  etc.  —  M .  Henri  Heyer,  lie. théol. , 
ancien  pasteur,  a  pris  la  peine  de  faire  paraître  un  gros  livre  dont 
voici  le  titre  :  1535-1909,  V Eglise  de  Genève,  esquisse  historique  de 
son  organisation  suivie  de  ses  diverses  Constitutions,  de  ses  pasteurs 
et  professeurs  et  d'une  table  biographique  (XlV-554  pages  in-8°, 
Genève  Jullien  1909).  Quiconque  s'occupera  de  l'histoire  religieuse 
de  Genève  depuis  la  Réforme  jusqu'à  nos  jours  trouvera  réunis 
dans  ce  volume  une  foule  de  textes  et  de  renseignements  qu'on 
chercherait  vainement  ailleurs.  Deux  brochures  parues  l'une  à 
Genève,  l'autre  au  Loclef  imprimerie  Courvoisier)  nous  renseignent, 
la  première  sur  les  «  Libertins  »  (16  pages,  pet.  in-4°,  — ce  sont  les 
paroles  prononcées  par  M.  Edouard  Favre  à  la  salle  de  la  Réfor- 
mation, au  cours  de  la  grande  séance  du  8  juillet  1909.  Dans  la 

(1)  Un  programme  distribué  le  jour  de  la  séance  donnait  le  texte  ot  la 
musique  de  ces  chants;  on  y  a  vendu  aussi  un  portrait  de  Calvin  par  M.  Sehmied. 

(2)  On  publie  en  ce  moment  même  le  texte  de  ces  diverses  allocutions. 

(3)  Le  soussigné  a  été  appelé  à  parler,  entre  autres,  à  Merlin.  Hambourg, 
Copenhague,  Stockholm,  Helsingfors  et  Upsala. 


572 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


seconde  (30  pages  in-8°  avec  facsimilés)  M.  A.  Matthey-Jeantet 
étudie  récriture  de  Calvin  dans  laquelle  il  retrouve  quelques-uns 
des  principes  de  la  sténographie  moderne  (1). 

En  France,  les  discours  prononcés  à  l'Oratoire  par  MM.  J.  Viénot. 
W.  Monod  et  E.  Roberty  ont  paru  chez  Fischbacher  sous  le  titre  de 
Calvin,  V homme,  sa  pensée,  son  œuvre.  Notre  collègue  J.  Pannier 
a  publié  (Société  d'édition  de  Toulouse)  une  brochure  abon- 
damment illustrée  sur  L'Enfance  et  la  jeunesse  de  Jean  Calvin  (62  p. 
in-8°,  1909).  La  revue  Foi  et  Vie  a  consacré  son  numéro  (20)  du 
16  oct.  1909  également  très  illustré,  au  réformateur.  Les  64  pages 
in-4°  sur  deux  colonnes,  de  cette  livraison,  renferment  des  articles 
d'Abel  Lefranc  (Calvin  à  Noyon)  ;  —  Gabriel  Monod  {Luther,  Calvin 
et  Ignace  de  Loyola);  —  Portraits  à  la  plume  (Michelet,  Renan, 
Lanson,  Brunot,  Faguet);  —  Paul  de  Félice  (Ce  «  grand  fantôme 
noir  »)  ;  — Jean  Palès  (Calvin  intime)  ;  —  Eug.  Choisy  (L'Etat  chrétien 
calviniste);  —  Émile  Doumergue  (Deux  grandes  doctrines  de  Cal- 
vin, La  paternité  et  l'honneur  de  Dieu);  —  Victor  Monod  (La  pré- 
destination calviniste)  ;  —  N.  Weiss  (Servet  et  Calvin)  ;  —  Th.  de  Bèze 
(La  mort  de  Calvin)  ;  —  Ch.  Gide  (A  propos  d'un  jubilé  à  Genève)  ;  — 
Calvin  d'après  Calvin  (extraits);  —  Henri  Châtelain  (Le  style  de 
Calvin).  —  M.  le  professeur  John  Viénot  vient  de  faire  paraître 
dans  la  brochure  rendant  compte  de  la  Séance  de  rentrée  des  cours 
de  la  Faculté  libre  de  théologie  protestante  de  Paris  (5  nov.  1909), 
sa  leçon  d'ouverture  (p.  17  à  46)  sur  Calvin  et  la  conscience  mo- 
derne. —  Enfin,  dans  les  Etudes  des  Pères  de  la  Cie  de  Jésus  (5  et 
20  juillet  1909),  M.  P.  Bernard  explique  la  conversion  de  Calvin 
«  par  des  motifs  très  personnels  de  calcul  et  d'ambition  déçue  », 
c'est-à-dire  parle  dépit  qu'il  aurait  ressenti  de  ce  qu'en  1534,  après 
avoir  résigné  ses  bénéfices,  un  prieuré  qu'il  aurait  demandé  au  roi, 
fut  donné  à  un  parent  du  connétable!  Il  me  paraît  superflu  de 
discuter  ce  fait —  affirmé  par  J.  Soullier  dans  son  Histoire  du 
Calvinisme  sur  la  foi  d'un  prétendu  document  rédigé  en  1682, 
c'est-à-dire  148  ans  après  1534  —  puisquaussi  bien,  pour  un  col- 
laborateur des  Etudes,  Calvin  ne  pouvait  obéir  qu'à  des  motifs 
personnels  et|intéressés.  N.  Weiss. 

(1)  II  faut  mentionner  aussi  la  partition  réduite,  pour  chant  et  piano,  de 
la  Cantate  pour  le  Jubilé  de  Calvin,  Post  Tenebras  Lux,  musique  de  Otto 
Barblan,  paroles  de  M.  H.  Roehrich,  en  dépôt  chez  J.  B.  Rotschy,  Genève, 
22  p.  in-4°.  J'ai  vu  citer  encore  :  Jubilé  du  quatrième  centenaire  de  la  nais- 
sance de  Calvin,  Sermons  du  4  juillet  1909,  Genève,  Atar  1910  {in-16  de  157  p.)  ; 
—  Jean  Calvin,  Douze  estampes  de  H.  van  Muyden,  album  oblong  de  10  p. 
imprimées  avec  12  illustrations,  Atar,  1909;  —  P.  Valloton,  Que  faut-il 
garde?-  du  calvinisme  de  Calvin,  brochure  de  24  p.  in  8°,  Vals-les-Bains,  imp. 
Aberlen;  —  Calvin  et  son  Idéal  théocratique,  par  Léopold  Monod  (Tiré 
du  «  Prédicateur  »),  Lyon,  Boyer,  1909,  in-8°  de  12  p.  ;  —  et,  Pow\le4e  cente- 
naire de  Calvin.  Aux  «  Amis  de  Chexbres  »  par  B.  Saillens,  Neuchatel,  Dela- 
chaux  et  Niestlé,  1909,  (8  p.  in-8°  avec  portrait). 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 


573 


Locke  et  la  Tolérance  (1). 

Dans  l'évolution  libérale  de  l'Angleterre,  l'illustre  auteur  de 
V Essai  sur  V entendement  humain,  John  Locke,  a  joué  un  rôle  qu'il 
n'y  a  point  d'exagération  à  qualifier  de  prépondérant.  Si  les  prin- 
cipes posés  par  le  grand  philosophe  dans  ses  Lettres  sur  la  Tolé- 
rance et  ses  Traités  du  gouvernement  civil  ont  mis  quelque  lenteur 
à  porter  leurs  fruits,  la  cause  en  remonte  avant  tout  à  l'état  conti- 
nuel de  troubles  et  de  bouleversements  au  milieu  desquels  se 
déroula  péniblement  l'histoire  de  l'Angleterre  protestante  au 
xviie  siècle.  En  face  d'adversaires  toujours  en  éveil  et  de  réactions 
sans  cesse  menaçantes,  l'on  comprend  la  persistance  de  ce  besoin 
de  garanties  que  Locke  lui-même  ne  considérait  point  comme 
tyranniques,  du  moment  que  la  sûreté  de  l'Etat  était  en  jeu. 
Inconséquence  peut-être  chezle  théoricien,  mais  àcoup  sûr  percep- 
tion très  nette  du  péril.  On  peut  se  demander  s'il  n'y  a  point,  chez 
M.  Ch.  Bastide,  une  tendance  un  peu  trop  marquée  à  atténuer  les 
dangers  du«  complot  papiste  »  dont  la  crainte  était,  pour  tout  bon 
Anglais  d'alors,  le  commencement  de  la  sagesse.  Pour  le  dire  en 
passant,  l'historienne  nous  parait  pas  rendre  toujours  justice  aux 
Puritains,  et  sa  définition,  d'après  Bayle,  du  sacerdoce  universel 
est  au  moins  incomplète  ;  ce  sacerdoce,  «  dogme  des  Réfor- 
mateurs »,  étant  autre  chose  et  plus  que  la  «  vocation  naturelle  »  de 
chacun  «  pour  les  fonctions  pastorales,  quand  il  s'agit  des  besoins 
pressants  de  l'Église  ». 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  moissons  ont  levé  et  aujourd'hui  «  tout 
l'essentiel  de  la  doctrine  de  Locke  fait  partie  du  bagage  mental  con- 
temporain ».  La  laïcité  de  l'Etat,  le  respect  de  l'individu,  l'inviolabi- 
lité de  la  pensée,  la  tolérance  religieuse,  constituent  pour  notre 
temps  des  conquêtes  intangibles,  malgré  les  inévitables  retours 
offensifs  d'ennemis  dont  les  armes  s'usent  chaque  jour  davantage. 
Or,  quand  on  veut  contempler  la  liberté  à  l'œuvre,  on  regarde  aux 
peuples  émancipés  du  joug  catholique  et  romain,  à  ceux  dont  la 
Réforme  a  fait  des  précurseurs.  Quels  qu'aient  été  pour  eux  les 
tâtonnements  de  la  première  heure,  si  graves  qu'aient  pu  être 
les  convulsions  de  leur  croissance  spirituelle,  ils  ont  fait  valoir, 
pour  le  bien  général  et  les  progrès  de  l'humanité,  les  énergies 
fécondes  qu'ils  devaient  à  l'esprit  nouveau. 

Le  protestantisme  français  a  eu  sa  part,  d'ailleurs,  dans  la  for- 
mation des  théories  politiques  de  Locke,  et  c'est  par  là  que  nous 
intéresse  surtout  le  savant  travail  de  M.  Bastide.  L'ancien  boursier 
du  collège  de  Westminster,  le  gradué  d'Oxford  devenu  l'homme 
de  confiance  du  célèbre  comte  de  Shaftesbury,  séjourna  à  diverses 

(1)  Ch.  Bastide,  John  Locke.  Ses  théories  politiques  et  leur  influence  en 
Angleterre  (Paris,  Ern.  Leroux,  1907,  in-8°,  398  pag» 5S 


CORRESPONDANCE 


reprises  en  France.  Il  s'y  trouva,  notamment,  de  1675  à  1678  et 
vit  de  près  à  Montpellier,  à  Nîmes,  à  Orange,  ailleurs  encore,  les 
fruits  empoisonnés  du  despotisme  acharné  à  vouloir  faire  le  salut 
des  gens  malgré  eux.  Le  Bulletin  a  publié  récemment  des  extraits 
de  son  Journal  de  voyage  (1)  qui,  malgré  la  sécheresse  delà  forme, 
témoignent,  non  seulement  du  soin  qu'il  apportait  à  se  renseigner 
exactement  sur  toutes  choses,  mais  aussi  de  l'intérêt  avec  lequel 
il  a  suivi  sur  place  les  destinées  précaires  des  protestants  de 
France,  exposés  sans  espoir  aux  plus  terribles  assauts.  —  Exilé 
plus  tard,  Locke  a  vécu  en  Hollande,  au  milieu  de  cette  élite  intel- 
lectuelle et  religieuse  des  réfugiés  de  la  Révocation,  où  l'on  aimait 
encore  trop,  sans  doute,  les  procès  en  hérésie,  mais  où  l'on  a,  quand 
même,  porté  les  plus  rudes  coups  à  la  tyrannie  de  Louis  XIV 
et,  par  elle,  à  la  tyrannie  de  tous  les  temps.  C'est  dans  ce  milieu 
de  liberté  que  les  théories  politiques  du  philosophe  anglais  par- 
vinrent à  complète  maturité  ;  l'œuvre  du  penseur  était  achevée 
quand  il  repassa  en  Angleterre  à  la  suite  de  Guillaume  d'Orange, 
salué  de  tous  côtés  comme  le  libérateur. 

M.  Ch.  Bastide  a  raconté,  avec  une  maîtrise  des  faits  qui, 
poussée  à  ce  degré,  est  plutôt  rare,  la  vie  agitée  de  ce  père  des 
libertés  modernes,  son  activité  diverse  et  infatigable,  et  l'époque 
dont  il  est  l'un  des  représentantsles  plus  authentiques,  nul  n'ayant 
été  mêlé  plus  étroitement  que  lui  aux  révolutions  politiques  et 
aux  transformations  intellectuelles  de  son  peuple.  Quiconque 
voudra  se  retrouver  dans  le  dédale  de  l'histoire  anglaise  au  siècle 
des  Stuarts  et  de  la  Révolution  de  1688,  devra  prendre  pour  guide 
cet  ouvrage  riche  d'érudition  sûre,  que  l'auteur  a  complété  par 
un  livre  récent  sur  Y  Anglicanisme,  désormais  inséparable  du  pre- 
mier (2).  P.  F.  B. 


CORRESPONDANCE 


Monument  international  de  la  Réformation.  —  Un  nom  a  été 

oublié  par  inadvertance  dans  la  liste  des  Églises  dont  nous  avons 
reçu  les  souscriptions  (voy.  plus  haut,  p.  480),  c'est  celui  de 
l'Église  de  Dieulefit.  —  Nous  avons  reçu  depuis  lors  les  souscrip- 
tions des  Églises  d'Agen,  Barbezieux,  Branoux,  Cognac,  Gensac, 
Jarnac,  Luc-en-Diois,  Lunéville,  Montauban  etSegonzac. 

(1)  LV1II,  p.  417-421.  —  Publiés  déjà,  moins  complètement,  dans  le  tome 
XXV1I1,  p.  282 et  suiv. 

(2)  Falayseau  dont  M.  Ch.  Bastide  se  demande  (p.  57)  qui  il  est,  ne  serait-il  pas 
le  même  que  le  banquier  Samuel  Falaiseau,  ancien  de  l'Église  de  Paris?  — 
De  même  «  un  certain  Coste  »  (p.  113)  est  le  même  que  le  proposant  Pierre 
Coste,  né  à  Uzès,  reçu  à  Amsterdam,  et  passé  en  Angleterre  en  1697.  (Cf.  Bor- 
dier,  IV,  730-731). 


CORRESPONDANCE 


575 


Au  sujet  du  sacrilège  de  Vallerargues  (voy.  plus  haut 
p.  425  à  443)  (1). 

Avec  un  vif  intérêt,  j'ai  lu  dans  le  dernier  n°  du  Bulletin,  les 
documents  relatifs  au  sacrilège  de  Vallerargues  survenu  en 
mai  1701.  Gomme  ces  questions-là  m'intéressent,  que  j'ai  déjà 
fait  des  recherches  couronnées  de  succès  puisque  j'ai  des  ma- 
nuscrits de  l'époque  (2)  sur  bien  des  points  de  l'histoire  protes- 
tante de  Lussan  et  de  Vallerargues,  je  pense  être  autorisé  à  faire 
quelques  rectifications  aux  notes  qui  accompagnentla  transcription 
des  documents,  et,  qui,  à  elles  seules,  forment  presque  un  article. 

Tout  d'abord  les  questions  d'orthographe  :  le  prote  a  lu  à  la 
fin  de  l'article  «  Bne  de  Charnisay  »  et  au  sommaire  de  la  couver- 
ture «Bnede  Charnisay  ».  — En  outre,  p.  442,  note  3,  Mela  baronne 
de  Charnisay  écrit  «  Gourand  prêtre  de  Valerargues  »  c'est 
«  Goirand  »  qu'il  faut  lire  :  j'ai  souvent  rencontré  ce  nom  dans 
les  cahiers  des  délibérations  de  la  communauté  (3).  — Enfin,  Me  de 
C.  écrit  Valerargues  avec  un  seul  /;  or,  il  est  manifeste  qu'il  fau- 
drait (àl'exceptiou  des  citations  qu'on  fait  telles  qu'on  les  trouve) 
écrire  :  Vallerargues.  L'étymologie  est  en  effet  «  vallis  larga  », 
elle  transperce  dans  le  mot  patois  tel  qu'on  le  prononce  encore  : 
Vallilargue  (4). 

Mais  les  questions  d'orthographe  sont  moins  importantes 
encore  que  celles  d'exactitude  historique  ou  topographique, 
p.  434.  n.  4,  Lussan,  est  placé  à  15  kilom.  d'Uzès,  c'est  plutôt  18; 
Vallerargues,  lui,  serait  à  15.  —  La  n°  1,  p.  436  parle  de  «  cavernes 
de  rochers  «  où  il  est  facile  de  trouver  une  retraite  sûre,  j'ai  le 
regret  de  dire  qu'il  n'y  a  pas  de  cavernes  si  ce  n'est  au  mont 
Bouquet  à  5  kilom.  de  là,  ou  bien  aux  Concluses  de  Lussan,  même 
distance  (5).  —  La  note  5,  même  page  porte  qu'  «  aujourd'hui  il  n'y 
a  pas  une  famille  catholique  à  Vallerargues  ».  C'est  presque  exact 
pour  l'agglomération  principale  (G),  et  moins  pour  les  mas  dans 
l'étendue  de  la  commune  :  sur  250  habitants  il  y  a  50  catholiques.  — 
Contrairement  à  la  n.  4,  p.  442,  depuis  longtemps  il  n'y  a  plus 

(1)  J'ai  communique  ces  remarques  à.  Mmp  de  Charnisay  dont  on  trouvera 
les  réponses  en  note. 

(2)  Pièces  du  procès  de  Jérôme  Serre  envoyé  aux  galères  pour  cause  de 
religion.  —  Pièces  du  procès  de  Jean  Grasset,  envoyé  aux  galères  pour  cause 
de  religion.  —  Pièces  du  pillage  de  Vallerargues  par  les  cadets  de  la 
croix,  etc.. 

(3)  Gourand  est  un  nom  mal  corrigé. 

(4)  Germer-Durand,  Bictionnmre  du  département  du  <iurd,  écrit  Yale 
rargues. 

(5)  Au  temps  de  Louis  XIV,  le  pays  était  couvert  «le  forêts  :  s'il  avait  eu 
l'aspect  <|u'il  a,  aujourd'hui,  le  pâtre  n'aurai I  pu  se  sauver. 

(6)  G'est  tout  ce  qu'on  a  voulu  dire. 


57  ti 


CORRESPONDANCE 


d'habitants  du  nom  dOlimpe.  —  La  note  5,  p.  442,  devrait  être 
corrigée  ainsi  :  «  il  n'y  a  plus  à  Vallerargues  que  deux  familles 
Serre  et  même  une  seule,  l'autre  habitant  Paris.  —  La  n°  1, 
p.  438, a  dû  certainement  dépasser  la  pensée  de  Me  de  G.  Car,  si 
les  mursde  Lussan entourent  le  village,  c'està  l'exception  du  châ- 
teau et  de  ses  dépendances. 

Enlin  deux  autres  erreurs  plus  importantes  sont  à  signaler  : 
p.  436,  n°  5,  «  par  les  dons  de  la  population  un  temple  protestant 
a  été  bâti  »  ;  il  faut  lire  :  «  par  le  don  princier  d'une  seule  famille 
de  Vallerargues,  un  supplément  du  synode  régional  évangélique, 
un  terrain  donné  et  quelques  menus  dons  venus  de  l'extérieur, 
un  temple  protestant  a  été  bâti  .»  Je  puis  l'affirmer  en  toute  con- 
naissance de  cause,  puisque  j'ai  eu  l'honneur  de  présider  à 
toutes  les  opérations  matérielles,  financières,  légales,  qui  ont 
permis  l'érection  de  ce  temple  en  1907  (1). 

La  n.  4  de  la  p.  434  donne  Jean  d'Audibert,  comte  de  Lussan 
comme  nouvellement  converti  au  catholicisme  (2).  Je  ne  crois 
pas  que  ce  soit  exact.  J'ai  en  effet  étudié  de  près  la  question  et 
fait  des  recherches  sur  les  seigneurs  de  Lussan;  j'ai  pu  même 
reconstituer  leur  généalogie.  Je  tiens  Jean  d'Audibert  pour  un 
catholique  de  naissance  :  en  effet  :  1°  ses  cinq  sœurs  étaient 
religieuses  à  Bagnols-sur-Cèze  et  son  frère  Charles  d'Audibert, 
prieur  de  Goudargues.  A  ce  qu'il  semble,  Jean  devait  donc  être 
également  catholique.  2°  Trois  de  ses  tantes,  sœurs  à  son  père, 
Jeanne,  Esther  et  Françoise  avaient  été  successivement  abbesses 
de  Valsauve  de  1601  à  1672;  et  si  son  père  Jacques  d'Audibert 
était  encore  protestant  en  1628,  il  est  probablement  devenu  catho- 
lique en  1645,  quand  sa  terre  eut  été  érigée  en  comté  (voir  article 
Audibert  dans  la  France  protestante).  3°  Enfin  Jean  d'Audibert, 
celui  que  vise  la  n.  4,  p.  434  est  chevalier  de  l'ordre  du  St-Esprit.  On 
sait  que  cet  ordre  de  chevalerie  était  réservé  aux  seuls  catholiques. 

J'ai  pensé  que  le  secrétaire  et  les  lecteurs  du  Bulletin  se  piquant, 
et  à  bon  droit,  d'exactitude  et  de  précision  rigoureuse  seront 
heureux  de  lire  ces  quelques  remarques  que  m'a  suggérées  l'ar- 
ticle de  la  baronne  de  Charnisay. 

Arthur  Lafont, 

Pasteur  à  Lussan  et  Vallerargues. 

(1)  Il  est  permis  d'ignorer  ces  détails  quand  les  gens  du  pays  vous  disent 
qu'ils  ont  tous  aidé  à  construire  le  temple. 

(2)  J'aurais  dû  dire  qu'il  était  d'une  famille  autrefois  huguenote,  ainsi  que 
leurs  alliances  avec  les  Pellegrin  et  autres  protestants  le  laissaient  supposer. 


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cées par  Edouard  Favre  à  la  salle  de  la  Ré  formation,  au  cours  de  la  grande  séance  populaue 
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P.  de  Félice,  J.  Paies,  E.  Choisy,  E.  Doumergue,  V.  Monod,  Ni.  Weiss 
telain,  et  divers  textes  de  Calvin  et  de  Th.  de  Bèze.  Pans,  bureaux  de  la  Revue,  48,  rue  de 
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JEAN  CALVIN 

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MM.  Cerise  (baron  G.),  efc,   ancien  'inspecteur   des  Fi- 
nances, Directeur. 
Alby,  Directeur-Adjoint 

CONSEIL  D'-A-ID 
MM.  S.  DervilléC  Présidentde  la  Compagnie  des  chemins 
de  fer  de  Paris  à  Lyon  et  à  la  Méditerranée,  Régen 
de  !a  Banque  de  France,  Administrateur  de  la 
Compagnie  Universelle  du  Canal  maritime  de  Suez, 
ancien  Président  du  Tribunal  de  Commerce  de  la 
Seine,  Président. 

A.  Mirabaud,  de  la  Maison  Mirabaud  et  Cie,  Ban- 
quiers , Administrateur  de  la  Compagnie  des  Che- 
mins de  fer  de  Pari  ;  à  Lyon  e'i  à  la  Méditerranée, 
de  la  Banque  Impériale  Ottomane  et  de  la  Compa- 
gnie Algérienne,  Vice-Président. 

Eug.  Guët  de  la  maison  Guët  et  Cie,  banquiers , 


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DIRECTION 
Montferrand  (comte  Ch.  de),        ancien  Inspecteur 

des  Finances,  Directeur. 
Le  Senne  (Eugène),  Direcêur-Adjoint. 

MIITISTRATIOIT 

MM.  C.  Jameson,  ancien  associé  de  la  maison  Hot 
et  Cie,  Banquiers. 
G.  Mallet  de  la  maison  Mallet  Frères  et  Cie,  Banquiers. 
J.  Marcuard  de  la  maison  Marcuard  et  Cie,  Banquiers 
G.  Sohier  O        Administrateur  du  Crédit  Foncier  de 
France  et  de  la  Compagnie  des  chemins  de  fer  de 
Paris  à  Lyon  et  à  la  Méditerranée,  ancien  Président 
du  Tribunal  de  Commerce  de  la  Seine. 
A.  Thurneyssen,  Administrateur  de  la  Cie  des  Chemins 

de  fer  des  Landes. 
F.  Vernes,  de  la  Maison  Verne»  et  Cie,  banquiers, 
Administrateur  de  la  Compagnie  du  Chemin  de  fer 
du  Nord  et  de  la  Banque  Impériale  Ottomane. 


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sur  Varsovie  et  deux  fois  par  semaine  de  Berlin  sur 
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3  —  —  —  Paris  et  Amsterdam . .  8  h.  30 
3   —       —         —      Paris  et  Cologne            8  h.  » 

3  —        —         —      Paris  et  Hambourg. . .  16  h. 

4  —       —         —  Paris  et  Francfort  s/Mein  12  h.  « 

4   —       —         —      Paris  et  Berlin             18  h.  » 

2   —       —         —  Paris  et  St-Pétersbourg  51  h.  » 

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2    —        —         —       Paris  et  Copenhague.  28  h.  » 

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u 

de  la  naissance 

DE  CALVIN 

La  revue  «  Foi  et  Vie  »  publiera  le  16  octobre  un 
double  fascicule  illustré  qui  sera  tout  entier  consacré 
à  Calvin  et  formera  une  forte  plaquette-album. 

La  couverture  portera  une  gravure  tirée  en  trois 
couleurs,  composition  de  M.  Schmed,  l'artiste  à  qui 
le  Comité  des  Fêtes  de  Calvin  à  Paris  a  commandé  le 
portrait  du  Réformateur  :  elle  représente  la  cathé  - 
drale de  Noyon  et  la  maison  de  Calvin. 

SOMMAIRE  DES  PRINCIPAUX  ARTICLES  : 

Calvin  à  Noyon,  par  M.  Abel  Lefranc,  professeur 

au  Collège  de  France. 
Calvin,  "Luther  et  Loyola,  par  M.  Gabriel 

Monod,  professeur  à  la  Sorbonne. 
Portraits  de  Calvin  à  la  plume  :  Michelet, 

RENAN;  Lanson,  Faguet,  Brunot,  Brunetière...  D; 
Le  grand  fantôme  noir,  par  Paul  de  Félice. 
Calvin  intime  :  son  mariage,  par  J.  Pales. 
L'Eglise  et  l'Etat  d'après  Calvin,  par  Eugène 

Ghojsy. 

La  paternité  de  Dieu.  —  L'honneur  de  Dieu, 

par  le  doyen  E.  Doumergue. 
La  prdestination  d'après  Calvin,  par  Victor 

Monod. 

Calvin  et  Servet,  par  N .  Weiss. 
Notes  et  Documents,  Un  jubilé  à  Genève  par 

Gide,  professeur  à  la  Faculté  de  Droit  de  Paris. 

Une  belle  suite  d'illustrations  — trente-cinq  eu 
—  accompagnera  le  texte  (128  colonnes  delà  revue) 
et  formera  aussi  8  pages  de  hors  texte. 

On  peut  souscrire  à  ce  fascicule  jusqu'au  30  octo- 
bre au  prix  de  1  fr.  50  —  port  on  plus,  O  fr.  25. 

A  partir  du  1"  novembre,  le  fascicule  sera  vendu 
2  francs.    /  -  '  /  .  ; . 

Des  conditions  spéciales,  1  fr..  20  pour  ro  exem- 
plaires, i  fr.  pour  100  seront  faites  à  ceux  airi  vou- 
draient distribuer  ce  fascicule  aux  artn*es  de  Noël  ou 
dans  les  églises,  unions  chrétiennes... 


Adresser  les 
■i 


commandes  au  bureau  de  la  revue 


Société  de  l'Histoire  du  Protestantisme  Français 


TABLES 


1.  TABLE  ALPHABETIQUE 

DES  NOMS  DE  PERSONNES 
DE  LIEUX,  ET  DES  PRINCIPALES  MATIÈRES 

que  renferme  le  tome  LVIH  (Année  iqoq) 

du  Bulletin  historique  et  littéraire  de  la  Société  de  l' Histoire 
du  Protestantisme  français 


i  arau  (Diète  d*)  1693, 100  n.  —  (1695), 

A    103.  —  (1699),  109. 

Abauzit  (Simon),  431. 

Abjurations,  26,  33,  36,  38,  90,  117  ss, 
170,  172,  173  ss,  178,  218,  222,  255, 
239,  280,  290,  367,  417,  463,  466  ss, 
366.  —  Officiers,  166.  —  Pasteurs, 
81,  289,  292  ss,  368,  374,  467,  564. 
Angleterre,  361,  565. 

Ibleiges  (D'),  intend.,  243. 

Ablon,  212. 

Abria  (Didier),  curé,  478. 
ibriès  (H. -Alpes)  11  ss. 
Abzac  (D  ),  178. 

Académies  prot,  563.  —  de  Puylau- 
ren»,  52.  —  de  Sawnur,  80. 

Actes  de  l'Église  de  Dieu  en  Christ  à 
Lyon  (1830-1832),  80. 

Ad  *m  court  (Toussaint),  53. 

Adouage,  163. 

Affaire  des  Placards  (1534),  48  ss.  — 

du  Projet  (1683),  291,  309  n. 
Affiches.  80. 

iM'que{Les  Hug.  au  Sud  de  1')  [Lettre 
du  past.  Jean  Bianquis  au  présid. 
de  la  Soc]  1909,  92  ss. 

iferit  m,  542,  574. 

kgneau-Bégat  (J.-B.),  présid.,  487  n. 

A$nel{L<s  Col),  14. 

Kg\\U'\  ou  Aniel  ((îh.),  past.,  53,  56. 

igosta  (Hat.  d'),  1672,  120. 

Aguabet  (Jean  d'),  54. 

Aigaliers  (D').  —  Voy.  Hosscl. 


Aiglemier  (D.-Sèv.),  360. 
Aignan,  531 . 

Aigonnay  (D.-Sèv.),  337,  338,  340,  356. 

Aigremont  (Gard),  291. 

Aigues-Movtes,  299. 

Aigues-Vives,  432  n.,  480. 

Aiguilles  (H.-Alpes),  12,  13. 

Aiguisier,  missionn.,  294. 

Aillon  (Dauphiné),  59. 

Aintré  (D.-Sèv.),  353. 

Airebnudoiize  (D').  —  Voy.  Guy. 

Aire  de  Caute  (Gard),  299. 

Aiript  (D.-Sèv.),  356. 

A  lais,  54, 57 , 62, 63 , 426 (  Fort  d") ,  304 . 

Albe  (Duc  d'),  325. 

Albenas  (Cl.  d'),  62.  —  (Rob.  d'),  436  n. 

Albert,  curé,  2S  n. 

Albi  (Dioe.  d'),  472,  564. 

Albigeois,  505. 

Albignac  (Ch.  d  ),  sr  d'Arre.  403  ss. 

—  Voy,  Aubignae. 
Albon  (Mme  et  Mlle  d*),  568. 
Albouy  (Jsaac),  pasl.,205. 
Albret  (Jeanne  d'),  71,  563.  —  (Maréeh. 

d'),  561. 

Album amicorum  de  J.lt.\Vetslein,482. 
Alençon,  65,  457.   —  (Duo  d'),  1512, 

492  n.,  510. 
Aléond    (Marie    d),    ftp,    Henj.  de 

l/Amande,  58 
Alérieu  (Aime),  52. 
Aleyrac  (Mlle  d  )  [Marg.  de  La  Tour 

La  Cîharce],  35  ss. 


Novembre-décembre  1909. 


578      TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  NOMS  DE  PEBSONNES 


Alger,  3"Ï2,  4S0,  5G8.  —  Corsaires,  366. 
Algon  (Métairie  d'),  (Vendée),  552. 
Alibert  (Jacq.  d'),  sr  du  Désert,  454. 

—  Voy.  Dallibert. 

Aliés  (D'),  baron  de  Caussade,  411.  — 
(Jean  d'),  sr  de  Réalville,  417.  — 
(Marie  d'),  ép.  J.  de  Caumont,  417, 

—  (N.  d'),  ép.  De  Seorbiac,  417.  — 
(Paul-Ant.  d'),  présid.,  478. 

AJizet  (Benoît),  past.,  465. 

Allard  (Guy),  hist..  30. 

Allemagne,  6,  8,  99  n.,  166,  322,  500. 

(Refuge  en),  263,  280, 422.  —(4e  cent. 

de  la  naissance  de  Calvin  en),  266, 

314ss.,  396  ss.,  571  n. 
Alléoud  de  Cheylanne(  Henriette  d'),  37. 
Alleray  (D.-Sèv.),  337. 
Allex  (Drôme),  22  n. 
Allier  (R.),  prof.,  88  ss. 
Alsace,  166,    167,  172,  174,  375.  — 

■—  (Juifs  d'),  85. 
Ambel  (D')  —  Voy.  Pluviane. 
Amboise  (Tumulte  d'),  1560,  476.  — 

(Paix  d'),  1563,  509.  —  Voy.  Cler- 

mont. 

Amboix  de  Larbont  (Général  d'),  177, 

261,  569,  571. 
Amelot,  ambassad.,  369. 
Amendes,  365. 

Amérique,  372,  374,  568.  —  (Refuge 
en)  474.  —  (4e  centTe  de  lanaiss.  de 
Calvin  en),  272,  374  ss. 

Amiens,  204. 

Amilières  (Métairie  des),  350. 

Amiot  (Charlotte),  ép.  Jacq.  Souchet, 

56.  —  (Pierre),  médecin,  56. 
Amon  (Cath.  d')  ép.  IL  de  Martine,  61. 
Amouin  de  Ladevèse  (D'),  188. 
Amsterdam,  147,  165,  175,  375,  391. 
Andraudière  (L)  (D.-Sèv.),  350. 
André  (Madeleine  d'),  55. 
Anduze,  5S  ss.  300,  304,  432  n. 
Anfernet  (D'),  455. 

Angers  500,  542.  —  (Citad.  d'),  169  n. 
Angilbaut  (Hélène  d'),  dame  de  Con- 

dorcet,  54. 
Angle  (N.-7).  d')  (Vendée),  120  n. 
Angles,  564. 

Angleterre,  8,  77  n,  99,  107,  128,  166, 

170,  202,  288,322,  500,  573.  —  Abju- 
rations, 361,  565.  —  Biens  d'Église, 

171,  565.  —  (Catéchisme  cath.  en), 
367.  —  (Catholicisme  en),  365,  367, 
369,  370,  573.  —  (  4«  Cent'»  de  la 
naiss.  de  Calvin  en),  374  ss.  — 
Prêtres  cath.  (1(586),  565 .  —  (Refuge 
en)  176,  221,  280,  364,  422,470,  538, 


568,   574  n.  —  Serment  du  Test 

(1686),  165,  110,  565. 
Anglicanisme  (L  ),  574. 
Angoulême  (Duc  d'),  1572,  530. 
Angrogne  (Val  d'),  567. 
Angues  (Languedoc),  54. 
Anguillerie  (J/)  (D.-Sèv.),  347.  - 
Anhalt-Côlhen  (Principauté  d'),  186. 
Aniel  ou  Agniel  (Ch.),  past,  53,  56. 
Anjorrant  (Claude),  sr  de  l'Arsilitre. 

201,  207.  —  (Jacob),  202.-  (Jean  . 

cons.,  198,  200  ss.  —  (Jeanne),  ép. 

D.  Tissard,  203.  —  (Louis),  avoc. 

198  —  (Marg.)  ép.  Le  Blanc,  203  n. 

—  (Benaud),  sr  de  Souilly,  198.  — 
(René),  202.  —  (Pierre),  cons.,  203. 

—  Armoiries,  198  n. 
Anjou  (Régiment  d'),  169  n. 
Anjou    (Duc  d').  Sa  version  de  I» 

St-Barthélemy,  485  ss. 
Anker  (Albrecht),  peintre,  277. 
Anne  d'Autriche,  90. 
Annonay,  53,  57,  65,  443. 
Anterrieu  (Jean),  405  ss. 
Antibes,  480. 

Antiferrier...  (D.  Couppé,  1615).  80 

Anvers,  324. 
Aouste  (Drôme),  22  n. 
Appenzell,  104  ss. 
Aquitaine,  500. 
Aragne  (L')  —  Voy.  Laragne. 
Arande  (Élie  d'),  past.,  204. 
Arbarestier  (Ch.  d'),  sr  de  Montdar.r.S. 
Arbousse  (J.),  412. 
Arbousset,  missionn.,  92. 
Arbussi,  prof.,  563. 
Arché  (Jean),  past.,  52.  —  (MaurA  bi 
Archerie  {L')  (D.-Sèv.),  3."»7. 
Arconati-Visconti  (Marquise  d  ),  6  n  . 
178,  262. 

Arcy  (Marq.  d'),  ambass.,  251,  365  ç« 
Ardin  (Vinc),  sr  de  Clavillière,  6t. 
Argenson  (D  ).  —  Voy.  Voyer. 
Argentan  (Orne),  456. 
Argent euil  (S.-et-O.),  480. 
Argentière  (D.-Sèv.),  356. 
Argonne  (N.-Barth.d'), chartreux,  162 o 
Arianisme,  419. 
Armagnac,  560. 

Armainvilliers  (Chât.  d').  205,  213. 

Armand  (D'),  cons..  M. 

Arnienaud  (Louise),  ép  Cl.  Rcff.ni 
mier.  461.  —  (Marg  ),  ép.  P.  Mar- 
guerite, 61 . 

Armont  (Comte  d'),  171. 

Arnaud  (Cath.),  55.  —  {\\.\  past  .  10  »* 

Arneys  (Allt.),  391  ss. 


DE  LIEUX,   ET  DES  PRINCIPALES  MATIÈRES 


î>7t» 


Arnold  ^D.),  prof.,  376. 

Arplii  (Gard),  402  ss. 

Arrc  (l)').  —  Voy.  D'Albignac. 

Arrêt  du  29  janv.  1566  innocentant 

Coligny   du    meurtre    du  duc  de 

(inise,  185  n.,  515  ss. 
Ait  (Charente),  123, 
Arsilière  ou  Arzilière  (V),  197.  —  (De 

1"  .  —  Voy.  Anjorrant. 
Artenay  (Deux  Sèvres),  336,  337. 
Arthaud  de  Montauban  (Élëon.),  37. 
Artois,  478. 

Arvède  Barine.  —  Voy.  Vincens  (Mme) . 

Arzeliers  (D  ).  —  Voy.  Perrinet. 

Arzilière  (L').  —  Voy.  Arsilière. 

Arzillier  (D'j.  —  Voy.  D'Arzeliers. 

Asclié  (Logis  de  1  ),  298,  310. 

Aspres-les-Corps  (II.-Alpes)  18,  20. 

Assas  (Claude  d'),  406. 

Assemblée  générale  de  la  Société, 
81,  177,  262. 

Assembléesrelig.  clandestines,  163 ss., 
1S9  ss.,  250,  260  n.,  293  n.,  304,  305, 
318,  373  ss.,  430  ss.  —  Béarn,  446.  — 
Cévennes,  361  ss.  — Languedoc,  ISS, 

m. 

Astorg  de  Montbartier  (D*),  col.,  64. 

Astrey  (l)').  —  Voy.  La  Harague. 

Aubaîs  (Gard),  480.  —  (Louis,  mar- 
quis d  )  63.  —  (Louise  d'),  ép.  L.  de 
Yignoles,  59. 

Auber,  178. 

Aubert,  prêtre,  478.  —  (II.),  396. 

Aubignac  (Fulcran),  sr  de  Madières, 
404  ss.  —  (Fulcran),  sr  de  Recol- 
lette, 404  ss.  —  Voy.  Albignac. 

Aubigné  (Agr.  d1),  539.  —  (Charles  d'). 
119.  —  (Mme  Ch.  d'),  119.  —  (Fran- 
çoise- Amable  d')  [Nièce  de  Mme  de 
Maintenon],  180.  —  (Louise-Arthé- 
mise  d'),  ép.  Benj.  de  Villette,  119. 

Aubonne  (Suisse),  176. 

Aubonniète  (L')  (D.-Sèv.)  343. 

Aubovd  (Gard),  480. 

Àubryot.  —  Voy.  Abria. 

Aucelon  (Drôme),  22  n. 

Audebert  (André),  451,  454. 

Audibert  (Ch.  d'),  prieur,  576,  —  (Jean 
d  ),  comte  de  Lussan,  434,  576. 

AudilTret,  467,  469  ss. 

Audonnière  {L')  (D.-Sèv.),  333. 

Augé  (Deux-Sèvres),  334. 

Auger  (Et),  de  liesse,  52.  —  (Ét.), 
lieut  part,  de  Saintes,  473.  — 
(Jeanne),  ép.  Alex,  de  Rabar,  473. 

Auqsbourg  (Ligue  d'),  1686,7  ss.,  165. 

Augur  (H.),  474  n. 


Augusta  (J.),  278  n. 

Aulas  (Gard),  250  n.,  402  ss. 

Aumale  (Seine-Inférieure),  169  n. 

(Duc  d'),  1572,  530. 
Aunet  (Et.),  past.,  65. 
Aunis  (Le  Prot.  en)   au  milieu  du 

xvnr  s.,  162  ss. 
Auron  (D'),  455. 
Aussersihl,  96. 

Auteville  (Anne  d'),  ép.  J.  Voisin, 
463.  —  (Elisée  d'),  s-  de  Rommilley, 
460.  —  (Gabriel  d  ),  sr  de  Cor- 
meray,  455,  457,  460.  —  (Jean  d'), 
sr  de  Cormeray,  460.  —  (Judith  d  ) 
ép.  Ant.  Philiponneau,  450,  455..  — 

Autriche,  278.  —  (Anne  d'),  90. 

Auvergne  (Grands  Jours  d  ),  401. 

Auvray  (Guill.),  libr.,  544. 

A  uxerre,  480. 

Auzias,  avoc. ,  30. 

Auzière,  past.,  205  n. 

Availles  {Le  Prieuré  d'),  335. 

Avaux  (Comte  d'),  165. 

Avenel  (Vie.  G.  d'),  73  ss. 

Avernan  (Deux-Sèvres),  355. 

Avèze  (Gard),  401  n. 

Avignon,  364.  —  (Comtatd'),  169. 

Avon  (Deux-Sèvres),  353,  354. 

Avranches  (Dioc.  d'),  457. 

Azay-le-Brûlé,  333,  334,  335,  357. 

Babault  (Marie),  ép.  A.  Piozct,  55. 
abinière  [La)  (Deux-Sèvres),  3 M. 
Bachelot  (Fr.),  curé,  206. 
Bacherie  (Métairie  de  la),  349. 
Bachivilliers,  maréch.  de  camp,  13  ss. 
Bacuet  (Louise),  ép.  1).  Guiraud,  56. 

—  (Louise),  ép.  J.  Knoch,  54. 
Baden  (Diète  de),  1697,105.—  (1698),  106. 
Badoire.  —  Voy.  Thierry. 
Badone  (?)  (De).  —  Voy.  Mesianne. 
Bagars  (Anne  de),  ép.  P.  des  Vignol- 
les,  puis  L.  Joubert,  290.  —  (Jean 
de),not.289ss.  —  (Louis  de),  consul. 
(Le  meurtre  de),  1691,  289  ss.  — 
Acte  de  décès,  289.  —  (Louis  de), 
neveu,  lieut.  de  milice,  294  ss., 
317  ss.  —  (Marg.  de),  ép.  F.  de  Qua- 
trefages,  290.  —  (Pierre  de),  bailli, 
290,  293  ss.,  317  ss. 
Baç/neaux  (Deux-Sèvres),  346. 
Bagnes-Piquant.    —    Voy.  Baguer- 

Pican. 
Bagnols-s.-Cèze,  576. 
liaguer-Pican,  458. 
Baijer  (G.)  past.,  268. 
Bailly  (Louis  et  Pierre),  220. 


580      TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  NOMS  DE  PERSONNES 


Baireuth,  107,  111. 

Balaizerie  (La)  (Deux-Sèvres),  335. 

Balch  (Th.),  272. 

Baldrie  (La)  (Deux-Sèvres),  338. 

Bâle,  99  ss,  109,  270,  367,  375,  482. 

Balettier  (De).  —  Voy.  Caurielle. 

Balsin  (Et.),  410.  —  (J.),  consul,  403  n. 

—  (Marie),  ép.  Fr.  Quatrefages,  403. 
Balzant  (Deux-Sèvres),  348. 
Bancelin  (Franç.),  past.,  205. 
Banissière  {La)  (Deux-Sèvres),  359. 
Bantry  (Baie  de),  1685,  123. 
Baptêmes,  163. 

Baptiste,  past.  —  Voy.  Jean  Loubat. 

Baptizé  {D'un  monstre...),  44  ss. 

Bar  (Zach.).  past.,  559.  —  (Jean  de), 

baron  de  Meauzac,  56,  63. 
Barbarin.  —  Voy-Th.  de  la  Planche. 
Barbecane  (Deux-Sèvres),  358. 
Barberie  (Judith  de),  dlle  de  St-Con- 

test,  459. 
Barberini,  365. 
Barberot  St-Pierre,  456. 
Barbezières  (Régiment  de),  36  n. 
Barbezieux,  514.  —  (Marquis  de),  9  ss., 

21.  —  (Lettre  du  Maréch.  de  Gatinat 

au),  1692,  22. 
Barbier,  461. 

Barbin  (Deux-Sèvres).  359. 
Barblan  (Otto),  512  n. 
Barbou  (J.),  imprim.,  131. 
Barcelonneffe  (Basses-Alpes),  20,  23. 
Bavdinière  {La)  (Deux-Sèv.),  331. 
Bardon,  past.,  564. 

Bardonnanche  (Elisab.  oe),  ép.  De 
Bemolin,  55.  —  (Judith  de),  ép.  P. 
Guichard,  63. 

Barentin,  présid.,  169. 

Barhays  (De),  past.,  451. 

Baril,  178. 

Barillère  (Métairie  de  la),  552. 

Barillon  (De),  ambassad.,  114,  116, 
369,  310.  —  (De),  évêque,  551. 

Bar-le-Duc,  480. 

Barmen-Gemarke,  266. 

Barnabar,  capit. ,  10. 

Baron  (Reynaud  dc\  sr  de  la  M  au- 
dace (?),  56. 

Baronnière  {La)  (Deux-Sèvres),  349. 

Baronnies  (Les  Prot.  des)  pendant 
l'invasion  du  Dauphiné  (1692),  1  ss. 

Barraquier  (Vinc),  clururg.,  53. 

Barre  (Lozère),  250. 

Barre-Clair  in  {La)  (Beux-Sèvres),  343. 

Barre-de-Bouvre  {La)  (D.-Sèw),  335. 

Barry  (L.-E.)i  maire,  465. 

Barth   (D'  Fr.),  prof.  376,  396.  391. 


Baschet  (Ami.),  506. 

Basetris    Madel.  de),  ép.  L.  de  \i 

gnoles,  63. 
Basoche  (De),  cons.,  165. 
Bassac,  500. 
Basset,  456. 

Basse-Vallée  {La)  (Deux-Sèvre-',  S5I 
Bastide  (Ch.),  prof.,  411  ss.,  573 
Bath,  368. 

Bd/ie-Neuve  {La)  (H. -Alpes),  16,  ?! 
Baudan  (Jean  de),  6i. 
Baudoin  (Anne),  311  ss.  —  Voy.  Brj 
douin. 

Baudouelle  (La)  ( Deux-Sèvres\  359 
Baudouin,  avoc,  213.  —  Voy.  Bau- 
doin. 
Baudrairie,  459  n. 
BaulTremont  ^Régiment  de),  319  n 
Baum  (J.-G.)  prof.,  211.—  (Mme  277 
Baumes  (Jacq.),  412. 
Bauprest,  461. 

Baur-Weinsberg  (Dr  A.),  268. 
Baussais.  —  Voy.  Beaussais. 
Bavière,  8,  315. 
Bàville.  — Voy.  Lamoignon. 
Bavinck  (Dr),  315. 

Bayancourt  (De),  Voy.  Bouchavann?» 
Bayard  (Le  Col),  13,"  20. 
Bayeux,  463. 

Bayle  (Pierre),  141  n.,  573. 
Bayonne,  535 — (Entrevue  de)  ,1.765.!  M 
Bayreuth.  —  Voy.  Baireuth. 
Bazire.  —  Voy.  Du  Mesnil. 
Béarn,  292,  446,  563. 
Beaucuire,  169  n. 
Beaucastel  (Pierre  de),  65. 
Beauchastel  (Ardèche),  443. 
Beauchef(A.),  sr  de  la  Bretonnière.  i"  • 
Beauchet-Filleau  (Dom),  89. 
Beaufort  (Amiral  sir  Francis),  96.1*7 

—  (William  Morris),  96,  177 
Beaugency,  542. 

Beaujeu  (Ignace  de),  capucin.  JiT> 
Beaujour  (A.),  189  ss.  —  (J.  M  .  1*1 
Beaulieu  (De).  —  Voy.  Gênas.  Hsriv 
Beaulieu  (Epislre  d'Kustorj,'  <lo  .  4» 
Beaulieu  (Ardèche).  —  Vny.  Boultrx 
Beaulieu  (Poitou).  6i, 
Beaunays  (Ch.  de),  past.,  4T>7. 
Beaupré  (Do).— *  Voy.  Uourgcl  m!  d 
Beauregard  (De).  —  Voy.  La  Put  - 
Beaurepaire  (Marc  de),  59. 
Beaussais,  339  ss..  359 
Beauvais (Evêq. de),  1 6S6, 36! .  36! 
Brauvais  ;Deux-Sèvres\  33 4 
Beauvallon  (De).  —  Voy  CoutttH 
Beauvau  (De),  280 


DE  LIEUX.   ET  DES  PRINCIPALES  MATIÈRES 


Beauvoir  (Doux-Sèvres),  347.  —  (Eli- 
sab.  de),  ép.  J.  de  Glay,  458. 

Uéchcvel  (Marie  de),  ép.  Élisée  d'Au- 
teville,  460.  —  (Philip,  de),  s'  de  la 
Motte-Blagny,  460.  —  De  la  Motel- 
lerie,  459. 

Becy  (Abbaye  du),  368. 

Bédane  (Deux-Sèvres),  335. 

Béddevolc,  not.,  61,  63,  65. 

Ilégat.  —  Voy.  Agneau. 

Bel-Air  (Métairie  de),    D.-Sèv.),  357. 

Bel  fort  ,  DO. 

Belgique,  273. 

Belleau  (Anl.  de^,  55. 

Bellevue  (Seine-et-Oise),  480. 

Bellivier  (J.),  past.,  348  n. 

Bellay  (Pierre  de),  509. 

Belot,  past.  —  Voy.  Billot. 

Bénédictins,  176. 

Bénéfices  eccl.  (Angleterre),  565. 

Benguaron  (Claude),  chirurg..  54. 

Benivins  (?)  (De).  —  Voy.  Hugues. 

Benoit  (Dan.),  past.,  186, 278  n.,  289  ss. 
-  (Elie),  past.,  207  ss.,  279. 

Benrath  (K.),  397. 

Benson  (Louis-F.),  272. 

Berchèrc,  178. 

Bercy  (De)  intend.,  255,  259,  362. 

Bergerie  spirituelle  (La),  1539,  130. 

Ucrguer  (M.  et  Mme  H.),  385. 

Beringhcn  (De),  prisonn.,  169  n.  — 
(Pierre  de),  213.  —  (Suz.  de).  — 
Voy.  Caumont-La  Force  (Duch.  de). 

BcrinVner  (Dr  Richard),  263. 

Berlats  (Tarn),  564. 

Rerlière  (La)  (Deux-Sèvres),  359. 

Berlin,  155,  176,  263  ,  281,  423.  482, 
571.—  (Univ.  de),  376.  —  Congrès 
des  Sciences  hist.  (1908),  80. 

Bernard  (J.),  past.,  98.  —  (Marie),  ép. 
Jacq.  de  Hochemond,  58,  59.  — 
l>.\  572. 

Bernardeau,  past.,  558. 

Rernalière  (La)  (Deux-Sèvres),  333. 

Berne  (Jean),  avoc,  62. 

Berne,  66,  76  ss.,  82,  99  ss.,  369,  376  n., 
397.  —  Convention  avec  les  can- 
tons évangéliq.  (1693-1699),  97  ss.— 
(Lettre  de  la  Direction  franç.  de) 
aux  seig,s  de  la  Chambre  des  réfu- 
tés {11  sept.  1693),  115  ss. 

Bernier,  456. 

Bernière  (La)  (Deux-Sèvres),  335. 

B<rrrm(Gard),  480. 

Bernouin  (O.),  avoc,  62. 

Bornus  (A.)  prof.,  80. 

He'taudière  (La)  (Deux-Sèvres),  359. 


Bertault  (François),  49. 
Bertillac,  brigadier,  172. 
Berlin,  455. 
Bertini,  past.,  190. 

Bertonnière  (La)  (Deux-Sèvres),  334. 

Berlramière  (La)  (id.),  33!),  343. 

Besançon  (Citad.  de),  172  n. 

Besmaus  (De),  gouv.,  124  ss. 

Besme,  assassin  de  Coligny,  492  n. 

Besombes,  past.,  101  ss. 

Bess  (Bernhard),  270. 

Bessay,  past.,  163. 

Besse  (Isère),  52. 

Bessé  (Deux-Sèvres),  334. 

Bessée  (Camp  de  la)  (II -Alpes),  22. 

Besse t  (Deux-Sèvres),  340. 

Bessière  (La)  (id.),  340,  341. 

Beth  (Dr  K.),  376. 

Bethunes,  496. 

Beuning  (Van),  165,  367. 

Beuzeval,  480. 

Beynes,  283. 

Bèze  (Th.  de),  158,  265,  271,  391,  396, 

504,  537,  572. 
Béziers,  53,  62. 

Bianquis  (Jean),  past.,  Lettre  au  pré- 
sid.  de  la  Soc,  [Les  Huguenots  au 
Sud  de  l'Afrique),  1909,  92  ss. 

Biard  (Deux-Sèvres),  339.  " 

Bibliothèque  de  la  Soc,  70,  80,  82, 
178,  264,  265. 

Bibliothèque  universelle,  142. 

Biche  (Loiret),  207  ss. 

Biche-Toucheronde  (De).  —  Voy. 
Tissard, 

Bienne,  104  ss. 

Biens  des  Consist.  (Cliampagne),  281. 

—  Mouchamps,  554.  —  Des  fugitifs, 

38,  256,  281,  466  ss. 
Bienvenu  (Jean  et  Quentin),  200. 
Bignault  [Bignel]  (Deux-Sèvres),  349. 
Bignon  (De).  —  Voy.  Suppliau. 
Bignon  (Le)  (Deux-Sèvres),  342. 
Billaudière  (La)  (Deux-Sèvres),  337. 
Billot  (David;,  205  n.  —  (Isaac),  past., 

205.  —  (Pierre),  past.,  205,  208  ss. 
Birague  (De),  493. 
Biron  (Maréch.  de),  496. 
Birto,  419. 

Bismarck  (Prince  de),  270. 

Bisseux,  mission.,  94. 

Bisson.  —  Voy.  Bysson. 

Bissy,  officier,  260. 

Bitri  (Jeanne),  ép. P. -Chr.de  Livron,  62. 

Bizière  (La)  (Deux-Sèvres),  332,  333. 

Blain,  556. 

Blanchardière  (La)  (D.-Sèv.);  333. 


582      TABLE  ALPHABÉTIQUE   DES  NOMS   DE  PERSONNES 


Blanche  de  Castille,  506. 

Blanchefort  (Marquis  de),  368. 

Blanchon  (Joach.),  86  ss. 

Blaud,  424. 

Blaurer,  71. 

Blaye,  542. 

Bloemfonlein,  93. 

lilois,  48,  54,  60,  362,  501,  542. 

BlOmmaert  (Ph.),  323  n. 

Blondel   de   Jouvencourt  (Ch.-Fr.), 

contrôl.  des  galères,  189. 
Blouet-Lespins,  456. 
Bobineau,  past.,  559. 
Bocelay  (Logis  de),  342. 
Bochard  (Sam.),  past.,  187  n.,  457. 
Bœgner  (A.),  past.,  376  n. 
Boers,  93. 

Boesleau  (Ant.)  57,  58.  —  (Jacq.  de),sr 

de  Castelnau,  61. 
Bocsse  (Métairie  de),  354. 
Boghaert-Vaché  (A.),  392  n. 
Bohatec  (Dr  S.),  396. 
Bohême,  278.  —  (4e  cenlre  de  la  naiss. 

de  Calvin  en),  266  n. 
Boileau  de  Castelnau.—  Voy.  Boesleau. 
Boilreau,  220. 

Bois-Bourdet  (Le)  (Deux-Sèvres),  355. 
Bois-Couteau  (id.),  347. 
Bois-d'Augère  (Métairie  du),  351. 
Bois-de-Luché  (id.),  352. 
Bois  du  Ranc  (Assemb.  du)  (1697),  293. 
Bois-Dureau  (D.-Sèv.),  354. 
Boiségu  (id.),  334. 
Bois-Genlray  (Deux-Sèvres)  357. 
Boisgrollier  (id.),  353. 
Bois-Guérin.  —  Voy.  Lafont. 
Bois-Guérin  (D.-Sèv.),  355. 
Bois-le-Bon  (id.),  348^ 
Bois-le-Boi  (Seine-et-Marne),   217  n. 

Bois-le-Vicomle  (Exercice  de),  216  ss. 

Bois-Martin  (D.-Sèv.),  337. 

Boisne  (id.),  357. 

Bois-Pineau  (id.),  355. 

Boisvagon  (id.),  335. 

Bois-Renaud  (id.),  341. 

Boissard  (G.),  past.,  92. 

Boisseleau  (Femme),  222. 

Boisson  (Pierre),  407. 

Boivin  (Bené),  391. 

Bolbe.c,  480. 

Bologne,  368. 

Bolscc  (.ItTûme).  Quand  commcnra- 
t-il  à,  calomnier  Calvin?  66  ss. 

Bon  (Amô  de),  past.,  465.  —  aï.-Kr.  de), 
58. 

Bonafoux,  pas!.,  564. 
Bondcli,  cons.  aulique,  111. 


Bon-Dupré,  past.,  465. 

Boneau,  not.,  477.  —  Voy.  B"nn*v 

Bonet-Maury  (G.),  prof.,  79,  177.  :•! 

262,  474.  569. 
Bonjol  (De),  Voy.  Languiat. 
Bonnard  (IL),  graveur,  il. 
Bonnaudrie  (La)  (Deux-Sèvns  .  3i. 
Bonnay  (id.),  334. 
Bonne  (Jeanne  de),  ép.  Ch.  d'Abuv* 

lier,  58. 

Bonneau  (La?:.),  avoc.,  60.  —  V  \ 
Boneau. 

Bonnefon  (J.),  dit  llaoulquin.  200 
Bonnel,  recteur,  263  n. 
Bonnet,  camisard,  248.  —  not.. 

(Jules),  275. 
Bonnetière  (La)  (Deux-Sèvn^  .  3*î 
Bonnetty  (Aug.),  88. 
Bçnneuîl  (Deux-Sèvres),  341.-  V 

lin  de),  349. 
Bonneville  (Anne),  ép.  L.  Naillv.  îî 

(P.  Fréd.),  77  n. 
Bonniot  (Madel.  de),  ép.Ga?p  \'A 

Morar,  64. 
Bonrepos,  réfug.,  474.  —   !)•  .  i: 

bass.,  568. 
Bonwetsch  (N.),  397  n. 
Bonzi  (Card.  de),  418,  426  n  .  4?î  - 

442  n. 

Bordage  (Marquis  de).  —  Voy.  Du  H 

dage. 
Bordât,  lieut.,  200. 
Bordeaux,  163,  288,  421  ss.,  \- \  H 
Bordier  (1I.-L.),  51, 192,  275  n  .  i»  « 
Bordron,  551. 

Borel  |Louise),  ép.  C.  Ilevol,  5$ 
Borelli  (Paul),  médecin,  57. 
Borgeaud  (A.),  396  n.  —  (Ch.\  pi 

271,  388,  389. 
Borgne  (La  vallée)  (Gard  .  2'»9 
Born  (Maria  van),  266  n. 
Bosc  frères,  362. 
Bosse  (Abr.),  393. 
Bosse  (La)  (Deux-Sèvres  , 
Bossel  ou  Bosset  (Marie  de  ,  <  j  •* 

la  Marre,  61. 
Hosserl  (A.1),  prof..  277  n. 
Bosset.  —  Voy.  BoSSCl. 
Bossuet  (B  ),  évéq.,  lf-7  s<..  21*  ! 

—  et  Coligny,  185.  S2S.  -  Ph  ♦'. 

roi  (1684  ou  85),  lM7  -  S  m  i 

riago,  S7  ss. 
Bost  (Ch.),  past.,  2tf ,  l's'1  \* 

Boston,  400.  17  4. 
Bouchard,  161 

BouchavannesdcBoyincourl,  !  M 
Roucherat,  ohano.,  Ï5(î 


DE  LIEUX,    ET  DES  PRINCIPALES  MATIERES 


583 


Boucherie  [La),  555. 

Bouchet  (Is.),  sr  du  Plessis,  458,  461. 

Bouchet  (Le)  (Deux-Sèvres),  339,  342. 

Bouchu,  iutend.,  8  ss.,  22,  362. 

Boucquetière  (La)  (Deux-Sèvres),  359. 
—  Voy.  Bouquetière  (La). 

Houdaudries  (Métairie  des),  552. 

lîoinles  (P.),  consul,  410. 

lloudet  (Daniel),  past..  474. 

Buu<lhors,  88. 

Boudon,  456. 

Boudrat  (Ant.),  24  n. 

BoulTay  (Jeanne),  ép.  J.  Bourget,  191. 

Bouffler  (Cath.),  ép.  J.  Vial,  59. 

Boufflers  (Marquis  de),  166,  261,  362. 

Bougas  (Le  P.),  413. 

Bougie  ou  Bougis  (Jacob),  chirurg., 455, 
458.  —  (Jean),  sr  de  Lestang.  455. 

Boii«:not  (Anne  de),  ép.  J.  Berne,  62. 

Bougon  (Doux-Sèvres),  352,  353,  354. 

Bougon  tel  (Métairie  du)  (id.),  352. 

Bougouin  (id.),  336. 

Bougy  (Marquis  de),  172,  260,  566. 

Bon/tas  (Deux-Sèvres),  348. 

Boulayde  (De),  sr  de  Peyremeins,  56. 

Boulieu  (Ardèche),  53. 

Bottpère  (Paroisse  du),  559. 

Bouquet  (Le  mont),  575. 

Bouquetière  (Métairie  de  la),  350.  — 
Voy.  Boiicquetière  (La). 

Rouquetot  (Suz.  de),  ép.  Gabr.  Il  de 
Montgommery,  452. 

Bourbon  (Card.  de),  518.  —  (Gonnét. 
de),  227.  —  (Louis  de),  pr.  de  Condé, 
499  ss.,  504,  508  ss.,  511,  518,  —  et 
!.»  duc  d'Anjou,  499,  506  ss.  —  Sa 
mort,  500,  511.  —  (Henri  de)  pr.  de 
Codé,  496,  511,  539.  —  (Henri- 
Jules  de),  pr.  de  Condé  (1703),  39. 

Bourchenin  (Deux-Sèvres),  348. 

Bourdaloue  (Le  P.),  362. 

Bourdeaux  (Le  «  Camp  de  l'Éternel  » 
à),  1683,  36. 

Bourdelleries  (Les)  (Deux-Sèvres),  455. 

Bourdellières  (Hautes  et  Basses),  349. 

Bounlillon  (Le  maréch.  de),  518. 

Rourdin.  522. 

Boxodinière  (La)  (D.-Sèv.),  347. 
Bourdon  (Marie),  ép.  J.  Bourget,  190. 
Bourdonnerie  (La)  (Deux-Sèvres),  358. 
Bourrllière  (La)  (id.),  346.  —  Voy.  La 

Bnurrel'xère. 
Bourely  (Jeanne),  ép.  J.-Et.  de  Chos- 

segros,  65. 
Bourg  d'O isatis  (Isère),  17. 
Bourgard  (Jacq.),  454. 
Bourgeauvillc,  envoyé  de  France,  142. 


Bourgeois  (C.  de),  sr  deMontferrier,  5rt. 
Bourgeoisie  (La)  franç.  au  xvir  s., 

286  ss. 
Bourges,  542. 

Bourget  (Ant.),  past.,  65.  — (Salomon) 
gai.,  (Brevet  de  libération  des 
galères  et  Certificat),  1713,  189  ss.  — 
de  Beaupré  (Jacq.),  190. 

Bourgogne,  487  n. 

Bourgues  (J .  ),  huissier,  42  4. 

Bourlemont  (Dev,  évèq.  Son  mot  sur 
les  Synodes,  562. 

Bourleuf  (Deux-Sèvres),  354. 

Boumeu f  (id.),  359. 

Bourrelière  (Métairie  de  la)  (id.),  353. 

—  Voy.  Bourellière  (La). 

Boursaut,  156.  —  Voy.  Bourseau. 

Bourse  franç.  de  Genève  ,  52  ss. 

Bourseau,  past.,  457,  —  Voy.  Boursaut. 

Bousset  (Olympe  de),  ép.  de  Bou- 
layde (?),  56. 

Boutaric,  528. 

Boutaudière  (Grande  et  Petite),  353. 
Boutecule  (Deux-Sèvres),  355. 
Bouterie  (La)  (id.),  347. 
Bouton  (Ant.),  not,  436,  440,  442  n.  — 

(Jacq.),  430  ss. 
Boutroux,  prof.,  382. 
Bouvier  (M.  et  Mme  Bernard),  385. 
Bouvot  (Job),  avoc,  465. 
Bovekerke-lez-Dixmude,  323  n. 
Boyseau,  455. 

Brackenholfer  (Elie),  197  n. 
Brail  (Jean  de),  sr  de  Moulens,  121  ss. 
(Mme  J.  de)  [Louise  Dupuy],421  ss. 

—  Requête  à  Bâville  (1686),  123. 
Brandebourg,  107.  176,  190,  255,  258. 

(Refuge  en),  422. 
Brandes  (Dr),  prédicat,  de  la  Cour, 

266  n.,  376. 
Brange  (La)  (Deux-Sèvros),  335. 
Branges  (Les)  (id.),  346. 
Branoux,  574. 

Brantelay  (Deux-Sèvres),  350. 
Brantôme,  184,  491  n.,  492  n.,  497, 

513,  514,  528. 
Brassac,  564. 

Bréau  (Gard),  290  n.,  402  ss.,  509.  — 

Dragonnades,  413. 
Bréautièze  (Un  syndicat  en),  1651,  401. 
Brécey  (Baron  de).  —  Voy.  Jacq.  do 

Yfissy. 

Brcchoire  (Métairie  de  la),  552. 
Bref  du  pape  Paul  V  à  Sully,  178. 
Bregion  (Deux-Sèvres),  348. 
Brejeuille  (Mélairie  de)~(id.),  348. 
Breloux  (id.),  334,  335,  336,  356. 


58  i       TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  NOMS  DE  PERSONNES 


Breslau,  315.  —  (Univ.  de),  3/6. 
Bresmond  (Elis,  de),  ép.  D'Armand, 

51.  —  ;lsab.  de),  ép.  Ch.  Bourgeois, 

56. 

Brest,  174,  480.  —  (De),  362. 

Bretagne,  61,  169,  174,  216.  —  (Régi- 
ment de),  18. 

Bretauclrie  (Métairie  de  la),  552. 

Bretigny  (Louise  de),  ép.  J.-Fr.  To- 
masset,  52. 

Bretonvillers  (Mlle  de),  176. 

Breuil  {Le)  (D.-Scv.),  338,  351,  354. 

Breuil  (Métairie  du)  (id.),  «42. 

Breuil- Boussit  {Le  petit),  (id.),  353. 

Breuil- Car  tais  (id.),  352. 

Breuil  d'Aigonnay  {Le)  (id  ),  338. 

Breuil  de  Bessé  {Le)  (id.),  334. 

Breuil  de  Clienay  {Le)  (id.),  349. 

Breuil  de  la  Fragnée  (Le)  (id.),  343, 

Breuil  de  Sl-Chrislophe  (Le)  (id.),  335. 

Breuil-Galleril  (Le)  (id.),  335. 

Breuilté  (id.),  350. 

Brevet   de   libération   des  galères 

(S.  Bourget,  1713),  189  ss. 
Briançon,  8,  10,  22  n. 
Briançonnais,  23. 
Briatexte,  564. 

Briaudière  (La)  (Deux-Sèvres),  332. 
Bricmont,  255. 

Bricqueville  (De).  —  Voy.  Pienne. 
Briderie  (La)  (Deux-Sèvres),  347. 
Brie  (La),  493  n. 
Brieger,  397 . 

Brieuil  (Deux-Sèvres),  347. 

Brignae  de  Montarnaud  (Madel.  de), 

ép.  J.  de  Balthazard,  63. 
Brillac  (De),  368. 
Brillouin,  475. 

Bringuier  (Louison  de),  318. 
Brinon  (Mme  de),  127. 
Brioulet  (Mas  de)  (Gard),  298. 
Brioux  (Métairies  de)  (D.-Sèv.),  354. 
Briquemaut  (De),  525. 
Brisac/i,  174. 

Brissonnerie  (La)  (Deux-Sèvres),  342. 
Brive,  89. 

Broglie  (Comte  de),  318,  426  ss.,  432  n. 

Brou  (De).  —  Voy.  Feydeau. 

Brouage,  474. 

Brouault  (Jean),  452. 

Brousse  (La)  (Deux-Sèvres),  312  ss., 

351,  352,  357. 
Brousse  d'Azay  (La)  (id.),  333. 
Brousses  (Les)  (id.),  348. 
Brousson  (CL),  past.,  98,  289,295  ss.. 

314,  317  ss. 
Broutier  (Jacq.),  55. 


Brue  (Pays  de  Gexj,  62. 
Brueys  (De),  253  n. 
Bruges,  565. 
Bruguier,  past.,  91  n. 
Brunei  (G.),  407. 

Brunet,  444.  —  (Fi\),  past,,  332  n  r 

Brunetière  (F.),  282,  394. 

Bruniquel,  421  n. 

Brunot,  572. 

Brunswick,  126,  375. 

Bruxelles,  323  n.,  325. 

Bruyère  (La)  (Deux-Sèvres),  351. 

Bucer  (M.),  158. 

Bilckeburg,  266  n.,  315. 

Buech  (Vallée  du),  18. 

Buette,  456. 

Budé  (Ant.),  203.  —  (Cath.),  *y  J 
Anjorrant,  200,  203.  —  (Guill.).  3-* 
—  (Marg.),  ép.  G.  de  Trie,  3*8  n 

Bugenhagen  (J.),  393. 

Bugnac,  496. 

Buis-les-Baronnies,  30. 

Buisson  (F.),  387  n. 

Bulletin,  177.  —  (Table  gén.  du  .  «f 

Bulletin  des  Églises  wallonnes. V^l 

Bullinger  (H.),  66,  70. 

Bulow  (Christian  von),  126  n 

Bungener  (Félix),  275. 

Burckhart(A.),  boursier,  109. 

Bure  (Collection  de),  41  n.  —  P  r- 
Irait  d'Idelette  de),  212.  321.3ÎM  « 

Butrê  (Deux-Sèvres),  347. 

Buve  (Marg.),  ép.  Verderine,  59. 

Bu.ry,  465. 

Bysson  (Jacq.)  dit  Laillcrye,  lr.i  -- 
(Urbain),  sr  de  la  Cousture.  r>4 

Cabanes  (Grég.),  vie.,  2°8.  312. 
abanes  ((-laie  des),  311 . 
Cabanis  (De),  401. 
Cabaret  (Assemb.  du),  1701,  133. 
Cabournerie  (Métairie  de  la),  3> 
Cabrayrolles  (De).  Voy.  G  lié  ri  n 
Cabre  (Col  de),  21,  29. 
Cabrières,  505. 

Cabrit  (Th.),  past.,  101  ss.,  106.  !»' 
Caderles,  296,  298,  311. 
Cadix,  369  n.,  568. 
Coen,  450,  462,  4S0,  568. 
Gaffté,  220. 

Cagny  (Marquis  do).  169  ti 

Cnillaudrir  (l.a)  (Deux  Sôvn  s  ,  Ji! 
CaiUrtirre  (La)  (id.),  343. 

Cairon,  456.  —  (Anne),  6p.  Mi  î») 

xoire,  461, 
Galadon  (J.  de),  sr  de  Lacate,  >  î  »• 
Calandré  (Marie),  ép.  I'  VUlard,  ^» 


DE  LIEUX,   ET  DES  V 

Calandrini  (B.),  prof.,  190.  —  (Esther), 

ëp.Jacq.  Tremblez,  378  n. 
t'almont,  480. 

l'alviae,  303,  401  n.  —  (De).  Voy.  Des 
llours. 

Calvin  Jean),  118,  158,  198,  322.  — 
(Enfance  et  jeunesse  de),  572.  — 
Conversion  de),  572.  —  et  les 
Juifs,  307  n.  —  et  Marie  Stuart, 
41"  ss.  — et  le  Mercure  de  France, 
fi  n.  —  et  Servet,  6  n.  397  ss.  572. 

—  (4*  Centenaire  de  la  naiss.  de), 
5  ss..  80,  81,  264  ss.,  371  ss.  — 
Séance  du  Trocadéro  (1er  nov.), 
5T0  ss.  —  Bibliographie,  266  ss., 
TA  ss.  —  ltr  supplément,  570  ss. 

—  Cantate,  572  n.  —  Institution 
chrët.  de  1541,  6,  390.  «—  (Lettres 
ôe  ,  6.  —  (Maison  de)  à  Noyon 
Plaque),  80,  SI,  177,  261.  —  (Ma- 
riage de),  278  n.  —  Médailles,  390. 

—  .Monument  de  Genève,  5,  400.  — 
Action  politrq.  dè),  571.  —  (L'OEu- 
vre  littéraire  de)  (F.  Brunetière), 
394  ss.  —  (Œuvres  choisies  de), 
390.  -  (Ecriture  de),  572.  —  (Por- 
traits de),  264  (hors)  texte),  277  ss., 
:«90  ss.,  571  n.  —  (Portrait  de  la 
femme  de),  272,  327  n.,  391  ss.  — 
ytiand  Boisée  cômmença-t-il  à 
calomnier  Calvin?  66  ss.  —  «  Cal- 
tin  travesti  »,  393.  —  (Jean),  prêtre 
de  \oyon  (1550),  71.  —  Voy.  Cau- 
viu. 

Ctlrisson,  480. 

Ornas  (Gabriel)  sr  Lusserie  ou  de 
I.uisserie,  461.  —  (De).  —  Voy. 
Sèmery. 

Cambrai,  174. 

Cambridge,  375. 

Camisards,  24,  39,  188.  —  (Origine 
du  soulèvement  des),  425  ss.  — 
Précisions  documentaires  sur 
l'hist.  des),  243  ss.  — (Victimes  des) 
l<-  P.  J.-B.  Couderc,  1904),  244  ss. 

Camp  de  l'Éternel  (Le)  [Bourdeaux, 
1683],  36. 

C-vn  pagne  (Dan.),  sculpt,  27. 

Cimpaneus  (van  Campene],  (Journal 
<\o  Philip.),  323. 

Cimpdomerc,  past.,  564. 

Carnpene  (Corneille  van),  323  n. 

Cmaye,  178  n. 

ï<incale  (Ille-et- Vilaine),  458. 
Catulé  (Deux- Sèvres),  336. 
CanJolle  (M.  et  .Mme  Casim.  de),  385. 
Canet  (Alix),  59.  —  (Jacq.),  avoc.,  59. 


TUNCIPALES  MATIÈRES  585 

Cannes  (Gard),  299. 
Canterbury,  165. 

Cantique  de  Philibert  Guide,  46k 
Cap  de  Bonne-Espérance  (Le  Refuge 

au),  92  ss. 
Capieu  (Jacq.),  dit  La  Bonté,  prédic, 

305  ss.,  310. 
Capilupi  (Camillo),  526,  530  ss. 
Capitant,  prof.,  42. 
Capitel  (Cath.),  ép.  V.  Ardin,  6i. 
Capon  (Elisab.),  ép.  A.  de  Ricard,  63. 
Cappel,  96. 

Caprara  (Comte  de),  10,  14  ss.,20  ss. 
Capucins,  54. 
Caraman,  421  n. 

Carbonnel  (Toussaint),  hôte,  298,310, 

313,  317.  —  de  Chasseguey,  455. 
Carcassonne,  293  n.,  480,  506. 
Cardaillac,  564. 

Cardel  (Jean),  prisonn.,  167,  257. 
Cardet.  —  Voy.  Cardel. 
Cardinaudière  (La)  (D.-Sèv.),  347. 
Carentan  (Manche),  452. 
Carignan  (Prince  de),  257. 
Carmes,  368. 

Carnaval  à  Mer  (1686),  363.—  à  Rome 

(1686),  365. 
Carnet  (De),  460. 
Carnoulès  (Grotte  de),  304. 
Caroli  (Pierre),  49.  —  Épîlre  en  vers 

à  Eraneois  1er,  272. 
Caron,  174. 

Carpentier  (P.).  —  Voy.  Charpentier. 
Carrier,  prieur,  289. 
Carte  (La)  (Deux-Sèvres),  334,  341. 
Carte    du    Dauphiné   (Invasion  de 
1692),  9.  —  des  Basses-Cévennes, 
297.  —  du  Moyen-Poitou,  344-345. 
—  de  Noyon  et  des  environs,  377.  — 
de  la  région  de  Pontorson-Corme- 
ray,  449. 
Carteron  (Th.),  prêtre,  380. 
Casai,  258,  361. 
Casalis  (Eug.),  missionn.,  92. 
Cassagne  (De),  eons.,  412. 
Cassegrain  (Théoph.),  past.,  465. 
Cassel,  112. 
Castellion  (Séb.),  69. 
Castelman  (De),  ambassad.,  168,  110, 

257,  259,  261,  362,  373,  565. 
Castelnau! De).  Voy.Boesleau  [Boileau]. 
Castelnau-de-Brassac ,  564. 
Castille  (Grand  Prieuré  de),  363.  — 

(Blanche  de),  506. 
Castillon  (De),  53.  —  Voy.  Osseber. 
Castres,  56,  60,  402  ss.,  414,  421  n., 
480,  542.  —  Chambre  de  l'Édit, 


TABLE  ALPHABETIQUE  DFS  NOMS  DE  PERSONNES 


561.  —  Temple,  .ri60.  —  (Dioc.  de), 
471.  —  (Extrait  d'un  Mémoire  sur 
le),  167 i  ou  75,  560  ss.  «t 

Catalon  (Elisab.),  proph.,  188. 

Cateau-Cambrésis  (Traité   de),    26 4. 

Catéchisme  cathol.  en  Angleterre,  367 . 

Catherine  de  Médicis,  485,  492  ss., 
505,  518,  532. 

Catherine  de  Navarre,  203,  321  n.,555. 

Catholicisme  en  Angleterre.  365,  367, 
369,  370,  573. 

Catinat  (Maréch.  de),  7  ss.,  16,  17,  35, 
171  n.,  258,  361,  365,  567.  —  Lettre 
au  marq.  de  Barbezieux  (1692),  22. 

Caubet  (Ch.  de),  sr  de  Falanot,  54. 

Caudié  (Marquis),  421  n. 

Caullery  (J.),  141  ss. 

Caumont(Mlle  de),  120.—  (David  de), 
baron  de  Montbeton,  gai.,  477.  — 
(Etienne  de),  baron  de  Montbeton, 
477  n.  —  (Jean  de),  baron  de  Mont- 
beton, 477.  —  (Jeanne  de),  ép.  J. 
d'Aliès,  477.  —  (Marg.  de),  ép.  Paul 
de  Sarrau,  477.  —  (Marie  de),  ép. 
Franc,  de  Jaussaud,  60,  477.  —  (.Ma- 
rie de),  ép.  J.  de  Viçose,  477.  — 
(Paul  de),  baron  de  Montbeton, 
477.  —  Tabita  de),  ép.  J.  de  Gazet- 
tes, 477.  —  (Jacques-Nompar  de), 
duc  de  la  Force,  172  ss.,  256,  566, 
568.  —  (Mme  de)  [Su/.,  de  Bérin- 
ghen],  172.  —  Leurs  enfants,  169, 
259,  362.  —  de  Montpouillant,  172. 

Caunay  (Deux-Sèvres),  359. 

Caunelle  (De),  sr  de  Balettier,  62. 

Caussade  (De).  Voy.  D'Aliès. 

Cauvin  (Ant.),  327  n.  —  (Gérard), 
380.  —  Voy.  Calvin. 

Cavagnes  (Arnaud  de),  525. 

Cavalier  (Jean),  188. 

Cavalli  (Sigism.),  ambass.,  540  ss. 

Caylus  (Mme  de),  117,  120. 

Cayrol  (Jean  de),  s1  de  Handonnières, 
juge,  409  ss.  —  (Madel.  de),  ép.  P. 
de  Quatrefages,  403  ss. 

Caze  (J.),  62. 

Ca/.enove  (A.  de),  401  ss. 

Gazettes  (J.  de),  avoc.,  477. 

Ceilhac  (Vallée  de),  14. 

Celle,  126,  141.  —  (Duc  de),  150. 

Celles  (Deux-Sèvres),  339,  341,  342. 

Cephise  (Laurent  de1),  59. 

Cerolonr  (Deux-Sèvres),  340, 

Cerzeau  (id.),  334. 

Ceslre  (Louis  de),  curé,  206. 

Oévcnnosi  pi'édic.  —  Voy.  Pomaret. 

Cévennes,  57.  166,  169  n..  188,  259, 


261,  361  ss.,  366,  446.  —  Carie  l« 
Basses),  297. 
Change  (X.-D.  de),  207. 
Chaban  (Deux-Sèvres),  337. 
Chabannes  (Métairie  dej  (id.  .  3P 
Chabosseau  (id.),  343. 
Chabot  (Mlle),  170.  —  (Amiral  .  îî" 
Chabrillan  (Comte  de),  il. 
Chailleu  (De),  461. 
Chaillochère  {La)  (Deux-Sèvres  .3» 
Chailloux  {Le)  (id.),  347,  559. 
Chailly,  526. 
Chais  (Mlle  de),  362. 
Chaize  {La)  (Deux-Sèvres  .  310. 
Chalançon,  57. 
Chalandière  (De),  12. 
Chalié,  178. 

Challon  (De).  —  Voy.  Clavier. 
Challonge.  —  Voy.  Du  IMcssi». 
Chàlon  (De),  168. 

Chalon-sur-Saône,  60,  62,  ITT.  »'«* 
480.  —  (350e  anniv.  de  la  ïomhh 
de  l'Egl.  réf.  de),  81,  161  m 
(Plaque  apposée  dans  l'Kgl.  r<  f  V 
465  (grav.). 

Chdlons-sur-Marne,  2X0. 

Chahcsson  (Deux-Sèvres),  335. 

Chamand,  not.,  434,  442  n. 

Chambéry,  480. 

Chambèsy,  3<S5. 

Chamhly,  216. 

Chambrier  (Mme  Alex.  de).  "2  »* 

97  ss.,  263. 
Charnier  (Antoinette),  6p.  J.      l.i  i 

54.  —  (Jacq.),  63. 
Charnier  (Deux-Sèvres).  33L 
Chamillart  (De),  min.  de  la  Ou*rr 

432.  —  (Lettre  du  comte  <!r  '■• 

gnan  a),  1703,  3!).—  (du  commit) 

de  Paratte  à),  1704,  42<î. 
Champagne  (G.  de),  comte  do  h  Set 

90. 

Champagne  (Le  Protest.  en\  2*$  • 
Champccrvon  (Manche),  152. 
Champdenier  (Deux-Sèvres»,  335 
Champion  la  Boche,  156, 
Champollion-Figeae,  10. 
Champrosé  (Seine-et-Marne  .  ilJ 
Champ- Roy  (Dcux-Sevres),  A 
Champs  {Les)  (id.),  336. 
Champsaiir  (Le),  lfi. 
Channevière,  H>6. 
Chanson  faite  pat'  Cl.  \hmtt. 
Chanson    La)  relig.    i   In  V,  a 

France,  (1532  ss.),  236  s*. 
Chant  des   Psaumes.  Î12,  lit 

(1686),  no. 


DE  LIEUX,   ET   DES  PRINCIPALES  MATIERES 


Chanteloup  (Deux-Sèvres),  337. 
Chantilly  (Chat,  de),  392. 
t'hantiveau  (Le)  (Deux-Sèvres),  310. 
Chape!        past.,  329. 
Chapelutière  (La)  (Deux-Sèvres),  351. 
t'hapelle  Métairie  de  la),  352. 
Chapellv-Ildton  (La)  (D.-Sèv.),  334. 
('.h'tpoiiiiièi'o  (Krancisj,  382. 
Chappuzeau  (Noies  sur  Sam.),  141  ss. 
'  hapronnière  (Métairies  de  la),  358. 
Charantonnière  (D.-Sèv.),  350. 
l'harcogné  fi(L),  338. 
Chardon  (Mme  et  Mlle),  309. 
Charles,  past.,  56  4. 
Charles,  landgrave  de  liesse,  112. 
Charles  d'Espagne.,  comte  d'Angou- 

léme,  eonnét.,  118. 
Charles  II  d'Angleterre,  165,  170,  254, 

jns,  368. 

Charles  II  d'Espagne,  363,  364,36!),  311. 

Charles  IX  et  la  Saint-Barthélémy, 
185,  492  ss.,  512  ss.  —  Lettre  à 
l'amhassad.  La  Mothe-Fénelon 
21  août  1572),  535.  —  à.  J.  de  No- 
irareC  haron  de  la  Valette  (28  août 
Vu-2  .  536. 

Charles  XI,  de  Suède,  369. 

Charnisay  Baronne  de)  425  ss.,  575. 

Charost  (Duchesse  de),  283. 

Charpentier  (Pierre),  jurisc,  495. 

Charrault  (Le  faubourg)  (Deux-Sè- 
vres), ;t.*ii. 

Charron   Vallée  du),  94. 

Charronnet,  40. 

Chartres,  541.  —  (Siège  de),  1567, 

'  00.  —  Duc  de)  [Philip.  d'Orléans, 

régent1.  371 . 
Chassaignes  {Les)  (Deux-Sèvres),  355. 
Chnsse-Amlré  (id.),  348. 
Chasseguey  (Manche),  457.  —  (De). 

Voy.  Carhonnel. 
Chassère  (De).  Voy.  Tresmoullet. 
Chassignolles  (Deux-Sèvres.),  348. 
''hasteaunay  [Châteauneuf],  54,  57. 
Chastellain,  curé.  —  Voy.  Châtelain. 
Chastenay  Aimée  de)  ép.  Gabriel  III 

de  Montgomery,  452. 
Chastillon.  grav.,  199. 
CKâteaunci,  53.  — Voy.  Châteauneuf. 
Châteauneuf  (Deux-Sèvres),  340. 
Châteauneuf  (Marquis  de),  561. 
Châteauneuf  d'Isère  (Drôme),  54,  57. 
l'h'iteau-Queyras,  11,  13  ss.,  22  n. 
t'hâteau-Thierry,  205. 
Château-Tison  (Deux-Sèvres),  355. 
Châtelain  (IL),  572.  —  (J.),  curé,  206. 
Chatelet  (Régiment  du),  296. 


C  ha  le  lier  (Le)  (Deux-Sèvres),  355. 

Chalellier  (Le)  (id.),  335,  343. 

Chatenoy-le-Royal  (S.-et-L.),  465. 

Chàtillon  (Gasp.  de  Goligny,  sr  de) 
amiral,  179,  509.  —  et  le  duc  de 
Ncvers,  502,  514.  —  Arrêt  du  2!)  jan- 
vier 1566,  l'innocentant  du  meur- 
tre du  duc  de  Guise,  485  n.,  515  ss. 

—  Son  2e  mariage.  501,  513.  —  Sa, 
mort,  488  ss.,  499  ss.,  502  ss.,  523 
ss.  —  (Un  nouveau  portrait  de) 
[M.  Ch.  Merki  et  Le  Gaulois]  183  ss. 
(Gasp.  III,  maréch.  due  de),  89  ss. 

—  (Anne  de  Goligny)  ép.  Georges  de 
Wurtemberg,  90.  —  (Henriette  de 
Goligny)  JMmc  de  La  Su/e],  S9  ss. 
(Odet  dé"vColigny,  card.  de  ,  514, 
516.  —  (Fr.  de),  sr  d'Andelot,  511. 

Chdtillon-en-Diois,  18,  30. 
Chdtillon-sur-Loing,  90,  507,  513. 
Châtillon-sur-Loire,  480. 
Chatoney  (R.),  79,  81,  177,  569. 
Chatonnière  (La)  (Deux-Sèvres),  350. 
Chaudai/  (Métairie  de)  (D.-Sèv.),  35:?. 
Ch aulnes  (De),  518. 
Chaume  (La)  (D.-Sèv.),  335,  359. 
Chaumel  (Nie),  sculpt.,  62. 
Chaumelière  (Métairie  de  la),  351. 
Chaumes  (Les),  340,  341.  350*,  351. 
Chaumont  (Dauphiné),  57. 
Chauray  (Deux-Sèvres),  335,  337. 
Chaurière  (La)  (id.),  350. 
Chaussée  (La)  (id.),  348. 
Chauvet  id.),  357. 
Ghauveton  (David),  past.,  205. 
Çhauvigny  (Seine-et-Marne),  îOii  n. 
Chavagné  (Deux-Sèvres),  336. 
Ghavannes  (Fréd.),  225. 
Ghavanon,  past.,  5:5. 
Chavant  (Deux-Sèvresi,  335. 
Chayla  (Abbé  Du).  —  Voy.  Langlade. 
Cheiron  (Elie),  past.,  293,  295. 
Chenay  (Denx-Sèvresj,  349,  354, 
Chêne  {Le)  (id.)  359. 
Cherchenay  (id.),  357. 
Ch éi -encé- le- H é> 'on,  4 52 . 
Cherru  (Cath.),  ép.  Alex.  IIevrard,53. 
Cherveux  (Deux-Sèvres  ,  33  4  ss. 
Ghesnayc  (De),  453. 
Chesnaye  (La)  (Deux-Sèvres),  ,337. 
Ghcux  (Abr.  de),  sr  de  la  Fou  laine,  461 . 
Chevalier  (Alain),  curé,  206.  —  de 

Sanlx  (Franc.),  évcfj.,  426. 
Chevallerie  (La)  (Deux-Sèvres),  357. 
Ghevalley  (Abel),  consul  gén.,  95. 
Chevraise  (I,a)  (Deux-Sèvres),  352. 
Ghevreil,  462. 


i>88 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  NOMS  DE  PERSONNES 


Che>/  (Deux-Sèvres),  343,  340  ss. 
Cheylannes  (De).  Voy.  d'Alléoud. 
Chillon  (Chàt.  de),  385. 
Chiloup  (Deux-Sèvres),  354. 
Chimbaudière  (La)  (id.),  340. 
Chine  (Les  Jésuites  en),  565. 
Chion  (Louis),  consul,  24  n. 
Chiré  (Deux-Sèvres),  351. 
Chironail  (id.),  342. 
Chissevé  (id.),  332. 
Chodal,  recteur,  396. 
Choisy  (E.),  past.,  6  271,  390,  512. 
Chollerie  (La)  (Deux-Sèvres),  341. 
Cholonnière  (La)  (id.),  34". 
Chomel  (Marie-Madel.),  ép.  P.  Tour- 
ton,  53.  —  Voy.  Turton. 
Chorges  (Hautes-Alpes),  13. 
Chorier,  30. 

Chossegros  (J.-Et.  de), s'  de  Mimet, 05. 
Choudan(Gabr.  de),ép.  C.  Rey,54,  58. 
Chrestien.  —  Voy.  Abr.  Ducros. 
Christian-Ern., margr.de  Baireuth,\ï2. 
Christine  de  Suède,  90,  173,  365,  566. 

—  et  la  Révoc.  de  l'Édit  de  Nantes, 
167  ss. 

Chronique  des  événements  relatifs 

au  Prot.  de  1682  à  1687,  165  ss., 

254  ss.,  361  ss.,  565  ss. 
Chronique  litt.,  82  ss.,  178  ss.,  204 

ss.,  374  ss.,  464  ss.,  570  ss. 
Chupret  (MadeL),  ép.  B.  Godde,  220 
Cibo  (Le  card.),  304. 
Cigogne  (Lm)  (Deux-Sèvres),  339. 
Cimetières  prot.,  197. 
Circé  (Deux-Sèvres),  346.  —  [Le  Pelit- 

Moulin  de\  348. 
Citation  (Un  faux  en)  [Le  retour  des 

chefs  cam isards],  188. 
Citron  (Lucrèce),  ép.  A.  de  Malïé,  57. 
Civita-Vecchia,  254. 
Civray  (Deux-Sèvres  ,  57,  335,  556. 
Claie  (Supplice  de  la),  222,  465. 
Clair  (Le  P.  Charles),  88. 
Clairambault,  colonel,  567. 
Clairan  (De).  Voy.  D'Airebaudouze. 
Clan-Carthy  (Régiment  irland.  de),  12. 
Claparède  (M. et  Mme  Alex.),  385,  389. 
Claude,  réfug.,  55. 
Clavier  (J.),  sr  de  Challon,  459  n. 
Clavillière  (De).  Voy.  Ardin. 
Claye  (Le  Protest,  à),  1554-H00, 193  ss. 

—  (Pasteurs  de),  204  ss.  —  (Plan 
de),  194.  —  (Prieurs-curés  de),  206. 

—  (Temple  de),  195  ss.  —  (Vue  de), 
196.  —  (Chàt.  de),  197  ss.  (grav.). 

—  (De).  Voy.  Anjorranl. 
Clelles  (De).  Voy.  Morar. 


Clément  VII,  pape,  47. 
Clément  X,  pape,  371. 
Clermont  (Hérault),  54. 
Clermont    d'Amboise    (Comtr  «!< 

1686,  259. 
Clennonl-Ferrand \  480. 
Clermont-Gallerande  (Louise  de  . 

Gasp.  de  Champagne,  90  n. 
Clèves,  255. 

Clielle  (La)  (Deux-Sèvres),  347. 
Clo  (MadeL),  ép.  Nicolas,  51. 
Cloches,  551. 

Clochel  (Deux-Sèvres),  348. 
Cloué  (Vienne),  351. 
Clousil  (Le)  (  Deux-Sèvres  i  3i3 
Clouzeau  (Le)  340,  349. 

Cochart  (Elisab.;,  220.  —  ;ls.  .  22.'  m 
—  (Jeanne),  ép.  N.  Métayer.  2i«  n 
Cognac,  121,  474,  574. 
Coin  (Le)  français,  93. 
Coivaudière  (La)  (Deux-Sèvres  .  îif 
Coire,  104  ss. 

Coligny  (De).  Voy.  Châtillon. 

Collebert  (MadeL),  220. 

Collectes  pour  les  réfug.  (Augletf  y 

1686),  366. 
Collèges,  372. 
Collet  (Fr.)i  médecin,  455. 
Collonges-sous-la-Cluze,  57. 
Colloques,  560  ss. 
Colognac  (Paul)  dit  Dauphiné,  pu 
die,  289,  301,  305,  313  ss. 
Colognac,  296.  —  (Assemb.  de  . 

291.  —  (Temple  de),  291. 
Cologne,  76  n.,  257.  —  (Electeur  dt 

1686,  373. 
Colom  (Marie  de),  ép.  P.  Dulonp.  ♦** 
Colonie  (Die  franzùsische),  263. 
Colonis,  371. 

Colonna  (Princesse\  1686,  363. 
Comarque,  178. 
Combe  (La)  (Deux-Sèvres\  3Hv 
Combecalde.  —  Voy.  La  Valette 
(-ombelle  (Cl.de),ép.  DeCastilInn.  '  1 
Cambré  (Deux-Sèvres),  333. 
Combrune,  178. 

Commelin  (Les)  de  Douai,  320  s»  - 
(Antoinette),  ép.  Aut.  Cauvin.  :■»: 
327  n.,  393.  —  (Jaeq.\  |>n  I 
322.  —  (James).  321.  -  |Joh>n 
martyr,  320  ss.  —  (Jêronlf  J  t 
Saint-André,  321,  327  n.  -  M\<- 
tin),  322.  —  (Toussaint),  331  ^  . 
327  n.,  393.  —  (Armoiries  .  3il  - 
Voy,  Crommelin, 

Coniinéinorations  (Deux)  à  Mant  < 
et  a  Paris,  !>  I  ss. 


DE  LIEUX,   ET  DES  PRINCIPALES  MATIÈRES 


r.ommercy  (Général),  10. 

Coinmerre  (Ant.  de),  cons.,  408. 

Commissaires  royaux  auprès  des 
Synodes,  561  ss. 

Compagnie  du  St-Sacrem.,  88  ss.,473. 

('.empan  (Ant.),  gai.,  312. 

Comparet,  not.,  56,  00. 

Compiègne,  416,  556. 

Complainte  (La)  de  Florimond  l\o- 
hertct,  47. 

Condé  (De).  —  Voy.  Bourbon. 

Cowlovcel,  56,  61.  —  (De).  —  Voy. 
d'Angilbaut. 

Confession  de  foy  de  S.  M.  le  Roy  de 
Vrmse...  (1719),  82. 

Confession  des  péchés  (La)  des  Égli- 
ses réf.  de  France  insérée  dans  un 
livre  de  piété  cath.,  158  ss.,  543  ss. 

Coni,  8,  2t. 

Conjuration  à'Amboise  (1560),  476. 

Connet  (.Marie),  ép.  Ch.  Vergne,  65. 

t'tnnonière  (La)  (Deux-Sèvres),  353. 

«.••nrad  (Vv\),  270,  396. 

Conseil  pour  les  aiïaires  de  la  Reli- 
gion (1086),  166,  175. 

Consistoires,  420,  560  ss.  —  (Biens 

,  «les  [Champagne],  281.  —  (MoU- 
chnmps)  554. 

0>nstans  dsaac),  past.,  205. 

Constant,  474.  —  (Le  P.),  87. 

•  '.••menant  (Gabr.),  cous.,  63. 

Convention  entre  Berne  et  les  Gan- 
tons évang.  (1693-99),  97  ss. 

Conzais  (Deux-Sèvres),  339. 

Cop  Discours  de),  268  n. 

Copenhague,  571  n. 

Copolo  (Jules),  écuyer,  454,  461. 

0>i|iiercl  (Ath.)  père,  past.,  482. 

L  orbelière  (La)  (D.-Sèv.),  357. 

Corbet  (Elisab.  de),  ép.  Gabr.  d'Au- 
tevillc,  455,  4G0. 

Corbière  (Jean),  454. 

Corbres,  455  n. 

Corcelle,  46b. 

Cordray,  455  n. 

Corègc  (A.),  médecin,  63. 

Cormeray,  4'»S,  457  ss.  —  Temple, 
i»»2.  —  Voy.  Ponlorson.  —  (De). 
Vmv.  D'Auteville,  Meslin. 

l'ornely  (Ghât.  de),  318. 

Cornrt-Auquier(A.),past.,81,177,464. 

Corn i bus.  —  Voy.  Descornes. 

Corniche  (Michelle),  ép.  J.  du  Feu,  458. 

Cornill  (D.),  prof.,  375. 

t'orndlon  (Drôme).  36. 

Cornu  (Pierre).  •—  Voy.  Descornes. 

t'oroqne  {La),  369  n. 


Co7-ps  (Isère),  17. 
Gorrer  (Giov.),  ambass.,  505. 
Cosmel",  grand-duc  de  Toscane,  531. 
Gosnac    (Dan.   de),    évêq.,    23.  — 

(Gabr.  de),  évêq.,  23. 
Gostar  (Roger),  150. 
Goste  (Pierre),  574  n. 
Gostebelle  (Jeanne    de),    ép.  Alex. 

Gaignard,  55. 
Gotelier,  162  n. 

Côtes  [Les)  (Deux-Sèvres),  35!),  360. 
Couarde  (La)  (id.),  341,  358,  359,  360. 
Goubé  (Abbé  S.),  6  n. 
Couché  (Deux-Sèvres),  333. 
Couches  (Saône-el-Loire),  55,  58. 
Gouderc,  réfug.,  101  ss.  —  (Le  P.  J.- 

B.),  244  ss.  —  (Salomon),  cami- 

sard,  243  ss. 
Coudrais  (Métairie  des),  552. 
Coudray  (Le)  (Deux-Sèvres),  343. 
Coudre  (La)  (id.),  347.  —  (Métairie  de 

la),  350. 

Coudre  de  l'Épine  (Le)  (id.),  352. 
Coudren,  455  n. 
Gouespel,  456. 

Goulom  (Fr.),  465.  —  Voy.  Goulon. 

Coulomhière  (La)  (Deux-Sèvres),  353 

Goulon  (Anne),  ép.  P.  Bailly,  220. 

Coulonges,  554. 

Gouppé  (Daniel),  past.,  80. 

Gourault  (Jean),  49. 

Gourcillon  (Cath.  de),ép.  J.  Guichard 
do  Péray,  26(1.  —  (Charlotte  et 
Hélène  de),  362.  —  (Pli.  de),  mar- 
quis de  Dangcau,  17,  38  n.,  3(59. 

Cour  d'Auge  (La)  (Deux-Sèvres),  334. 

Coureau  (Métairie  du  Grand),  353.  — 
(Moulin  du  Petit),  353. 

Courge  (Deux-Sèvres),  349. 

Courmontaral  (De).  —  Voy.  Cour- 
nonterral. 

Gournonterral  (De).  —  Voy.  Vignoles. 

Couroy  (Sim.),  206  n. 

Court  (Ant.),  past.,  246  ss.,  329,  430 
ss.  —  (Lettres  de  Loire  et  de  Viala 
à),  1740-41,  329. 

Court  de  Gébelin,  329.  —  (Lettre  de 
Gounon  à),  1744,  330. 

Courtepierre  (De).  —  Voy.  Guyot- 
Tanet. 

Courthézon  (Vaucluse),  65. 

Courtier  (MadeL),  220.  —  (Nie),  205. 

Courtiou  (Le)  (Deux-Sèvres),  355.  — 

(Métairies  du),  340,  351. 
Courtrai,  320. 

Cousin,  prieur,  434,  439,  442  n.  — 
(Jean  1),  peintre.  (La  date  de  sa 


590       TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  NOMS  DE  PERSONNES 


mort  ,  192,  479  ss.  —  (Jean  II), 

peintre,  479. 
Coassai  (Le)  (Deux-Sèvres),  33!). 
Coustureau  (Nie),  past.,  497. 
Coutancière  (La)  (D.-Sèv.),  332. 
Coulant  (id.\  334. 

Coulaud  de  Beauvallon,  3f>  n.  —  de 

llochebonne,  36  n. 
Couteaux  (Deux-Sèvres),  339. 
Coulinière  (La)  (id.),  334. 
Coûts  (Métairies  des)  (id.),  349. 
Couture  {La)  (id.),  333,  338. 
Couvains  (Ant.  de),  461. 
Couvents,  125,  121,  165,  168  ss.,  172, 

174,  259,   260,  362,  363,  368,  372, 

422  ss.,  565  ss.,  576. 
Couvel  (Suisse),  114. 
Couvreur  (Jacob),  150. 
Cozes,  480. 
Cracovie,  485. 

Cramer-Micheli  (Louis),  past.,  3S8. 
Crapaud  (Le)  (Deux-Sèvres),  343. 
Crassel,  64. 

Crèche  (Aa)  (D.-Sèv.), 334,  335,  336,356. 

Crécy  (Comte  de),  259. 

Crépinière   (La)  (Deux-Sèvres),  356. 

Créqui  (Maréch.  de\  172,  368. 

Crespin  (Jean),  322. 

Crest,  30,  58,  60.  —  (Délibérations 

consulaires  de),  1692,  11. 
Crestin  (Claude),  465. 
Creusé  (Deux-Sèvres),  335. 
Crière  (La)  (id.),  339. 
Crieuil  (id.),  350. 

Crispin  (Les  Frayeurs  de),  1682,  155. 
Croissy  (De),  257. 

Croix-Blanche  (Régiment  de  la),  362. 
Crommelin  (Jacob),  320.  —  (Pierre), 

321  n.  —  (Armoiries),  321.  —  Voy. 

Commet  in. 
Crommcline  (Colonel  C  E.),  321  n. 
Cromwell  (Olivier),  175. 
Gros  (Gard),  307,  315.  —  Temple. 

291. 
Crosnier,  155. 

Croie  (La)  (Deux-Sèvres),  333. 

Crouslé,  prof.,  282. 

Crouzille  (La)  (Deux-Sèvres^,  339. 

Crouzlllèrc  (Métairie  de  la)  (id.),  354. 

Crouzon  (id.),  341 . 

Crozat  (Elie),  past.,  465. 

Crozé,  past.,  556. 

Crue  (Vr.  de),  prof,,  571. 

Cru  s  sol  (De),  518. 

Crtizille  (Chat,  de),  465.  —  (De),  Voy. 
Guérin  «le  Cabrayrolles. 

Cujavir,  488. 


Cunitz  (Ed.),  prof.,  278. 
Curban  (De).  Voy.  Pontis. 

Dada,  nonce,  174  ss. 
agnière  (J.),  301. 
Dailhe  (P.),  curé,  24  n. 
Daillé  (Jean),  past.,  21  S. 
Dairou,  456. 
Daliès.  —  Voy.  D'Aliès. 
Dallibert(Gabr.),463  n.  —  (Jacq    »  "t 
Désert.  454,  459.  —  (Mari:  .  4>?  - 
(Rach.),  ép.  A.  de  Grigny,  4*3 
Dalton  (Dr  Herm.),  376. 
Damiate,  564. 

Dammartin  (S. -et  M.),  215.  216  r 
Damville  (Maréch.  de),  524. 
Dampierre  (De),  colonel,  567  | 
Danemark,    255,    322,   370,  37!  - 

(Prince  et  princesse  de;,  lfi^€.W<» 
Dangalis  (Jacq.),  curé,  206. 
Dangeau  (De).  Voy.  Coureill<>n. 
Dannreuther    (H.),   past.,   \rA  «vt 

278  ss.,  479,  543  ss. 
Dardier  (Ch.),  past.,  275. 
Daronde,  past.,  204  n.  —  Voy.  Kl»» 

d'Arande. 
Darse  (Louis),  465. 
Darvieu  (Annibal),  past.,  291  s« 
Daudé,  subdél.,  300  ss. 
Daudet.  —  Voy.  Dodet. 
Daudrairie  (Noël),  459  n. 
Daugnion  (Comte  de),  473. 
Dauphiné,  prédic.  —  Voy.  P.  Col'  paw 
Daup/iiné,  259. —  'Les  prot  <'>>  F* ■•  i 

et  des  Baronnies  en  in<»2  p«  ' 

l'invasion  du),  7  ss.  —  Témoico  *fn 

rendus  aux  Nouv.  Conv.  du  M'V* 

17.  21  ss. 
Daussonne  (J.),  armurier,  479 
Daulrairie.  —  Voy.  Daudrairie 
Davila,  510,  512,  516. 
Davin  (Vinc),  chan.,  88. 
Vax,  542. 
Debac,  254. 

Debenicroix    (Elis.)  6p.   G    <  tï" 
nant,  63. 

Décès  de  réfugiés  franc,  n  'îfttfiu 

(1681-1710),  50. 
Déclarations  royales.  3f»6,  ' 
Declave  (Esther)  ép.  J.  I.nuiniu  U 
Dédicace  [Sermon    nola'iU  /  **  m 

jour  de  la)  |C1.  Marot  1539   :::  m 
Dédier  (Gab.)i  greffier,  63. 
Deferron  (Cl.),  57. 
Defrère  Dùbartas  (Jeanne  <;    .  »• 

(org  de  Montbarl iei\  G i 
Deharsu,  nol . ,  64. 


DE   LIEUX,   ET  DES   PRINCIPALES  MATIÈRES 


591 


Dtlafont  J.-L.\  63. 

Dflaline  (Mlle),  424. 

Dflapîle  Anne  .  ép.  G.  Dédier,  63. 

Uflor  Euslache  et  Noël),  200. 

Uemole  (Dr  E.),  77  n.,  390. 

Iirnkinger  IL),  past.,  271 . 

lleolionnc  [CL),  202. 

i».  planche  Su/..',  ép.  0.  Bernouin,  62. 

btrval  (Anne-Marie),  ép.  Crassel,  64. 

l'e-OL'uliers,  i TS . 

Desahut,  médecin.  62. 

l'o-  Bouillons.  456. 

Iiesrhanips  (Gaston),  571. 

lu  scombaz  (Ed .  ,  past..  465. 

|ie<cornes  Pierrej.  229  n. 

Pescoitsu,  jurisc,  465. 

bt  patine  (Gilles),  65. 

I»es  Hoiiillièrës.  —  Voy.  Lafont-Bois- 

(îuerin. 
D-slioiilières  (Mme),  35. 
Hes  Hours  (Ch.),  sr  deCalviac.  403.  — 

Su*.),  ép.  P.  de  Quatrefages,  403  n. 
-«  Desiderius  »  [Didier  Abra],  4*8. 
Desjardins  (Abel),  592  n. 
Iles  Loges.  —  Voy.  Hardy. 
Iles  Marais,  intendant,  367. 
|ii  «iiiaret/  Fr.),  past.,  62. 

Masures    Louis),  poète,  80,  393, 
b-  nmay,  71  n. 
b.*<  Nn  ux.  —  Voy.  Rasse. 
I»es  Plantiers  (Mlle).  Voy.  Marie  de 

h  Tour  La  Charce.  —  (Marquis).  Voy. 

Pierre  (fils)  de  La  Tour  La  Charce. 
Desportes  (Ph.),  86. 
he  pots  <Dan.j,  past.,  205.  —  (J.j., 

proc,  209. 
Iȑ-ubas  (Marie),  proph.,  188. 
Iles  Vallées.  —  Voy.  Gaullard. 
be<  Vallons,  prisonn.,  257. 
Ptsvieux,  87. 
lies  Vignolles  (P.),  290. 
bct.  ze  (H.>,  188. 

Dtvinay  (Alex.),  past.,  65.  —  (Marg.), 
•  p.  Ant.  Laurent.  65.  —  (Marie  ,  ép. 
\nt.  Rottrget,  65. 

Q<rrtu>j  Le),  17. 

hexmier d'OIbreuse  (Alex.),  126,  566. 
-  Léonore)  duch.  de  Zell,  126,  565. 

ÎMlier.  prêtre  brûlé  (1533  ,  478. 

Pie.  isn..  37,  58,  59,  62.  —  (Acad.  de). 
'•63.  —  Délibérations  consulaires 
de  .24  n. —  Lettre  du  duc  de  LaFcuil- 
h  !>' à  la  municipalité  de),  1703,  ±\. 

l>  ';  pe.  Ifi8,  109  n..  170.  371. 

/>•  ulefit,  574. 

Pij  n,  465,  4s0. 

IHnant,  170. 


Dingairesque  (Louise),  ép.  C.  de  Vi- 
gnots, 64. 

Diois  (Les  prot.  du)  pendant  l'inva- 
sion du  Dauphiné  (1692),  7  ss. 

Discipline  eccl.,  419  ss. 

Dis  jours  du  Hoy  Henri  troisiesme  à 
un  personnage  d'honneur...,  490  ss. 

Disper  (Fr.),  203. 

Dives  (Nie),  past.,  465. 

Dizains  [CL  Marot],  229  ss. 

Dobrée  [Musée  Thomas)  [Nantes],  131. 

Dodet  (P.),  avoc,  59. 

Dof/non  (Le  Grand),  335. 

Doimet  (Et-),  296.  ' 

Domergue  (Laurent).  64. 

Dominicains,  36 i. 

Doneau,  jurisc,  465. 

Dunserre,  59.  —  Voy.  Donzère. 

Donzère  (Drôme),  59,  65. 

Dorcester  (Comtesse  de),  176,  254.  — 
Voy.  Sidley. 

Douai,  320,  393.  —  (Les  Commelin  de\ 
320  ss.  —  (Musée  de),  327  n. 

Doublet  (P.),  53. 

Donc  (Fr.),  410. 

Douessay  de  St-Clou,  455. 

Douhault  (Deux-Sèvres],  356. 

Doullens,  26. 

Doumergue  (Doyen  E.),  6  n.,  71  n., 
80,  183,  276,  376  n.',  381,  388  n., 
390  ss.,  571,  572. 

Douvre  (Lord),  171,  366,  373. 

Douvres,  373. 

Doux  d'Ondes  (Jeanne  de),  ép.  J.  de 

Villettes,  479. 
Dracy  [Péage  de),  465. 
Dragonnades,  367.  —  Bréau.  413.  — 

—  Languedoc,  292.  —  Dior,  de 
Meaiu;  221  ss.  —  Poitou,  118,  243. 

Drahé  (Deux-Sèvres),  335. 

Drelinoourt  (Ch.),  past.,  205. 

Drevet  (Mme  Louise),  28  n. 

Dru  (Léon),  180. 

Dubarlas.  —  Voy.  Defrère. 

Du  Béarn.  —  Voy.  Taixoire. 

Dnbesset,  past.  —  Voy.  Pélissier. 

Dubois  —  Voy.  Lannc. 

Du  Bordage  (1616),  452  n.  —  (Marquis  , 

1686,  168  ss.,  255.  —  (Marquise), 

1686,  172,  174. 
Du  Dos,  462. 
Du  Bourg,  462. 
Dubourg  (Anne"),  cons.,  264. 
Du  Bousquet  'Suz.  ,  ép.  Sarrau,  477. 
Du  Boys  (Alb.)f  28  n..  34  n. 
Du  Breuil  (Jean\  sr  de  Vaux,  452  ss. 

—  du  Plessis  Challonge,  455.  — 


592       TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  NOMS  DE  PERSONNES 


Voy.  Montgomery. 

Du  Buy.  —  Voy.  Veyres. 

Du  Cambout,  colonel,  18,  29,  37. 

Du  Cartier,  462. 

Du  Cayla.  —  Voy.  Pépin. 

Du  Cavlou.  —  Voy.  Caladon. 

Ducé  (Manche),  450.  456.  —  (De).  — 
Voy.  Montgomery. 

Duchastellier  (J.),  dame  de  Macey,  400. 

Duchat,past.,  205.  — Voy.  Le  Duchat. 

Du  Chayla  (Abbé).  —  Voy.  Langlade. 

Du  Chesne  (André),  144. 

Du  Clos  (Estbcr),  59.  —  (Louis),  sr  de 
la  Baume,  405  ss.  —  (Sam.),  mé- 
decin, 59.  —  Voy.  Montfaucon. 

Du  Cosney,  456. 

Du  Cré,  marin,  57. 

Ducret  (Toussaint),  médecin,  465. 

Ducros  (Abr.)  dit  Chrestien,  304,  309. 

—  (Guill.),  307,  310,  312. 

Du  Désert  (Jacob),  sr  de  Villelou.  — 

453.  —  Voy.  Dallibert. 
Duel,  361. 

Du  Fa.  —  Voy.  De  Sainte-Hermine. 
Dufayard  (Ch.),  287. 
Du  Ferron,  5t. 

Du  Feu  (Jean),  458.  —  Voy.  Feu. 
Dufour  Pernette),  ép.  Ch.  Agniel,  56. 

—  (Th.),  129,  387  n.,  390. 
Dugua,  maître  de  camp,  294. 
Du  Hamel.  —  Voy.  Talbot. 
Du  Héron,  cons.,  166. 

Du  Houx,  capit.,  215. 
Dulac  (Michel),  juge,  58. 
Dulong  (Marthe),  ép.  P.  de  Cauinont, 
477.  —  (Pierre),  sr  de  Moliage,  477. 
Dumas(Ant.),294.  — (Fr.),  past,.  293  n. 

—  (Fréd.),  past,  92  ss.  —  (IsaacJ, 
past.,  293  n.  —  (Jean),  past.,  292. 

Du  Mas.  —  Voy.  Ferréol. 

Du  Masse  (Pierre)  past,,  56. 

DuMatz  (Elis.),ép.  C.-C.  Gouyon,460. 

Du  May  (Louis),  144. 

Du  Mesnil  (Bapt.),   cons.,  519.  — 

Bazire,  cons.,  489. 
Duminy,  296. 

Dumons  (G.),  421  ss.,  466  ss.,  477  ss. 

Dumonstier  (Dan.),  90  n. 

Du  Mont  (Suz.),  ép.  Bod  Wander- 

muller,  454. 
Du  Moulin  (Famille),  178. 
Du  Moustier,  456. 
Dumur  (F.),  past.,  465. 
Dunal  (Et.),  402  ss. 
Duncan,  réfug.,  115. 
Du  Noyer  (Mme),  432  n. 
Dunoyer  (Michel),  past  ,  465. 


Dunt,  190. 

Du  Perron  ^Le  card.),  162  n 
Du  Pigni  (Mme),  105. 
Du  Pilhon  (Scipion),  24  n. 
Du  Plaissy.  —  Voy.  Bouchet. 
Du  Plessis.  —  Voy.  Bouchet. 
Duplessis-Bellière,  colonel,  561.  y 
Du  Plessis-Challonge.   —  Voy.  ba 
Breuil. 

Du  Plessis-Mornay  (Ph.),  80,  45 J 

Du  Poët  (Marquis),  274. 

Du  Pont.  —  Voy.  Loumau. 

Dupont  (Jacob),  85.  —  (Jeanne  . 
Soleil,  65. 

Du  Poujol  (Félice),  ép.  Chr.  do  Mon! 
faucon,  409.  —  d'Olargues,  407. 

Dupré,  résid.  à  Genève,  256. 

Dupuis  (Elisab.),  ép.  J.  Huguctan. 

Du  Puits.  —  Voy.  Ogeron. 

Dupuy  ("Antoinette),  ép.  Ph.  de  Gi 
neste,  424.  —  (Jérémie\  421  n  - 
(Louise),  ép.  J.  de  Brail  do  M<>u 
lens,  421  ss.  —  Bequètc  à  Kirillc 
(1686),  423.  —  (Marie),  ép.  J..<  <Jr 
Luppé,  423.  —  (Noël),  avoc,  60.  - 
(Sam.),  sr  de  la  Bousquetié,  421  n 

Duquesne  (Abr.),  120,  176,  256.  3fii 

Durand  (Jacq.  de),  sr  de  Rironnito*. 
présid.,  61.  —  (Madel.  de  .  (<\  - 
(Marg.),  216.   —   (Marg.  «le  .  *j 
J.-L.   Delafont,   63.,   —   Los  Sàî 
lières,  456. 

Duras  (Marie),  ép.  A.  du  Tremolet.  !" 

Duras  (Maréch.  de),  371. 

Duré,  456. 

Durfort  (Gard),  291,  292. 

Durfort  de  la  Boissière  (Marqni?  J» 

9  n.,  18  n.  —  Lettre  à  Ponlchartn  - 

(1692),  21  ss. 
Du  Rieu  (W.-N.),  203. 
Du  Rocher-Montagu,  455. 
Du  Roure  (Comte),  291. 
Dury,  178. 
Dusseau,  94  n. 

Dutoit  (J. -Philip.),  dit  Dutoit-Mirr 

brini,  past,,  282. 
Du  Tremolet  (Ant.),  55. 
Dutulîeaux,  47  4. 
Du  Verger  (Math.),  curé,  216 
Du  Verney  (Ant,),  ép.  De  Caunolle.  f  ! 
Duyse  (H.  van),  323  n. 
Dykes  (Oswald),  princip.,  375 

Eaubonne  ("Seine  et  Oise),  202  n 
brard  (Fr.  d'),  sr  de  Mirroval.  !î 
Eck,  prof.,  376. 
Eclopegenet  (Deux-Sëvrcs\  340 


DE  LIEUX,    ET   DES  PRINCIPALES  MATIÈRES 


593 


Eclouzettes  [Les)  (id.),  349. 
Ecoles,  163. 

Ecosse,  110.  178,  258,  301,  366,  312, 

415,  565,  568.  —  (4*  centenre  de  la 

nuiss.  de  Calvin  en),  266  n. 
Ecravois  (Deux-Sèvres),  338. 
Edimbourg,  258,  266  n.,  361,  364,  371. 
Edouard  VI  $  Angleterre,  171,  322. 
Kffli  Km.),  prof.,  81,  05. 
Eglises  cath.  (1686),  172. 
Khrhard  (A.),  3!I7  n. 
Elberfeld,  376,  31)6. 
Elisabeth,  reine  d'Angl.,  171,  528. 
Elvidius  (Stanislas),  495. 
Embrun,  10  ss.,  20  ss.,  54  ss.,  60.  — 

Siège  de  1692),  14  ss. 
Emden,  322.  w 
Emprisonné  [D'un    glorieux)  [Qua- 
train de  Cl.  Marot],  226. 
Enclave  [V)  (Deux-Sèvres),  342,  343. 
Enfants  prot.  (Enlèvem.  d'),  222,  25«j. 
Enfer  Seine-cUpise),-^. 
Enlèvements' de  prot.,  432.—  d'en- 
fants prot.,  222,  259. 

Enoll  (Abbé  d'),  361,  566. 
Knschédé  (A.-J.),  263. 

Enterrements  prot.,  163,  280. 

Epense.  Documents  inéd.  sur  le  Pro- 
test, à),  218  ss. 

Epervier  (Deux-Sèvres),  356. 

Epigrammes   de   Cl.   Marot  contre 
Guill.  Poyet.  226  ss. 

Epine  {L')  (Deux-Sèvres),  342,  350. 

Epines  '  Les)  (id.),  347. 

Epinière  [L')  (id.),  343. 

Epistre  de  Marot,  237  ss. 

Erable  [L')  (Deux-Sèvres),  360. 

Erasme,  160. 

Erichson  (A.),  158,  278. 

Erlmujen,  112,  270.  315. 

F.rvard  (D'),cons.,176.  —  Voy.  Erwart. 

Escalier  (D'),  capit.,  247. 

Escallier  (Dr),  393. 

F-c;irron  Madel.  d'),  53. 

Eschard,  156. 

Escoliat  (Cée.  d'),  ép.  D.  de  Mouron,  53. 
E<couehé  (l)').  —  Voy.  Montgomery. 
Ercoulois  (  Deux-Sèvres),  339. 
Ksnires  (D  ).  —  Voy.  Ruer. 
E<guière.  —  Voy.  Eyguières. 
Espagne,  8,  168, 112,  291,  363,  369,  312. 
F.-paze  Jean),  305  ss.,  311. 
Espene.l  Drôme),  22  n. 
Espérausse,  564. 
F.<pinasse  (D'),  402. 
Esprit.  —  Voy.  Séguier. 
Essarts  {Les)  (Deux-Sèvres),  355. 


Esselme  (?).  —  Voy.  Guill.  Martin. 
Essel  (Deux-Sèvres),  334. 
Este  (Prince  Reinalt  d'),  313. 
Estellcn  (D  ).  —  Voy.  Douessay. 
Estenard,  458. 
Estienne  (II.),  225. 
Eslrades  (Marcel),  d  ),  260. 
Estrées  (Le  card.  d'),  166,  370.  — 

(Duc  d  ),  243,  370,  373. 
Estrées  (Deux-Sèvres),  336. 

Etampes,  493  n.  —  (Duchesse  (ïj,  228. 

Elerpe  [L')  (Deux-Sèvres),  351. 

Etournelière  (id.),  350. 

Europe  [L')  vivante...  (Chappuzeau, 
166<>),  144. 

Fuzeby,  huissier,  43S  ss. 

Evêque  (Mold1)  sur  les  Synodes,  562. 

Exactions  des  seigneurs  contre  les 
paysans,  401  ss. 

Exercices  de  fiefs  {Claye,  1637),  207  ss. 

Exireuil  (Deux-Sèvres),  332,  333. 

Exoudun  (id.),  346,  3 H,  354,  358. 

Eyguières  (B.-du-R.),  53,  58. 

Eynesse  (Gironde),  480. 

Fa  (Chât.  du),  118. 
aber  (Reginald  Stanley),  96,  118. 
Fabières,  169  n. 
Fabre,  de  Montredon,  307.. 
Fabrègues,  past.,  564. 
Fabri  (Christophe),  212. 
Fagniez  (G.),  286  n. 
Faguet  (Em.),  86  n.,  90  n.,  512. 
Fain  [La)  (Deux-Sèvres),  343. 
Falaise,  457. 

Falaiseau  (AnneJ,  ép.  J.  Falaiseau,  59. 
—  (Marie),  ép.  J.  Gautier  de  Paizy, 
60.  —  (S.),  banquier,  574  n. 

Falanot  (De).  —  Voy.  Caubet. 

Faljoie  (Métairie  de),  352. 

Fanatiques,  430  ss. 

Fanet,  456. 

Farcy  (Jean),  past.,  557. 

Farel  l'G.),  70,  178,263,  265,271,418. 

Farges  [A.\n\  58. 

Fatïo  (Guill.),  388. 

Faugeré  (Deux-Sèvres),  341. 

Faugerit  (id.),  348. 

Faulcon  (Claire  de),  ép.G.  Lulier,  201, 

Faure  (Isab.  de),  ép.  Jean  de  Bar,  56. 

Faux  (Un)  en  citation  [Le  retour  des 

chefs  camisards],  188. 
Favier  (Fr.),  ingénieur,  60. 
Favin  (Marie),  ép.  P.  Doublet,  53. 
Favre  (Ed.)  388,  511. 
Faye  (E.  de),  prof.,  118. 
Fayet,  212.  —  (Pierre),  greffier,  493  n. 


38 


591       TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  NOMS  DE  PERSONNES 


Fayette  (Deux-Sèvres),  343. 
Keillel  (S.),  chirurg.,  4G1. 
Felehère  (Suz.),  ép.  Cl.  Roberty,  65. 
Félice  (P.  de),  past.,  66  ss.,  81,  171, 

261,  262,  273,  569,  572. 
Femmes  fugitives  travesties,  302. 
Fénelon  (et  Mme  Guyon),  281  ss. 
Fenêtre  (Col  de  la),  8. 
Fenouillère  (La)  (Deux-Sèvres),  333. 
Fenouix  (id.),  334. 
Ferard,  178. 

Ferchal  (Deux-Sèvres),  355. 
Ferdinand,  peintre,  180. 
Ferrare,  397. 

Ferréol  (Aymé  de),  sr  du  Mas,  02. 

Ferrières,  564. 

Ferrières  (J.  de),  curé,  513. 

Ferron  (P.  de),  53.  —  Voy.  Deferron. 

Du  Ferron. 
Feu,  308.  —  Voy.  Du  Feu. 
Feux  (Métairie  de),  341, 
Fèvre  (Mgr  Justin),  87. 
Fevret,  49. 

Feydeau(Marg.),  ép.  C.  Anjorrant,  207. 

Feydou  (N.),  srde  Brou,  207. 

Fezensaguet  (Le),  423  n. 

Ficker  (Joh.),  397. 

Fief-Goyau  (Grange  du),  554. 

Fiefs  (Exercices  de)  [Claye].  207. 

Fieubet,  250. 

Figueyrolles,  311. 

Fiïlol  (Alex,  de),  01. 

Finiels  (Fulcr.),  413. 

Finot  (Jean),  82. 

Fiole  (La)  (Deux-Sèvres),  352. 

Fise  (P.),  03. 

Filou  (Logis  de),  407. 

Flamant  (Le).  —  Voy.  Odolf. 

Flamarin  (Marquis  de),  258. 

Flandre,  172,  17  4,  322  ss.,  309.  372.  — 

(Régiment  de)  290  n.  —  Conseil  des 

Troubles  (1507),  322  ss. 
Fléchier  (Esprit),  évêq.,  309. 
Fleury,  402. 
Florac.  248,  480. 
Florence,  490  n. 
Flotle  (De),  27. 
F'iour  (Géd.),  past.,  54. 
Foix  (Pays  de),  500. 
Folchier  (Cath.),  ép.  N.  Dupuy,  60. 
Folie  (La)  (Deux-Sèvres),  334. 
Follet  (id.),  341. 
Fonhedoire  (id.),  346. 

Fonbelle  (id.),  341. 
Fonblanche  ,id.),  1146. 
Fonbrtme-Uerbinau   (P.),  past.,  91, 
223  n.,  317  n.,  573  ss. 


Fonchâlré  (Deux-Sèvres),  3ÎI. 
Fonfréroux  (id.),  355. 
Fonfroide  (llasile  de,,  52. 
Fonjuliane,  00. 
Fonmorie  (Métairie  de),  358. 
Fonsellet,  09. 

Fonlagnou  Métairie  du).  358. 
Fontaine  (Deux-Sèvres',  3 4S . 
Fontaine-Française  (Chât.  de  ,  41. 
Fontaines  (Les)  (Deux-Sèvre>  .  3: 
Fontauzelière  (La),  358. 
Fonfenay  (Manche),  457. 
Fontenay-le-Comle,  558. 
Fonfenelles  (Les)  (Deux-Sèvres  .  3 
Fontmort  (Mme  de),  117. 
Fonverrines  (Deux-Sèvres),  33'». 
Forest  (Mlle  de),  302. 
Forêt  (La).  339,  347,  351,  352. 
Forces  (Métairie  des),  552. 
Formont,  banquier,  500. 
Fornelet,  past.,  279. 
Fornel,  not.,  50,  5S,  59,  65. 
Fort  (P.),  avoc,  201. 
Fortin,  past.,  457. 
Fortranche  (La)  (Deux-Sèvre?  .  332. 
Fossemale  (Yalat  de),  305. 
Foster  (Herbert-D.),  G  n.,  272. 
Foucard  (L.),  curé,  200. 
Foucault  (Eust),  libr.,  158  n. 
Foucault  (Deux-Sèvres',  34s. 
Fouet  (Le  Mas  du),  305. 
Fouquelin,  402. 

Fourne  (La)  (Deux-Sèvres),  343. 
Fournet,  not.,  57,  04. 
Fournier  (G.),  296. 
Foville  (A.  de),  73  ss. 
Foye  (Grande  et  Petite),  343,  36U 
Fragnée  (La)  vDeux-Sèvres  ,  351. 
Fraissinel,  80.  —  Voy.  Fressinrt 
France  prot.  (La),  80. 
Franc  forts. -M.,  150,  375.  370  n 
Franche-Comté,  172  n. 
François  (Deux-Sèvres),  333.  336. 
François  I«,  8,  49,  225.  272. 
Françoise  (Alix),  ép.  A.  Bouton,  il 
Frayeurs  Les  ;  de  Crispin  ,  1 682  . 1 *•  - 
Frédéric  1"  de  Prusse.  111. 
Frédéric-Guill.  I,r,  élect.  de  ftmn 

bourg,  258.  307,  309. 
Frédéric-Guill.  Il,  roi  de  Vrmst<  i 
Frédéricq  (Paul  .  588  n  .  3%. 
Fredollel  (Marie)  ép.  H.  de  la  Maitttf .  • 
Frémont,  162. 

Frenvh  lloek  [Le  Coin  fnm\ni*  '■ 
Freseliiiicl.  —  Voy,  Frcssinel 
Fresnaye,  402. 
I   Frcsne(Ovnc),  457. 


DIS  LIEUX,   ET  DES  PRINCIPALES  M  ATI  EUES 


Fressines  ^Deux-Sèvres),  337. 
Fressinel  (David),  past.,  58. 
Fressinières  (Col  de),  10. 
Friquerolles,  402. 

Fromage  (R.),  44  ss.,  129  ss.,  225  ss. 
Froment,  102. 

Froté,  s-  de  Sey,  453.  —  (Marie),  ép. 
G.  Martin,  453  n. 

Frotté  vLouis  de',  chef  chouan,  453  n. 
—  Pierre),  prieur-curé  de  Souilbj 
Motifs  de  la  conversion  de),  220. 

Fucillet  (De),  459  n. 

Fugitifs,  108  ss.,  302,  305,  371,  372, 
421  —par  mer,  5(58.  —  (Biens  des), 
38,  250,40)0  ss.  —  Champagne,  281. 
(A  propos  d'une  élude  [de  l'abbé 
llouquette]  sur  les)  du  Languedoc, 
400  ss.  —  Femmes  travesties,  302. 

Fuye  (La)  (Vienne),  351. 

Fuzier  (Fr.),  443.  —  (Louis),  443. 

i^abé  [Cabre?]  (Comté  de  Foix),  54. 
I Jahre,  54,  480. 
Gabriel,  bâtard  de  Savoie,  257. 
Gaehon  (Doyen  P.),  290  n.  309  n. 
Gagnebin  (F.-IL),  past.,  263. 
(îaiiïe  Ad.),  130. 

Gaignaire  (Olympe),  ép.  .).  Gelin,  57. 
Gaignard  (Alex.),  55. 
Gaignet  (J.),  supérieur.,  87. 
Gaillard,  curé,  424. 
Gaillardy  (Ant.  de),  453,  454,  401. 
Guillaudière  (La)  (Deux-Sèvres),  340. 
Galari  Pierre),  407. 
Calepin,  442. 

Galères  (Compagnies  des),  13. 

Galères  d'Espagne,  372. 

Galériens,  105,'  109  n.,  200,  280,  311, 
312,  302,  303,  443,  575.  —  Libéra- 
tion de  1713,  189  ss.  —  Commémo- 
ration à  Marseille  (1908),  91. 

Galicie,  278. 

Galland  (A.),  448  ss.  —  (Marie),  ép. 

F.  Hardy,  214. 
Gallien  Julien),  s'  de  la  Vigne,  454. 
Gallinière  (La)  (Deux-Sèvres),  337. 
Galliol  de  la  Noë,  450. 
Galmantier  (Deux-Sèvres),  355. 
Galway  (Lord)  [II.dc  Huvignyj,  98, 105. 
Gamin  (P.),  past.,  343  n. 
Gand,  '.Yli  ss . 

Gnndissière  (La)  (Deux-Sèvres;,  359. 
Ganges,  02  ss.,292,  407.—  (Comtesse 

de  .  132  n.,  442  n. 
Gantés  L.  ,  vie.  gén.,  89  n . 
Gap,  10,  13,  10,  20  ss..  32.  55,  480. 

-  Kvè,i.  de  .  1092.  21. 


Car  iTomaso),  541. 

Garde  (La  Cour  de  la),  3511. 

Garde  (La  Petite),  350. 

Gard  y  (F.),  conservât.,  387. 

Garennerie   (La)  (Deux-Sèvres),  356. 

Garnaudière  (La)  (id.),  350. 

Garnicr,  apotbic,  280. 

Garockel  Deux-Sèvres),  339. 

Carrela  (ït.),  191  ss. 

Gary  de  Mauléon,  87. 

Garzelle  (La)  (Deux-Sèvres),  34L 

Gascougnolle  (id.),  330. 

Gassaud  (Totnelle),  ép.  J.  de  Gênas,  58. 

Gaston  (Abbé  Jean),  178. 

Gaucherie  (La)  (Deux-Sèvres\  359. 

Gaullard  (A.),  sr  des  N'allées,  401,  402. 

Gaulmin.  —  Voy.  Gaumin. 

Gaulois  (Coligny  et  Le\  18."». 

G  a  ult  (La)  (Deux-Sèvres),  3  47. 

Gaultier    de    Saint-DIancard  (Fr.).. 

past.,  543.  —  Voy.  Gautier. 
Gaumin  ou  Gaulmin  (M.),  intend.,  186. 
Gaumine  (Mariage  à  la),  186  ss. 
Gautelière  (La),  350. 
Gautier  (Dr  Léon),  50  ss.  —  (Lucien). 

prof.,  277,  388.  —  (M.  et  Mme),  385. 

—  (Marg.)  ép.  De  Pourneau,  61.  — 

de  Paizy  (J.),  60.  —  Voy.  Gaultier. 
Gauttier,  456. 

Gauvannière  (La)  (Deux-Sèvres),  350. 
Gauvin  (id.),  355. 
Gavanon,  prédic.,  307. 
Gay  (Pierre),  prédic,  289,  305  ss. 
Gazan  (David),  dit  La  Jeunesse,  pré- 
dic, 305  ss,  318.  —  (Jean),  305. 
Geag  (Le  Gra?id  et  le  Petit),  35  4. 
Gelzkotler  (Mémoires  de),  538. 
Gélibert  (Le  P.),  294. 
Gelin  (H.),  180.  —  (J.),  médecin,  57 
Gênas  (Jean  de),  srtle  Uoaulieu,  58. 
Gendrel,  459  n. 
Généalogies,  178. 

Genebrières  (De).  Voy.  J.  de  Viçr>se. 

Genêt  (Le.)  (Deux-Sèvres),  3  40. 

Genève,  6  n.,  44.  77,  113  ss.,  130.  149 
n.,  150,  190,  202,  218,  235,  256,  271, 
290,  321,  327  n.,  307,  472,  477,  571.— 
(Acad.  de),  271,  389,  595  ss.  — 
(Bourse  franc,  de,,  52  ss.  —  ( Col- 
lège de),  380  (grav.),  589,. 390.  — 
Coin  de  la  Corraterie  et  de  la  pro- 
menade des  Hastions,  385  (grav.). — 
{Guide...  de  l'étranger  à)  (F.  Don- 
mergiic),  394  n.  -  llisl.  de  l'Fgl. 
de  'Alex.  Cuillof,  1909  ,  395.  — 
(H.  Heyer,  1909;,  571.  —  (Hongrois 
à  .  389  ss.  —  Le  Jubile  de  Calvin 


596       TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  iNOMS  DE  PERSONNES 


Eglise,  Collège,  Université),  314  ss., 
381  ss.,  510  ss.  —  .Maison  de  Cal- 
vin, 393  ss.  —  Monument  internat, 
de  la  Béform.,  5,  81,  264  ss.,  267 
et  269  (grav.).  —  Souscription,  261. 
574.  __  (Réfugiés  à),  71,  198.  — 
(Décès  de),  1681-1710,  50  ss.  —  Un 
coin  de  Saint-Pierre,  387  (grav.). 

Gencyrargues  (De),  59. 

Gennes  (Jean  de),  459.—  (Jeanne  de\ 
ép.  Matth.  de  la  Roque,  58. 

Génolhac  (Gard),  426  n. 

Gensac,  574. 

Genthod,  385. 

Genlilbj,  119. 

Geo/fret,  333. 

Géographie  hug.  ,Un  chapitre  de), 
[Le  Moyen-Poilou  au  milieu  du 
xvnr  s.],  328  ss. 

Georges-Guillaume  de  Brunswiek- 
Lunebourg,  duc  de  Zell,  126. 

Georginière  (Métairie  de  la),  351. 

Gérard  (Marc-Ant.  de),  sr  de  Saint- 
Amant,  191  ss. 

Gergais  [Jarjaye].  Voy.  Monlauban. 

Germain  (Lords,  111. 

Gervais  (Ant.),  300  ss. 

Gelteau,  capit.,  62. 

Gévaudan,  cons.,  442. 

Gex,  57,  58,  61,  62.  —  (Chât.  de),  61. 

Gibaud  (Louis),  past.  356  n. 

Gide  (Ch.),  prof.,  512. 

Gien -sur-Loire,  56,  465. 

Giessen  (Université  de),  316. 

Giffart,  grav.,  180.  —  Voy.  La  Roche. 

Gignoux,  191. 

Gijounet,  564. 

Gineste  (Philip,  de),  sr  de  Najac,  424. 
Ginestous  (De),  401.  —  (Claude  de), 

ép.  César  de  Gouvernet,  39  n.  — 

(Pierre  de),  39  n. 
Girard,  not.^  64  ss.  —  (Ant.),  191.  — 

(Jean),  465.  —  La  Chaussée,  456.— 
Giraud,  181  n.  —  Browning  (A.),  118. 

Voy.  Girod. 
Girin  (J.),  libr.,  143. 
Girod,  465.  —   (Ant.),  proc,  60.  — 

(Pierre  Ant.),  past.,  63.  —  (Salom.), 

55.  —  Voy.  Giraud. 
Giron  (Jacq.),  past.,  451. 
Glaris,  104  ss. 

(ilay  (Jean  de),  sr  de  la  Costardaye, 

452,  458. 
Glé  (De).  Voy.  Glay. 
Glorieux  emprisonne  (D'un)  (Quatrain 

de  Cl.  Marot),  226. 
Gloria  (De),  155. 


I  Gobelin  (Famille),  118  n.  -  A.  .  „•  T 
Gobineau  {Fonds),  328. 
Godde  (Benj.),  chirurg.,  220.  2:i.  - 

(Henri),  221. 
Godeau  (Ant.),  évêq.,  89  n. 
Gœpp  (J.-J.),  past.,  92. 
Gœthe,  270. 

Goirand  (Jacq.),  prêtre.  442  n  .  *•"! 
I  Goise  (Deux-Sèvres),  356. 

Gomar,  prof.,  567. 
j  Gombaut,  envoyé  de  France,  r.6<. 
j  Gondi  (A.  de),  maréch.  de  Retz,  i'^ 
J  Gonesse  (De).  —  Voy.  Cl.  Anj'-rrsEl 

Gonin  (Aug.),  past.,  465. 

Gontier,  425. 

Gonzague  (Marie-Louise  de  .  rein- 

Pologne,  191. 
Gory  (A.),  past.,  465. 
Gosselin,   459.  —  (AM»é>,  2R2  - 

missionn.,  92.  —  (Jacq.  .  161.  — 

la  Chapelle,  456. 
Goubaudière  {La),  333. 
Goubert  (Pierre),  401. 
Goudargues,  516. 
Goulepel,  456. 

Goulet  (J.),  maître  d'école,  220. 
I  Gounon,  dit  Pradon,  past..  163  - 
Lettre  à  Court  deGébelin  11  II   .  :  : 
Gourand  (Jacq.),  prêtre,  442  n  .  "f 

—  Voy.  Goirand. 
Gourdon  (Lord),  364. 
Gourdon  (Deux-Sèvres),  356. 
j  Gourjaudières  {Les),  35 't. 
Gouvernet  (De),  367.  —    Mar  ; 
de),  255,  364.'  —  (César  df  ,  mu- 
quis  de  La  Charce,  39  n. 
Goux  (Deux-Sèvres),  360. 
Gouyon  (Claude),   sr  de  Tours  V 
460.  —  (Glaude-Ch.  baron  dr  Mv 
cey,  460.  —  (Marg.),  ép.  Do  l1^ 
j      gevinnière,  459. 
!  Grafenried  (E.  de),  banneret,  109. 
Grafton  (Comte  de),  254,  253,  "•"  •  « 
G  rail,  tailleur,  309. 
Gran  (Hongrie/,  482. 
Grancey  (Abbé  de),  172,  255  n. 
GrandcJiamp  (Deux-Sèvres  .  34? 
Grand-Ry  (id.),  338. 
i  Grands-Jours  d'Auvergne,  ;oi 

Granerie  {La)  (Deux-Sèvres  .  »v 
j  Grange  (La)  (id  ),  341,  356 
Gra.nge-a.u-P rieur  (La),  353. 
Grange-au.r  Moines  Ja\  333, 
Grange-Brûlée  (Combat  de  h  .  :*  • 

Grange  de  Maulvault    f.a  .  331 
Grange  d'Oiré  [l.a\  358, 

Grange-Neuve  [La),  334,  311 


DE   LIEUX,   ET  DES  PRINCIPALES  MATIÈRES 


89  n.,  568. 

Grasset  J.  .  gai.,  515  n. 

tiratonnière  [La),  358. 

Grave  E.  .  213. 

tlravesend,  322. 

ù  rave  lté  [La],  358. 

Gravier  Marg.t,  ép.  A.  Jantial,  62. 

Grimoire  (Marie;,  ép.  P.  du  Masse  ou 
«1.-  Massé,  56,  61. 

Grégoire  XI 11,  pape,  527. 

Gregory,  juge,  258. 

Grcné  Philib.),  past.,  465. 

iWenohle,  13.  15,  20  ss.,  42,  52  ss., 
60.  6  4,  89,  302. 

Gresland  (Jean),  past.,  556.  —  (Ju- 
dith .  557. 

Grevou  (David),  dit  La  Verdure,  pré- 

dic,  305  ss. 
GrilTet  l.e  P.),  408. 
liriffhn   Deux-Sèvres),  337. 
Grii»nan    (Comte    de),   lient,  gén., 

\-l  ss.,  H,  29,  33  n.  —  Lettre  à 

C.hamillart  (1703),  39  . 
GriL-ncy  (De).  Voy.  Grigny. 
Grigny  (Ant.  de),  451,  455.  —  (Jeanne 

•le  ,  ép.  J.  Le  Fèvre,  455. 
Grillet  Jacob  ,  459  n. 
Grimault  De),  518. 
Griinodet  (Anne  et  Ch.),  réfug.,  54. 
Griselle  (E.),  105,  254,  361,  565. 
ijroie  La  (Deux-Sèvres1,  338. 
Croies  Les    id.  ,  335. 
C'ois  d'Abbé,  339. 

Gr.>>,  médecin,  59.  —  (CL),  avoc.59. 
G>.>< ./fois  (Deux-Sèvres),  339. 
Ginsjean,  not.,  53,  58,  61. 
Gtnsjcux  ('Marie  dè%  ép.  P.  de  Main- 

villiers,  51 . 
llros-IWmat  (Le)  (Deux-Sèvres),  338. 
r„>ys$e-Talle  (La)  (id.),  346. 
tiroussinière  (La)  (id.),  351. 
Grové,  94. 
Guehw,  480. 

Guenaud  kJacquel.),  ép.  P.  Amiot,  56. 

Guerard  David  ,  451. 

Guerchi  De).  Voy.  Maratin. 

Guérin   Hoisv.  Voy.  Lafont. 

Guérin  de  C;ibrayrolles,  sr  de  Cru- 

rille.  405. 
ihiewsey,  459. 
Gumiier,  450. 

Guerres  de  relig.,  45,  90  n.,  274,  476, 

499.  505.  -  (2e),  487  n.,  507  ss. 
Gin  n  ier,  2s2. 

Gueymar  (Daniel),  consul,  24  n. 
i'$uif'(rtevie  [La)   i  Deux-Sèvres),  356. 
Guichard,  220  n.  —  (Jean),  marquis 


de  Péray,  260,  566.  —  (N...),  ép- 
Chr.  Hardy,  57.  --  (Pierre;,  63. 

Guide  (Philib.),  poète.  464  ss. 

Guidi  (Dominico),  sculpt.,  254. 

Guilîrey  (G.),  130,  225. 

Guigner  aie  (La)  (D.-S.),  340,  356. 

Guigne  (G.),  archiv.,  89. 

Guiguer  (Jeanne,  ép.  Cl.  Turlon,  53. 

Guillaume  III  6'AngL,  98  ss.,  148  n., 
165,  168,  361,362,  365,  367,371,514. 

Guillemet  (Jacques  ,  458. 

Guilleslre,  S,  12,  15,  21,  29. 

Guilletat  (Fr.),  past.,  465. 

Guillonnet,  415. 

Guillot  (Alex,),  past.,  388,  395. 

Guillotière  (La)  (Deux-Sèvres',  343. 

Guion,  474.  —  past.,  178. 

Guiraud, juge,  430.  —  (Daniel),  pas!., 
50.  —  (MadeL),  ép.  P.  Viard,  59.  — 
(Jeanne),  ép.  Cl.  d  Albcnas,  02.  — 
(Marg.ï,  ép.  J.  Olivet,  55. 

Guiraudet  (Louis  de),  54. 

Guiremand,  libr.,  445. 

Guisbury  (Lord),  364. 

Guise  (François  de),  184  n.,  492,  503. 

—  (Assassinat  de)  502,  503,  515  ss. 

—  Arrêt  du  29  janv.  1566  innocen- 
tant Coligny,  485  n.,  515  ss.  — 
Sa  veuve  [Mme  de  Nemours],  492, 
503.  —  (Henri  de),  499  ss.,  502,  501, 
513,  523,  530.  —  Voy.  Lorraine. 

Guizard,  169  n. 
Guizot  (Fr.),  82. 

Guy  d  Airebaudouze  de  Clairan  (Ber- 
nardine), ép.  L.  de  Jaussautl,  411. 
Guyenne,  162,  116,  292,  560. 
Guyneau   Est  lier  ,  ép.  P.  Paris,  450. 
Guyon(Mme)  et  Fénelon,  281  ss. 
Guyot-Tanet,  455. 
Gysor  [Guizard],  169  n. 

Hadington  (Comte  d').  Voy.  Ilamil- 
ton. 

Iladorn  (Dr  W.),  316  n.,  396  n. 
Halle,  266.  —  (Univ.  de),  316. 
Haller,  66,  70. 

Hambourg,  76  n.,  150,  511  n. 
Hamelin  (Philib.),  imprim.,  410. 
ttameln,  471. 

Hamillon,  comte  d'Iladington,  90. 
Hanauer,  13  ss. 
Hannct,  456. 

Harcourt  (Comte  d'),  ambass.,  191. 

Hardy,  462.  —  (Christophe),  srdc  Beau- 
lieu,  57.  —  (François),  srdes  Loges, 
cons.,  214.  —  (Jean),  459  n.  — 
(Judith),  ép.   D.  Tissard,  214.  — 


'i98       TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  NOMS  DE  PERSONNE! 


(Marie  ,  ép.    (iasp.    <le  Perrinel 

d'Arzeliers,  o.r>. 
Ilarlay  de  Champvallon,  archevêq., 

16f»,  r;68. 
Ilarnack  (A.),  prof.,  397  n. 
Harte  (Vie.  de),  gouv.,  535. 
Ilatif  (Anne),  ép.  Ant.  Girard,  191. 
Ilaultin  (H.),  imprim.,  80. 
Haupays  ou  Hautpays,  past.,  457,  Ï02. 
Hauteville  (De).  Voy.  d'Autcville. 
Ilavet  (Louis),  prof.,  82. 
Hazemlle  (Seinc-et-Oise),  273. 
Ueidelberg,  270  n.,  321.  —  (Université 

de),  376. 
Heidenmùller  (G.),  past.,  268. 
Heiltz-le-Maurupt  (Documents  inéd. 

sur  le  Protest,  à),  278. 
Iléliodore,  past.,  465. 
Hëliot  (Sara),  ép.  J.  Girard,  46!). 
Helsingfors,  571  n. 
Ilénard,  past.,  556. 

Henri  III.  Voy.  Duc  d'Anjou  et  Dis- 
cours du  voy...   à  un  personnage 

d'honneur... 
Henri  IV,  118.  —  à  la  St-Barthéleniy, 

496,  501  ss.,  539. 
Henri  VIII,  171. 
Hepp  (Eug.),  263. 
lléraults  (Les)  (Vienne),  352. 
lîerbaudière  (£')  (Deux-Sèvres\  333. 
Herbiers  (Les),  555. 
Herdesianus,  jurisc,  537. 
Hérelle  (G.),  prof.,  278  ss. 
Hermet  (Esp.),  ép.  J.  Jauthial,  60. 
Herminjard  (A.-L.),  271,  275  n. 
Hermitain  (L),  358. 
Herouville  (D'),  222. 
Ilersan,  doct.  de  Sorbonne.  174. 
Hcrwart  (D'J,  cons.,  99  n.,  108,  176, 
216  ss.  —  Mme  d'),  364,  367  n.  — 
(Mme  d  )  mère,  255. 

Herzog,  376  n. 

Hess  (D.),  Statthaller,  109. 

liesse,  107,  111.  —  (Amélie-Elisab., 
landgr.  de),  148  ss. 

Hevrard  (Alex.),  53. 

Ucycr  IL),  past.,  571. 

Heynault  (Jacq.),  cure,  206. 

Hierles  (D').  Voy.  Moritfaucon. 

Hildebrandt  (Ulrich),  270. 

Hinneberg  (Paul  i,  397. 

Hoek  Fmich)  \Coin  Français},  93. 

Hoir  (i\.  A.),  past.,  275. 

Hoffmann,  past.,  ÎOS.  —  (J.-.I.)  lo  i- 
bon  univermk  do),  1 13,  150. 

Iloll  (K.),  prof.  370,  397. 

Hollard.  past.,  10!  SS. 


Ilolslein,  162  n. 

Homellerie  (Métairie  de  1'  .  .">■•'>. 

Hommery,  455. 

Hongrie,  100,  254,  368,  389  sv.  i4! 

565.  —  (4*  centenaire  de  la  na  " 

de  Calvin  en),  266  n. 
Hongrois  (  Les)  à  Génère.  3S'J  " 
Iloorne  (Comte),  392. 
Hoquincour  (Le  chevalier  d  .  r«3 
llorbourg ,  90  n. 
Home  Kev.  Sylvcsler  ,  31λ. 
Horst  (L.),  278. 
Morte  (Jacq.  d'),  02. 
Ilorts  (Valat  des;,  299. 
Ilouel  (Jeanne),  ép.  S.  Bouri:et.  'I 
Houilles,  480. 

Houlebec  (De).  Voy.  Le  HouleillfT. 
Honmeau  (V)  (Deux-Sèvres  ,  332.  '" 
Houmée  (V)  (id.),  332,  343. 
Houstor,  capit.,  459. 
Howart  (Le  cardJ,  170,  174. 
Hue,  462.  —  de  Montays  Jacob  ,  \*4 
Huet  (Daniel),  évêq.,  459  n.,  403. 
lluguenin  (Ch.),  571. 
Huguenot  (Afrique  du  Sud  .  93. 
Hugues  ^Davidi,  s'  de  Benivin*  ' 

60.  —  (Edm.),  330. 
Huguelan  (.1.),  avoc,  ;>2. 
Humières  (Maréch.  d' .  117. 
Huraud  (Antoinette,  ép.  J.   Ni.  i 

rant,  201,  203.  —    l.oni<  . 

Monmagny,  201. 
Hurit  ( Deux-Sèvres),  359. 

Iconographie  calvinienne,  3""  *« 
le  (L')  Deux-Sèvres  .  336. 
Illustrations.  —  L'église  'le  »  f  r 
d'après  une  phologr.,  196. 
château   de    Claye,    d'apri  - 
estampe  de  Castillon,  1 —  •  * 
nève.  L'angle  de  la  Coi  raleric  >\  f 
la  promenade  des  Bastion*.  3*  — 
Le  Collège,  3S0.  —  Un  •••in 
Saint-Pierre,  387.  —  Projet  !<  v' 
miment,  internai,  de  la  Hêf<  I  i 
lion,   d'après  des  photopr  1 
et.  profil),  207  et  269.      I.e  .  U\\ 
La  Charce,  d'après  uni-  po-o 
19.  —  Le  versant  nord  du  r*«|  * 
Mrrcou,  d'après  une  pliolngr..  ".' 

—    Mouchataps .    Kylise    d  in»  U 

quelle   les   réformés  i  «  \<     •«  •  i 
leur  culte  jusqu'en  IttSl .  '  < 1 
Temple  hiUi  en  IN06,  re<  l'iM*  i 
presque  totalement  en  i  " 
Xoyon.  Le  porche  et  I  il»*i«!e  '  • 

cathédrale,    d  .»près  i|c«   |  h.  • 


DIS  LIEUX,   ET  DES  PRINCIPALES  MATIÈRES 


378.  319.  —  Le  l'ont  de  Mon/ver/, 
d'après  un  dessin,  249.  —  L'église 
de  Souilly,  d'après  une  photogr., 
219.  —  Uzcs.  La  place  du  Caste), 
î29.  —  Ce  qui  reste  du  pilori,  437. 
Wilérargues,  427.  —  La  Basse-Cour 
•!u  prieur,  435.  —  La  statue  de 
Philis  de  La  Tour  La  Chaire,  d'après 
une  photogr.,  27.  —  Cartes.  Basses- 
l'vvennes  Ch.  Bost),  21)7.  —  Dau- 
phin?' pend;uit  l'invasion  de  1692 
\.  MailheC.Î). —  Noyau  et  environs 
J.  Pannier  .  377.  —  Moyen-Poitou 
prot.au  milieu  du  xvme  s.,  (Th.  Mail- 
lard. 344-345.  — Région  de  Pontor- 
«>n-Cormeray,  549.  —  Plan  de  Claye 
J.  Pannier),  194.  —  Plaque  appo- 
sée dans  l'Eglise  réformée  de  ( Cha- 
lon-sur-Saône, d'après  une  pho- 
togr..  405.  —  Portraits  de  Calvin, 
d'après  une  peinture  d'Albrecht. 
Anker.  exécutée  en  1858  d'après  les 
documents  originaux  et  appartenant 
à  .Mme  Vve  G.  Baum  (Hors-texte). 
—  de  .Mme  de  Maintenon  (E.  Fer- 
dinand', 181.  — (Petitot),  182.  —  du 
Baron  Fernandde  Schickler,481. 

hnbarl  de  la  Tour,  prof.,  28  5  ss. 

Indes  Occidentales,  370  n. 

Indes  Orientales,  149  n. 

Infirmerie  (//)  ;  Deux-Sèvres),  339. 

Innocent  XI,  pape,  166,  170,  172,  173, 
231  ss.,  l>58  ss.,  361  ss.,  565,  568.  — 
et  la  Hévocat.  de  l'Edit,  de  Nantes, 
370,  371,  373. 

hisqy  Deux-Sèvres),  356. 

Intrépide  (Le  vaisseau  ï),  123. 

Mande,  116.  254,  368.  —  (Projet  de 
colonisation  en\  98  ss.  —  Biens 
•les  calhol.  d';,  175. 

I<abeau,  cous.,  442. 

Isernay  Prieuré  d'),  357. 

lùgny,  »53  n. 

hoard  DanieD,  24  n. 

Italie,  7  ss.,  272,  373. 

Jackson  S.  Macaulay),  prof.,  276. 
icob  Biblioph.),  390.  —(Jeanne),  ép. 
I».  Dépôts,  puisP.de  Vrillac,  206  n. 
JacoGe.  past.,  205. 
Jacobins,  364. 

impies   II.  \YAngl.,    123,  165,  168, 

170,  SM,  260,  361,  371,  373,  565. 
Jadré  Deux-Sèvres  .  339. 
J  léger  :  Martin),  268  n. 
Jaila  J.',  prof.,  188. 
!  illieu  Isère',  4S0. 


Jairiet,  155.  —  (Lyon),  49. 
Janavel  (Josuc;,  capit.,  55. 
Janet  (P.),  prof.,  282. 
.lanot(Renéc),  ép.  Ch.  Tourmyne,  155. 
Jansénisme,  179. 

Janthial  (Aymé1,    médecin,    62.  — 

(Sam),  465. 
Jargeau,  542. 

Jarillière  {La}  (l).-Sèv.),  351. 
.larjaye  (De).  Voy.  Montauban. 
Jarnac  (Bat.  de"),  500,  511,  513,  574, 
Jarric  (Métairie,  de  la\  353. 
Jartou  (Suz.),  ép.  P.  A  ni.  C.irod,  63. 
Jasse  (La),  351. 
Jaunetière  [La)  (D.-Sèv.  ',  342. 
Jaussaud,  past.,  564.  —  (Alex.),  430. 

—  (Franc,  de*,  avoc.,  477.  —  (Louis 

de),  cons.,  477. 
.lautliial  (Jacob),  avoc.,  60. 
Javarzais  (Métairie  de),  342.  354.  — 

Le  Grand),  352. 
Jazeneuil  (Vienne),  350,  351. 
Jersey,  463. 

Jésuites,  167,  174;  255,  259,  572.  — 

en  Chine,  565. 
Jeûne  fédéral  (Origine  du),  384. 
Jœrimann  (S.-P.),  390  n. 
Johannesburg,  95. 
.loissin  (Suz.),  ép.  Trémolière,  63. 
Jolonnière  (La)  (D.-Sèv.),  347. 
.loi y,  not.,  61. 

Jonchereau  (Deux-Sèvres1,  538. 
Jonghe  (B.  de),  323  n. 
.lorlin,  past.,  457. 
Josse  (Robert),  206  n. 
.louan.  —  Voy.  Corbière  (Jean). 
Joubert  (Jeanne  de),   ép.   Jacq.  de 
Durand,  61.  — (Louis',  capit.,  ^90  n. 
Jouennot,  456. 

Joug  (Le)  (Deux-Sèvres  ,  338. 
Journal  de  John  Locke,  417  ss. 
Jousseau  (Franc,  de),  avoc,  60. 
Jouvencourt  (De).  Voy.  Blondel. 
Jubilé  de  Calvin  en  Angleterre,  aux 

États-Unis,  en  Allemagne,  en  Suisse, 

en  France,  et  à  Genève,  37  i. 
Jugement    du   présidial    de  Ninies 

contre  Jacq.  Bouton  et  Jacq.  Olimpc 

•1701),  440  ss. 
Jugements  imprimés,  80. 
Juges  (Louise  de),  ép.  C.  de  Malle- 

r.irgue,  61. 
Juifs,  85.  —  Le.s  et  Cil  vin.  397  n. 
Juigné  (Comte  de1,  536.  —  de  Cas- 

tellane  (Mme  de),  556. 
Juiniere  (la)  (D.-Sèv.  ,  339. 
Julicher  lA.f,  397. 


()00       TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  NOMS  DE  PERSONNES 


Jullien  (Pierre  de),  cons.,  408  ss. 
Jundt  (A.),  prof.,  275  n. 
Jurieu  {Lettres  past.  de)  168  ss. 
Jussay  (Deux-Sèvres),  338. 
Juste  (Marg.  de),  ép.  Desahut,  62. 
Justice  (La)  (Deux-Sèvres\  359. 

Kalstat  (Olympe  de),  ép.  Reynaud 
de  Baron,  56. 
Rattenbusch  (F.),  397. 
Kempenaere  (Philip,  de),  323  n.  — 

Voy.  Campene. 
Ring  (Lord),  417. 
Rnoch  (J.),  past.,  54. 
Knodt  (Dr  E.),  prof.,  268. 
Rnox  (John),  265,  415. 
Rochs  (E.),  past.,  268,  271 . 
Ronig,  libr.,  150. 
Ruyper  (D'  A.),  268. 

La  Bastide  d'Engras,  290. 
a  Bastide-Rouairoux,  480,  564. 
La  Bâtie  (Mme  deN.  Lettre  à  Mme  de 
Léberon  (1693),  32.  —  Voy.  Rivoirc. 
La  Baume  (Ch.  Jos.  de),  présid.,  428 
La  Baume-St-Véran.  Voy.  Montcalm. 
La  Beau  frère,  55. 
La  Bessère  (Martin  de),  57. 
Labessonnié,  407,  564. 
Labhart  (J.-IL),  archiv.  9!)  n. 
La  Bironnière  (Ch.it.  de,,  559.— (De). 

Voy.  La  Forêt. 
La  Boissière  (De).  Voy.  Durfort. 
1^  Bonté,  prédie.  Voy.Capieu  (Jacq.). 
La  Borde,  brigadier,  259. 
La  Boulaye,  172,  256. 
La  Bousquetié    (De).    Voy.  Dupuy 
La  Brande  (Chût,  de),  477.  —  (De). 

Voy.  Sarrau. 
La  Bresche.  Voy.  Audebert. 
La  Bretonnière  (De).  Voy.  Beauchef. 
Lacabarède,  564. 
La  Cardonnière  (De),  27. 
La  Case-Dieu  (De),  519. 
Lacaune,  56  L 

Lacaze  564.  —  (De).  Voy.  Caladon. 
La  Chaise  (De),  officier,  222.  —  (Le 

P.  de),  166,  222. 
La  Chaize-le-Vicomte,  519. 
La  Chapelle,  149  u.  —  Voy.  Gosselin. 
La  Charce,  25,  26  n.  —  (Chat,  (le),  19 

(grav.),  35.  —(De).  Voy.  La  Tour. 
La  Charité-sur-Loire,  542. 
La  Chaume,  556. 
I-a  Chaume tte,  178. 
La  Chaussée.  —  Voy.  Girard. 
La  Chaux  (  Alex,  marquis  de  ,  60. 


Lacheret  (E.),  past.,  261. 
La  Clapièrc  (Pont  de),  10. 
La  Cluse,  30. 

La  Combe  (P.),  ép.  IL  Romain ■>.<    •  ' 

La  Commune.  —  Voy.  Le  Jeune 

La  Condamine.  —  Voy.  Lavaleltt 

La  Costardaye  (De  .  —  Voy.  Glay 

La  Coste  (De),  past.,  293  n. 

La  Côte-St- André,  53. 

La  Cour  (1s.  de),  ép.  J.-.L  Soulier.  *  : 

La  Cousture  (De'.  —  Voy.  Hyssnn 

La  Croisière  (De),  55. 

La  Croix  (Marc  de),  médecin.  4r~  - 

(Suz.  de),  465.  —  Voy.  Mai>  '  v.1 
Lacroix  (Col),  13. 
La  Crouzelte,  564. 
Ladevèse,  188.  —  Voy.  D'Ainouin 
Ladevèze  (Chat,  de),  244,  248. 
La  Farre,  407. 
La  Fayolle  (De),  past.,  554. 
La  Ferté  (Marquis  de  ,  17 i. 
La  Ferté-au-Col,  206  n. 
La  Feuillade  (Duc  de),  gouv.,  \\  — 

Lettre   à  la  municipalité  de  f»  t 

(1703),  24. 
La  Feulle  (Ph.),  201. 
La  Fleur.  —  Voy.  Le  Tellier 
La  Fleur-Argier  (De).  —  Voy.  Phili 

ponneau. 
Lafont  (Arth.),  past.,  575  sv  —  Km 

82  ss. 

Lafont-Dois-Guérin  (Guill.  de  ,  dt« 

Houillières,  26. 
La  Fontaine  (De).  —  Voy.  Citent 
La  Force  (De).  —  Voy.  Caumonl 
La  Forest    De).  —   Voy.  Vas*) 
La  Forêt-Dironnière  (De  ,  559. 
Lafosse.  —  Voy.  Gosselin. 
La  Fosse  (Henry  de),  451.  4r>:; 
La  Foux  (J.  de),  ép.  L  de  Bazars.  *ll 
La  Garde  (Baron  de).  518.  —  Ant 

nette  de),  ép.  G.  de  Lafont -U  i 

Guérin,  26. 
Lagier  de  Vaugelas,  27. 
Lagny,  214.  —  (De),  —  Voy.  l.a«»?oun 
La  Grange  (Aymé  de),  55 
La  Grave  Hautes-Alpes1,  54. 
La  (ïirsirre,  55. 
La  Grivelicre  (De),  98. 
La  Guinarderie  (De  .  —  Voy.  GrnnM 
La  llarague  d  Ashvy  (De  .  \<'< 
La  tiailSSet  (De).  — Voy.  Pio/ot 
La  Haye.   108,  155.  -  Voy.  Maniil 
La  Hogue  (Combat  de),  h»92,  123 
La  Hyonnlère  —  Voy.  Tourniynf 
Laillerye.  —  Voy.   IlOCSSOD,  By««  - 
Lainey,  462. 


DE  LIEl'X,   FT  DES  PRINCIPALES  MATIÈRES 


/.  lis   [)pux-Sèvres\  3  48. 

I.n  Jautlonnière,  559. 

l.\  Jeunesse,  prédic.  —  Voy.  Gazan. 

La  Jonquière  (De',  138  n. 

I.  i  I.aigne,i22.  —  Voy.  Ste-Hermine. 

La  Lande,  colonel.  567. 

Laleau  De).  —  Voy.  La  Tour. 

I.alut  Deux-Sèvres),  337. 

La  Mal  maison  (De  .  —  Voy.  Lulier. 

La  Mande  ou  L'Amande  (Benj.  de  . 

médecin.  58,  60. 
I.  »  Maria  Ant.  de  .  01 . 
La  Marre  (César  de},  capit.,  61. 
Lî  Masure  (De^.  —  Voy.  Pesant. 
La  Mauriace  (?)  (De  .  —  Voy.  Baron. 
Lamhertière  [La),  343. 
La  Melonnière  De',  lieut.-col.,  169  n., 

172.  255. 
Li  Mere  'Lord  de),  171,  173. 
Lamoignon  Présid.  de),  149  n.  —  de 

Banville  N.',  intend.,  106,  188,  243, 

230  ss..  289  ss.,  294,  313,  314,  466- 

—    Requête  de  Mme  de  Brail  de 

Moulens  à),  1080.  423. 
La  Monnaye  (De).  —  Voy.  Tourmyne. 
la  Morînerie   Baron  L.-M.  de  ,  473. 
La  Morte  (Fr.  de  ,  24  n. 
La  Motellerie  (De).  —  Voy.  Béchevel, 
La  Mothe  Métairie  de  ,  552. 
La  Mothe-Fénelon  De  ,  ambass.  — 

Voy.  Salignac. 
/.//   'Mothe  Sl-Uémy,  341,  354,  355, 

X<;,  ,r.9. 

La  Molle  A.  de),  ép.P.  LaFeuIIe, 201. 

La  Motte-Blagny.  —  Voy.  Béchevel. 

In  Motle-Chalancon,  3o/ 

La  Mouillère  (De).  —  Voy.  Moellon. 

La  Mulonnière  —  Voy.  La  Melonnière. 

L»  Musse  Marquis  de),  109  n. 

La  Nave.  —  Voy.  Nave. 

lande  Métairie  de  la),  351.  —  (Logis 

de  la  ,  357. 
/. a n 'tes-Gen usso n,  555. 
Ijindouzy -la-Ville,  480 . 
l\  Neuville,  4%. 

Lang  A.  .  pas!.,  206,  375,  376,  388. 

Langaleric  De),  intend..  21. 

Lange,  pas!.,  69  ss.  —  de  JMonmirnl 

Laure  de  ,  ép.  P.  de  Beaucastel,  65. 
L'Angelicr  Abel),  libr.,  158  n. 
Langcvinnièrc  (De).  —  Voy.  Dallibert 
Langey  Marquis  de,,  109  n.,  300.  — 

Marquise  de),  126. 
Unglians  (E.),  390  n. 
Lmglade  du  Ghayla  (La   mort  de 

!  abbé  François  de.,  243  ss.,  425. 
Langle  (De),  178. 


Langlois  Mich.  .  a  ne  capucin,  54. 

Languedoc,  prédic.  —  Voy.  Valdeyron. 

Languedoc,  166.  188.  191,  243  ss., 
259.  292.  301  ss..  367,  373  ss.,  500, 
508.  —  Dragonnades,  292.  —  Églises 
cath.  (1686),  172.—  Notaires  prot., 
290.  —  (Projet  d  invasion  en),  1091, 
299,  317.  —  Temples.  418.  421.— 
(Locke  el  les  Prot.  du)  1676-1677, 
'il7  ss.  —  (A  propos  d'une  étude 
[de  l'abbé  Rouquette]  sur  les  Fugi- 
tifs duj  400  ss. 

Languiat  de  Bonjol  (N...L  é{>.  Cit.  de 
Caubet,  54. 

Lanis  (Isaac1,  421  n. 

Lanne  dit  Dubois,  past.,  ISO. 

La  Noë  (De  .  —  Voy.  Galliot. 

La  Norville,  212. 

La  Noue   De  .  1686,  127. 

Lansac  (De),  518. 

Lanson,  prof.,  88,  512. 

La  Nuéjols,  407. 

La  Paindavinnière  —  Voy.  G  ri  Met. 
La  Pairière  (De),sr  de  Beauregard,  5i. 
La  Palluelle  (De),  455. 
Laparade,  480. 

La  Perrine  De),  200.  —  Voy.  Péray 
La  Pervenche,  480. 
La  Picardière  J.-Fr.  de),  01." 
Lapierre  frères,  444. 
La  Pierre  (De).  —   Voy.   Le  Besse- 

guier.  Le  Tel  lier. 
La  Pi  pane.  303. 

La  Place  (Claude  de'.  pré-Ire,  210. 

La  Plaine,  prédic.  313  n. 

La  Plaine  (De).  —  Voy.  Trinquicr. 

La  Planche  (T.  de),  dit  Barbarin,  271 . 

La  Plane  (Ed.  de),  40. 

La  Plume,  proc.  —  Voy.  Siméon. 

La  Pommeraye  (De),  capit.,  128. 

La  Popelinière  (De  ,  509. 

La  Porte  J.  de  .  past.,  59.  98. 

Laporte  Gédéon),  243  ss. 

La  Primaudaye  (De),  118. 

La  Prime  (De).  —  Voy.   Ln  Fèvre. 

VAragne  (Hautes-Alpes  ,  55.  65. 

La  Banardière.  —  Voy.  La  Tousche. 

Laiche  (Col  de).  8,  12. 

Lardy  Dr  C),  min.  de  Suisse,  75  n. 

La  Reail  (B.  de  ,  avoc,  04. 

La  Bicollais  Ant.).  461 . 

La  Rivière.  —  Voy.  Poucet,  Varin. 

Larnac  ^Bod.  de  .  subdéL,  433. 

La  Boche.  —  Voy.  Champion. 

La  Bojchefoucauld  (De),  1572,  497. 

La  Boche-Gillart  (Marquis  de),  168. 

La  Roche-soas-Uriani'OJi,  15. 


(102       TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  NOMS  DE  PERSONNES 


La  Rochelle,  93.  118,  125,  1(13,  365, 
500,  554.  —  (Siège  de  1028;,  25,  3*0. 

La  Rocherre  (Ph.  de),  sr  de  Villaurey, 
'.('.0. 

La  Rochelle,  17. 

La  Roque  ouLarroque  (Math,  de),  58. 
La  Hoquette.  —  Voy.  Quatrefages. 
La  Rose,  456. 

La  Rouvière,  prédic.  —  Voy.  Papus 
de  la  Verdogie.  —  (De),  401. 

Larrey  (Marquis  de),  9  n.,  11  ss., 
21  ss.  —  Billet  à  Phi  lis  de  la  Tour 
La  Gharce  (1693),  31. 

Larsonneur.  —  Voy.  Rabec. 

La  Sablière  (Mme  de).  302. 

Lasalle.  289  ss.,  304,  309,  318  ss.  — 
Temple,  291. 

La  Salle  (Mas  de),  303. 

La  Saussaye  (Marg.  de),  2*3. 

Lascours  (Pierre  de^,  201. 

La  Selve  (Ferme  de",  293  n. 

Laserre,  past.,  564. 

Las  Ondes  fMas  de),  305,  306,  310, 

Las  Sognes  (Métairie  de),  318. 

La  Su/.e  (De).  —  Voy.  Champagne.  — 
(Mms  de)  [Henriette de Coligny],  89  ss. 

La  Touche,  past.  —  Voy.  Losses. 

La  Tour  (Marie-Marg.  de),  31.  — 
(René  de)  baron  de  Monlauban,  31. 

La  Tour  de  Laleau  (De),  65. 

La  Tour-du-Pin  (De),  30,  408. 

La  Tour-Gouvernet  (Cath. -Françoise 
de),  ép.  P.  de  La  Tour  La  Charce. 
26.  —  (René  de),  26  n. 

La  Tour  La  Charce  (César  de),  marquis 
de  la  Charce,  30.  —  (Françoise  de, 
douairière  (Placet,  1703),  33.— (Fran- 
çoise de),  ép.  Fr.  de  Pontis,  26.  — 
(Louis  de)  26.  —  (Lucrèce  de),  31.  — 
(Marg.  de)  [Mlle  d/Aleyrac],  26.  — 
(Marie  de)  [Mlle  desPlantiers],  26.  — 
(Pliilis  de)  [Légende de)  7.  25  ss.  — 
(Quatrain sur) 35. —  Portraits,  40  ss. 
—  Statue,  21  (gravA  —  .Pierre  do  , 
marquis  des  Plantiers,  25,  26,  38.— 
R.-Scip.  de),  comte  de  la  Charce,  39. 

La  Tousche  (Dan.de),  sr  de  lo  Ranar- 
dière,  152. 

La  Tviballe,  '.07. 

Laubarée,  338. 

Laubespine  (De),  519. 

Lauhinnière  ,l)e).  —  Voy.  La  Uicollais. 

Laumerais  (De).  —  Voy.  D'Àlibert, 

Launay  (De),  486. 
LauroguaiSf  .ri60. 
Laurens,  sénat.,  42. 
Laurent  (Ant.),  médecin,  65. 


Lausanne,  376n. —  Biblioth.  canl<  n 

de),  225.  —  ( Mémoire  de  la  Virer  ,  . 

desPauvres françois>'éfuf/ir*...n  .» 
Lause  .Marg.1,  ép.  J.  Tandon.  "»9.  • 
Laulremoni ',  338. 
Laval  (Maison  de),  514.  —  Ch.  <!< 

37.  —  (Lucrèce  de),  37. 
Lavalette (J.-F.),srdelaCondainin'  i 
La  Valette  (Raron  de),  Voy.  Nogart 
La  Vallette  (Marie  de),  ép.  Pi"M 

la  Hausset,  56. 
Lavaur,  369.  —  (Dioc.  de  ,  171, 
Laverdin  (J.),  sergent,  208  ss. 
La  Verdogie  (De).  —  Voy.  Papa- 
La  Verdure,  prédic.  —  Voy.  D.  Cn  \ 
La  Vieuville  (De),  456. 
La  Vigne  (De).  —  Voy.  Callien. 
La  Villefrisson  ;De\—  Voy.d'Alil- • 
La  Villette-lez-Paris,  198  n. 
La  Violette,  —  Voy.  Teyssonniîre* 
Lavisse  (E.),  prof.,  188  n.,  169.  52'. 

et  la  guerre  des  Camisards.  213  « 
La  Vivaryé  (Mas  de),  296. 
La  Voulle-sur-Tthone,  443. 
Layard  (Sir  Henri- Austin  ,  527 
Leberon  (Lettre  de  .Mme  de  La  )'  I 

à  Mme  de),  1693,  32. 
Le  Rignon.  —  Voy.  Suppliau. 
Le  Blanc,  contrôi.,  200.  —   N.  .  • 

Ant.  de  Rudé,  203  n. 
Le  Rlond,  393. 

Le  Bouteiller  (H.),  sr  de  Houlehc. 
Lebret  (J.),  451,  454. 
Le  Breton,  proviseur,  150  n. 
Lebrun,  peintre,  17!t.  —   Mme  «'. 
Le  Brun  (Crespin  ,  proc.  lisral. 
Le  Chartier,  456. 
Le  Clerc  (.1. .,  1 17  n. 
Lcconte,  162. 

Le  Coq,  cons.,  108.  —  Mme  . 

Lectoure,  536. 

Lédignan,  291 . 

Le  Duchal  (Tim.  .  205. 

Lefèvre  d'Etaplcs,  S8B,  395  n. 

Le  Fèvrc  (J.),  sT  de  la  Prime,  i' 

Lefort,  '.(12. 

Lefranc  Abcl  .  prof .  80,  M.  F 
275  n.,  377,  38s,  ;;:2  —  Jeanne  • 
Gérard  Cauvin,  380. 

Léganèz  (De  ,  gouv.,  i l 'i 

i.e  Gaygnard  P.  ,  s < i  s*. 

Léger  M.),  past.,  190. 

Lcguuis,  8ii. 

Legrand,  208. 

Lcgrip,  peintre,  5 1 . 

Le  llamel.     Voy.  Turpin, 

Le  lia  n  e.  109  n..  383,  Il  .  hfl 


DE  LIEUX,    ET  DES  P 


RINCI  PALES  MATIÈRES 


1103 


l.i  hr  br  Ern.  ,  "78. 
Leipzig  258. 

I.o  Jeune,  155,  461 .  —  (Abr.),  454.  — 

Marie  .  ICI. 
Le  Laboureur,  532. 
le  Locle,  1 1  \. 
l  e  Maistrc,  455. 
le  Mans,  108. 
l  e  Mas  (i'Azil,  480. 
Le  Meignen  [Nie),  curé,  200. 
Lemeunier,  150. 

I. ••moine,  450.  —  (Marg.),  ép.  Luc 

Pouquefc,  457.  —  Voy.  Le  Moyne. 
Leinonnicr,  450. 

Le  Moyne  Guill.),  médecin,  161. 
Lemue,  niissionn.,  94. 
Léon.  162. 

Leopold,  empereur  d'Allemagne,  171. 

3iii>.  3(14. 
Le  Pellé,  456. 
Le  Pelletier  Cl.),  160  n. 
le  Voiizin,  180. 
Le  Prince,  456. 

lUiincy,  180. 
Le  Uenti'f  Jean',  19. 
Le  Rcsseguier  de  la  Pierre,  155. 
Le  Révérend  [Jeanne),  ép.  Jacq.  de 

Montgomery,  459. 
Lerichc,  94. 

Le  Roux  Dan.1,  454.  —  (Joach.),  451, 
4ôS.  —  Su/..  ,  ép.  Is.  Bouchet,  401. 

Le  Roy,  156,  474.  —  (Marie),  ép.  S. 
bupuy,  421. 

Les  Bousquets,  312. 

I.esbros  Abbé),  28  n.,  34,  40. 

Leseaille  Gilles),  200. 

Lesches  De  .  gouv.,  13  ss. 

I.escu  De  .  —  Voy.  Lebret. 

Lesculé,  not.,  210. 

Le  Seigneur.  450. 

I.esellier,  421. 

Lésons  K.  ,  191. 

Les  Ollièrcs,  480. 

l.'Esperou,  107. 

I .p-pinasse,  40;'». 

I.Espinay  (De).  —  Voy.  Miron. 

Ijespinne.  —  Voy.  Blouet. 

L  Espinoy  (Ch.  de),  cons.,  321 

Lesprns.  —  Voy.  Blouet. 

Le*  Vlantiers,  25. 

Les  Sallières.  —  Voy.  Durand. 

Lestang  (De).  —  Voy.  Bougie. 
I>tang,  officiel-,  175,  303. 

Le*focq,  2#0. 

I.  Etoile  P.  de  .  538. 

l.'Estréchure,  300  n. 

t.e<  Vans,  00.  05. 


Le  Tellier  (Ilérodin), 454.  —  Jeanne  , 
ép.  3acq.  Guillemet,  158.—  (Michels 
chanc,  107,  174.  —  (Pierre;,  s'  de 
la  Pierre,  454. 

Le  Tessier  de  Lisle,  456. 

Le  ïourneux,  3(il. 

Lettres  de  Câlinât  au  marquis  de 
Barbezieux  (1692).  22.  —  de  Sam 
Chappuzeau  au  libr.  Thierry  ,1080), 
141  ss. —  de  Charles  IX  à  l'atnbass. 
La  Moibe-Fénelon  (24  août  1572), 
535.  —  à  J.  de  Nogaret.  baron  de  la 
Valette  28  août  1572  ,  536.  —  du 
duc  de  la  Eeuillade  à  la  Municipa- 
lité de  Die  (1703),  21.  —  du  mar- 
quis de  Larrey  à  Philis  de  La  Tour 
La  Charce  1693),  31.  —  de  Mme  de 
La  Bâtie  à  Mme  de  Léberon  (HJ93), 
32.  —  de  Souchat  à  Pliilis  de  la  Tour 
La  Charce  (1692),  33.  —  du  comte 
de  Grignan  à  Chamillart  (1703', 
39.  —  du  commandant  de  Para  lté 
au  même  (1704),  426.  —  du  marquis 
de  Durfort  de  la  Doissière  à  Pont- 
char  train  (1692),  21  ss.  —  du  pas  t. 
Jean  Bianquis  au  présid.  de  la 
Soc.  (1909),  92  ss.  —  de  la  Direction 
française  de  Berne  aux  Seigneurs 
de  la  Chambre  des  Réfugiés  (1693), 
115  ss.  —  de  Montluc,  évéq.  de  Va- 
lence, à  Charles  IX  janv.  1573), 
186.  —  de  M.  le  Baron  F.  de 
Schickler  au  Directeur  du  journal 
Le  Gaulois,  et  réponse  1909  ,  185. 
—  de  Pierre  Frotté  àliossuet  (1090], 
221  ss.— des  past.Viala,  Loire  et  G  nu- 
non  à  Ant.  Court  et  Court  de  Gébelin 
1740-1745), 329  ss.  —  {Cinq  inédites 
de  Rabaut  Saint-Etienne,  143  ss. 

Lel/ret,  32. 

Leuxe  (Jeanne  de  ,  220. 

Leu/ière  (Jean  de),  53. 

Le  Vallois  de  Villette  (Benj.),  119.  — 
(Madel.)i  ép.  Hélie  III  de  Sainte- 
Hermine,  119.  —  (Philippe),  chei 
d  escadre,  117,  170  n. 

Levaré,  456. 

Le  Vasseur,  71  n. 

Lévezou  (Le),  408  n. 

Le  Vigan,  05,  291,  310.  313.  101. 

Le  Villain,  450. 

Levintz,  ju«,re,  25S. 

Levral  Marie  .  ép.  Marin  du  Gré.  57. 

Leyde,  155. 

Lézan  De  .  gai..  109  n. 
Lezag,  313,  340.  317,  318.  319. 
Lhommea  i  Jacq.  .  sr  du  Pont.  57.  01. 


601       TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  NOMS  DE  PERSONNES 


L'Hospital  (Mich.  de),chanc,,  476,  518 

Libertins,  511. 

Liborlière  (Moulin  La),  353. 

Libourne,  480. 

Liège,  282,  392,  478. 

Lignerolles  (De;,  515. 

Ligonier,  178. 

Ligue  (La),  493  n.  —  d'Augsbourg 

(lïuerre  de  la),  1686,  7  ss.,  165. 
L'Ile  du  Gast  (.Marquis  de),  169  n. 
Lille,  146.  172,  174. 
Limonest  (De  .  —  Voy.  Quatrefages. 
Lineau  (Le)  (Deux-Sèvres),  356. 
Lion  (Jean  de),  54. 
Lipse  (Juste;,  487  n. 
Liron,  178.  —  dragon,  304. 
Liron  (Mas  de),  305. 
Lisbonne,  567. 

Lisle  (De).  —  Voy.  Le  Tessier. 
Litière  (La),  351." 
Livoûrne,  168,  362. 

Livre  des  morts  [Genève  1681-17 10)  50. 
Livre  tournois   (Evaluation   de  la; 

dans  les  pays  du  Refuge  (1085- 

17i:;)  72  ss. 
Livres,  364.  —  prot.  (1773  ,  443  ss. 

—  habillés  à  la  romaine,  543  ss. 
Livron  (Philip. -Christ,  de),  62. 
Lizy,  215,  220. 

Lobstein  (P.),  prof.  272,  278,  376,  397. 

Locke  (John),  573,  —  [Journal  de),  417. 

Locowits  (Comte  de),  166. 

Lœsche  (DO,  278,  388  n. 

Lœwenstein  'Mlle  de)1,  marquise  de 
Dangeau,  369. 

Lohier  de  Verbysson,  456 

Loire  (J.-BV,  past.,  329. 

Loiseleur  (J.),  491. 

Loménie  (Fr.  de),  évêq.,  89  n. 

Londres,  32,  165,  168,  173,  191,  221, 
260,  281,  366,  367,  369,  313,  315, 
495.  —  Médailles  (1686  ,  367. 

Longe,  352. 

Longjumeau  (Paix  de1  156S,  510. 
Longueval,  brigadier,  258,  ."167. 
Longueville  (Maison  de),  16S.  —  (Duc. 

de),  518. 
Lonjoutte  (D.-Sèv.),  347. 
Loofs,  prof.,  376. 

Lorges  (De).  —  Voy.  Montgomery. 
Lorient  (Picrrei,  past.,  186. 
Loriol,  60.  —  (De),  107. 
Lorpoiliers  (D.-Sèv.),  354. 
Lorraine  (Charles,  card.  de),  416,  499, 

507,  512,  522,  530,  532. 
Lorri,  48. 
Lorlet,  337. 


Losses  (De),  530.  —  (Doininiqu-  îe 
dit  La  Touche,  past..  555.  —  \ 
de),  ép,  Crozé,  556.  —  Mené  ir 
sr  de  la  Touche,  past..  551'.. 

Loterie  en  faveur  des  Réfugiés  lax 
sanyie),  82. 

Lolière  [Litière]  [La),  351. 
!  Loubat  (Jean)  dit  Baptiste,  |»a<l 

Loubigné,  354. 

Louis' XII,  503. 

Louis  XI 11,  26  n.,  370,  456. 

Louis    XIV,  166  ss.,   2.14.  2<7. 
404  ss.,  417,  565. 

Louineau.  —  Voy.  Lhomineau 

Lour marin,  56,  446. 

Louvier  (Charles^  sr  de  MontravH 
de  Maurevert,  492  ss.,  503.  *••.'  • 

Louvigny  (De),  10. 

Louvois,  362  n. 

Louvreleuil  (Abbé),  247. 

Loyola  (Ign.  de).  572. 
'  Loze  (Marg.)i  ép.  J.  Tendon.  59.  • 

LUbeck,  76  n. 

Lnc-en-Diois,  574. 

Lucas  (Ch.),  médecin,  455.  —  I  \ 
libr.,  545  n. 

Lucerne  (Vallée  de).  —  Voy.  I.u*r  " 

Luçon  (Hôp.  gén.  de  55i. 

Lucq  [Le)  (Deux-Sèvres  ,  •"{',2. 

Ludovisio  (Le  card.\  Ki<i. 

Lugné  (D.-Sèv.)  333. 

Luisserie  (De).  —  Voy.  Canins. 

Lulier(G.),  sr  de  la  Malmaison.  1 

Lumigny,  91  n. 

Lunel,  418. 

Lunéville,  574. 

Luppé  (Josué  de),  423. 

Lus-la-Croix- Haute  )Col  de  ,  1$  n 

Luserne  (Vallée  de^,  171  n  .  254.  i" 
260,  362,  567. 

Lusignan,  350.  —  (Lucrèce  de  . 
Sainte-Hermine,  118. 

Lussan,  438,  480,  575  ss.  —  C  ■■ 
de I.  Voy.  Audibcrt. 

Lussaudière,  348,  359. 
j  Lussay,  334. 

Lusserie  (De).  —  Voy,  Canins 

Luther  (M.),  139,  270^  285,  <rl 
1  LCittge  (W.)  396  n. 

Lyon,  52  ss.,  R4,   131,  144  n  ! 
2îiiî,  259,  362,  410  n..  ISO,  5«3 
i     —  {Acte*  de  V Eglise  de  h  r< 
!       Christ  à\  1830-1832.  80. 

|  lifacey  (De  .  —  Voy.  l)ucha*HI  i 

!    lTlachureault    .los .  ,  mederin,  . 

i  Maoquières,  proc.  gén.,  109 


DK  LIEUX,   ET  DES  PRINCIPALES  MATIÈRES 


005 


Maday  A.  .  390  n. 

Madières  De).—  Voy.  D'Aubignac. 
Madieu,  04. 

Madré  .Métairie  de),  342. 
Madrid  303.  309  n. 
Maastricht,  257,  370. 
Malle  Ant.  de  .  51. 
Magalon  Jacob  de),  54. 
Magdcbourg,  376, 
Maime.  S!)  ss. 

'/'if/ne  i  Deux-Sèvres),  338. 

Magnonnerie  [La],  347. 

Magiiou,  333. 

Magnou  { La).  340. 

Maiustre  Et.),  412.  —  (P.),  402  ss. 

Mahot,  130. 

Mailhet   A.),  past.,  7  ss. 
Maillabiou  (Et.),  421  n. 
Maillan,  cous.,  442. 

Milliard,  450.  —  (Th.),  past.,  328  ss. 
Maillart  Gosse  (Dr  IL),  390. 
Maille  il)ci.  —r  Voy  Pluviane. 
Mailly  (Louis,  comte  de),  122  n.,  127. 
-  Comtesse  de)  [Anne-Marie-Franç. 

de  Sainte-Hermine),  122  n. 
Maintcnon  (Mme  de),  117  ss.,  170  n.. 

!7Mss.,  183.—  (Portraits  de)  179  ss. 

—  F.  Ferdinand,  181  (grav.)  — .  Pe- 

titot,  1S2  grav.). 
Mainvilliers  (Paul  de),  57. 
Mairon,  313  n. 
Vaisoncelle,  339,  351. 
Maisonneuve  (Métairie  de  la),  552. 
Saisonnière  {La),  348. 
Maison-Rouge  {La),  359. 
Vnisons-Seuves,  330,  340.  —  (Métairie 

de<  ,  342. 
Malabiou.  —  Voy.  Maillabiou). 
Malades    Le  Manuel  des)  [Rabaut- 

^t-F.tienne],  444. 
Malan  Afrique),  93. 
Malbranchère  {La),  347. 
Mali'  J.-G.  van),  curé,  323  n. 
M.tlerargues  (De).  —  Voy.  Ginestous, 

Mallerargue. 
Malesherbes,  187. 

Malegrargues,  408  n.  —  (De).  Voy. 

Ginestous. 
Margrave  (Lord),  257. 
Malieslre  ,Mas  de),  312. 
Mille    Franc..),  past.,  03.  —  Voy, 

Mallet. 

Mallerargue  i^César  de),  chambellan, 
—  ,Elisab.  de),  02. —  (François 
de  .  02.  —  Voy.  Malerargues. 
Mallet.  17.S.  —  Voy.  Malle. 
Malon.  —  Voy.  Bercy. 


.  Malta  J.),  210. 

!  Malle  (Ordre  de),  303. 

Mambrini.  —  Voy.  Dutoit. 

Mandagot  (Cl.  de),  ép.  de  Ginestous,  39. 

Mannheim,  257. 

Manoël  (Louis),  294. 

Manosque,  37  i. 

Manies,  204,  480. 
!  Manloue  (Duc  de),  300,  373,  508. 
!  Manuel  des  Malades  {Le)  (llabaut- 
I      Sl-Etienne),  444. 
j  Manuscrit  anonyme  attribué  à  l'abbé 
j      Poncet  de  la  llivière,  433  ss. 

Manuscrits  de  la  Biblioth.,  80. 

Manze  (Col  de),  17. 

Marafin  de  Guerchi,  lieut.,  539. 
j  Marais  {Le  grand),  347. 
j  Marbourg,  375. 
|  Marc  (Frère),  120. 
I  Marcey  (De).  —  Voy.  Gouyon. 

Marchand  ^Prosper\  154. 

Marchenoir,  203  n. 

Marc/iollières  {Les),  33X. 

Mareilly  {Mémoires  du  col.  de),  420. 

Marcourt  (Ant.),  prédie.,  130,  272. 

Marcusson,  334. 

Margueritte    de    Navarre  [sœur  de 

François  Ier],  228,  236. 
Marguerite  (Pierre],  51,  01. 
Mariage  à  la  Gaumine,  180  ss. 
Mariage  (Le,  honnipat-Desporfes^. .,80. 
Mariages  mixtes,  420. 
Mariages  par  paroles  de  présent,  187. 
Mariages  prot.,  103,  440. 
Marie  la  Sanglante  (La  reine  ,  322. 
Mariéjol,  520. 

Marigny  (Enguerrand  de),  144. 

Marillac  (De),  intend.,  121. 

Marilon  (Anna),  ép.  Fr.  Fuzicr,  443. 
—  (Louis).  Retires  de  Rabaul-St.- 
Ft.  à),  1773,  443  ss.  —  (Marie-EIi- 
sab.),  ép.  Alex.  Vernet,  443. 

Marlet  (Léon),  538. 

Marlot  (Dom  Guill.),  532. 

Marolles  (Barth.  de),  03.  —  (Louis 
de),  gai.,  109  n. 

Marot  (Poésies  inédites  de  Clément ), 
44  ss.,  129  ss.,  225  ss.  —  (Chanson 
faite  par),  235  ss.  —  Dizains, 
229  ss.  —  (Epislre  de),  237  ss. 

Marquis  (Jacq.),  avoc,  03. 

Marsani  (Mme),  00. 
|  Marschal(J.),  srde  la  Croix,  past.,  57. 
I  Marseille,  89,94,302,440,480.—  Com- 
mémoration des  gai.  prot.  (1908),  91. 

Marsillargues,  480. 

Marteau  (JeanJ,  past.,  341  n. 


606       TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  NOMS  DE  PERSONNES 


Martel,  greffier,  442.  —  prof..  563.  — 
(Jeanne  ,,  ép.  Dav.  de  Caumont,  117. 

Marligny  (De),  455. 

Martin,  402.  —  (Guill.),  sr  d'Esselmc, 
453.  — (H.),hist.  490,  498,500,  510.  — 
(Pierre;,  413.  —  (W.),  542. 

Martine,  not,  (il.  —  (II.  de),  sr  de 
Sargy,  61. 

Martinet  (Laurent  de),  sr  de  Rossard, 
60.  —  (Lucrèce  de),  ép.  Monlauban 
de  Gergais  [Jarjaye],  55.  —  Voy. 
Saint-Laurent. 

Martinière  (La)  D.-Sèv.)  343. 

Marlran  (ici.)  350. 

Marual  (Math.),  sr  de  La  Haye.  461. 

Marvejols,  248. 

Marville.  —  Voy.  Yigneul. 

Marzelières  (Les),  352. 

Mascarenc  (J.  ),  42 lu. 

Masparault  (De),  525. 

Massabieau,  prieur,  289. 

Massé  Anne,,  01.  —  (Pierre  ,  pas  t.,  (il. 

Masset  (J.-L.),  56. 

Mcissien  (Métairie  de  ,  358. 

Massiou  (D.j,  415.  —  i  L.  ,  102. 

Massip,  guide,  24". 

Masson  Maurice),  281  ss. 

Mathesius  (Jean),  218. 

Matthey-Jeantet  (A.),  512. 

iMatthieu  (lsab.),  ép.  Th.  Maurisse, 
56.— (Justine),  ép.M.deBeaurepaire, 
59.  —  (Pierre;,  hist.,  491,  528. 

Maty,  118. 

JMauléon  (Mlle  de),  81  ss.  —  Voy. 

aussi  Gary. 
Maulvaull  (Deux-Sèvres;,  334. 
Maunay  (id.j  332. 
Maupertuis  (Métairie  de),  359. 
Mau prie.,  351. 
Mauregard  De),  200. 
Maurevert  (De).  —  Voy.  Louvier. 
Maurice  (Ant.),  capit.,  55,  58.  —  (Fr.), 

28  n.  —  (Pierre),  past.,  5(i. 
Mauris  (Ch.),  past.,  .53. 
Maurisse  (Théoph.),  médecin,  5(i. 
Maurs  ((Comtesse  de).  392. 
Maury  (Alfr.),  490,  494. 
Mautré  (D.-Sèv.)  333. 
Mauvaitière  (La)  (id.)  340. 
Maavezin  (Gers),  560. 
Mazal  (Jean),  52.  —  (René),  not  ,  52. 
Mazamet,  180. 
Ma/arin  (Le  card.),  406. 
Mazel  (Abr.).  188,  243  ss.  —  (Marie), 

ép.  P.  de  Quutrefages,  401  n.  — 

(Pierre),  407. 
Mazères,  .560. 


|  Mazièves,  251. 
■  Mazure,  393. 
!  Mead  (Edwin  D.),  400. 
:  Meaux,  200,   215,   222  n.,  4M>.  » '» 
i      505,  541.  —  (Fuite  de)  1568,  — 
512  ss.  —  (Dioc.  de)  [Dragonn.;. 

Meauzac  (De).  —  Voy  Bar. 

Médailles  (Londres,    1886  .  M'.. 
concernant  Calvin,  390. 

Médicis  (Gath.  de),  485,  192  s> 
518,  532. 

Médoc,  162. 

Melac,  brigadier,  561. 

Melgar  (Comte  de),  113,  313. 
I  Melle,  3  40  ss. 
I  Mellier  (Métairie  de),  351. 

Mellini  (Le  card.),  258,  364.  31n. 

Melun,  521. 

Mémoire  de  la  Direction  des...  »•  /' 
(liés...   àLausanne...  [L<deri'-  .  *. 

Mémoire  sur  le   dioc.  de   (Vu  < 
(Extrait  d'un)  1614  ou  15.  ">*>fl 
sur  les  religionn.  (Poitou.  Auhu  ■ 
Sain-fange) [Milieu  du  xvni'  s.\  I'  ' 

Mémoires  du  col.  de  MareiHy,  12 

Ménars  (De),  intend.,  211  n..  223  n 

Mende.  245. 

Menée  (Col  de),  18  n. 

Menet  (Fr.),  443.  —  (lsab.  .  pris  nu 
443.  —  (Madel.),  ép.  L.Mariton.  i. 

Mens.  52,  61. 
|  Mer,  363. 

I  Mercou  (Col  du),  289  ss..  301  km» 
i  Mercure  de  France  (Le  et  Calvin.  1 
|  Méreaux.  81,  330,  314. 
•  Mérindol,  505. 

j  Merki  (Ch.,)  etColigny,  6  n..  1< 
Merle  d'Aubigné  (.1.-11).  2V». 
Mentes.  —  Voy.  Meynieh. 
Merveilleux  (Aime  de),  82. 
Merville,  415. 
Mescbin,  456. 

Mesehinctde  Riehemond  L.  ,  ai  I 
413,  415. 

j  Mesianne  (Jacq.  de»,  sr  de  I* « -1 
!      past.,  61 . 

|  Meslin(M.).,  daine  de  Corinne  • 

j  Mcsmyn,  101  ss. 

!  Mesnii  (Jacq.),  191. 

|  Messe  (Placards  contre  la  .  FW  • 
Messede  Noël  {Hollande,  l«»S"«  p 
Messy  (La  daine  de)  IC.  dcPill ■»>  - 
Mcslre(Am\edc\ep.  P.  de  liai!  ir«..*? 

I  Métayer  (Fr.).  2IC.  —  .1  .\  p  i<1  i\i 
Méliverie  (La).  XVI. 
Metz.  51,  59.  150.  47S.  isu 

1   Mcitlan.  51li. 


LIEFX,   ET  DES  PRINCIPALES  MATIÈRES 


M.'urtrirt'e  [La),  X'>2. 

Me  ver  (Arthur)  (Lettre  de  M.  F.  de 

Schickler  à)  et  réponse,  185,  202. 
Meyholl'er  (Jean).  320  ss.,  478. 
fyyrueis,  02,  180. 
Mozeray  (Franc,  de),  144,  532. 
Miaurdy,  350. 
Mi.  u d  .1.  libr.,  Î343 . 
Mii-hel  Franc.;,  prêtre,  21(5.  —  Jean  , 

imprim.,  130.  —   Sara),  ép.  Ant. 

iHthi'lin,  205.  —  de  St-Agnen,  450. 
Mil  lu-lot  .1.  ,  hist,,  190,  510,  572. 
Michiel  Jean),  ambass.,  497,  527  ss.. 

MO,  541  ss. 
Mu-oulaud  Pont  de  .  298. 
Mtedzéricz,  488. 
Mielgues,  espion.  298. 
Miu-mll  Jean),  340. 
Miîïnaril,  iieintre,  51,  180. 
.Mitrnct,  hist.,  21"». 
Vi'jnonnei'ie  'La.,  348. 
Milan,  10,  113,  2H8,  500. 
Milanais,  8.  301. 
Milet.  450. 

Milices  bourgeoises,  428.  —  (Officiers 

«les  .  2!>5,  299. 
Jfi7/»u*    Aveyron),  107,  180,  500,  503. 
Milly.  colonel,  507. 
Mimant/ère  (La),  333. 
MitiHtu/lière  .Métairie  de  la),  351. 
Miinet  De  .  —  Voy.  Chossegros, 
.Miii.M  W.  ,11. 

*  Minette  »  [Anne-Marie-Françoise  de 

S  linle-Ilermine].  121 , 
.  Molière  (La).  349. 

Mirabcl  'Mine  de),  20.  —  Voy.  La 
Tour-Gouvernet. 

Mirainiou  (Mme  de/(  108. 

Mirandolle  (R.-N.-L),  77  n. 

Mirbt  I)  .,  prof.,  375. 

Miremont  .Marquis  de),  188. 

Mtribel  Alex.de),  capucin,  245. 

Minnand  H.  de),  70  n..  98  ss.,  113. 

Mtivn.  médecin  d'Henri  111,  490.  — 
François),  prévôt  des  march., 
I  '0  n.  —  de  l'Espinay,  490  n. 

Mirreval  (De;.  —  Voy.  Kbrard. 

yheré,  343.  —  Voy.  Mizeré. 

MiY»ane<.  555. 

Missionnaires  cath.,  362.  —  prol.,  94. 
Mitnf  Seine-et-Marne  ,  210. 
M\ zeré,  300.      Voy.  Miseré. 

V  tli  ne,  505. 

M  -11011  iSal.),  sr  de  la  Mouillière,  58. 
M       K.-W.l  391  ss. 

V  :e.  17  4. 

»/  "iflsberff.  4S2. 


007 

Mogier  (Klisab.),  ép.  P.  Ryé,  458. 

Moidré  (De).  —  Voy.  Tardif. 

Moinard  [D.  Sèv.),  341. 

Moine  (Métairie  au),  342. 

Moines,  5  4,  1  5  4  n.  —  (Hollande,  1080), 

175,  254. 
Moise  (La)  (D.  Sèv.)',  337. 
Moissac  (D.  Sèv.), 343.—  (T.-et-G.),  542. 
Moissac  [Meauzac]  (De).  —  Voy.  Bar. 
Moliage  (De).  —  Voy,  Dulong. 
Matières,  402  n.  —  (Chat,  de),  414. 
Molines-en-Queyras,  12,14.  00. 
Mollery  (Franc.),  ép.  D.  Fressinet,  58. 
Molles  (Les),  352. 
Monbartier  (De  .  —  Voy.  Astorg. 
Monceau  (Françoise  de  .  ép.  Fr.  de 

Mallerargues,  02, 
Monceaux,  490. 

Moncontour  (Bat.  de)  1509,  501,  51  1  ss. 
Monde  (Le  Théâtre  du)  (Sam.  Ghap- 

puzeau),  152  ss. 
Mondovi,  170. 

Monélier-de-Clermonl,  18  n. 
Monflanquin,  477. 
Monfreleau,  334. 
Mongis,  450. 
Monicart.  141. 

Monmagny  (De).  —  Voy.  Huraud. 

Monmiral  (De).  —  Voy.  Lange.. 

Monnaies  en  usage  dans  le  Refuge 
(1085-1715;,  72  ss. 

Monnier  (Philippe,  380. 

Monoblet,  290  n.,  290.  —  Temple,  291. 

Monod  (Gabr.),  prol',,  81,  388  n.,  390, 
572.  —  (Gasp.  Joël),  378  n.  —  (H.), 
79,  177,  201,  262,  378  n.,  485  ss., 
569.  —  i  Jean), past.,  378  n.  — (Léop.), 
past.,  572 n.  —  (Victor),  past.,  572.  — 
(Wilfr.),  past..  376,  572. 

Monreveil.  —  Voy.  Montravel. 

Mon  s  (Gard),  408  n. 

Mons  (Hainaut),  128,  170  n. 

Mous  (Deux-Sèvres),  334. 

Monstre  (D'un)  nouv...  baptise',  44. 

Montagu.  —  Voy.  Du  Uocher. 

Montaiglon  (A.  de),  415. 

Montaigne  (Midi,  de),  370. 

Monlaillon,  338. 

Monlald,  172. 

Monlallier,  55. 

Montanceys  (Combat  de  ,  474. 
Montanègre  (Marquis  de),  248  n. 
Monlaryis,  480. 

Montarnaud  (De).  —  Voy.  Brignac. 

Montauban,  52,  64,  65,  477,  560,  564, 
57  4.  —  (Acad.  de),  563.  —  (Régi- 
ment de),  58. 


tm       TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  NOMS   DE  PERSONNES 


Montauban  (De).  —  Vo'y.  Arthaud.  — 
(Baron  de).  Voy.  René  de  La  Tour. 

Montauban  de  Gergais  [Jarjaye]  (De  , 
55.  _  Je  Villars  (Lucrèce  deï,  ép. 
J.  Fr.  de  La  Picardière,  61. 

Montays  (De).  —  Voy.  Hue. 

Monlbarlier  (De).  —  Voy.  Astorg. 

Montbrand,  18. 

Montbrun  (Lucrèce  de),  ép.  Alex,  de 

La  Chaux,  60. 
Montcalm  (D.  de),  sr  de  la  Baume,  403. 
Montclar  (De).  —  Voy.  Arbarestier. 
Montclus,  présid.,  442. 
Montdardier,  409.  —  (Chàt.  de),  401, 

414.  _  (De).  Voy.  Ginestous. 
Monteil,  340. 

Monlélimar,  53  ss.,  61  ss. 
Montesquiou  (De),  capit.,  511. 
Montfaucon  (Chr.  de),  baron  de  Vissée 

et  d'Hierles,  402  ss.  —  (Pierre  de), 

baron  d'Hierles,  402  ss. 
Montferrier  (De).  —  Voy.  Bourgeois. 
Montfranc,  407. 

Montgomery  (Charlotte  de),  ép.  Dan. 
de  La  Tousche,  452,  453.  —  (Elisab. 
de),  453.  —  (Gabriel  II,  comte  de), 
448, 452  ss.  —  (Gabriel  III,  comte  de), 
452.  —  (Jacq.  de),  sr  des  Loges,  453, 
459.  —  (Jean  dei,sr  du  Breuil,  453, 
459.  _  (Louis  de),  sr  de  Ducé,  453.  — 
(Louise  de),ép.  Jacq.  de  Vassy,  452. 
—  (Suz.  de),  452.  —  Armoiries,  452. 

Montjoux  (De).  —  Voy.  Bigaud. 

Montluc,  évêq.  de  Valence,  et  l'élec- 
tion du  duc  d'Anjou  comme  roi  de 
Pologne,  485  ss.,  518,  540.  —  Lettre 
à  Charles  IX  (janv.  1573),  486. 

Montmorency  (Anne  de),  connét.,  227, 
487,  507,  509,  518.—  (H.  de),  507,  524. 

Monhnorin  (Hautes-Alpes),  25,  36.  — 
(De).  Voy.  La  Tour  Gouverne!. 

Montpellier,  52,  59,  62  ss.,  89,  186,  250, 
292,  299,  312  ss.,  362,  417  ss.,  480, 
574.  —  Temple,  432  n. 

Montpensier  (Duc  de),  1572,  497,  518. 

Monlpipeau  (Entrevue  de),  496. 

Montpouillan  (De),  172.  —  Voy.  Cau- 
mont. 

Monlravel  (De).  —  Voy.  Louvier. 

Montredon  (Mas  de),  300  n.,  311. 

Montrevel  (Maréch.  de),  432  n.,  438  n. 

Mont-Saint-Michel  (Le),  448. 

Monument  de  la  Réformation  (Genève  ) 
81,  264  ss.,  267  (grav.),  269  (grav.).— 
(Souscription  au)  261,  480,  569,  574. 

Morand,  130. 

Morar  (G.  VA.  de),  sr  de  Clclles,  64. 


Moravie,  278.  —  (4e  Cent"  de  laN»*' 

de  Calvin  en),  266  n. 
Moreau  (Madel.),  ép.  D.  de  Losse*. 
Morell,  not.,  59,  60. 
Moréri  (Sam.  Chappuzenu  et  le  /»  : 

lionnaire  de),  141  ss.,  loi)  n. 
Moret  (Mme  de),  26.—  Voy.  S-uche!.  ' 
M  orges.  190. 
«  Moriensis  »,  478. 
Morillonnière  (La),  343. 
Morin  (Cath.),  ép.  J.  Payan.  — 

(Jacques  ,  dit  Saltct,  2  47  n..  25V 

425  n.  —  (Le  P.),  162  n. 
Morisse.  —  Voy.  Maurisse. 
Mornay  de  Bauves,  453. 
Morsen  (De),  cons.,  525. 
Mort  aigre.  341. 

Morlefont,  342.  —  (Métairie  tlf  .  3  J 
Morvillier  (De),  évéq.,  518. 
Moscou,  372. 

Mot  d'un  prélat  sur  les  Synode?.  "■'.* 
Molkeau,  352. 

Mouchamps  (Les Temples  et  le«  |  n*l. 

de),  1561-1685,  547  ss.  'grav.  . 
Mouche  tune  (La),  343. 
Mongon,  337  ss. 
Mouilleron-en-Pareds,  554. 
Moulay  (Métairie  de),  359. 
Moulens  (De).  —  Voy.  Brail. 
Moulin  (Le  Grand),  356. 
Moulinars,  475. 
Mouline  (La),  341. 
Moulin-Neuf,  355. 
Moulins,  480,  516. 
Moulin  Tuil  (Le),  347. 
Moullay  ou  Moullé,  336. 
Mounée,  35  4. 
Mouré  (Moulin  de),  353. 
Mourgues,  101  ss. 
Mouron  (Denis  et  Marie  de),  T.3 
Mouy  (De).  —  Voy.  Vaudray. 
Mouy-Saint-Fur  (Chàt.  de  .  321  n 
Mou/.ot  (Pierre),  203. 
Moynier,  315. 

Muisson,  cons.,  173  ss.  —  Mme   r  1 
Mulhouse,  104  ss.,  î S0,  482. 
Mviller  (K.),  prof.,  268,  270.  3*Î5,  ïtf 
Munster  (Traité  de),  1648,  166 
Mur  (Le)  des  Réformateurs  fifurt* 

265  ss.,  267  (grav.\  269  urav.  . 
Mural  (Fr.),  past.,  53.  546  n. 
Muret  (Dr),  263  n. 

Mursay  (De),  121.  —  (Mlle  de  (Mnifif 

Caylus],  120. 
Musset  (G.),  archiv.,  413,  475. 
Muyden  (II.  van),  572  n. 
«  Mynus  ardentibus  229. 


DE  LIEUX,   ET  DES  PRINCIPALES  MATIÈRES 


601» 


Nabholz  (Dr  H.),  79. 
ac  (Métairie  du),  342. 
Nadal  (André),  410.  —  (J.  L.),  54. 
Najac  'vDei.  —  Voy.  Ginesle. 
Sancy,  480. 

Santés,  480.  —  (Musée  Dobrée),  131. 

Santeuil  (Deux-Sèvres),  333. 

Smteuilles-Meaux,  480. 

Saples,  500. 

Napoléon  Pr,  91,  389. 

Sarbonne,  293  n.,  418,  432  n. 

\ a r daine,  353. 

Save,  brigadier,  258,  567. 

Xav.es  (De),  418  ss. 

N'avilie  (Barth.),  ép.  Ch.  Mauris,  53. 

Nécrologie.  —  Em.  EglL,  95.  —  Doyen 
Edm.  Stapfer,  VV.  Morris  Beaufort, 
Keginald-  Stanley  Faber,  90.  — 
Baron  F.  de  Schickler,  481  ss. 

Sègrerie  [La),  342. 

Xègresauvè,  342. 

Xelgouvin,  258. 

Nemours  (Duc  de),  1572,  518.  —  (Du- 
chesse), 1572,  492,  503.—  1707,  114. 

Sérac,  109  n. 

Serbonneau,  353. 

Nesmond  (De),  évêq..  403. 

Settancourt  (Documents  inéd.  sur  le 
Prot.  à  ,  278  ss. 

Seuchâtel,  77,  113  ss.,  203,  271  ss. 

Xeufeuille,  471. 

N'eufscatcl  (Duc  de),  372.  i 

Neufville  (De),  537. 

Nevers  (Duc  de),  493,  497,  501,  514.  — 

et  Coligny,  502,  514. 
\f!/>Roc/ie//e  (Bi-centenaire  de  l'Église 

de\  474  ss. 
Sew-York,  375. 
Vicf,  7,  180. 

Nirolaï,  prem.  présid.,  25G,  258,  201.  — 

fils),  avoc.  gén..  256. 
Nicolas,  past.  à  La  Grave,  54.—  (Cath.), 

•  p.  Ant.  de  Belleau,  55.  —  (Mich.j, 

prof.,  2i0  n. 
Vieulle-sur-Seudre,  480. 
Sillé,  351 . 

Simes,  52  ss.,  169  n.,  186,  290  n..  292, 
313,  Ml,  444,  480,  574.  --  Acad., 
rh.  -  Temple  (1676),  417. 

Siort,  330  ss. 

Noailles  Card.  de\.  179.  —  (Comte  de), 
292.  —  (Mme  de),  180.  —  (Marquis 
de)  486  n.,  498. 

Noël,  sénat.,  81,  177,  261.—  (Suz.),  459. 

Hoèl  Messe  de)  [Hollande,  1685],  165. 

N'ogaret  Jean  de  ,  baron  de  la  Valette 
Lettre  de  Charles  IX  à),  28  août  1572, 


536.  —  (Jean-Louis  de),  duc  d'Eper- 

non,  536. 
Nolfolch  (Le  card.),  565. 
Nolhac  (De),  conservât.,  41  n. 
Normand  (Ch.),  286  ss. 
Normandie,  174,  367.—  (Fugitifs),  568. 
Normandie  (Jean  et  Laurent  de),  378  n. 
Northumberland(Ducde),  368, 372, 565. 
Norvège,  322. 

Notaires  prot.,  [Languedoc],  290. 
Nouail,  456.  —  (P.),  459  n. 
Nouel,  456. 

Nouvel,  camisard,  248. 

Novis  (Marg.  de),  ép.  J.  de  Bagars,  290. 

Noyer  [Le],  347,  348. 

Noyers  (Chât.  de),  500,  510. 

Noyon  (Excursion  à)  (1"  juill.  19091, 
262,  377  ss.,  509.  —  Cathédrale, 
378  ss.  (grav.).  —  Chapelle  dite 
«  de  la  Gésine  »,  378  ss.  —  Maison 
de  Calvin,  377,  380.  —  Plaque,  80, 
81,  177,  261.  —  Plan,  377.  —  Rue 
Calvin,  377  ss. 

Nuremberg,  375,  504,  537. 

Nyon  (Suisse),  60. 

Nyons  (Drôme),  30,  32,  36,  39,  42,  56,  63. 

Odia  (Rivière  d'),  567. 
dolf  dit  le  Flamant,  456. 
Oehninger  (Friedr.).  270. 
Officiers  prot.,  166  ss.,  172, 255,  301  ss. 
Officiers  des  milices,  295,  299. 
Ogeron,  461.  —  (Jaquenne),  ép.  Math. 

Marual,  461.  —  (P.),  sr  du  Puits,  454. 
Olargues  (D').  —  Voy.  Du  Poujol. 
Olbreuse  (Madel. -Sylvie  d'),  ép.  Chris- 
tian von  Bulow,  126  n. 
Oldenbourg,  459  n. 
Olcron  (Ile  d  ),  163,  174. 
Olimpe  (Jacques),  431,  439  ss.,  576. 
Olivet  (Cerclière  d'),  305  ss. 
Olivet  (Jérôme),  55. 
Olivétan  (Robert),  271  ss. 
Olivier,  past.  du  désert,  163.  —  pré- 
dic.  Voy.  Papus  de  la  Verdogie.  — 
(Louis).  Voy.  Olivétan. 
Ombrails  [Les),  339. 
Ombre  (L')  de  son  rival,  155  ss. 
Ondes  (D  ).  —  Voy.  Doux. 
Orange,   53,  55,  61,  63,  65,  417.  — 
(Princip.  d'),168,  574.  —  (1686),  367. 
Orberie  (L),  342. 
Ordre  de  Malte,  363. 
Orléans,  54,  61,215,  505,506,  509,  541. 
Orléans  (Duchesse  d')  [La  princesse 
Palatine],  259,  368,  371.  —  (Gaston 
d'),  90.  —  (Philip,  d'),  régent,  371 

39 


610       TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  NOMS  DE  PERSONNES 


Ormont  (Duc  d'),  257. 

«  Orpheus  »  (S.  Reinach,  1909),  399  ss. 

Or  pi  erre,  57, 

Orsilière  (L)  [Claye],  197. 

Or t fiez  (Acad.  d*),  563. 

Osbert  ou  Osseber,  sr  de  Castillon,  461 . 

Ostende,  363. 

Ouches  (Les),  354,  356. 

Oudde  (Fr.),  61. 

Ouistreham,  568. 

Oxford,  361,  373. 

Pagerie  (Métairie  de  la),  552. 
ailhairols—  Voy,  J.  de  Villettes. 
Paille,  355. 

Paine  (J.  de),  baron  de  Pouquaret,  57. 

Paire  (Le),  336.  —  (Métairies  du),  358. 

Paizy  (De).  Voy.  Gautier. 

Palatinat,  257,  259,  368,  370  ss. 

Palerme  (Bat.  de),  1672,  120. 

Palès  (J.),  572. 

Pallardy,  past.  558. 

Pallty  (Général),  10. 

Pallon,  15  ss. 

Pamiers,  368. 

Pamproux,  352  ss.,  480. 

Pannier  (J .),  past.,  79,  80,  177,  187  n., 

193  ss.,  261,  262,  273,  320,  377,  378, 

390,  569,  572. 
Papegay  (Baptême  du),  44  ss. 
Papus  de  la  Verdogie,  préd.,  289,  305. 
Paratte  (De),   conimand.,    Lettre  à 

Ghamillart  (1704),  426. 
Parayre,  146  n. 
Parcalus,  200. 

Parc-Soubise( Ghât.  du),  548,  554,  556. 
Paiella,  14,  16. 

Paris,  47,  53,  62  ss.,  89,  150,  163,  165, 
170,  173,  198,  255,  257,  361  ss.,  368, 
478  ss.,  482.  —  Bastille,  124,  172, 
228,  257,  259  ss.,  366,  369,  566.  — 
Collège  de  France,  228.  —  Couvents, 
172,  568.  —  Nouv.  cath.,  125  n., 
168,  260.  —  Oratoire,  127.  —  (Cen- 
tenaire de  l'Église  luth,  de),  91  ss. 

—  Jubilé  de  Calvin,  376.  —  Séance 
du  Trocadéro  (1er  nov.),  570  ss.  — 
La  Villette,  198  n.  —  St-Nicolas- 
des-dhamps,  543.  —  (Une  paroisse 
de)  avant  la  Révolution  |St~Hippo- 
lyte  au  faubourg  St-Marcel],  178  ss. 
Tumulte  de  St-Médard  (1561),  179. 

—  (Récit  véridique...  du  désordre 
qui  s'est  produit  récemment  à) 
(Cracovie,  1573),  499  ss. 

Paris  (Comte  de),  523. 
Paris  (Pierre),  past.,  448  ss. 


Parlongue,  not,  403. 

Parme  (Marg.  de),  gouv.,  325. 

Paroisse  (Une)  parisienne  avant  !% 
Révolution  (St-Hippolyte  au  fau- 
bourg St-Marcel),  178  ss. 

Parondeau,  353  ss. 

Parsay,  341. 

Parthenay-Larchevêque  'Cath.  rlf 
duch.  de  Rohan,  550.  —  !Jean  <lf 
sr  de  Soubise,  547  ss. 

Passe-Dernière  (1m),  360. 

Passy  (De),  past.,  465. 

Pasteur  (Sermon  du  Bon  et  du  Ma  u- 
vais), 1539,  130  ss. 

Pasteurs  (Réception  des),  562.  — 
(Expulsion des),  1685,292.  —  ap^M  . 
84,280,289,292  ss.,369,  374, 467.  r,6l 

Pasteurs  de  Claye  (Liste  des).  204  ?* 

Pastor,  285. 

Patoulet,  369  n. 

Pau,  480. 

Paul  111,  pape,  47. 

Paul  V,  pape,  178. 

Paulhan,  past.,  293. 

Paulin,  564. 

Paulsen  (Dr  P.),  268. 

Paunay,  333. 

Pautret,  456. 

Pauvrenière  (La),  357. 

Payan  (Jean),    59.  —  (Justine 
ép.  Laurent  de  Martinet,  60. 

Paysans  (Exactions  des  seigneur* 
contre  les),  401  ss. 

Pays-Bas,  61,  76  n.,  107.  119  n..  MA 
173,  176,  322  ss.,  362  ss..  372  m 
388  n.,  459,  567,  574.  —  Mninr<  rî 
religieux  (1686),  175,  25  L  -  fit 
fuge  dans  les),  128,  263.  280.  *•"! 
463,  558.  —  (La  Messe  de  Nocl  d*n* 
les),  1685,  165. 

Péan,  203  n. 

«  Pédagogue  »  ^Le)  [Claye.        .  1' 
Pégueirolles  (Marquis  de».  40S 
Peire  (De),  26.  —  Voy.  IVyre 
Pèlerin,  462. 

Pelet  ^Marthe),  ép.  J.  Marquis,  • 
Pèlham  (Manoir  de),  471. 
Pélissier  dit  Dubesset.  pasl.  33" 
Pélisson  (Jeanne),  ép.  De  Rajnn  ** 
Poil  (John).  474. 
Pcllegrin,  576  n. 
Pelletrie  (La),  339. 
Pellevoisin,  333. 

Pelosse  (Anne),  ép.  D,  llupuc?,  i 
Pelouse  (Madeleine),  53. 
Pensions  royales,  33.  3S.  166,  lf.9  '". 
259.  467,  ii67. 


DE  LIEUX,   ET  DES  PRINCIPALES  MATIÈRES 


611 


Pépin,  officier  de  marine,  365.  —  (Dé), 

sr  du  Cayla,  290  n. 
Përay  (De).  Voy.  Guichard. 
Pérée  {La)  (Deux-Sèvres),  336. 
Ferez,  prof.,  563, 
Pergellerie  {La),  357. 
Périer,  208,  455.  —  Voy.  Perrier. 
Périgord,  414. 

Perjaudière  (Métairie  de  la),  359. 
Perle  (Le  journal  Die),  314  n. 
Perot  (Genev,),  ép.  F.  Disper,  203. 
Pérouze  (Vallée  de),  8. 
Perrault,  161  n.  —  Voy.  Perreaud. 
Vrwé  Deux-Lèvres),  333. 
Perré  (De).  Voy.  Péray. 
Perreaud,  capit.,  31  n. 
Perreault.  465. 

Perrier,  juge,  80.  —  Voy.  Périer. 
Perrin,  462.  —  past.,  564.  —  (Dan.), 

sr  de  Pontivy,  454. 
Perrine  (Marquis  de).  Voy.  Péray. 
Perrinet  (Gasp.  de),  marquis  d'Arze- 

Iiers,  55,  65,  98. 
Perrot  de  Monlmollin,  385. 
Perthois  (Le),  219. 
Ver  luis  Rostan,  15. 
Pesant  de  la  Masure,  455. 
Peter  (John),  past.,  465. 
Pétiet  (René).  111  ss. 
Petit,  chan.,  363. 
Pdit-Coureau  (Moulin  du),  353. 
Petite-Garnerie  [La),  336. 
Pelite-Valelte  {La),  335. 
Petites  Amicales    laïques  (Congrès 
.    des;  [Le  Havre,  1909],  383  n. 
Petit-Marais  {Le),  341. 
Petit-Moulin  {Le),  352.—  de  Circé{Le), 

318. 

Petitot  (J.),  118. 
Petitpierre  (Gust.),  115  n. 
Petous.se  (Logis  de),  351. 
Petrucci,  ambass.,  492  n. 
Peumanl,  334. 

Pevre  (Comte  de),  425.  — Rapport  sur 
la  mort  de  l'Abbé  du  Chayla  (1102), 
248  ss.  —  (Jean  de),  410. 

Pevremeins  (De).  Voy.  Boulayde. 

Peyrolles,  298. 

Pézenas,  412. 

Pezoux  (Dragons  de),  319  n. 
Philadelphie,  212. 

Philiponneau  (Ant.),  sr  de  la  Fleur- 
Argier,  past.,  450  ss.  —  (Louise), 
ep.  II.  Le  Bouteiller,  460. 

Philippe  II  d'Espagne,  183  ss.,  492  n. 

Philippe-Guillaume,  électeur  palatin. 
S68.  311. 


Piaget  (A.),  archiv.,  263,  211. 
Pibrac  (De),  488  ss.,  495. 
Pic  {Le)  (Deux-Sèvres),  341. 
Pic,  446. 

Picardie,  367,  478. 
Pictet  (B.),  past.,  190. 
Piébachê,  346. 
Pied  d'Quaille,  340. 
Pied-Foulard,  339. 
Pied-Limousin,  359. 
Pied-Verdin,  341. 
Pié-Frouin  (Moulin),  353. 

Piémont,!  ss.,58.  — (Vaudois du), S  ss. 
13  ss. , 55, 105, 171, 254, 257  ss.,  299, 361 
ss.,[370,  312,  565  ss.  -  etCalvin/272. 

Tienne  (Is.  de),  sr  de  Bricqueville,  453. 

Pières  (B.  de),  sr  de  St-Sonnin,  453. 

Pierre  {La)  (Deux-Sèvres),  349. 

Pierre  (Me.)  curé  de  Douai  (1538),  322. 

Pierrières  {Les),  355. 

Pignerol,  S,  12,  14,  22  n.,  567. 

Piiastre  (T.),  183. 

Pillac  (Deux-Sèvres),  346. 

Pillois  (Claire  de),  ép.  L.  Iluraud, 
201.  —  (Louise  de),  ép.  Jacq.  Dalli- 
berl,  454,  459. 

Pilouays  (De).  Voy.  Pillois. 

Pin  (Languedoc),  374. 

Pin  (Métairie  du)  (Deux-Sèvres),  358. 

Pin  d'Augé  {Le),  334. 

Pineau  (Pierre),  past.,  559. 

Pinier  {Le),  333,  339,  346. 

Pinot.  456. 

Pintard,  414. 

Piozet  (A.),  sr  de  la  Vallelte,  55.  —  (Ma- 
rie). 55.— de  la  Mausset,  (Marie),  56. 
Piperinus,  71. 
Piquet,  456. 

Pissot  (Deux-Sèvres),  332. 

Pistord  (J.),  médecin,  57. 

Pithou  (P.),  160  n. 

Pitra  (Le  card.),  88. 

Placards  (Affaire  des),  1534,  48  ss. 

Places  de  sûreté,  448. 

Placet  de  Bossuet  (1684  ou  85),  211  ss. 

Plaisir  {Le)  (Deux-Sèvres).  348. 

Plamé  (Métairie  de),  351. 

Plan  (Etienne,  Paul  et  Pierre),  pré- 

dic,  289  ss.,  298,  305  ss. 
Plan  de  Claye,  194.  —  de  Noyon,  377. 
Plan  Sf-Guigues,  16. 
Plantamour  (P.),  465. 
Plantiers  (Chât.  des),  39.  —  Voy.  Les 

PI  an  tiers. 
Plinière  {La),  337. 

Pluviane  d'Ambel  (Fr.  Didier  de,  sr  de 
Maille,  55. 


612        TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  NOMS  DE  PERSONNES 


Poêle  (Jean  van  tien),  recev.,  327. 
Poinière  (La),  350.—  (Métairie  de  la), 

342,  353. 
Poirier,  455. 

Poisioux  (De).  Voy.  Regoumier. 
Poitière  (La),  353. 
Poitiers,  171. 

Poitou,  57,  64,  216,  292,  500.  —  Dra- 
gonnades, 118,  243.  —  (Le  Prot. 
dans  le)  au  milieu  du  xviir  s., 
162  ss.  —  (Le  Moyen-)  au  milieu 
du  xvin*  s.,  328  ss.  —  Carte,  344- 
345. 

Poitrenault,  337. 

Polignac  (De),  197.  —  (Anne  de),  ép. 
Gasp.  111,  maréch.-duc  de  Châtil- 
lon,  90.  —  (Isab.  de),  ép.  Hélie  II 
de  Ste-Hermine,  118. 

Politique  relig.  (La)  de  la  Révolution 
franc.,  82. 

Pologne,  64,  172,  175,  191,  254  ss., 
361,  364,  365,  372,  376  n.,  566.  — 
(Election  du  duc  d'Anjou  comme 
roi  de),  1573,  485  ss.,  532. 

Poltrot  de  Méré  (Jean),  502,503, 515, 5Î6. 

Pomaret  dit  Cévennes,  préd.,  306,  313. 

Poméranie,  369. 

Pommaret,  289  ss.,  300  ss. 

Pomponne  (De),  146  n. 

Poncet  (Louise),  ép,  J.  F.  de  Bon,  58. 

Poncet  de  la  Rivière  (Abbé),  431  ss.  — 
(Manuscrit  anonyme  attribué  à) 
433.  —  (Michel),  évêq.,  426,  431. 

Pons,  474. 

Pont  aux  Ails  (De).  Voy.  Durand. 
Pontchartrain  (De),    9    n.,    223.  — 

(Lettre  du  Marquis  de  Durfort  de 

La  Boissière  à),  1692,  21  ss. 
Pontcherra  (Judith  de),  ép.  César  de 

Rigaud,  61. 
Ponl-de-VArn,  564. 
Pont  de  Micoulaud,  298. 
Pont-de-Montvert,  243  ss.  (grav.). 
Ponl-de-Yallongue,  302,  305. 
Pont-de-Vault  (Le),  356. 
Ponlis,  16.  —  (Col  de),  13,  16. 
Pontis  (Fr.  de),  sr  d'Urtis  et  de  Cur- 

ban,  26. 
Pontivy  (De).  Voy.  Perrin. 
Ponlorson-Cormeray  (L'ancienne  E- 

glise  de),  448  ss.  —  Temple,  450. 
Pope  (J.),  459. 
Popillon  (Ant),  pas!.,  465. 
Portai  (Henri),  300.  —  (Olympe),  ép. 

L.  de  Ccphise,  59. 
Portâtes,  178. 

Portrait  (Un  nouveau)  de  Coligny,  183. 


Portraits  de  Calvin,  277  ss.,  571  n  — 
264  (Hors-texte)— de  MmedeMiin- 
tenon  179  ss.  (grav.).  —  du  Bann 
F.  de  Schickler,  481.  (grav.). 

Portron  (Deux-Sèvres),  351. 

Portugal,  176,  255. 

Posen,  396. 

Posné,  368. 

Potter  (Fr.  de),  323  n. 
Poudrel  (Ant.),  24  n. 
Pouillet  (Moulin  de),  352. 
Poujade  (P.),  410. 
Poulain,  456. 
Poupart  (Louis\  218  n. 
Poupaudière  [La),  340. 
Poupot  (P.),  past.,  352  n. 
Pouquaret  (De).  Voy.  Paine. 
Pouquet  (Luc),  past.,  457,  i62. 
Pouzauges,  551. 
Pouzeau,  352. 
Poyau  (Le),  352. 

Poyet    (Epigrammes  de   Cl.    Mv  ' 

contre  Guill.),  226  ss. 
Pradon,  past.  Voy.  Gounon. 
Prague,  266  n, 

Praille.s,  337  ss.,  340,  356,  3b*.  :?> 
Pranles,  480. 
Pré-Conseil,  343. 

Precum  (Thésaurus),  1601,  ir><.  V»J 
Prédicants,  296  ss. 
Prélat  (Mot  de)  sur  les  Synodes  > 
P relies,  15. 

Prêtres,298,322, 368.—  Prosélyte?  iii 
—  tolérants,  163.  —  Angleterre.  •  ' 
Preuilly,  55  ss. 

Prévost  (J.),  doct.  de  Sorbonne.  M* 
Prières  (Le  Thrésor  des,.   J.  de  Fer- 

rières),  5  43  ss. 
Prieska,  93. 

Prieuré  d'Availles  (Le  ,  335. 
Princeton,  268  n. 
Princhardries  (Métairie  (les  .  "s 
Prisonniers,  124,  16S  ss.,  lll  n  . ..' 

259,  362,  363,  366,  369,  :t7i.  451  - 

465,  566,  568. 
Procureurs  prot.,  290  n. 
Projet  (AITaire  du),  1683,  291.  Î0Î  ■ 
Prophètes  (Petits),  '.30  ss. 
Proposants,  562. 
Prosélytes,  84,  418. 
Protestantisme  (Chroniques  de*  f'< 

nements    relatifs   au),  D>SMM* 

165  ss.,  254  ss.,  3f»\  ss.,  :>(">".  s. 
Prou  (Maurice),  192. 
Provence,  12,  16,  S<i?>,  441». 
Prusse,  263.  266  n.  —  'Confr***?»  <* 

Voy  de  S.  M.  le  Roty  rff  .  lit*,  *- 


DE  LIEUX.   ET  DES  PRINCIPALES  MATIÈRES 


613 


Psaumes  Chant  des),  170.  212.  418.— 

.Wer  1680  .  363. 
Psautiers.  118. 

Puaux  F.  .  past.  79,  ITT.  188.  261, 

2«2,  5r.r». 
ruech  de  Clarou.  296. 
Fuech-Méjan,  413.  —  Voy.  Surville. 
Puérari  Suz.  .  ép.  G.  Noël  Monod.  378. 
Vnihlain.  333. 

ftijnlas  Cath.  ,ép.  Ant.  Boeslaud.  r»T. 
Purgatoire  Le  .  41?  ss. 
Purtains.  573. 
Pussort,  166. 

Vwj-Bernaud  ^Métairie  de\  353. 
l'uylaurens,  421,  560.  —    Acad.  de  . 

52.  563. 
Puy-Limousin,  311. 
Puy-Richard,  340. 
Puvsieulx  De  .  amba«5..  109. 

Ounireu.r  Métairie  du\  342. 
^  italien  ?    Olimpe  de  .  ép.  Ant.  de 
h  M aria,  Bl. 
Hiiartier  Kr.  .  «9. 

Qaatrains.  —  Sur  Pliilis  de  La  Charce. 
3".  —  D'un  glorieux  emprisonné. 
CI.  Marot),  226. 

•hiatrefages  Et.  .  consul.  107  ss.  — 
François  .  sr  de  la  Roquette.  402 
n  .  HO.  —  Jacques  .  411.  —  Pierre 
•!c  .  402  ss.  —  Pierre  de  .  fils. 
îA3  ss.  —  de  la  Hoquette  Fuleran 
de  .  290.  —  Uean-Rod.  de  .  sr  de 
Limonest,  410  n.  —  Louis  ,  direct, 
des  fermes.  U0  n. 

Quatre- Vents  Les',  3'i2. 

Quentin  Alex.  .  200. 

i)uêray   Le    Deux-Sèvres  ,  335. 

'iuercy  \.e  .  560. 

tyiSreau  Métairie  du  .  358. 

'juerilbj.  191. 

tjueyras,  11,  13. 

rtuimper-Corentin,  113.  116. 

y  îinaut.  musicien.  5G1. 

Vvnfv  Mas  de),  299. 

Uabar   A.  de),  cons..  473.  —  Per- 
fide de  .  ép.  J.  de  Cazettes,  177. 
Ritnut  P.  .  past,  4i6. 
Ribaut  St-Ftienne,  past.,  85.—  Cinq 

lettres  inéd.  de  .  1773,  443  ss. 
Riberdît  Lar^onneur.  456. 
R^ftlis  Jud.  de  .  ép.  A.  de  Fillol,  61. 
Itngotlière  Métairie  de  La),  350. 
Kaimondière  [La),  337. 
Hajotière  .Métairie  de  la  .  552. 
Rimbaud  Louis  ,  avoc.  52. 
R-immazeîn  'Gérard  .  153. 


Rampon.  2  il. 

Ramsay  De I,  558  n. 

Ranc  .Âssembl.  du  Bois  du\  1697.  293. 

Rançon  Jeanne  .  ép.  L.  Tourton,  57. 

Randon.  proc,  409. 

Randonnières  De  .  —  Voy.  Cayrol. 

Raoul  Daniel* ,  430. 

Raoulquin.  —  Voy.  Bonnefon. 

Rapin  De  .  avoc.  61. 

Rapport  du  comte  de  Peyre  sur  la 

mort  de  l'abbé  Du  Chayla  [19  août 

1102  ,  2iS  ss. 
Rasse  des  Nœox,  chirurg..  4">. 
Ratisbonne.  82.  364.  —    Diète  de  . 

1686,  259.  310. 
Raton  Le    Deux-Sèvres'.  357. 
Raujoux  Ant.  ,  290. 
Ravenel.  558  n. —  (M.),  ép.  P.  Paris.  150. 
Ravissas.  curé,  119. 
Ré  Ile  de  .  163,  174. 
Read  Ch.  .  482. 
Reade  Hubert  .  527,  530. 
Réalmont.  412.  56 L 
Réalville  De  .  —  Voy.  D'Aliès. 
Rébelliau  Alfr.  ,  prof.,  88,  24 I. 
Récit   véridique...   du  désordre  qui 

s'est  produit  récemment  à  Paris... 
Cracovie,  1573),  499  ss. 
|  Recollette  De  .  —  Voy,  Aubignac. 
Recoupelles  [Ricou],  357. 
Recrues  1701  .  250. 
Réformateurs  Le  Mur  des    Genève  . 

265  ss.,  261  (grav.  .  269  (grav.  . 
Réformation  Fête  de  la  Marseille 
1908)  91. 

Réformation  Monum.de  la  Genève 
Si,  264  ss.,  261  grav.  ,  269    grav.  . 

—  Souscription  au  ,  261  ss.  4S0. 
Réforme  Les  origines  de  la  fmbart 

de  la  Tour  .  2^4  ss. 

Refrégier.  curé,  298,  315. 

Refuge.  2S0.  —  Sud  de  l'Afrique, 
92  ss.  —  Allemagne.  116.  263,  280. 
422.  —  Amérique,  474. — Angleterre 
166,  176,  221,  280,  364.  122,  472,  479, 
558,  574.  —  Berlin,  176.  —  Bran- 
debourg, 422.—  Genève,  71, 198, 321 
ss.  327  n.  —  Lausanne, 82.  —  Pays- 
Bas,  128, 166,  263,  280,  361,  362.  463, 
558.—  Prusse,  263.  —  tare,  122.— 
Suisse,  169,  256,  280,  294,  361,  177. 

—  1693-1699,  97  ss.  —  Monnaies 
en  usage  dans  le i  1685-1715,  72. 

Refuge.  [Suz.  de  .  ép.  Froté  de  Sey.  453. 
Réfugiés  franç.  à  Genève  'Décès  de). 

1681-1710,  50'  ss. 
Réfugiés  franc    Les    en  Puisse  de 


614       TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES   NOMS  DE  PEBSOHHES 


1693  à  1699  et  la  Convention  entre 
Berne  et  les  cantons  évang.,  91  ss. 
Régale  L:  .  V  * 

Registre  mortuaire  de  Genève  (1681- 

1710  .  50  ss 
Registres  prot.    —  Pontorson-Cor- 

rneray,  448  as. 
Règle  La    Deux-Sèvres  ,  356. 
Régné  Deux-Sèvres  ,  349,  3"^  55. 
Régnier.  456. 

Regoumier  Q.i.  sf  de  Poisioux,  464. 
Reflhan  Jacq.  ,  405  s=. 
Reims.  480. 

Reinach  S.  et  Servet  399  ss. 
Reinaud  Madel.  ,  ép.  J.  Vigut,  64.  — 

Voy.  Renaud. 
Reitres  allemands..  500  ss.,  512. 

Recrues  l 

Remolin  De  ,  55. 
Remoa  Saint-Gilles,  456- 
Uenan  Ern.  .  Z~.2. 

Renaud   Toinette  .   ép.  A.  Corège. 

63.  —  Voy.  Reinaud. 
Renaudière  lui  .  340. 
Reneu.  17*. 

Renonciére  Métairie  de  la  ,  350. 
Républicain  Esprit  des  prot..  114. 
Requête  de  Mme  de  Brail  de  Mou- 

lens  à  Baville  1686  .  423. 
Ressaire  .L.  .  not..  290. 
Restauran  Anne  de  .  ép.  de  La  Tour 

de  Laleau.  65. 
Reuss    Ed.  .  prof..  278.  —  R.  .  79, 

177,  261 .  262.  569. 
Réveillaud  Eog.  .,  dépoté,  380.  47  i- 
Reterserie  Im  .  34*. 
Revêt ison  La  ,  341. 
Révocation  de  1  Edit  de  Nantes  _  _. 

366.  —  et  Christine  de  Suède.  1k7  ss. 

—  et  le  pape  Innocent  XI.  370.  371. 

373.  —  Avant  et  après  la  ,  165  55.. 

25*  ss..  361  ss..  565  ss. 
Revol  César;,  5*. 

Révolution  fran« .  La  politique  relig. 

de  La),  82. 
Hey  Osar  .  pasL,  5».  5*.  —  Fuleran  . 

propos.,  K.9  n.  —  Marc  .  58. 
Reynaut,  curé,  201. 
Reynol  Lozère  250  n. 
Rhues  Les  ,  Deux-Sèvres  ,  33*. 
Ribard  (C.  ,  past..  250  n.,  290  n. 
Ribaut  Halth.  ,  chirurc'..  73. 
Riberolles  Ci.  .  200. 
Riberolles  Métairie  de  .  3  .2. 
Riboudeault,  465. 
Ricard,  413.  —  At.n  de  ,  63. 


Richard  Marc  ,  4&. 

Richardière  La  ,  343. 

Richaut    Anne  de ,  ép.  Ban  h  ie 
Marolles,  63. 
1  Richelieu,  121.  —  Gard,  de  .  rrt.S'J 
j  Richemond  De  .  —  Voy.  Mes-bin-M 
1  Riche t  Deux-Sèvres  ,  330. 
I  Richerille,  172 
j  Richner.  sénateur,  115. 

Rieonnières  (De>  —  Voy.  Durand 

Ricou  Deux-Sèvres  .  357. 

Ries,  53 

Rieux  Suz.  de  ,  ép.  J.  d  AuterilK  k-4 
Rigal  Françoise  .  ép. M. Caudir.  4jî  2 
Rigaud,  not.,  477.  —  César  Je  .  >•  :* 

Montjoux,  61. 
Riggauer  \y ,  78. 
Bignelaire,  335. 

Rignol  Marie  .  ép.  G.  Flour,  ~>\. 
Rimtjaudière  La  .  343. 
Rimond.  past..  464. 
Ringère  Isaac  de  ,  curé,  54*  >*. 
Ripailles  Deux-Sèvres  ,  330.  347 
Ripaudiè re  La  ,  348. 
RiquevriAr.  90  n. 
Ristolas,  11. 

Ritter  fEog.),  86  ss.,  1*7.  282 

Ritterchusiuse,  144. 

Rival  L'Ombre  de  son  .  157  >■> 

Rival  Pierre  .  past.,  82. 

Rizaud  Le  .  358. 

Rice-de-Gier.*0. 

Rivet  André  ,  past..  2! 4. 

Rivier  Th.  .  past.  186. 

Rivière  tBarth.  .  libr..  143.  —  I- 
doct.  de  Sorbonne.  SU  n. 

Rivières  Les  ,  354. 
i  Rivoire  de  la  Bâtie,  3t. 
j  Roanne.  410  n. 

1  Robert  Jeanne  de  .  ép.  J.  d  \ru*t* : 
54.  —  Correspon  dance  de  >■■■!* 
lient,  partie.  473  ss. 
,  Robertet  Complainte  de  Flmimmm  i 
j      1527.  47. 

Roberty  Claude  .  »»5.  —  j  \   m  , 
376.  4*4.  571.  572 
I  Robespierre.  84  n. 

Robin,  archer.  552. 

Roch  J.  .  lient..  6! 
1  Rochas.  28  n  .  34. 
!  Roche  La)  (D-Sèv  ,  333.  137. 2  ii.  *  : 

Rochebonne  De  .  —  Voy  (ùraUc  • 

Roche-Cétel  Col  de  .  !  i 

Roche  cTAron  La  .  353 

Roche-Gouptlleau  La  .  3iS 

Rocoppude  Marqui*  de  .  Si, 
;  Rochemood  Jacq.  de  .  npit    **  • 


DE  LIEUX,    ET  DES   PRINCIPALES  MATIÈRES 


61  o 


Hoche  Pincher  [La),  355. 

Roche-Rimbaud  (La),  348. 

Rochester  (Jean  de),  1G0. 

Hochet ant,  337,  357. 

Rochette  (La),  334. 

Rœderer,  532  ss. 

Roehrich  (H.),  past.,  572  n. 

Roesson-Laillerye,  450. 

Hotruenant  (N.),  doct.  de  Sorb,  151  n. 

Rognes  (Seigneurie  de),  409. 

Rohan  (Portraits  d'enfants  de  la 
famille  de),  556.  —  (Duc  de),  1686, 
170.  —  (H.  de),  411.  —  Soubise 
Benj.  de  .  540.  —  Voy.  Parthenay- 
Larchevèque. 

Roland  (Mlle),  176. 

Rolland,  missionn.,  04. 

Rom  (Deux-Sèvres),  348,  349,  352. 

Romagnac  (Hugues),  past.,  65  n. 

Roman  Uranie),  ép.  Getteau,  62. 

Roman  (Deux-Sèvres),  356,  357. 

Romans  Drôme),  60,  542. 

Rome,  14  ss.,  131  ss.,  167  ss.,  172, 
256        301  ss.,  373,  565. 

Romilly,  178. 

Rom  me  ;Jean  de),  maît.  d'école  212  ss. 
Rommilley  (De).  —  Voy.  d'Auteville- 
Ronce    (Lu)  (Deux-Sèvres),  355.. — 

Moulin  de),  352. 
Ronze  La  {ici.),  341. 
Roque  Marie  de),  ép.  Vigneviel,  54. 
R  '  jitecourhe,  564. 
Ro>{uedur,  299. 
Roquevidal  (Chât.  de),  422. 
Rosnns,  30. 
Roschach,  253. 
R.see  Etienne),  322. 
Rosel  ou  Roset  (Françoise  ,  ép.  Fr. 

Malle.  03. 
Rossard  (De).  —  Voy.  Martinet. 
Ro^sel  d'Aigaliers,  425  n. 
Ro<t  (Nie.  de),  curé,  200. 
Rottan  [Perhiis),  15. 
Rotscheidt  (\V.),  past.,  270.  397  n. 
Itntt  K  .  79.  81,  177,  261,  262. 
Rotterdam,  463.  —  Portrait  de  Calvin, 

390  <s. 

RVniey  Comte  de),  206  n. 
Roudel,  402. 

Rouen.  58,  162,   165,  166.    191,  367, 

370  n..  4N0,  505,  541. 
Rouère.  not.,  477. 
Rouergue,  560. 
Rouillé,  350.  353,  354. 
Rouillier,  363. 

R«Miph  Jeanne-Ant.),  ép.  J.  Roch,  61. 
Rouquette  (Abbé),  6  n..  244,  274.  — 


Elude  sur  les  Fugitifs  du  Lan- 
guedoc, 466  ss. 

Rouspeau  (Yves),  86  ss. 

Roussel  (Jean),  317. 

Houssillon  (Moulin  de)  (D-Sèv),  359. 

Uoussy,  412. 

Rouvière,  juge,  248.  —  (J.),  past.,  03- 
llouville  (Chât.  de),  309. 
Rouvre,  335. 

Houx  (Marg.),  ép.  J.  de  Baudan,  64. 
Roy  (A.),201 .  —  (Maur),  cons.,192,  479. 
Roy  an,  480. 

Roye  (Comte  de),  255.  —  (Comtesse 

de),  255,  571. 
Rozel  (J.-Fr.i,  commiss.,  IN!). 
Rozier,  commiss.  subdél.,  433. 
Ruault,  462. 
Rue  (La  Grand),  342. 
Rueil,  480. 

Ruer  (Louis),  sr  d'Escures,  460. 

Ruffier  (Jean),  past.,  60. 

Ruffigny  (Deux-Sèvres),  336. 

Ruisseau  (id.),  346. 

Hully  (Baron  de).  —  Voy.  Si-Léger. 

Russie,  372. 

Riitgers,  prof.,  391. 

Ruvigny  (Marquis  H.  de),  171, 176,  366. 

Ruy ter  (Amiral),  120. 

Ry  (Grand)  (D-Sèv),  538. 

Ryé  (Pierre),  458. 

Ryswick  (Traité  de),  1697,  106. 

Sabatier   (Alexandrine),    ép.  Ant. 
Maurice,  58. 
Sahlairolles,  564. 
Saché,  363. 

Sacrement  (Compagnie  du  St),88,  473. 

Sai  (De).  —  Voy.  Sey. 

Saillans,  22  n.,  36  n..  4S0. 

Saillens  (R.)  past.,  572  n. 

Sailly  (Marquise  de)  |  Françoise-Adé- 
laïde de  Sainte-Hermine],  123. 

Sainclemarie  (Jacqueline  de),  ep. 
J.  Bysson,  454. 

Sainl-Aff'rique,  407,  480. 

Sainl-Agnen  (Michel  de),  456. 

Sainl-Ama?is,  564. 

Saint-Amant  (De).  —  Voy.  Gérard. 

Saint-André.  —  Voy.  Commelin. 

Saint- André-de-Lancise,  248. 

Saint-  A ndré-de- 1 dit» . ,  2!)!),  :ti)7,  311. 

Saiul-André-du-Coing  (De).  —  Voy. 
Quatrefages. 

Saint-Antonin,  62,  560,  564. 

Saint-Aubin ,  346. 

Saint-Barthélemy  (La),  384.  —  La 
version  du  duc  d'Anjou.  485  ss. 


616       TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  NOMS  DE  PERSONNES 


Saint-Bonnet  (Hautes-Alpes),  17,  20. 
Saint-Bonnet-de-Sallendrenques,  289, 
Saint-Cennn,  407. 
Saint-Chamond,  480. 
Saint-Christophe,  335. 
Saint-Ciergues,  59. 
Saint-Clément,  15. 
Saint-Clou  (De).  —  Voy.  Douessay. 
Sainl-Cloud,  480. 

Saint-Contest  (De).  —  Voy.  Barberie. 
Saint-Cosme  (De).  243  ss. 
Saint-Coutant,  346,  349. 
Saint-Crépin,  15. 
Saint-David,  568. 

Saint-Denis  (Abbaye  de),  34.  —  (Bat. 
de),  499. 

Saint-Didier.  —  Voy.  Quatrefages. 

Saint-Dié,  480. 

Sainte-Blandine,  339. 

Sainte-Croix-de-Caderles.  296. 

Sainte-Eamie,  354  ss. 

Sainte-Foy-la-Grande,  480. 

Sainte-Hermine  (Anne  -  Marie  -  Fran- 
çoise de)  [«  Minette  »],  comtesse  de 
Mailly,  119,  121  ss.  —  (Arnaud  de), 
118.  —  (Françoise-Adélaïde  de), 
marquise  de  Sailly,  123.  —  (Hélie, 
comte  de),  lieut.  gén.,  119  n.,  123, 
125.  —  (Hélie  II  de),  118.  — 
(Hélie  III  de),  sr  de  la  Laigne, 
119  ss.  —  (Henri-Louis,  marquis 
de),  cap.  de  vaiss.,  119  n.,  123.  — 
(Jean  de),  gouv.,  118.  —  (Jean  de) 
fils,  118.  —  (Jean-Pharamond  de), 
lieut.de  vaiss., puis  abbé,  119  n., 123. 

—  (Joachim  de),  118.  —  (Joachim 
II  de),  118.—  (Joachim  III  de),srdu 
Fa,  119.  —  (Madeleine-Sylvie  de), 
ép.  Alex.  Dexmier  d'Olbreuse,  119, 
120, 126.  —  (Philippe,  chevalier  de), 
lieut.  de  vaiss.,  prisonn.,  119  n., 
123,  126  ss. 

Sainte-Marthe  (De),  144. 
Sainte-Néomaye,  356,  357. 
Saintes,  121,  473  ss. 
Saint  é-Soline,  349. 

Saint-Estienne  (De),   précepteur  de 

Marie  Stuart,  415. 
Saint-E tienne,  422,  480. 
Saint-Etienne-de-  Val  franc  es que  ,293n. 
Saint-Félix-de-Palières,29l,  294,  309. 

—  Temple,  291,  292. 

Saint- Ferréol  (De),  gouv.,  18  n. 
Saint-Fulgent,  555. 
Saint-Gaîl,  99  ss.,  375. 
Saint-Gelais}  335. 
Saint-Georges-de-Gréhaigne,  458. 


Sa int-Georges-de-No iné,  332 . 
Saint-Germain  (De),  cons..  26. 
Saint-Germain-de-Galberte,  250  n. 
Saint-Germain-en-Laye  480.  —  (Chil 

de),  121.  (Paix  de)  1570,  501,  T,|ï 
Saint-Gilles.  Voy,  Remon. 
Saint-  Gorgon,  478. 
Saint-Guigues  (Le  Plan),  16. 
Saint-Guillaume  (Le  Mont),  16. 
Sahit-Hilaire  (Deux-Sèvres  ,  334. 
Saint-Ilippolyte-du-Fort,  63.  291,  !>0C 

307,  309,  317  n. 
Saint-Jean-Chambre ,  52. 
Saint-Jean  d'Angély,  474,  480.  oOi .  — 

(Hist.  de)  (E.  Réveillaud,  1909  .  4" 
Saint- Jean-d' Argonnet,  259. 
Saint-Jean-de-Védas.  —  Voy.  ^am-l 
Saint-Jean-du-Gard,  53,  59. 
Saint-Julien,  17. 

Saint-Julien  (E.  de),  ép.  J  .L.  Mas<=et . 
Saint-Jus t  (Gard),  408  n. 
Sain  t-Just-en-Cha  ussée ,  180. 
Saint-Laurent  (Mlle  de),   12."  ss.  — 

(Louis  de),  cons.,  64.  —  de  Marti 

net  (Samson  de),  56. 
Saint- Laurent-du-Cros,  17. 
Saint-Léger  (Deux-Sèvres),  343. 
Saint-Léger  (J.  de),  baron  de  RuIly.U  Y 
Saint-Leu,  178. 
Saint-Maixent,  332,  335,  354. 
Saint-Malo,  370  n. 

St-Marcel-de-Fonsfouillouse,  250. 299, 
305. 

Saint-Marcelin,  61. 
Saint-Martin  (Col),  13. 
Saint-Martin  (De),  cons.,  173,  255.3^9 
St-Martin-de-Corconac,  298,  305,  311 
Saint-Martin-de-Lansuscle,  480. 
Saint-Martin-de-Pamprouxf  354. 
Saint-Martin-de-Prailles,  339. 
Sl-Martin-de-St-Maixent ,  332,333.'3': . 
Saint-Michel  (Prise  d'armes  de  la 

1567,  487  n.,  499. 
Saintonge,  473.  —  (Le  Protrsl.  en> 

au  milieu  du  xvm»  s.,  162  ss. 
Saint-Paul-la-Coste,  305. 
Saint-Paul-Trois-Chdteaux,  55  s« 
Saint-Pierre.  Voy.  Barberot. 
Saint-Pierre  (De),  27. 
Saint-Pierre  d'Oléron,  480. 
Saint-Pons  (Dioc.  de),  54,  564. 
Saint-Quentin  (Aisne),  216  n.,  320 
Saint-Quentin  (Gard).  438. 
Saint-Homan-de-Codières,  291. 
Saint-Sauvant,  34S  ss. 
Saint-Sébasticn-d' Aigre  feuille,  304 
Saint-Second,  567. 


DE  LIEUX,   ET  DES  PRINCIPALES  MATIÈRES  617 


Saint-Servan,  458. 
Saint-Simon  (Duc  de),  122,  127. 
Saint-Sonnin  (De).  Voy.  Pières. 
Saint-Ussans  (Abbé  de),  151  n. 
Saint-Vallier,  5G. 

Saint-Véran  (Pierre  de),  cons.,  64.  — 

Voy.  Montcalm. 
Paint-Vincent  (Deux-Sèvres),  343. 
Saivres,  332  ss. 

Salavy  (Marg.),ép.  J.  Mascarenc,  42 1  - 

Sales  ^Pierre),  412. 

Salies-de-Déarn,  480. 

Salignac  de  La  Mothe-Fénelon  (Bertr. 
de^,  ambass.,  495  ss.  —  (Lettre  de 
Charles  IX  à),  24  août  1572,  535. 

Salles  (Deux-Sèvres);  352  ss. 

Saline  (Jérôme),  past.,  465. 

Saltet.  Voy.  Morin  (Jacq.). 

Saluées,  493  n. 

Salviati  ;Prince  de),  256,  527,  528.530. 

Sans-Pareil  vLe  navire),  119. 

Saraudière  [La),  333. 

Sarazin  (13.),  547  ss. 

Sarjiy  De).  Voy.  Martine. 

Sarrasin  (L.),  curé,  289. 

Sarrau  (Paul  de),  sr  de  la  Brande, 

477.  —  (Pierre  de),'  477. 
Sarret  (D.  de),  ép.Ch.  Des  Hours,  403. 
Sartoris,  past.,  190. 
Saudau  (L.-C),  475. 
Saudrayn,  461. 
Saugé,  333. 
Saugou,  350. 
Saujon,  480. 

Saulx  (Pierre  de),  past.,  457.  —  (De). 

Voy.  Chevalier. 
Saulx-Tavannes  (Maréch.   de),  485, 

496,  511,  513,  533,  540. 
Saumane,  299. 

Sa«mur,61,480,542.— (Acad.de),  80,563. 

Saurin.  —  Voy.  Sorin. 

Saussans  (Françoise  de),  ép.  César 

de  la  Tour,  30*. 
Saussure  (MM.  et  Mmes  de),  382,  385. 
Sauvagère  (La),  350. 
Saute,  293  n.  —  (De),  496. 
Sauzée  [La),  343. 
Savaète  (Arthur),  87. 
Savary  (Eust.),  curé,  179. 
Savenières  (Nie),  200. 
Satines,  13,  14,  16,  21. 
Savoie,  7  ss.,  170,  257,  361,  365  ss.  — 

.Prince  Eugène  de),  7   ss.,  10  ss. 

20  ss.,363.  —  (Gabr.bâtard  de),  258. 
Savornin  (Judith),  ép.  P.  Maurice,  56. 
Savournin  (M.),  ép.  Cl.  Deferron,  57. 
Savrelle,  358, 


Saxe,  367,  375,  422. 
Saxon,  173. 
Say  (Louis),  64. 
Sayous  (A.),  395. 

Schafbury  (De).  Voy.  Shrewsbury; 

Schaffhouse,  99  ss.,  477  n. 

Scharflenberg  (Nie),  imprim.,  489. 

Schefîer  (Ary),  peintre,  278. 

Schelandre  (Jean  de),  80. 

Schickler  (Emmanuel),  past.,  482.  — 
(Baron  F.  de),  79,  80,  81,  177,  261, 
262,  388  n.,  472,  569.  —  Lettre  au 
directeur  du  Gaulois,  185,  262.  — 
Art.  nécrol.  et  portrait,  481  ss.  — 
(Bne  F.  de),  569. 

Schiller,  270. 

Schlatter  (W.),  prof.,  270,  396. 
Schleswig-Holstein,  374  n. 
Schmied,  571  n. 

Schoell  (Th.),  82  ss.,  87  ss.,  178  ss., 
281  ss.,  284  ss.,  2S6  ss: 

Schomberg  (De),  1572,  535.  —  (Ma- 
réch. de),  128,  176,  254.  363,  365.  — 
(Comte  Ch.  de),  10  ss.,  29,  299. 

Schroeder  (A.),  prof..  394. 

Schubert  (H.  de),  prof.,  376. 

Schulze  (M.),  397. 

Schùtte  (IL),  past.  270. 

Schwarz  (Rud.),    past.;  6  266,  396. 

Scion  (Suz.),  ép.  J.  Broutier,  55. 

Scopon,  408. 

Scorbiac  (De),  477. 

Séances  du  Comité.  —  24  nov.  190S, 
79.  —  11  janv.  1909,  81.  —  9  fév. 
1909,  177.  —  9  mars  1909,  261.  — 
11  mai  1909,  262.  —  8  juin  1909,  569. 

Séchia,  24. 

Secrétan,  past.,  376  n. 
Sedan,  457,  480,  556. 
Segonzac,  574. 

Séguier  (Le  chanc),  364.  —  (Pierre) 

présid.,  518. 
Séguier  (Pierre-Esprit),  243  ss. 
Ségur  (Anne  de),  ép.  J.  de  Viçose,  477, 
Seignelay  (Marquis  de),  120,  125,  166. 

362  n.  —  (Marquise  de\  362  n. 
Seigneur,  456. 
Seippel  (P.),  396. 
Sell  (K.),  397. 

Semery  (J.  de),  sr  de  Camas,  321.  — 
(Marie  de),  ép.  J.  Crommelin,  321. 
Senebier,  410  ss. 
Sénégats.  564. 
Se?is,  170  ss. 

Sepvret  ,342,  343,  346,  348. 

Sergy  (De).  Voy.  Sargy. 

Sermon  du  Bon  et  du  Mauvais  Pas- 


(H8       TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  NOMS  DE  PERSONNES 


Leur  (1539),  130  ss.  —  Notable  pour 
le  jour  de  la  dédicace  (Cl.  Marot, 
1539),  130  ss. 

Sermons,  82.  —  Msc.  80. 

Serpe  {La)  (Deux-Sèvres),  348. 

Serre  (Jérôme),  gai.,  440  ss.,  575  n. 

Serre  (H.-Alpes),  26,  63. 

Serres  (Jean  de),  500,  5C8,  539. 

Serrel  (Le)  (Vienne),  351. 

Serval,  past.,  280. 

Servet  (M  ),  61,  70,  268,  212,  416.  — 
et  Calvin,  6  n.,  391  ss.,  512.  —  et 
M.  Salom.  Reinach,  399  ss.  —  Mo- 
nument de  Vienne,  400. 

Séverac  (David),  capit,  299,  315,  311. 

Sevestre,  462. 

Sévigné  (Mme  de),  34. 

Sèvres,  480. 

Sey  (De).  Voy.  Froté. 

Seyne,  10. 

Shaftesbury  (Comte  de),  573. 
Shrewsbury  (Comte  de).  Voy.  Talbot. 
Siam  (Ambassad.  de),  1686,  561. 
Sibaudière  [La),  339. 
Sibilleau,  past.,  556. 
Sicard,  474. 
Sidley  (Mlle),  175. 

Sigottier.  —  Voy.  La  Tour-Gouvernet. 
Silésie-  278,  370  n. 

Sillot  (Marie  de),  ép.  M.  de  Vesc,  60. 
Silvestre,  178. 

Siméon  dit  La  Plume,  proc,  405  ss. 
Simmern  (Duché  de),  63,  259. 
Simons  (E.),  397. 
Singleton  (Walter),  459. 
Sisteron,  12,  17  ss.,  40  n. 
Six-Chiens  (Deux-Sèvres),  341. 
Smend  (Dr  J.),  prof.,  270. 
Sobieski  (Jean),  roi  de  Pologne,  364 
ss.,  372. 

Société  des  Textes  franç.  modernes,  80. 
Sodeur  (G.).  268. 
Soignon,  354. 

Soissons  (Comtesse  de),  363. 

Soldats  prot.  (1686),  172. 

Soleil,  past.  au  Vigan,  65. 

Soleure,  109. 

Solier  (Pierre),  250  n. 

Solier  (Mas  du),  296. 

Sommières,  59. 

Sorbin  (Arnault),  539. 

Sorin  (Jacq.),  avoc.,  6i. 

Soubise  (De).  —  Voy.  Partbenay-Lar- 

chevêque,  Rohan. 
Souchat,  33. 

Souchet  (Jacq,),  sr  de  Morel,  56. 
Souci  (Le)  ^Deux-Sèvres),  353,  359. 


Soudan  (D-Sèv.),  352  ss. 
Soudorgues,  291,  296,  298,  305,  31Î- 

Temple,  292. 
j  Souesmier,  456. 
Soufize  (Laurent  de),  65. 
Souil  (Le)  (Deux-Sèvres^,  346.  357 
Souillaud  (id.),  353. 
Souilly  (Eglise  de),  219  (grav.  - 

(Le  prieur  de).  —  Voy.  Frotte. 
Souilly-Anjorrant,  202.  —  Voy.  Ad 

jorrant. 
Soulié  (Jacq.),  capit.,  62  ss. 
Soullier  (J.),  572. 

Sourches  (Mémoires  du  Marquis  ét 

167  n.,  168,  175,  255  n.,  259  n. 
Sous-le-Bois,  332. 
Soustelle,  293  n. 

Souverain  (Matth.),  past.,  551  s*. 

Souvigné,  354. 
j  Sozin  (J.  dej.ép.  L.  de  St-Laurent,  <•* 
i  Spelman,  144. 
j  Spencer,  144. 

Spener,  270. 

Spoelstra(C),  94. 

Spon,  144. 
j  Sponde  (De),  162. 

Staffarde  (Bat.  de),  1690,  7. 

Stapfer  (Doyen  Edm.),  96. 
j  Stark  (W.),  396. 

Statue  en  détresse  (Sauvi>tat'r  il  un» 
[Philis  de  La  Tour  La  Cbarcr  .  ". 

Stein  (H.),  206. 

Stirum  (Comte),  371. 
!  Stockholm,  571  n. 
|  Stoel  (Van  der),  grav.,  95. 
j  Stordeur  (Jean),  272,  327  n. 
j  Stouppe,  past.,  475. 
:  Strasbourg,  158,  277  ss.,  373  n  .  XV 
I      391.  —  (Université  de  ,  37(5  n 

Stroehlin  (E.),  prof.,  130. 

Strowski,  281. 

Strozzi,  200. 

Stuart  (Marie)  (Son  recueil  de  thrmti 

et  Calvin),  415  ss. 
Slura  (Vallée  de  la),  S,  12. 
!  Suède,  369,  566. 

:  Suffise  (Cl.  de),  ép.  A.  de  Ferréol,  •! 
1   Suisse,  172  n.,  367,  368.  123.  Rt 
fuge  en),  169,  256.  2S0.  i8t,  *>♦ 
361,  477.  —  (Les    Kéfugié?  frtn 
en)  de  1693  à  1699  et  la  c  ouvent:  s 
entre  Berne  et  les  canton*  »m>o 
géliq.,  97  ss. — (Le  jubilé  de  U&hu» 
en),  37 ss. 
Sully  [lire/  dll  pape  Paul  V  à),  I  «t.  — 

[Mémoires  de),  ?»39. 
Sumènc,  305,  401. 


DE  LIEUX,  ET  DES  PRINCIPALES  MATIÈRES 


Superville  (Dan.  de),  past..  311.  j 

Suppliau  <Jacq.),  451,  453.  i 
Suppligeau.  451.  —  (Jeanne),  ép.Abel 

Gaullard,  461.  —  (Rachel),  ép.  Gabr.  j 

Gainas,  461. 

Sûreté  Places  de),  448.  ' 

Surville  Henri  de),  sr  de  Puechmé-  ! 

jan.  410.  —  Jean  ,  capit.,  405  ss. 

>u:e  Piémont),  8.  j 

Syndicat    (Un)    en    Dréaunèze    en  j 

1»  5 î .  411  ss.  I 
Synodes,  il 9,  560  ss.  —  (Mot  d'un 

prélat  sur  les],  562.  —  (Commis-  j 

saires  royaux  auprès  des),  561  ss.  ! 

—  Claye  (1601),  204. 

'i^able  gén.  du  Bulletin,  80. 

taillades  De),  21. 

Taixoire  (Ph.),  sr  du  Béarn,  461. 

Taizé  Métairies  de),  34(J. 

T  dbose  (De).  —  Voy.  Luppé.  j 

Talbot,  comte  de  Shrewsbury,  254  ss.  ; 

Talbot  du  Hamel,  ebirurg.,  461.  i 

Tallard  Chat,  de),  20,  32.  1 

Tdlun  Marins),  188,  430.  j 

Talon  (Orner),  avoc.  gén.,  257,  567.  | 

Tandon  Jean  ,  past.,  50,  63. 

Taru't.  —  Voy.  Guyot.  i 

Tannel.  —  Voy.  Tanet.  j 

Tanon  Présid.),  79. 

Tnrbuis,  172.  j 
Tardif  ^Gabr.)  sr  de  Moidré,  454.  —  ; 

Suz.;,  ép.  J.  Dallibert,  454,  450. 
Tarente  (Princesse  de),  1686,  175.  j 
Tarouenne  (Deux-Sèvres),  346.  j 
Tartares.  372.  ; 
Touché  (Deux-Sèvres),  339.  i 
Tavernicr  (J.-B.),  voyag,    149,  152.  s 
!></<V  Deux-Sèvres),  349. 
Teillée  La;  (Vienne),  352. 
Tei^sier  Fr.)  viguier  de  Dur  fort,  169 

n..  29»,  366.  —  (lsaac),  past.,  291.  i 
Témoignages  rendus  aux  nouv.  conv.  ■ 

du  bauphiné  (1692),  17,  21  ss. 
Temples.  —  Castres,  560.  —  Chdlon-  I 
mr-Saùne,  465.  —  Claye,  195  ss. —  I 
Colognac,  291.  —  Cormeray,  462. —  : 
Cros,   291.    —    Dur  fort,   292.  — 
irdmi,  324  ss.  —  Languedoc,  418, 
421.  —  Lasalle,  291.  —  Les  Plan-  i 
fi>rs,2o.  —  Monoblet,  291.  —  Mont-  \ 
pfllier,    432    n.    —    Mouchamps,  > 
:>4"  ss.  (grav.)  —  Nîmes,  417.  — 
Orange,  417.  —  Pontorson,  450.  —  : 
Sew~Rochelle,  47  4.  —  Saint-Félix,  i 
291.  292.  —  Saint-llippolyte,  291.—  j 
Soudorgues,  292.  —  Thoiras,  292. —  : 


Uzès,  418.  —  Valérargues,  436  n., 
576.  —  Valestalières,  291.  —  Ville- 
goudou,  560. 

Tendon,  past.  —  Voy.  Tandon. 

Téqui  (P.),  249. 

Terchaut  (Vicomte  de),  459. 

Térouanne  (Pays  de),  478. 

Terraudière  {La),  351.  . 

Terribilis  vere  locus  iste  (Sermon),  130 . 

ferlasse  {La)  [Genève],  382. 

Tessé  (Maréch.  de),  10,  24,  36,  189. 

Tcssoires.  —  Voy.  Taixoire. 

Test  (Serment  du),  165,  170.  565. 

Testard  (Veuve),  222. 

Testuz,  past.,  465. 

Teulon,  178. 

Teverni,  lieut.,  539. 

Texier,  viguier,  366. —  Voy.  Teissier. 

Textes  franç.  modernes  (Soc.  des),  80. 

Teyssonnières  (David),  dit  La  Vio- 
lette, 307,  311. 

Théâtre  du  Monde  {Le)  152  ss. 

Théligny,  524. 

Thème  (Un)  de  Marie  Stuart,  415  ss. 
Théobon  (Comte  de),  371. 
Théron,  93. 

Thésaurus  precum...  (1601),  158,  543. 

Thiange  (Marquis  de),  168..—  (Mar- 
quise de),  256. 

Thibaudière  (La),  333. 

Thierry  (Lettre  de  Sam  Chappuzeau 
au  libraire),  1686,  141  ss.,  151.  — 
Badoire,  lapidaire,  533. 

Thiers  (Isab.),  59.  —(Jean),  past.,  59. 

Thille,  336, 

Thoiras,  292.  —  (Mme  de),  280. 
Tholozan(E.),  past..  112. 
Thomassin  (Eust.),  curé,  206,  223  n. 
Thorigné,  337.  339,340,342.  —  d'Avon, 
354. 

Thou  (De),  hist.,  507,  508,  511,  515, 
540,  541.  —  (Christ,  de)  premier 
présid.,  518,  525. 

Thrésor  {Le)  des  prières...  (J.  de  Fer- 
rières),  543  ss. 

Thuret  (J.),  220. 

Thurgovie,  266. 

Ticier,  past.,  564. 

Tiellent,  455. 

Tillac  (De).  —  Voy.  Luppé. 
Tillard,  462. 
Tilly  (Mme  de),  459  n. 
lindeure,  333. 
Tinefort,  356. 
Tingiïs  (Prince  de),  176. 
Tissard  (Dan.),  sr  de  Biche-Touche- 
ronde,  203  ss. 


620      TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  NOMS  DE  PERSONNES 


Tissier,  past.  —  Voy.  Ticier. 
Toqgenbourg  (Le),  482. 
Tolérance,  419.  —  (Locke  et  la),  573. 
Tomasset  (J.-Fr.  et  Sam.),  52. 
Tombebœuf,  54. 
Tonnay-Charente,  474. 
Tonneins,  480. 
Torcy  (De),  364. 

Torras  (Marie),  ép.  Fr.  Menet.  443. 
Tortat  (Gaston),  474. 
Toscane,  492  n.,  531. 
Touche  (La),  338,  343,  351.  —  (Métai- 
ries de),  341. 
Touchc-Esnard  (La),  343. 
Touche-Poupard  (La),  332. 
Toucheronde.  —  Voy.  Biche. 
Touches  (Les),  340,  350. 
Touches-Moreau  (Les),  352. 
Toulouse,  60,  64,  169,  419,  480,  505  ss. 
Toulouson  (Marie),  ép.  J.  Thiers,  60. 
Touraude  (De).  —  Voy.  Gouyon. 
Toures,  32. 

Tourmyne  (Ch.),  s*  de  la  Hyonnière, 

455,  461. 
Tournai,  174. 
Tourneux,  371. 
Tournier  (Paul),  not.,  421  n. 
Tournois  (Evaluation  de  la  livre)  dans 

les  pays  du  Refuge  (1685-1715),  72. 
Tournon  d'Agenais,  477. 
Tournon-sur-Rhône ,  479. 
Tours,  59,  80,  121,  261,  480,  505. 
Tourton  (Louis),  not.,  57.  —  (Paul), 

53.  —  Voy.  Turton. 
Toussain  (Pierre),  478. 
Toyras,  292. 
Trahan  (Rade  de),  568. 
Traités  (Prétendus)  des  prot.  de  France 

avec  les  princes  étrang.  (1685),  366. 
Tranchard  (Le  chev.),  99  n. 
Transylvanie,  278. 
Trapaud,  178. 

Tremblez  (.lacq.),  378  n.  —  (N..),  ép. 

Puérari,  378  n. 
Trémel,  216. 
Tremellière  (La),  346. 
Trémollière  (Pierre),  63. 
Trémont,  358. 

Tresmoullet  (A.  de),  sr  deChassère,  57. 
Tressauve,  336. 
Tresse  (Métairie  de  la),  358. 
Trevin,  337. 

Tricot  (Gasp.),  past.,  205. 
Trie  (G.  de)  378  n.  —  et  Scrvet,  397 

ss.  —  (Marie  de),  ép.  Jean  de  Nor-  I 

mandie,  378  n. 
Trièves  (Le),  18,  30,  63.  I 


Trinquier  (P.  de\  sr  de  la  Plaine,  42* 
Tripozeau,  335. 

Trocadéro  (Séance  du)  1"  nov.  190?. 

569,  570  ss. 
Troeltsch  (E.),  prof.,  270,  39:. 
Troillet,  67. 
Troisvalletz  (J.),  200. 
Trolliet,  67. 
Tronc  (Chat,  du),  280. 
Tronchin,  prof.,  147  n. 
Tronchin  (Collection)  [Portrait 

Calvin],  391. 
Trossière  (P.),  régent,  52. 
Trouvé,  456. 
Troyes,  167,  542. 
Truc  (Gonzague ),  273. 
Trumball  (Le  chev.),  168. 
Tscherning,  391,  394. 
Tubingue,  6  n. 
Tublier  (Métairie  du),  342. 
Tunis,  480. 

Turenne  (Maréch.  de),  10,  214. 
Turin,  7  ss.,  188,  257. 
Turler  (D'IL),  archiv.,  73  ss..  99  n 
Turpin  (MagdeL),  ép.  Abr.  de  Chrux 

461.  —  (Pierre).  454. 
Turquan  (Sid.),  ép.  J.  Anjorrant.  20 
Turton  (CL),  53.  —  Voy.  Tourton 

Ubaye  (Vallée  de  Y),  8. 
Unal  (Et.  et  Gabr.),  404  ss.  -  \ 
Dunal. 
Upsala,  571  n. 
Urbain  (Abbé),  87. 
Urbain  VIII,  pape,  370. 
Urtis  (Mme  d'),  29.  —  Voy.  Ponti* 
Utenhove  (Jean),  322. 
Utrecht  (Traité  d'),  1712.  23. 
Uzès,  55,  57,  58,  426  ss.  —  IMa»c  •! 
Castel,  429  (grav.),  '.Il  n.  112  n  - 
Ce  qui  reste  du  pilori  du  roi.  13 
(grav  ).  —  Temple  (1 670  41  S. 

Vabre  (Tarn),  56 i. 
abres  (Aveyron),  407. 
Yabres  (Gard)',  296. 
Vacherie  (Métairie  de  la),  343. 
I  acquières,  408  n. 
Vaernewyck  (M.  van),  323  n 
Vaganay  (Hugues),  86 
Yagnas,  430. 
Vaîavoine  (De),  21. 
Val-Chevaleureuse  (La),  30. 
Valdeyron   (P.)  dit  Languedoc.  M 
Valence,  62,  480,  485,  542. 
Valenciennea,  323. 
Valentinois,  10. 


DE  LIEUX,   ET  DES  PRINCIPALES  MATIÈRES 


621 


Valérargues,  427  (grav.),  575  ss.  — 
(Temple  de),  436  n.,  576.  —  (Affaire 
du  prieur  de),  1701,  425  ss.  —  La 
Basse-cour  du  prieur,  435  (grav.), 

Valestalières,  290.—  (Temple  de),  291. 

Valette  (Abbé),  prieur  de  Bernis, 
245  ss.  —  Voy.  Vallette. 

\  algaudemar,  17. 

Valgrave  (Lord),  257. 

Valkenier,  envoyé  hollandais,  108  ss. 

Valleraugue,  299,  303,  306,  311,  430. 

Vallette  (G.),  396  n.  —  Voy.  Valette. 

Vallon  [Le)  [Genève],  385. 

Yallongue  (Pont  de),  302,  305. 

Vallotôn  (P.),  572. 

Valmalle,  300  ss.,  311. 

Vulsauve  (Abbaye  de),  576. 

Valtier  (Dr),  373. 

Vanrais,  348  ss. 

Varanges  (De),  commiss.,  442. 

Vareilles  (Jacq.),  53. 

Varcnne,  lieut.-col.,  172,  178. 

Varel,  doct.  de  Sorbonnc,  546  n, 

Varette,  55. 

Varin,  propos,  281.  —  La  Rivière,  456. 
Vais  (Col  de%  8  ss.,  13  ss. 
Varsovie  'Diète  de),  1573,  485  ss. 
Vassol  (Anne),  ép.  Laz.  Bonneau,  60. 
Vassy  (Documents  inéd.  sur  le  Prot. 

à  .  278  ss.  —  (Massacre  de),  505. 
Vassy  (Jacq.  de),  sr  de  la  Forest,  452. 
Vau  (Le),  340.  — (Métairie  de  la),  342. 
Vaudoisdu  Piémont,  S  ss.,  13  ss.,  55, 

105,  171,  254,  257,  258,  260,  299, 

m  ss.,  366,  368,  370,  372,  565  ss. 

-  et  Calvin,  272. 
Vaudra;  ^Claude  de),  sr  deMouy,  492. 
Vaugelas  (De).  —  Voy.  Lagier. 
Vauluisant,  48. 

Vaulx  (J.  de),  205  n.  —  Voy.  Vaux. 
Vaumoreau,  336. 
Vausage,  349. 
Vauvert,  480. 

Vaux  De).  —  Voy.  Du  Breuil,  Vaulx. 
Vaynes  (De),  178. 
Vé'bron,  53. 

Vcdeau,  cons,  364,  365,  368. 

Velct  (Paul),  avoc,  64. 

Venisetm,  361,  372  ss.,  528.  —  (Am- 
bassadeurs de),  497,  505,  527,  529, 
530,  540,  541. 

V en  nés.  —  Voy.  Veynes. 

Venours,  350. 

Vera  et  brevis  ilescriptio  tumultus 
postremi  gallici  lutetiani...  (Craco- 
vie  1573)  489  ss. 

Viras  (Prieuré  de),  21. 


Verbysson  (De).  —  Voy.  Lohier. 
Verdemilet  (Rod.),  454. 
Verderine,  cons.,  59. 
Verdun  (Saône-et-Loire),  465. 
Vergne  (Ch.),  past.,  65. 
Vergue  (Métairie  de  la),  342. 
Vergor,  355. 

Vérité  (La)  cachée...  (Moralité),  229. 
Verne  [La  cour  de),  351. 
Vernède,  curé,  299,  315. 
Vernejoul  (E.  de),  past.,  91. 
Vernet  (Alex.),  past.,  443,  446  ss. 
Vcrneuil  (Duc  de),  gouv.,  418,  420. 
Vemoux,  480. 

Véron,  curé  de  Charenton,  205. 
Verrière,  333. 
Verrines,  340  ss. 

Fe>*ai7Zes,175,261,480,567.— Musée,41. 
Vertron  (De),  35. 
Vesc  (Marc  de),  60. 
Vestier.  —  Voy.  Vestieu. 
Vestieu(J.),309.  —  (Marion),  309,  313. 
Veuillot  (Louis),  88. 
Veynes,  20,  56,  57. 
Veyrel  (Sam.),  473. 
Veyres  (J.),  sr  du  Buy,  57. 
Veyret,  avoc,  290  n. 
Vevey,  56. 
Vexin,  273. 

Vezins  (G.),  prieur,  442  n. 

Vial  (Jacq.),  59.  —  (Vinc),  avoc,  64. 

Viala  (M.),   past.  —  Lettre  à  Ant. 

Court  (1740),  329. 
Vialas,  not.,  424. 
Vialas,  480. 
Viane  (Tarn),  564. 
Viard  (P.),  capit.,  59. 
Vibron.  —  Voy.  Vébron. 
Viçose(J.  de),  sr  de  Genebrières,  477. 
Victor-Amédée  11,  de  Savoie,  7  ss., 

171,  257  ss.,  361  ss.,368  ss.,  565  ss. 
Vieilleville  (Maréch.  de),  -518. 
Vielles,  past.  (Papiers),  80. 
Vielpain,  353. 

Vienne  (Autriche),  278,  388  n.,  565.— 
'Université  de),  376. 

Vienne  (Isère),  54,  398  n.  —  Monu- 
ment Servet,  400. 

Vienne  (La)  (Deux-Sèvres),  356. 

Viénot  (J.),  prof.,  79,  80,  177,  376, 
569,  572. 

Vieusseux  (P.),  479. 

Vieville  (Maison  de),  168. 

Vigneau,  359.  —  (Le),  340. 

Vigneul-Marville      [Noël  -  Bonavent. 
d'ArgonneJ  162  n. 
i  Vignevieil,  54. 


b*22      TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  NOMS  DE  PERSONNES 


Vigniol  (De).  —  Voy.  Vignoles. 
Vignoles  (Ch.  de),  vie.  de  Cournon- 

terral,  64.  —  (Françoise  de),  ép. 

Jacq.  de  Boesleau,  61,  6.3.  — (Louis 

de),  59,  63.  —  (Madel.  de),  ép.  P.  de 

Saint-Véran,  64. 
Vignolles.  —  Voy.  Des  Vignolles. 
Vigut  (J.),  major,  64. 
Vilette  (Balth.  de),  sr  de  Naves,  478  ss. 
Vilfa  (Métairie  de),  359. 
Villalard,  45«. 
Yillard  (P.),  avoc,  54. 
Villardet  (Et.),  avoc,  56. 
Villaret  (Et.),  consul,  407. 
Villars  (Maréch.  de),  243,  432  n.  — 

(De). —Voy.  Montauban. 
Villaurey  (De).  —  Voy.  La  Rocherre. 
Villebeurre,  339. 

Villecunan(De).  —  Voy.  Guyot-Tanet. 
Ville  d'Avray,  480. 
Villedieu  {La)  336,  353. 
Villedieu  {de  Comblé)  {La),  355. 
Villedieu-des-Couts  {La),  358. 
Villedieu-du-Perron  {La),  353. 
Villegoudou  (Temple  de),  560. 
Villelou  (De).  —  Voy.  Du  Désert. 
Villemur,précept.du  duc  de  Guise, 526. 
Villeneuve.  306.  —  Voy.  ValmalJe. 
Villeneuve,  (Deux-Sèvres),  335,  336, 

356.  —  (Métairie  de),  349. 
Villeneuve  (Vaud.),  385. 
Villequier,  515. 
Villermat,  341. 

Villerost  (Elisab.),  ép.  Boilrau  puis 

Caffié,  220. 
Villeroy  {Mémoires  de),  490.  —  (Duc 

de),  1686,  259. 
Villettes  (J.  de),  sr  de  Pailhairols,  479. 
Villevieille,  12  ss. 
Villiers  (De),  réfug.,  93. 
Villiers-le-Bel,  212. 
Villion  (P.),  lieut.-col.,  56. 
Vin  (Jean  de),  465, 
Vinaterie  {La),  355. 
Vinay  (De).  —  Voy.  Devinay. 
Vincennes,  480. 
Vincenot  (P.),  465. 

Vincens(Mme)  [Arvède  Barine],  262. 

—  (E.)  262. 
Vincent,  197.  —  past,  557. 
Vinché,  332. 
Vinière  {La),  343. 

Vins  (Marquis  de),  16,  17,  21.  — 

(Mme  dej,  34. 
Viole,  cons.,  525. 
Viré,  341. 
Viret  (P.),  376  n. 


Virleban,  341. 
Virzay,  338. 

Vissée,  402  ss.  —  Voy.  Monlfaue^n 
Vitré  (Deux-Sèvres),  339  ss.,  352. 
Vitré  (Ille-et-Vilaine),  459. 
Vitry-le-François,  63.  —  Porumrnl» 

inéd.  sur  le  Prot.  à),  218  ss. 
Vivarais,  166,U46. 
Vivaryé  (Mas  de  la),  296. 
Vivens  (Fr.),  past.,  294.  29f».  2(>M^ 

300,  303,  305,  309,  311. 
Vivès  (Louis),  160. 
Vivier  {Le)  (Deux-Sèvres  ,  358. 
Vix  (id),  333. 

Voisin  (Jean  et  Jeanne),  î63. 
Vollet  (E.-H.),  275. 
Voltaire,  399,  425  n. 
Vouillé,  336  ss, 

Vover  d'Argenson  (René  II  de  .  89. 
!  Vrillac  (P.  de),  avoc,  206  n. 
Vuarin,  curé,  389. 
Vuzé,  334. 

Vynckt  (Van  der),  325  n. 

Wagner  (Ch.),  past.,  376  —  'H.  .  I** 
ailly  (Nat.  de),  73  ss. 
Walburg(Em.  ),  comtesse  deMaurO/J 
j  Vvalker  (W.),  prof.,  6  n.,  2GS.  US 
\      388  n.  —  Jean  Calvin...  'Aro-\l 
j      propos  de  l'un  des  traduct..),  274  «i 
!  Walther  (Général),  91. 
|  Wandermuller  (Bod.),  lîil. 
|  Wavre  (W.),  77  n. 
i  Weber  (Aug.),  Insp.  eccl.,  92. 
!   Wehse  (D'  Ed.),  263. 
j  Wellhausen  (F.),  397  n. 
;   Wellington    (Afrique)    [«  Hupucn  : 
I      Seminary  »  de],  93. 
!  Weiss  (N.),  past.,  75  n..  19,  81,  91  " 
j      162  ss.,  177,179  ss.,  183  ss..  187.  (  *i 
I      229  n.,238,  243  ss.,261.  2(12.  26* 
j      327  n.,  374  ss.,  376  n..  382,  388  n 
|      399,  415  ss.,  431,  464  ss..  '.80.  i!>!  m 
|      569,  570  ss.,  —  (Mme  N.  .  277 
|   Werdemiler  (Bod.),  454, 
j  \Vernle(Dr  P.),  prof.,  «i.  266,  375. 1 1% 

Westchestev,  474. 
j  Westein,  libr.,  147  n. 
j  Wetstein  (J.  Rod.)  prof.  Album  ami 
j      co?'um  de),  482. 
!  Wich  [Maëstrieht  |,  257. 
i  Widerhold,  142.  153. 
Will  (B.).  past.,  375. 
Windsor,  361. 
Wintcrthur,  104  ss. 

Wismar,  322. 
VVilt-Guizol  (F.  de),  571 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  COLLABORATEURS 


Woeiriot,  301. 
WolfenbMtel,  155. 

Wurtember-g  (Duc  Georges  de),  90  n. 

Wust  Oscar),  76  n. 

Wij-Joli-Villa(]e  (Seine-et-Oise),  273. 

\'ale  (Université  de),  276. 
on  Nie),  192. 


623 

York,  568. 
Yung  (Em.),  396. 

ryébédée,  past.,  69  ss. 

Lell,  126,  141.  —  (Duc  de),  150. 

Zurich,  76,  81,  96,  99  ss.,  102  ss.,  109. 
I       281,  369. 
I  Zwingli  (U.),  81,  96. 


2.  TABLE  ALPHABÉTIQUE 
DES  COLLABORATEURS  AU  TOME  LVIII 


Bonjour  (A.),  189. 
Benoit  fD.),  186. 
Binnqnis  (Jean),  92. 
Bonet-Maury  (G.),  474. 
Bost  (Ch.).  289. 
Caullery  (J.),  141. 
fozenove  (A.  de),  401. 
Chambrier  'Mine  Alex,  de),  72,  97. 
Cbarnisay  (Bne  de),  425. 
Dannreuther    (H.).    158,    219,  479, 
."43. 

Humons  (G.).  421,  466,  477. 
Felice  'P.  de),  66. 
Fonbrune-Berbinau  (P.),  573. 
Kromage  (R.j,  44,  129,  225. 
Knzier  Louis),  443. 
Gallanri  (A.),  4;s. 
Garreta  R.),  191. 


Gautier  (Dr  Léon),  50. 
Griselle  (E.),  165^  254,  361,  565. 
Jalla  (J.),  188. 
Lafont  (A.),  575. 
Mailhet  (A.),  7. 
Maillard  (Th.),  328. 
Meyhofïer  (J.),  320,  47S. 
Monod  (H.)  485. 
Pannier  (J.),  193. 
Petiet  (R.),  127. 
Puaux  (F.),  188. 
Richemond  (De),  473,  475. 
Ritter  (E.),  86,  186. 
Sarazin  (B.),  547. 
Srhickler  (Baron  F,  de ),  185. 
Schoell  (Th.),  82,  87,  178,  282. 
Weiss  (N.),  91,  95,  179,  186,  192,  243. 
264,  374,  415,  464,  480,  481,  570. 


624 


TABLE  GÉNÉRALE  ET  CHRONOLOGIQUE 


3.  TABLE 
GENERALE  ET  CHRONOLOGIQUE 
1909 


N.  Weiss.  —  Le  quatrième  Centenaire  de  la  naissance  de  Calvin 
(1509-1909)  

—  Fernand  de  Schickler   4SI 

ÉTUDES  HISTORIQUES 

André  Mailhet.  —  Les  Protestants  du  Diois  et  des  Baronnies  en  1692, 
pendant  l'invasion  du  Dauphiné.  La  légende  de  Philis  de  La  Tour  La 
Charce.  Sauvetage  d'une  statue  en  détresse   " 

Mme  Alexandre  de  Chamdrier.  —  Les  Réfugiés  français  en  Suisse,  de 
1693  à  1699,  et  la  Convention  entre  Berne  et  les  cantons  évangéliques. 

René  Petiet.  — Les  Sainte-Hermine,  cousins  de  Madame  de  Maintenon.  127 

Jacques  Pannier.  —  Etudes  historiques  sur  les  Églises  réformées  de  l'Ile- 
de-France.  —  Le  Protestantisme  à  Claye  de  1554  à  1700   19.1 

Ch.  Bost.  —  Le  meurtre  du  consul  Louis  de  Bagars  (1691).  Avec  une 
carte   2S9 

A.  de  Cazenove.  —  Un  Syndicat  en  Bréaunèze  en  1651   4ul 

Henri  Monod.  —  La  Saint-Barthélemy.  —  Version  du  duc  d'Anjou   185 

DOCUMENTS  classés  par  ordre  chronologique. 
(Voy.  aussi  la  Correspondance.) 

XVI*  SIÈCLE. 

R.  Fromage.  —  Poésies  inédites  de  Clément  Marot  : 

—  «  D'un  monstre  nouvellement  baptizé  »   44 

—  «  Sermon  notable  pour  le  jour  de  la  dédicace  »   120 

—  Dizains   22'. 

N.  Weiss.  —  Calvin  et  Marie  Stuart  (1554)   HTi 

Jean  Meyhoffer.  —  Les  Commelin  de  Douai.  —  Jehan  Commelin. 

martyr  (1567)   33« 

B.  Sarazin.  —  Les  Temples  el  les  pasteurs  de  Mouchamps  avant  la  révo- 
cation de  ledit  de  Nantes  (1561-1685)   '4* 

xvu*  SIECLE • 

Extrait  d'un  Mémoire  sur  le  diocèse  de  Caslres  (1674  ou  1615)   560 

J.  Caullery.  —  Notes  sur  Samuel  Chappuzeau.  Contribution  au  Diction- 
naire de  Moreri;  les  Frayeurs  de  Crispin)   III 

Ch.  Bastide.  —  Locke  et  les  Protestants  du  Languedoc  (1676-1677)   il* 

Dr  Léon  Gautier.  —  Décès  de  réfugiés  français  à  Genève,  de  1681  à  \  ',\0.  50 

G.  DuMONS.  —  Madame  de  lirai  1  de  Moulens....:   i21 


TABLE  GÉNÉRALE  ET  CHRONOLOGIQUE 


XVIll"  SIÈCLE. 

Baronne  dk  Giiarmsay.  —  L'origine  du  soulèvement  des  Ca m  isards  au 
l'as-Languedoc.  —  L'Allaire  du  Prieur  de  Valérargues,  racontée  par 
un  témoin  catholique   4-25,  575 

N.  Wiiss.  —  Précisions  documentaires  sur  l'histoire  des  Camisands.  — 
L'abbé  du  Chayla  :   24:? 

Th.  Maii.lahi».  —  En  chapitre  de  géographie  huguenote.  —  Le  Moyen- 
Poitou  protestant  au  milieu  du  xvni"  siècle.  Avec  une  carie   328 

Louis  Fi  /ikh.  —  Cinq  lettres  inédites  de  Rabaut-St-Etienne  (1775)   U3 


MELANGES 

Le  Protestantisme  dans  le  Poitou,  l'Aunis  et  la  Saiiitonge  au  milieu  du 

xvnr  siècle   162 

Mme  Alexandre  de  Chambiubh.  —  Evaluation  de  la  livre  tournois  el  des 

principales  monnaies  en  usage  dans  les  pays  du  Refuge  (16815-1715).  72 

II.  Danniikutiieiî.  —  La  Confession  des  péchés  de  la  liturgie  des  Eglises 
reformées  de  France  insérée  dans  un  livre  de  pieté  catholique  . .  1a<S.  545 

P.  xi  Fki.icb.  —  Quand  Rolsee  commenea-t-il  à  calomnier  Calvin?   <i6 

A.  (ïai.lani).  —  L'ancienne   Eglise  réformée   de  Pontorson-Cormeray, 

d'après  un  registre  d'état  civil  iuédil   44S 

E.  Gais  elle.  —  Avant  et  après  la  Révocation  de  Ledit  de  Nantes.  Chro- 
nique des  événements  relatifs  au  Protestantisme  de  1682  à  1687 
(1686)   165,  254,  361,  565 


CHRONIQUE  LITTÉRAIRE 

G.  Bonkt-Mauuy.  —  Le  bi-centenaire  de  l'Eglise  française  de  New- 
Rochelle  '.  \   471 

IL  Danniuj niF.it.  —  Documents  inédits  sur  le  Protestantisme  a  Yitry-le- 
François,  Epensc,  Heiltz-lc-Maurupt,  Nettancourt  et  Vassy   27 8 

G.  Dumons.  —  A  propos  d'une  étude  sur  les  fugitifs  du  Languedoc   4(56 

P.  Fomuujne-Beiibinau.  — Locke  et  la  Tolérance   57:5 

Dr.  Ricuemoni).  —  Correspondance  de  Samuel  Robert.  —  Histoire  de 

St-Jean-d'Angély   4*5,  475 

E.  Ritteh.  —  Hugues  Vaganay.  —  Le  mariage  honni  par  Despnrles, 

louange  par  Blanchon,  Le  Gaygnard,  liouspeau   86 

Th.  Sciioell.  —  Encore  le  mariage  de  Hossuet.  —  La  Compagnie  du 
Saint-Sacrement.  —  Henriette  de  Coligny  .Mme  de  la  Su/.e   87 

—  La  politique  religieuse  de  la  Révolution  française   82 

—  lue  paroisse  parisienne  avant  la  Révolution  (Saint-Hippolyte  au  fau- 
bourg Saint-Marcel)   178 

—  Fenelon  et  Mme  Guyon.  —  Les  origines  de  la  Réforme.  —  La  bour- 
geoisie française  au  xvne  siècle   281 

N.  \Ykiss.  —  Portraits  de  Mme  de  Maintenon. —  lin  nouveau  portrait  de 

Coligny   17»,  18!] 

—  A  propos  du  quatrième  centenaire  de  la  naissance  de  Calvin.  —  Le 
Monument.  —  Les  Commémoiations  et  publications   264 

—  Le  Jubile  de  Calvin  en  Angleterre,  aux  Etats-Unis,  en  Allemagne,  en 
Suisse,  en  France  et  à  Genève.  —  Publications  parues  à  cette  occa- 
sion   ;H4 

—  Jubilé  de  Calvin.  Premier  supplément   570 

—  Le  550e  anniversaire  de  la  fondation  de  l'Eglise  réformée  de  Chalon- 
sur-Saône   464 

40 


ERRATA 


CORRESPONDANCE 


A.  Beaimouk.  —  Le  forçat  pour  la  foi  Snlomon  Bourget   189 

D.  Benoît.  —  Pierre  Loricnt   18fi 

Jean  Biaxqms.  —  Les  Huguenots  au  Sud  de  l'Afrique   92 

d.  D.  —  famille  de  Caumonl-Montbeton.  —  Naves                        4 "il.  478 

H.  Dannreetner.  —  La  date  de  la  mort  de  Jean  Cousin   479 

R.  G  arrêta.  —  Gérard  de  Saint-Amant.  Son  origine   191 

J.  Jalla.  —  D'Amouin  de  Ladevèze   i ss 

Arthur  Lafont.  —  Au  sujet  du  sacrilège  de  Vallerargues   57!i 

Jean  Mbyhoffer.  —  Didier  Abri.»   478 

Fr.  Pi  ai  x.  —  Un  faux  en  citation   1 SS 

F.  Buter  et  N.  YY.  —  Mariage  à  la  Gaumine   1m; 

F.  i>e  ScmCKLER  et  A.  Meyer.  —  Coligny  et  le  journal  Le  Gaulois   18" 

N.  Weiss.  —  Deux  ••ommémorations  à  Marseille  et  à  Paris.  '.   1*1 

—  Jean  Cocstn   192 

—  Souscription  au  Monument  international  de  la  Réformation  ....  480,  57 i 


NÉCROLOGIE 

N.  Weiss.  —  Fernand  de  Schiekler   »81 


ERRA  TA 

P.  89,  I.  2,  lire  Guigne.  —  P.  150,  l.  19,  lire  :  Jacob  Couvreur.  —  P.  167, 
note  1,  I.  1,  au  lieu  de  p.  30,  note  1,  lire  :  Bull .  1907,  p.  473,  noie  :\  — 
P.  1G8,  note  i,  au  lieu  de  «  plus  haut  »  lire  :  Bull.  1008.  —  P.  ni.  note  2. 
lire  de  même  :  Bull.  1907,  p.  280.  —  P.  I7;i,  notes  1  et  2,  et  p.  17f>,  note  :i. 
remplacer  «  plus  haut  »  par  Bull.  1908.  — •  P.  177,  I.  Il,  lire  :  démarche.  — 
P.  189,  I.  33,  au  lieu  de  «  Phanine  »  lire  :  Patronne.  —  P.  192,  1.  12,  lin'  : 
F.  P.  iv,  8-72.  —  P.  232,  I.  1  i.  lire  :  Tu  ne  vauldrois...  —  P.  273,  I.  :t.  lire 
/'.  de  Félice.  —  P.  293,  note  3,  ligne  dernière,  au  lieu  de  1902,  lire  19/.  — 
P.  340,  dernière  colonne,  lire  Lecay.  —  P.  391,  1.  38,  lire  :...  «  que  ceux  que 
M.  D...  ».  —  p.  nu,  -2e  alinéa,  livre  Socrate.  —  P.  425,  note.  1.  29,  lin-  : 
lieutenant  général.  —  P.  436,  note  5,1.  3,  lire  :  Lausanne.  —  P.  138,  note, 
I.  7,  à  la  fin,  supprimer  le  guillemet.  —  P.  473,  note,  à  la  fin,  lire  iliétl 
—  P.  487,  n.  3,  1.3.  lire  lllud .  -  Voy.  aussi  480,  515. 


Paris.       Tvp.  Pli.  RlîNOlMRD,  10,  Nie  <tos  Saint  P»\ros  — 


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